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PĂ©dagogie

La pĂ©dagogie (du grec παÎčÎŽÎ±ÎłÏ‰ÎłÎŻÎ± / paidagĂŽgĂ­a, direction ou Ă©ducation des enfants[1]) est l'art d'enseigner. Le terme rassemble les mĂ©thodes et pratiques d'enseignement requises pour transmettre un savoir (connaissances), un savoir-faire (compĂ©tences) et un savoir-ĂȘtre (attitudes).

Classe scolaire.

Plus gĂ©nĂ©ralement, l'expression « faire preuve de pĂ©dagogie » signifie l'aptitude Ă  enseigner et Ă  transmettre Ă  un individu ou un groupe d'individus — de tous Ăąges et de toutes conditions — un savoir ou une expĂ©rience par l'usage des mĂ©thodes les plus adaptĂ©es Ă  l'audience concernĂ©e. La pĂ©dagogie implique l'ensemble des comportements de l'enseignant envers les Ă©lĂšves.

Généralités

DĂ©finitions

Le mot « pĂ©dagogie » dĂ©rive du grec παÎčÎŽÎ±ÎłÏ‰ÎłÎŻÎ± / paidagĂŽgĂ­a, de παÎčΎός / paidόs, « enfant », et áŒ„ÎłÏ‰ / ĂĄgĂŽ, « conduire, mener, accompagner, Ă©lever ». Dans l'AntiquitĂ©, le pĂ©dagogue Ă©tait un esclave qui accompagnait l'enfant Ă  l'Ă©cole, portait ses affaires, mais aussi lui faisait rĂ©citer ses leçons et faire ses devoirs[2]. « PĂ©dagogie » est un mot remontant Ă  1495 d'aprĂšs le dictionnaire Le Robert. L'AcadĂ©mie française l'admet depuis 1762.

Ferdinand Buisson, qui fut inspecteur gĂ©nĂ©ral de l'instruction publique, donne cette dĂ©finition : « science de l'Ă©ducation, tant physique qu'intellectuelle et morale » (Dictionnaire de pĂ©dagogie, 1887, col. 2 238 a).

Selon Émile Durkheim, la pĂ©dagogie est une « rĂ©flexion appliquĂ©e aussi mĂ©thodiquement que possible aux choses de l'Ă©ducation » (L'Ă©volution pĂ©dagogique en France, Paris, PUF, 1938, p. 10). « L'Ă©ducation est l'action exercĂ©e par les gĂ©nĂ©rations adultes sur celles qui ne sont pas encore mĂ»res pour la vie sociale. Elle a pour objectif de susciter et de dĂ©velopper chez l'enfant un certain nombre d'Ă©tats physiques, intellectuels et mentaux que rĂ©clament de lui et la sociĂ©tĂ© politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particuliĂšrement destinĂ© »[3]. Pour É. Durkheim « la pĂ©dagogie est une thĂ©orie pratique », comme la mĂ©decine ou la politique. La pĂ©dagogie est Ă  la fois une thĂ©orie et une pratique : une thĂ©orie ayant pour objet de rĂ©flĂ©chir sur les systĂšmes et sur les procĂ©dĂ©s d'Ă©ducation, en vue d'en apprĂ©cier la valeur et, par lĂ , d'Ă©clairer et de diriger l'action des Ă©ducateurs.

Pour Françoise Clerc, la pĂ©dagogie est « l'ensemble des savoirs scientifiques et pratiques, des compĂ©tences relationnelles et sociales qui sont mobilisĂ©es pour concevoir et mettre en Ɠuvre des stratĂ©gies d'enseignement ».

Franc Morandi considĂšre que la pĂ©dagogie signifie « Ă©tude et mise en Ɠuvre des conditions d'apprendre »[4].

Quelles diffĂ©rences entre pĂ©dagogie et didactique ? « PĂ©dagogique rĂ©fĂšre plus Ă  l'enfant et didactique plus Ă  l'enseignement, en raison de leurs Ă©tymologies respectives »[5]. D'autre part, la pĂ©dagogie est gĂ©nĂ©raliste, tandis que la didactique est spĂ©cifique, elle concerne telle ou telle discipline (« didactique des mathĂ©matiques », « didactique du français langue Ă©trangĂšre » ) : la didactique porte sur l'enseignement d'un contenu particulier. « La didactique fait l'hypothĂšse que la spĂ©cificitĂ© des contenus est dĂ©terminante dans l'appropriation des connaissances, tandis que la pĂ©dagogie porte son attention sur les relations entre l'enseignant et les Ă©lĂšves, et entre les Ă©lĂšves eux-mĂȘmes »[6]. Selon Marguerite Altet[7], « L'enseignement couvre donc deux champs de pratiques :

  1. celui de la gestion de l'information, de la structuration du savoir par l'enseignant et de leur appropriation par l'apprenant, domaine de la Didactique ;
  2. celui du traitement et de la transformation de l'Information en Savoir par la pratique relationnelle et l'action de l'enseignant en classe, par l'organisation de situations pédagogiques pour l'apprenant, c'est le domaine de la Pédagogie ».

Distinctions

Dans l'histoire de la pédagogie, il faudrait distinguer méthodes, systÚmes, mouvements, démarches, dispositifs, modÚles, approches, pratiques.

Le contrat pĂ©dagogique est une notion introduite pour signifier que l'enseignement ne peut produire ses fruits que s'il y a accord entre l'enseignĂ© et l'enseignant sur les objectifs mĂȘmes de la formation, les comportements attendus des enseignants et enseignĂ©s ressortant, eux, du contrat didactique[8].

Les démarches pédagogiques sont des attitudes méthodologiques et progressives de pensée insistant soit sur les phases, les moments d'un travail, soit sur les formes, les aspects d'un objet de recherche, en matiÚre d'enseignement. Par ex., l'approche ou démarche expérimentale se déroule en au moins trois phases (observation, hypothÚse, contrÎle)[9] et se concentre sur au moins deux points (la reproduction du phénomÚne, la modification des variables). On peut citer les démarches comparative, déductive, historique, scientifique, transversale, complexe[10], innovante, systémique[11]... que l'on trouve autant chez les élÚves que chez les professeurs ou les pédagogues.

Les dispositifs pédagogiques[12] sont des structures administratives, des agencements au sein du systÚme éducatif, en lieux, personnels, finances, rÚglements, matériels. Comme exemples, on peut citer les ZEP (1981), l'organisation de l'école primaire en trois cycles (loi Lionel Jospin, 1989), le socle commun des connaissances (Gilles de Robien, 2006), les stages de remise à niveau (Xavier Darcos, 2008), la prévention du piratage informatique (Christine Albanel, 2009), le dispositif d'évaluation des acquis des élÚves en C.E.1 et C.M.2 (2009).

Les doctrines pĂ©dagogiques[13] - [14] sont de grands ensembles thĂ©oriques, complexes, mĂȘlant thĂ©ories et procĂ©dures. Ce sont des philosophies, des visions du monde, des idĂ©ologies. Elles supposent, clairement identifiĂ©es, une psychologie de l'enfant, une philosophie de l'Ă©ducation, une sociologie de l'institution scolaire ou universitaire. Les principes comptent. DĂšs La RĂ©publique de Platon on trouve des doctrines. On peut considĂ©rer comme doctrines pĂ©dagogiques la pĂ©dagogie traditionnelle, la pĂ©dagogie nĂ©gative (Jean-Jacques Rousseau)[15] ou non directive (Carl Rogers, 1969)[16], la pĂ©dagogie soviĂ©tique (A. Makarenko, 1917), l'Éducation nouvelle (dont Freinet), la pĂ©dagogie Steiner-Waldorf.

Les mĂ©thodes pĂ©dagogiques consistent en des rĂšgles et des procĂ©dĂ©s pour mettre en Ɠuvre un enseignement du maĂźtre ou un apprentissage de l'Ă©lĂšve, de façon thĂ©orique ou pratique[17]. On s'en sert pour gĂ©rer, expliquer, dĂ©couvrir, Ă©valuer. Les rĂ©alisations comptent plus que les principes. En ce sens, la maĂŻeutique de Socrate (dite mĂ©thode interrogative), la pĂ©dagogie de projet (project-based learning), la pĂ©dagogie de contrat, la pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e[18], l'enseignement programmĂ© (Skinner, 1958), la pĂ©dagogie par objectifs, la pĂ©dagogie par situation-problĂšme (problem-based learning), l'enseignement assistĂ© par ordinateur[19] sont des mĂ©thodes pĂ©dagogiques.

