Maurice Audin
Maurice Audin, né le à Béja (Tunisie) et déclaré mort le à Alger, est un mathématicien français. Assistant à l'université d'Alger, il est membre du Parti communiste algérien et militant de l'indépendance algérienne[2].
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(à 25 ans) Alger (Algérie française, France) |
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Josette Audin (de Ă ) |
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La Contemporaine (4 delta 0934)[1] |
AprÚs son arrestation le au cours de la bataille d'Alger, il disparaßt et meurt assassiné à une date inconnue[3]. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Pour ses proches ainsi que pour nombre de journalistes et d'historiens, notamment Pierre Vidal-Naquet, il est tuĂ© pendant son interrogatoire par des parachutistes français[4]. Cette thĂšse a longtemps Ă©tĂ© rejetĂ©e par l'armĂ©e française et l'Ătat français, qui affirmait qu'il s'Ă©tait Ă©vadĂ©, jusqu'Ă ce que le gĂ©nĂ©ral Aussaresses affirme avoir donnĂ© l'ordre de le tuer[5] au couteau pour faire croire Ă un meurtre par des AlgĂ©riens[6]. La premiĂšre reconnaissance officielle par la France de la mort en dĂ©tention de Maurice Audin est faite en 2014 par le prĂ©sident François Hollande, sans toutefois rendre publics les documents le confirmant[7]. En 2018, le prĂ©sident Emmanuel Macron reconnaĂźt officiellement les responsabilitĂ©s de l'Ătat français et de l'armĂ©e française dans cet assassinat.
Biographie
Famille et enfance
Il est le fils de Louis Audin (1900-1977) et d'Alphonsine Fort (1902-1989), mariés en 1923 à Koléa (Algérie), tous deux issus de familles modestes, lui d'ouvriers lyonnais, elle de paysans de la Mitidja. Au moment de la naissance de Maurice, son pÚre est chef de la brigade de gendarmerie de Béja, dans le protectorat français de Tunisie. AprÚs la Tunisie, Louis Audin est affecté en métropole, puis il passe un concours et devient postier à Alger.
Ătudes et carriĂšre universitaire
Fils d'un militaire, Maurice Audin devient enfant de troupe et, en 1942, entre en sixiÚme à l'école militaire préparatoire de Hammam Righa ; en 1946, il est admis à l'école d'Autun ; en 1948, renonçant à une carriÚre d'officier, il revient faire la classe de mathématiques élémentaires à Alger (au lycée Gautier).
Il fait des Ă©tudes de mathĂ©matiques Ă l'universitĂ© d'Alger, obtenant sa licence en , puis un DES en juillet. DĂšs , il est recrutĂ© comme assistant du professeur RenĂ© de Possel, poste dans lequel il est titularisĂ© en 1954. Il travaille aussi sur une thĂšse sur « les Ă©quations linĂ©aires dans un espace vectoriel dans le cadre d'un doctorat d'Ătat de mathĂ©matiques »[8].
En , il se marie avec Josette Sempé (1931-2019) ; ils ont trois enfants : MichÚle (1954), Louis (1955-2006) et Pierre (1957-2023).
Engagement politique
Maurice Audin adhÚre au Parti communiste algérien en 1951, d'abord comme membre de la cellule Langevin de l'Union des étudiants communistes, puis, à partir de 1953, d'une cellule d'Alger. Il fréquente aussi l'association des étudiants musulmans, l'AEMAN (devenue en 1955 l'UGEMA)[9].
Face à la guerre d'Algérie
Maurice et Josette Audin font partie de la minorité anticolonialiste des Français d'Algérie, pour qui l'indépendance de l'Algérie est une évidence, ce qui est aussi la position du Parti communiste algérien (PCA). Ce dernier est interdit le [9] et devient une organisation clandestine, négociant avec le FLN.
La famille Audin participe Ă certaines opĂ©rations illĂ©gales : en , Maurice organise, avec sa sĆur (Charlye, nĂ©e en 1925) et son beau-frĂšre (Christian Buono), l'exfiltration clandestine Ă l'Ă©tranger de Larbi Bouhali, premier secrĂ©taire du PCA[9].
En , Ă la suite des nombreux attentats perpĂ©trĂ©s contre la population par le FLN[10], est lancĂ©e l'opĂ©ration dite « bataille d'Alger », pour laquelle la 10e division parachutiste du gĂ©nĂ©ral Massu dĂ©tient les pouvoirs de police dans la zone d'Alger. Cette unitĂ© se livre massivement Ă la torture et aux exĂ©cutions sommaires. Paul Teitgen constate 3024 disparitions en un an dans les cinq dĂ©partements de la rĂ©gion algĂ©roise et le gĂ©nĂ©ral Massu avance un bilan des pertes de la Zone autonome d'Alger en neuf mois de « moins dâun millier dâhommes, et trĂšs probablement le nombre relativement faible de trois cents tuĂ©s »[10].
En , Maurice Audin hĂ©berge un autre dirigeant communiste, l'ouvrier mĂ©tallurgiste Paul CaballĂ©ro, au moment oĂč celui-ci doit ĂȘtre soignĂ© par un mĂ©decin, Georges Hadjadj, membre du Parti.
Arrestation et disparition de Maurice Audin (juin 1957)
L'attentat du Casino de la Corniche cause le huit morts et quatre-vingt-douze blessĂ©s[11], dont une trentaine d'amputĂ©s[12]. Les obsĂšques des victimes, le , tournent Ă l'Ă©meute : plusieurs musulmans, molestĂ©s par une foule de jeunes, sont hospitalisĂ©s, de nombreux magasins saccagĂ©s et quelques voitures incendiĂ©es[13] - [11]. Le couvre-feu est instaurĂ© en catastrophe Ă 21 heures[11]. Deux heures plus tard, les parachutistes frappent Ă la porte de Maurice Audin[11]. Les militaires finissant par menacer d'arrĂȘter la femme du docteur Hadjadj, pris dans une vague d'arrestation, pour la torturer, il leur dit dans la soirĂ©e avoir soignĂ©, au domicile de Maurice Audin, le leader communiste Paul CaballĂ©ro, favorable dĂšs 1954 Ă ce que la direction du Parti communiste algĂ©rien (PCA) revienne Ă des « arabo-berbĂšres », contraint Ă la clandestinitĂ© depuis la censure de 1955, mais contre l'implication du PCA dans lâaction armĂ©e, qui sera libĂ©rĂ© en mai-juin 1962[14] - [15]. Le , Audin est arrĂȘtĂ© Ă son domicile, par le capitaine Devis et les lieutenants AndrĂ© Charbonnier et Philippe Erulin. Il est transfĂ©rĂ© vers un lieu de torture le soir mĂȘme et confondu le 12 juin avec le journaliste Henri Alleg, directeur du quotidien interdit Alger rĂ©publicain[11]. Une souriciĂšre est installĂ©e dans l'appartement de la famille Audin, et Henri Alleg y est arrĂȘtĂ©. Le futur auteur de La Question, en fĂ©vrier 1958, est alors clandestin depuis qu'il a Ă©tĂ© blessĂ© dans un attentat au plastic contre son quotidien, fermĂ© ensuite par l'ArmĂ©e et dont l'imprimerie a Ă©tĂ© affectĂ©e Ă la fabrication du journal de propagande Le Bled[16]. Alleg est l'avant dernier Ă avoir parlĂ© Ă Maurice Audin, qu'il a rejoint sur son lieu de torture[17]. Cette double disparition a des effets considĂ©rables : c'est le dĂ©but de l'affaire Audin, dont Alleg sera un des relais, car il est relĂąchĂ© dĂšs la mi-aoĂ»t, ses interrogatoires cessant peu aprĂšs le dĂ©cĂšs d'Audin.
