AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Maurice Audin

Maurice Audin, né le à Béja (Tunisie) et déclaré mort le à Alger, est un mathématicien français. Assistant à l'université d'Alger, il est membre du Parti communiste algérien et militant de l'indépendance algérienne[2].

Maurice Audin
Josette et Maurice Audin.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Josette Audin (de Ă  )
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Conflit
Directeur de thĂšse
Archives conservées par
La Contemporaine (4 delta 0934)[1]
CĂ©notaphe de Maurice Audin au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise (division 76).

AprÚs son arrestation le au cours de la bataille d'Alger, il disparaßt et meurt assassiné à une date inconnue[3]. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Pour ses proches ainsi que pour nombre de journalistes et d'historiens, notamment Pierre Vidal-Naquet, il est tuĂ© pendant son interrogatoire par des parachutistes français[4]. Cette thĂšse a longtemps Ă©tĂ© rejetĂ©e par l'armĂ©e française et l'État français, qui affirmait qu'il s'Ă©tait Ă©vadĂ©, jusqu'Ă  ce que le gĂ©nĂ©ral Aussaresses affirme avoir donnĂ© l'ordre de le tuer[5] au couteau pour faire croire Ă  un meurtre par des AlgĂ©riens[6]. La premiĂšre reconnaissance officielle par la France de la mort en dĂ©tention de Maurice Audin est faite en 2014 par le prĂ©sident François Hollande, sans toutefois rendre publics les documents le confirmant[7]. En 2018, le prĂ©sident Emmanuel Macron reconnaĂźt officiellement les responsabilitĂ©s de l'État français et de l'armĂ©e française dans cet assassinat.

Biographie

Famille et enfance

Il est le fils de Louis Audin (1900-1977) et d'Alphonsine Fort (1902-1989), mariés en 1923 à Koléa (Algérie), tous deux issus de familles modestes, lui d'ouvriers lyonnais, elle de paysans de la Mitidja. Au moment de la naissance de Maurice, son pÚre est chef de la brigade de gendarmerie de Béja, dans le protectorat français de Tunisie. AprÚs la Tunisie, Louis Audin est affecté en métropole, puis il passe un concours et devient postier à Alger.

Études et carriùre universitaire

Fils d'un militaire, Maurice Audin devient enfant de troupe et, en 1942, entre en sixiÚme à l'école militaire préparatoire de Hammam Righa ; en 1946, il est admis à l'école d'Autun ; en 1948, renonçant à une carriÚre d'officier, il revient faire la classe de mathématiques élémentaires à Alger (au lycée Gautier).

Il fait des Ă©tudes de mathĂ©matiques Ă  l'universitĂ© d'Alger, obtenant sa licence en , puis un DES en juillet. DĂšs , il est recrutĂ© comme assistant du professeur RenĂ© de Possel, poste dans lequel il est titularisĂ© en 1954. Il travaille aussi sur une thĂšse sur « les Ă©quations linĂ©aires dans un espace vectoriel dans le cadre d'un doctorat d'État de mathĂ©matiques »[8].

En , il se marie avec Josette Sempé (1931-2019) ; ils ont trois enfants : MichÚle (1954), Louis (1955-2006) et Pierre (1957-2023).

Engagement politique

Maurice Audin adhÚre au Parti communiste algérien en 1951, d'abord comme membre de la cellule Langevin de l'Union des étudiants communistes, puis, à partir de 1953, d'une cellule d'Alger. Il fréquente aussi l'association des étudiants musulmans, l'AEMAN (devenue en 1955 l'UGEMA)[9].

Face à la guerre d'Algérie

Maurice et Josette Audin font partie de la minorité anticolonialiste des Français d'Algérie, pour qui l'indépendance de l'Algérie est une évidence, ce qui est aussi la position du Parti communiste algérien (PCA). Ce dernier est interdit le [9] et devient une organisation clandestine, négociant avec le FLN.

La famille Audin participe Ă  certaines opĂ©rations illĂ©gales : en , Maurice organise, avec sa sƓur (Charlye, nĂ©e en 1925) et son beau-frĂšre (Christian Buono), l'exfiltration clandestine Ă  l'Ă©tranger de Larbi Bouhali, premier secrĂ©taire du PCA[9].

En , Ă  la suite des nombreux attentats perpĂ©trĂ©s contre la population par le FLN[10], est lancĂ©e l'opĂ©ration dite « bataille d'Alger », pour laquelle la 10e division parachutiste du gĂ©nĂ©ral Massu dĂ©tient les pouvoirs de police dans la zone d'Alger. Cette unitĂ© se livre massivement Ă  la torture et aux exĂ©cutions sommaires. Paul Teitgen constate 3024 disparitions en un an dans les cinq dĂ©partements de la rĂ©gion algĂ©roise et le gĂ©nĂ©ral Massu avance un bilan des pertes de la Zone autonome d'Alger en neuf mois de « moins d’un millier d’hommes, et trĂšs probablement le nombre relativement faible de trois cents tuĂ©s »[10].

En , Maurice Audin hĂ©berge un autre dirigeant communiste, l'ouvrier mĂ©tallurgiste Paul CaballĂ©ro, au moment oĂč celui-ci doit ĂȘtre soignĂ© par un mĂ©decin, Georges Hadjadj, membre du Parti.

Arrestation et disparition de Maurice Audin (juin 1957)

L'attentat du Casino de la Corniche cause le huit morts et quatre-vingt-douze blessĂ©s[11], dont une trentaine d'amputĂ©s[12]. Les obsĂšques des victimes, le , tournent Ă  l'Ă©meute : plusieurs musulmans, molestĂ©s par une foule de jeunes, sont hospitalisĂ©s, de nombreux magasins saccagĂ©s et quelques voitures incendiĂ©es[13] - [11]. Le couvre-feu est instaurĂ© en catastrophe Ă  21 heures[11]. Deux heures plus tard, les parachutistes frappent Ă  la porte de Maurice Audin[11]. Les militaires finissant par menacer d'arrĂȘter la femme du docteur Hadjadj, pris dans une vague d'arrestation, pour la torturer, il leur dit dans la soirĂ©e avoir soignĂ©, au domicile de Maurice Audin, le leader communiste Paul CaballĂ©ro, favorable dĂšs 1954 Ă  ce que la direction du Parti communiste algĂ©rien (PCA) revienne Ă  des « arabo-berbĂšres », contraint Ă  la clandestinitĂ© depuis la censure de 1955, mais contre l'implication du PCA dans l’action armĂ©e, qui sera libĂ©rĂ© en mai-juin 1962[14] - [15]. Le , Audin est arrĂȘtĂ© Ă  son domicile, par le capitaine Devis et les lieutenants AndrĂ© Charbonnier et Philippe Erulin. Il est transfĂ©rĂ© vers un lieu de torture le soir mĂȘme et confondu le 12 juin avec le journaliste Henri Alleg, directeur du quotidien interdit Alger rĂ©publicain[11]. Une souriciĂšre est installĂ©e dans l'appartement de la famille Audin, et Henri Alleg y est arrĂȘtĂ©. Le futur auteur de La Question, en fĂ©vrier 1958, est alors clandestin depuis qu'il a Ă©tĂ© blessĂ© dans un attentat au plastic contre son quotidien, fermĂ© ensuite par l'ArmĂ©e et dont l'imprimerie a Ă©tĂ© affectĂ©e Ă  la fabrication du journal de propagande Le Bled[16]. Alleg est l'avant dernier Ă  avoir parlĂ© Ă  Maurice Audin, qu'il a rejoint sur son lieu de torture[17]. Cette double disparition a des effets considĂ©rables : c'est le dĂ©but de l'affaire Audin, dont Alleg sera un des relais, car il est relĂąchĂ© dĂšs la mi-aoĂ»t, ses interrogatoires cessant peu aprĂšs le dĂ©cĂšs d'Audin.