Les modĂšles pĂ©dagogiques[20] sont des types, des rĂ©fĂ©rences, des idĂ©aux, des principes utilisĂ©s dans l'acte pĂ©dagogique, plutĂŽt que des professeurs idĂ©alisĂ©s ou des recettes d'enseignement toutes faites, prĂȘtes Ă  ĂȘtre utilisĂ©es[21]. Marcel Lesne (1977) cite : transmission, incitation, appropriation. Jean-Pierre Astolfi (1992)[22] : empreinte, conditionnement, construction. Franc Morandi (1997) : tradition, pĂ©dagogies actives, maĂźtrise, diffĂ©renciation, autonomisation. Selon LabĂ©die et AmossĂ© : transmission (pĂ©dagogie traditionnelle), stimulus-rĂ©ponse (pĂ©dagogie bĂ©havioriste), construction (pĂ©dagogie active), socio-construction, mĂ©tacognition[23].

Les mouvements pĂ©dagogiques sont des « organisations militantes, inspirĂ©es par une idĂ©ologie Ă©ducative novatrice, regroupant des enseignants mus par le mĂȘme idĂ©al »[24]. Ex. : le Groupe français d'Ă©ducation nouvelle (1921, Paul Langevin et Henri Wallon)[25], l'Institut coopĂ©ratif pour l'Ă©cole moderne (1948, inspirĂ© de Freinet).

Les notions pédagogiques[26] sont des concepts, idées, représentations, des objets abstraits de connaissance. Exemples : apprentissage, autoformation, compétence, écriture, éducabilité, entraßnement, imitation, métacognition[27], rÚglement intérieur, rythmes scolaires. Organisées, les notions forment des théories.

Les pratiques pédagogiques[28] concernent les activités volontaires à but éducatif. Elles couvrent un champ trÚs large : les consignes, les tùches et les activités, les interactions, les rituels et routines, les notations et évaluations, les stimulations, les supports d'activité (comme l'usage de l'ardoise, le recours à l'ordinateur, l'utilisation de la voix)


Les styles (ou profils) pĂ©dagogiques sont les attitudes du maĂźtre qui enseigne. Jerome Bruner, le premier (en 1956), y a prĂȘtĂ© attention, chez l'Ă©lĂšve[29]. Il y a les pĂ©dagogies formelles (structurĂ©es) ou informelles (souples), directives (autoritaires) ou non directives (dĂ©mocratiques ou permissives)... On distingue habituellement les styles transmissif (le maĂźtre dispense des savoirs), appropriatif (le maĂźtre aide l'Ă©lĂšve Ă  construire son savoir), modĂ©lisant (l'Ă©lĂšve reproduit ou imite un modĂšle, ou bien il Ă©labore une reprĂ©sentation formelle). Marguerite Altet distingue ces « styles didactiques » : expositif (information, organisation, gestion), interrogatif (interrogation, Ă©valuation), incitatif (stimulation), animateur (guidance), guide (guidance, rĂ©gulation), mixte-flexible[30]. Aux styles d'enseignement des maĂźtres sont mis en parallĂšle les styles d'apprentissage des Ă©lĂšves : visuel ou auditif ou kinesthĂ©sique, rĂ©flĂ©chi ou impulsif...

Les thĂ©ories pĂ©dagogiques[31] forment chacune un ensemble cohĂ©rent de notions. Une thĂ©orie pĂ©dagogique est supposĂ©e expliquer ce qu'est l'Ă©ducation, l'apprentissage, l'instruction, l'Ă©lĂšve, l'enseignant, le savoir scolaire. Par exemple, la thĂ©orie constructiviste de Piaget[32] avance de nombreuses notions : stade, assimilation, accommodation, invariance des quantitĂ©s physiques... (mais Piaget refuse d'ĂȘtre pris pour un pĂ©dagogue, il est psychologue). Parmi les thĂ©ories pĂ©dagogiques on trouve : le traditionalisme (Étienne Gilson, 1954 ; Alain Finkielkraut, 1988), le marxisme soviĂ©tique (A. Makarenko, 1917), le bĂ©haviorisme (John B. Watson, 1925), le constructivisme (J. Piaget, 1923), le socio-constructivisme (L. Vygotski, 1934), le spiritualisme (Abraham Maslow, Krishnamurti), la thĂ©orie de la reproduction de Pierre Bourdieu (1970)[33], le cognitivisme (Robert Mills GagnĂ©, 1976)[34] - [35]... Une thĂ©orie combine des notions, et si des thĂ©ories se combinent elles forment une doctrine.

Histoire

Préalablement, il faut rappeler que les normes pédagogiques sont ancrées dans l'histoire et donc historiquement situées. Chaque époque contient des débats sur ce qu'il faut enseigner (valeurs, connaissances
) et comment les enseigner [36].

Précurseurs

L'humanisme de la Renaissance voit naĂźtre quelques prĂ©curseurs de la pĂ©dagogie, dont Érasme.

En territoire germanique, Martin Luther est un initiateur fondamental de l'enseignement moderne : ses motivations puisent leur source au cƓur mĂȘme de sa thĂ©ologie, mais aussi dans le contexte religieux, Ă©conomique et social de son temps. Le RĂ©formateur implique l'ensemble du tissu social dans cette mission Ă©ducative[37].

En France Rabelais propose un idĂ©al du dĂ©passement de soi. Il dĂ©crit Ă  la fin de Gargantua (1534) une abbaye utopique, l'abbaye de ThĂ©lĂšme. Rabelais, moine de son Ă©tat, connaĂźt bien la vie monacale, et dans la description de cette abbaye fictive il expose son idĂ©e d'une abbaye humaniste oĂč de beaux jeunes gens, des deux sexes, viendraient Ă©tudier dans un cadre de vie idĂ©al. L'accent est alors mis sur l'aspect moral, plutĂŽt que religieux. On rĂ©affirme l'importance de l'Ă©ducation physique.

À la mĂȘme Ă©poque (1547), Ignace de Loyola donne Ă  l'ordre qu'il fonde une vocation d'enseignement sur la base du nouveau programme d'enseignement, le Ratio Studiorum. Les collĂšges qui seront ouverts par les JĂ©suites en Italie, en France (collĂšge de Clermont Ă  Paris, collĂšge de La FlĂšche, oĂč Descartes fait ses Ă©tudes, collĂšge de Mauriac et de Billom en Auvergne, etc.), puis progressivement dans toute l'Europe, sont le modĂšle de l'enseignement secondaire des lycĂ©es du XIXe siĂšcle[38].

Fiches botaniques conçues sous forme de cartes à jouer par le pasteur Oberlin au XVIIIe siÚcle.

Pour le tchĂšque Comenius, la pĂ©dagogie doit ĂȘtre utile et pour tous[39].

Au XVIIe siÚcle, Jean-Baptiste de La Salle fonde un ordre laïc pour enseigner gratuitement dans les écoles de village. Il rédige pour les maßtres un traité de civilité à l'usage des enfants des deux sexes, et un programme d'études, la Conduite des écoles chrétiennes, qui sert de base à l'organisation de l'enseignement primaire jusqu'au début du XXe siÚcle.

Au XVIIIe siĂšcle, on revient contre l'enfermement. On veut former les jeunes au monde contemporain.

Doctrine pédagogique de Jean-Jacques Rousseau

En 1762, Rousseau Ă©crit Émile ou De l'Ă©ducation. Le sujet en est « l'art de former les hommes » (prĂ©face). Rousseau Ă©nonce dans cette Ɠuvre son principe : l'enfant naĂźt bon et c'est la sociĂ©tĂ© qui le corrompt. Selon lui, il est nĂ©cessaire que l'enfant ait envie d'apprendre et qu'il ait connaissance d'un mĂ©tier manuel, chose trĂšs rare chez les nobles de cette Ă©poque. L'ouvrage est condamnĂ© par le Parlement, en particulier Ă  cause de la Profession de foi du vicaire savoyard. Ce programme pĂ©dagogique idĂ©al offre une vision novatrice de l'enfance.

En Suisse, Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) s'inspire de ces théories pour fonder son école. Il souhaite aider l'enfant dans la vie réelle, mais en la différenciant suivant les classes sociales. Pour lui, la famille est le meilleur milieu éducatif[40].

XIXe siĂšcle

En Allemagne : Paul Natorp et Georg Kerschensteiner. Chaque individu doit se former à une fonction déterminée. La communauté doit développer la solidarité, l'instruction civique le respect de l'autorité, et le sentiment patriotique.