Soutenance de thÚse in absentia (décembre 1957)
Au moment de son arrestation, la thÚse de Maurice Audin est presque terminée et la soutenance est prévue pour le début de 1958. Au cours de ses recherches, il avait transmis six notes, publiées par l'Académie des sciences. René de Possel avait cité son travail au cours d'un congrÚs de mathématiciens tenu en Roumanie en 1956. à la fin de 1956, Maurice Audin était venu quelques jours à Paris pour prendre contact avec les mathématiciens Gaston Julia, Henri Cartan et Laurent Schwartz.
Le Monde du 3 dĂ©cembre 1957 rĂ©vĂšle ensuite que « la facultĂ© des sciences de Paris a examinĂ© ce matin la thĂšse de doctorat d'Ătat rĂ©digĂ©e par Maurice Audin avant de disparaĂźtre » puis dĂ©cernĂ© le grade de docteur Ăšs sciences (...) aprĂšs une soutenance symbolique par RenĂ© de Possel, son directeur de thĂšse et prĂ©sident du laboratoire de calcul numĂ©rique de l'Institut Henri-PoincarĂ©[18]. Cette soutenance, in absentia, a eu lieu devant un public nombreux[19] - [20]. Le jury est composĂ© de Jean Favard, prĂ©sident, de Laurent Schwartz, rapporteur et de Jacques Dixmier, troisiĂšme membre du jury[21]. C'est RenĂ© de Possel qui expose au tableau les rĂ©sultats dâAudin[22].
Maurice Audin est reçu docteur Ús sciences, avec mention « trÚs honorable »[8] - [20].
Officialisation de la mort (1963 et 1966)
Le corps de Maurice Audin n'ayant pas Ă©tĂ© retrouvĂ©, son acte de dĂ©cĂšs est Ă©tabli par un jugement du tribunal de grande instance dâAlger () Ă la date du ; ce jugement est validĂ© en France par le tribunal de grande instance de la Seine le et inscrit en sur son acte de naissance[23], alors au consulat de France Ă Alger[24].
Affaire Audin
Le contexte du printemps 1957
Au printemps 1957, les militaires soupçonnent les politiques de vouloir nĂ©gocier avec le FLN alors qu'on leur demande de le combattre et la tentation est grande d'Ă©liminer ceux qui pourraient devenir demain les interlocuteurs du pouvoir politique[25], comme Larbi Ben M'hidi, le « Jean Moulin » algĂ©rien et l'avocat Ali Boumendjel. DĂšs janvier 1957, le FLN appelle Ă une grĂšve gĂ©nĂ©rale au moment oĂč les Nations unies se rĂ©unissent pour dĂ©battre de la question algĂ©rienne[25], ce qui s'ajoute aux attentats, causant la panique du ministre rĂ©sident Robert Lacoste[25], qui demande au gĂ©nĂ©ral Massu de dĂ©manteler l'appareil politico-militaire du FLN[25], mission confiĂ©e au colonel Yves Godard, ex-volontaire de l'Indochine et futur chef de l'OAS[25], et au commandant Aussaresses, fondateur Ă l'Ă©tĂ© 1947 du 11e rĂ©giment parachutiste de choc[26]. Sans formation policiĂšre[25], Aussaresses s'empare par la force, Ă la prĂ©fecture d'Alger, de la totalitĂ© du fichier des Renseignements gĂ©nĂ©raux, que ceux-ci renĂąclent Ă livrer[25] et 1 500 personnes sont arrĂȘtĂ©es dans une premiĂšre rafle gĂ©nĂ©rale, le [25], Ă l'issue de laquelle la torture se gĂ©nĂ©ralise[25], pratiquĂ©e par des sous-officiers ayant dĂ©butĂ© pour certains sous l'uniforme nazi[25], avant de rejoindre la LĂ©gion Ă©trangĂšre[25] qui, dĂšs 1946, recrutait Ă tour de bras pour la guerre d'Indochine. Chaque jour, l'Ă©quipe d'Aussaresses fait le tour des centres d'interrogatoires, et remet Ă la justice les suspects les moins importants, les « gros poissons » Ă©tant achevĂ©s[25].
Le , le gouvernement de Guy Mollet, interpellĂ© par une partie des socialistes[27], dont la fĂ©dĂ©ration d'Alger, des personnalitĂ©s chrĂ©tiennes, et sa propre administration rapportant des « mĂ©thodes tirĂ©es de l'arsenal de la Gestapo »[28], a « cĂ©dĂ© Ă la pression de l'opinion »[28], en crĂ©ant une commission de douze membres chargĂ©s d'enquĂȘter sur la rĂ©pression militaire en AlgĂ©rie dont on vient d'apprendre par Paul Teitgen qu'elle a causĂ© 3 000 disparus depuis seulement janvier[28]. Dans L'Express du 27 mars le gĂ©nĂ©ral BollardiĂšre avait demandĂ© Ă ĂȘtre relevĂ© de son commandement pour ne pas avoir Ă accomplir des actes indignes et Vercors renvoyĂ© sa lĂ©gion d'honneur au prĂ©sident Coty le , jour oĂč un autre rĂ©sistant cĂ©lĂšbre, Paul Teitgen[29] a dĂ©missionnĂ© de son poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police française Ă Alger. Le surlendemain sont publiĂ©s deux rapports de police, respectivement signĂ©s par le commissaire RenĂ© Gilles et l'officier RenĂ© Tordoir[30], Ă©voquant des sĂ©ances de torture ne concernant pas des militants algĂ©riens[30], effectuĂ©es par un dĂ©putĂ©[30], qui doit rentrer en mĂ©tropole en mai[30].
Cinq membres de cette Commission enquĂȘteront sur le cas Audin, se heurtant Ă la « mauvaise volontĂ© de l'armĂ©e »[28] mais « accomplissant un travail indĂ©niable »[28] en « partant enquĂȘter en AlgĂ©rie »[28] grĂące au rĂ©seau de la Croix-Rouge[28], accumulant les tĂ©moignages donnĂ©s par le syndicat des enseignants, selon l'historienne RaphaĂ«lle Branche[28].
La revue du FLN, Résistance Algérienne avait ensuite en juin 1957[31] publié un article intitulé : « Le Pen, député à Paris, tortionnaire à Alger » en référence à sa décoration par le général Massu en mars 1957[31] peu aprÚs les déclarations de ce dernier à Fraternité française, hebdomadaire poujadiste, en mars 1957[30].