Soutenance de thÚse in absentia (décembre 1957)

Au moment de son arrestation, la thĂšse de Maurice Audin est presque terminĂ©e et la soutenance est prĂ©vue pour le dĂ©but de 1958. Au cours de ses recherches, il avait transmis six notes, publiĂ©es par l'AcadĂ©mie des sciences. RenĂ© de Possel avait citĂ© son travail au cours d'un congrĂšs de mathĂ©maticiens tenu en Roumanie en 1956. À la fin de 1956, Maurice Audin Ă©tait venu quelques jours Ă  Paris pour prendre contact avec les mathĂ©maticiens Gaston Julia, Henri Cartan et Laurent Schwartz.

Le Monde du 3 dĂ©cembre 1957 rĂ©vĂšle ensuite que « la facultĂ© des sciences de Paris a examinĂ© ce matin la thĂšse de doctorat d'État rĂ©digĂ©e par Maurice Audin avant de disparaĂźtre » puis dĂ©cernĂ© le grade de docteur Ăšs sciences (...) aprĂšs une soutenance symbolique par RenĂ© de Possel, son directeur de thĂšse et prĂ©sident du laboratoire de calcul numĂ©rique de l'Institut Henri-PoincarĂ©[18]. Cette soutenance, in absentia, a eu lieu devant un public nombreux[19] - [20]. Le jury est composĂ© de Jean Favard, prĂ©sident, de Laurent Schwartz, rapporteur et de Jacques Dixmier, troisiĂšme membre du jury[21]. C'est RenĂ© de Possel qui expose au tableau les rĂ©sultats d’Audin[22].

Maurice Audin est reçu docteur Ús sciences, avec mention « trÚs honorable »[8] - [20].

Officialisation de la mort (1963 et 1966)

Le corps de Maurice Audin n'ayant pas Ă©tĂ© retrouvĂ©, son acte de dĂ©cĂšs est Ă©tabli par un jugement du tribunal de grande instance d’Alger () Ă  la date du ; ce jugement est validĂ© en France par le tribunal de grande instance de la Seine le et inscrit en sur son acte de naissance[23], alors au consulat de France Ă  Alger[24].

Affaire Audin

Le contexte du printemps 1957

Au printemps 1957, les militaires soupçonnent les politiques de vouloir nĂ©gocier avec le FLN alors qu'on leur demande de le combattre et la tentation est grande d'Ă©liminer ceux qui pourraient devenir demain les interlocuteurs du pouvoir politique[25], comme Larbi Ben M'hidi, le « Jean Moulin » algĂ©rien et l'avocat Ali Boumendjel. DĂšs janvier 1957, le FLN appelle Ă  une grĂšve gĂ©nĂ©rale au moment oĂč les Nations unies se rĂ©unissent pour dĂ©battre de la question algĂ©rienne[25], ce qui s'ajoute aux attentats, causant la panique du ministre rĂ©sident Robert Lacoste[25], qui demande au gĂ©nĂ©ral Massu de dĂ©manteler l'appareil politico-militaire du FLN[25], mission confiĂ©e au colonel Yves Godard, ex-volontaire de l'Indochine et futur chef de l'OAS[25], et au commandant Aussaresses, fondateur Ă  l'Ă©tĂ© 1947 du 11e rĂ©giment parachutiste de choc[26]. Sans formation policiĂšre[25], Aussaresses s'empare par la force, Ă  la prĂ©fecture d'Alger, de la totalitĂ© du fichier des Renseignements gĂ©nĂ©raux, que ceux-ci renĂąclent Ă  livrer[25] et 1 500 personnes sont arrĂȘtĂ©es dans une premiĂšre rafle gĂ©nĂ©rale, le [25], Ă  l'issue de laquelle la torture se gĂ©nĂ©ralise[25], pratiquĂ©e par des sous-officiers ayant dĂ©butĂ© pour certains sous l'uniforme nazi[25], avant de rejoindre la LĂ©gion Ă©trangĂšre[25] qui, dĂšs 1946, recrutait Ă  tour de bras pour la guerre d'Indochine. Chaque jour, l'Ă©quipe d'Aussaresses fait le tour des centres d'interrogatoires, et remet Ă  la justice les suspects les moins importants, les « gros poissons » Ă©tant achevĂ©s[25].

Le , le gouvernement de Guy Mollet, interpellĂ© par une partie des socialistes[27], dont la fĂ©dĂ©ration d'Alger, des personnalitĂ©s chrĂ©tiennes, et sa propre administration rapportant des « mĂ©thodes tirĂ©es de l'arsenal de la Gestapo »[28], a « cĂ©dĂ© Ă  la pression de l'opinion »[28], en crĂ©ant une commission de douze membres chargĂ©s d'enquĂȘter sur la rĂ©pression militaire en AlgĂ©rie dont on vient d'apprendre par Paul Teitgen qu'elle a causĂ© 3 000 disparus depuis seulement janvier[28]. Dans L'Express du 27 mars le gĂ©nĂ©ral BollardiĂšre avait demandĂ© Ă  ĂȘtre relevĂ© de son commandement pour ne pas avoir Ă  accomplir des actes indignes et Vercors renvoyĂ© sa lĂ©gion d'honneur au prĂ©sident Coty le , jour oĂč un autre rĂ©sistant cĂ©lĂšbre, Paul Teitgen[29] a dĂ©missionnĂ© de son poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police française Ă  Alger. Le surlendemain sont publiĂ©s deux rapports de police, respectivement signĂ©s par le commissaire RenĂ© Gilles et l'officier RenĂ© Tordoir[30], Ă©voquant des sĂ©ances de torture ne concernant pas des militants algĂ©riens[30], effectuĂ©es par un dĂ©putĂ©[30], qui doit rentrer en mĂ©tropole en mai[30].

Cinq membres de cette Commission enquĂȘteront sur le cas Audin, se heurtant Ă  la « mauvaise volontĂ© de l'armĂ©e »[28] mais « accomplissant un travail indĂ©niable »[28] en « partant enquĂȘter en AlgĂ©rie »[28] grĂące au rĂ©seau de la Croix-Rouge[28], accumulant les tĂ©moignages donnĂ©s par le syndicat des enseignants, selon l'historienne RaphaĂ«lle Branche[28].

La revue du FLN, Résistance Algérienne avait ensuite en juin 1957[31] publié un article intitulé : « Le Pen, député à Paris, tortionnaire à Alger » en référence à sa décoration par le général Massu en mars 1957[31] peu aprÚs les déclarations de ce dernier à Fraternité française, hebdomadaire poujadiste, en mars 1957[30].

Plainte de Josette Audin (juillet 1957)

Un aperçu de la situation de la famille Audin est donnĂ© le par le journal Le Monde qui Ă©voque assez longuement la lettre adressĂ©e par « Mme Maurice Audin, adjointe d'enseignement au lycĂ©e Gauthier Ă  Alger » : aprĂšs l'arrestation de Maurice Audin le 11, « Mme Audin n'eut de nouvelles de son mari que le par la presse qui annonçait son assignation Ă  rĂ©sidence et par une lettre de M. Pierre Maisonneuve, directeur des cabinets civil et militaire de M. Lacoste, lui faisant savoir que M. Audin [
] Ă©tait en trĂšs bonne santĂ© et qu'il lui serait accordĂ© prochainement un permis de communiquer avec lui. [
] Le , on lui apprit que M. Audin s'Ă©tait Ă©vadĂ© le Ă  21 heures au cours d'un transport du centre de triage d'El Biar vers une villa de la rue Faidherbe pour interrogatoire[32]. »

ConfrontĂ©e Ă  ce dĂ©calage inquiĂ©tant dans l'information qui lui est fournie Ă  dix jours d'intervalle, Josette Audin dĂ©pose une plainte contre X pour homicide le ; une enquĂȘte judiciaire est engagĂ©e. Josette Audin est assistĂ©e par les avocats Jules Borker et Pierre Braun[33], tous deux membres du Parti communiste français. L'instruction est confiĂ©e Ă  un magistrat civil, le juge Roger Bavoillot[34], prĂ©cĂ©demment instructeur du cas de Djamila Bouhired.

