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Mona Ozouf

Mona Ozouf, née Mona Annig Sohier le à Lannilis[1] (Finistère), est une historienne et philosophe française. Elle est directrice de recherche émérite à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et spécialiste de l'éducation et de la Révolution française.

Mona Ozouf
Portrait de Mona Ozouf
Mona Ozouf en 2014.
Biographie
Naissance
Plourivo
Nationalité Française
Père Yann Sohier
Conjoint Jacques Ozouf (depuis )
Thématique
Formation École normale supérieure de jeunes filles
Titres Directrice de recherche au CNRS
Profession Historienne et philosophe
Employeur Centre national de la recherche scientifique
Travaux
  • La FĂŞte rĂ©volutionnaire 1789–1799 (1976)
  • La RĂ©publique des instituteurs en collaboration avec Jacques Ozouf (1989)
  • L'Homme rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© : essai sur la RĂ©volution française (1989)
  • La Gironde et les Girondins (1991)
Approche histoire culturelle, histoire de la Révolution française
Distinctions Commandeur des Arts et des Lettres‎ (d) (), prix de la langue française (), grand officier de la Légion d'honneur‎ (d) (), grand prix Gobert (), prix mondial Cino-Del-Duca (), prix Breizh (), prix de la BnF (), prix Montaigne de Bordeaux (), prix A.H. Heineken pour l'histoire (d) (), grand officier de l'ordre national du Mérite (d) (), ordre de l'Hermine () et premier prix de composition française au concours général (d) ()

Biographie

Famille et Ă©tudes

Elle est la fille de Yann Sohier et de Anne Le Den, deux instituteurs bretonnants et militants de la cause bretonne, qui l'élèvent en langue bretonne. Son père décède d'une broncho-pneumonie alors qu'elle n'est âgée que de quatre ans[2].

Cette disparition précoce laisse sa mère, Anne, dans un profond chagrin. Mona Sohier vit dès lors une enfance, dit-elle, « claustrale » et « recluse ». La jeune fille se réfugie alors dans les études. Elle effectue d'abord sa scolarité primaire à Plouha, puis entre en secondaire au collège Ernest-Renan à Saint-Brieuc[2], une époque où elle côtoie l'écrivain Louis Guilloux et son épouse Renée Guilloux qui fut sa professeure de lettres, et à qui elle rend régulièrement hommage. L'un et l'autre auront une forte influence intellectuelle sur elle. Elle obtient, durant sa scolarité à Ernest-Renan, le premier prix de français au concours général de 1947 et raconte durant l'inauguration de l'amphithéâtre qui porte son nom au campus Mazier à Saint-Brieuc[3] comment le deuxième conflit mondial les a obligées, elle et ses camarades de classe, à migrer dans le salon de sa professeur afin de poursuivre les cours du fait de la réquisition par l'occupant des locaux briochins de son école.

Toujours de nature studieuse, elle continue sa formation en classe d'hypokhâgne à Rennes au lycée Chateaubriand et effectue une khâgne à Versailles, où sa mère et sa grand-mère la suivent. Elle ne tient que quelques jours dans cette classe de khâgne où elle pense ses camarades plus fortes qu'elle, ce qui l’amène à s'inscrire en licence de philosophie à la Sorbonne. Mona Sohier retourne finalement l'année suivante en khâgne[4], et elle est admise à l'École normale supérieure de jeunes filles (promotion 1952)[5] : elle en sort agrégée de philosophie[6] - [2], reçue 6e, en 1955[7]. La même année, Mona Sohier rencontre l'historien Jacques Ozouf, avec qui elle aura deux enfants[8].

Carrière universitaire

De la philosophie, elle passe finalement à l'histoire[2]. Pendant sa carrière universitaire, elle fait la connaissance des historiens Denis Richet, Emmanuel Le Roy Ladurie et François Furet. De nombreux ouvrages sont nés de la collaboration avec ce dernier. Membre du Centre de recherches politiques Raymond-Aron à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle est, jusqu'à sa retraite en 1997, directrice de recherche au CNRS. Elle est chroniqueuse au Nouvel Observateur[2] et participe à la revue Le Débat. Ses travaux portent pour l'essentiel sur les questions relatives à l'école publique et à la Révolution française. Elle s'intéresse particulièrement aux rapports qu'entretiennent pédagogie, idéologie et politique.

Engagements

Comme beaucoup d'étudiants de son époque, elle milite au Parti communiste français, qu'elle quitte après l'insurrection de Budapest de 1956[6].

En 2003, elle est l'une des signataires de la pétition « Avec Washington et Londres, pour le soutien du peuple irakien »[9] qui soutient la coalition anglo-américaine dans son intervention contre Saddam Hussein.

En 2005, elle promeut la pétition Liberté pour l'histoire et participe au conseil d'administration de l'association éponyme.