Plainte de Josette Audin (juillet 1957)
Un aperçu de la situation de la famille Audin est donnĂ© le par le journal Le Monde qui Ă©voque assez longuement la lettre adressĂ©e par « Mme Maurice Audin, adjointe d'enseignement au lycĂ©e Gauthier Ă Alger » : aprĂšs l'arrestation de Maurice Audin le 11, « Mme Audin n'eut de nouvelles de son mari que le par la presse qui annonçait son assignation Ă rĂ©sidence et par une lettre de M. Pierre Maisonneuve, directeur des cabinets civil et militaire de M. Lacoste, lui faisant savoir que M. Audin [âŠ] Ă©tait en trĂšs bonne santĂ© et qu'il lui serait accordĂ© prochainement un permis de communiquer avec lui. [âŠ] Le , on lui apprit que M. Audin s'Ă©tait Ă©vadĂ© le Ă 21 heures au cours d'un transport du centre de triage d'El Biar vers une villa de la rue Faidherbe pour interrogatoire[32]. »
ConfrontĂ©e Ă ce dĂ©calage inquiĂ©tant dans l'information qui lui est fournie Ă dix jours d'intervalle, Josette Audin dĂ©pose une plainte contre X pour homicide le ; une enquĂȘte judiciaire est engagĂ©e. Josette Audin est assistĂ©e par les avocats Jules Borker et Pierre Braun[33], tous deux membres du Parti communiste français. L'instruction est confiĂ©e Ă un magistrat civil, le juge Roger Bavoillot[34], prĂ©cĂ©demment instructeur du cas de Djamila Bouhired.
L'affaire Audin dans les médias (juillet-août 1957)
L'affaire Audin bĂ©nĂ©ficie trĂšs vite d'une couverture massive et dĂ©taillĂ©e des mĂ©dias, car il est loin d'ĂȘtre la premiĂšre victime d'un drame qui se confirme : entre janvier et septembre 1957, 3 024 personnes arrĂȘtĂ©es par les paras ont disparu[28]. L'HumanitĂ© mentionne le sa disparition, Ă©voquĂ©e Ă l'assemblĂ©e dĂšs le par le prĂ©sident du groupe parlementaire puis liĂ©e au sort d'Henri Alleg. Audin est citĂ© en premiĂšre page le [35] puis le 24 lors d'un courrier au gouvernement de Jacques Duclos, numĂ©ro deux du PCF[36]. Le , le quotidien cite longuement le rapport de la Commission internationale sur le systĂšme concentrationnaire de Louis Martin-Chauffier.
Dans Le Monde, en juillet-, « l'affaire Alleg » est au premier plan, jusqu'Ă ce qu'il soit finalement inculpĂ© (). En aoĂ»t, la disparition de Maurice Audin prend une grande importance pour de nombreux quotidiens : le 13 est citĂ©e une seconde lettre de Josette Audin, oĂč elle Ă©voque « les bruits [qui] courent Ă Alger selon lesquels mon mari serait dĂ©tenu dans un camp secret », puis le 24 sa lettre Ă la Commission de sauvegarde des droits et libertĂ©s individuels.
Au cours de la seule 2e quinzaine d'août 1957, Le Monde consacre cinq articles à l'ébullition causée par sa disparition dans le monde enseignant, aprÚs une lettre titrée Qu'est devenu Maurice Audin ?, de Jean Gillet, de la Sorbonne, qui sans le connaitre affirme avoir lu dans Le Monde la lettre angoissée de sa femme[37]. Le quotidien publie dans les six jours suivants deux autres lettres identiques, celle de six professeurs de l'Université, réunis à Londres puis celle d'un agrégé de philosophie[38] - [39].
Le , un 4e article du Monde rĂ©capitule les dizaines de lettres reçues d'enseignants de toute la France et d'AlgĂ©rie, en Ă©tablissant un lien direct avec les prĂ©cisions obtenues dans l'enquĂȘte sur l'Affaire de la torture d'Henri Alleg [40]. Deux hebdomadaires, repris par les quotidiens, dĂ©taillent les circonstances de sa disparition TĂ©moignage chrĂ©tien et L'Express en Ă©tayant les doutes de sa veuve sur la version des parachutistes et en dĂ©clarant qu'il est inclus dans les nombreux dossiers qu'examinera au cours de sa prochaine rĂ©union la commission de sauvegarde. Le Monde prĂ©cise qu'un mouvement rĂ©unissant cent-cinquante universitaires a adressĂ© au ministre de l'Ă©ducation nationale un tĂ©lĂ©gramme inquiet[41] puis dĂ©but septembre, comme Le Figaro, dĂ©taille le communiquĂ© de la FĂ©dĂ©ration de l'Ăducation nationale dĂ©plorant que les autoritĂ©s se soient bornĂ©es Ă donner des « renseignements fragmentaires et contradictoires »[42].
Dans plusieurs numĂ©ros du dĂ©but septembre 1957, Le Figaro estime qu'il est souhaitable pour tous que la lumiĂšre soit faite au plus tĂŽt sur cette affaire puis souligne que la Ligue des droits de l'homme et la FacultĂ© des Sciences s'inquiĂštent du sort du mathĂ©maticien[43]. Courant septembre, Le Monde publie de nouvelles protestations, d'un groupe de trente universitaires et de deux dĂ©clarations successives du syndicat CFTC des universitĂ©s, qui dĂ©plore que « l'administration universitaire, dont la bonne volontĂ© ne semble pas en cause, ne peut s'informer du sort d'un membre de l'UniversitĂ© dĂ©tenu durant des semaines en dehors de toute dĂ©cision et de tout contrĂŽle de l'autoritĂ© judiciaire » puis que « l'administration universitaire n'a plus, dans les dĂ©partements d'AlgĂ©rie, les possibilitĂ©s d'action et mĂȘme d'information indispensables pour qu'y soit garantie aux enseignants publics la sĂ©curitĂ© morale et physique Ă laquelle ils ont droit »[44]. Peu aprĂšs, Ămile Pierret-GĂ©rard, prĂ©sident d'une association de rĂ©sistants, dĂ©missionne pour protester[45] et cinquante-cinq enseignants du lycĂ©e Chaptal Ă©crivent au ministre de l'Ă©ducation nationale pour rĂ©clamer une enquĂȘte sĂ©rieuse sur la disparition de Maurice Audin[46]. Parmi les enseignants connus qui protestent, Jean Bruhat, Georges et Jean-Claude Margolin, RenĂ© Zazzo, Yves Lacoste, Pierre Vidal-Naquet, Paul Veyne[47]. DĂ©but septembre, Josette Audin prend contact avec certains, dont Pierre Vidal-Naquet, qui lui propose une Ă©tude circonstanciĂ©e de l'arrestation de son Ă©poux[48]. La prĂ©sence mĂ©diatique ne se relĂąche pas avec le temps. Deux ans aprĂšs, dans son Ă©ditorial au Journal la radio publique Ă 20 heures, consacrĂ© à « l'affaire Audin », le gaulliste Maurice Clavel Ă©voque « l'agitation un peu intĂ©ressĂ©e contre la torture » pour demander qu'on « s'en prenne Ă la racine de toutes les horreurs », la guerre, via « une paix juste » en AlgĂ©rie, mais s'indignant que certains s'acharnent contre lui et « prĂ©parent son procĂšs par contumace devant la justice »[49]
Création du Comité Audin
En 1957, plusieurs personnes sont à l'origine du premier Comité Audin : un professeur d'anglais du prytanée militaire de La FlÚche, Jacques-Fernand Cahen, lui aussi entré en contact avec Mme Audin, a l'idée de créer un « comité pour la recherche de Maurice Audin » ; deux assistants, Michel Crouzet et Luc Montagnier lancent une pétition nationale. Le comité est créé en chez le professeur Benjamin Weill-Hallé. Il a pour président le mathématicien Albert Chùtelet, à qui succÚde Laurent Schwartz également mathématicien, et pour vice-présidents l'historien Henri-Irénée Marrou et le géographe (membre du PCF) Jean Dresch[50]. Le comité, qui inclut aussi Jacques Panijel, Madeleine Rebérioux, etc., se réunit par la suite réguliÚrement jusqu'en 1962.
