Insoumission
L'insoumission est l'acte d'une personne ou d'un groupe de personnes qui « manque de soumission, qui décide de ne point obéir »[1], de celui qui n'accepte pas de se soumettre à l'autorité dont il dépend et qui refuse de la reconnaßtre[2].
L'insoumission est une forme de dĂ©sobĂ©issance civile et ses motivations peuvent ĂȘtre diverses : philosophique, politique, sociale, pacifiste, antimilitariste, etc.
Dans le domaine militaire, le terme désigne spécifiquement le refus d'un citoyen appelé au service militaire de répondre à la convocation et de se rendre dans son unité[3]. En France, est qualifié d'insoumis celui qui n'a pas rejoint son corps trente jours aprÚs la date indiquée sur la feuille de route, dans le cas d'une affectation en métropole, et quarante-cinq jours dans celui d'une affectation à l'étranger, en Allemagne par exemple. C'est le bureau de recrutement des intéressés qui déclenche la procédure.
DĂ©finitions
Selon E. Armand dans l'Encyclopédie anarchiste :
« On appelle plus particuliĂšrement insoumission la situation dans laquelle se mettent les recrues qui ne rĂ©pondent pas Ă l'appel qui leur est adressĂ© de rejoindre leur corps. On rencontre parmi les anarchistes un certain nombre d'insoumis. Il y a plusieurs raisons Ă leur attitude. Plus encore que dans la vie civile - oĂč ils sont cependant bien comprimĂ©s - l'affirmation et le dĂ©terminisme individuels sont, dans l'Ă©tat militaire, restreints et rĂ©primĂ©s, pour ne pas dire rĂ©duits Ă nĂ©ant. Du fait qu'elle exige de l'individu qu'il obĂ©isse sans savoir et sans demander pourquoi, celui-ci se trouve dans une position humiliante de subordination vis-Ă -vis de l'autoritĂ© militaire. En temps de guerre la situation est pire, l'unitĂ© humaine n'est plus qu'une unitĂ© amorphe, inconsistante, dont disposent, comme d'un colis, d'autres hommes, obĂ©issant eux-mĂȘmes Ă des ordres qu'ils ne peuvent discuter[1]. »
Dans l'antiquité romaine
Au Ve siĂšcle avant l'Ăšre commune, les patriciens romains, grands propriĂ©taires fonciers, font appel Ă la plĂšbe pour mener leurs guerres incessantes. En 494â493, alors qu'une guerre contre les Volsques est imminente, la plĂšbe ne supporte plus l'esclavage pour dette qui lui est imposĂ©.
« Eh quoi ! disaient-ils dans leur indignation, nous qui combattons au-dehors pour la liberté et pour l'empire, nous ne trouvons au-dedans que captivité et oppression ; la liberté du peuple romain est moins en danger durant la guerre que durant la paix, au milieu des ennemis que parmi des concitoyens. »
â Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, XXIII[4]
« Les plébéiens s'exhortaient l'un l'autre à ne pas s'enrÎler ; « Périsse tout le monde plutÎt qu'eux seuls ; que les sénateurs prennent du service ! Que les sénateurs prennent les armes ! Que les dangers de la guerre soient pour ceux à qui elle profite ! » »
â Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, XXIV, Traduction G. Baillet[5]
GrĂące Ă leur rĂ©volte, les plĂ©bĂ©iens obtiennent un dĂ©cret protĂ©geant les soldats de lâemprisonnement et de la saisie de leurs biens et ils sâenrĂŽlent alors avec ardeur.
Les refus de la plÚbe se répÚtent plus tard.
« Les consuls font lâappel des jeunes gens : pas un ne rĂ©pond Ă lâappel de son nom, et la foule, les enveloppant, prend lâallure dâune assemblĂ©e pour dĂ©clarer quâon ne se moquera pas plus longtemps de la plĂšbe, on ne trouvera plus un seul soldat si lâĂtat ne tient pas ses engagements ; il faut rendre la libertĂ© Ă chaque individu avant de lui donner des armes ; ils veulent combattre pour leur patrie, pour leurs concitoyens, et non pour leur maĂźtre. »
â Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, XXVIII, Traduction G. Baillet[5]
En Allemagne
Le régime nazi envoie les réfractaires dans des camps de concentration dÚs avant la Seconde guerre mondiale. Pendant celle-ci, il en fusille ou en décapite des milliers[6].
En Belgique
En Belgique, Insoumis fait référence à un journal clandestin durant la Seconde Guerre mondiale, puis à un mouvement armé de la résistance intérieure belge[7].
En France
Avant la PremiĂšre guerre mondiale
Le 20 fĂ©vrier 1891, Ă Saint-Denis, ĂlisĂ©e Bastard participe Ă un refus collectif du tirage au sort pour la conscription. Une vingtaine dâanarchistes sont alors raflĂ©s par la police[8].
