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Livret militaire

Le livret individuel ou, plus communĂ©ment, livret militaire est un document d'identitĂ© dans lequel sont enregistrĂ©es au fur et Ă  mesure les Ă©tapes de la carriĂšre militaire d'une personne. En vue d’un rappel ou d’une mobilisation Ă©ventuels, le livret prĂ©cise qu’il « doit ĂȘtre conservĂ© avec le plus grand soin. »

Livret militaire individuel (France) de Jean-GĂ©rard Verdier (1924-2013).

Présentation

En France

L'arrĂȘtĂ© du 8 florĂ©al an VIII[1] impose que chaque homme dispose d'un livret pour sa recette et sa dĂ©pense, qui doit se trouver conforme aux comptes de sa compagnie. Les ordonnances royales du [2] et [3] portant rĂšglement sur l'administration intĂ©rieure des corps de troupes, organisent de maniĂšre globale l'administration des plus de deux cent corps de l'Ă©poque, toutes armes confondues. Elle Ă©tablissent tout un ensemble de registres Ă  maintenir au sein de chaque corps, ainsi que des livrets individuels pour les hommes de troupe. L'ordonnance de 1844 dĂ©finit de nouveaux modĂšles de livrets individuels permettant d'assurer une parfaite concordance avec les registres des officiers comptables, les matricules, les livres de dĂ©tail et les comptes courants des compagnies, escadrons ou batteries.

Chaque homme de troupe reçoit, à son arrivée au corps, un livret, signé par le major, sur lequel les renseignements qui constatent son état civil, son signalement, le titre sous lequel il a été incorporé, ainsi que tout autre renseignement, ont été exactement transcrits d'aprÚs la matricule du corps. Il contient aussi la liste des effets de petit équipement et de petite monture ; l'inscription des recettes et dépenses de la masse individuelle; et, enfin, les dispositions de lois ou rÚglements dont le soldat doit avoir incessamment le texte sous les yeux. Dans les corps de troupe à cheval, le livret reçoit en outre, par extrait du livre de détail, l'inscription du nom, du numéro matricule et du signalement du cheval affecté au cavalier, avec celle des numéros et millésimes empreints sur les effets de harnachement dont il est détenteur.

Le livret est la propriĂ©tĂ© du militaire Ă  qui il est dĂ©livrĂ©. Il ne peut lui ĂȘtre retirĂ© sous aucun prĂ©texte, mĂȘme lorsqu'il lui en est donnĂ© un nouveau (quand il change de corps) ou qu'il quitte le service.

  • Livret du 42e rĂ©giment d'infanterie de ligne, 1870
    Livret du 42e régiment d'infanterie de ligne, 1870
  • Introduction, Ă©tat-civil et signalement
    Introduction, Ă©tat-civil et signalement
  • Extrait des crimes et dĂ©lits militaires et peines associĂ©es
    Extrait des crimes et délits militaires et peines associées
  • Extrait du "guide du soldat"
    Extrait du "guide du soldat"

Le fait de dĂ©livrer un nouveau livret Ă  chaque changement de situation du militaire (changement de corps, passage dans la disponibilitĂ© ou dans la rĂ©serve), est une source de travail considĂ©rable pour l'administration, et rend cette tĂąche impossible Ă  faire avec soin ou parfois en temps opportun, en particulier dans les cas urgents. Le temps nĂ©cessaire Ă  un sergent-major pour Ă©tablir un nouveau livret individuel est Ă©valuĂ© au minimum Ă  15 minutes, ce qui rend impossible l’établissement des livrets en cas de mobilisation. Pour pallier ce problĂšme, le dĂ©cret du [4] modifie la structure du livret individuel pour qu'il soit rĂ©utilisĂ© en toute circonstance. Chaque homme a alors obligation de conserver son livret individuel, et en cas de perte, d'en faire la dĂ©claration Ă  la gendarmerie. Chaque livret suit un modĂšle unique servant Ă  toutes les armes, et peut servir jusqu'Ă  cinq appels successifs. MalgrĂ© ces modifications, le livret ne contient que 80 pages, soit 18 de plus seulement que le modĂšle prĂ©cĂ©dent de l'artillerie. Le dĂ©cret du [5] redĂ©finit le livret individuel comme une copie du livret matricule, livret de rĂ©fĂ©rence conservĂ© par l'ArmĂ©e. Les informations inscrites dans les deux livrets sont identiques, Ă  la diffĂ©rence prĂšs des condamnations prononcĂ©es pour faits autre que ceux d'insoumission, de dĂ©sertion et de participation Ă  des mouvements insurrectionnels qui ne sont inscrites que dans le livret matricule. Elles sont remplacĂ©es dans le livret individuel par la mention : « Interruption de service du... au... ».

  • Livret militaire individuel de Jean-GĂ©rard Verdier.
    Livret militaire individuel de Jean-GĂ©rard Verdier.
  • Livret militaire individuel de Jean-GĂ©rard Verdier.
    Livret militaire individuel de Jean-GĂ©rard Verdier.
  • Livret militaire individuel de Jean-GĂ©rard Verdier.
    Livret militaire individuel de Jean-GĂ©rard Verdier.

Renvoi et destruction de livret militaire

Le renvoi et la destruction volontaire de livrets militaires, de fascicules de mobilisation, de cartes de service national ou d'affectations de dĂ©fense sont des actes illĂ©gaux individuels ou collectifs, publics ou non, destinĂ©s gĂ©nĂ©ralement Ă  protester contre la politique militaire ou un de ses aspects. Dans certains cas, ces actions de dĂ©sobĂ©issance civique ont Ă©tĂ© effectuĂ©es en raison de l’absence de lĂ©gislation permettant de se dĂ©clarer objecteur de conscience aprĂšs l’accomplissement du service militaire. En France, la modification du statut des objecteurs, en 1983, a palliĂ© cette absence[6] qui entraĂźnait des condamnations en vertu de l'article 133 du code du service national.

En Australie

Article détaillé : Draft-card burning (en)

Pour s'opposer Ă  la conscription en Australie pour l'envoi Ă  la guerre du ViĂȘt Nam, des appelĂ©s brĂ»lent leurs ordres d'incorporation. Cet acte n'est pas illĂ©gal. Le gouvernement retire ses troupes du ViĂȘt Nam en 1971. La conscription est dĂ©finitivement supprimĂ©e en 1972 Ă  l'arrivĂ©e du Parti travailliste australien au pouvoir[7].

En Belgique

Hem Day
Le militant belge Hem Day.

