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Harki

Un harki, prononcĂ© [ʔaʁki] (de l'arabe Ű­Ű±ÙƒÙŠ, harkÄ«), est, au sens strict, un individu servant en AlgĂ©rie française dans une formation paramilitaire.

Un jeune harki, en 1961.

Les harkis sont par extension une partie des supplétifs engagés dans l'Armée française durant la guerre d'Algérie sans avoir le statut de militaires. Les « harkas », formations trÚs mobiles, sont d'abord employées localement pour défendre les villages, puis constituées en commandos offensifs sous la responsabilité d'officiers français. Les harkis comme les autres supplétifs obtiennent le statut d'anciens combattants en France par une loi du s'ils habitent en France et à partir du s'ils habitent en Algérie.

La France s'engage Ă  accueillir tous les harkis et leur famille rapprochĂ©e aprĂšs la guerre d'AlgĂ©rie, mais revient sur l'engagement Ă  la suite des accords d'Évian. Seuls 42 500 harkis trouvent finalement refuge en France mĂ©tropolitaine[1].

Les prĂ©sidents français, Ă  partir de Jacques Chirac, s'expriment publiquement sur l'abandon des harkis par la France. Abdelaziz Bouteflika affirme en 2005 que « les enfants des harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents » ; des lois empĂȘchent cependant l'accĂšs des descendants de harkis Ă  certaines fonctions, en particulier politiques.

DĂ©finition

Un harki dĂ©signe, au sens strict, un individu servant en AlgĂ©rie française dans une formation paramilitaire, une harka. Le mot est un dĂ©rivĂ© de l'arabe Ű­Ű±ÙƒŰ© (« harka »), qui signifie mouvement et qui est utilisĂ© au sens de « groupe mobile »[2] - [3].

Harki dĂ©signe par extension une partie des supplĂ©tifs (avec les moghaznis, les groupes mobiles de sĂ©curitĂ© (GMS), les groupes d'autodĂ©fense (GAD), les UnitĂ©s territoriales et les rĂ©servistes spĂ©ciaux) engagĂ©s dans l’ArmĂ©e française de 1957 Ă  1962[1].

En France, harki est souvent utilisĂ© comme synonyme de « Français musulmans rapatriĂ©s » Ă  partir de 1962[4], « Français rapatriĂ©s de confession islamique » (FRCI) en 1970 ou « RapatriĂ©s d'origine nord-africaine » (RONA) et « Français de souche islamique rapatriĂ©s d'Afrique du Nord » (FSIRAN) dans les annĂ©es 1980[5]. À partir des annĂ©es 1990, le mot harki s'applique soit aux seuls harkis, soit Ă  tous les supplĂ©tifs, soit encore Ă  l’ensemble incluant supplĂ©tifs et non supplĂ©tifs, en fonction du contexte[6]. Pour Mohand Hamoumou, harki dĂ©signe les Français musulmans qui ont dĂ» quitter leur pays en raison de leur comportement anti-indĂ©pendantiste durant la guerre d’AlgĂ©rie[6].

En AlgĂ©rie, harki est souvent devenu synonyme de traĂźtre et de collaborateur[4]. Cependant, pour l'historien Mohammed Harbi, ancien membre du FLN, « l'idĂ©e selon laquelle les harkis auraient Ă©tĂ© des traĂźtres ou des « collabos » devrait ĂȘtre dĂ©passĂ©e »[7].

Origines historiques des harkis

Un harki en uniforme
Un harki vétéran de la Seconde Guerre mondiale.

Les premiĂšres harkis naissent en 1830, lorsque des tribus de pays colonisĂ©s prĂȘtent allĂ©geance Ă  la France. DĂšs 1831, des bataillons de soldats « indigĂšnes » sont mis sur pied et participent aux opĂ©rations de conquĂȘte de l'AlgĂ©rie aux cĂŽtĂ©s des unitĂ©s mĂ©tropolitaines. En 1856, trois rĂ©giments de tirailleurs algĂ©riens sont crĂ©Ă©s dans chacune des provinces de l'AlgĂ©rie française et font partie intĂ©grante de l’ArmĂ©e française. Ces tirailleurs s’illustrent ensuite dans la plupart des campagnes du Second Empire et de la IIIe RĂ©publique[8]. C'est alors que naĂźt le terme de « harki »[3]. Dans certaines familles musulmanes, comme celle du militaire SaĂŻd Boualam, dit le bachaga Boualam, une vraie tradition militaire tournĂ©e vers la mĂ©tropole se dĂ©veloppe[8].

Les harkis réapparaissent dans l'AurÚs vers la fin de 1954, quand Jean Servier met en place des harkas pour contrer l'implantation des indépendantistes algériens[4]. Ils sont les militaires pro-français les plus précaires et les moins rémunérés, mais aussi les plus nombreux, et leur nombre augmente fortement dÚs le début de la guerre d'Algérie[3].

