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Michel Vovelle

Michel Vovelle, né le à Gallardon et mort le à Aix-en-Provence[1] - [2], est un historien français, engagé politiquement au Parti communiste français.

Michel Vovelle
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  85 ans)
Aix-en-Provence
Nom de naissance
Michel Luc Vovelle
Nationalité
Formation
Activités
Père
Gaëtan Vovelle (d)
Fratrie
Jean Vovelle (d)
Conjoints
Gabrielle Vovelle (d) (jusqu'en )
Monique Rebotier (d) (jusqu'en )
Ĺ’uvres principales

Notamment spécialiste de la Révolution française, il succède à Albert Soboul à la tête de l'Institut d'histoire de la Révolution française, de 1981 à 1993.

Biographie

Origines et formation

Michel Vovelle est le fils de Gaëtan Vovelle, instituteur, partie prenante du groupe d'éducation nouvelle d'Eure-et-Loir[3].

Ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud (où il est reçu major en 1953), il obtient l'agrégation d'histoire en 1956[4], puis soutient un doctorat d'État à Lyon-II en 1971[5].

Carrière

Après avoir soutenu sa thèse sur la déchristianisation en Provence[6], il s'engage dans l'histoire de la Révolution dans ses aspects religieux.

D'abord professeur d'histoire moderne à l'université Aix-Marseille I, il devient ensuite professeur d'histoire de la Révolution française à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et, succédant à Albert Soboul, directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution française (titulaire de la chaire de 1981 à 1993).

Membre critique du Parti communiste, Michel Vovelle est choisi en 1982 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche, pour coordonner la commémoration scientifique du bicentenaire de la Révolution. En 1983, dans cette optique, Michel Vovelle devient président du conseil scientifique et technique du musée de la Révolution française[7].

De 1983 à 1993, il codirige la société des études robespierristes[8].

De l'Histoire des religions Ă  celle de la RĂ©volution

Les premières recherches de Michel Vovelle ne portèrent pas directement sur la Révolution française, mais sur l'anthropologie et l'histoire religieuse en France à l'époque moderne. Dans sa thèse sur la déchristianisation en Provence[6], il mêle une recherche archivistique sur les testaments et une approche de l'iconographie sacrée. Il entend ainsi réfléchir sur la vision du salut et de l'au-delà et sur le rapport à la mort et à la religion dans les populations provençales de l'époque moderne. Après cette « première carrière » d'historien de la mort, il s'engage dans l'histoire de la Révolution dans ses aspects religieux, s'attachant notamment au concept de déchristianisation, intégrant les acquis de l'histoire des mentalités.

Appartenant au courant marxiste, il réhabilite dans les années 1990 le rôle de l'acteur individuel, jusque-là écrasé par les contraintes économiques et sociales.

Selon Michel Vovelle, la Révolution n'est « pas terminée », il s'agit d'un événement « chaud » qu'il faut « aimer » pour le comprendre[6]. Au gré des changements de gouvernements, ses positions reçurent la vive opposition du courant des historiens critiques de la Révolution mené par François Furet ainsi que celle de la droite française, en particulier dans le cadre des commémorations du bicentenaire de la Révolution[9].

Dans ses travaux et ouvrages, Michel Vovelle entremêle histoire récente, vulgarisation et histoire de la Révolution, comme avec « Les Jacobins de Robespierre à Chevènement » publié en 1999 ou « La Révolution française expliquée à ma petite-fille » en 2006. Son dernier ouvrage, « La Bataille du bicentenaire de la Révolution française », peut être considéré comme un travail d'ego-histoire et est un retour réflexif sur le moment du bicentenaire.

Pour Pierre Serna (l'un de ses successeurs Ă  l'Institut d'Histoire de la RĂ©volution française, Ă©galement engagĂ© en faveur de Jean-Luc MĂ©lenchon), Michel Vovelle[10] incarne une forme d'histoire culturelle de la RĂ©volution qui intègre les acquis de l'histoire des mentalitĂ©s (il est d'ailleurs rattachĂ© Ă  l'« Ă©cole d'Aix Â»[11]), et s'affiche comme complĂ©mentaire de l'histoire sociale.