Sa premiÚre manifestation d'existence est une conférence de presse le , en présence de Louis Gernet, de l'historien Jean-Pierre Vernant, de Josette Audin et de Jules Borker.
ParallĂšlement, Josette Audin milite aussi contre les disparitions avec d'autres familles de victimes, dont Djamila Briki[9].
Un second comitĂ© Audin est crĂ©Ă© en Ă Caen, oĂč l'historien Pierre Vidal-Naquet est assistant Ă la facultĂ© des lettres[51]. Ce second comitĂ© inclut notamment Jacques et Mona Ozouf, Jean-Claude et Michelle Perrot, alors professeurs de lycĂ©e[52].
Le livre de Pierre Vidal-Naquet : L'Affaire Audin (mai 1958)
L'enquĂȘte de Pierre Vidal-Naquet est rĂ©sumĂ©e dans un livre publiĂ© le , la veille de l'insurrection d'Alger qui amĂšne le retour au pouvoir du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Il prouve que l'Ă©vasion, impossible, est entiĂšrement inventĂ©e et que Maurice Audin a subi une sĂ©ance de torture, le par le lieutenant Charbonnier[53], aide de camp du gĂ©nĂ©ral Massu et adjoint du gĂ©nĂ©ral Aussaresses.
Le livre de Pierre Vidal-Naquet rĂ©vĂšle qu'Alleg et Hadjadj n'ont jamais rĂ©ellement vu le transfert d'Audin[54] et n'en ont qu'entendu parler, par Charbonnier[54], mais aussi les faux montĂ©s pour dissimuler le crime par les militaires[54], le fait qu'on nâa retrouvĂ© aucune trace, ni douille des tirs de mitraillette et qu'il a Ă©tĂ© « oubliĂ© » d'Ă©tablir immĂ©diatement un bulletin de recherches[54] ou encore que l'Ă©vasion ne pouvait pas avoir eu lieu dix minutes aprĂšs le dĂ©part de la Jeep[54] .
L'offensive contre l'article de 1959 citant un probable assassin
Ce n'est qu'un an et demi aprĂšs le livre de Vidal-Naquet que parait la troisiĂšme production du ComitĂ© Audin, aprĂšs la brochure « LâAffaire Audin » et le livre du mĂȘme nom, un article du 2 dĂ©cembre 1959 titrĂ© « Nous accusons : dossier sur la torture et la rĂ©pression en AlgĂ©rie », dans lequel AndrĂ© Charbonnier, rĂ©cemment promu capitaine[55], malgrĂ© une rĂ©putation sulfureuse[25] - [56] - [57] - [29], est prĂ©sentĂ© non seulement comme le tortionnaire mais aussi le probable assassin d'Audin[29]. Quatre dĂ©cennies plus tard, le gĂ©nĂ©ral Aussaresses, dont il Ă©tait l'adjoint, contredira cet article dans un entretien au Monde du (), en dĂ©fendant l'utilitĂ© de la torture et en affirmant que Charbonnier n'Ă©tait pas dans le secteur lors du meurtre[58].
L'article du se base sur des « informations nouvelles » fournies six mois plus tĂŽt Ă la Justice par Paul Teitgen[29], secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la police française Ă Alger, qui avait dĂ©missionnĂ© le pour protester contre la torture. TĂ©moignant au procĂšs de Rennes, le , il affirme que Jean Builles, commissaire central de la ville dâAlger, lui a rapportĂ© les propos d'un officier de police dĂ©tachĂ© Ă lâĂ©tat-major, affirmant qu'AndrĂ© Charbonnier aurait Ă©tranglĂ© Audin « dans un accĂšs de colĂšre motivĂ© par ses rĂ©ticences »[29]. Le tribunal demande alors Ă Jean Builles de confirmer Ă la barre ce tĂ©moignage et ce dernier s'exĂ©cute mais sans pouvoir donner de dĂ©tail attestant que le dĂ©cĂšs a suivi de peu cet Ă©tranglement. En septembre 1957, pour recouper, Vidal-Naquet avait rencontrĂ© les commissaires RenĂ© Gille et Jacques Pernet[59], qui avaient aussi rejetĂ© la version officielle, mais Gille ne l'avait pas informĂ© de son rapport du Ă©crit le mĂȘme jour que celui de l'officier de police RenĂ© Tordoir[30] - [31] concernant Jean-Marie Le Pen.
Le , le préfet de police Maurice Papon fait saisir à Colombes 3 500 exemplaires de l'article[29], d'abord publié sous forme de brochure. Une réimpression, aprÚs des vérifications, est discrÚtement faite en décembre[29].
Repris par LibĂ©ration, France-Observateur, LâExpress, TĂ©moignage chrĂ©tien et RĂ©forme puis Le Monde, avec un Ă©ditorial du rĂ©dacteur en chef adjoint Jacques Fauvet, l'article est accusĂ© par le ministĂšre de la Justice, d'empiĂštement sur lâinstruction du procĂšs de Rennes. Marcel PĂ©ju estime dans Les Temps modernes que cela est une « nouvelle affaire Dreyfus »[29], mais observe que Le Parisien libĂ©rĂ©, Le Figaro, LâAurore et France-Soir, n'y ont consacrĂ© que de courts articles[60] - [29].