En Angleterre : Robert Owen. Le choix des professeurs se fait sur leur capacité à éveiller la curiosité des enfants, leur patience, leur amour de l'enfant[41].

En France : Joseph Jacotot remet en cause l'apprentissage triangulaire (enseignant-enseigné-savoir) en introduisant l'ignorance qui permet de rétablir le principe révolutionnaire de l'égalité, base de l'émancipation.

XXe siĂšcle

Au XXe siĂšcle, la notion de pĂ©dagogie change. La pĂ©dagogie devient une pratique, un ensemble de mĂ©thodes. Les pĂ©dagogues s'efforcent d'utiliser des Ă©lĂ©ments de psychologie, c'est notamment l'Ă©closion du mouvement de l'Éducation nouvelle qui considĂšre l'Ă©ducation comme un acte global de construction de la personne et non comme une simple retransmission de connaissances.

En Europe occidentale, on prend en compte l'enfant. En URSS, c'est la dimension sociale.

En Allemagne, les Ă©coles Steiner-Waldorf dĂ©veloppent une pĂ©dagogie alternative basĂ© sur anthroposophie. Les Ă©lĂšves y apprennent savoirs et savoir-faire dans l'ordre historique oĂč l'humanitĂ© a crĂ©Ă© ces savoirs. L'apprentissage de l'Ă©criture intervient plus tard que dans l'enseignement standard de ce fait: la phase historique de l'humanitĂ© Ă©tant relativement rĂ©cente, l'oral est d'abord privilĂ©giĂ©. La musique, le dessin, la danse, les arts en gĂ©nĂ©ral sont trĂšs prĂ©sents et les enseignements sont toujours prĂ©sentĂ©s en lien les uns avec les autres. Par exemple, les fractions sont vues par le prisme des mathĂ©maticiens et philosophes grecs, de la tensions des cordes et des rapports de notes obtenues. Dans le systĂšme standard, aprĂšs 1945, c'est un enseignement plus proche des concepts de Rousseau qui est mis en Ɠuvre.

Aux États-Unis, avec John Dewey, elle est pragmatique, expĂ©rimentale, volontariste et socialisante. Dewey est, dĂšs 1900, Ă  l'origine de l'Éducation nouvelle (pĂ©dagogie active, Ă©coute des besoins de l'enfant, projet, apprendre en faisant
).

La mĂ©decine vient aider la pĂ©dagogie. MĂ©decin elle-mĂȘme, Maria Montessori, Ă  Rome, 1907, avec sa Casei dei bambini, crĂ©e la mĂ©thode portant son nom pour influencer la psychologie sensori-motrice des Ă©coles maternelles.

En France, dĂšs 1918, Adolphe FerriĂšre, CĂ©lestin Freinet, en Belgique Ovide Decroly, instaurent l'Éducation nouvelle, inspirĂ©e de John Dewey, oĂč l'enfant est actif, social. L'inspecteur Roger Cousinet propose « une mĂ©thode de travail libre par groupes » (1943), effectif : observations, collections, travaux manuels, classement des connaissances acquises ; il cherche Ă  Ă©tablir un climat de confiance et de comprĂ©hension rĂ©ciproque[42]. En 1933, en AlgĂ©rie, Mohand Said Lechani publie une mĂ©thode de lecture pour ses Ă©lĂšves allophones des classes d'Alger s'inspirant des principes de l'Éducation nouvelle, liant intimement la lecture, le langage et l'Ă©criture.

De nos jours, le sens de pĂ©dagogie renvoie davantage Ă  la maniĂšre dont va se faire la formation d'un enfant qu'au contenu proprement dit de cette formation. Il s'agit tantĂŽt des processus mis en Ɠuvre dans l'acquisition de connaissances, tantĂŽt de l'attitude et de l'action du pĂ©dagogue, de celui qui accompagne. C'est Ă  partir de ces conceptions que se comprennent et se classent les diffĂ©rents courants de pĂ©dagogies. En ce sens, il s'agit des techniques mises en Ɠuvre dans une action formative ou d'enseignement. Le mot technique englobant ici l'usage que le pĂ©dagogue fait de son premier outil : lui-mĂȘme.

À partir de lĂ , les principales voies qui s'ouvrent Ă  l'Ă©laboration d'une pĂ©dagogie sont de distinguer les savoirs instruits Ă  un Ă©lĂšve des savoirs construits par une personne. Les savoirs instruits sont reliĂ©s Ă  la notion d'enseignement, alors que les savoirs construits font appel Ă  l'autonomie de l'enfant. En ce sens, la pĂ©dagogie n'est pas uniquement l'Ɠuvre de l'enseignant. Elle serait plutĂŽt l'ensemble des moyens – consciemment mis en Ɠuvre ou non – de la communautĂ© Ă©ducative - les coĂ©ducateurs. Ainsi, la famille, l'Ă©cole, les centres de loisirs, les clubs, sont autant de sphĂšres oĂč l'enfant frĂ©quente des « pĂ©dagogues ». C'est le dĂ©bat qu'a lancĂ© l'Ă©quipe des « Carrefours de l'Ă©ducation », Ă  Perpignan, en .

XXIe siÚcle : innovation ou nouveau courant pédagogique ?

La notion d'innovation pĂ©dagogique n'est pas nouvelle. Elle prend un sens tout Ă  fait nouveau avec la rĂ©volution numĂ©rique qui a redessinĂ© le paysage socio-Ă©conomique ainsi que les comportements individuels et collectifs. Les modalitĂ©s d’apprentissage ont changĂ©, les attentes des apprenants Ă©galement. Dans ce contexte, le rĂŽle, la place et la posture[43] - [44] de l’enseignant-formateur se redĂ©finit, et sa formation aussi.

De plus, les Serious games (jeux sĂ©rieux) s'inscrivent dans ce contexte de rĂ©volution numĂ©rique. Cela consiste Ă  apprendre grĂące Ă  des jeux de simulations pĂ©dagogiques. Cet apprentissage permet d’acquĂ©rir de l’expĂ©rience par l'action, tout en profitant de l'aspect de simulation, qui instaure un contexte sĂ»r. Les jeux permettent Ă©galement d’évoluer dans un "cercle de sĂ©curitĂ©" qui permet le droit Ă  l’erreur.

Pour une pédagogie hors de l'école ?

Certains auteurs comme Ivan Illich (voir son ouvrage « La société sans école »[45]) dénoncent le caractÚre institutionnel de l'école et affirment que le contexte naturel de la pédagogie doit reposer sur des « échanges entre égaux », pilotés par des éducateurs indépendants.

« L'Ă©cole obligatoire, la scolaritĂ© prolongĂ©e, la course aux diplĂŽmes sont autant de faux progrĂšs. DĂ©votions rituelles oĂč la sociĂ©tĂ© de consommation se rend Ă  elle-mĂȘme son propre culte, oĂč elle produit des Ă©lĂšves dociles prĂȘts Ă  obĂ©ir aux institutions, Ă  consommer des programmes tous faits prĂ©parĂ©s par des autoritĂ©s supposĂ©es compĂ©tentes. À tout cela il faut substituer une vĂ©ritable Ă©ducation qui prĂ©pare Ă  la vie dans la vie, qui donne le goĂ»t d'inventer et d'expĂ©rimenter. Il faut libĂ©rer la jeunesse de cette longue gestation scolaire qui la conforme au modĂšle officiel. (
) Plus de crĂ©dits dĂ©mesurĂ©s aux institutions (scolaires ou autres). Que les moyens d'acquĂ©rir ou de transmettre un savoir soient mis en commun et librement accessibles Ă  tous. Plus de maĂźtres Ă  la fois gardiens de l'ordre Ă©tabli, prĂ©dicateurs et thĂ©rapeutes. Mais des Ă©changes entre « Ă©gaux », des Ă©ducateurs indĂ©pendants »[46]

Types de pédagogie

Les quatre types de pédagogies

À la limite, chaque pĂ©dagogue a sa pĂ©dagogie. Mais, selon Marguerite Altet, on classe habituellement les diverses pĂ©dagogies en trois ou quatre types[47], avec toujours les mĂȘmes cinq Ă©lĂ©ments : l'apprenant, l'enseignant, le savoir, la communication, la situation, le tout ordonnĂ© vers une finalitĂ© (instruire ou Ă©duquer, former... du cĂŽtĂ© du maĂźtre ; apprendre ou se socialiser, s'Ă©panouir, s'autonomiser... du cĂŽtĂ© de l'Ă©lĂšve).