L'affaire Audin dans les médias (juillet-août 1957)

L'affaire Audin bĂ©nĂ©ficie trĂšs vite d'une couverture massive et dĂ©taillĂ©e des mĂ©dias, car il est loin d'ĂȘtre la premiĂšre victime d'un drame qui se confirme : entre janvier et septembre 1957, 3 024 personnes arrĂȘtĂ©es par les paras ont disparu[28]. L'HumanitĂ© mentionne le sa disparition, Ă©voquĂ©e Ă  l'assemblĂ©e dĂšs le par le prĂ©sident du groupe parlementaire puis liĂ©e au sort d'Henri Alleg. Audin est citĂ© en premiĂšre page le [35] puis le 24 lors d'un courrier au gouvernement de Jacques Duclos, numĂ©ro deux du PCF[36]. Le , le quotidien cite longuement le rapport de la Commission internationale sur le systĂšme concentrationnaire de Louis Martin-Chauffier.

Dans Le Monde, en juillet-, « l'affaire Alleg » est au premier plan, jusqu'Ă  ce qu'il soit finalement inculpĂ© (). En aoĂ»t, la disparition de Maurice Audin prend une grande importance pour de nombreux quotidiens : le 13 est citĂ©e une seconde lettre de Josette Audin, oĂč elle Ă©voque « les bruits [qui] courent Ă  Alger selon lesquels mon mari serait dĂ©tenu dans un camp secret », puis le 24 sa lettre Ă  la Commission de sauvegarde des droits et libertĂ©s individuels.

Au cours de la seule 2e quinzaine d'août 1957, Le Monde consacre cinq articles à l'ébullition causée par sa disparition dans le monde enseignant, aprÚs une lettre titrée Qu'est devenu Maurice Audin ?, de Jean Gillet, de la Sorbonne, qui sans le connaitre affirme avoir lu dans Le Monde la lettre angoissée de sa femme[37]. Le quotidien publie dans les six jours suivants deux autres lettres identiques, celle de six professeurs de l'Université, réunis à Londres puis celle d'un agrégé de philosophie[38] - [39].

Le , un 4e article du Monde rĂ©capitule les dizaines de lettres reçues d'enseignants de toute la France et d'AlgĂ©rie, en Ă©tablissant un lien direct avec les prĂ©cisions obtenues dans l'enquĂȘte sur l'Affaire de la torture d'Henri Alleg [40]. Deux hebdomadaires, repris par les quotidiens, dĂ©taillent les circonstances de sa disparition TĂ©moignage chrĂ©tien et L'Express en Ă©tayant les doutes de sa veuve sur la version des parachutistes et en dĂ©clarant qu'il est inclus dans les nombreux dossiers qu'examinera au cours de sa prochaine rĂ©union la commission de sauvegarde. Le Monde prĂ©cise qu'un mouvement rĂ©unissant cent-cinquante universitaires a adressĂ© au ministre de l'Ă©ducation nationale un tĂ©lĂ©gramme inquiet[41] puis dĂ©but septembre, comme Le Figaro, dĂ©taille le communiquĂ© de la FĂ©dĂ©ration de l'Éducation nationale dĂ©plorant que les autoritĂ©s se soient bornĂ©es Ă  donner des « renseignements fragmentaires et contradictoires »[42].

Dans plusieurs numĂ©ros du dĂ©but septembre 1957, Le Figaro estime qu'il est souhaitable pour tous que la lumiĂšre soit faite au plus tĂŽt sur cette affaire puis souligne que la Ligue des droits de l'homme et la FacultĂ© des Sciences s'inquiĂštent du sort du mathĂ©maticien[43]. Courant septembre, Le Monde publie de nouvelles protestations, d'un groupe de trente universitaires et de deux dĂ©clarations successives du syndicat CFTC des universitĂ©s, qui dĂ©plore que « l'administration universitaire, dont la bonne volontĂ© ne semble pas en cause, ne peut s'informer du sort d'un membre de l'UniversitĂ© dĂ©tenu durant des semaines en dehors de toute dĂ©cision et de tout contrĂŽle de l'autoritĂ© judiciaire » puis que « l'administration universitaire n'a plus, dans les dĂ©partements d'AlgĂ©rie, les possibilitĂ©s d'action et mĂȘme d'information indispensables pour qu'y soit garantie aux enseignants publics la sĂ©curitĂ© morale et physique Ă  laquelle ils ont droit »[44]. Peu aprĂšs, Émile Pierret-GĂ©rard, prĂ©sident d'une association de rĂ©sistants, dĂ©missionne pour protester[45] et cinquante-cinq enseignants du lycĂ©e Chaptal Ă©crivent au ministre de l'Ă©ducation nationale pour rĂ©clamer une enquĂȘte sĂ©rieuse sur la disparition de Maurice Audin[46]. Parmi les enseignants connus qui protestent, Jean Bruhat, Georges et Jean-Claude Margolin, RenĂ© Zazzo, Yves Lacoste, Pierre Vidal-Naquet, Paul Veyne[47]. DĂ©but septembre, Josette Audin prend contact avec certains, dont Pierre Vidal-Naquet, qui lui propose une Ă©tude circonstanciĂ©e de l'arrestation de son Ă©poux[48]. La prĂ©sence mĂ©diatique ne se relĂąche pas avec le temps. Deux ans aprĂšs, dans son Ă©ditorial au Journal la radio publique Ă  20 heures, consacrĂ© Ă  « l'affaire Audin », le gaulliste Maurice Clavel Ă©voque « l'agitation un peu intĂ©ressĂ©e contre la torture » pour demander qu'on « s'en prenne Ă  la racine de toutes les horreurs », la guerre, via « une paix juste » en AlgĂ©rie, mais s'indignant que certains s'acharnent contre lui et « prĂ©parent son procĂšs par contumace devant la justice »[49]

Création du Comité Audin

En 1957, plusieurs personnes sont à l'origine du premier Comité Audin : un professeur d'anglais du prytanée militaire de La FlÚche, Jacques-Fernand Cahen, lui aussi entré en contact avec Mme Audin, a l'idée de créer un « comité pour la recherche de Maurice Audin » ; deux assistants, Michel Crouzet et Luc Montagnier lancent une pétition nationale. Le comité est créé en chez le professeur Benjamin Weill-Hallé. Il a pour président le mathématicien Albert Chùtelet, à qui succÚde Laurent Schwartz également mathématicien, et pour vice-présidents l'historien Henri-Irénée Marrou et le géographe (membre du PCF) Jean Dresch[50]. Le comité, qui inclut aussi Jacques Panijel, Madeleine Rebérioux, etc., se réunit par la suite réguliÚrement jusqu'en 1962.

Sa premiÚre manifestation d'existence est une conférence de presse le , en présence de Louis Gernet, de l'historien Jean-Pierre Vernant, de Josette Audin et de Jules Borker.

ParallĂšlement, Josette Audin milite aussi contre les disparitions avec d'autres familles de victimes, dont Djamila Briki[9].

Un second comitĂ© Audin est crĂ©Ă© en Ă  Caen, oĂč l'historien Pierre Vidal-Naquet est assistant Ă  la facultĂ© des lettres[51]. Ce second comitĂ© inclut notamment Jacques et Mona Ozouf, Jean-Claude et Michelle Perrot, alors professeurs de lycĂ©e[52].

Le livre de Pierre Vidal-Naquet : L'Affaire Audin (mai 1958)

L'enquĂȘte de Pierre Vidal-Naquet est rĂ©sumĂ©e dans un livre publiĂ© le , la veille de l'insurrection d'Alger qui amĂšne le retour au pouvoir du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Il prouve que l'Ă©vasion, impossible, est entiĂšrement inventĂ©e et que Maurice Audin a subi une sĂ©ance de torture, le par le lieutenant Charbonnier[53], aide de camp du gĂ©nĂ©ral Massu et adjoint du gĂ©nĂ©ral Aussaresses.