Les accusations du ComitĂ© Audin contre AndrĂ© Charbonnier sont l'une des causes de la Semaine des barricades[29] - [61], rĂ©volte des partisans de l'AlgĂ©rie française, du 24 janvier au Ă Alger[61] - [29], d'autant qu'une rumeur circule chez les nombreux officiers convoquĂ©s Ă Rennes pour tĂ©moigner[29], prĂȘtant au gĂ©nĂ©ral de Gaulle le fait qu'il envisage bien cinq ans de travaux forcĂ©s pour Charbonnier[62] - [29] sur fond d'emportement du gĂ©nĂ©ral Massu, qui s'Ă©panche lors d'une interview organisĂ©e par l'Ă©tat-major avec le journal allemand SĂŒddeutsche Zeitung et son envoyĂ© spĂ©cial Ulrich Kempski le [61], qui lui a promis de ne pas citer son nom[29] - [63] et de lui faire relire l'article avant publication[29] mais ne tient pas parole[29]. Massu dĂ©clarant « De Gaulle Ă©tait le seul homme Ă notre disposition. Mais l'armĂ©e a peut-ĂȘtre fait lĂ une faute »[29], ce dernier le relĂšve le 19 janvier de son commandement et le rapatrie en mĂ©tropole[29], Ă©pisode considĂ©rĂ© comme une premiĂšre Ă©tape vers le Putsch des gĂ©nĂ©raux d'Alger et la crĂ©ation de l'OAS. Au mĂȘme moment, dĂ©but janvier 1960, les juges ordonnent le seul renvoi devant le tribunal de Rennes du capitaine AndrĂ© Charbonnier[63]. Les autres militaires n'y comparaitront que comme tĂ©moins[29] mais cette dĂ©cision de Justice n'empĂȘche pas quelques jours aprĂšs le dĂ©clenchement de la Semaine des barricades[29], qui oblige le 29 janvier De Gaulle Ă une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e en uniforme pour appeler l'armĂ©e Ă ne pas soutenir les insurgĂ©s[63]. Trois jours avant les Ă©meutes, le , La Voix du Nord publie un long article de Georges Ras, proche des tortionnaires dâAudin et futur chef de l'« Action psychologique et propagande » de l'OAS[29]. EnvoyĂ© spĂ©cial en AlgĂ©rie, il participera quelques jours plus tard, Ă la Semaine des barricades[29]. Son article accuse le comitĂ© Audin d'abus de confiance[29] et ce dernier porte plainte en diffamation[29]. Au mĂȘme moment, un article de Pierre Boutang, directeur de La Nation française, petit journal maurrassien, favorable Ă lâAlgĂ©rie française[29], titrĂ© « De Raymonde Peschard Ă Maurice Audin »[29], fait implicitement rĂ©fĂ©rence Ă cette militante communiste retrouvĂ©e morte le dans un maquis alors qu'on la pensait Ă©liminĂ©e lors d'une sĂ©ance de torture[29]. Seul le quotidien Paris Presse en cours d'absorption par France-Soir reproduit cette enquĂȘte[29].
L'une des conséquences immédiates de la Semaine des barricades est qu'André Charbonnier est élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur, selon le Journal officiel du 28 février 1960[55] - [64]. Le commandant Aussaresses a lui été écarté dÚs 1957[25].
Lors des audiences publiques du « procĂšs des barricades » qui a dĂ©marrĂ© au mois de novembre 1960, suivi par la fondation l'OAS en dĂ©cembre 1960, lâaffaire Audin, toujours Ă l'instruction, est Ă©voquĂ©e par trois fois[29], dans deux par les futurs putschistes d'avril 1961. D'abord le , quand le colonel Godard voit dans « la relance de lâaffaire Audin » la cause de lâĂ©chauffement des esprits[29], puis le 17 dĂ©cembre, quand, Ă Rennes, Massu dĂ©nonce les conditions d'instruction de la mort d'Audin[29]. Le , son chef d'Ă©tat-major, le colonel parachutiste Broizat, relevĂ© de son commandement pour avoir refusĂ© d'envoyer le 1er rĂ©giment de chasseurs parachutistes contre les Ă©meutiers, va rendre un « hommage » ironique au ComitĂ© Audin pour avoir montrĂ© que lâarmĂ©e ne croyait voir que des terroristes Ă part entiĂšre[29]. Peu avant le dĂ©but du procĂšs, le [29], une lettre ouverte de Laurent Schwartz Ă Pierre Messmer rĂ©vĂšle que le mathĂ©maticien militant au ComitĂ© Audin a Ă©tĂ© suspendu de son poste Ă lâĂcole polytechnique[29]. DĂšs janvier 1961, en plein « procĂšs des barricades », il nây a presque plus dâactes dâinstruction dans le procĂšs Audin[29], qui sâenlise[29]. L'appartement de Laurent Schwartz sera plastiquĂ© le , jour oĂč l'on a appris que dans le procĂšs en diffamation contre La Voix du Nord la chambre criminelle de la Cour de cassation annule l'arrĂȘt de la cour dâappel de Douai, et renvoie les deux parties devant celle dâAmiens[29].
Les précisions ultérieures sur les derniers instants de Maurice Audin
Ă l'Ă©tĂ© 2000, un tĂ©moignage sur la torture publiĂ© par Le Monde[65] dĂ©clenche de multiples rĂ©actions, d'abord d'Aussaresses, par ailleurs alors impliquĂ© dans l'Affaire Elf, qui estime que « tout le monde savait » dans le JDD le 25 juin[66], puis de son supĂ©rieur le gĂ©nĂ©ral Massu, estimant que la plupart des tortures durant la Guerre d'AlgĂ©rie auraient pĂ» ĂȘtre Ă©vitĂ©es[65]. Michel Charbonnier, fils du lieutenant AndrĂ© Charbonnier, dĂ©cĂ©dĂ© cinq ans plus tĂŽt, Ă©crit alors Ă l'hebdomadaire Marianne le pour dĂ©clarer que son pĂšre a bien arrĂȘtĂ© et interrogĂ© Maurice Audin, ensuite transmis Ă l'Ă©chelon hiĂ©rarchique supĂ©rieur de la 10e division parachutiste, lieu oĂč est intervenu le dĂ©cĂšs, un autre officier se chargeant d'achever la victime par un coup de poignard, comme c'Ă©tait l'habitude des tortionnaires[25], afin de faire croire, en cas de problĂšme, qu'il a Ă©tĂ© tuĂ© par un arabe[25]. Le gĂ©nĂ©ral Aussaresses, chargĂ© de ces exĂ©cutions accorde ensuite, Ă partir du 23 novembre 2000, une sĂ©rie d'entretiens au Monde[67], qui fera de lui un portrait flatteur[67], dĂ©menti sur les faits par LibĂ©ration, pour qui il a longtemps Ă©tĂ© trĂšs mal vu par nombre de militaires[25].
Le , Aussaresses, reconnaissant que c'est lui qui a ordonné à André Charbonnier d'interroger Maurice Audin[68], Josette Audin dépose une plainte pour séquestration et crime contre l'humanité. De nouveau, un non-lieu est prononcé en . Aussaresses ne reconnaitra que beaucoup plus tard[69] qu'il a aussi ordonné d'achever Audin[5] - [70] aprÚs avoir entre-temps accusé Massu, disparu depuis 2002.
Le mois suivant, en juin 2001, dans l'Ă©mission de tĂ©lĂ©vision d'Ălise Lucet, PiĂšces Ă conviction, Michel Charbonnier confirme que c'est son pĂšre qui s'Ă©tait en 1957 « dĂ©guisĂ© en Maurice Audin » dans une jeep pour faire croire Ă une Ă©vasion[71]. Le conducteur de la jeep, Yves Cuomo, bardĂ© de dĂ©corations aprĂšs la Guerre, avait donnĂ© une interview le 11 mai, Ă la RĂ©publique des PyrĂ©nĂ©es prĂ©tendant avoir Ă©tĂ© manipulĂ© et avoir transportĂ© « un prisonnier cagoulĂ© » dont il n'aurait, en consĂ©quence, jamais vu le visage[72].