Avant la PremiÚre guerre mondiale, les Bourses du travail et la Confédération générale du travail (CGT) pratiquent le syndicalisme révolutionnaire et antimilitariste.
« ConsidĂ©rant que l'armĂ©e tend de plus en plus Ă remplacer [âŠ] le travailleur en grĂšve, quand elle n'a pas pour rĂŽle de le fusiller [⊠le congrĂšs de la CGT de 1908 considĂšre que les conscrits] ont pour devoir de ne pas faire usage de leurs armes contre leurs frĂšres les travailleurs. [Et il rappelle que] toute guerre n'est qu'un attentat contre la classe ouvriĂšre [et quâil faut que] en cas de guerre entre puissances, les travailleurs rĂ©pondent Ă la dĂ©claration de guerre par une dĂ©claration de grĂšve gĂ©nĂ©rale rĂ©volutionnaire. »
â Institut dâhistoire sociale Les CongrĂšs et confĂ©rences syndicaux, p. 325[9]
Le nombre d'insoumis augmente. Ils sont 5 991 en 1902, 14 067 en 1907, 12 Ă 13 000 en 1912[10]. Mais, par ailleurs, les conscrits participent rĂ©guliĂšrement Ă la rĂ©pression des mouvements sociaux et brisent des grĂšves. Il arrive que les cheminots grĂ©vistes soient convoquĂ©s Ă une pĂ©riode militaire sur leur lieu de travail, au risque dâĂȘtre jugĂ©s comme insoumis[11]. Ă la dĂ©claration de guerre, le , le ComitĂ© confĂ©dĂ©ral de la CGT se prononce Ă lâunanimitĂ© contre la grĂšve gĂ©nĂ©rale.
En 1912, un groupe de conscrits rĂ©dige un manifeste incitant Ă l'insoumission et se rĂ©fugie Ă lâĂ©tranger. La FĂ©dĂ©ration communiste anarchiste publie 2 000 affiches et 80 000 tracts avec le manifeste. Son secrĂ©taire national, Louis Lecoin est condamnĂ© Ă quatre ans de prison[10].
PremiĂšre Guerre mondiale
Le 5 aoĂ»t 1914, une loi accorde l'amnistie aux insoumis et dĂ©serteurs qui se prĂ©sentent spontanĂ©ment Ă l'autoritĂ© militaire pour ĂȘtre incorporĂ©s[12].
Lors de la mobilisation de 1914, les insoumis désignent les hommes qui ne rejoignent pas immédiatement leur affectation. La définition théorique est :
« tout militaire dans ses foyers, rappelé à l'activité, qui, hors le cas de force majeure, n'est pas arrivé à destination au jour fixé par l'ordre de route réguliÚrement notifié, est considéré comme insoumis, aprÚs un délai de trente jours, et puni des peines édictées par l'article 230 du Code de justice militaire. »
â Article 83 de la loi du 21 mars 1905 sur le recrutement de l'armĂ©e[13].
Au cours de la PremiÚre Guerre mondiale, les cas d'insoumission ont fréquemment entraßné la peine de mort par fusillade, ce sont les Soldats fusillés pour l'exemple et ce, dans la plupart des armées combattantes.
Seconde Guerre mondiale
En 1939, Jehan Mayoux refuse la mobilisation et se voit condamnĂ© Ă cinq ans de prison, puis il s'Ă©vade. Il est repris par les autoritĂ©s de Vichy et est dĂ©portĂ© par les Allemands au camp de Rawa-Ruska en Ukraine. Il signera Le Manifeste des 121, titrĂ© « DĂ©claration sur le droit Ă lâinsoumission dans la guerre dâAlgĂ©rie ».
Insoumis aprĂšs l'entrĂ©e en guerre de la France (3 septembre 1939), l'anarchiste Maurice Joyeux est arrĂȘtĂ© en 1940, condamnĂ© Ă 5 ans de prison et incarcĂ©rĂ© Ă Lyon Ă la prison Montluc, dont il sâĂ©vade aprĂšs avoir fomentĂ© une mutinerie[14], mais il est repris et n'est libĂ©rĂ© qu'en 1944. C'est le sujet de son livre Mutinerie Ă Montluc publiĂ© en 1971[15]. Il signera aussi Le Manifeste des 121.
Les habitants des départements d'Alsace et de Lorraine annexés par l'Allemagne nazie, qui refusaient de servir l'Allemagne et rejoignaient le Maquis ou qui tentaient de passer en Suisse, étaient qualifiés de « traßtres » par le pouvoir occupant, mais d'« insoumis » et de « patriotes » par la Résistance intérieure française.