Le livre de Pierre Vidal-Naquet rĂ©vĂšle qu'Alleg et Hadjadj n'ont jamais rĂ©ellement vu le transfert d'Audin[54] et n'en ont qu'entendu parler, par Charbonnier[54], mais aussi les faux montĂ©s pour dissimuler le crime par les militaires[54], le fait qu'on n’a retrouvĂ© aucune trace, ni douille des tirs de mitraillette et qu'il a Ă©tĂ© « oubliĂ© » d'Ă©tablir immĂ©diatement un bulletin de recherches[54] ou encore que l'Ă©vasion ne pouvait pas avoir eu lieu dix minutes aprĂšs le dĂ©part de la Jeep[54] .

L'offensive contre l'article de 1959 citant un probable assassin

Ce n'est qu'un an et demi aprĂšs le livre de Vidal-Naquet que parait la troisiĂšme production du ComitĂ© Audin, aprĂšs la brochure « L’Affaire Audin » et le livre du mĂȘme nom, un article du 2 dĂ©cembre 1959 titrĂ© « Nous accusons : dossier sur la torture et la rĂ©pression en AlgĂ©rie », dans lequel AndrĂ© Charbonnier, rĂ©cemment promu capitaine[55], malgrĂ© une rĂ©putation sulfureuse[25] - [56] - [57] - [29], est prĂ©sentĂ© non seulement comme le tortionnaire mais aussi le probable assassin d'Audin[29]. Quatre dĂ©cennies plus tard, le gĂ©nĂ©ral Aussaresses, dont il Ă©tait l'adjoint, contredira cet article dans un entretien au Monde du (), en dĂ©fendant l'utilitĂ© de la torture et en affirmant que Charbonnier n'Ă©tait pas dans le secteur lors du meurtre[58].

L'article du se base sur des « informations nouvelles » fournies six mois plus tĂŽt Ă  la Justice par Paul Teitgen[29], secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police française Ă  Alger, qui avait dĂ©missionnĂ© le pour protester contre la torture. TĂ©moignant au procĂšs de Rennes, le , il affirme que Jean Builles, commissaire central de la ville d’Alger, lui a rapportĂ© les propos d'un officier de police dĂ©tachĂ© Ă  l’état-major, affirmant qu'AndrĂ© Charbonnier aurait Ă©tranglĂ© Audin « dans un accĂšs de colĂšre motivĂ© par ses rĂ©ticences »[29]. Le tribunal demande alors Ă  Jean Builles de confirmer Ă  la barre ce tĂ©moignage et ce dernier s'exĂ©cute mais sans pouvoir donner de dĂ©tail attestant que le dĂ©cĂšs a suivi de peu cet Ă©tranglement. En septembre 1957, pour recouper, Vidal-Naquet avait rencontrĂ© les commissaires RenĂ© Gille et Jacques Pernet[59], qui avaient aussi rejetĂ© la version officielle, mais Gille ne l'avait pas informĂ© de son rapport du Ă©crit le mĂȘme jour que celui de l'officier de police RenĂ© Tordoir[30] - [31] concernant Jean-Marie Le Pen.

Le , le prĂ©fet de police Maurice Papon fait saisir Ă  Colombes 3 500 exemplaires de l'article[29], d'abord publiĂ© sous forme de brochure. Une rĂ©impression, aprĂšs des vĂ©rifications, est discrĂštement faite en dĂ©cembre[29].

Repris par LibĂ©ration, France-Observateur, L’Express, TĂ©moignage chrĂ©tien et RĂ©forme puis Le Monde, avec un Ă©ditorial du rĂ©dacteur en chef adjoint Jacques Fauvet, l'article est accusĂ© par le ministĂšre de la Justice, d'empiĂštement sur l’instruction du procĂšs de Rennes. Marcel PĂ©ju estime dans Les Temps modernes que cela est une « nouvelle affaire Dreyfus »[29], mais observe que Le Parisien libĂ©rĂ©, Le Figaro, L’Aurore et France-Soir, n'y ont consacrĂ© que de courts articles[60] - [29].

Les accusations du ComitĂ© Audin contre AndrĂ© Charbonnier sont l'une des causes de la Semaine des barricades[29] - [61], rĂ©volte des partisans de l'AlgĂ©rie française, du 24 janvier au Ă  Alger[61] - [29], d'autant qu'une rumeur circule chez les nombreux officiers convoquĂ©s Ă  Rennes pour tĂ©moigner[29], prĂȘtant au gĂ©nĂ©ral de Gaulle le fait qu'il envisage bien cinq ans de travaux forcĂ©s pour Charbonnier[62] - [29] sur fond d'emportement du gĂ©nĂ©ral Massu, qui s'Ă©panche lors d'une interview organisĂ©e par l'Ă©tat-major avec le journal allemand SĂŒddeutsche Zeitung et son envoyĂ© spĂ©cial Ulrich Kempski le [61], qui lui a promis de ne pas citer son nom[29] - [63] et de lui faire relire l'article avant publication[29] mais ne tient pas parole[29]. Massu dĂ©clarant « De Gaulle Ă©tait le seul homme Ă  notre disposition. Mais l'armĂ©e a peut-ĂȘtre fait lĂ  une faute »[29], ce dernier le relĂšve le 19 janvier de son commandement et le rapatrie en mĂ©tropole[29], Ă©pisode considĂ©rĂ© comme une premiĂšre Ă©tape vers le Putsch des gĂ©nĂ©raux d'Alger et la crĂ©ation de l'OAS. Au mĂȘme moment, dĂ©but janvier 1960, les juges ordonnent le seul renvoi devant le tribunal de Rennes du capitaine AndrĂ© Charbonnier[63]. Les autres militaires n'y comparaitront que comme tĂ©moins[29] mais cette dĂ©cision de Justice n'empĂȘche pas quelques jours aprĂšs le dĂ©clenchement de la Semaine des barricades[29], qui oblige le 29 janvier De Gaulle Ă  une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e en uniforme pour appeler l'armĂ©e Ă  ne pas soutenir les insurgĂ©s[63]. Trois jours avant les Ă©meutes, le , La Voix du Nord publie un long article de Georges Ras, proche des tortionnaires d’Audin et futur chef de l'« Action psychologique et propagande » de l'OAS[29]. EnvoyĂ© spĂ©cial en AlgĂ©rie, il participera quelques jours plus tard, Ă  la Semaine des barricades[29]. Son article accuse le comitĂ© Audin d'abus de confiance[29] et ce dernier porte plainte en diffamation[29]. Au mĂȘme moment, un article de Pierre Boutang, directeur de La Nation française, petit journal maurrassien, favorable Ă  l’AlgĂ©rie française[29], titrĂ© « De Raymonde Peschard Ă  Maurice Audin »[29], fait implicitement rĂ©fĂ©rence Ă  cette militante communiste retrouvĂ©e morte le dans un maquis alors qu'on la pensait Ă©liminĂ©e lors d'une sĂ©ance de torture[29]. Seul le quotidien Paris Presse en cours d'absorption par France-Soir reproduit cette enquĂȘte[29].

L'une des conséquences immédiates de la Semaine des barricades est qu'André Charbonnier est élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur, selon le Journal officiel du 28 février 1960[55] - [64]. Le commandant Aussaresses a lui été écarté dÚs 1957[25].

Lors des audiences publiques du « procĂšs des barricades » qui a dĂ©marrĂ© au mois de novembre 1960, suivi par la fondation l'OAS en dĂ©cembre 1960, l’affaire Audin, toujours Ă  l'instruction, est Ă©voquĂ©e par trois fois[29], dans deux par les futurs putschistes d'avril 1961. D'abord le , quand le colonel Godard voit dans « la relance de l’affaire Audin » la cause de l’échauffement des esprits[29], puis le 17 dĂ©cembre, quand, Ă  Rennes, Massu dĂ©nonce les conditions d'instruction de la mort d'Audin[29]. Le , son chef d'Ă©tat-major, le colonel parachutiste Broizat, relevĂ© de son commandement pour avoir refusĂ© d'envoyer le 1er rĂ©giment de chasseurs parachutistes contre les Ă©meutiers, va rendre un « hommage » ironique au ComitĂ© Audin pour avoir montrĂ© que l’armĂ©e ne croyait voir que des terroristes Ă  part entiĂšre[29]. Peu avant le dĂ©but du procĂšs, le [29], une lettre ouverte de Laurent Schwartz Ă  Pierre Messmer rĂ©vĂšle que le mathĂ©maticien militant au ComitĂ© Audin a Ă©tĂ© suspendu de son poste Ă  l’École polytechnique[29]. DĂšs janvier 1961, en plein « procĂšs des barricades », il n’y a presque plus d’actes d’instruction dans le procĂšs Audin[29], qui s’enlise[29]. L'appartement de Laurent Schwartz sera plastiquĂ© le , jour oĂč l'on a appris que dans le procĂšs en diffamation contre La Voix du Nord la chambre criminelle de la Cour de cassation annule l'arrĂȘt de la cour d’appel de Douai, et renvoie les deux parties devant celle d’Amiens[29].

