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Georgette Elgey

Georgette Elgey, née Léon le à Paris et morte le dans la même ville, est une journaliste et historienne politique française, spécialiste de la Quatrième République à laquelle elle a consacré une histoire en six volumes, éditée de 1965 à 2012.

Biographie

Premières années et formation

Georgette Elgey est la fille naturelle de l'historien, membre de l'Institut et biographe de Talleyrand Georges Lacour-Gayet[2] - [3] - [4] - [5] alors veuf et âgé de 72 ans, et de Madeleine Léon, âgée de 27 ans, issue de la haute bourgeoisie juive[4]. Georges Lacour-Gayet n'assume pas cette naissance hors mariage et refuse de reconnaître sa fille, malgré la lutte judiciaire menée par la grand-mère maternelle de Georgette Elgey[6].

Le nom de plume qu'elle adopte en 1950, les initiales « LG » (devenues Elgey) rappellent les initiales du nom de son père[7] - [8] - . Elle compte parmi ses ancêtres maternels le médecin-général Michel Lévy.

De son enfance, Georgette Elgey dit qu'elle fut « extraordinairement heureuse », élevée dans un « cocon ». Elle est baptisée catholique à sa naissance[4]. Les mesures anti-juives qui accompagnent la mise en place du régime de Vichy en France bouleversent la vie de la famille. Le , sa mère est dénoncée comme juive et les deux femmes doivent fuir Paris et rester cachées le reste de l'Occupation[6]. Après un voyage périlleux, détenues elle et sa mère pendant quinze jours par les Allemands à la ligne de démarcation, elles parviennent enfin à rejoindre la zone libre[4]. Ces conditions de vie durant l'Occupation lui inspirent un de ses premiers ouvrages La Fenêtre ouverte, faisant référence à la fenêtre qu'elle gardait ouverte la nuit — pendant qu'elle vivait cachée avec sa mère dans une maison partiellement occupée par des Allemands — afin de pouvoir, le cas échéant, leur échapper[4].

Georgette Elgey obtient la mention « Très bien Â» Ă  la première partie du baccalaurĂ©at mais, ne poursuivant pas ses Ă©tudes au lycĂ©e, elle entreprend des Ă©tudes de secrĂ©tariat[6]. Philippe Viannay, qui vient de crĂ©er le Centre de formation des journalistes (CFJ), lui propose alors de « stĂ©notyper les cours en mĂŞme temps que de les suivre »[4].

Carrière journalistique et éditoriale

C'est notamment la rencontre avec Jacques Kayser, qui lui permet d'être mise en relation avec Lucie Faure, puis d'écrire ses premières piges dans la revue La Nef dès l'âge de 20 ans. Elle est par la suite, en 1955, engagée au magazine L'Express par Pierre Viansson-Ponté[4]. Elle devient, en 1961, rédactrice en chef du journal Le Nouveau Candide[4]. Elle rejoint plus tard la rédaction de Paris-Presse[4].

Georgette Elgey, comme elle le déclare au cours d'une interview au magazine L'Express[4], est « gaulliste[8] de cœur[4] » et a été mendésiste, car bien qu'étant « une admiratrice inconditionnelle de sa personnalité[4] », elle « ne partag[e] pas toutes [les] interprétations de [l']action[4] » de Pierre Mendès France.

Elle recueille très tôt auprès des personnalités concernées les témoignages oraux et les documents pour écrire une Histoire de la IVe République, qui est une de ses œuvres historiques majeures[6].

En 1974, elle est nommée directrice littéraire aux Éditions Fayard. Elle publie les principaux textes politiques de François Mitterrand entre 1977 et 1982. Elle fait publier également par cette maison d'édition des œuvres de Jean-Raymond Tournoux, Jacques Delarue, Alain Peyrefitte et notamment son best-seller Quand la Chine s’éveillera, Jean Fourastié, Jean Favier, mais aussi Jean Delumeau et ses ouvrages sur la peur à l’aspiration au paradis[6].

Elle exerce les fonctions de conseiller technique à la présidence de la République de 1982 à 1995[8].

Elle siège au Conseil économique et social (1999-2004). À ce titre, elle présente en janvier 2001 un rapport sur les archives orales.

Elle accepte en 2001 de devenir prĂ©sidente du comitĂ© d'honneur de l'association « Une citĂ© pour les Archives nationales Â», aux cĂ´tĂ©s de RenĂ© RĂ©mond, association d'archivistes, d'historiens et d'usagers des archives, prĂ©sidĂ©e par Annette Wieviorka, dont l'objet est d'obtenir de nouveaux moyens d'actions pour les Archives nationales. L'association obtient ainsi la mise en place du site des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, inaugurĂ© par le PrĂ©sident François Hollande le 11 fĂ©vrier 2013. Ă€ la mort de RenĂ© RĂ©mond, Georgette Elgey est nommĂ©e prĂ©sidente du Conseil supĂ©rieur des archives qu'elle prĂ©side de dĂ©cembre 2007[6] - [9] Ă  mars 2016[10].

Georgette Elgey meurt le , à l'âge de 90 ans[6] au 45, boulevard Saint-Germain dans le 5e arrondissement de Paris[11].