  • Les pĂ©dagogies traditionnelles sont centrĂ©es sur les savoirs constituĂ©s Ă  transmettre et sur le maĂźtre (magistro-centrisme), qui enseigne. Elles fonctionnent Ă  la transmission de contenus dĂ©jĂ  structurĂ©s ou Ă  l'empreinte, assimilation passive. On attend de l'Ă©lĂšve rĂ©ponses, performances, savoirs. On a lĂ  les diverses pĂ©dagogies dĂ©fendues par les congrĂ©gations religieuses jusqu'au XIXe siĂšcle (les jĂ©suites, etc.) et les pĂ©dagogues transmissifs (Comenius, Alain[48], etc.).
  • Les pĂ©dagogies technologiques sont centrĂ©es sur l'Ă©lĂšve en tant qu'apprenant et sur les moyens techniques, opĂ©ratoires, d'acquĂ©rir effectivement des savoir, savoir-faire, savoir-ĂȘtre (techno-centrisme), en temps voulu. Il s'agit de rendre l'Ă©lĂšve actif en lui proposant un savoir programmĂ© Ă  dĂ©couvrir ou Ă  reconstruire. On obtient la pĂ©dagogie par objectifs (1935) qui articule objectif-mĂ©thode-Ă©valuation-objectif dans une optique de rationalisation et d'efficacitĂ©. On trouve Ă©galement l'enseignement programmĂ© de B. F. Skinner (1958) Ă  bases de rĂ©compenses, de « conditionnement opĂ©rant ».
  • Les pĂ©dagogies socialisĂ©es sont centrĂ©es sur un enfant membre de la communautĂ© sociale et sujet social (socio-centrisme). Elles entendent former un homme social, Ă©duquer socialement. Ici figurent la pĂ©dagogie marxiste de A. Makarenko (1917), la pĂ©dagogie institutionnelle de Fernand Oury (1963)[53], la pĂ©dagogie progressiste de G. Snyders (1976)[54].

Il existe également d'autres méthodes non présentes dans cette classification, telles les pédagogies cognitives. Ces pédagogies sont basées sur les recherches en psychologie cognitive, qu'elles utilisent afin de rendre l'enseignement plus efficace et/ou efficient. Elles utilisent notamment les recherches sur la mémoire, la méta-cognition et l'expertise pour déduire des méthodes et pratiques pédagogiques adaptées. parmi ces pédagogies, on trouve notamment la pédagogie explicite, et l'apprentissage multi-épisodique d'Alain Lieury.

PĂ©dagogie traditionnelle (1657)

« Comenius (en tchĂšque Jan Komensky) passe pour ĂȘtre le fondateur, le pĂšre de la pĂ©dagogie de la modernitĂ©[55]. » Il composa sa Didactica Magna (Grande Didactique) entre 1628-1632, avec une Ă©dition complĂšte en 1657[39]. Il promet « un art universel de tout enseigner Ă  tous ». Il avance diverses recommandations : enseigner dĂšs le plus jeune Ăąge, procĂ©der « du gĂ©nĂ©ral au particulier et du facile au plus difficile », « placer toute chose sous les sens, en faire apparaĂźtre l'utilitĂ© immĂ©diate, suivre toujours la mĂȘme mĂ©thode », « rĂ©gler son enseignement sur les capacitĂ©s des Ă©lĂšves », agir sur « le savoir », « le faire » et « le parler », rĂ©diger des manuels correspondant aux matiĂšres enseignĂ©es dans chaque classe, n'enseigner que deux heures le matin (science ou art privilĂ©giĂ©) et deux l'aprĂšs-midi (histoire, puis exercices de style et de diction, travaux manuels) (le reste du temps : exercices physiques, travaux domestiques, prĂ©paration des devoirs), sanctionner par des examens publics...

La pédagogie traditionnelle est celle du modÚle transmissif. Sur le triangle pédagogique de Jean Houssaye elle se situe du cÎté du savoir, elle privilégie ainsi la démarche didactique de l'enseignant.

Le terme de pĂ©dagogie traditionnelle est employĂ© par ceux qui souhaitent s'en dĂ©marquer. On oppose alors la pĂ©dagogie traditionnelle Ă  l'Éducation nouvelle ou moderne.

La pédagogie traditionnelle est celle du savoir, du modÚle, de l'autorité, de l'effort, de l'individualisme et de la sanction.

Pédagogie négative (1762) et libertaire (1919)

L'Ă©ducation nĂ©gative est prĂŽnĂ©e par Jean-Jacques Rousseau[56] dans son roman pĂ©dagogique L'Émile (1762)[57].

  1. Rousseau recommande de laisser « agir la nature » (p. 179, 158), il est pour le développement spontané (contre les influences sociales).
  2. L'enfant doit découvrir que les objets de la nature obéissent à la nécessité, c'est l'éducation par les choses (plutÎt que par les livres).
  3. Il faut privilégier le développement des sens (avant celui de la raison) (p. 207, 816) et ne pas hùter les initiations (p. 271, 889).
  4. Dans cette Ă©ducation, il y a absence de punitions (Ă  remplacer par des sanctions naturelles). Si Émile casse un carreau de la fenĂȘtre de sa chambre, on ne le gronde pas, il aura froid !
  5. Rousseau admet une certaine permissivité et oisiveté : « gouverner sans préceptes et tout faire en ne faisant rien » (p. 198).
  6. Surtout, l'éducation négative assure la protection contre le vice plutÎt que l'instruction.
« Je ne redirai jamais assez que la bonne Ă©ducation doit ĂȘtre nĂ©gative. EmpĂȘchez les vices de naĂźtre, vous aurez fait pour la vertu »[58].

Parmi les prédécesseurs de Rousseau, on peut noter le Socrate de Platon (la maïeutique)[59] et le traité De Magistro de saint Augustin, qui montre, par une théorie du langage, comme le maßtre ne peut qu'indiquer la vérité qui est déjà dans l'élÚve. Montaigne aussi est pour la liberté, contre l'endoctrinement, le bourrage de crùne[60].

En 1919 commence en Allemagne l'expérience des écoles libertaires de Hambourg, dans le quartier d'Altona : le directeur, Heinrich Siemss, recommande l'abolition du rapport autoritaire entre maßtre et élÚve, le dessin libre, la facilité pour sortir de l'école en promenades scolaires, le matériel scolaire abondant et spécialisé[61]. Alexander Neill (1921) favorise liberté et auto-éducation[62]. Carl Rogers se fait le théoricien de la non-directivité (1969)[16].

PĂ©dagogie Montessori (1907)

Matériel Montessori.

La pédagogie Montessori est une méthode d'éducation créée en 1907 par Maria Montessori.

Pédagogie scolaire soviétique selon A. Makarenko (1917)

Anton Semionovitch Makarenko, instituteur en 1905, propose, dĂšs 1917, une pĂ©dagogie conforme Ă  la nouvelle sociĂ©tĂ© socialiste de l'U.R.S.S. Il fonde en 1920 une communautĂ© de jeunes oĂč il met en Ɠuvre des pratiques pĂ©dagogiques ordonnĂ©es Ă  la recrĂ©ation chez l'individu de conduites sociales positives et fondĂ©es sur un principe d'Ă©ducation institutionnelle. Un moment limogĂ©, puis rĂ©habilitĂ©, Makarenko voit ses mĂ©thodes pĂ©dagogiques diffusĂ©es dans toute l'Union soviĂ©tique. Il est en accord avec l'idĂ©ologie collectiviste de la RĂ©volution soviĂ©tique : formation d'un homme nouveau, primautĂ© du collectif sur l'individu, organisation du travail productif. Il a Ă©crit en 1935 un PoĂšme pĂ©dagogique oĂč il dĂ©crit l'histoire d'une colonie d'enfants criminels et vagabonds[63].

PĂ©dagogie active (1918), dont Freinet (1924)

La pĂ©dagogie active a pour objectif de rendre l'apprenant acteur de ses apprentissages, afin qu'il construise ses savoirs Ă  travers des situations de recherche. Pour Piaget, thĂ©oricien du constructivisme, « on ne connaĂźt un objet qu’en agissant sur lui et en le transformant »[64].

La pĂ©dagogie active se rĂ©fĂšre historiquement Ă  Adolphe FerriĂšre qui, dĂšs 1918, est parmi les premiers Ă  utiliser l'appellation Ă©cole active. En 1921, il crĂ©e la Ligue internationale pour l'Ă©ducation nouvelle. La pĂ©dagogie active est une des bases du courant d'Éducation nouvelle[65].

