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Mission de France

La Mission de France (en latin : Missio Galliae) ou, en forme longue, la prélature territoriale de la Mission de France ou de Pontigny (en latin : Territorialis Praelatura Missionis Galliae seu Pontiniacensis) est une église particulière de l'Église catholique en France.

Mission de France
(la) Territorialis Praelatura Missionis Galliae seu Pontiniacensis
Image illustrative de l’article Mission de France
L'abbaye de Pontigny.
Pays Drapeau de la France France
Église catholique
Rite liturgique romain
Type de juridiction prélature territoriale
Création
Affiliation Église catholique en France
Province ecclésiastique Dijon
Siège Pontigny
Conférence des évêques Conférence des évêques de France
Titulaire actuel Hervé Giraud
Langue(s) liturgique(s) français
Calendrier grégorien
Site web http://www.missiondefrance.fr
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Érigée en 1941, la Mission de France devient une prélature territoriale en 1954. Son siège est l'abbaye de Pontigny (Yonne). Depuis 2002, elle est suffragante de l'archidiocèse métropolitain de Dijon. Depuis le , le prélat de la Mission de France est Hervé Giraud qui est également archevêque de Sens-Auxerre.

Histoire

Après une prise de conscience par l'Église dans les années 1930 de la déchristianisation des milieux ouvriers et ruraux en France, est créée le la Mission de France. C'est alors un séminaire interdiocésain destiné à former les prêtres qui le souhaitaient sur ce fait nouveau.

Le projet avait été porté par le cardinal Emmanuel Suhard, frappé par l'absence de foi des hommes de son temps en devenant archevêque de Paris . Il se place dans la continuité de la pensée de sainte Thérèse de Lisieux et écrit en 1940 : « Je sens qu'une partie de la mission de la sainte est à réaliser ». Le séminaire de la Mission de France, qu'il fonde le , s'installe à Lisieux en . Le sulpicien Louis Augros en est appelé comme supérieur[1]. Cette prise de conscience se renforce plus particulièrement lors de la mise en œuvre du STO par le régime de Vichy.

De nombreux prêtres de la Mission de France, désireux de partager la vie des travailleurs de leur temps, se font prêtres ouvriers. En 1954, l'Église leur interdit de continuer leur activité professionnelle car beaucoup se sont engagés syndicalement et politiquement aux côtés de leurs compagnons de travail. Le séminaire de la Mission de France est menacé de fermeture.

Par la constitution apostolique Omnium ecclesiarum sollicitudo du [2], le pape Pie XII élève la Mission de France au rang de prélature territoriale : cela se traduit par une organisation semblable à celle d'un diocèse classique, avec un évêque (prélat) de la Mission de France, et un siège situé à Pontigny, dans l'Yonne. Les prêtres qui s'y forment restent dans la communauté de la Mission de France, et sont envoyés principalement dans les régions déchristianisées ou de non-croyants. De sa création en 1954 à la refonte des provinces ecclésiastiques françaises en 2002, le diocèse (ou prélature) est rattaché à la province de Sens, et depuis 2002 à celle de Dijon[3].

Plusieurs prêtres ouvriers se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie dès 1954, notamment à travers la création du Comité de résistance spirituelle, par exemple Jean Urvoas, Louis Augros, Joseph Kerlan, Pierre Mamet[4], Bernard Boudouresques et Robert Davezies. Certains hébergèrent des militants du FLN[5]. L'équipe de Souk-Ahras fut l'objet d'un décret d'expulsion. Plusieurs prêtres eurent des démêlés avec l'autorité militaire. Certains furent arrêtés et emprisonnés. Le séminaire et un grand nombre d'équipes furent perquisitionnés. La Mission de France diffusera une déclaration publique en 1958, avec l'approbation de l'évêque de la prélature, le Cardinal Liénart[6]. Après l'indépendance, la Mission de France gardera des liens nombreux avec l'Algérie.

En 1965, après le concile Vatican II, le pape Paul VI autorise à nouveau aux prêtres le travail dans les chantiers et les usines. Et en 1976, les prêtres-ouvriers atteindront le nombre de 800 en France.

Trois orientations sont décidées par les évêques de France en 1980 :

  • ĂŞtre prĂ©sents auprès de ceux qui sont loin de l’Église ;
  • rechercher une intelligence et une expression de la foi chrĂ©tienne ;
  • promouvoir la communion ecclĂ©siale.