Le Front de la jeunesse alsacienne incite par des tracts Ă ne pas se prĂ©senter aux conseils de rĂ©vision[16]. Des conscrits ne sây rendent pas ou le font en chantant La Marseillaise. Six membres du Front de la jeunesse alsacienne sont arrĂȘtĂ©s, condamnĂ©s Ă mort et exĂ©cutĂ©s : Alphonse Adam, Robert Kieffer, Robert Meyer, Joseph Seger, Charles Schneider et Pierre Tschaen. Dâautres sont condamnĂ©s Ă des annĂ©es de travaux forcĂ©s.
Des filiĂšres permettent notamment Ă des rĂ©fractaires de franchir les frontiĂšres[17]. Des rĂ©fractaires sont arrĂȘtĂ©s et leurs familles, transplantĂ©es dans le Reich (environ 10 000 Mosellans et 3 500 Alsaciens).
AprĂšs la bataille de Stalingrad et l'incorporation de nouvelles classes le 31 janvier 1943, le mouvement d'Ă©vasion s'intensifie et, le 10 fĂ©vrier 1943, ce sont cent quatre-vingt-deux rĂ©fractaires qui arrivent Ă passer en Suisse. Le lendemain quatre-vingt six autres les suivent. Le surlendemain, un groupe de dix neuf jeunes gens Ă©change des coups de feu avec les garde-frontiĂšre. Un policier allemand est tuĂ©. Un seul rĂ©fractaire rĂ©ussit Ă passer en Suisse. Les autres sont fusillĂ©s le jour mĂȘme et les suivants. Les familles sont incarcĂ©rĂ©es puis envoyĂ©es comme travailleurs forcĂ©s en Allemagne. Le massacre de Ballersdorf fera l'objet d'un roman et d'un film.
Ceux qui ont cédé à l'Occupant sous la contrainte, ont été qualifiés de « Malgré-nous ».
Guerre froide
En 1957, 84 communistes, fils de morts en dĂ©portation ou de fusillĂ©s par les nazis, annoncent leur refus d'incorporation dans l'armĂ©e pour ne pas servir sous les ordres du commandant en chef des forces terrestres de l'Otan pour le « Centre Europe », Hans Speidel, ancien officier nazi. Claude Marty, le premier appelĂ© rĂ©fractaire est arrĂȘtĂ©[18], il fait quatorze mois de prison avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ©, comme tous ses camarades, le 3 mai 1958. Le Parti communiste français et le Secours populaire français mĂšnent une campagne de soutien Ă ces insoumis[19] - [20]. Jacques Chaban-Delmas, ministre de la DĂ©fense, reconnaĂźt que « Les sentiments exclusifs exprimĂ©s par ces jeunes gens qui grandirent dans le culte de leur pĂšre qui reprĂ©sente pour eux le plus pur exemple du devoir patriotique sont autant de valeurs qui ne peuvent laisser indiffĂ©rent »[21]. Il concĂšde un compromis qui permet d'affecter les rĂ©fractaires dans des rĂ©giments basĂ©s en Afrique, hors des unitĂ©s de l'OTAN[22].
Guerre d'Algérie
Tramor QuĂ©meneur, dans sa thĂšse Une guerre sans « non » ? Insoumissions, refus dâobĂ©issance et dĂ©sertions de soldats français pendant la guerre dâAlgĂ©rie (1954â1962)[23], dĂ©nombre 10 831 insoumis qui ajoutĂ©s aux 886 dĂ©serteurs et aux 420 objecteurs de conscience reprĂ©sentent 1% des appelĂ©s en AlgĂ©rie.
Protestation Ă propos de Maurice Audin
En juin 1960, Michel Halliez, réserviste ayant accompli une partie de son service militaire en Algérie, a renvoyé ses papiers militaires pour protester contre la Légion d'honneur et la promotion du lieutenant Charbonnier, désigné comme tortionnaire et assassin de Maurice Audin. Michel Halliez est défendu par Robert Badinter. Une premiÚre peine[24] - [25] est aggravée en appel à six mois de prison avec sursis et 60 000 francs d'amende. Ayant refusé de reprendre ses piÚces militaires quelques mois plus tard, Michel Halliez est à nouveau condamné à six mois de prison avec sursis[26] - [27] - [28].
Action civique non-violente
L'Action civique non-violente est un regroupement créé en 1958 pour s'opposer activement aux pratiques de la guerre d'Algérie, telles que les camps d'internement et la torture, et pour soutenir et organiser les réfractaires à l'armée.
Jeune RĂ©sistance
Réfractaires à la guerre d'Algérie, des appelés s'exilent, désertent ou s'insoumettent[29] - [30] - [31]. Le mouvement Jeune Résistance s'efforce à partir de 1959 de soutenir les exilés et de populariser leurs motivations malgré le désaveu de la gauche traditionnelle[32].
