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Camp du Larzac

Le camp du Larzac est un camp militaire de l’ArmĂ©e de terre. Il est situĂ© sur la commune de La Cavalerie dans l'Aveyron. D'une superficie de 3 000 hectares sur les 100 000 ha du causse du Larzac. Il abrite la 13e DBLE depuis 2016.

Un des nombreux panneaux du camp militaire du Larzac.

Il permet les tirs d'infanterie, mais aussi de mortier de 81 mm et de 120 mm.

Son nom vient de celui du plateau sur lequel il se trouve. Sa tentative d'agrandissement de 13 700 hectares touchant douze communes, des annĂ©es 1970 au dĂ©but des annĂ©es 1980 et qui aurait entraĂ®nĂ© de nombreuses expropriations de paysans a Ă©tĂ© l'objet de nombreuses actions et manifestations de ceux-ci soutenus par une partie de la population française. Le projet fut finalement abandonnĂ©.

DĂ©fense

Carte des environs du camp du Larzac en 1893

Un camp militaire, achevé en juin 1902, occupe 3 % du plateau du Larzac. Son extension de plus de 400 % fut décidée en 1970 ; la décision a été annulée en 1981 (voir historique dans l'article Lutte du Larzac).

Le camp est occupé par :

ImplantĂ© territorialement sur les communes de La Cavalerie, de Millau et de Nant, le camp du Larzac fait partie de la zone de gestion du Parc naturel rĂ©gional des Grands Causses. Ce parc s'Ă©tend sur 326,76 km2 dont 30,43 km2 sont rĂ©servĂ©s aux activitĂ©s militaires du CEITO/122e RI.

Créé en 1985 dans le camp du Larzac, le CEITO/122e RI marque la volonté d’améliorer l’instruction et l’entraînement au tir des unités d’infanterie. Le camp du Larzac permet de mettre en œuvre simultanément la totalité de l’armement en dotation dans l’infanterie, d’entraîner puis de contrôler les unités de combat dans des conditions réalistes sur des parcours de tir bénéficiant d’équipements modernes (ciblerie électronique, recueil des résultats en temps réel, etc.).

Sont concernées :

  • unitĂ©s blindĂ©es VAB
  • unitĂ©s blindĂ©es VBCI
  • SAED (Sections d'aide Ă  l’engagement dĂ©barquĂ©)

Les contrĂ´les ont lieu :

  • sur le camp du Larzac pour les unitĂ©s d'infanterie blindĂ©es VAB ou VBCI (sans engins blindĂ©s) ainsi que pour les Sections d'Aide Ă  l'Engagement DĂ©barquĂ©
  • sur le camp de Suippes pour les unitĂ©s blindĂ©es VBCI

Internement

C'est Ă  l'occasion de la guerre d'AlgĂ©rie que le Ministère de l'IntĂ©rieur français obtint, en 1958, la possibilitĂ© de recourir Ă  nouveau Ă  l'internement administratif collectif[1]. Plusieurs centres d'assignation Ă  rĂ©sidence surveillĂ©e furent crĂ©Ă©s dans des sites militaires : Larzac (Aveyron), Rivesaltes (PyrĂ©nĂ©es-Orientales), Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard), Camp de Thol (Ain), Vadenay (Marne)[2]. Près de 14 000 AlgĂ©riens suspectĂ©s d'ĂŞtre membres du Front de libĂ©ration nationale (FLN) y furent internĂ©s. Ainsi que des membres du Mouvement National AlgĂ©rien (MNA) qu’on avait bien pris soin de sĂ©parer pour Ă©viter les affrontements entre ces deux mouvements antagonistes.

Le plus important Ă©tait le camp du Larzac, Ă  la fois par sa taille — plus de 30 km2, près de 4 000 assignĂ©s et plusieurs centaines de membres du personnel — et par sa place dans l'organisation centrale de l'internement[3]. Il a Ă©tĂ© ouvert au printemps 1959 dans de mauvaises conditions matĂ©rielles qui n'ont Ă©tĂ© rĂ©solues, selon un rapport du directeur, qu'en juin 1960. Dès son ouverture, le directeur se plaint du sous-effectif et de l’incompĂ©tence d’une bonne partie du personnel recrutĂ©[4]. Contre les mauvaises conditions de dĂ©tention, les assignĂ©s font des grèves de la faim et des soins[5] et refusent les radiographies. Les membres des CRS frappent les hommes, les forcent Ă  attendre sous la pluie et dans la boue, pieds nus, pendant plusieurs heures et les dĂ©shabillent de force pour l’examen mĂ©dical. Il y a une cogestion de fait entre l'administration et les assignĂ©s responsables du FLN[6].

Fin 1959, puis le 9 mars 1960, des visites de la Croix-Rouge conduisent à une dénonciation des conditions sanitaires des internés[7].

Le 28 juin 1959, une manifestation eut lieu devant le camp militaire du Larzac et devant la sous-préfecture de Millau ; des manifestants non violents vinrent s'élever contre ce camp qu'ils qualifiaient de camp de concentration[8] - [9].

Du 24 juillet au , quatre personnes dont Joseph Pyronnet s'imposent neuf jours de jeûne à La Cavalerie pour dénoncer l’existence des camps d’assignation à résidence[10].

Trente volontaires de l'Action civique non-violente, se déclarant suspects, demandent à partager le sort des Algériens internés sans jugement dans les camps, notamment celui du Larzac[11].

