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Les Éditions sociales

Les Éditions sociales (ou ES) sont une maison d'Ă©dition française. CrĂ©Ă©es Ă  la LibĂ©ration, les ES ont Ă©tĂ© pendant une quarantaine d'annĂ©es la principale maison d'Ă©dition du Parti communiste français (PCF). RefondĂ©es en 1997, elles sont dĂ©sormais indĂ©pendantes du PCF, mais continuent Ă  exploiter une partie du catalogue des « anciennes Â» Éditions sociales et Ă©ditent en particulier la GEME, une nouvelle traduction des Ĺ“uvres de Marx et d’Engels.

Les Éditions sociales
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Siège
Pays
Langue

Les Éditions sociales font vivre une ligne de publications autour de Marx et d’Engels, et de la pluralité des marxismes qui se sont développés à partir de leurs œuvres et de leur action. Le projet éditorial de (re)traduction des textes de Marx et d’Engels, la GEME (grande édition en français des œuvres de Karl Marx et Friedrich Engels) constitue la colonne vertébrale et la spécificité de la maison[1]. Les Éditions sociales possèdent le plus grand fonds des œuvres de Marx et d’Engels en français[2] et sont aujourd’hui reconnues comme une référence. En même temps, elles publient des ouvrages théoriques souhaitant éclairer les mouvements du monde contemporain.

Histoire

Avant 1945

Après le congrès de Tours, la SFIC devient propriĂ©taire de la Librairie de l'HumanitĂ©[3]. Cette Librairie, confiĂ©e pendant quelques annĂ©es Ă  Boris Souvarine, absorbe d'autres structures Ă©ditoriales dĂ©jĂ  tenues par les communistes, comme la Bibliothèque communiste et les Éditions ClartĂ©. Le catalogue, qui faisait la part belle Ă  la tradition socialiste française, est progressivement bolchĂ©visĂ© au cours des annĂ©es 1920. Au milieu de la dĂ©cennie, la Librairie de l'HumanitĂ© est remplacĂ©e par deux nouvelles structures : le Bureau d'Ă©dition, de diffusion et de publicitĂ© (1925), pilotĂ© par la direction nationale du PCF, et les Éditions sociales internationales (1927), plus Ă©troitement contrĂ´lĂ©es par l'Internationale.

Au milieu des années 1930, les maisons d'éditions du PCF suivent l'évolution du parti. Sous l'influence de personnalités comme Léon Moussinac ou René Hilsum, elles accompagnent pendant quelques années la dynamique d'ouverture du Front populaire. Le cercle des collaborateurs des éditions est élargi. Le catalogue fait plus de place aux auteurs français et aux enjeux nationaux.

À la fin de la décennie, cette politique d'ouverture est en partie mise en cause par la fin du Front populaire et la victoire de Franco en Espagne. Le Bureau d'édition et les Éditions sociales internationales, placées sous la responsabilité de Pierre Villon, s'attachent principalement à diffuser Fils du peuple, l'autobiographie de Maurice Thorez, et le Manuel d'histoire du PC(b)US. Elles commencent à publier, cependant, le livre I du Capital. Elles sont interdites dans la vague de répression qui touche les organisations communistes en septembre 1939 après la signature du pacte germano-soviétique.

Pendant la guerre, le PCF met en place un appareil d'Ă©dition clandestin, qui lui permet de produire plusieurs dizaines de livres et brochures de combat.

La maison d'Ă©dition du PCF

À la Libération, le PCF se dote d'un appareil éditorial rénové et agrandi. Les Éditions sociales internationales constituent le centre de ce dispositif, auquel d'autres maisons s'adjoignent, comme les Éditeurs français réunis (littérature), les éditions Cercle d'art (livres d'art), ou La Farandole (littérature pour enfants). Cet ensemble est complété par un organisme de diffusion, le CDLP (Centre de diffusion du livre et de la presse), et un réseau de plusieurs librairies en France, les Librairies de la Renaissance française.

Les Éditions sociales, placées sous la responsabilité de François Billoux, secondé par Jean Jérôme et Georges Cogniot, publient des brochures de propagande, les œuvres des dirigeants communistes soviétiques (Lénine, Staline) ou français, avec Fils du peuple, l'autobiographie du leader du PCF Maurice Thorez, en plein culte de la personnalité, ainsi que les œuvres de Marx et Engels[3]. En 1949, le PCF lance la « bataille du livre » pour stimuler la lecture en milieu ouvrier.