En 1933, Albert DevĂšze, ministre de la DĂ©fense nationale de Belgique, dĂ©pose un projet de loi interdisant toute propagande pacifiste et toute diffusion d'idĂ©es antimilitaristes. En rĂ©action, les militants anarchistes Marcel Dieu, alias Hem Day, et LĂ©o Campion renvoient leurs livrets militaires et posent ainsi le premier acte d’objection de conscience politique en Belgique. Les deux hommes refusent le rappel sous les armes ordonnĂ© par mesure de discipline.

ArrĂȘtĂ©s, ils comparaissent le devant le Conseil de Guerre. Ils sont dĂ©fendus par Paul-Henri Spaak, qui est membre du Parti ouvrier (antimilitariste) et est aussi futur premier ministre socialiste et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’OTAN. Hem Day et LĂ©o Campion sont condamnĂ©s respectivement Ă  deux ans et dix-huit mois de prison. Leur peine est rĂ©duite en appel. Ils refusent toute sanction et, avec un autre objecteur, Lionel de Vlaminck, entament une grĂšve de la faim[8]. Les avocats des accusĂ©s, Deublet et Spaak, et d'autres citoyens renvoient leurs livrets militaires. Des anciens combattants sont prĂȘts Ă  les imiter[9].

Devant l’ampleur des soutiens, les condamnĂ©s sont renvoyĂ©s de l’armĂ©e, car « indignes d’y figurer plus longtemps » et le projet de loi DevĂšze est abandonnĂ©[10] - [11].

En 1965, Pierre Debbaut, officier de réserve, renvoie son uniforme aux autorités militaires et réclame le statut d'objecteur de conscience. Il est dégradé et reclassé comme « soldat milicien en congé illimité ». Il refuse les documents de mobilisations qui lui sont adressés. Il fait l'objet d'un rappel disciplinaire et ne s'y soumet pas. Considéré comme déserteur, il est condamné par la justice militaire à un mois de prison[12] - [13].

Aux États-Unis

Article détaillé : Draft-card burning (en)

Opposants Ă  la guerre du ViĂȘt-Nam, des appelĂ©s brĂ»lent publiquement leurs feuilles de mobilisations[14]. En 1965, une loi rĂ©prime la destruction ou la mutilation volontaire des cartes de recrutement d'une amende pouvant aller jusqu'Ă  10 000 $ ou d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'Ă  5 ans[15]. Tom Cornell (en), un des premiers manifestants contre cette guerre, est emprisonnĂ© pour la destruction publique de sa carte de recrutement[16]. David O'Brien, est condamnĂ© Ă  six ans de prison. Mais une Cour d'appel, tout en le reconnaissant coupable de ne pas ĂȘtre en possession de sa carte, estime que son geste symbolique exprime une protestation qui est un droit reconnu par le Premier amendement de la Constitution des États-Unis, qui garantit la libertĂ© d'expression[17]. Quelques jours plus tard, avant les manifestations contre la guerre du qui rassemblent plusieurs centaines de milliers de personnes, ce sont 150 jeunes gens qui brĂ»lent leurs cartes de recrutement[18].

En , plusieurs centaines de jeunes gens dĂ©truisent ou renvoient leurs papiers militaires pour protester contre la guerre. De nombreux manifestants, dont Joan Baez, sont arrĂȘtĂ©s[19].

AprĂšs la PremiĂšre guerre mondiale

Quelques anciens combattants isolés, dont des officiers, se débarrassent de leurs effets, documents et décorations militaires. Les sanctions sont faibles et suscitent peu d'échos[20].

À l'exception des officiers, les anciens combattants sont dispensĂ©s de pĂ©riodes militaires et donc les pacifistes n'ont pas l'occasion d'exprimer un refus. Les pĂ©riodes d'entraĂźnement sont rĂ©tablies en 1927[21].

Henri Roser

Henri Roser effectue son service militaire de 1918 Ă  1921. Il entreprend des Ă©tudes de thĂ©ologie dans le but de devenir pasteur-missionnaire. En , tandis que l’armĂ©e française occupe la Ruhr, il renvoie ses papiers militaires. Il est rĂ©voquĂ© de sa charge d'officier et obligĂ© par son Église de renoncer Ă  devenir missionnaire. Il est cofondateur de la branche française du Mouvement international de la RĂ©conciliation (MIR) puis son secrĂ©taire et celui pour l'Europe. Pendant la Seconde guerre mondiale, il est condamnĂ© Ă  quatre ans de prison pour refus d'obĂ©issance et insoumission[22].

La Ligue des objecteurs

Objecteur de conscience, Gérard Leretour, subit deux emprisonnements pour insoumission. Au cours de chacun d'eux, il mÚne une grÚve de la faim[23]. L'anarchiste EugÚne Lagomassini dit Lagot[24] renvoie, le , son livret de mobilisation au Ministre de la guerre. Il est condamné à trois jours de prison. Libérés, Leretour et Lagot créent, en , la Ligue des objecteurs de conscience qui deviendra la section française de l'Internationale des résistants à la guerre. Pour soutenir les réfractaires emprisonnés, la ligue organise efficacement une vaste campagne de renvois de fascicules de mobilisation[25]. Un cas attire particuliÚrement l'attention : La Légion d'honneur est retirée à un professeur, trois fois blessé pendant la guerre, qui a renvoyé ses papiers à deux reprises[26]. Le gouvernement dissout la ligue. Le , un vote modifie la loi sur le recrutement. Désormais les renvoyeurs risquent jusqu'à un an de prison.

CongrĂšs des instituteurs

En août 1933, une motion est proposée au CongrÚs des instituteurs par le Bureau du syndicat :

« Le CongrĂšs estime qu'il y a incompatibilitĂ© entre le fait d'ĂȘtre syndiquĂ© et celui d'occuper une fonction militaire quelconque ou de collaborer Ă  la prĂ©paration de la guerre sous quelque forme que ce soit ce qui implique l'organisation par la C.G.T. du renvoi collectif des fascicules de mobilisation et du refus de participer Ă  tout exercice de dĂ©fense dite nationale. »

— François Hulot, « Les objecteurs de conscience au travail », L'Écho rochelais,‎ , p. 1

Marc Sangnier

En 1934. Marc Sangnier, fondateur du Sillon, fait du renvoi du livret militaire le thĂšme d'une action en faveur de la paix[27].

Guerre d’AlgĂ©rie

Pour protester contre la guerre d’AlgĂ©rie, les renvois de livrets sont nombreux[28] et parfois sanctionnĂ©s de peines allant jusqu’à dix mois de prison.