En 2002 est créée la Communauté Mission de France qui rassemble les prêtres, diacres et pour la première fois des laïcs qui sont associés depuis longtemps aux actions et aux institutions de la Mission de France. Désormais des laïcs s’engagent avec la Mission de France, dans une équipe de la Communauté Mission de France.

En 2008, la Mission de France fait part, dans une lettre d'information, de ses réserves face à l'encyclique Humanae Vitae, 40 ans après sa publication, en demandant « une plus grande confiance des responsables de [leur] Église vis-à-vis des couples »[7].

Liste des prélats de la mission de France

Homonymes

L'église de la Mission de France, à Marseille, a été nommée ainsi au XVIIe siècle parce qu'elle était l'église d'un séminaire dirigé par les Lazaristes, connu sous le nom de Grand Séminaire ou « séminaire de la Mission de France » pour le distinguer d’une autre mission de prêtres provençaux (les Lazaristes venaient de Paris). La rue adjacente s'appelle d'ailleurs rue de la Mission de France.

Abus sexuels

  • Au terme d’un procès canonique ouvert en 2019, Jean-François Six, membre de Mission de France, est reconnu coupable d’abus sexuels envers des personnes sur lesquelles il exerçait une autoritĂ© spirituelle et morale. Une quinzaine de femmes ont dĂ©clarĂ© avoir Ă©tĂ© victimes, les faits les plus anciens remontant Ă  la fin des annĂ©es 1950, les plus rĂ©cents aux annĂ©es 1990. L’abbĂ© Six, qui les conseillait spirituellement Ă  l’époque, aurait abusĂ© de son autoritĂ© morale et spirituelle pour imposer Ă  ces femmes, adultes au moment des faits, par la manipulation et l’emprise, des actes allant d’attouchements sexuels Ă  des fellations et Ă  des viols selon les cas, parfois assortis de rituels de purification[8]. En 2022, la CongrĂ©gation pour la doctrine de la foi confirme le renvoi de Jean-François Six[9].
  • En avril 2019, une ancienne religieuse, au sein de la CommunautĂ© des BĂ©atitudes, dĂ©pose plainte pour agression sexuelle Ă  l'encontre du prĂŞtre Jacques Marin, membre de Mission de France. Elle accuse ce dernier d'attouchements sexuels, en 1989, lors d'une confession dans un lieu de retraite au domaine de Burtin Ă  Nouans-le-Fuzelier. Selon le procureur FrĂ©dĂ©ric Chevallier, une autre victime potentielle s'est fait connaitre. La Mission de France aurait informĂ© le communautĂ© des BĂ©atitudes de ces abus au milieu des annĂ©es 2010[10] - [11]. Jacques Marin est dĂ©cĂ©dĂ© le 12 octobre 2019[12].

Notes et références

  1. Charles Suaud, Nathalie Viet-Depaule, Prêtres et ouvriers : une double fidélité mise à l'épreuve, 1944-1969, Éd. Karthala, (lire en ligne), p. 562
  2. (la) La constitution apostolique Omnium ecclesiarum sollicitudo dans Acta Apostolicae Sedis, XLVI (1954), pp. 567-574 (consulté le 20 avril 2013)
  3. Site du diocèse de Sens-Auxerre
  4. Un Temps Pour la Guerre, Robert Davezies
  5. Les responsables
  6. Sybille Chapeu, Des chrétiens dans la guerre d'Algérie : l'action de la Mission de France, Paris, Les éditions de l'Atelier, , 272 p. (ISBN 2-7082-3778-0 et 978-2-7082-3778-0, OCLC 56939930, lire en ligne)
  7. Ouest France, article du 25 juin 2008
  8. « Abus sexuels: Jean-François Six renvoyé de l’état clérical – Portail catholique suisse », sur cath.ch (consulté le )
  9. « Abus sexuels : J.-François Six définitivement renvoyé de l’état clérical », sur cath.ch (consulté le )
  10. « Blois : une enquête préliminaire ouverte trente ans après l'agression sexuelle d'une religieuse », sur France3 région (consulté le )
  11. « Loir-et-Cher : un prêtre soupçonné d’agressions sexuelles à Nouan-le-Fuzelier », sur La Nouvelle République (consulté le )
  12. « L’abuseur, la mort et les victimes. », sur Témoignage Chrétien (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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