Elles lancent Ă©galement la collection « Les Classiques du Peuple Â»[4], qui propose, en format de poche, les grands textes de la Renaissance, des Lumières ou de la tradition rĂ©volutionnaire, prĂ©sentĂ©s par des universitaires, notamment Roland DesnĂ©, Georges Lefebvre, Claude MossĂ©, Jean Poperen, Madeleine RebĂ©rioux, Albert Soboul, Jean Varloot, Michel Vovelle, Claude Willard…, Ă  qui il est demandĂ© aussi de participer au catalogue des Éditions par la publication de leurs travaux ou dans le cadre des nĂ©cessitĂ©s politiques dĂ©finies par la direction du PCF.

Pendant les années 1960, Guy Besse poursuit ces différents projets.

En 1970, le philosophe Lucien Sève est nommĂ© Ă  la tĂŞte des Éditions sociales. Il s'efforce de faire de « l'officine du parti Â» une « vraie maison d'Ă©dition Â»[5]. Si les ES affichent nettement leur identitĂ© communiste, et continuent Ă  Ă©diter des textes Ă©manant de la direction du PCF, elles bĂ©nĂ©ficient d'une relative autonomie dans la conduite de leur politique Ă©ditoriale. Cela leur permet de publier Ă©galement certains travaux universitaires de Claude Willard, Michel Vovelle, Anne Ubersfeld, Pierre BarbĂ©ris…), ainsi que des ouvrages de communistes hĂ©tĂ©rodoxes (Louis Althusser, Henri Lefebvre, Michel Clouscard…).

Lucien Sève lance un programme d'Ă©dition des Ĺ“uvres de Marx et Engels. Ce projet, qui s'appuie notamment sur les progrès de la marxologie allemande, est confiĂ© Ă  des germanistes, Emile Bottigelli et Gilbert Badia, qui animait dĂ©jĂ  les traductions depuis les annĂ©es 1950, Jean Mortier ou Jean-Pierre Lefebvre ; avec, en particulier, l’édition de la correspondance de Marx dont les douze premiers volumes paraissent avant 1989, les manuscrits prĂ©paratoires au Capital et, enfin, la traduction de la quatrième Ă©dition allemande du Capital[6]. Les ES rĂ©organisent leur système de collection (« Notre temps Â», « Problèmes Â», « Terrains Â»â€¦) et se dotent d'une nouvelle collection de poche, « Essentiel Â», qui publie notamment des anthologies de Rosa Luxemburg, LĂ©on Trotski, Antonio Gramsci, ainsi qu'une anthologie critique de Staline.

Dans les annĂ©es 1970, le dynamisme Ă©ditorial des ES est stimulĂ© par le succès de certains titres. Pour certains ouvrages, les ventes atteignent 30 000, 40 000, 60 000, et parfois mĂŞme 100 000 exemplaires. Cependant, les ES sont profondĂ©ment affectĂ©es par une crise financière partie du CDLP (Centre de diffusion du livre et de la presse). Cette crise conduit Ă  une rĂ©organisation profonde du dispositif Ă©ditorial communiste laissant de moins en moins d’initiatives aux Ă©diteurs. En 1986, les ES deviennent un simple dĂ©partement du groupe Messidor La Farandole, soumis Ă  de fortes contraintes de gestion.

En 1982, l'historien Claude Mazauric prend la succession de Lucien Sève qui n’accepte pas le projet de rĂ©organisation du dispositif. Au cours des quatre annĂ©es (1982-1986) qu'il passe Ă  la tĂŞte des Ă©ditions, il poursuit les chantiers ouverts par son prĂ©dĂ©cesseur et profite de l'approche du Bicentenaire pour mettre sur pied une « Bibliothèque de la RĂ©volution française Â» qui comptera près de 25 volumes. Il rĂ©ussit Ă©galement Ă  imposer la publication d'une sĂ©rie de beaux livres, « Images et rĂ©cits de la RĂ©volution française Â», confiĂ©e Ă  Michel Vovelle. Il sera le dernier dirigeant des Éditions sociales dĂ©tenteur d’une responsabilitĂ© politique.