Six pasteurs dont René Cruse, Idebert Exbrayat et Jean Lasserre renvoient leurs livrets militaires en 1957, surtout pour appuyer le projet de statut légal des objecteurs de conscience[29] - [30].

L'Action civique non-violente encourage la solidaritĂ© avec les rĂ©fractaires, notamment par le renvoi des livrets militaires et des dĂ©corations[31] - [32]. Un tract de l'ACNV, sans doute de 1961, liste 19 renvoyeurs de livrets militaires[33]. Georges Mailfert, prĂȘtre de la Mission de France, renvoie ses papiers militaires Ă  l'occasion du procĂšs du dĂ©serteur Pierre Boisgontier. En , Jacques Tinel Ă©crit au PrĂ©sident de la RĂ©publique et renvoie son livret pour protester contre l'explosion de la premiĂšre bombe nuclĂ©aire française[34].

Le , quatre membres de l'Action civique non-violente comparaissent devant le tribunal de grande instance de Carpentras pour provocation de militaires à la désobéissance[35]. Le Procureur de la République prononce un réquisitoire qui, selon Le Monde, peut « apparaßtre comme une apologie pure et simple des inculpés[36]. » Ceux-ci sont néanmoins condamnés à des peines de prison avec sursis. Une autre peine de huit mois d'emprisonnement avec sursis, mais confondue avec la premiÚre, est infligée à Joseph Pyronnet pour le renvoi de son livret militaire[37].

Le Manifeste des 121, titrĂ© « DĂ©claration sur le droit Ă  l’insoumission dans la guerre d’AlgĂ©rie », est signĂ© par des intellectuels, universitaires et artistes et publiĂ© le 6 septembre 1960. Le gouvernement riposte par plusieurs ordonnances qui aggravent les peines frappant la provocation Ă  l’insoumission, Ă  la dĂ©sertion et au renvoi de livret militaire, le recel d’insoumis et les entraves aux dĂ©parts des soldats. Les peines peuvent ĂȘtre d'un Ă  cinq ans de prison et d'une amende de 200 Ă  100 000 francs. Les peines des fonctionnaires pourront ĂȘtre doublĂ©es[38] - [39].

En , le comitĂ© Audin publie Ă  Lyon un tract de solidaritĂ© avec Michel Halliez[40]. Celui-ci, rĂ©serviste ayant accompli une partie de son service militaire en AlgĂ©rie, a renvoyĂ© ses papiers militaires pour protester contre la LĂ©gion d'honneur et la promotion du lieutenant Charbonnier, dĂ©signĂ© comme tortionnaire et assassin de Maurice Audin. Michel Halliez est dĂ©fendu par Robert Badinter. Une premiĂšre peine[41] - [42] est aggravĂ©e en appel Ă  six mois de prison avec sursis et 60 000 francs d'amende. Ayant refusĂ© de reprendre ses piĂšces militaires quelques mois plus tard, Michel Halliez est Ă  nouveau condamnĂ© Ă  six mois de prison avec sursis[43] - [44].

Au cours de l'annĂ©e 1961, plusieurs prĂȘtres de la Mission de France renvoient leurs livrets par solidaritĂ© avec les insoumis et les dĂ©serteurs[45].

Pour son renvoi de livret militaire, Claude Michel, qui travaille au secrĂ©tariat de l'Action civique non-violente, est condamnĂ© en 1961 Ă  six mois de prison avec sursis. RĂ©cidiviste, il Ă©cope, en 1963, d'une amende de huit mille francs[46]. En 1962, Georges Humbert, membre du mĂȘme mouvement et rĂ©cidiviste, voit son amende de six cents francs confirmĂ©e. Le procureur ayant fait appel, sa peine est aggravĂ©e de six mois de prison avec sursis. Il purge quarante jours de contrainte par corps pour son refus de payer l'amende[47].

En , le dĂ©fenseur d'Alain Corbineau, renvoyeur de son livret, rĂ©clame pour son client le bĂ©nĂ©fice du dĂ©cret portant amnistie des infractions commises au titre de l’insurrection algĂ©rienne[48]. Cette possibilitĂ© est rejetĂ©e, l'inculpĂ© ayant, dans sa lettre au ministre, « protestĂ© contre les guerres en gĂ©nĂ©ral », sans que son action ait eu pour but d'apporter une aide Ă  la rĂ©bellion algĂ©rienne[49].

AprÚs la guerre d'Algérie

En 1962, quelques réfractaires, dont Mouna Aguigui, brûlent leurs livrets militaires sur la voie publique[50].

Le statut des objecteurs de conscience

En France, la loi publiĂ©e le [51] a crĂ©Ă© un statut permettant aux objecteurs de conscience d’effectuer un service civil. Mais les gouvernements ont opposĂ© beaucoup d’obstacles Ă  l’obtention de ce statut, et cela jusqu’à sa libĂ©ralisation en 1983. Pour envoyer sa demande de statut, l’objecteur ne disposait que d’un bref dĂ©lai aprĂšs la parution du dĂ©cret d’appel de son contingent. Cette parution au Journal officiel passait gĂ©nĂ©ralement inaperçue. L’État n’informait pas le citoyen sur le statut. La propagande incitant Ă  en bĂ©nĂ©ficier pouvait ĂȘtre punie de six mois Ă  trois ans de prison[52] - [53]. Une Commission juridictionnelle, dont trois membres sur sept Ă©taient officiers, statuait arbitrairement[54] - [55] sur la demande, Ă  huis clos et en l’absence de l’intĂ©ressĂ©. La demande devait reposer uniquement sur des motifs religieux ou philosophiques. Bien que la loi ne le prĂ©cisĂąt pas, les arguments politiques Ă©taient rĂ©dhibitoires. Pour ces raisons, bien des appelĂ©s ignoraient le statut ou ne pouvaient l’obtenir et devinrent insoumis. Les objecteurs pouvaient, Ă  tout moment, demander Ă  ĂȘtre incorporĂ©s dans une formation militaire[56]. En revanche, les militaires, engagĂ©s ou conscrits, n’avaient pas le droit faire la dĂ©marche inverse et Ă©taient donc susceptibles de renvoyer ou de dĂ©truire illĂ©galement leurs livrets militaires pour s’affirmer objecteurs de conscience. En 1980, on totalise trois mille rĂ©servistes qui ont renvoyĂ© leurs papiers militaires et Ă  qui la qualitĂ© d'objecteur de conscience est refusĂ©e[54].