À en juger par les prises de position qu'elle aura suscitées, son œuvre aura culminé dans son histoire de la déchristianisation de l'an II. Elle a joué un rôle central dans les célébrations du bicentenaire de la Révolution en 1989 quand il présida la Commission nationale de recherche historique pour le bicentenaire de la Révolution française à la suite d'Ernest Labrousse.

Vie privée

Son épouse, Gabrielle Vovelle (née Cerino), maître-assistante en littérature comparée avec qui il rédige son premier ouvrage, meurt prématurément en 1969[12]. Il se remarie par la suite avec Monique Rebotier[12], géographe, morte en 2008[13] ; elle joua un rôle important dans l'animation et l'organisation de la vie du cercle intellectuel que Michel Vovelle réunissait dans le cadre des préparatifs du bicentenaire[6].

Engagement politique

« Communiste hétérodoxe »[12], membre de la « cellule Duclos » du Parti communiste français à partir de 1956, il soutient en 2012 Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle[14].

Publications

  • Deux notables provençaux sous la RĂ©volution française (en collaboration avec HervĂ© de Fontmichel), in Provence historique, Aix-en-Provence, 1967
  • Vision de la mort et de l'au-delĂ  en Provence du XVe au XIXe siècle d'après les autels des âmes du purgatoire, (en collaboration avec Gaby Vovelle), Paris, A. Colin, 1970.
  • Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 1 : La chute de la monarchie, 1787-1792, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 104), , 282 p. (ISBN 2-02-000652-9, prĂ©sentation en ligne).
    Édition revue et mise à jour : Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 1 : La chute de la monarchie, 1787-1792, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 101), , 312 p. (ISBN 2-02-037519-2).
  • PiĂ©tĂ© baroque et dĂ©christianisation en Provence au XVIIIe siècle. Les attitudes devant la mort d'après les clauses de testaments, Paris, Seuil, 1973.
  • Mourir autrefois, coll « Archives Â», Paris, Gallimard / Julliard, 1974 ; rĂ©Ă©d. collection Folio, 1990.
  • L'IrrĂ©sistible Ascension de Joseph Sec bourgeois d'Aix, Aix, Edisud, 1975.
  • La MĂ©tamorphose de la fĂŞte en Provence de 1750 Ă  1820, Paris, Flammarion, 1976.
  • Religion et RĂ©volution : la dĂ©christianisation de l'an II, Paris, Hachette, 1976.
  • La Mort et l'Occident de 1300 Ă  nos jours, Paris, Gallimard, 1983 ; rĂ©ed. 2001.
  • La Ville des morts, essai sur l'imaginaire collectif urbain d'après les cimetières provençaux, 1800-1980 (en collaboration avec RĂ©gis Bertrand), Marseille, Éditions du CNRS, 1983.
  • Images et rĂ©cits de la RĂ©volution française, Paris, Messidor, 1984-1989, 5 vol. Direction de l'ouvrage.
  • ThĂ©odore Desorgues ou la dĂ©sorganisation : Aix-Paris, 1763-1808, Paris, Seuil, 1985.
  • La MentalitĂ© rĂ©volutionnaire : sociĂ©tĂ© et mentalitĂ©s sous la RĂ©volution française, Paris, Éditions sociales, 1986 (ISBN 2-209-05668-3).
  • 1793, la RĂ©volution contre l'Église : de la raison Ă  l'ĂŞtre suprĂŞme, Paris, Complexe, 1988.
  • Les Aventures de la raison (entretiens avec Richard Figuier), Paris, Belfond, 1989.
  • De la cave au grenier, QuĂ©bec, Serge Fleury, 1980.
  • Histoires figurales : des monstres mĂ©diĂ©vaux Ă  Wonderwoman, Paris, Usher, 1989.
  • La RĂ©volution française, Paris, A. Colin, 1992-2002.
  • L'heure du grand passage : Chronique de la mort, collection « DĂ©couvertes Gallimard / Culture et sociĂ©tĂ© » (no 171), Paris, Gallimard, 1993.
  • La dĂ©couverte de la politique. GĂ©opolitique de la rĂ©volution française, Paris, La DĂ©couverte, 1993 (ISBN 2-7071-2106-1).
  • Les Ă‚mes du purgatoire ou le travail du deuil, Paris, Gallimard, coll. « Le temps des images », 1996 (ISBN 2-07-073816-7).
  • Le Siècle des lumières, Paris, PUF, 1997.
  • Les Jacobins de Robespierre Ă  Chevènement, Paris, La DĂ©couverte, 1999.
  • Les RĂ©publiques sĹ“urs sous les regards de la grande nation, Paris, L'Harmattan, 2001.
  • Combats pour la RĂ©volution française, Paris, La DĂ©couverte, 1993-2001.
  • Les Folies d'Aix ou la fin d'un monde, Pantin, Le temps des cerises, 2003.
  • La RĂ©volution française expliquĂ©e Ă  ma petite-fille, Paris, Seuil, 2006.
  • 1789 l'hĂ©ritage et la mĂ©moire, Toulouse, Privat, 2007 (ISBN 978-2-7089-6870-7).
  • La RĂ©volution au village. Une communautĂ© gardoise de 1750 Ă  1815 : Saint-Jean-de-MaruĂ©jols, Paris, Editions de Paris-Max Chaleil, 2013 (ISBN 978-2-84621-181-9).
  • La Bataille du bicentenaire de la RĂ©volution française, Paris, La DĂ©couverte, 2017 (ISBN 978-2-7071-9392-6).
  • MĂ©moires vives ou perdues. Essai sur l'histoire et le souvenir, Paris, Éditions de Paris-Max Chaleil, 2018.