Pendant la guerre d’AlgĂ©rie

DĂ©veloppement

En , il n'existe encore que 70 harkas officielles, regroupant 2 186 harkis[4]. Une dĂ©finition des harkas naĂźt en mai 1957 dans une note de service du 5e bureau de l’état-major du commandement supĂ©rieur interarmĂ©es : « La harka est une formation levĂ©e pour des opĂ©rations dĂ©terminĂ©es et pour un temps limitĂ©. [
] La mise en Ɠuvre des harkas doit normalement se situer dans le cadre local. Leur participation Ă  des opĂ©rations extĂ©rieures Ă  leur pĂ©rimĂštre de recrutement doit donc ĂȘtre exceptionnelle et de durĂ©e limitĂ©e. En aucun cas les harkas ne doivent ĂȘtre engagĂ©es isolĂ©ment »[4].

Le gĂ©nĂ©ral Challe commande les forces françaises Ă  partir de fin 1958. Il instaure des commandos de chasse, qui incluent des harkis en petit nombre et dont la mission principale est de traquer les katibas du FLN. En un an, l'effectif passe d'environ 10 000 harkis Ă  plus de 60 000[4]. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle accepte la proposition de porter l’armĂ©e au niveau nĂ©cessaire pour dĂ©fendre tout le territoire, en enrĂŽlant massivement des musulmans, bien qu'il soit fermement opposĂ© Ă  l'intĂ©gration des musulmans dans les forces françaises[9].

Effectif

Le nombre de harkis augmente fortement dans la premiĂšre partie de la guerre, et baisse Ă  la mĂȘme vitesse Ă  l'approche de l'indĂ©pendance algĂ©rienne[1]. Il est particuliĂšrement difficile d'estimer le nombre de harkis engagĂ©s : l'ArmĂ©e française leur fournit un contrat journalier, souvent verbal, et ne les recense pas. Les historiens estiment donc leur nombre en Ă©tudiant l'utilisation des crĂ©dits de l'armĂ©e destinĂ©s Ă  leur recrutement ; cependant, ces derniers sont parfois utilisĂ©s Ă  d'autres fins et en particulier pour rĂ©tribuer des informateurs ponctuels[3].

Les harkis sont une classe Ă  part des soldats musulmans de l'armĂ©e rĂ©guliĂšre (FSNA ou Français de souche nord-africaine), qui sont 85 000 en 1960[10]. Au total, durant la guerre, l’ArmĂ©e française recense 160 000 contractuels harkis, moghaznis, GMPR (devenus GMS) et un peu plus de 110 000 rĂ©guliers[11]. Le nombre de français musulmans enrĂŽlĂ©s ou engagĂ©s dans les supplĂ©tifs durant toute la guerre varie de 200 000 Ă  400 000 selon les historiens[12].

Le , jour du cessez-le-feu, le contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral aux armĂ©es Christian de Saint-Salvy dĂ©nombre 263 000 musulmans engagĂ©s du cĂŽtĂ© français en AlgĂ©rie : 60 000 militaires rĂ©guliers, 153 000 supplĂ©tifs, dont 60 000 harkis, et 50 000 notables francophiles. Avec leurs familles, ils reprĂ©sentent 1 500 000 personnes sur 8 millions de musulmans[2]. Selon Maurice Faivre, on compte quatre fois plus de combattants musulmans dans le camp français que du cĂŽtĂ© du FLN[13]. Philippe Tripier, officiel du SecrĂ©tariat GĂ©nĂ©ral de la DĂ©fense Nationale, Ă©value Ă  3 500 le nombre des soldats musulmans morts pour la France pendant la guerre d’AlgĂ©rie[14]. Maurice Faivre dĂ©nombre parmi les harkis 3 200 supplĂ©tifs et 1 345 soldats rĂ©guliers morts au combat. Il y ajoute 2 070 dĂ©cĂšs hors combat[15].

SĂ©lection

Le critĂšre principal de sĂ©lection des harkis est le fait qu'ils ne soient pas proches du FLN. La forme physique n'est pas un critĂšre important : l'idĂ©e selon laquelle les harkis sont recrutĂ©s pour que leur famille ait un lien avec la France prime. Ainsi, on verra des hommes de plus de cinquante ans ĂȘtre embauchĂ©s en cuisine ou pour l'entretien des montures[4].

Motifs de l'engagement

Le choix politique de l’« AlgĂ©rie française » est quasiment absent, contrairement au discours rĂ©trospectif des autoritĂ©s françaises lors des hommages officiels aux harkis[16]. Au contraire, beaucoup de harkis cotisent Ă  l’organisation politico-administrative du FLN[3].