Le , pour la premiĂšre fois, un objecteur en service civil comparaĂźt devant un tribunal militaire. Les objecteurs se mettent une grĂšve pour ĂȘtre soumis Ă  la justice civile. Ils sont soutenus lors de manifestations dans plusieurs villes. À Bordeaux, le , FrĂ©dĂ©ric Carle et Guy Goujon renvoient leurs papiers militaires et le 11 fĂ©vrier suivant deux autres personnes personnes brĂ»lent publiquement le leur. La police intervient brutalement et interpelle 36 manifestants[57].

Quelques exemples de renvois de livrets militaires

En 1967, le Mouvement contre l’armement atomique dĂ©clenche une campagne de solidaritĂ© avec l’avocat Georges Pinet, officier de rĂ©serve, emprisonnĂ© pour avoir renvoyĂ© son livret militaire en protestation contre l'armement atomique de la France[58] - [59]. Georges Pinet a refusĂ© l'amnistie par dĂ©cret dont il aurait pu bĂ©nĂ©ficier en sa qualitĂ© d'ancien combattant en AlgĂ©rie. Il est graciĂ© aprĂšs trois mois de prison[60]. Roland Grun qui l'a imitĂ© par solidaritĂ© est condamnĂ© Ă  une amende de 300 francs[61].

Jean-Marie Muller et deux prĂȘtres, Jean Desbois et Jean-Pierre Perrin, tous trois officiers de rĂ©serve, demandent en vain le statut d’objecteur. Ils renvoient leurs papiers militaires[62]. Le , Ă  OrlĂ©ans, Robert Buron et l’évĂȘque Guy-Marie RiobĂ©[63] tĂ©moignent Ă  leur procĂšs. Les renvoyeurs sont condamnĂ©s Ă  trois mois de prison avec sursis, mille francs d'amende et cinq ans de privation de leurs droits civiques[64] - [65]. Ils sont en outre dĂ©gradĂ©s !

En , Dominique HalĂ©vy, auteur du livre Contre la bombe[66], renvoie son livret militaire Ă  la suite du refus du gĂ©nĂ©ral de Gaulle de laisser siĂ©ger Ă  Paris le Tribunal Russell sur le crimes de la Guerre du ViĂȘt Nam[67] - [68].

En , dans plusieurs villes, d'anciens soldats renvoient leurs livrets pour soutenir les objecteurs grĂ©vistes ou emprisonnĂ©s qui refusent d'ĂȘtre soumis aux tribunaux militaires et s'opposent Ă  l'ordonnance du portant organisation gĂ©nĂ©rale de la DĂ©fense[69] - [57]

En , un tract[70] signé par des dizaines de personnes soutient le renvoi des papiers d'Aimé Léaud[71] et Olivier Maurel et fait un parallÚle entre le massacre d'Oradour-sur Glane en 1944 par la division SS Das Reich et le crime prémédité de la stratégie nucléaire anti-cité de la France. Il cite le ministre des Armées :

« Avec nos moyens, les seuls objectifs qui aient une valeur de dissuasion sont les objectifs démographiques. »

— Pierre Messmer, Revue de DĂ©fense nationale, mai 1963

Le 20 février 1970, Michel Hanniet, Maurice Montet et Jacques Moreau écrivent une lettre au Ministre de la Défense nationale pour annoncer l'autodafé de leurs livrets militaires afin de se désolidariser de la politique militaire[72].

Jean ArÚne, Gilbert Nicolas, René SerriÚre et Laurent Maire renvoient collectivement leurs livrets « pour protester publiquement contre la politique militaire » et « affirmer leur confiance en la non-violence active[73]. »

Le , cinq jeunes gens et la mĂšre du dĂ©serteur Armel Gaignard sont relaxĂ©s par le tribunal de grande instance de Nantes oĂč ils comparaissent pour avoir distribuĂ© un tract affirmant « Refuser d'ĂȘtre soldat est une contribution nĂ©cessaire Ă  l'avancement de la lutte des classes. » et dĂ©nonçant « l'armĂ©e qui protĂšge les riches qui nous volent. » Ils Ă©taient inculpĂ©s d'incitation au renvoi et Ă  la destruction de piĂšces militaires, de propagande tendant Ă  inciter autrui Ă  bĂ©nĂ©ficier des dispositions du statut d'objecteur de conscience et de provocation de militaires Ă  la dĂ©sobĂ©issance[74] - [75].

En 1972, quatre Poitevins renvoient leurs livrets pour protester contre la campagne d'essais nucléaires français dans le Pacifique[76].

En , à Orléans, vingt-cinq militants de la non-violence renvoient leurs livrets pour soutenir la lutte des objecteurs de conscience qui observent une grÚve de la faim[77].

En , l'Ă©vĂȘque de Dijon, Mgr Albert Decourtray, prend la dĂ©fense d'un prĂȘtre qui a refusĂ© de recevoir son livret militaire Ă  plusieurs reprises et a Ă©tĂ© condamnĂ©[78].

En , treize Lorrains renvoient collectivement leurs livrets militaires au ministĂšre des ArmĂ©es en signe de solidaritĂ© avec Jean-Louis SouliĂ©, objecteur de conscience condamnĂ© Ă  un an de prison pour insoumission[79]. ArrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© Ă  l'occasion du procĂšs SouliĂ©, Jean-Luc Stote, membre de Insoumission collective internationale est condamnĂ©, le mardi , Ă  deux ans de prison pour insoumission. À la fin du procĂšs, son pĂšre veut remettre son livret et celui de son beau-frĂšre au tribunal qui les refuse. Il dĂ©chire alors les fascicules ce qui donne lieu Ă  de vifs incidents[80].

Quatre militants sont condamnés à Nantes pour avoir renvoyé leurs livrets afin de« se solidariser avec les victimes des tribunaux d'exception et attirer l'attention de l'opinion publique sur la militarisation croissante de la société »[81].

Quatre prĂȘtres catholiques, sont inculpĂ©s pour le renvoi de leurs livrets militaires afin de soutenir un objecteur de conscience en procĂšs et les paysans du Larzac en lutte contre l'extension du camp militaire[82]. LĂ©on Desbos et Bruno Barrillot sont condamnĂ©s en mars 1979 Ă  500 francs d'amende avec sursis[83] - [84].

Les renvois successifs du livret militaire de l'autonomiste occitan Serge Viaules lui valent des condamnations. AprÚs son service militaire, il refuse d'appartenir à l'armée française tant qu'un statut d'autonomie sera refusé à la région culturelle d'Occitanie. Il le revendique en occitan devant le tribunal[85].

