Tzvetan Todorov
Tzvetan Todorov [tsvetan tÉdÉÊÉf][1] (en bulgare : ĐŠĐČĐ”ŃĐ°Đœ ĐąĐŸĐŽĐŸŃĐŸĐČ), nĂ© le Ă Sofia et mort le Ă Paris, est un critique littĂ©raire, sĂ©miologue, historien des idĂ©es et essayiste français d'origine bulgare.
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DĂ©cĂšs |
(Ă 77 ans) 13e arrondissement de Paris |
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Todor Borov (d) |
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Ivan Todorov (d) |
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Nancy Huston (de Ă ) |
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Directeur de thĂšse | |
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Prix Princesse des Asturies en sciences sociales () Liste dĂ©taillĂ©e Prix Maujean () Prix europĂ©en de l'essai Charles-Veillon () Prix La BruyĂšre () Prix Princesse des Asturies en sciences sociales () Prix Jean-Michel-Gaillard (d) () Prix de la critique () Officier des Arts et des Lettresâ Docteur honoris causa de l'universitĂ© nationale principale de San Marcos Docteur honoris causa de l'universitĂ© de LiĂšge Chevalier de la LĂ©gion d'honneurâ |
Biographie
Né à Sofia le [2], Tzvetan Todorov se rend à Paris en 1963 et devient docteur en psychologie en 1966[3]. Il acquiert la nationalité française en 1973.
Il entre au CNRS en 1968, oĂč il fait l'ensemble de sa carriĂšre. Entre 1983 et 1987, il dirige le Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL, CNRS-EHESS).
Initialement thĂ©oricien de la littĂ©rature, il se consacre depuis les annĂ©es 1980 Ă lâhistoire des idĂ©es, aux problĂšmes de la mĂ©moire et au rapport Ă lâautre dans des cadres historiques aussi divers que la conquĂȘte du Mexique ou les camps de concentration totalitaires.
Tzvetan Todorov est d'abord remarqué pour sa traduction des formalistes russes (1965), qui a largement contribué à la diffusion de la poétique contemporaine. Son essai Littérature et signification a fait de lui un des pionniers de la renaissance de la rhétorique ; dans son Introduction à la littérature fantastique (1970), il analyse le genre littéraire de la littérature fantastique. C'est aussi en 1970 qu'il fonde avec Gérard Genette la revue Poétique.
Des annĂ©es 1960 jusquâĂ la fin des annĂ©es 1970, Todorov joue un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la thĂ©orie littĂ©raire, en portant ce qu'il nomme une poĂ©tique, fondĂ©e sur la narratologie, la sĂ©miologie et la linguistique[4].
Les réflexions postérieures de Todorov portent principalement sur l'altérité et notamment sur la question du « nous » et des « autres » dans les discussions des humanistes en Europe lors de la découverte du Nouveau Monde, pendant le processus de colonisation ou au cours du XXe siÚcle, ainsi que sur la question de la mémoire.
DĂ©fenseur indĂ©pendant de la dĂ©mocratie, dans un recueil dâessais paru en 2009, La Signature humaine, il dit son attachement Ă la voie mĂ©diane de la dĂ©mocratie libĂ©rale, quâil faut selon lui critiquer « au nom de lâidĂ©al dĂ©mocratique lui-mĂȘme ». C'est ainsi qu'il Ă©crit :
« MĂ©fions-nous des deux extrĂȘmes : nous nâavons pas Ă rougir de choisir cette voie moyenne. »
Son analyse de la vie commune s'inscrit dans une dĂ©marche Ă la fois anthropologique et historique. Ses recherches sur l'histoire de l'humanisme mettent en valeur les Ćuvres de Jean-Jacques Rousseau, Montesquieu, Montaigne, Benjamin Constant et Jacques Cazotte.
Tzvetan Todorov a été professeur invité dans plusieurs grandes universités américaines : à New York, à Columbia, à Harvard, à Yale et en Californie.
Il fut membre du Comité de soutien du centre Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique)[5] et président de l'Association Germaine Tillion, à sa fondation en [6].
Il a été marié à Martine van Woerkens, puis à Nancy Huston de 1981 à 2014[7]. Ses enfants sont, de son premier mariage, Boris, et, de son second, Léa et Sacha.