En 2014, un livre de Jean-Charles Deniau[73], écrit avec un témoignage supplémentaire d'Aussaresses[30] reprend la précision donnée dÚs mars 2012 par un livre[74] et une série d'articles de la journaliste Nathalie Funes, qui a retrouvé un extrait d'un manuscrit du colonel Godard conservé dans ses archives privées, puis aprÚs sa mort à la Hoover Institution[75]. Le texte manuscrit[11] affirme qu'Audin, a été exécuté par erreur à la place d'Henri Alleg[11], par le lieutenant Gérard Garcet, aide de camp de Massu et adjoint d'Aussaresses[30] - [76] - [77], ce qui semble plausible à l'historien spécialiste des questions militaires, Jean-Charles Jauffret, qui rappelle que les traces écrites sont trÚs rares dans ce genre d'affaire[11], de tels ordres étant donnés par téléphone ou via un messager, toujours par oral[74]. Entre-temps, Josette Audin avait pu consulter en 2012 les archives du ministÚre de la Défense et constater qu'elles ont été depuis longtemps « nettoyées ».
En juin 1957, Massu souhaitant réorganiser son état-major pour y faire monter Yves Godard, chargé par ailleurs, avec le capitaine Paul-Alain Léger de l'opération infiltration et de la manipulation [78] nommée « Bleuite », pour susciter des purges internes meurtriÚres au sein de l'Armée de libération nationale (ALN), notamment la partie dirigée par le colonel Amirouche Aït Hamouda[79]. Muté à Nevers, aprÚs la Semaine des barricades de , Godard sera un des dirigeants du Putsch des généraux d'Alger de 1961.
Avec GĂ©rard Garcet, il avait fait partie du « Bataillon CrĂšve-cĆur », des volontaires français placĂ©s sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Ridgway dans la Guerre de CorĂ©e[30], menĂ©e par les AmĂ©ricains, dont la France espĂ©rait en retour un plus grand soutien Ă la Guerre d'Indochine. GĂ©rard Garcet, second du commandant Paul Aussaresses, 36 ans, au QG de la torture de la Villa des Tourelles[11], bĂ©nĂ©ficiait en 1957 de la notoriĂ©tĂ© liĂ©e au personnage central de CrĂšvecĆur, documentaire de progagande[30] sorti en 1955[80] et nommĂ© Ă Hollywood pour un Oscar en 1956, parrainĂ© par le ministĂšre de la DĂ©fense et lâofficine anticommuniste « Paix et libertĂ© »[81]. Ce film opposait Ă la figure d'Henri Martin, marin qui refuse de participer Ă la guerre dâIndochine, celle de Garcet[81], avec un monologue intĂ©rieur dĂ©crivant les espoirs et le sacrifice de ces « combattants de la libertĂ© »[81], au moment oĂč des centaines de milliers dâaffiches dĂ©tournent la Colombe de la paix de Picasso[81], pour en faire un char dâassaut soviĂ©tique[81] - [82]. LancĂ© au moment des manifestations de mai 1952 contre Ridgway, ce film raconte la percĂ©e d'octobre 1951, qui avait vu le 23e RI s'emparer au lance-flammes, en perdant la moitiĂ© de ses hommes[83], du dernier piton, le "CrĂšve-cĆur", du nom du gĂ©nĂ©ral Jean Boucher de CrĂšvecĆur [84], qui avait dirigĂ© ensuite une colonne ayant tentĂ© de sauver les assiĂ©gĂ©s de Ăiá»n BiĂȘn Phủ et Ă qui son engagement pour l'AlgĂ©rie française vaudront d'ĂȘtre mutĂ© en 1960 en France. Lors de sa sortie en salles, les communistes français dĂ©truisirent la salle de projection. En AlgĂ©rie, Massu et Aussaresses avaient chargĂ© Garcet de recruter les parachutistes affectĂ© Ă la torture au sein dâun «⯠bureau spĂ©cialâŻÂ»[85].
L'enquĂȘte de la Justice
L'enquĂȘte de la Justice est freinĂ©e par le risque d'ĂȘtre transfĂ©rĂ©e aux tribunaux militaires, les officiers ayant conservĂ© des documents manuscrits permettant de disculper les exĂ©cutants, puis entravĂ©e par plusieurs lois d'amnistie discrĂštement nĂ©gociĂ©es par les militaires pour accepter de dĂ©poser les armes en 1962, renforcĂ©es en 1966[29]. Le comitĂ© Audin doit aussi se concentrer sur le procĂšs en diffamation lancĂ© au cours de l'annĂ©e 1960[29].
Ă la demande des avocats de Josette Audin, l'instruction est transfĂ©rĂ©e Ă Rennes en peu avant la crĂ©ation de la lettre anticommuniste ArmĂ©e-Nation le [29], qui est peu Ă peu reçue rĂ©guliĂšrement par une partie des officiers supĂ©rieurs, avec treize numĂ©ros publiĂ©s jusqu'en juin 1960 [86]. Parmi ses rĂ©dacteurs, les « AlgĂ©rie française » de l'Ăcole de guerre qui organiseront en avril 1961 le « complot de Paris » autour du gĂ©nĂ©ral Jacques Faure, les capitaines Morin et de Gorostarzu, les civils Raoul Girardet, Jacques Laurent et Jules Monnerot[86] ou encore le Commandant Robert Casati, futur responsable de l'OAS[29], qui dĂ©cĂ©dera Ă la prison de Fresnes des suites d'une maladie mal soignĂ©e. L'instruction se heurte en effet aux rĂ©sistances des officiers supĂ©rieurs interrogĂ©s, malgrĂ© lâintervention du ministre de la Justice choisi par De Gaulle, l'ex-rĂ©sistant Edmond Michelet, qui soutient son administration et encourage les magistrats Ă ne pas cĂ©der aux intimidations[29]. De Gaulle obtient la crĂ©ation d'une commission d'enquĂȘte constituĂ©e de deux gĂ©nĂ©raux et quatre magistrats, prĂ©sidĂ©e par l'avocat gĂ©nĂ©ral Gerthoffer, qui dĂ©cide dĂ©but janvier 1960 que seul Charbonnier doit comparaitre[87] - [29] - [63], ce qui met en colĂšre le gĂ©nĂ©ral Massu, ce dont il s'Ă©panche dans la presse, dĂ©clenchant son Ă©viction et dans la foulĂ©e la Semaine des barricades de la fin janvier 1960. Le commandant Paul Aussaresses est entendu comme tĂ©moin le [29], le lieutenant devenu capitaine AndrĂ© Charbonnier comme suspect le 25 avril[29] puis le gĂ©nĂ©ral Massu comme tĂ©moin le 19 septembre. Charbonnier nie son implication et jusquâĂ la pratique mĂȘme de la torture dans l'armĂ©e[29]. En avril 1961, cinq colonels participeront au Putsch des gĂ©nĂ©raux AndrĂ© Zeller, Maurice Challe, Edmond Jouhaud et Paul Gardy : Antoine Argoud, Yves Godard, Charles Lacheroy[86], mais aussi Jean Gardes et Joseph Broizat dont plusieurs rappelĂ©s en mĂ©tropole puis repartis clandestinement en AlgĂ©rie.
L'instruction n'est toujours pas terminée à la fin de la guerre (. Le , un décret déclare amnistiés « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigés contre l'insurrection algérienne ». En conséquence, un non-lieu est prononcé en , pour insuffisance de charges. De plus, le décret du [88] amnistie « les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne ». Les avocats font appel puis saisissent la Cour de cassation[89] - [90].