Manifeste des 121
Le Manifeste des 121, titrĂ© « DĂ©claration sur le droit Ă lâinsoumission dans la guerre dâAlgĂ©rie », est signĂ© par des intellectuels, universitaires et artistes et publiĂ© le 6 septembre 1960 dans le magazine VĂ©ritĂ©-LibertĂ©. Il dĂ©nonce le militarisme et la torture. Il dĂ©clare : « De plus en plus nombreux, des Français sont poursuivis, emprisonnĂ©s, condamnĂ©s, pour s'ĂȘtre refusĂ©s Ă participer Ă cette guerre ou pour ĂȘtre venus en aide aux combattants algĂ©riens. (âŠ) Qu'est-ce que le civisme, lorsque, dans certaines circonstances, il devient soumission honteuse ? N'y a-t-il pas des cas oĂč le refus est un devoir sacrĂ©, oĂč la « trahison » signifie le respect courageux du vrai ? » ».
Il se termine sur trois propositions finales :
- « Nous respectons et jugeons justifié le refus de prendre les armes contre le peuple algérien ».
- « Nous respectons et jugeons justifiée la conduite des Français qui estiment de leur devoir d'apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du peuple français ».
- « La cause du peuple algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le systÚme colonial, est la cause de tous les hommes libres ».
RĂ©pression
ConsidĂ©rant que « L'AlgĂ©rie c'est la France[alpha 1] », « les gouvernements refusĂšrent de recourir au droit de la guerre et aux conventions internationales pour encadrer juridiquement le conflit. Ils Ă©laborĂšrent des lĂ©gislations dâexception spĂ©cifiques : Ă©tat dâurgence et pouvoirs spĂ©ciaux »[33]. De ce fait les combattants algĂ©riens ne bĂ©nĂ©ficiĂšrent pas du droit de la guerre et furent traitĂ©s comme des criminels de droit commun. En revanche, les insoumis et les dĂ©serteurs risquaient des peines moindres qu'en temps de guerre.
Le gouvernement a publiĂ© plusieurs ordonnances qui aggravaient les peines frappant la provocation Ă lâinsoumission, Ă la dĂ©sertion et au renvoi de livret militaire, le recel dâinsoumis et les entraves aux dĂ©parts des soldats. Les fonctionnaires apologistes de lâinsoumission et de la dĂ©sertion pouvaient ĂȘtre plus sĂ©vĂšrement rĂ©primĂ©s[34] - [35].
Parti communiste français
Depuis le dĂ©but du conflit en AlgĂ©rie, le Parti communiste français soutient que la participation de ses militants au contingent de cette guerre coloniale est un gage de fonctionnement plus dĂ©mocratique de lâarmĂ©e. En , L'HumanitĂ©[36] cite Maurice Thorez, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti, qui, le , rappelait les principes dĂ©finis par LĂ©nine : « Le soldat communiste part Ă toute guerre, mĂȘme Ă une guerre rĂ©actionnaire pour y poursuivre la lutte contre la guerre. Il travaille lĂ oĂč il est placĂ©. S'il en Ă©tait autrement, nous aurions une situation telle que nous prendrions position sur des bases purement morales, d'aprĂšs le caractĂšre de l'action menĂ©e par l'armĂ©e au dĂ©triment de la liaison avec les masses. » L'HumanitĂ© ajoute : « Cependant - est-il besoin de le dire ? - les communistes sont pour la libĂ©ration, l'acquittement ou le non-lieu des hommes et des femmes emprisonnĂ©s, traduits devant les tribunaux ou inculpĂ©s pour avoir, Ă leur façon, pris part Ă la lutte pour la paix. »
Le parti désapprouve donc les réfractaires. Ainsi Yann Le Masson est dissuadé par les autorités du PCF de mettre à exécution son projet d'insoumission. Il reviendra traumatisé de sa participation à la guerre puis se fera « porteur de valises » dans le réseau Jeanson[37].
AprÚs le cessez-le-feu, le comité central du Parti communiste français dénonce « la nocivité des attitudes gauchistes de certains groupements » qui « se sont refusés à tout travail de masse au sein du contingent et ont préconisé l'insoumission et la désertion »[38]. Jeune Résistance avait répondu à cette critique dÚs 1960 :
« Ceux qui nous reprochent aujourd'hui de n'ĂȘtre pas en prise sur les masses sont ceux-lĂ mĂȘmes qui, ayant officiellement prises sur elles, n'ont rien fait depuis des annĂ©es pour les rĂ©veiller et qui s'efforcent depuis des mois de minimiser et freiner le mouvement dont elles sont enfin parcourues. »
â « La seule politique possible », Jeune RĂ©sistance - VĂ©ritĂ©s pour, no 1, dĂ©cembre 1960, p. 7
Fin de la guerre
AprÚs la guerre, Laurent Schwartz déplore que la loi d'amnistie ait notamment « oublié » les insoumis et les déserteurs toujours emprisonnés ou exilés : « Les tortionnaires, qui ont commis d'abominables crimes de guerre condamnés par la loi nationale et internationale, sont entiÚrement blanchis ; et des jeunes qui ont refusé la torture, qui l'ont dénoncée, qui ont refusé de servir dans une guerre inhumaine et injuste, alors que tant d'autres hommes ont été lùches, restent sanctionnés »[39].