Faisant écho à sa propre biographie (un pÚre attaché à la culture russe, une enfance vécue dans la Bulgarie communiste de l'aprÚs Seconde Guerre mondiale), son ultime essai, Le Triomphe de l'artiste. La révolution et les artistes. Russie : 1917-1941 (Flammarion, 2017), publié juste aprÚs sa mort, évoque la lutte des artistes soviétiques contre le pouvoir stalinien, en s'attachant particuliÚrement aux cas du peintre Kasimir Malevitch et de l'écrivain Ievgueni Zamiatine, figures exemplaires d'un art se voulant autonome, libéré de toute contrainte idéologique.
Tzvetan Todorov meurt le à Paris[8], à la suite d'une maladie neurodégénérative.
Reconnaissance
Prix
- 1989 : Prix Maujean de l'Académie française pour Nous et les autres
- 1998 : Prix européen de l'essai Charles Veillon pour Benjamin Constant : la passion démocratique
- 2001 : Prix La BruyÚre de l'Académie française
- 2008 : Prix Princesse des Asturies (Sciences sociales)
- 2009 : Prix Jean-Michel-Gaillard[9]
- 2011 : Prix de la critique de l'Académie française[10]
Distinctions
- 1990 : Docteur honoris causa de l'université de LiÚge
- 2006 : membre associé de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l'Académie royale de Belgique[11].
Concours littéraires
Lors de la session 2003 du concours d'entrĂ©e Ă l'Ăcole normale supĂ©rieure (en A/L), le sujet de l'Ă©preuve commune de composition française (c'est-Ă -dire de littĂ©rature) fut une citation extraite de la Critique de la critique (1984) de Tzvetan Todorov, que voici[12] :
« [On nous a] rĂ©pĂ©tĂ© Ă qui mieux mieux que la littĂ©rature Ă©tait un langage qui trouvait sa fin en lui-mĂȘme. Il est temps d'en venir (d'en revenir) aux Ă©vidences qu'on n'aurait pas dĂ» oublier : la littĂ©rature a trait Ă l'existence humaine, c'est un discours, tant pis pour ceux qui ont peur des grands mots, orientĂ© vers la vĂ©ritĂ© et la morale. »
En 2020, le sujet de composition française du concours général des lycées fut une citation de La Littérature en péril (2007) :
« Ce que les romans nous donnent est, non un nouveau savoir, mais une nouvelle capacitĂ© de communication avec des ĂȘtres diffĂ©rents de nous ; en ce sens, ils participent plus de la morale que de la science. Lâhorizon ultime de cette expĂ©rience nâest pas la vĂ©ritĂ© mais lâamour, forme suprĂȘme du rapport humain. »
Ouvrages
- Théorie de la littérature, textes des formalistes russes, Paris, Le Seuil, 1965.
- Littérature et Signification, Paris, Larousse, 1967.
- Grammaire du "Décaméron", Paris, Mouton, 1969.
- Introduction à la littérature fantastique, Paris, Le Seuil, 1970.
- Poétique de la prose, Paris, Le Seuil, 1971.
- Quâest-ce que le structuralisme ? PoĂ©tique, Paris, Le Seuil, 1977.
- Théories du symbole, Paris, Le Seuil, 1977.
- Symbolisme et Interprétation, Paris, Le Seuil, 1978.
- Les Genres du discours, Paris, Le Seuil, 1978.
- Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, avec Oswald Ducrot, Paris, Le Seuil, 1979.
- MikhaĂŻl Bakhtine, le principe dialogique, Paris, Le Seuil, 1981.
- La ConquĂȘte de l'AmĂ©rique : la question de l'autre, Paris, Le Seuil, 1982.
- RĂ©cits aztĂšques de la conquĂȘte, avec Georges Baudot, Paris, Le Seuil, 1983.
- Critique de la critique, Paris, Le Seuil, 1984.
- FrĂȘle Bonheur : essai sur Rousseau, Paris, Hachette, 1985.
- La Notion de littérature et autres essais, Paris, Le Seuil, 1987.
- Nous et les autres, Paris, Le Seuil, 1989.
- Face Ă lâextrĂȘme, Paris, Le Seuil, 1991.
- Les Morales de lâhistoire, Paris, Grasset, 1991.
- Ăloge du quotidien : essai sur la peinture hollandaise du XVIIe siĂšcle, Paris, Adam Biro, 1993.