Un second décret, le , qui « semble rédigé exprÚs pour cette affaire », selon les historiens, élargit l'amnistie aux infractions « commises dans le cadre d'opérations de police administrative ou judiciaire », comme le précise son article 3. Il en résulte que, six mois plus tard, la Cour de cassation (qui avait attendu plus de quatre ans pour statuer) déclare éteinte l'action de Josette Audin. Elle déclare n'y avoir lieu à statuer sur le pourvoi, les faits allégués par la partie civile étant amnistiés par une loi[91] du de cette année[89].
Dans le procĂšs en diffamation, oĂč l'un des dĂ©fenseurs du comitĂ© Audin est Robert Badinter, aprĂšs dix ans de procĂ©dure, et en novembre 1967 un premier arrĂȘt de la cour d'appel d'Amiens, le journal La Voix du Nord et son journaliste furent condamnĂ©s le pour diffamation[92].
La reconnaissance du crime par le ministre Robert Badinter en 1983
Par un arrĂȘtĂ© de Robert Badinter en date du 21 novembre 1983, Josette Audin et ses trois enfants reçurent chacun une indemnitĂ© de 100 000 francs[92] que son avocat rĂ©clamait depuis 1968, une dĂ©cision prise pour tĂ©moigner de la reconnaissance du crime par lâĂtat. Peu de temps auparavant, le , elle avait Ă©tĂ© faite chevalier de la LĂ©gion d'Honneur[93].
2009 : la fille de Maurice Audin refuse la LĂ©gion d'honneur
En , Josette Audin Ă©crit Ă Nicolas Sarkozy, rĂ©cemment Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, pour lui demander que soit Ă©clairci le mystĂšre de la disparition de son mari et pour que la France assume sa responsabilitĂ© dans cette affaire. Le , sa fille, MichĂšle Audin, refuse la LĂ©gion d'honneur au motif que le prĂ©sident n'avait pas donnĂ© suite Ă la demande de sa mĂšre ni mĂȘme rĂ©pondu Ă sa lettre[94].
Les annonces de François Hollande fin 2012 et en 2014
Fin 2012, le président François Hollande veut « faire de ce cas une illustration des nouvelles relations entre la France et l'Algérie »[95] et souligne « l'importance de la vérité sur la colonisation, sur la guerre, sur les mémoires blessées », en annonçant que le ministre de la Défense va recevoir la veuve de Maurice Audin « afin de [lui] remettre en mains propres l'ensemble des archives sur la disparition de [son] mari ». François Hollande se rend ensuite devant la stÚle élevée à la mémoire de Maurice Audin à Alger[7].
Le , le Grand Soir 3 rappelle que les archives relatives Ă lâaffaire Maurice Audin ont Ă©tĂ© rĂ©cemment ouvertes par François Hollande et en , ce dernier, dans un message adressĂ© Ă l'occasion du prix de mathĂ©matiques Maurice-Audin, reprend la position de Robert Badinter en 1983, et reconnaĂźt officiellement au nom de l'Ătat français que Maurice Audin ne s'est pas Ă©vadĂ©, qu'il est mort en dĂ©tention, comme l'Ă©tablissent, explique-t-il, les nombreux tĂ©moignages et documents disponibles.
Les déclarations de 2017
DĂšs l'Ă©lection du prĂ©sident Emmanuel Macron, un groupe de personnalitĂ©s comprenant des historiens, des artistes, des journalistes demandent au chef de l'Ătat de mettre Ă disposition les documents mentionnĂ©s dans le message de François Hollande de [96].
Le , le mathĂ©maticien et dĂ©putĂ© CĂ©dric Villani indique quâaprĂšs avoir parlĂ© de lâaffaire Audin avec le prĂ©sident Emmanuel Macron, il peut dĂ©clarer que : « Maurice Audin a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par lâArmĂ©e française »[97], tout en affirmant qu'il n'y avait aucune trace de cette exĂ©cution dans les archives[98].
Le , les deux députés, Cédric Villani et Sébastien Jumel, appellent lors d'une conférence de presse commune, à une reconnaissance officielle de l'assassinat de Maurice Audin par l'armée française, en présence de Josette Audin et son fils Pierre[99].
Le , le prĂ©sident Emmanuel Macron reconnaĂźt, entre autres, la responsabilitĂ© de lâĂtat français dans la disparition de Maurice Audin, en prĂ©sence de sa famille, au domicile de Josette Audin Ă Bagnolet[100].
Josette Audin meurt le [101].
Le [102], un cénotaphe est inauguré au cimetiÚre du PÚre-Lachaise (76e division).
Le , un arrĂȘtĂ© du Premier ministre annonce l'ouverture des archives publiques françaises relatives Ă la disparition de Maurice Audin[103] - [104].
Hommages
- L'« Association Maurice Audin » organise le prix de mathématiques Maurice-Audin décerné chaque année à deux lauréats, un mathématicien exerçant en Algérie, un mathématicien exerçant en France. Le prix a été remis entre 1958 et 1963, puis de nouveau dans les années 2000[17]. Les présidents en exercice des deux principales sociétés savantes de mathématiques, la Société mathématique de France (SMF) et la Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI) sont membres du jury ; les deux autres membres sont des mathématiciens algériens.
- En 1960, le peintre algérien Mohammed Khadda a intitulé l'une de ses toiles Hommage à Maurice Audin. Elle est conservée depuis 1991 au musée national des Beaux-Arts d'Alger.
- à Alger, une place du centre-ville, à proximité de l'université, porte son nom. Sur cette place Maurice-Audin se trouve, notamment, le siÚge d'Air Algérie. Par extension, tout le quartier allant de la Grande Poste à l'avenue Mourad-Didouche est désormais appelé « Audin » par les jeunes Algérois.
- Le poÚte algérien Messaour Boulanouar a dédié à sa mémoire l'un de ses longs poÚmes.
- Ernest Pignon-Ernest a réalisé, en 2003, une « intervention urbaine » à Alger, intitulé « Parcours Maurice Audin »[21] - [105].
- Une place Maurice-Audin est inaugurĂ©e le Ă Paris par le maire de la capitale, Bertrand DelanoĂ«, dans le 5e arrondissement, au croisement de la rue des Ăcoles et de la rue Saint-Victor[106].
- Ă Vaulx-en-Velin (France), la rue « Maurice-Audin » accueille l'Ăcole nationale des travaux publics de l'Ătat (ENTPE) et l'Ăcole nationale supĂ©rieure d'architecture de Lyon (ENSA Lyon).
- Une rue du « Professeur-Maurice-Audin » lui rend hommage à Rennes.
- La 38e promotion de l'Ăcole nationale d'administration d'Alger, sortant en , porte le nom de Maurice Audin.
- L'Ăcole nationale polytechnique d'Oran (ENPO), crĂ©Ă©e en 2012, est baptisĂ©e du nom de Maurice Audin en vertu de l'instruction no 1086 du du directeur du cabinet de la prĂ©sidence de la RĂ©publique algĂ©rienne.
- Un gymnase nommé Maurice-Audin lui rend hommage à Saint-Vallier (SaÎne-et-Loire).