Soutien aux insoumis
En , le Groupe dâinsoumission totale (Git) manifeste Ă Lyon en diffusant un tract « Avec le soutien du Groupe d'action et de rĂ©sistance Ă la militarisation » et sous des banderoles appelant Ă l'insoumission collective[40]. Le , au cours d'une autre manifestation des deux groupes, la police tabasse les militants dans un appartement et infligent un traumatisme crĂąnien Ă Yvon MontignĂ©. Le , un rassemblement prĂ©cĂšde le procĂšs des manifestants qui a lieu le [41].
Ă partir du printemps 1973, le Groupe d'Action et de RĂ©sistance Ă la Militarisation (Garm) participe Ă la campagne de soutien Ă Bruno HĂ©rail[alpha 2], GĂ©rard Petit, Alain Sibert, Hubert Planchez et GĂ©rard Bayon, insoumis, emprisonnĂ©s et grĂ©vistes de la faim[42] - [43] - [44]. En mars et en , lors des manifestations lyonnaises qui regroupent jusqu'Ă 15 000 lycĂ©ens contre le nouveau rĂ©gime de sursis de la « loi DebrĂ© »[45] - [46], les slogans pour l'insoumission sont repris au-delĂ des militants antimilitaristes. Des banderoles soutiennent l'insoumis GĂ©rard Bayon[47]. Les 4 et , mille cinq cents personnes manifestent devant la prison Montluc oĂč il est dĂ©tenu[48].
En 1973, le pasteur René Cruse est condamné à Corbeil (Essonne) pour incitation à l'insoumission et à la désertion lors d'un procÚs qui provoque des manifestations de soutien[49] - [50] - [51]
Le , trois militants du Garm pĂ©nĂštrent de nuit, Ă l'aide d'une Ă©chelle, dans la prison Montluc. Il sâagit de GĂ©rard Bayon qui y a Ă©tĂ© emprisonnĂ© lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, de Michel Guivier qui est sous le coup dâun mandat d'arrĂȘt pour insoumission et dâYvon MontignĂ©. Ils entendent se dĂ©clarer solidaires de tous les rĂ©fractaires victimes de la justice militaire. ArrĂȘtĂ©s et incarcĂ©rĂ©s six jours, ils sont condamnĂ©s Ă trois mois de prison avec sursis et 500 francs dâamende pour⊠violation de domicile[52] !
En avril et , plusieurs insoumis incarcĂ©rĂ©s Ă Lyon font des grĂšves de la faim. Le Garm les soutient par des manifestations en ville et au Tribunal permanent des forces armĂ©es. Le , Michel Albin est dĂ©mobilisĂ© et quitte lâhĂŽpital aprĂšs cinquante-six jours de grĂšve de la faim. Il est ensuite condamnĂ© pour insoumission Ă huit mois de prison dont six avec sursis[53].
Simone Bartel chante pour les insoumis et les réfractaires.
Mouvement d'insoumission bretonne
Neuf membres du Mouvement d'insoumission bretonne (MIB) annoncent en 1982 que, comme plusieurs de leurs prédécesseurs emprisonnés, ils refusent de porter l'uniforme de l'armée française qu'ils considÚrent comme une « armée d'occupation ». En raison du caractÚre politique et non antimilitariste de leur décision, ils ne demandent pas le statut d'objecteurs de conscience[54] - [55].
Situation actuelle
En France, en matiÚre de service national, les peines réprimant l'insoumission sont définies par le Code de justice militaire :
« Le fait pour toute personne d'ĂȘtre coupable d'insoumission aux termes des dispositions du code du service national est puni, en temps de paix, d'un emprisonnement d'un an. En temps de guerre, la peine est de dix ans d'emprisonnement. Le coupable peut, en outre, ĂȘtre frappĂ©, pour vingt ans au plus, de l'interdiction totale ou partielle de l'exercice des droits mentionnĂ©s Ă l'article 131-26 du code pĂ©nal. En temps de guerre, si le coupable est officier, la destitution peut Ă©galement ĂȘtre prononcĂ©e. Le tout sans prĂ©judice des dispositions prĂ©vues par le code du service national. »
â Article L321-1 du Nouveau code de justice militaire.
Par ailleurs, le code du service national prĂ©voit aussi un dĂ©lit de provocation Ă l'insoumission, que celle-ci ait Ă©tĂ© ou non suivie d'effet, punissable de cinq ans d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. Les mĂȘmes peines pouvant s'appliquer Ă quiconque « par des manĆuvres coupables, empĂȘche ou retarde le dĂ©part des assujettis appelĂ©s ou rappelĂ©s ».