Souvent, l'engagement volontaire suit l'assassinat d'un membre de la famille du harki par les indépendantistes ou se fait pour fuir des maquisards avec qui ils ont un différend[3]. Dans ce cas, il s'agit d'un engagement contre le FLN, plutÎt que pour la France[17].

Une autre motivation rĂ©currente est le besoin d'argent, un cas rĂ©pandu en particulier chez les paysans peu informĂ©s du contexte politique, parfois pas mĂȘme conscients que leur pays est en guerre[3] - [18]. D'autres personnes s'engagent par fidĂ©litĂ© Ă  un clan, un village ou une famille[3] - [18]. Beaucoup de jeunes hommes s'engagent dans les harkas pour ĂȘtre dispensĂ©s de service militaire et rester prĂšs de leurs proches[16].

Enfin, l'ArmĂ©e française force l'engagement d'un grand nombre de harkis : d'abord, les anciens soldats de l'ALN qui sont capturĂ©s et torturĂ©s, puis doivent choisir entre l'engagement et l'exĂ©cution[3] - [18], et Ă©galement Ă  la suite de manƓuvres volontaires pour compromettre des civils. Plusieurs cas sont recensĂ©s dans lesquels un officier fait le tour du village avec un homme dans sa voiture, Ă  la vue de la population : le seul moyen pour cet homme d'Ă©chapper au FLN est de s'enrĂŽler chez les harkis et d'ĂȘtre protĂ©gĂ© par l'ArmĂ©e française[3].

RÎle dans l'Armée française

Les harkis sont toujours rattachĂ©s Ă  des unitĂ©s de l’ArmĂ©e française et commandĂ©s par des militaires français. Les textes de l’armĂ©e exigent qu’un commandant doit ĂȘtre « de souche europĂ©enne », les FSNA (militaires français de souche nord africaine) ne peuvent ĂȘtre que jusqu’à officiers. Le commandement français refuse une structuration des supplĂ©tifs qui pourrait se transformer en « armĂ©e algĂ©rienne », doutant des motivations politiques des harkis[3]. De Gaulle, par exemple, doute de l’intĂ©gration des musulmans d’AlgĂ©rie et dit Ă  Alain Peyrefitte en 1959 : « Si nous faisions l’intĂ©gration, si tous les Arabes et BerbĂšres d’AlgĂ©rie Ă©taient considĂ©rĂ©s comme Français, comment les empĂȘcher de venir s’installer en mĂ©tropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus Ă©levĂ© ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-MosquĂ©es ! »[19].

La dĂ©fiance de l'ArmĂ©e française envers les combattants musulmans se traduit de plusieurs façons. Les harkis armĂ©s le sont d'abord systĂ©matiquement avec des fusils de chasse[4]. À partir du , ils reçoivent parfois des armes qui augmentent leur potentiel offensif, comme des fusils et pistolets-mitrailleurs, chose interdite jusque-lĂ  pour Ă©viter le vol d'armes[16]. Les armes sont remises aux harkis pour les opĂ©rations, mais sont gardĂ©es par des unitĂ©s françaises de souche europĂ©enne entre les opĂ©rations[4]. Les harkis ne peuvent pas mener des opĂ©rations seuls, ni de leur propre initiative, pour Ă©viter l'espionnage, le vol d'armes et la dĂ©sertion. Les harkas sont toujours commandĂ©es par l'armĂ©e rĂ©guliĂšre : le critĂšre de choix de l'encadrant n'est pas son grade, mais son origine europĂ©enne[16]. Enfin, l'armĂ©e organise rĂ©guliĂšrement des « tests de fidĂ©litĂ© » auprĂšs de harkis et de leur famille, passant par exemple frapper aux portes au milieu de la nuit en imitant les maquisards pour voir si on leur ouvrira[16].

L'ArmĂ©e française tient cependant Ă  recruter des recrues musulmanes, afin de faire appel Ă  des personnes qui connaissent le milieu dans lequel ils Ă©voluent[4]. Leurs autres objectifs sont d'ordre pratique : en effet, il ne faut pas laisser des combattants potentiels s'engager chez les indĂ©pendantistes, ni « donner prise Ă  une facile propagande de l’adversaire qui ne manquerait pas de souligner [
] notre impuissance Ă  trouver sur place les volontaires nĂ©cessaires ». Enfin, il s'agit de crĂ©er une Ă©mulation de groupe : « La prise de position des harkis qui mĂšnent, Ă  nos cĂŽtĂ©s, la lutte ouverte contre les rebelles s’accompagne d’un effet psy [sic] certain sur la population locale (ralliements). Par l’intermĂ©diaire de leurs parents et amis, les harkis contribuent soit Ă  entretenir un climat favorable Ă  notre cause dans leurs villages d’origine, soit au minimum Ă  contre-battre la propagande adverse »[4].