Les précisions ultérieures sur les derniers instants de Maurice Audin

À l'Ă©tĂ© 2000, un tĂ©moignage sur la torture publiĂ© par Le Monde[65] dĂ©clenche de multiples rĂ©actions, d'abord d'Aussaresses, par ailleurs alors impliquĂ© dans l'Affaire Elf, qui estime que « tout le monde savait » dans le JDD le 25 juin[66], puis de son supĂ©rieur le gĂ©nĂ©ral Massu, estimant que la plupart des tortures durant la Guerre d'AlgĂ©rie auraient pĂ» ĂȘtre Ă©vitĂ©es[65]. Michel Charbonnier, fils du lieutenant AndrĂ© Charbonnier, dĂ©cĂ©dĂ© cinq ans plus tĂŽt, Ă©crit alors Ă  l'hebdomadaire Marianne le pour dĂ©clarer que son pĂšre a bien arrĂȘtĂ© et interrogĂ© Maurice Audin, ensuite transmis Ă  l'Ă©chelon hiĂ©rarchique supĂ©rieur de la 10e division parachutiste, lieu oĂč est intervenu le dĂ©cĂšs, un autre officier se chargeant d'achever la victime par un coup de poignard, comme c'Ă©tait l'habitude des tortionnaires[25], afin de faire croire, en cas de problĂšme, qu'il a Ă©tĂ© tuĂ© par un arabe[25]. Le gĂ©nĂ©ral Aussaresses, chargĂ© de ces exĂ©cutions accorde ensuite, Ă  partir du 23 novembre 2000, une sĂ©rie d'entretiens au Monde[67], qui fera de lui un portrait flatteur[67], dĂ©menti sur les faits par LibĂ©ration, pour qui il a longtemps Ă©tĂ© trĂšs mal vu par nombre de militaires[25].

Le , Aussaresses, reconnaissant que c'est lui qui a ordonné à André Charbonnier d'interroger Maurice Audin[68], Josette Audin dépose une plainte pour séquestration et crime contre l'humanité. De nouveau, un non-lieu est prononcé en . Aussaresses ne reconnaitra que beaucoup plus tard[69] qu'il a aussi ordonné d'achever Audin[5] - [70] aprÚs avoir entre-temps accusé Massu, disparu depuis 2002.

Le mois suivant, en juin 2001, dans l'Ă©mission de tĂ©lĂ©vision d'Élise Lucet, PiĂšces Ă  conviction, Michel Charbonnier confirme que c'est son pĂšre qui s'Ă©tait en 1957 « dĂ©guisĂ© en Maurice Audin » dans une jeep pour faire croire Ă  une Ă©vasion[71]. Le conducteur de la jeep, Yves Cuomo, bardĂ© de dĂ©corations aprĂšs la Guerre, avait donnĂ© une interview le 11 mai, Ă  la RĂ©publique des PyrĂ©nĂ©es prĂ©tendant avoir Ă©tĂ© manipulĂ© et avoir transportĂ© « un prisonnier cagoulĂ© » dont il n'aurait, en consĂ©quence, jamais vu le visage[72].

En 2014, un livre de Jean-Charles Deniau[73], écrit avec un témoignage supplémentaire d'Aussaresses[30] reprend la précision donnée dÚs mars 2012 par un livre[74] et une série d'articles de la journaliste Nathalie Funes, qui a retrouvé un extrait d'un manuscrit du colonel Godard conservé dans ses archives privées, puis aprÚs sa mort à la Hoover Institution[75]. Le texte manuscrit[11] affirme qu'Audin, a été exécuté par erreur à la place d'Henri Alleg[11], par le lieutenant Gérard Garcet, aide de camp de Massu et adjoint d'Aussaresses[30] - [76] - [77], ce qui semble plausible à l'historien spécialiste des questions militaires, Jean-Charles Jauffret, qui rappelle que les traces écrites sont trÚs rares dans ce genre d'affaire[11], de tels ordres étant donnés par téléphone ou via un messager, toujours par oral[74]. Entre-temps, Josette Audin avait pu consulter en 2012 les archives du ministÚre de la Défense et constater qu'elles ont été depuis longtemps « nettoyées ».

En juin 1957, Massu souhaitant réorganiser son état-major pour y faire monter Yves Godard, chargé par ailleurs, avec le capitaine Paul-Alain Léger de l'opération infiltration et de la manipulation [78] nommée « Bleuite », pour susciter des purges internes meurtriÚres au sein de l'Armée de libération nationale (ALN), notamment la partie dirigée par le colonel Amirouche Aït Hamouda[79]. Muté à Nevers, aprÚs la Semaine des barricades de , Godard sera un des dirigeants du Putsch des généraux d'Alger de 1961.

Avec GĂ©rard Garcet, il avait fait partie du « Bataillon CrĂšve-cƓur », des volontaires français placĂ©s sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Ridgway dans la Guerre de CorĂ©e[30], menĂ©e par les AmĂ©ricains, dont la France espĂ©rait en retour un plus grand soutien Ă  la Guerre d'Indochine. GĂ©rard Garcet, second du commandant Paul Aussaresses, 36 ans, au QG de la torture de la Villa des Tourelles[11], bĂ©nĂ©ficiait en 1957 de la notoriĂ©tĂ© liĂ©e au personnage central de CrĂšvecƓur, documentaire de progagande[30] sorti en 1955[80] et nommĂ© Ă  Hollywood pour un Oscar en 1956, parrainĂ© par le ministĂšre de la DĂ©fense et l’officine anticommuniste « Paix et libertĂ© »[81]. Ce film opposait Ă  la figure d'Henri Martin, marin qui refuse de participer Ă  la guerre d’Indochine, celle de Garcet[81], avec un monologue intĂ©rieur dĂ©crivant les espoirs et le sacrifice de ces « combattants de la libertĂ© »[81], au moment oĂč des centaines de milliers d’affiches dĂ©tournent la Colombe de la paix de Picasso[81], pour en faire un char d’assaut soviĂ©tique[81] - [82]. LancĂ© au moment des manifestations de mai 1952 contre Ridgway, ce film raconte la percĂ©e d'octobre 1951, qui avait vu le 23e RI s'emparer au lance-flammes, en perdant la moitiĂ© de ses hommes[83], du dernier piton, le "CrĂšve-cƓur", du nom du gĂ©nĂ©ral Jean Boucher de CrĂšvecƓur [84], qui avait dirigĂ© ensuite une colonne ayant tentĂ© de sauver les assiĂ©gĂ©s de Ðiện BiĂȘn Phủ et Ă  qui son engagement pour l'AlgĂ©rie française vaudront d'ĂȘtre mutĂ© en 1960 en France. Lors de sa sortie en salles, les communistes français dĂ©truisirent la salle de projection. En AlgĂ©rie, Massu et Aussaresses avaient chargĂ© Garcet de recruter les parachutistes affectĂ© Ă  la torture au sein d’un «  bureau spĂ©cial »[85].

L'enquĂȘte de la Justice

L'enquĂȘte de la Justice est freinĂ©e par le risque d'ĂȘtre transfĂ©rĂ©e aux tribunaux militaires, les officiers ayant conservĂ© des documents manuscrits permettant de disculper les exĂ©cutants, puis entravĂ©e par plusieurs lois d'amnistie discrĂštement nĂ©gociĂ©es par les militaires pour accepter de dĂ©poser les armes en 1962, renforcĂ©es en 1966[29]. Le comitĂ© Audin doit aussi se concentrer sur le procĂšs en diffamation lancĂ© au cours de l'annĂ©e 1960[29].