En 1991, dÚs le déclenchement des opérations terrestres de la Guerre du Golfe, Miche Pons renvoie ses papiers militaires au président Mitterrand[86].

Le Groupe d’action et de rĂ©sistance Ă  la militarisation

En , dans une lettre Ă  en-tĂȘte du « Groupe lyonnais de soutien aux « renvoyeurs » de livret militaire », cent soixante-dix personnes manifestent leur solidaritĂ© Ă  des dizaines de renvoyeurs opposants Ă  la mise en place de l'arsenal nuclĂ©aire. La liste des signataires lyonnais est prĂ©cĂ©dĂ©e de celle de seize personnalitĂ©s nationales dont Bernard Clavel, RenĂ© Dumont, Lanza del Vasto, ThĂ©odore Monod et Jean Rostand. Le groupe entend se mettre « au service de tous ceux que leur conscience contraindrait prochainement Ă  renvoyer leur livret militaire, et qui dĂ©sireraient donner Ă  leur acte la dimension collective et politique indispensable[87]. »

En , le groupe diffuse la brochure Ils renvoient leur livret militaire. Pourquoi ?[88] On y lit : « Renvoyer son livret militaire, pour ceux que nous soutenons, est un signe de refus de la sociĂ©tĂ© et du systĂšme qui, en fabriquant des armes et des bombes, fabrique des morts en sursis et des pauvres dĂšs aujourd’hui. »

Le dossier contient des lettres trÚs argumentées de réfractaires lyonnais dont Jean Kergrist et Pierre-Luc Séguillon.

Un renvoyeur de livret et cinq membres du groupe de soutien sont assignĂ©s quatre jours Ă  rĂ©sidence Ă  l'occasion du passage du gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă  Lyon. Une manifestation de protestation a lieu le [89]. Le groupe se rebaptise ensuite Groupe d’action et de rĂ©sistance Ă  la militarisation (Garm). À plusieurs reprises, nombre de ses membres manifestent leur opposition Ă  la politique de dĂ©fense en renvoyant ou dĂ©truisant publiquement leurs livrets militaires, par exemple pour soutenir les objecteurs François Janin et Jean Michel Fayard[90].

Douze renvoyeurs sont jugés à Lyon le . Ils expriment dans un texte leur solidarité avec le Larzac et leur opposition au militarisme[91]. Dix organisations dont le Garm se déclarent solidaires des inculpés[92].

La lutte du Larzac

Le , pour appuyer leur lutte contre l’extension du camp militaire du Larzac, soixante paysans du Larzac renvoient leurs livrets militaires[93] et l'accompagnent d'une lettre au ministre des armĂ©es :

« (...) Je ne veux pas que le Larzac devienne un vaste terrain de démonstration pour faire voir aux peuples du tiers-monde la maniÚre la plus efficace de s'entretuer alors qu'il serait plus noble pour la France de leur apprendre et de les aider à mieux vivre et mieux se nourrir. (...) Par avance, je dénonce toute interprétation sommaire qualifiant ce geste d'antimilitarisme. Je veux simplement que ce geste marque ma désapprobation à la politique actuelle de la défense nationale[94] (...) »

Certaines Ă©pouses joignent une lettre Ă  celle de leur mari[95].

Ancien aumĂŽnier militaire en AlgĂ©rie, l'abbĂ© Pierre Cros renvoie ses papiers militaires en mĂȘme temps que douze autres personnes dont sept prĂȘtres. Seul Ă  comparaĂźtre devant le tribunal de grande instance de Paris le , il affirme qu'il « entendait porter tĂ©moignage de la violence des militaires qui s'amplifie sur le plateau du Larzac[27]. » Il est condamnĂ© Ă  deux ans de privation de droits civiques et 500 francs d'amende[96].

Une campagne de renvoi massif de livrets est lancĂ©e pour s'opposer Ă  l'extension du camp. Le Mouvement pour le dĂ©sarmement, la paix et la libertĂ© (MDPL) publie un formulaire pour confier aux paysans du Larzac son livret militaire, son fascicule de mobilisation, sa carte de service national, son affectation de dĂ©fense ou ses dĂ©corations[97]. La campagne culmine en . 1 030 livrets, documents et dĂ©corations militaires sont dĂ©posĂ©s Ă  Strasbourg Ă  la prĂ©sidence du Parlement europĂ©en[98]. Une affiche « Sortons de la rĂ©serve » soutient la campagne[40]. Un document d'un coordination nationale justifie le renvoi des livrets :

« Cette « dĂ©sertion » n'est pas une dĂ©mission, mais au contraire l'affirmation du droit Ă  contrĂŽler dĂ©mocratiquement les moyens de dĂ©fense du pays. Lorsque ces moyens constituent une menace constante pour les populations civiles, un gaspillage Ă©norme pour l'Ă©conomie et un prĂ©texte supplĂ©mentaire au centralisme de l'État, notre devoir n'est-il pas de dĂ©noncer ouvertement le mensonge ? »

— Larzac : DĂ©sobĂ©issance civile, Le renvoi de papiers militaires, SupplĂ©ment Ă  Non-violence politique no 9, 4e trimestre 1978, ISSN 0181-6322

La plupart du temps pour soutenir la cause du Larzac, conjointement ou non avec d'autres luttes (contre la force de frappe nuclĂ©aire ou les ventes d'armes, pour le droit Ă  l'objection de conscience aprĂšs le service militaire[99] - [100]...), les renvoyeurs de livrets militaires se multiplient au cours des annĂ©es 1970. Certains ne sont pas poursuivis, d’autres sont condamnĂ©s Ă  des amendes de 300 Ă  1 500 francs[101]. Ces peines sont parfois associĂ©es Ă  la suspension des droits civiques ou au retrait du permis de conduire[102] ce qui entraĂźne parfois un licenciement[103]. Jean-Pierre Bochereau, fonctionnaire des Postes tĂ©lĂ©graphes et tĂ©lĂ©phones depuis 17 ans, est radiĂ© de son administration[104]. Pierre Dantec se voit infliger trois mois d'emprisonnement et cinq ans de privation des droits civiques[27]. Jean-Louis Guenego est condamnĂ© deux fois ; la deuxiĂšme fois, il est privĂ© de ses droits civiques pour un an. En application de l'article L 809 du code de la santĂ© publique, qui stipule que l'emploi dans un hĂŽpital public suppose la jouissance de ses droits civiques, le directeur de l'hĂŽpital le licencie[105]. Le tribunal correctionnel de Dijon rĂ©pond favorablement Ă  sa demande de rĂ©intĂ©gration dans ses fonctions[106].