En 1962, le camp constitua un des centres d'accueil des rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie (CARA) destinĂ© Ă  hĂ©berger les harkis et leur famille[12]. Le Larzac a accueilli plus de 12 000 d'entre eux dans des tentes.

Fusées

C'est en novembre 1941 et en mars 1942, au camp militaire du Larzac, qu'ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, par le colonel Jean-Jacques BarrĂ©, des essais statiques de moteur de fusĂ©e commandĂ©s par le Ministère de la Guerre. Le moteur Ă©tait destinĂ© Ă  des fusĂ©es baptisĂ©es « EA 1941 » (Engin AutopropulsĂ© 1941) qui devaient ĂŞtre capables d'envoyer Ă  100 km de distance une charge de 25 kg. Il s'agit des premières fusĂ©es Ă  ergol liquide françaises. Ces essais se poursuivirent Ă  Vancia, près de Lyon. Ils devaient continuer en AlgĂ©rie mais furent interrompus Ă  la suite du dĂ©barquement des AlliĂ©s en Afrique du Nord. Ils furent repris en 1945 et 1946 au polygone de La Renardière, près de Toulon.

Le camp a encore été un terrain militaire de lancement de 1999 à 2002.

Le Festival européen de l'Espace s'y est déroulé en août les années 2000, 2001 et 2002.

Drones

Depuis les années 1970, le camp du Larzac a été un terrain d'exercices pour les drones. Tour à tour ont été tirés des drones R-20, CL-89 et CL-289 à raison de deux campagnes de tir par an (sauf entre 1978 et 1983) exécutées par le 7e régiment d'artillerie puis le 61e avec des stations de télémesures fournies par le 17e régiment d'artillerie et un soutien technique de la SOGERMA. À ces occasions toute circulation aérienne à l'intérieur d'un polygone d'activité comprenant, outre le Larzac, le Causse Noir et le Causse Méjean, était interdite.

Compétition automobile

Le camp militaire du Larzac a été le théâtre de compétitions automobiles, le rallye des Cardabelles en particulier. Ce rallye fait partie du championnat de France des rallyes sur terre depuis les années 1980.

13e DBLE

Le 30 juillet 2015, est annoncé le déménagement de la 13e DBLE de sa base aux Émirats Arabes Unis vers le Camp du Larzac. Il doit être réalisé au cours de l'année 2016. Les premiers détachements arrivent en janvier 2016.

À terme, près de 1 200 légionnaires s'y installeront[13].

Galerie

  • Le Camp au dĂ©but du XXe siècle
  • EntrĂ©e du camp.
    Entrée du camp.
  • Vue gĂ©nĂ©rale.
    Vue générale.
  • Pansage des chevaux.
    Pansage des chevaux.
  • Exercice de char.
    Exercice de char.

Notes et références

  1. Ordonnance n°58-916 du 7 octobre 1958 relative aux mesures à prendre à l’égard des personnes dangereuse pour la sécurité publique en raison de l’aide qu’elles apportent aux rebelles des départements algériens
  2. « Les camps en France », La Défense, organe du Secours populaire français,‎ , p. 5
  3. Marc Bernardot, « Entre répression policière et prise en charge sanitaire et sociale : le cas du centre d’assignation à résidence du Larzac (1957-1963) », Institut d’histoire du temps présent, no 83 « Répression, contrôle et encadrement dans le monde colonial au XXe siècle »,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Cité par Jean-Philippe Marcy, « Le camp du Larzac 1959-1962. Entre une politique répressive et le pouvoir du FLN », Matériaux pour l’histoire de notre temps « Vadenay,Saint-Maurice l’Ardoise, Thol, le Larzac. L’internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne », no 92,‎ , p. 25 à 32 (lire en ligne)
  5. Artières 2021, p. 162
  6. Artières 2021, p. 161
  7. Lettre d'un interné, citée par Charlotte Delbo, Les Belles lettres, Editions de Minuit, 1961-2012, p. 66-70.
  8. « Les premiers pas de l’ACNV, 1957-1960 », sur refractairesnonviolentsalgerie1959a63.org, (consulté le )
  9. François Vernier et André Delon, « Pour la suppression des camps de concentration », Témoignages et documents, no 19,‎ , p. 8 (lire en ligne, consulté le )
  10. « Pour la suppression des camps de concentration », Témoignages et documents, no 19,‎ , p. 9 (lire en ligne, consulté le )
  11. Tramor Quémeneur, « L'ACNV (Action civique non-violente) et la lutte contre les camps », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 92 « L'internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne »,‎ , p. 57 (lire en ligne)
  12. Artières 2021, p. 166-172
  13. Philippe CHAPLEAU, « La 13e DBLE comptera un millier d'hommes et va s'installer au Larzac », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr (consulté le ).

Bibliographie

  • Collectif, « Vadenay, Saint-Maurice l’Ardoise, Thol, le Larzac. L’internement en France pendant la guerre d’indĂ©pendance algĂ©rienne », MatĂ©riaux pour l’histoire de notre temps, no 92,‎ (lire en ligne)
  • Philippe Artières, Le peuple du Larzac, Une histoire de crânes, sorcières, croisĂ©s, paysans, prisonniers, soldats, ouvrières, militants, touristes et brebis..., Paris, La DĂ©couverte, , 304 p. (ISBN 9782348042690)

Annexes

Articles connexes

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