À la demande des avocats de Josette Audin, l'instruction est transfĂ©rĂ©e Ă  Rennes en peu avant la crĂ©ation de la lettre anticommuniste ArmĂ©e-Nation le [29], qui est peu Ă  peu reçue rĂ©guliĂšrement par une partie des officiers supĂ©rieurs, avec treize numĂ©ros publiĂ©s jusqu'en juin 1960 [86]. Parmi ses rĂ©dacteurs, les « AlgĂ©rie française » de l'École de guerre qui organiseront en avril 1961 le « complot de Paris » autour du gĂ©nĂ©ral Jacques Faure, les capitaines Morin et de Gorostarzu, les civils Raoul Girardet, Jacques Laurent et Jules Monnerot[86] ou encore le Commandant Robert Casati, futur responsable de l'OAS[29], qui dĂ©cĂ©dera Ă  la prison de Fresnes des suites d'une maladie mal soignĂ©e. L'instruction se heurte en effet aux rĂ©sistances des officiers supĂ©rieurs interrogĂ©s, malgrĂ© l’intervention du ministre de la Justice choisi par De Gaulle, l'ex-rĂ©sistant Edmond Michelet, qui soutient son administration et encourage les magistrats Ă  ne pas cĂ©der aux intimidations[29]. De Gaulle obtient la crĂ©ation d'une commission d'enquĂȘte constituĂ©e de deux gĂ©nĂ©raux et quatre magistrats, prĂ©sidĂ©e par l'avocat gĂ©nĂ©ral Gerthoffer, qui dĂ©cide dĂ©but janvier 1960 que seul Charbonnier doit comparaitre[87] - [29] - [63], ce qui met en colĂšre le gĂ©nĂ©ral Massu, ce dont il s'Ă©panche dans la presse, dĂ©clenchant son Ă©viction et dans la foulĂ©e la Semaine des barricades de la fin janvier 1960. Le commandant Paul Aussaresses est entendu comme tĂ©moin le [29], le lieutenant devenu capitaine AndrĂ© Charbonnier comme suspect le 25 avril[29] puis le gĂ©nĂ©ral Massu comme tĂ©moin le 19 septembre. Charbonnier nie son implication et jusqu’à la pratique mĂȘme de la torture dans l'armĂ©e[29]. En avril 1961, cinq colonels participeront au Putsch des gĂ©nĂ©raux AndrĂ© Zeller, Maurice Challe, Edmond Jouhaud et Paul Gardy : Antoine Argoud, Yves Godard, Charles Lacheroy[86], mais aussi Jean Gardes et Joseph Broizat dont plusieurs rappelĂ©s en mĂ©tropole puis repartis clandestinement en AlgĂ©rie.

L'instruction n'est toujours pas terminée à la fin de la guerre (. Le , un décret déclare amnistiés « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigés contre l'insurrection algérienne ». En conséquence, un non-lieu est prononcé en , pour insuffisance de charges. De plus, le décret du [88] amnistie « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne ». Les avocats font appel puis saisissent la Cour de cassation[89] - [90].

Un second décret, le , qui « semble rédigé exprÚs pour cette affaire », selon les historiens, élargit l'amnistie aux infractions « commises dans le cadre d'opérations de police administrative ou judiciaire », comme le précise son article 3. Il en résulte que, six mois plus tard, la Cour de cassation (qui avait attendu plus de quatre ans pour statuer) déclare éteinte l'action de Josette Audin. Elle déclare n'y avoir lieu à statuer sur le pourvoi, les faits allégués par la partie civile étant amnistiés par une loi[91] du de cette année[89].

Dans le procĂšs en diffamation, oĂč l'un des dĂ©fenseurs du comitĂ© Audin est Robert Badinter, aprĂšs dix ans de procĂ©dure, et en novembre 1967 un premier arrĂȘt de la cour d'appel d'Amiens, le journal La Voix du Nord et son journaliste furent condamnĂ©s le pour diffamation[92].

La reconnaissance du crime par le ministre Robert Badinter en 1983

Par un arrĂȘtĂ© de Robert Badinter en date du 21 novembre 1983, Josette Audin et ses trois enfants reçurent chacun une indemnitĂ© de 100 000 francs[92] que son avocat rĂ©clamait depuis 1968, une dĂ©cision prise pour tĂ©moigner de la reconnaissance du crime par l’État. Peu de temps auparavant, le , elle avait Ă©tĂ© faite chevalier de la LĂ©gion d'Honneur[93].

2009 : la fille de Maurice Audin refuse la LĂ©gion d'honneur

En , Josette Audin Ă©crit Ă  Nicolas Sarkozy, rĂ©cemment Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, pour lui demander que soit Ă©clairci le mystĂšre de la disparition de son mari et pour que la France assume sa responsabilitĂ© dans cette affaire. Le , sa fille, MichĂšle Audin, refuse la LĂ©gion d'honneur au motif que le prĂ©sident n'avait pas donnĂ© suite Ă  la demande de sa mĂšre ni mĂȘme rĂ©pondu Ă  sa lettre[94].

Les annonces de François Hollande fin 2012 et en 2014

Fin 2012, le président François Hollande veut « faire de ce cas une illustration des nouvelles relations entre la France et l'Algérie »[95] et souligne « l'importance de la vérité sur la colonisation, sur la guerre, sur les mémoires blessées », en annonçant que le ministre de la Défense va recevoir la veuve de Maurice Audin « afin de [lui] remettre en mains propres l'ensemble des archives sur la disparition de [son] mari ». François Hollande se rend ensuite devant la stÚle élevée à la mémoire de Maurice Audin à Alger[7].

Le , le Grand Soir 3 rappelle que les archives relatives Ă  l’affaire Maurice Audin ont Ă©tĂ© rĂ©cemment ouvertes par François Hollande et en , ce dernier, dans un message adressĂ© Ă  l'occasion du prix de mathĂ©matiques Maurice-Audin, reprend la position de Robert Badinter en 1983, et reconnaĂźt officiellement au nom de l'État français que Maurice Audin ne s'est pas Ă©vadĂ©, qu'il est mort en dĂ©tention, comme l'Ă©tablissent, explique-t-il, les nombreux tĂ©moignages et documents disponibles.

Les déclarations de 2017

DĂšs l'Ă©lection du prĂ©sident Emmanuel Macron, un groupe de personnalitĂ©s comprenant des historiens, des artistes, des journalistes demandent au chef de l'État de mettre Ă  disposition les documents mentionnĂ©s dans le message de François Hollande de [96].

Le , le mathĂ©maticien et dĂ©putĂ© CĂ©dric Villani indique qu’aprĂšs avoir parlĂ© de l’affaire Audin avec le prĂ©sident Emmanuel Macron, il peut dĂ©clarer que : « Maurice Audin a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par l’ArmĂ©e française »[97], tout en affirmant qu'il n'y avait aucune trace de cette exĂ©cution dans les archives[98].

Le , les deux députés, Cédric Villani et Sébastien Jumel, appellent lors d'une conférence de presse commune, à une reconnaissance officielle de l'assassinat de Maurice Audin par l'armée française, en présence de Josette Audin et son fils Pierre[99].

Le , le prĂ©sident Emmanuel Macron reconnaĂźt, entre autres, la responsabilitĂ© de l’État français dans la disparition de Maurice Audin, en prĂ©sence de sa famille, au domicile de Josette Audin Ă  Bagnolet[100].

Josette Audin meurt le [101].

Le [102], un cénotaphe est inauguré au cimetiÚre du PÚre-Lachaise (76e division).

Le , un arrĂȘtĂ© du Premier ministre annonce l'ouverture des archives publiques françaises relatives Ă  la disparition de Maurice Audin[103] - [104].

Hommages

Portrait de Maurice Audin, peint sur le mur, rue Ă  Alger.