En Italie
Sante Geronimo Caserio, futur assassin du président français Sadi Carnot, a été condamné à huit mois et dix jours de réclusion pour avoir distribué à des soldats une brochure les incitant à la révolte, à la désertion et à la désobéissance. Il s'expatrie. Par sa fuite, il se soustrait à la levée militaire de 1893[56]. Dans une lettre à un ami d'enfance, il écrit
« Je ne serais pas capable de tolérer toutes les tracasseries que les officiers font aux pauvres soldats et tu comprends trÚs bien que, lorsqu'on a en main un fusil chargé, on fait vite à tirer sur un officier ! [...] Il faut donc lutter contre la société sans penser aux larmes de sa mÚre et de ses frÚres. Est-ce que lorsqu'une guerre éclate, tout le monde n'abandonne pas sa mÚre, sa femme, ses fils pour aller se faire massacrer, pour chasser un maßtre et en avoir, aprÚs, un autre plus exploiteur que le premier ? »
â Pierre Truche, L'anarchiste et son juge, Paris, Fayard, 1994, p. 151
Aux Pays-Bas
En 1923, il y a neuf cents insoumis. En 1924, ils sont mille. Ils sont condamnés à dix ou douze mois de prison[57].
Au Portugal
Pour Ă©chapper aux conflits qui opposent le Portugal Ă ses colonies africaines pour leur indĂ©pendance, des dizaines de milliers de soldats insoumis ou dĂ©serteurs Ă©migrent Ă l'Ă©tranger, particuliĂšrement en France[58]. Ils sont aussi trĂšs bien accueillis en AlgĂ©rie et dans les pays scandinaves[59]. AprĂšs la rĂ©volution des Ćillets, la junte portugaise accorde par dĂ©cret-loi, le 2 mai 1974, l'amnistie aux rĂ©fractaires, qui seraient deux cent mille selon les partis de gauche. Ils doivent nĂ©anmoins accomplir ou achever leur service militaire. La junte rejette le statut d'objecteur de conscience[60]. Ce droit est reconnu en 1976 et inscrit dans la constitution[61].
En Russie
L'Union des comités de mÚres de soldats de Russie agit depuis 1988 pour la défense des droits de l'homme au sein de l'armée russe[62]. Elle défend les insoumis et les déserteurs qui, dans une forte proportion, le sont pour échapper à de graves mauvais traitements physiques ou psychologiques ou pour ne pas participer à la guerre en Tchétchénie[63]. Elle obtient des améliorations de leurs sorts[64]. En 1997, le Comité évalue à 6 000 ou 7 000 les jeunes Russes qui se cachent pour échapper aux dix ans de prison encourus pour désertion[65]. Selon une estimation de 2002 faite par l'organisation, 40 000 appelés désertaient chaque année[66].
Invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022
L'Union des comitĂ©s de mĂšres de soldats de Russie dĂ©ploreâ: «âNous sommes pieds et poings liĂ©s par les nouvelles lois interdisant la collecte dâinformations sur lâarmĂ©e russe[67].â» Elle refuse ensuite de parler Ă la presse occidentale[68].
L'hebdomadaire Franc-Tireur dénonce la tentative d'achat par la Russie de Poutine du silence des mÚres des victimes du conflit en offrant de fortes sommes aux familles des tués et des blessés et de multiples avantages financiers aux combattants[67].
De plus en plus de jeunes Ă©vitent la conscription par des stratĂ©gies frauduleuses : pot-de-vin Ă des employĂ©s d'administrations, mariage blanc avec des mĂšres cĂ©libataires, documents falsifiĂ©s parfois fournis par des entreprises spĂ©cialisĂ©esâŠ[69]
Pour Ă©viter d'ĂȘtre mobilisĂ©s dans l'armĂ©e, des Russes rĂ©fractaires quittent le pays et se rĂ©fugient Ă l'Ă©tranger notamment en OuzbĂ©kistan, GĂ©orgie, ArmĂ©nie, Turquie ou dans les Ătats nordiques comme la Finlande[70].
En ex-Yougoslavie
Les déserteurs et insoumis fuyant les conflits dans l'ex-Yougoslavie alors en guerre sont nombreux dÚs le début du conflit[71]. En 1994, on les estime à 100 000[72].
Le 28 octobre 1993, le Parlement europĂ©en publie une rĂ©solution votĂ©e Ă l'unanimitĂ© Ă propos de l'ex-Yougoslavie. Il invite la communautĂ© internationale, le Conseil et les Ătats membres Ă accueillir les dĂ©serteurs et les insoumis, Ă les protĂ©ger par un statut, Ă ne pas autoriser leur expulsion et Ă leur offrir des possibilitĂ©s de formation et de perfectionnement professionnels. Il invite les Ătats membres Ă affaiblir, dans l'ex-Yougoslavie, la puissance militaire des agresseurs en encourageant la dĂ©sertion et l'insoumission.