Langue bretonne

Dans le premier chapitre de son ouvrage Composition française, elle critique ouvertement le livre de Françoise Morvan, Le Monde comme si, qu'elle décrit comme « un injuste et talentueux pamphlet » qui s'en prend aux choix politiques de son père, Yann Sohier, ainsi qu'au mouvement breton et à la langue bretonne. Elle dénonce également le jacobinisme qui réprime la diversité culturelle et prône un universalisme abstrait.

FĂ©minisme

Mona Ozouf considère que la généralisation de la contraception est la plus grande révolution moderne, et « la raison pour laquelle [elle] ne dira jamais que "c'était mieux avant" »[10].

Dans son ouvrage Les Mots des femmes : essai sur la singularité française, Mona Ozouf critique le féminisme égalitaire dit « à l’américaine », en opposant un commerce heureux entre les sexes à la judiciarisation excessive de leurs rapports telle qu’elle existe aux États-Unis. Selon elle, ce féminisme serait un apport étranger, en décalage avec la singularité des mœurs françaises issues du modèle aristocratique de la galanterie française.

Publications

  • L'École, l'Église et la RĂ©publique 1871–1914, Paris, Armand Colin, 1962 (ISBN 2-02-014730-0) ; rĂ©Ă©dition Points Histoire, 2007
  • La FĂŞte rĂ©volutionnaire 1789–1799, Paris, Gallimard, 1976 (ISBN 2-08-081264-5)
  • L'École de la France : essai sur la RĂ©volution, l'utopie et l'enseignement (École laĂŻque), Paris, Gallimard, , br., ill., 424, 23 cm (ISBN 2070702022 et 9782070702022, OCLC 299396435, BNF 34770422, SUDOC 000826057, prĂ©sentation en ligne)
  • Dictionnaire critique de la RĂ©volution française, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1988 (ISBN 2-08-211537-2)
  • Dictionnaire critique de la RĂ©volution française Institutions et crĂ©ations, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1993 (ISBN 2-08-081265-3)
  • Dictionnaire critique de la RĂ©volution française ÉvĂ©nements, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1993 (ISBN 2-08-081266-1)
  • Dictionnaire critique de la RĂ©volution française Acteurs, en coll. avec François Furet, Paris, Flammarion, 1993 (ISBN 2-08-081264-5)
  • L'Homme rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© : essai sur la RĂ©volution française, Paris, Gallimard, 1989 (ISBN 2-07-071742-9)
  • Mona Ozouf et Jacques Ozouf, La RĂ©publique des instituteurs, Paris, Gallimard, 1989 (ISBN 2-02-047962-1)
  • La Gironde et les Girondins, Paris, Payot, 1991, (ISBN 2-228-88400-6)
  • Le Siècle de l'avènement rĂ©publicain, en coll. avec François Furet, Paris, Gallimard, 1993
  • Les Mots des femmes : essai sur la singularitĂ© française, Paris, Fayard, 1995, (ISBN 2-213-59394-9)
  • Das Pantheon, Wagenbach, 1996
  • La Muse dĂ©mocratique, Henry James ou les pouvoirs du roman, Paris, Calmann-LĂ©vy, 1998 (ISBN 2-7021-2824-6)
  • Un itinĂ©raire intellectuel, en coll. avec François Furet, Paris, Calmann-LĂ©vy, 1999 (ISBN 2-7021-2952-8)
  • Les Aveux du roman. Le XIXe siècle entre Ancien RĂ©gime et RĂ©volution, Paris, Fayard, 2001 (ISBN 2-213-61012-6), prix Guizot-Calvados
  • Le Langage blessĂ© : reparler après un accident cĂ©rĂ©bral, Paris, Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-11684-2)
  • Une autre RĂ©publique : 1791 : L'occasion et le destin d'une initiative rĂ©publicaine, en coll. avec Laurence Cornu, Paris, L'Harmattan, 2004 (ISBN 2747574776)
  • Varennes. La mort de la royautĂ©, , Paris, Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-077169-5)
  • Jules Ferry, Paris, Bayard-Centurion, 2005 (ISBN 2-227-47493-9)
  • Varennes, la mort de la royautĂ©, Paris, Gallimard, 2006 (ISBN 2-07-077169-5), prix des Ambassadeurs 2006
  • Composition française : retour sur une enfance bretonne, Paris, Gallimard, 2009 (ISBN 2-07-012464-9), prix du MĂ©morial-grand prix littĂ©raire d'Ajaccio 2009
  • La Cause des livres, Paris, Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013457-1)
  • Jules Ferry : La libertĂ© et la tradition, Paris, Gallimard, 2014 (ISBN 2-07-014531X)
  • De RĂ©volution en RĂ©publique : les chemins de la France, Paris, Gallimard, 2015 (ISBN 978-2070145614)
  • L’autre George : Ă€ la rencontre de George Eliot, Paris, Gallimard, 2018 (ISBN 2-07-2802024)
  • Pour rendre la vie plus lĂ©gère : les livres, les femmes, les manières, Stock, 2020 (ISBN 978-2-23-408818-4)

Distinctions

DĂ©corations

Prix

Hommage

En 2020 est annoncé que le futur lycée de Ploërmel (Morbihan) portera son nom ; son ouverture est prévue pour 2023[25] - [26].