Au cours de plusieurs procÚs, des militants remettent des paquets de livrets militaires au président du tribunal[107] - [100]. En un an, on recense trente et une personnes de la région dijonnaise qui ont renvoyé leurs papiers militaires au ministre de la défense[81].

Selon une statistique nominative Ă©tablie par le groupe de « Coordination des renvoyeurs de papiers militaires » et relatĂ©e par Le Monde du [27], trois cents livrets ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s au cours de la seule annĂ©e 1976. Il y en a eu sept cents environ depuis le mouvement des paysans du Larzac en 1973 et une centaine environ depuis le dĂ©but de l'annĂ©e 1977. Du jusqu'au , quarante-trois condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es par les tribunaux. Le Monde du [108] indique : « Au total, depuis quatre ans, mille deux cents personnes ont renvoyĂ© leur livret militaire, ce qui a valu Ă  environ cent vingt d'entre elles des poursuites judiciaires. » Le , le mĂȘme journal fait Ă©tat de quatre mille renvois et trois cents jugements[109]. Il rappelle que le renvoi de livret expose aux sanctions suivantes : 360 francs Ă  10 060 francs d'amende, un Ă  douze mois de prison avec ou sans sursis et, enfin, mais beaucoup plus rarement, privation des droits civiques.

Le 28 novembre 1980, huit renvoyeurs de livrets comparaissent Ă  Grenoble en appel d'une condamnation Ă  2 000 francs d'amende et Ă  quatre ans de suppression des droits civiques, ce qui signifie pour quatre d'entre eux, enseignants fonctionnaires, une interdiction professionnelle. Le verdict attĂ©nue la peine, du sursis est accordĂ© pour l'amende, l'interdiction professionnelle est levĂ©e et ironiquement celle du port d'arme aussi[104].

En , Objection en monde rural, le comitĂ© Larzac du Forez, les Amis de la Terre et le Parti socialiste unifiĂ©, constituent un comitĂ© de soutien Ă  Jean-Bernard Forissier, emprisonnĂ© pour avoir refusĂ© de payer l'amende infligĂ©e pour son renvoi de livret militaire. Le comitĂ© collecte symboliquement au cours d'une manifestation Ă  Saint-Étienne les huit cents piĂšces d'un franc nĂ©cessaires Ă  l'Ă©largissement du prisonnier et cent-cinquante militants les dĂ©posent au greffe de la prison[110].

Droit au renvoi du livret militaire

Un objecteur de conscience, qui a renvoyĂ© son livret militaire pour manifester son soutien aux paysans du Larzac, est relaxĂ©, en , par le tribunal correctionnel de BĂ©ziers devant lequel il Ă©tait poursuivi en vertu de l'article 13.1 du code du service national. Le tribunal a estimĂ© que « Jacques Lemesle, en revendiquant Ă  trente-huit ans le statut d'objecteur de conscience, n'a fait qu'exercer une libertĂ© fondamentale, qui est celle de changer d'opinion », et que « cette libertĂ© est reconnue, et donc protĂ©gĂ©e, par la Convention europĂ©enne des droits de l'homme et des libertĂ©s fondamentales du . » ConsidĂ©rant que « le prĂ©venu ne saurait ĂȘtre condamnĂ© au motif que la loi n'a pas organisĂ© l'exercice de ladite libertĂ© », le tribunal a prononcĂ© la relaxe des fins de la poursuite, sans peine ni dĂ©pens[111]. Le mĂȘme tribunal et celui de Montpellier rĂ©pĂ©teront des jugements similaires[100] - [112].

En , le tribunal de grande instance de Besançon n'a pas suivi les réquisitions du procureur de la République, qui demandait une suppression des droits civiques pour neuf renvoyeurs de livrets : « Il apparaßt contradictoire, disent les attendus, de reprocher aux prévenus d'avoir voulu manifester leur opinion selon un mode prohibé et de les priver du mode normal d'expression des idées, à savoir le vote, en leur retirant leurs droits civiques[113]. »

En Israël

En Israël, le livret militaire d'un objecteur de conscience libéré aprÚs une peine de prison pour avoir refusé de servir dans les territoires occupés peut mentionner une « démobilisation anticipée ». Cette mention est considérée comme infamante et interdit à son détenteur tout poste de responsabilité[114].

En Pologne

En , huit jeunes Polonais renvoient leurs livrets militaires au ministĂšre de la dĂ©fense pour protester contre l'incarcĂ©ration d'un appelĂ©, Marek Adamkiewicz, condamnĂ© en Ă  deux ans et demi de prison pour avoir refusĂ© de prĂȘter le serment par lequel les soldats s'engagent Ă  dĂ©fendre l'« alliance fraternelle » avec l'URSS[115].

En , neuf militantes du mouvement pacifiste Liberté et Paix font une semaine de grÚve de la faim pour réclamer la libération de six objecteurs de conscience condamnés pour avoir renvoyé leur livret militaire à l'administration de l'armée[116].

En Russie

Pendant L'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, Pavel Filatiev, soldat de mĂ©tier, parachutiste enrĂŽlĂ© dans le rĂ©giment d'Ă©lite de la Garde russe, basĂ© en CrimĂ©e, combat en Ukraine. ÉvacuĂ© pour raison de santĂ©, sa dĂ©mission est refusĂ©e. Il rĂ©dige sur le rĂ©seau social VKontakte un tĂ©moignage de 141 pages dĂ©nonçant la corruption, le dĂ©sordre, le je-m'en-foutisme des troupes russes et la guerre en Ukraine. Il estime Ă  seulement 10 % la proportion de militaires soutenant la guerre, la majoritĂ© des soldats craignant de parler ouvertement. À propos des combats, de la brutalitĂ© de la guerre et de la dĂ©sorganisation gĂ©nĂ©rale, il commente « J’ai compris que je ne voulais pas participer Ă  cette folie. Personne n’a besoin de cette guerre, surtout pas la Russie et ses citoyenss[117]. » MenacĂ© de quinze ans de prison pour informations mensongĂšres sur l’armĂ©e, il est exfiltrĂ© de Russie par les Ă©quipes du site russe Gulagu.net, crĂ©Ă© par le militant des droits de l'Homme et lanceur d'alerte Vladimir Ossetchkine et il demande l'asile politique en France[118]. À son arrivĂ©e Ă  l’aĂ©roport de Paris Charles de Gaulle, il diffuse en direct sur le site russe Gulagu.net une vidĂ©o oĂč il justifie ses motivations puis dĂ©chire ses papiers d’identitĂ© russes, son livret militaire et son attestation d’ancien combattant en TchĂ©tchĂ©nie oĂč il a servi trois ans et il jette les dĂ©bris dans les toilettes[119].