- Une tragédie française, été 1944 : scÚnes de guerre civile, Paris Le Seuil, 1994 (ISBN 2-02-067920-5).
- La Vie commune : essai d'anthropologie générale, Paris, Le Seuil, 1995.
- LâHomme dĂ©paysĂ©, Paris, Le Seuil, 1996.
- Benjamin Constant : la passion démocratique, Paris, Hachette littératures, 1997.
- Le Jardin imparfait : la pensée humaniste en France, Paris, Grasset, 1998.
- La Fragilité du bien : le sauvetage des juifs bulgares, Paris, Le Grand Livre du mois, 1999. Textes réunis et commentés par Tzvetan Todorov ; traduction du bulgare par Marie Vrinat et IrÚne Kristeva.
- Ăloge de lâindividu : essai sur la peinture flamande de la Renaissance, Paris, Adam Biro, 2000.
- MĂ©moire du mal, tentation du bien, Paris, Robert Laffont, 2000.
- Devoirs et DĂ©lices : une vie de passeur (entretiens avec Catherine Portevin), Paris, Le Seuil, 2002.
- Le Nouveau DĂ©sordre mondial : rĂ©flexions dâun EuropĂ©en, Paris, Robert Laffont, 2003.
- Les Abus de la mémoire, Paris, Arléa, 2004.
- Les Aventuriers de l'absolu, Paris, Robert Laffont, 2006.
- L'Esprit des LumiĂšres, Paris, Robert Laffont, 2006.
- La Littérature en péril, Paris, Flammarion, 2007. Todorov évoque son passé, personnel et intellectuel.
- L'Art ou la Vie ! : le cas Rembrandt, Paris, Biro Ă©diteur, 2008.
- Un humanismo bien temperado (conversaciĂłn con Ger Groot) en Adelante, ÂĄcontradĂgame!, Madrid, Ediciones Sequitur, 2008.
- La Peur des barbares : au-delĂ du choc des civilisations, Paris, Robert Laffont, 2008.
- La Signature humaine : essais 1983-2008, Paris, Le Seuil, 2009.
- L'Expérience totalitaire : la signature humaine, Paris, Le Seuil, 2010.
- Georges Jeanclos, Galerie Capazza et Biro & Cohen Ă©diteurs, 2011.
- Goya Ă l'ombre des LumiĂšres, Paris, Flammarion, 2011.
- Les Ennemis intimes de la démocratie, Paris, Robert Laffont - Versilio, 2012.
- La peinture des LumiĂšres. De Watteau Ă Goya., Paris, Le Seuil - Beaux Livres, 2014.
- Insoumis, Paris, Robert Laffont - Versilio, 2015[13].
- Le Triomphe de l'artiste. La révolution et les artistes. Russie : 1917-1941, Paris, Flammarion, 2017.
- La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal, avec Boris Cyrulnik, Ă©ditions de l'Aube, 2017.
Références
- Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
- Voir sur franceinter.fr.
- Voir sur sudoc.fr.
- Atanassov et Rasse 2017, p. 231.
- Organigramme du centre Primo Levi.
- Site Germaine Tillion.
- « Plus les femmes sont autonomes, plus elles deviennent objets », Psychologies Magazine, 24 février 2012 (lire en ligne).
- « Lâessayiste et historien des idĂ©es Tzvetan Todorov est mort », sur Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, consultĂ© le ).
- http://old.rdv-histoire.com/-Prix-Jean-Michel-Gaillard,828-.html.
- Le palmarÚs de l'Académie française.
- Actualité sur le site de l'Institution
- « Rapports et sujet 2003 A/L », sur ens.psl.eu, (consulté le )
- Page du livre Insoumis sur le site de l'Ă©diteur.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Verrier, Tzvetan Todorov : du formalisme russe aux morales de l'histoire, Paris, Bertrand-Lacoste, coll. « Référence » (no 10), , 127 p. (ISBN 2-7352-1110-X, BNF 35823416)
- Bernadette Bucher, « Todorov (Tzvetan) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 1357-1359.
- Stoyan Atanassov et Paul Rasse, « Tzvetan Todorov (1939-2017) », Hermes, vol. 78, no 2,â (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives Ă la recherche :
- Ressources relatives à la littérature :
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Entretien avec Henk de Berg et Karine Zbinden (2016)
- Tzvetan Todorov, spectateur engagé (éloge par Henk de Berg, 2017)