Freinet, dĂšs 1924, est un autre acteur important de l'Ă©volution des pratiques pĂ©dagogiques françaises. Il institue les promenades scolaires (1922), « la mĂ©thode nouvelle d'Ă©ducation populaire basĂ©e sur l'expression libre par l'imprimerie Ă  l'Ă©cole » (1924)[66], la coopĂ©rative scolaire (1924), la correspondance inter-scolaire (1926), la publication de textes et de dessins d'enfants (1927), le dessin libre (1931), les fichiers autocorrectifs (1932), le tĂątonnement expĂ©rimental (1943)[67], etc. Freinet est engagĂ© politiquement (pacifiste, marxiste, libertaire aussi), il est membre du parti communiste (de 1926 Ă  1948) ; ce militantisme a retardĂ© sa reconnaissance officielle, venue en 1991, quand l'État achĂšte son Ă©cole de Vence. Il Ă©crit en 1964 dans ses invariants pĂ©dagogiques :

« La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la dĂ©monstration, processus essentiel de l’École, mais le tĂątonnement expĂ©rimental, dĂ©marche naturelle et universelle ».
« Les acquisitions ne se font pas comme l’on croit parfois, par l’étude des rĂšgles et des lois, mais par l’expĂ©rience. Étudier d’abord ces rĂšgles et ces lois, en français, en art, en mathĂ©matiques, en sciences, c’est placer la charrue devant les bƓufs ».

PĂ©dagogie de projet (1918)

Historiquement, la pédagogie de projet (project-based learning) remonte à William Heard Kilpatrick, en 1918, dans un article intitulé The Project Method[68]. Mais l'idée revient au philosophe John Dewey, vers 1900.

La pédagogie de projet fait passer des apprentissages à travers la réalisation d'une production concrÚte.

Le projet peut ĂȘtre individuel (exposĂ©, maquette) ou collectif (organisation d'une fĂȘte, voyage, spectacle). C'est une « entreprise qui permet Ă  un collectif d'Ă©lĂšves de rĂ©aliser une production concrĂšte, socialisable, en intĂ©grant des savoirs nouveaux »[69].

PĂ©dagogie Steiner-Waldorf (1919)

École Waldorf prùs de Trùves (Allemagne).

La Pédagogie Steiner-Waldorf, basée sur les théories éducatives de Rudolf Steiner (1861-1925), est une des applications les plus connues de l'anthroposophie fondée par celui-ci.

Cette pĂ©dagogie est pratiquĂ©e dans les Ă©coles Steiner, Ă©coles privĂ©es qui comptent environ 1 000 sites dans le monde, majoritairement en AmĂ©rique du Nord et en Europe, dont environ 200 en Allemagne.

Elles sont aussi connues sous le nom d'Ă©coles Waldorf.

PĂ©dagogie de groupe (1920)

On donne Roger Cousinet[70] pour pĂšre de la pĂ©dagogie de groupe vers 1920, mais il faudrait remonter Ă  John Dewey, vers 1900. Un AmĂ©ricain, Kurt Lewin, en 1939[71], a bien Ă©tudiĂ© la dynamique de groupe : la persuasion, les dominations et soumissions, les contagions mentales, le conformisme, la sympathie ou antipathie, l'apparition des leaders, les violences exprimĂ©es ou latentes contre le leader ou entre membres, les capacitĂ©s du groupe Ă  s'autogĂ©rer autour d'un but ou d'une tĂąche, les interactions multiples, les changements, la distribution des rĂŽles; les rapports majoritĂ©/minoritĂ©, etc. Les groupes rĂ©sultent soit de la division d'une classe en plusieurs sous-ensembles, soit de l'association d'Ă©lĂšves qui n'appartiennent pas habituellement Ă  la mĂȘme classe. Un groupe, en gĂ©nĂ©ral, se compose de cinq ou six personnes, qui ont chacune une fonction particuliĂšre, complĂ©mentaire des autres personnes. Les regroupements peuvent ĂȘtre homogĂšnes ou hĂ©tĂ©rogĂšnes, alĂ©atoires ou dĂ©cidĂ©s par l'enseignant. On distingue les groupes de niveaux, de besoins, d'affinitĂ©, de compĂ©tition, etc. Les techniques de groupes d'apprentissage sont diverses[72] : brain-storming (remue-mĂ©ninges), panel (discussion), Phillips 6.6. (six personnes, six minutes), intergroupes (nouveaux regroupements des membres des Ă©quipes prĂ©cĂ©dentes)


PĂ©dagogie socio-constructiviste (1934) et de la motivation

Le socio-constructivisme repose sur l'idée selon laquelle l'acquisition de connaissances durables est favorisée par la prise en compte du champ social dans laquelle elle est située. Cette théorie a été développée par Lev Vygotski en 1934[73]. Il s'appuyait sur le constructivisme de Piaget, élaboré dÚs 1923. En un autre sens, toutefois, on peut dire que Lev Vygotski, par exemple dans Pensée et langage (Chapitres 2 & 4 en particulier) propose une critique de la pensée piagétienne. Il cherche à montrer en effet que certaines acquisitions (de façon exemplaire: celle du langage) résultent du croisement de deux lignes de développement. L'une correspond bien à ce que décrit le développementalisme de Piaget: un individu s'adapte à un changement en s'accommodant à cette nouveauté (accommodation) d'une maniÚre qui introduit des différences dans les schémas cognitifs dont il était auparavant porteur (assimilation). La seconde, elle, est de nature différente: elle consiste, selon Lev Vygotski, en l'influence positive que des individus plus ùgés ou plus expérimentés (aßnés, adultes, moniteurs, etc) exercent sur l'individu en cours de formation. Cette seconde voie de l'apprentissage consiste dans les effets des pressions sociales et culturelles, extérieures et, par exemple, scolaires, sur le développement individuel.

La motivation à l'acquisition des connaissances est démultipliée par le fait d'avoir à gérer des relations sociales: rapports conflictuels, par exemple, dont la résolution va de pair avec la résolution du problÚme cognitif. Ainsi, le fait d'avoir à confronter les points de vue entre deux personnes qui partent de conceptions a priori opposées favorise l'émergence d'un processus de négociation sur le plan cognitif, mais aussi relationnel, et à l'issue de ce processus, les acteurs du conflit s'approprient véritablement une solution élaborée en commun.

La motivation sociale apparaĂźt, donc comme un puissant stimulant de la motivation cognitive.

PĂ©dagogie par objectifs (1935) : P.P.O.

Historiquement, cette pĂ©dagogie a pour fondateur Ralph Tyler (1935)[74] - [75]. Tyler a Ă©tĂ© suivi par Benjamin Bloom[76]. S’inspirant des travaux de Ralph Tyler, il considĂ©rait que ce qui importait dans l’enseignement Ă©tait non pas de comparer les rĂ©sultats des Ă©tudiants mais d’aider ceux-ci Ă  atteindre les objectifs des programmes qu’ils suivaient. Le fait d’atteindre ces objectifs Ă©tait le principal. Il fallait axer le processus pĂ©dagogique sur la conception de tĂąches permettant de conduire l’étudiant, lentement mais sĂ»rement, vers la rĂ©alisation des objectifs correspondant Ă  son programme d’études. L’ouvrage de Benjamin Bloom, Apprendre pour maĂźtriser, est un panĂ©gyrique d’une telle conception[77].

NĂ©e Ă  une Ă©poque oĂč le taylorisme s'accompagnait d'une montĂ©e en puissance du behaviorisme, ce type de pĂ©dagogie vise avant tout Ă  dĂ©finir des objectifs de formation facilement quantifiables et observables, le but de ces objectifs Ă©tant d'adapter l'homme aux besoins et valeurs de la sociĂ©tĂ©, vĂ©rifiables par des comportements attendus, et non pas de chercher Ă  Ă©lever son niveau de conscience. La pĂ©dagogie par objectifs se veut rationnellement construite et immĂ©diatement Ă©valuable sur des critĂšres quantifiĂ©s. L'Ă©valuation des rĂ©sultats de l'apprenant y constitue le moyen de contrĂŽle et de validation de la justesse des critĂšres et moyens de la formation.

Elle permet aux partenaires en prĂ©sence (formĂ©s, formateurs, et commanditaires de la formation) une vision trĂšs explicite des buts de la formation, qui peuvent ĂȘtre traduits sous une forme contractuelle. Cela facilite tant l'adhĂ©sion des futurs apprenants et commanditaires au contenu de la formation (le commanditaire pouvant nĂ©gocier le contenu), que le rĂŽle du formateur dans sa conception du cursus proposĂ©. À l'inverse, elle prĂ©sente des risques tels que coupure de la formation avec le contexte social de l'apprenant, Ă©limination des valeurs humaines au profit d'un cadre dit rationnel, coupures de sens des apprentissages du fait de leur morcellement, et faible investissement intellectuel de l'apprenant dans un contexte balisĂ©.