Notes et références

  1. « http://www.calames.abes.fr/pub/lacontemporaine.aspx#details?id=FileId-833 »
  2. Guerre d'Algérie : révélations sur l'affaire Audin Le Nouvel Observateur du .
  3. « Audin Maurice », sur maitron-en-ligne.univ-paris1.fr, Le Maitron – Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social.
  4. Monique Lafon, Le Parti communiste français dans la lutte contre le colonialisme, Les Éditions sociales, 1962, p. 140.
  5. « Vidéo. Les aveux posthumes du général Aussaresses : « On a tué Audin » », sur francetvinfo.fr, France 3, (consulté le ).
  6. déclaration faite lors de son interview au téléphone par Jean-Charles Deniau.
  7. « Message du PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă  l’occasion de la remise du prix Maurice Audin pour les mathĂ©matiques - PrĂ©sidence de la RĂ©publique », (consultĂ© le ).
  8. « Maurice Audin en Sorbonne », sur histoire.presse.fr, L'Histoire, (consulté le )
    Cité de Michel Winock, La République se meurt, Gallimard, coll. « Folio histoire », p. 181-183.
    .
  9. Sadek HadjerÚs, « Maurice Audin, la torture et les deux rives », L'Humanité, 27 mai 2004.
  10. « Le bilan des victimes du terrorisme [
] serait officiellement de 314 morts et 917 blessĂ©s pour 751 attentats en quatorze mois », dans Guy PervillĂ©, Lire en ligne Terrorisme et rĂ©pression s’affrontent dans Alger, Histoire du christianisme, no 6, mars 2001, p. 50-53
  11. Nathalie Funes, « Guerre d'Algérie : les derniers secrets de l'affaire Audin », le 1er mars 2012 dans L'Obs
  12. « La bombe du casino de la Corniche a fait huit morts et quatre-vingts blessés », sur Le Monde, (consulté le )
  13. « À l'occasion des obsĂšques des victimes du casino », sur Le Monde, (consultĂ© le )
  14. « Caballéro Paul [Dictionnaire Algérie] - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  15. Guerre d'Algérie : les derniers secrets de l'affaire Audin, tempsreel.nouvelobs.com, 20 décembre 2012.
  16. Biographie Maitron de Henri Alleg
  17. « Maurice Audin, cinquante ans de silence », Le Monde diplomatique, 20 juin 2007.
  18. Le Monde du 3 décembre 1957
  19. Dont François Mauriac qui l'a évoquée dans un « Bloc-notes ».
  20. « M. Maurice Audin obtient le doctorat Ús sciences », Le Monde du 3 décembre 1957, mis à jour le 29 mai 2014.
  21. Zineb Dryef, « Maurice Audin et les chemins torturés de la mémoire », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  22. Laurent Schwartz, CommĂ©moration de la thĂšse de Maurice Audin. AssassinĂ© pendant la guerre d’AlgĂ©rie.
  23. MichĂšle Audin, Une vie brĂšve, p. 27.
  24. Son pÚre avait déclaré sa naissance au consulat de France à Béja.
  25. Jean-Dominique Merchet, « GĂ©nĂ©ral basses Ɠuvres », dans LibĂ©ration du 12 dĂ©cembre 2000,
  26. Aussaresses, qu'Yves CourriÚre appellera « O. » dans Le Temps des léopards
  27. ThÚse de Gilles Morin, De l'opposition socialiste à la guerre d'Algérie au parti socialiste autonome (1954- 1960). Un courant socialiste de la SFIO au PSU, sous la direction d'Antoine Prost, à Paris I, en 1991
  28. Raphaëlle Branche, « La commission de sauvegarde pendant la guerre d'Algérie : chronique d'un échec annoncé », dans la revue VingtiÚme siÚcle,
  29. François-RenĂ© Julliard, « Le ComitĂ© Maurice Audin. Des intellectuels en lutte contre la torture pendant la guerre d’AlgĂ©rie », MĂ©moire de Master d’Histoire contemporaine, dirigĂ© par Sylvie ThĂ©nault, Ă  l’École Normale SupĂ©rieure de Lyon
  30. Jean Chatain, « Quand Le Pen travaillait vingt heures par jour », dans L'Humanité du 2 Mai 2002
  31. « Le fabuleux rapport du commissaire principal par intérim René Gille en date du lundi », sur alger1962.free.fr (consulté le )
  32. « À propos de deux disparitions Ă  Alger », Le Monde, 7 juillet 1957, p. 2. La seconde disparition est celle d'Henri Alleg.
  33. Cf. books.google.fr ; sans relation avec l'avocat Pierre Braun, membre du MoDem (2014).
  34. ComitĂ© Audin, La Raison d'État, La DĂ©couverte, 2002, p. 34.
  35. « Qu'est devenu Maurice Audin ? » dans L'Humanité du
  36. « Une lettre de Jacques Duclos à BourgÚs-Maunoury sur l'affaire Maurice Audin » » dans L'Humanité du
  37. « Qu'est devenu Maurice Audin ? », Le Monde du 16 août 1957
  38. « La disparition de Maurice Audin », dans Le Monde du 22 août 1957
  39. « À propos de la disparition de M. Maurice Audin », dans Le Monde du 20 aoĂ»t 1957
  40. Le Monde du le 28 août 1957
  41. « La commission de sauvegarde examinera au cours de sa prochaine réunion le dossier Maurice Audin », dans Le Monde du 31 août 1957,
  42. « La FĂ©dĂ©ration de l'Éducation nationale et la disparition de M. Audin », dans Le Monde du 6 septembre 1957
  43. Le Figaro des 7 et 8 septembre 1957
  44. « La disparition de M. Maurice Audin », sur Le Monde, (consulté le )
  45. Le Monde, le
  46. Le Monde du 22 novembre 1957
  47. Le Monde, 15/8, p. 4, 20/8, p. 5, 22/8, p. 3, 28/8, p. 4, 31/8, p. 5.
  48. Pierre Vidal-Naquet, MĂ©moires 2, p. 61.
  49. Le Monde du 21 mars 1959,
  50. MĂ©moires 2, p. 66.
  51. Avec Laurent Schwartz, il participe, une dizaine d'années plus tard, à la création du comité Vietnam national.
  52. MĂ©moires 2, p. 68.
  53. Brigitte Vital-Durand, « L'affaire Audin, un mensonge d'État », dans LibĂ©ration, 12 juin 2001 .
  54. Brigitte Vital-Durand, « L'affaire Audin, un mensonge d'État », dans LibĂ©ration du 12 juin 2001 .
  55. Jean-Louis Gérard, Dictionnaire historique et biographique de la guerre d'Algérie,
  56. « Les crimes si longtemps cachés du général Aussaresses », sur L'Humanité, (consulté le )
  57. Colin Samson, The Colonialism of Human Rights: Ongoing Hypocrisies of Western Liberalism, 2020
  58. demecutions-sommaires_1671136_3212.html « Je me suis résolu à la torture. », Le Monde, 23 novembre 2000.
  59. Vidal Naquet écrira : « Le commissaire Gille, ancien déporté, avait, comme Jean Builles, commissaire principal, comme Jacques Pernet, mais par une source apparemment différente, entendu parler de la mort d'Audin et du simulacre de son évasion. »
  60. « Sur dix quotidiens du matin et du soir, disposant d’un tirage global de quatre millions exemplaires, les quatre plus grands, Le Parisien libĂ©rĂ©, Le Figaro, L’Aurore et France-Soir, qui tirent, Ă  eux seuls Ă  3,14 millions consacrent en deux jours, 83 lignes – dont 21 Ă  la thĂšse de « l’accusation » et 62 Ă  la « rĂ©ponse » gouvernementale
  61. Merry et Serge Bromberger, Georgette Elgey et Jean-François Chauvel, « Barricades et colonels », aux éditions Fayard, janvier 1960
  62. Propos rapportés par Edmond Michelet, ministre de la Justice depuis le .
  63. Histoire de l'Oas, par Georges Fleury
  64. EnquĂȘte de Pauline Tissot le 18/07/2013, dans TV5 Monde
  65. « Comment Le Monde a relancé le débat sur la torture en Algérie », sur Le Monde, (consulté le )
  66. « Aussaresses : le tortionnaire avait témoigné dans le JDD », article du JDD,