Distinctions

Notes et références

Références

  1. « L'historien Michel Vovelle n'est plus. », sur La Marseillaise, (consulté le )
  2. « L’historien Michel Vovelle, spécialiste de la Révolution française, est mort », sur Le Monde, (consulté le ).
  3. Josette Ueberschlag, Le Groupe d'Éducation nouvelle d'Eure-et-Loir et l'essor du mouvement Freinet, Caen, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », , 273 p. (ISBN 978-2-84133-523-7), p. 239.
  4. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation (consulté le )
  5. « Piété baroque et déchristianisation : attitudes provençales devant la mort au… », sur sudoc.fr (consulté le ).
  6. « Michel Vovelle : une vie après le Bicentenaire », sur www.lhistoire.fr (consultĂ© le )
  7. « L'historien Michel Vovelle est mort », sur franceculture.fr, (consulté le )
  8. Michel Vovelle (1933 - 2018), Cairn
  9. Le Point, magazine, « Décès de l'historien Michel Vovelle, spécialiste de la Révolution française », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. L'HumanitĂ©, 8 octobre 2018, Pierre Serna : « l'Ĺ“uvre de Vovelle reste avec nous Â».
  11. de Baeque 2018.
  12. de Baecque 2018.
  13. « Carnet. », sur L'Humanité, (consulté le )
  14. « 1.000 intellectuels derrière Jean-Luc Mélenchon », sur humanite.fr, .

Annexes

Bibliographie

  • Antoine de Baecque, « Michel Vovelle : une vie après le Bicentenaire », L'Histoire, no 448,‎ (lire en ligne).
  • Anne Jollet, « Hommage Ă  Michel Vovelle », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, no 140,‎ (lire en ligne).
  • La rĂ©volution Michel Vovelle, Annales historiques de la RĂ©volution française, 2021/2 (n° 404) [lire en ligne] — NumĂ©ro de revue entièrement consacrĂ© Ă  Michel Vovelle et ses recherches sur la RĂ©volution française
  • (en) Peter McPhee, « Michel Vovelle (1933- ) », dans Philip Daileader et Philip Whalen (dir.), French Historians, 1900-2000 : New Historical Writing in Twentieth-Century France, Chichester / Malden (Massachusetts), Wiley-Blackwell, , XXX-610 p. (ISBN 978-1-4051-9867-7, prĂ©sentation en ligne), p. 599-610.
  • MĂ©langes Michel Vovelle : sociĂ©tĂ©s, mentalitĂ©s, cultures en France, XVe-XXe siècles : volume aixois, Aix-en-Provence, Publications de l'universitĂ© de Provence, , 442 p. (ISBN 2-85399-393-0).
  • MĂ©langes Michel Vovelle : sur la RĂ©volution, approches plurielles, Paris, SociĂ©tĂ© des Ă©tudes robespierristes, coll. « Bibliothèque d'histoire rĂ©volutionnaire » (no 2), , XXVI + 598 (ISBN 2-908327-39-2) — volume de l'Institut d'histoire de la RĂ©volution française.

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