En Suisse

Le , six soldats, autonomistes jurassiens, dont deux députés au Parlement bernois, et dont aucun n'est objecteur de conscience, déposent leurs effets militaires et leur livret de service sur la place du Palais fédéral à Berne. Ils entendent amener le gouvernement suisse à s'occuper du sort de la partie francophone du canton de Berne dont ils réclament l'autonomie[120] - [121].

Le , Arthur Villard, prĂ©sident de la section suisse de l'Internationale des rĂ©sistants Ă  la guerre et dĂ©putĂ© au Grand conseil bernois, passe en procĂšs pour provocation et incitation Ă  la violation des devoirs militaires. À la fin de l'audience, vingt et un jeunes gens dĂ©posent devant le juge et le greffier leurs livrets de service militaire[122]. AcquittĂ©, Arthur Villard, est condamnĂ© en seconde instance Ă  trente jours d'emprisonnement ferme[123]. Trente-trois Ă©crivains, dont Friedrich DĂŒrrenmatt et Max Frisch, se solidarisent alors d'Arthur Villard[124].

Le 22 avril 1971, vingt-quatre objecteurs de conscience genevois dont deux officiers déposent devant le Palais Fédéral de Berne leur équipement et les débris de leurs papiers militaires. Ils adhÚrent au Mouvement pour un service civil à la communauté (MSCC)[125].

Renvoi de décoration

Le renvoi de décoration n'est pas illégal mais, comme celui des papiers militaires, il est une forme de protestation politique et/ou éthique.

En guise de protestation contre la torture pratiquée en Algérie, l'écrivain Vercors renvoie en 1957 sa Légion d'honneur au Président de la République[126].

Pendant la seconde guerre mondiale, Jean-Pierre Lanvin reçoit la Croix de guerre comme volontaire dans la 1re armée française (Rhin et Danube). Il la renvoie pendant la guerre d'Algérie pour protester contre le bombardement de Sakiet Sidi Youssef[127]. En 1963, il renvoie son livret militaire par solidarité avec deux objecteurs de conscience qui passent en procÚs[40].

René-Philippe Donely, sous-lieutenant à la fin de la guerre d'Algérie, raconte[128] comment un harki de ses subordonnés lui remet dignement toutes ses médailles militaires pour protester contre l'abandon par la France des harkis menacés de torture et de mort par le Front de libération national.

Le , AndrĂ©e Georgevail, qui arbore ses dĂ©corations, est interpellĂ©e pour sa participation Ă  une manifestation du Groupe d'action et de rĂ©sistance Ă  la militarisation. Elle Ă©crit ensuite au prĂ©sident de la chambre des appels correctionnels : « Pourquoi ai-je Ă©tĂ© relĂąchĂ©e trois heures aprĂšs, alors que mon coĂ©quipier Ă©tait gardĂ© jusqu'Ă  10 heures du soir, et que les porteurs de banderole Ă©taient gardĂ©s Ă  vue 48 heures, tandis que les distributeurs de tracts restaient 6 jours en prison ? Est-ce Ă  la Croix de Combattant Volontaire de la RĂ©sistance et Ă  ma Croix de guerre T.O.E. que je dois ce rĂ©gime de faveur ? S'il en Ă©tait ainsi, je serais prĂȘte Ă  les rendre publiquement car il ne me convient pas d'ĂȘtre « protĂ©gĂ©e ». Je suis parfaitement solidaire de toutes les actions que mĂšnent le G.A.R.M. et le Groupe des Insoumis[129]. »

Le gĂ©nĂ©ral Jacques PĂąris de BollardiĂšre participe, en juin 1973, Ă  une manifestation dans les eaux internationales de l'OcĂ©an Pacifique, pour s'opposer Ă  l'explosion expĂ©rimentale aĂ©rienne d'une bombe nuclĂ©aire française Ă  Moruroa. Son voilier est arraisonnĂ© par la Marine nationale et l'Ă©quipage internĂ©. Mis Ă  la retraite d'office par sanction disciplinaire[130], le gĂ©nĂ©ral Ă©crit au PrĂ©sident Georges Pompidou : « Vivement dĂ©sireux de tĂ©moigner clairement devant l'opinion publique de mon pays de mon profond dĂ©saccord, j'ai dĂ©cidĂ© de vous demander de me faire rayer de l'ordre de la LĂ©gion d'honneur oĂč j'ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© Ă  la dignitĂ© de grand officier[131] - [132]. »

En 1978, Roger Garaudy témoigne au Havre, au procÚs de Fanch Hénaff, un objecteur de conscience inculpé de « refus de carte du service national ». Il déclare au président du tribunal : « Je vous remets ma médaille militaire, ce qui fut autrefois le symbole de la liberté, ma croix de guerre avec deux citations car si Fanch Hénaff était condamné, elle n'aurait plus aucun sens. Vous en ferez ce que vous voudrez[133]. »

Le 21 mai 2012, à Chicago, lors d'une manifestation opposée au sommet de l'Otan qui se tient dans cette ville, une trentaine d'anciens combattants de la guerre en Irak jettent leur médaille par-dessus les barriÚres de sécurité[134].

Le prĂ©sident Ă©gyptien Abdel Fattah al-Sissi est dĂ©corĂ© de la LĂ©gion d'honneur Ă  l'ÉlysĂ©e en prĂ©sence d'Emmanuel Macron le 7 dĂ©cembre 2020[135]. Le journaliste et Ă©crivain italien Corrado Augias rend sa propre LĂ©gion d'honneur Ă  l'ambassade de Rome pour protester contre l'honneur attribuĂ© « Ă  un chef d’État qui s'est objectivement rendu complice d'atroces criminels », en particulier de l'enlĂšvement, des tortures et de l'assassinat par les services de renseignement Ă©gyptiens de l'Ă©tudiant italien Giulio Regeni. Roberto Fico, prĂ©sident de la Chambre des dĂ©putĂ©s italienne dĂ©clare apprĂ©cier la dĂ©cision de Corrado Augias[136]. Sergio Cofferati, ancien syndicaliste et ancien maire de Bologne, l'Ă©conomiste Giovanna Melandri ou encore la journaliste et Ă©crivaine Luciana Castellina annoncent qu'ils renoncent Ă©galement Ă  la plus prestigieuse des dĂ©corations françaises[137].