Initialement destinĂ© en 1920 Ă  enseigner aux États-Unis des gestes rĂ©pĂ©titifs simples dans des usines d'automobiles sur du travail Ă  la chaĂźne, ce type de pĂ©dagogie s'est par la suite rĂ©pandu en Europe, dans les annĂ©es 1970, dans le cadre d'enseignement professionnel de type CAP. Dans le dĂ©but des annĂ©es 1980, il a gagnĂ© l'enseignement technique pour toucher Ă  la fin de la mĂȘme dĂ©cennie, notamment en France et en Belgique, l'ensemble des enseignements dans des voies plus gĂ©nĂ©rales, dans le primaire, les collĂšges et lycĂ©es. Par ailleurs, aprĂšs avoir un moment Ă©tĂ© remis en cause pour les actions de formation permanente, il a retrouvĂ© une place de choix dans les actions visant le couple formation/emploi.

Robert Mager a codifié la pédagogie par objectifs : Comment définir des objectifs pédagogiques ? (1962), trad., Dunod, coll. Psycho, 2005[78].

Notons également Daniel Hameline, Les objectifs pédagogiques.

PĂ©dagogie du dehors (1950)

La pĂ©dagogie du dehors est une pĂ©dagogie crĂ©Ă©e au Danemark par Ella Flatau vers 1950. Cette pĂ©dagogie oĂč les enfants apprennent Ă  l'extĂ©rieur leur permet tout d'abord de mieux connaitre leur corps ainsi que la nature mais aussi d'apprendre grĂące Ă  des Ă©lĂ©ments concrets de la nature.

Pédagogie archétypale (1956)

L'archetypal pedagogy, ou pĂ©dagogie archĂ©typale, est une pĂ©dagogie fondĂ©e sur la psychologie analytique dĂ©veloppĂ©e dĂšs 1956 par Carl Gustav Jung (1875 - 1961), Ă  partir de son recueil Psychologie et Ă©ducation[79], qui groupe des articles de 1916 Ă  1942, et des recherches sur l'application jungienne Ă  la pĂ©dagogie[80]. Ainsi peut-on situer une con-comitance entre les approches de la psychologie analytique et un intĂ©rĂȘt pour l'Ă©ducation, chez les jungiens, dans les annĂ©es 1960.

La pĂ©dagogie archĂ©typale, sous cette dĂ©nomination stricte, a Ă©tĂ© mise en thĂ©orie aux États-Unis dans les annĂ©es 2000, par Clifford Mayes, Docteur et Professeur en sciences de l'Ă©ducation Ă  la Brigham Young University, pĂ©dagogue jungien et chercheur en sciences de l'Ă©ducation.

Ce n'est qu'en 2007 et 2009 que Clifford Mayes dans Jung And Education: Elements Of An Archetypal Pedagogy, suivant la pensée de Jung :

« Notre problĂšme Ă©ducatif souffre en somme de ne viser unilatĂ©ralement que l’enfant qu’il faut Ă©lever et de nĂ©gliger aussi unilatĂ©ralement le fait que les Ă©ducateurs adultes n’ont pas Ă©tĂ© eux-mĂȘmes Ă©duquĂ©s. AprĂšs avoir terminĂ© le cycle de ses Ă©tudes, chacun a l’impression d’en avoir fini avec l’éducation, d’ĂȘtre, en un mot, un adulte. Il ne peut certes en ĂȘtre autrement ; il faut qu’il soit fermement persuadĂ© de sa compĂ©tence pour pouvoir affronter la lutte pour l’existence. Le doute et le sentiment d’incertitude le paralyseraient et l’entraveraient, ils enfouiraient la foi si nĂ©cessaire en sa propre autoritĂ© et le rendraient inapte Ă  l’exercice de sa profession. On veut l’entendre dire qu’il connaĂźt son affaire et qu’il en est sĂ»r, et non qu’il doute de lui-mĂȘme et de sa compĂ©tence. Le spĂ©cialiste est condamnĂ© de façon absolue Ă  la compĂ©tence. Personne ne peut dĂ©velopper la « personnalitĂ© » qui n’en a pas lui-mĂȘme. Et ce n’est pas l’enfant, c’est uniquement l’adulte qui peut atteindre Ă  la personnalitĂ© comme fruit mĂ»r d’une activitĂ© de vie orientĂ©e vers ce but. Car dans l’accĂšs Ă  la personnalitĂ©, il n’y a rien moins que le dĂ©ploiement le meilleur possible de la totalitĂ© d’un ĂȘtre unique et particulier. On ne saurait prĂ©voir le nombre infini de conditions qu’il faut remplir pour cela. Toute une vie humaine avec ses aspects biologique, social et psychique y est nĂ©cessaire. La personnalitĂ©, c’est la suprĂȘme rĂ©alisation des caractĂ©ristiques innĂ©es de l’ĂȘtre vivant particulier. La personnalitĂ©, c’est l’action du plus grand courage de vivre, de l’affirmation absolue de l’existant individuel et de l’adaptation la plus parfaite au donnĂ© universel avec la plus grande libertĂ© possible de dĂ©cision personnelle. Elever quelqu’un en vue de cela me semble n’ĂȘtre pas une petite affaire. C’est sans doute la tĂąche la plus haute que se soit donnĂ©e le monde moderne de l’esprit »[81].

Enseignement programmé (Skinner, 1958)

GĂ©nĂ©ralisant Ă  l'apprentissage humain les rĂ©sultats de ses recherches sur la psychologie animale, B. F. Skinner[82] (1904-1990) et le nĂ©o-behaviorisme ont Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  Ă©difier toute une thĂ©orie de l'apprentissage qu'ils appliquent directement Ă  la thĂ©rapie behaviorale et Ă  l'enseignement programmĂ© oĂč le terme programme dĂ©signe une sĂ©quence d'activitĂ©s ordonnancĂ©es de façon systĂ©matique selon les principes suivants :

  1. Un individu apprend, c'est-à-dire modifie son comportement, en observant les conséquences de ses actes. C'est la rétroaction cybernétique.
  2. Les conséquences qui renforcent la probabilité de la répétition ou de la suppression d'un acte sont appelées des renforcements.
  3. Plus rapidement un renforcement fait suite au comportement recherché, plus il est probable que ce comportement se répétera.
  4. Plus un renforcement est fréquent, plus il est probable que l'élÚve ou le patient répétera l'acte qui en est la cause.
  5. L'absence de renforcement, ou mĂȘme son Ă©loignement dans le temps, diminue la probabilitĂ© qu'un acte se reproduise.
  6. Le renforcement intermittent d'un acte allonge la période pendant laquelle l'élÚve ou le patient poursuivra une tùche sans autre renforcement.
  7. Le comportement d'apprentissage d'un Ă©lĂšve ou d'un patient peut ĂȘtre dĂ©veloppĂ© ou structurĂ© graduellement par un renforcement diffĂ©rentiel , c'est-Ă -dire en renforçant les comportements que l'on dĂ©sire voir se rĂ©pĂ©ter, et ne renforçant pas les actions que l'on veut Ă©viter ou encore en les renforçant de façon nĂ©gative par des rĂ©primandes ou d'autres punitions.
  8. En plus du fait qu'il rend plus probable la répétition d'un acte, le renforcement produit des effets motivants.
  9. Le comportement d'un Ă©lĂšve ou d'un patient peut ĂȘtre amenĂ© jusqu'Ă  un grand degrĂ© de complexitĂ©, en structurant son comportement en actes simples, puis en groupant ces derniers en une longue chaĂźne.

Ce dernier conduit Ă  identifier et Ă  dĂ©finir le comportement recherchĂ© Ă  installer chez l'Ă©lĂšve ou le patient et Ă  le lui rendre dĂ©sirable. C'est la "motivation" dans son expression la plus simple. Ce comportement recherchĂ© est fractionnĂ© ou analysĂ© en fragments de plus en plus menus et de plus en plus simples avec leurs relations qui ne sont pas toujours Ă©videntes pour l'Ă©lĂšve ou le patient, car la progression dans les acquisitions va du plus simple au plus complexe[83]. Un enseignement programmĂ© ou une thĂ©rapie behaviorale prĂ©sente la matiĂšre Ă  apprendre ou le comportement recherchĂ© en fragments menus de difficultĂ© progressivement Ă©chelonnĂ©e de telle sorte que le comportement que l'on veut installer soit acquis avec la mĂȘme sĂ»retĂ© qu'une rĂ©ponse obtenue par le dressage (shaping) chez l'animal. L'Ă©cart entre les fragments successifs ne doit pas ĂȘtre laissĂ© au hasard, quant Ă  la difficultĂ©, car, trop grand ou trop court, il compromettra l'apprentissage.