Notes et références

  1. Jean-Claude Raspiengeas, « Mona Ozouf, une adolescente d’autrefois », La Croix,‎ (lire en ligne)
  2. Annick Cojean, « Mona Ozouf : « Je n’aime que les choses qui durent » », sur Le Monde, (consulté le ).
  3. « Inauguration de l'amphitéâtre Mona Ozouf au campus Mazier de Saint Brieuc. | Intranet Université Rennes 2 », sur intranet.univ-rennes2.fr (consulté le )
  4. « Une histoire de lectures et de sentiments », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Recherche, sur archicubes.ens.fr.
  6. Eugénie Bastié, « Mona Ozouf, une certaine idée de la civilisation française », Le Figaro, 9-10 mars 2019, p. 15.
  7. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 | Ressources numériques en histoire de l'éducation », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le )
  8. « Mona Ozouf. Entre révolution et institutions... », sur Le Telegramme, (consulté le )
  9. PĂ©tition parue dans Le Figaro du 4 mars 2003; voir Revue Le Meilleur des Mondes.
  10. Interview télévisé sur Arte, émission 28 minutes, 3 juillet 2021.
  11. « Décret du 31 décembre 2020 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  12. DĂ©cret du 11 juillet 2014 portant promotion
  13. DĂ©cret du 25 mars 2005 portant promotion et nomination
  14. Décret du 18 novembre 2017 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  15. DĂ©cret du 13 mai 2011 portant promotion et nomination
  16. Arrêté du 23 novembre 2007
  17. Ouest-France des 3–4 octobre 2009, page « Bretagne ».
  18. Académie royale néerlandaise des Sciences et des Lettres.
  19. Prix-littéraires.net.
  20. Agence Bretagne Presse
  21. prix-litteraires.net
  22. . DĂ©cret du 13 mai 2011
  23. Archimag
  24. Céline Mazin, « Mona Ozouf, lauréate du Prix de la langue française 2015 », sur Actualitté, (consulté le )
  25. « Ploërmel : Qui est Mona Ozouf, la femme qui donnera son nom au lycée public ? », actu.fr, 24 septembre 2020.
  26. « Le futur lycée Mona-Ozouf de Ploermel », bretagne.bzh, consulté le 6 décembre 2021.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Maurice de Montremy, « Ozouf (Mona) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 1041-1042.
  • (en) Harvey Chisick, « Mona Ozouf (1931- ) », dans Philip Daileader et Philip Whalen (dir.), French Historians, 1900-2000 : New Historical Writing in Twentieth-Century France, Chichester / Malden (Massachusetts), Wiley-Blackwell, , XXX-610 p. (ISBN 978-1-4051-9867-7, prĂ©sentation en ligne), p. 461-474.
  • Laurent Bourdelas, Alan Stivell, Éditions Le TĂ©lĂ©gramme, 2012.
  • Yann Fauchois, « Mona Ozouf », dans AndrĂ© Burguière et Bernard Vincent (dir.), Un siècle d'historiennes [sous-titre : « Vingt historiennes prĂ©sentĂ©es par vingt historiens »], Des Femmes-Antoinette Fouque, Paris, 2001, p. 183-200 (ISBN 978-2-7210-0634-9)
  • (en) Caroline Ford, Yann Fauchois et Sudhir Hazareesingh, « Forum on Mona Ozouf », French History, Oxford University Press, vol. 24, no 4,‎ , p. 481–500 (DOI 10.1093/fh/crq053).
  • Anne-Sophie Jarrige, Mona Ozouf : itinĂ©raire intellectuel et politique de 1931 Ă  1999, Institut d'Ă©tudes politiques de Paris, 2001, 257 p. (mĂ©moire de DEA)
  • Antoine de Baecque et Patrick Deville (dir.), Mona Ozouf. Portrait d'une historienne, Flammarion, 2019.

Filmographie

  • Mona Ozouf, femme des Lumières, film documentaire rĂ©alisĂ© par Juliette Senik, France TĂ©lĂ©visions/Schuch Productions, 2011, 52 min, rediffusĂ© sur France 5 le
  • Les IdentitĂ©s de Mona Ozouf, film documentaire rĂ©alisĂ© par Catherine Bernstein, TĂ©bĂ©o, TĂ©bĂ©sud, TVR les chaines locales de Bretagne, Histoire TV / Paris-Brest Productions, 52 min. [[ prĂ©sentation en ligne]].

Article connexe

Liens externes

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