Le Forum civique europĂ©en lance une campagne internationale pour inciter les Ă©tats Ă se conformer Ă cette rĂ©solution et les communes et particuliers Ă accueillir et soutenir les rĂ©fractaires[73]. MalgrĂ© les 100 000 signatures de pĂ©titionnaires en Europe, peu de pouvoirs publics suivent les exemples du land de Brandebourg et de villes comme BrĂȘme, Weimar ou Parme qui accordent le droit de citĂ© aux rĂ©fractaires[74]. Le Danemark et la France expulsent mĂȘme des dĂ©serteurs[72] - [75] - [76] - [77].
En mai 1999, des manifestations d'insoumis et de leurs familles rassemblent contre la guerre plusieurs milliers de personnes au Monténégro et à Kruƥevac, en Serbie[78].
En octobre 1999, Amnesty international fait Ă©tat de centaines d'objecteurs de conscience, de dĂ©serteurs et d'insoumis incarcĂ©rĂ©s en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie qui, pour la plupart, purgent des peines de cinq ans dâemprisonnement ou davantage et de 23 000 cas analogues, au moins, qui seraient en instance devant les tribunaux militaires yougoslaves[79].
Insoumission collective internationale
En octobre 1974, un groupe de douze insoumis, originaires de République fédérale d'Allemagne, de France, d'Italie et de Suisse, annonce, dans la perspective d'une « société socialiste autogestionnaire », la création du mouvement Insoumission collective internationale (ICI). Il estime non seulement que « le concept étroit de défense nationale » n'est plus de mise mais encore que « la solidarité se situe désormais au niveau de la communauté mondiale, qui ne peut plus accepter le systÚme actuel aliénant et oppressif »[80]. Des dizaines d'insoumis dont des Belges, des Néerlandais et des Suédois rejoignent le groupe. à partir de 1975, ils participent à la campagne de quatorze organisations de la mouvance antimilitariste, bientÎt soutenue par des associations de juristes, d'avocats et de magistrats, contre les tribunaux militaires, en particulier français et italiens[81] - [82] - [83].
Guerre du ViĂȘt Nam
En octobre 1967, le New York Times[84] publie la dĂ©claration d'un groupe de prĂȘtres, de pasteurs et de rabbins qui se dĂ©clare solidaire des insoumis.
Poursuivi pour insoumission, Mohamed Ali (Cassius Clay) est dépossédé de son titre de champion du monde des poids lourds de 1967.
Des pacifistes américains, dont le pédiatre Benjamin Spock, sont condamnés à deux ans de prison et à une amende pour avoir encouragé l'insoumission[85].
En juillet 1969, à San Francisco, un tribunal militaire juge vingt-cinq soldats accusés de mutinerie. Détenus, en général pour insoumission ou désertion, ils ont osé, à l'appel du matin, s'asseoir et chanter en se donnant le bras l'hymne des droits civiques We shall overcome afin de protester contre le meurtre, de sang-froid, d'un des leurs. Ils sont condamnés à des peines allant jusqu'à seize ans de travaux forcés[86].
Des déserteurs et insoumis américains présents en France s'organisent[87] et sont soutenus par des personnalités comme Jean-Paul Sartre et Alfred Kastler. Le 3 avril 1968, le Mouvement de la paix, le Mouvement contre l'armement atomique, le Comité Vietnam national, le Collectif intersyndical universitaire et les Amis de Témoignage chrétien appellent au « soutien politique, matériel et moral de tous les résistants »[88].
Presse
En 1973-1974, en France, le « Groupe insoumission totale »[89] publie le journal Enragez-vous[90].
