École normale supérieure de jeunes filles
L'École normale supérieure de jeunes filles (ENSJF), dite parfois Sèvres par métonymie, est un ancien établissement d'enseignement supérieur français. Il fonctionne de 1881 à 1985, date à laquelle il fusionne avec l'École normale supérieure de la rue d'Ulm.
Fondation | |
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Dissolution | |
Successeur |
Sigle |
ENSJF |
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Type | |
Pays | |
Coordonnées |
48° 49′ 21″ N, 2° 19′ 53″ E |
Direction |
Josiane Serre, dernière directrice de l'établissement en 1985 |
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Histoire
L'École normale supérieure de jeunes filles est créée à l'initiative de Camille Sée, en application de la loi sur l'enseignement secondaire des filles, complétée par la loi du instituant l'« École normale de professeurs-femmes », elle prend le nom d'« École normale supérieure de jeunes filles » par le décret du .
Afin d'obtenir un poste à l'issue de leur scolarité à Sèvres, les élèves doivent passer le certificat d'aptitude à l’enseignement secondaire de jeunes filles établi en 1882, qui permet de devenir « chargée de cours dans les lycées », ou le certificat de professeur de collège. Il est aussi possible de passer une agrégation féminine depuis 1883 (permettant d'obtenir le titre de professeur de lycée) puis, après la Première Guerre mondiale de tenter certaines agrégations masculines, malgré des restrictions, des avancées et parfois des retours en arrière. Ce n'est que dans les années 1970 que les concours deviennent mixtes[1].
Implantée dans l'ancienne Manufacture nationale de Sèvres, en 1881, puis expulsée durant l'Occupation alors que ses bâtiments sont réquisitionnées par l'armée allemande, l'école s'installe en 1948 boulevard Jourdan, dans le 14e arrondissement de Paris, dans des bâtiments provisoires qui n'ont jamais été reconstruits. Un projet d'installation à Montrouge n'a pas abouti, les locaux construits ayant été finalement affectés à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm.
À partir de 1940, les femmes n'ont plus eu le droit de présenter le concours de l'École normale supérieure (ce qui était possible depuis 1904 mais plus difficile, dans la mesure où la formation proposée par les classes préparatoires aux grandes écoles était moindre pour les filles que pour les garçons[1]) ; les meilleures élèves intègrent alors Sèvres.
Disparition
Sous l'impulsion de sa dernière directrice, Josiane Serre, elle a fusionné en 1985 avec l'École normale supérieure (rue d'Ulm), anciennement réservée aux garçons, pour former une nouvelle école normale supérieure mixte[1]. Cette opération, soutenue par Georges Poitou, n'a pas été sans susciter de fortes résistances rue d'Ulm, l'École de Sèvres étant considérée comme moins prestigieuse que sa devancière, mais également en raison de la différence de statut entre les enseignants des deux institutions. En effet, ceux de la rue d'Ulm étaient maîtres de conférences, alors que Sèvres disposait de professeures. En conséquence, les femmes devenaient hiérarchiquement supérieures à leurs confrères de la rue d'Ulm au sein de l'École fusionnée.
Directrices
- Julie Favre : 1881-1896
- Mme Henri Marion née Jeanne Marie Hall[3] : 1896-1906
- Louise Belugou : 1906-1919
- Anne Amieux : 1919-1936
- Eugénie Cotton : 1936-1941
- Edmée Hatinguais : 1941-1944
- Lucy Prenant : 1944-1956
- Marie-Jeanne Durry : 1956-1974
- Josiane Serre : 1974-1988
Professeurs et élèves célèbres
- Michèle Audin, mathématicienne et femme de lettres, membre de l'Oulipo
- Éliane Basse, paléontologue et géologue
- Marie-Anne Bouchiat (1953), physicienne et membre de l'Académie des sciences
- Marguerite Buffard (1932), professeure de philosophie et résistante
- Yvonne Choquet-Bruhat (1943), mathématicienne et physicienne
- Catherine Clément (1959), philosophe et écrivaine
- Marie Curie, physicienne et chimiste (1900-1906)[4]
- Laurence Danon (1977), dirigeante d'entreprises
- Assia Djebar (1955), femme de lettres, membre de l'Académie française, membre l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique
- Jeanne Galzy (1909), femme de lettres
- Claudine Hermann (1945-2021), physicienne
- Catherine Jeandel (1977), océanographe-géochimiste[5]
- Annie Lacroix-Riz née Riz, universitaire, historienne
- Luce Langevin, physicienne et biologiste
- Anne Lauvergeon (1978), haute fonctionnaire et dirigeante d'entreprises
- Paulette Libermann, mathématicienne.
- Odile Macchi (1963), physicienne, mathématicienne, membre de l'Académie des sciences
- Éliane Montel (1918), physicienne et chimiste
- Mona Ozouf (1952), historienne
- Marie-Françoise Roy (1969), mathématicienne
- Michelle Schatzman (1968), mathématicienne
- Marisol Touraine, haut fonctionnaire et femme politique
- Françoise Verny, éditrice
- Claire Voisin (1981), mathématicienne, professeur au Collège de France et membre de l'Académie des sciences
- Brigitte Zanda (1978), astrophysicienne
Notes et références
- Loukia Efthymiou, « Le genre des concours », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, n°18, 2003, p. 91-112.
- Annick Lederlé, Jérôme Champlois, « Le CIEP et son histoire », (ISBN 2-11-095731-X)
- Christophe Charle, « François, Henri , Marie », dans Les professeurs de la faculté des lettres de Paris – Dictionnaire biographique 1809-1908, Paris, INRP (lire en ligne), p. 131-132.
- Marie Curie. Cours de physique donnés à l'École normale supérieure de Sèvres, 1900-1906, [lire en ligne].
- « Catherine Jeandel élue à la présidence du Conseil Académique de l'Université Fédérale », sur www.univ-toulouse.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Le cinquantenaire de l'école normale supérieure de Sèvres, 1881-1931, Paris, Printory, 1932, 459 p.
- Annuaire du centenaire de l'École normale supérieure de jeunes filles, Paris, ENSJF, 1985, 307 p. (ISBN 2859290133)
- Pour le 75e anniversaire de l’École normale supérieure des jeunes filles, Cahors, impr. A. Coueslant, 1959, 103 p.