À travers, donc, la notion d'apprentissage, en tant que processus de changement de comportement, on passe aux applications pĂ©dagogiques et thĂ©rapeutiques. Les premiĂšres sont formatrices et les secondes sont correctrices pour des prĂ©tendus troubles de comportement et autres retards scolaires sans autre souci pour le rapport avec la normalitĂ©, le contexte social et culturel qui donne sens en tant qu'orientation, pertinence et signification[84].

Au niveau de la technicitĂ©, les procĂ©dures de l'enseignement programmĂ© et de la thĂ©rapie behaviorale ne sont pas sans intĂ©rĂȘt. Elles ont donnĂ© des rĂ©sultats probants et d'une efficacitĂ© indiscutable, mais les thĂ©ories qui les fondent souffrent de limitations graves dans l'Ă©lĂ©mentarisme du court terme et de l'individu en contraste au globalisme de la longue Ă©chĂ©ance et du milieu de vie. Que l'on songe aux horribles mĂ©faits de la suppression behaviorale de l'Ă©nurĂ©sie nocturne oĂč la solution est source de problĂšmes beaucoup plus graves de sentiment d'insĂ©curitĂ©, d'anxiĂ©tĂ© et d'angoisse et de la solution behaviorale Ă  l'anorexie qui ne fait que dĂ©placer le moyen d'action sur l'entourage et le moyen d'autodestruction sans s'attaquer aux problĂšmes de la relation de soi Ă  soi et de celle avec l'entourage qui sont Ă  la source. Il est de mĂȘme des succĂšs de l'enseignement programmĂ© qui a fait le choix de remplir des cruches vides plutĂŽt que d'allumer des lanternes en transformant des illettrĂ©s en analphabĂštes! L’approche Ă©cosystĂ©mique est l’antidote de cet Ă©lĂ©mentarisme[85].

PĂ©dagogie documentaire (1958)

La pĂ©dagogie du « construire sa connaissance par les documents » vise plusieurs objectifs. Tout d’abord la pĂ©dagogie documentaire signifie l’autonomie de l’élĂšve. En effet, l’élĂšve n’attend pas qu’on lui dĂ©livre un savoir, il va lui-mĂȘme se l’approprier en cherchant l’information dans des documents, et en la restituant selon ses attentes, ses besoins. La pĂ©dagogie documentaire vise Ă©galement le dĂ©veloppement de l’esprit critique de l’élĂšve car apprendre avec des documents, c’est apprendre Ă  valider l’information, apprendre Ă  reconnaĂźtre la pertinence d’un document par rapport Ă  une manne documentaire accrue avec le dĂ©veloppement des technologies de l’information et de la communication. Enfin la pĂ©dagogie documentaire a pour objectif immĂ©diat l’utilisation des outils d’un centre de ressources par l’élĂšve, puisqu’avant de pouvoir apprendre avec des documents, il faut au prĂ©alable maĂźtriser les outils de recherche, par exemple le logiciel documentaire d’un Ă©tablissement scolaire, ou un moteur de recherche sur internet.

La pĂ©dagogie documentaire vise ainsi l’acquisition d’une mĂ©thode de recherche documentaire.

PĂ©dagogie explicite (1960)

Les premiĂšres formalisations de la PĂ©dagogie explicite sont posĂ©es par S. Engelmann en 1960 Ă  travers le Direct Instruction ; Ă  partir de 1968 (et ce jusqu'en 1995), dĂ©marre aux États-Unis le projet Follow Through qui constitue une Ă©tude comparative de grande ampleur de neuf mĂ©thodes pĂ©dagogiques ; ce programme de recherche a montrĂ© que le Direct Instruction dĂ©passe en efficacitĂ© les huit autres mĂ©thodes sur les trois points Ă©valuĂ©s : connaissances de base acquises, savoir-faire, estime de soi. En 1976, B. Rosenshine (professeur et chercheur en psychologie cognitive) dĂ©crit la pĂ©dagogie explicite. Les pratiques de la pĂ©dagogie explicite continuent d'ĂȘtre Ă©tudiĂ©es et Ă©valuĂ©es par l'Ă©quipe de C. Gauthier (UniversitĂ© Laval, QuĂ©bec). In fine, les principes de la pĂ©dagogie explicite dĂ©coulent d'observations empiriques et d'Ă©tudes scientifiques issues d'Ă©tudes longitudinales et de mĂ©ta-analyses de grande ampleur.

Les procédés utilisés dans le cadre d'une pédagogie explicite permettent en premier lieu de mettre le savoir au centre du dispositif de transmission des connaissances et des savoir-faire[86] ; en d'autres termes, ces procédés ne conduisent pas à mettre l'enfant au centre du dispositif, comme c'est le cas dans les pédagogies constructivistes ; ni à mettre l'enseignant au centre, comme c'est généralement le cas dans les pédagogies traditionnelles.

En second lieu, la pĂ©dagogie explicite prĂ©conise la mise en Ɠuvre de progressions prĂ©cises et rigoureuses, qui partent toujours des notions les plus simples en allant vers les plus complexes.

En troisiÚme lieu, cette pédagogie met en place une structure de leçons identiques, qui part d'un rappel des acquis, d'une courte phase de présentation de la notion et des objectifs attendus en fin de séance, suivie par un moment de pratique guidée, puis d'un temps de pratique autonome, enfin d'un bilan et d'un rappel des acquis ; par la suite, des révisions réguliÚres et des évaluations viennent clore ce processus et permettent un maintien en mémoire sur le long terme[87]. Enfin, l'objectif des leçons est de permettre la compréhension des notions abordées : au sein de la pédagogie explicite, la compréhension est considérée comme étant l'intégration de nouvelles connaissances et leur mise en réseau avec celles déjà en mémoire à long terme afin qu'elles soient disponibles à tout moment.

PĂ©dagogie PNL

Un exemple de stratégie mentale étudiée par la programmation neuro-linguistique (dite « PNL ») : la stratégie de mémorisation d'une leçon.

La programmation neuro-linguistique (PNL) cherche Ă  modĂ©liser les compĂ©tences cognitives et relationnelles de gens de talent pour les transmettre Ă  d'autres. Dans le domaine de la pĂ©dagogie, les intervenants en PNL ont observĂ© des Ă©lĂšves brillants dans leur maniĂšre de procĂ©der mentalement pour rĂ©aliser des tĂąches scolaires. Ils ont conclu que ceux-ci, face Ă  une mĂȘme tĂąche scolaire, rĂ©alisaient les mĂȘmes opĂ©rations mentales. Par exemple pour la mĂ©morisation de l'orthographe, visualiser le mot (c'est le « visuel remĂ©morĂ© ») puis le ressentir comme juste (« contrĂŽle kinesthĂ©sique ») est un exemple de stratĂ©gie plus efficace que celle d'Ă©peler auditivement[88]. Les PNListes ont dĂ©codĂ© cinq stratĂ©gies (outils mentaux) chez ces apprenants : comprendre, mĂ©moriser, rĂ©flĂ©chir, prononcer et transfĂ©rer[89].

La spécificité de la pédagogie PNL repose sur l'expérimentation par les enfants, au travers de consignes et d'exercices trÚs concrets, de comment apprendre à apprendre. Lorsque ces stratégies sont intégrées, les enfants sont invités à les utiliser dans toutes leurs leçons. Ces stratégies PNL d'apprentissage donnent également des indications aux enseignants sur la maniÚre d'aborder les contenus.

PĂ©dagogie institutionnelle (1963)

Issue de la pédagogie Freinet, la pédagogie institutionnelle a été fondée par Fernand Oury avec Aïda Vasquez dans les années 1950-1960. Ce courant pédagogique est fortement influencé par la psychanalyse, notamment par ses liens avec la psychothérapie institutionnelle.

Pédagogie différenciée (1963)

La recommandation de diffĂ©rencier ses enseignements remonte haut, surtout Ă  Alexandre Carroll, « ingĂ©nieur technico-pĂ©dagogique », en 1963 aux États-Unis. Mais la terminologie et la volontĂ© politique s'affichent en France surtout en 1973, avec Louis Legrand, qui essaie de la faire appliquer dans le secondaire en 1983. Il a publiĂ© La diffĂ©renciation pĂ©dagogique, Paris, ScarabĂ©e, CEMEA, 1986, Les diffĂ©renciations de la pĂ©dagogie, Paris, PUF, 1995.