Voir aussi
Bibliographie
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- Tramor Quemeneur, thĂšse de doctorat dâhistoire Une guerre sans « non » ? Insoumissions, refus dâobĂ©issance et dĂ©sertions de soldats français pendant la guerre dâAlgĂ©rie (1954â1962) sous la direction de Benjamin Stora, UniversitĂ© Paris VIII, 2007, 1396 p
- Tramor Quemeneur Refuser l'autoritĂ© ? Ătude des dĂ©sobĂ©issances de soldats français pendant la guerre d'AlgĂ©rie (1954-1962), Outre-mers, tome 98, no 370-371, 1er semestre 2011, Le contact colonial dans l'empire français : XIXeâââXXe siĂšcles, sous la direction de Maria Romo-Navarrete et Sarah Mohamed-Gaillard, p. 57-66. [lire en ligne]
- Jean-Pierre Vittori, La vraie histoire des appelĂ©s d'AlgĂ©rie, Ăditions Ramsay, Paris, 2001, chapitre 9
- Collectif, coordonné par l'association Sortir du colonialisme (préf. Tramor Quemeneur, postface Nils Andersson), Résister à la guerre d'Algérie : par les textes de l'époque, Les Petits matins, 2012, 192 pages. (ISBN 9782363830098 et 2363830091)
- HervĂ© Hamon et Patrick Rotman, Les Porteurs de valises : la rĂ©sistance française Ă la guerre d'AlgĂ©rie, Paris, Ăditions du Seuil, , 440 p. (ISBN 2-02-006096-5 et 9782020060967, OCLC 461675909)
- Jean-Charles Jauffret (Direction), Maurice VaĂŻsse (Direction), Centre d'Ă©tudes d'histoire de la dĂ©fense et Centre national de la recherche scientifique, Militaires et guĂ©rilla dans la guerre d'AlgĂ©rie [actes du colloque, Montpellier, 5-6 mai 2000], Bruxelles, Ăditions Complexe, , 562 p. (ISBN 2-87027-853-5 et 9782870278536, OCLC 491961143)
- Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier et Mimmo Pucciarelli, Résister à la militarisation : Le Groupe d'action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, , 324 p. (ISBN 978-2-35104-121-5)
- Michel Hanniet, Insoumission et refus d'obĂ©issance : un ancien rĂ©fractaire Ă la guerre d'AlgĂ©rie passĂ© Ă la question cinquante ans plus tard, ChĂąteauroux-les-Alpes, Ăditions Les Tilleuls du Square - Gros textes, 122 p. (ISBN 978-2-35082-351-5 et 2350823512, OCLC 1028975704)
- EugĂšne Cotte, Je n'irai pas ! MĂ©moires d'un insoumis, avant-propos Philippe Worms, prĂ©face Guillaume Davranche, Montreuil, Ăditions La Ville brĂ»le, 2016, (ISBN 9782360120734), (OCLC 953089600), (BNF 45061928), prĂ©sentation Ă©diteur
- Jeune Résistance, « Collection de publications de Jeune Résistance », sur pandor.u-bourgogne.fr (consulté le )
Filmographie
- Mehdi Lallaoui, Le Manifeste des 121, Mémoires vives productions, 52 min. « Le Manifeste des 121 », sur dailymotion.com (consulté le )
- Villi Hermann, Choisir Ă vingt ans[91], 2017
Articles connexes
- Soldat fusillé pour l'exemple
- Antimilitarisme
- Objection de conscience
- DĂ©sertion
- Renvoi de livret militaire
- Manifeste des 121
- Soldats du refus
- Jeune Résistance (Guerre d'Algérie)
- Réfractaire à l'armée
- Service militaire en France
- Anarchisme non-violent
- Manuel DevaldĂšs
- EugĂšne Cotte
- Gaston Leval
- Groupe d'action et de résistance à la militarisation
- Action civique non-violente
- Opposants russes, biélorusses et ukrainiens à la guerre russo-ukrainienne à partir de 2022
Notes et références
Notes
- François Mitterrand, ministre de l'Intérieur, à l'Assemblée nationale, 12 novembre 1954
- Le procĂšs de Bruno HĂ©rail est illustrĂ© par Cabu in « La justice militaire, ce quâil faut savoir », CitĂ© nouvelle, mars 1975.
Références
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- (it) « Sans uniforme : interview avec Jean Fabre », sur grandemuette.wordpress.com, (consultĂ© le ) extrait du mĂ©moire de master de Riccardo De Angelis Lâobiezione di coscienza al servizio militare in Francia e in Italia, 1920-2005, sous la direction de Mariuccia Salvati et AndrĂ© Gueslin, UniversitĂ degli studi di Bologna â UniversitĂ© Paris 7, 2012
- CitĂ© dans « Un groupe de prĂȘtres, de pasteurs et de rabbins se dĂ©clare solidaire des insoumis », Le Monde,â
- « Condamnation de quatre pacifistes dont le Dr Benjamin Spock », Le Monde,â
- J.A., « Justice militaire Ă San-Francisco », Le Monde,â
- « Un appel des dĂ©serteurs et insoumis amĂ©ricains rĂ©fugiĂ©s en France », Le Monde,â
- « La « rĂ©sistance amĂ©ricaine » en France », Le Monde,â
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : Groupe insoumission totale.
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : Enragez-vous.
- (en) « CHoisir à vingt ans », sur imdb.com (consulté le )
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « Insoumission », sur worldcat.
- Documents et témoignages oraux des insoumis Michel Hanniet et Alain Larchier
- Podcast CNT : Philippe Worms, Guillaume Davranche, « Mémoire d'EugÚne Cotte, déserteur libertaire », sur cnt-f.org,