Opposée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, Zhanna Agalakova démissionne de son poste de présentatrice de la télévision russe Perviy Kanal[138] et renvoie de France sa décoration « Pour Services à la Patrie » avec un courrier adressé au Président Vladimir Poutine[139].

Les Chimane

L'un des problĂšmes qui empĂȘche les Chimane, ethnie amĂ©rindienne de l'Amazonie bolivienne, de jouir pleinement de leurs droits civiques est le fait que les hommes n'ont pas de livret militaire. En effet, ils refusent d'effectuer le service militaire, s'Ă©loigner de leurs terres Ă©tant selon leurs traditions l'une des pires choses pouvant survenir.

Notes et références

  1. ArrĂȘtĂ© des consuls de la RĂ©publique, contenant rĂšglement sur l'administration et la comptabilitĂ© des corps, , 76 p. (lire en ligne), p. 40
  2. Ordonnance du roi portant rÚglement sur le traitement et les revues de l'armée de terre, et sur l'administration intérieure des corps de troupes, , 216 p. (lire en ligne), p. 153
  3. Ordonnance du 10 mai 1844 portant rÚglement sur l'administration et la Comptabilité des corps de troupe, , 171 p. (lire en ligne), p. 85-86
  4. Ordonnance du 10 mai 1844, portant rÚglement sur l'administration et la comptabilité des corps de troupe, modifiée par les décrets des 7 août 1875 et 1er mars 1880, , 402 p. (lire en ligne), p. 15-20
  5. « Journal militaire. Contenant... les ordonnances... les nominations... l'annonce ou extrait des ouvrages... », sur Gallica, (consulté le )
  6. Article L. 116-2, chapitre 4 du titre III du code du service national, loi du 8 juillet 1983.
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  9. Georges Pioch, « La vie qui passe ou qui s'attarde », La VolontĂ©,‎ , p. 1-2 (lire en ligne AccĂšs payant)
  10. Hem Day, Un ProcĂšs : LĂ©o Campion, Hem Day : comptes rendus, plaidoiries, tĂ©moignages, protestations, lettres, articles, Ă©tudes, prĂ©cisions, Paris, Bruxelles, Éditions PensĂ©e et Action,
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  13. « Un rĂ©serviste, objecteur de conscience, est condamnĂ© Ă  un mois de prison pour dĂ©sertion. », Le Monde,‎
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  21. Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, déserteurs : histoire des réfractaires en France, Paris, Stock 2, (ISBN 978-2-234-01652-1, OCLC 10810295, lire en ligne), p. 177
  22. Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, déserteurs : histoire des réfractaires en France, Paris, Stock 2, (ISBN 978-2-234-01652-1, OCLC 10810295, lire en ligne), p. 177 et 192
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  25. Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, déserteurs : histoire des réfractaires en France, Paris, Stock 2, (ISBN 978-2-234-01652-1, OCLC 10810295, lire en ligne), p. 180 et 181
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  47. Erica Fraters (prĂ©f. Jean-Jacques de Felice, postface de Djaouida SĂ©hili), RĂ©fractaires Ă  la guerre d’AlgĂ©rie 1959-1962, Paris, Éditions Syllepse, , 224 p. (ISBN 978-2849500491), p. 186
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  50. Cabu, « Les grands prĂ©curseurs : Mouna », La Gueule ouverte, no 6,‎
  51. Loi 63-1255 relative à certaines dispositions d'accomplissement des obligations imposées par la loi sur le recrutement
  52. Loi 63-1255, Art 11 : Est interdite toute propagande, sous quelques forme que ce soit, tendant à inciter autrui à bénéficier des dispositions de la présente loi dans le but exclusif de se soustraire aux obligations militaires.
  53. « Le pasteur René Cruse est inculpé pour divulgation du « statut » de l'objection de conscience », Le Monde, 10 décembre 1971
  54. Daniel Schneider, « Soldats du refus », Le Monde,‎ , p. IV
  55. Le no 2 de fĂ©vrier 1973 des Cahiers de la rĂ©conciliation constitue un « Livre blanc de la Commission juridictionnelle chargĂ©e de statuer sur les cas d’objection de conscience » qui contient in extenso des lettres d’objecteurs de diffĂ©rentes convictions qui sont soit acceptĂ©es soit rejetĂ©es par la Commission sans qu’on puisse en deviner la raison.
  56. Loi 63-1255, Art 9
  57. Bernard Vandewiele, « L'objection est un combat politique », TĂ©moignage chrĂ©tien,‎ , p. 9
  58. « Me Pinet un avocat parisien condamnĂ© pour avoir renvoyĂ© son livret militaire a Ă©tĂ© Ă©crouĂ© », Le Monde,‎
  59. Guy Guyot, « Contre toutes les bombes », Alerte atomique, numĂ©ro spĂ©cial - bilan, no SupplĂ©ment au 147 « 33 ans d'actions et de rĂ©flexions... du MCAA... au MDPL »,‎ 1er trimestre 1997, p. 12
  60. « GraciĂ©, Me Pinet est libĂ©rĂ© », Le Monde,‎
  61. « L'action pour la paix en France », Alerte atomique, no 15,‎ juin - septembre 1967, p. 15
  62. Jean Seiler, « Des Français disent NON Ă  la Bombe », Alerte atomique, no 19,‎ , p. 18-19
  63. Voir le tĂ©moignage de Guy RiobĂ© in Pierre Toulat, Des Ă©vĂȘques face au problĂšme des armes, Paris, Éditions du Centurion, , 167 p. (ISBN 2-227-31505-9 et 9782227315051, OCLC 842703, lire en ligne), p. 52
  64. K. Christitch, « Deux prĂȘtres et un professeur non violents sont condamnĂ©s Ă  trois mois de prison avec sursis », Le Monde,‎
  65. Patrice Coulon, « Livrets militaires : Trois renvoyeurs et un procĂšs », Alternatives non-violentes,‎ , p. 31
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  74. « Six personnes sont poursuivies pour avoir fait connaĂźtre le statut d'objecteur de conscience », Le Monde,‎
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  81. « Sept jeunes gens sont condamnĂ©s pour renvoi de leur livret militaire », Le Monde,‎
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Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, dĂ©serteurs : histoire des rĂ©fractaires en France, Stock, Paris, 1983
  • Erica Fraters (prĂ©f. Jean-Jacques de Felice, postface de Djaouida SĂ©hili), RĂ©fractaires Ă  la guerre d’AlgĂ©rie 1959-1962, Paris, Éditions Syllepse, , 224 p. (ISBN 978-2849500491)

Articles connexes

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