- Un quai Josette-et-Maurice-Audin situé sur les berges du Canal à Aubervilliers prÚs du centre commercial Le Millénaire et réalisé par la SEM Plaine Commune Développement pour l'EPT Plaine Commune a été inauguré le par la maire d'Aubervilliers Mériem Derkaoui[107].
- Un collÚge « Josette et Maurice Audin » à Vitry-sur-Seine rend hommage au couple[108].
- à la fin de l'année 2020, une trentaine de rues et lieux publics porte le nom de « Maurice Audin ».
- Ă Bagnolet, le parc du ChĂąteau de l'Ătang est rebaptisĂ© Parc Josette-et-Maurice Audin.
Notes et références
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- « Vidéo. Les aveux posthumes du général Aussaresses : « On a tué Audin » », sur francetvinfo.fr, France 3, (consulté le ).
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- « Qu'est devenu Maurice Audin ? », Le Monde du 16 août 1957
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- Avec Laurent Schwartz, il participe, une dizaine d'années plus tard, à la création du comité Vietnam national.
- MĂ©moires 2, p. 68.
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- Jean-Louis Gérard, Dictionnaire historique et biographique de la guerre d'Algérie,
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- Colin Samson, The Colonialism of Human Rights: Ongoing Hypocrisies of Western Liberalism, 2020
- demecutions-sommaires_1671136_3212.html « Je me suis résolu à la torture. », Le Monde, 23 novembre 2000.
- Vidal Naquet écrira : « Le commissaire Gille, ancien déporté, avait, comme Jean Builles, commissaire principal, comme Jacques Pernet, mais par une source apparemment différente, entendu parler de la mort d'Audin et du simulacre de son évasion. »
- « Sur dix quotidiens du matin et du soir, disposant dâun tirage global de quatre millions exemplaires, les quatre plus grands, Le Parisien libĂ©rĂ©, Le Figaro, LâAurore et France-Soir, qui tirent, Ă eux seuls Ă 3,14 millions consacrent en deux jours, 83 lignes â dont 21 Ă la thĂšse de « lâaccusation » et 62 Ă la « rĂ©ponse » gouvernementale
- Merry et Serge Bromberger, Georgette Elgey et Jean-François Chauvel, « Barricades et colonels », aux éditions Fayard, janvier 1960
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- Histoire de l'Oas, par Georges Fleury
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- Florence Beaugé, « Le secret du général Aussaresses », dans Le Monde du 19 mai 2001
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- En 2014 au journaliste Jean-Charles Deniau
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- Article de Nathalie FunĂšs, journaliste au Nouvel Observateur, le
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- Selon lâhistorien Alain Ruscio
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- Jean-Paul Gautier, Les extrĂȘmes droites en France, en 2017 aux Ăditions Syllepse
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- Cour de cassation, chambre criminelle « Audience publique du jeudi 22 décembre 1966 », pourvoi no 66-93052.
- Le pourvoi était en partie motivé ainsi :
« Alors que d'une part, les opĂ©rations de police judiciaire ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des opĂ©rations de maintien de l'ordre ou accomplies dans le cadre d'opĂ©rations de cette nature, lesquelles ne peuvent s'entendre que des opĂ©rations de police administrative, que l'opĂ©ration destinĂ©e Ă enquĂȘter sur une infraction dĂ©terminĂ©e et Ă apprĂ©hender son auteur constitue une opĂ©ration de police judiciaire, que tel est le cas de l'opĂ©ration au cours de laquelle y⊠a disparu, et que, en s'abstenant de rechercher si les actes incriminĂ©s avaient Ă©tĂ© accomplis au cours d'une opĂ©ration de police judiciaire, ainsi que la demanderesse l'y invitait dans ses conclusions, l'arrĂȘt attaquĂ©, n'a pas lĂ©galement justifiĂ© sa dĂ©cision, et alors que d'autre part, le fait d'avoir torturĂ© jusqu'Ă ce que mort s'ensuive un suspect au cours de l'enquĂȘte officieuse ne saurait en aucun cas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une infraction commise dans le cadre d'une opĂ©ration de maintien de l'ordre, un tel acte ne pouvant ni ne devant avoir aucun rapport avec le maintien de l'ordre [âŠ] »
. - « Loi no 66-396 du 17 juin 1966 portant amnistie d'infractions contre la sĂ»retĂ© de l'Ătat ou commises en relation avec les Ă©vĂ©nements d'AlgĂ©rie â Article 3 » : « Sont amnistiĂ©es de plein droit les infractions commises entre le et le dans le cadre d'opĂ©rations de police administrative ou judiciaire, du rĂ©tablissement de l'ordre ou de la lutte contre les entreprises tendant Ă empĂȘcher l'exercice de l'autoritĂ© de l'Ătat ou Ă substituer Ă cette autoritĂ© une autoritĂ© illĂ©gale. », sur le site legifrance.gouv.fr, consultĂ© le 24 avril 2010.
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- Par M. Fr Le Ă 20h55, « Vitry : le futur collĂšge sâappellera « Josette et Maurice Audin » », sur leparisien.fr, (consultĂ© le )
Voir aussi
TĂ©moignages
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- Paul Aussaresses, Jean-Charles Deniau et Madeleine Sultan, GĂ©nĂ©ral Aussaresses â « Je n'ai pas tout dit », Monaco/Paris, Ăditions du Rocher, , 297 p. (ISBN 978-2-268-06514-4)
- Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siÚcle, Paris, éditions Odile Jacob, , 528 p. (ISBN 2-7381-0462-2, lire en ligne).
- Jean-Charles Deniau, La VĂ©ritĂ© sur la mort de Maurice Audin, Ăditions des Ăquateurs, coll. « Documents », , 267 p. (ISBN 978-2-84990-263-9 et 2-84990-263-2).
Ouvrages historiques
- Jean Monneret, Histoire cachĂ©e du Parti communiste algĂ©rien : de l'Ătoile nord-africaine Ă la bataille d'Alger, Via Romana, 2016 (ISBN 978-2-37271-050-3).
- Pierre Vidal-Naquet, L'Affaire Audin, Paris, Ăditions de Minuit, 1958 ; rĂ©Ă©d. L'Affaire Audin, 1957-1978, Paris, Ăditions de Minuit, , 189 p. (ISBN 2-7073-1317-3).
- Pierre Vidal-Naquet, L'affaire Audin par les tracts, Revue de la BibliothĂšque nationale de France, no 10, 2002 ; p. 35-41.
Sur le Comité Audin
- François-RenĂ© Julliard, « Le ComitĂ© Maurice-Audin : s'engager contre la torture », Le Mouvement social, Ăditions de l'Atelier, vol. 2, no 267,â , p. 63-79 (ISSN 0027-2671 et 1961-8646, OCLC 473075003, DOI 10.3917/LMS.267.0063).
Audiovisuel
- « La vérité sur la mort de Maurice Audin », le , dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.
- « Torture et exécutions sommaires au nom de la République française pendant la guerre d'Algérie », entretien avec Raphaëlle Branche, La Grande H., l'émission d'histoire du Média, .
Archives
- Inventaire du fonds d'archives du Comité Maurice Audin conservé à La contemporaine.
Liens externes
- Ressource relative Ă la recherche :
- Ressource relative Ă la vie publique :
- Site de l'Association Josette et Maurice Audin