« Le gros problĂšme est de traiter dans un mĂȘme Ă©tablissement des Ă©lĂšves diffĂ©rents. On ne peut pas enseigner d'une façon commune Ă  tous les Ă©lĂšves, mĂȘme si on souhaite les scolariser ensemble pour leur formation civique et morale. C'est dans ce sens que l'on a travaillĂ© sur la pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e, en s'inspirant beaucoup de la pĂ©dagogie de maĂźtrise issue des États-Unis, qui consiste, Ă  partir de programmes identiques, Ă  traiter les Ă©lĂšves en fonction de leurs besoins. »[90]

La pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e part du constat que dans une classe, un professeur doit enseigner Ă  des Ă©lĂšves ou des Ă©tudiants ayant des capacitĂ©s et des modes d'apprentissages trĂšs diffĂ©rents. Elle tente de donner une rĂ©ponse Ă  cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des classes par des pratiques adaptant Ă  chaque Ă©lĂšve les programmes d'Ă©tude, l'enseignement et le milieu scolaire. Bien souvent, l'enseignant ne va plus ĂȘtre le centre de la classe mais va mettre l'enfant ou l'activitĂ© au centre.

Pédagogie par résolution de problÚmes (1969) : P.R.S.

Historiquement l'apprentissage par problÚmes (APP) (en anglais problem-based learning)[91] est inaugurée en 1969 à la MacMaster University. Les apprenants, regroupés par équipes, travaillent ensemble à résoudre un problÚme généralement proposé par l'enseignant, problÚme pour lequel ils n'ont reçu aucune formation particuliÚre, de façon à faire des apprentissages de contenu et à développer des compétences de résolution de problÚmes. La tùche de l'équipe est habituellement d'expliquer les phénomÚnes sous-jacents au problÚme et de tenter de le résoudre dans un processus non linéaire. La démarche est guidée par l'enseignant qui joue un rÎle de facilitateur ou médiateur.

PĂ©dagogie de la gestion mentale (1980)

La pĂ©dagogie de la gestion mentale est issue des travaux d’Antoine de la Garanderie. Le parcours personnel de ce philosophe humaniste l’a convaincu que chaque enfant a en lui les moyens de sa rĂ©ussite. Par un dialogue pĂ©dagogique, le pĂ©dagogue accompagne l’enfant dans une dĂ©couverte de lui-mĂȘme. Il l’interroge sur la façon dont il a fait « dans sa tĂȘte » afin de lui permettre de prendre conscience des moyens mentaux qu’il utilise pour rĂ©ussir une tĂąche (Ă©vocations visuelles, auditives, part de l’espace, du temps ou du mouvement dans les Ă©vocations, projets de sens). L’enfant pourra ensuite rĂ©utiliser ces moyens dans les domaines oĂč il a des difficultĂ©s. La pĂ©dagogie de la Gestion mentale est une pĂ©dagogie de la rĂ©ussite : il s’agit de transfĂ©rer les moyens de la rĂ©ussite sur l’échec.

PĂ©dagogie spiralaire

Cette pédagogie, à l'image d'une spirale, revient sur des notions similaires mais en approfondissant ces notions à chaque passage.

PĂ©dagogie par le clown

Le regard dĂ©calĂ©, voire en contrepoint, du personnage du clown peut ĂȘtre utilisĂ© comme levier afin de favoriser l'apprentissage. Le rapport du clown Ă  l'Ă©chec ou Ă  l'erreur, Ă  l'Ă©merveillement, Ă  l'imaginaire ou encore Ă  la sortie du cadre sont autant de moyens et de techniques permettant, dans certaines conditions, d'apporter des connaissances, de faire passer des notions d'une façon originale et souvent ludique. La compagnie de thĂ©Ăątre clownesque L'Île logique utilise et promeut cette mĂ©thode pour vulgariser les sciences thĂ©oriques et spĂ©cifiquement les mathĂ©matiques depuis 2006 par exemple.

Pédagogie coopérative

Une méthode d'éducation active, ou chacun apprend par les autres, avec les autres et pour les autres. L'enseignant est à la fois animateur et gestionnaire des relations, des projets d'activités et des apprentissages.

Pédagogie des défis

La pédagogie des défis part d'une problématique concrÚte exprimée par une partie prenante (entreprise, administration, organisation), cette problématique est prise en charge par des équipes défis qui s'auto-organisent dans le principe de réponse, les méthodologies, les modalités d'animation et de prototypage des solutions[92].

Pédagogie de la décision

Les pĂ©dagogies de la dĂ©cision s'inspirent des « pĂ©dagogies autogestionnaires » et de la pĂ©dagogie institutionnelle. Jean Houssaye invente la pĂ©dagogie de la dĂ©cision au cours des annĂ©es 1990 aprĂšs avoir expĂ©rimentĂ© pendant deux dĂ©cennies. À l'image de F. Oury et de J. Korczak, les pĂ©dagogies de la dĂ©cision sont nĂ©es dans les colonies de vacances puis se dĂ©veloppent dans la formation, l'enseignement, le travail social et l'animation socio-culturelle.

Ce sont les travaux de Jean-Marie Bataille[93] et de Jean-Michel Bocquet[94] - [95] - [96] qui structurent scientifiquement les pédagogies de la décision : tant sur le volet historique que sur les effets produits par ces pédagogies.

De maniÚre rapide, les pédagogies de la décision se voient nommées « pdld ».

La pédagogie par le numérique

Internet peut ĂȘtre utilisĂ© dans l'enseignement en rendant possible un processus de reconnaissance Ă©thique et politique dans lequel le bon citoyen est appelĂ© Ă  jouer un rĂŽle des plus actifs globalement aussi bien que localement[97]. De plus en plus, et ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© accentuĂ© par les pĂ©riodes de confinements de 2020 et 2021, la pĂ©dagogie est en ligne. Nous avons assistĂ© Ă  un accroissement trĂšs rapide du e-learning et du Digital Learning, formes de pĂ©dagogies en ligne qui peuvent ĂȘtre totalement en ligne ou partiellement sur le web et en prĂ©sentiel. Le monde de la pĂ©dagogie et plus gĂ©nĂ©ralement de la formation est bouleversĂ© par le "tsunami numĂ©rique" et doit s'adapter[98].

Notes et références

Notes

Références

  1. étymologie du mot pédagogie
  2. Platon, Lysis, 233 ; La République, VI, 491e. Plutarque, De l'éducation des enfants, 4 A et 12 A. Henri-Irénée Marrou, Histoire de l'éducation dans l'Antiquité, t. I : Le monde grec (1948), Seuil, coll. Points Histoire, 1981, p. 217.
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Jean ChĂąteau (dir.), Les grands pĂ©dagogues, PUF, 1956, 363 p.
  • Jean Houssaye (dir.), Premiers pĂ©dagogues. De l'AntiquitĂ© Ă  la Renaissance, ESF, 2002, 439 p.
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  • Nathalie Bulle, L'Ă©cole et son double. Essai sur l'Ă©volution pĂ©dagogique en France, Éditions Hermann, 2009.
  • Annick SibuĂ©, Martin Luther et sa rĂ©forme de l'enseignement, origines et motivations, Éditions Edilivre, 2010 (ISBN 978-2-8121-2447-1)
  • Richard PrĂ©gent, Huguette Bernard, Anastassis Kozanitis, Enseigner Ă  l'universitĂ© dans une approche-programme, Presses internationales Polytechnique, 2009.
  • (en) Robert Dilts et Todd Epstein, Dynamic Learning, Meta Publications, USA Californie, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Alain Thiry, Ça y est, j’ai compris ! : MĂ©thodes d’études et de stratĂ©gies d’apprentissage avec la PNL, Bruxelles, De Boeck UniversitĂ©, , 154 p. (ISBN 2-8041-5240-5). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • NaĂŻl Ver, Adeline Paul et Farid Malki, Professeur des Ă©coles : droits, responsabilitĂ©s, carriĂšre, Retz Éditions, 2014, 223 p.
  • Ghislain Leroy, Sociologie des pĂ©dagogies alternatives. La DĂ©couverte, « RepĂšres », 2022, 128 p.

Articles connexes

MĂ©thodes

Sur la déscolarisation

L'enseignement des adultes

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