Les nouvelles Éditions sociales

En 1991, Messidor La Farandole fait faillite. RachetĂ© par un promoteur immobilier, l’ensemble, rebaptisĂ© ScandĂ©ditions, fait lui-mĂŞme faillite deux ans plus tard. Une Ă©quipe de salariĂ©s et d'auteurs des ES finit par rĂ©cupĂ©rer les marques et le fonds en 1997.

Cette équipe crée les Éditions La Dispute, puis s'efforce de relancer les Éditions sociales, autour d'un nouveau projet d'édition scientifique des œuvres de Marx et Engels (la Grande Édition de Marx et d'Engels)[7], fondé sur l'édition de référence (MEGA) élaborée par l'Internationale Marx-Engels Stiftung (IMES) et la Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaft (BBAW).

Les Éditions sociales se proposent donc de publier les recherches et les pédagogies pour enrichir la pensée rationnelle critique, la partager, la faire vivre sous tous ses aspects, sans anathème, auprès des nouvelles générations d’intellectuels et de militants.

La nouvelle équipe éditoriale souhaite particulièrement ouvrir la possibilité de publier leurs travaux à de jeunes auteurs, à cette nouvelle génération de chercheurs qui animent le regain d’intérêt pour les théories critiques, et veiller à la réédition de classiques délaissés lors des dernières décennies.

Collections

Les principales collections des Éditions sociales sont[8] :

  • La « GEME Â» :
    • Friedrich Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique, 2021
    • Friedrich Engels, Karl Marx, Annales franco-allemandes, 2020
    • Karl Marx, Contribution Ă  la critique de la philosophie du droit de Hegel, 2018
    • Friedrich Engels, Écrits de jeunesse, tome 2[9], 2018
    • Friedrich Engels, Écrits de jeunesse, tome 1[9], 2015
    • Karl Marx, Critique du programme de Gotha, 2008
    • Karl Marx, Le chapitre VI inĂ©dit du Capital, 2010
    • Karl Marx, Friedrich Engels, Joseph Weydemeyer, L'IdĂ©ologie allemande, 1er et 2e chapitres, 2014
    • Karl Marx, Contribution Ă  la critique de l'Ă©conomie politique. Introduction de 1857, 2014
  • Histoire :
    • « Les ÉclairĂ©es »
    • « Les Essentielles Â»
    • « Les PropĂ©deutiques Â»
    • « Les IrrĂ©gulières Â»

Notes et références

  1. « Présentation de la GEME », sur Grande édition Marx et Engels - GEME (consulté le ).
  2. « Sur l'édition de Marx aujourd'hui », sur ensemble-fdg.org, (consulté le ).
  3. Marie-Cécile Bouju, Lire en communiste. Les maisons d'édition du Parti communiste français (1920-1968), Rennes, Presses universitaires de Rennes, .
  4. Stéphanie Roza, in Jean-Numa Ducange, etc., Le Parti communiste français et le livre. Écrire et diffuser le politique en France au XXe siècle (1920-1992), Dijon, Presses universitaires de Dijon, .
  5. « Éditer Marx, entretien avec Lucien Sève et Gilbert Badia », Le Magazine littéraire,‎ .
  6. Michael Heinrich, Alexnadre Feron, Guillaume Fondu et Alix Bouffard, Ce qu'est "Le Capital" de Marx, Paris, Les Éditions sociales, , 152 p. (ISBN 978-2-35367-034-5, OCLC 993880067).
  7. « Le défi d'une grande édition de Marx et d'Engels en français », L'Humanité,‎ mercredu 16 avril 2008 (lire en ligne).
  8. « Vous êtes dans le vestibule des éditions sociales, bonjour », sur editionssociales.fr (consulté le ).
  9. Présentation sur le site des Éditions sociales.

Voir aussi

Bibliographie

  • Marie-CĂ©cile Bouju, « Les maisons d'Ă©dition du PCF, 1920-1956 », Nouvelles FondationS, Paris, Fondation Gabriel PĂ©ri, nos 7-8 « Gauche : quel avenir ? »,‎ , p. 260-265 (lire en ligne).
  • Le Parti communiste français et le livre. Écrire et diffuser le politique en France au XXe siècle (1920-1992), sous la direction de Jean-Numa Ducange, Julien Hage, Jean-Yves Mollier, Éditions universitaires de Dijon, 2014 (ISBN 978-2-36441-083-1)

Articles connexes

Lien externe

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