Publications

  • Histoire de Vichy : 1940-1944, avec Robert Aron, Paris, Ă©d. Fayard, coll. « Les grandes Ă©tudes contemporaines », 1954, 766 p.
  • Barricades et colonels, avec Merry Bromberger, Serge Bromberger et Jean-François Chauvel, Fayard, 1960.
  • La FenĂŞtre ouverte, Paris, Ă©d. Fayard, 1973.
  • Anonymes, Paris, Ă©d. Grasset, 1980.
  • La Ve RĂ©publique, ou la RĂ©publique des phratries, avec Jean-Marie Colombani, Paris, Ă©d. Fayard, 1999, 412 p.
  • Histoire de la IVe RĂ©publique[6](rĂ©Ă©d. complète chez Robert Laffont, Bouquins, 2018) :
    • Première partie : La RĂ©publique des illusions (1945-1951), Paris, Ă©d. Fayard, 1965 ; Ă©dition revue et augmentĂ©e, 1993[12].
    • Deuxième partie : La RĂ©publique des contradictions (1951-1954), Paris, Ă©d. Fayard, 1968 ; Ă©dition revue et augmentĂ©e, 1993[13] - [14].
    • Troisième partie : La RĂ©publique des tourmentes (1954-1959), tome I, MĂ©tamorphoses et mutations, Paris, Ă©d. Fayard, 1992.
    • Quatrième partie : La RĂ©publique des tourmentes (1954-1959), tome II, Malentendu et passion, Paris, Ă©d. Fayard, 1997[15] - [16].
    • Cinquième partie : La RĂ©publique des tourmentes (1954-1959), tome III, La fin, Paris, Ă©d. Fayard, 2008[17], prix des Ambassadeurs 2009[18].
    • Sixième partie : La RĂ©publique des tourmentes (1954-1959), tome IV, De Gaulle Ă  Matignon, Paris, Ă©d. Fayard, 2012.
  • Toutes fenĂŞtres ouvertes, Paris, Ă©d. Fayard, 2017, 416 p.

DĂ©corations

Filmographie

  • 1929-1940 : la mort de la IIIe RĂ©publique, documentaire français de Daniel Lander, produit par Georgette Elgey et Jacques Anjubault (1970), 1 h 30[22] - [23].
  • Georgette Elgey – Une vie pleine d'Histoire, documentaire français de Pascal Thomas et Thomas Briat (2011), 53 minutes, diffusĂ© le sur Arte [prĂ©sentation en ligne][24].
  • De Gaulle Ă  Matignon - Sept mois qui ont changĂ© la France, documentaire français de Georgette Elgey et Antoine-LĂ©onard Maestrati (2013), 52 minutes, diffusĂ© le sur France 5.

Archives

Hommages publics

Notes et références

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-217uk6eyb--86i8ldx1s0fd »
  2. Philippe-Jean Catinchi, « Georgette Elgey : Au nom du père », sur www.lhistoire.fr (consulté le )
  3. Raphaëlle Branche, « Portrait de Georgette Elgey », sur raphaellebranche.fr (consulté le ) [PDF].
  4. Marc Riglet, « Georgette Elgey : Je redoutais de raconter le retour au pouvoir du général de Gaulle », L'Express,‎ (lire en ligne).
  5. Raphaëlle Branche, « Georgette Elgey, l'oreille de la IVe République », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  6. Philippe-Jean Catinchi, « L’historienne Georgette Elgey est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. Astrid de Larminat, « Historienne au destin hors du commun, Georgette Elgey est morte à 90 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  8. Séverine Nikel, « Fenêtres ouvertes sur Georgette Elgey », L'Histoire, no 264, avril 2002.
  9. La nouvelle composition de cet organisme a été fixée par arrêté de la ministre de la Culture et de la Communication en date du 24 avril 2009.
  10. Arrêté du portant nomination au Conseil supérieur des archives.
  11. Vœu relatif à l’apposition d’une plaque commémorative en l’honneur de Georgette Elgey
  12. [compte rendu] Colette Ysmal, « Georgette Elgey - La République des illusions. 1945- 1951, ou La vie secrète de la IVe République », Revue française de science politique, vol. 16, no 6,‎ , p. 1201-1203 (lire en ligne, consulté le ).
  13. [compte rendu] Pierre Genevey, « Georgette Elgey. Histoire de la IVe République, t. II : La république des contradictions », Politique étrangère, vol. 33, no 6,‎ , p. 641-642 (lire en ligne, consulté le ).
  14. [compte rendu] Alfred Grosser, « Georgette Elgey - La République des contradictions, 1951-1954, (Histoire de la Quatrième République. 2). », Revue française de science politique, vol. 19, no 6,‎ , p. 1271-1273 (lire en ligne, consulté le ).
  15. [compte rendu] François Bédarida, « Livre – Un ouvrage tonique et déprimant de Georgette Elgey – Retour à la IVe – Georgette Elgey, Histoire de la IVe République : la République des tourmentes (1954-1959), tome II : Malentendu et passion », Libération,‎ (lire en ligne).
  16. [compte rendu] Éric Duhamel, « Elgey Georgette (avec la collaboration de Marie-Caroline Boussard), Histoire de la IVe République. La République des tourmentes (1954-1959), tome 2, Malentendu et passion », Vingtième Siècle, revue d'histoire, no 59,‎ , p. 209-210 (lire en ligne, consulté le ).
  17. [compte rendu] Éric Roussel, « Plaidoyer pour un régime mal-aimé », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  18. « Prix des Ambassadeurs », sur sciences-po.fr (consulté le ) [PDF].
  19. « Distinction », sur historia.fr, Historia, (consulté le ).
  20. « Remise des insignes de commandeur de la Légion d'honneur à Georgette Elgey », sur culture.gouv.fr, ministère de la Culture, (consulté le ).
  21. Élevée grand'croix par décret du 2 mai 2017 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier, elle avait été élevée à la dignité de grand officier par décret 14 novembre 2012 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  22. 1929-1940 : la mort de la IIIe République, youtube.com, consulté le 28 avril 2015.
  23. « Extrait vidéo » [vidéo], sur ina.fr
  24. Véronique Dumas, « Georgette Elgey : une vie hors norme », sur historia.fr, Historia (consulté le ).
  25. « Délibération du Conseil de Paris »

Liens externes

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