  67. Florence Beaugé, « Le secret du général Aussaresses », dans Le Monde du 19 mai 2001
  68. « Maurice Audin. Le fantÎme de la torture », Le Monde 2, no 279, samedi 20 juin 2009, p. 59.
  69. En 2014 au journaliste Jean-Charles Deniau
  70. Nathalie FunĂšs, « Affaire Audin : les rĂ©vĂ©lations posthumes d'Aussaresses sur un crime d'État », sur tempsreel.nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, (consultĂ© le ).
  71. Michel Charbonnier, témoignage dans PiÚces à conviction, vidéo 27 juin 2001. Archives INA
  72. Brigitte Vital-Durand, « L'affaire Audin, un mensonge d’État », dans LibĂ©ration du 12 juin 2001 .
  73. Jean-Charles Deniau, La VĂ©ritĂ© sur la mort de Maurice Audin, Équateurs, 2014
  74. Nathalie FunÚs, « Le Camp de Lodi. Algérie, 1954-1962 », Stock, 14 mars 2012 .
  75. Ă  l’universitĂ© Stanford
  76. Nathalie Funes, « Affaire Audin : les rĂ©vĂ©lations posthumes d’Aussaresses sur un crime d'État », Le Nouvel Obs, 8 janvier 2014.
  77. Article de Nathalie FunĂšs, journaliste au Nouvel Observateur, le
  78. Patrick Kessel, Guerre d'Algérie : écrits censurés, saisis, refusés 1956-1960-1961, Paris, L'Harmattan, (ISBN 2747535762 et 9782747535762, lire en ligne), chap. Collection Histoire et perspectives méditerranéennes, p. 30.
  79. Jean-Paul Mari, « Guerre d'Algérie : le poison de la bleuite», nouvelobs.com, 5 juillet 2012.
  80. Selon l’historien Alain Ruscio
  81. Article de François Albera dans « 1895 », revue d’histoire du cinĂ©ma, en 2018
  82. « la colombe qui fait BOUM » de « Paix et liberté »
  83. « Bataille de CrĂšvecƓur - MĂ©moire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consultĂ© le )
  84. « Mort du gĂ©nĂ©ral de CrĂšvecƓur, l'homme de la colonne de Ðiện BiĂȘn Phủ » dans Le Monde du 10 juillet 1987
  85. Affaire Audin : l’assourdissant silence d’un tĂ©moin clĂ© du crime d’État, (lire en ligne)
  86. Jean-Paul Gautier, Les extrĂȘmes droites en France, en 2017 aux Éditions Syllepse
  87. Serge July, Dictionnaire amoureux du journalisme,
  88. « Décret no 62-328 du 22 mars 1962 portant amnistie des faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne », Journal officiel de la République française, no 3144 du 23 mars 1962, sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 24 avril 2010.
  89. Cour de cassation, chambre criminelle « Audience publique du jeudi 22 décembre 1966 », pourvoi no 66-93052.
  90. Le pourvoi était en partie motivé ainsi :
    « Alors que d'une part, les opĂ©rations de police judiciaire ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des opĂ©rations de maintien de l'ordre ou accomplies dans le cadre d'opĂ©rations de cette nature, lesquelles ne peuvent s'entendre que des opĂ©rations de police administrative, que l'opĂ©ration destinĂ©e Ă  enquĂȘter sur une infraction dĂ©terminĂ©e et Ă  apprĂ©hender son auteur constitue une opĂ©ration de police judiciaire, que tel est le cas de l'opĂ©ration au cours de laquelle y
 a disparu, et que, en s'abstenant de rechercher si les actes incriminĂ©s avaient Ă©tĂ© accomplis au cours d'une opĂ©ration de police judiciaire, ainsi que la demanderesse l'y invitait dans ses conclusions, l'arrĂȘt attaquĂ©, n'a pas lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision, et alors que d'autre part, le fait d'avoir torturĂ© jusqu'Ă  ce que mort s'ensuive un suspect au cours de l'enquĂȘte officieuse ne saurait en aucun cas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une infraction commise dans le cadre d'une opĂ©ration de maintien de l'ordre, un tel acte ne pouvant ni ne devant avoir aucun rapport avec le maintien de l'ordre [
] »
    .
  91. « Loi no 66-396 du 17 juin 1966 portant amnistie d'infractions contre la sĂ»retĂ© de l'État ou commises en relation avec les Ă©vĂ©nements d'AlgĂ©rie – Article 3 » : « Sont amnistiĂ©es de plein droit les infractions commises entre le et le dans le cadre d'opĂ©rations de police administrative ou judiciaire, du rĂ©tablissement de l'ordre ou de la lutte contre les entreprises tendant Ă  empĂȘcher l'exercice de l'autoritĂ© de l'État ou Ă  substituer Ă  cette autoritĂ© une autoritĂ© illĂ©gale. », sur le site legifrance.gouv.fr, consultĂ© le 24 avril 2010.
  92. Paul Cassia, Robert Badinter, un juriste en politique, Fayard, 2009.
  93. Pierre Vidal-Naquet, L'Affaire Audin, réédition
  94. Edwy Plenel, « La lettre de MichÚle Audin à Nicolas Sarkozy », Mediapart, 2 janvier 2009.
  95. « L'hommage à Maurice Audin », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  96. « Nous demandons la vĂ©ritĂ© sur l’affaire Audin : lettre ouverte au prĂ©sident de la RĂ©publique », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  97. « L’État fait encore un petit pas dans l’affaire Audin », sur histoirecoloniale.net, (consultĂ© le ).
  98. Gilles Manceron, « L’État fait encore un petit pas dans l’affaire Audin », Club de MĂ©diapart, (consultĂ© le ).
  99. AurĂ©lie Delmas, « Pourquoi on reparle de l'« affaire Audin », 61 ans aprĂšs la mort du mathĂ©maticien », sur liberation.fr, (consultĂ© le ).
  100. « Plus de soixante ans aprÚs la disparition de Maurice Audin, la France reconnaßt l'existence d'un « systÚme » en Algérie », sur liberation.fr, (consulté le ).
  101. « DécÚs de Josette Audin, veuve de Maurice Audin assassiné en 1957 par l'armée coloniale française en Algérie - Alger républicain », sur www.alger-republicain.com (consulté le ).
  102. Maud Vergnol, « Hommage. Audin ou les chemins tortueux de la mémoire », L'Humanité, (consulté le ).
  103. « Ouverture des archives françaises concernant la disparition de Maurice Audin », Le Figaro, (consulté le ).
  104. « ArrĂȘtĂ© du 9 septembre 2019 portant ouverture des archives relatives Ă  la disparition de Maurice Audin », (consultĂ© le ).
  105. Collection d'arts. 11. L'art contemporain, Ouest France (hors-série), , 31 p., p. 14
  106. « La place Maurice Audin inaugurée à Paris », sur le site afrik.com, 26 mai 2004, consulté le 20 avril 2010.
  107. Par Anthony LieuresLe Ă  17h46, « Aubervilliers Ă  la conquĂȘte des berges du canal », sur leparisien.fr, (consultĂ© le )
  108. Par M. Fr Le Ă  20h55, « Vitry : le futur collĂšge s’appellera « Josette et Maurice Audin » », sur leparisien.fr, (consultĂ© le )

Voir aussi

TĂ©moignages

Ouvrages historiques

  • Jean Monneret, Histoire cachĂ©e du Parti communiste algĂ©rien : de l'Étoile nord-africaine Ă  la bataille d'Alger, Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-050-3).
  • Pierre Vidal-Naquet, L'Affaire Audin, Paris, Éditions de Minuit, 1958 ; rĂ©Ă©d. L'Affaire Audin, 1957-1978, Paris, Éditions de Minuit, , 189 p. (ISBN 2-7073-1317-3).
  • Pierre Vidal-Naquet, L'affaire Audin par les tracts, Revue de la BibliothĂšque nationale de France, no 10, 2002 ; p. 35-41.

Sur le Comité Audin

Audiovisuel

Archives

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Texte licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.