Les harkis sont rĂ©munĂ©rĂ©s 750 F (14,94 â‚Ź2012) par jour de service, comme les mokhaznis et les membres du GMPR. Ces deux derniers sont logĂ©s gratuitements et reçoivent des allocations familiales et de la sĂ©curitĂ© sociale, ce qui n'est pas le cas des harkis. Cette diffĂ©rence de traitement donne d'eux une image de « soldats au rabais » auprĂšs des autres services[4]. La rĂ©munĂ©ration des harkis augmente et atteint 8,25 F (13,61 €2019) en 1960, ce qui reste moins Ă©levĂ© que les autres supplĂ©tifs. Enfin, les harkis touchent un jour et demi de congĂ©s pour chaque mois de prĂ©sence, des soins gratuits en cas de blessure et une prime pour accident de travail en cas d'incapacitĂ© permanente[16].

Harkas classiques

Les harkas, étant rattachées aux unités réguliÚres de l'Armée française, sont théoriquement composées de cent hommes. Elles sont en réalité presque toujours divisées en plus petites sections[16].

Tous les harkis ne sont pas armés : beaucoup travaillent pour l'armée dans des emplois civils, en particulier en tant que maçons ou cuisiniers[3]. Pour la plupart, ils participent aux tùches de maintien de l'ordre aux cÎtés des unités réguliÚres de l'Armée française[16]. Les « harkis territoriaux » sont des harkis ùgés ou blessés, chargés d'assurer la garde du camp[16].

Une plaque commémorative indiquant à la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961, passerelle de la Fraternité à Aubervilliers
Plaque commémorative du massacre du à Aubervilliers.

« Harkis de Paris »

En France, l'expression de harkis de Paris dĂ©signe, pendant la guerre d'AlgĂ©rie et Ă  partir du , une « force de police auxiliaire » mise en place par le prĂ©fet Maurice Papon. La plupart de ces auxiliaires sont d'origine algĂ©rienne et installĂ©s dans des quartiers Ă  forte densitĂ© algĂ©rienne. Ils s'engagent pour six mois, commencent par un stage de 8 jours Ă  Noisy-le-Sec pour apprendre Ă  manier les armes et le fonctionnement du magnĂ©tophone pour enregistrer des aveux Ă©ventuels[20].

Ralliés

L'ArmĂ©e française recrute environ 3 000 anciens Ă©lĂ©ments du FLN et de l'ALN[16]. AprĂšs leur capture, l'armĂ©e leur donne le choix entre l'exĂ©cution ou le service du cĂŽtĂ© français[21].

Ils forment un groupe de harkis Ă  part, les « ralliĂ©s » : Ă©troitement surveillĂ©s par le commandement, ils sont surtout montrĂ©s Ă  des fins de propagande[4]. Ils ont la rĂ©putation d'ĂȘtre les plus violents, ayant le plus Ă  perdre s'ils sont capturĂ©s par l'ALN[21]. Pour faire pression sur eux, les officiers français les prennent en photo avec eux, ou pendant un interrogatoire, puis les menacent d'envoyer les photos Ă  l'ALN s'ils dĂ©cident de dĂ©serter[21].

Le commando Georges, un groupe entiĂšrement musulman sous la coupe du capitaine puis gĂ©nĂ©ral Georges Grillot, est l'un des groupes de ralliĂ©s les plus rĂ©putĂ©s[22]. Il est basĂ© Ă  SaĂŻda et officie selon les mĂ©thodes de l'ALN. DivisĂ© en quatre katibas, il compte 30 % de ralliĂ©s qui choisissent eux-mĂȘmes leurs sous-officiers[21]. AprĂšs la guerre, ils sont torturĂ©s et exĂ©cutĂ©s, sauf quelques-uns qui parviennent Ă  quitter le pays et Ă  rejoindre une ferme en Dordogne, achetĂ©e par AndrĂ© Wormser et transformĂ©e en centre pour les harkis faisant partie des commandos de chasse[21].

Commandos de chasse

Les commandos de chasse sont le plus souvent constituĂ©s de moins de 10 % de harkis[4], qui reprĂ©sentent environ 5 % du total des harkis[3]. Les harkis commencent Ă  ĂȘtre intĂ©grĂ©s aux commandos de chasse en 1959 : leur nombre n'excĂšde jamais 6 000 harkis[16]. Les commandos de chasse sont crĂ©Ă©s pour reprĂ©senter une sorte d'Ă©lite de combat. Environ 140 commandos sont crĂ©Ă©s en AlgĂ©rie, mais environ la moitiĂ© d'entre eux est active seulement[16].

On compte environ autant de harkis chargĂ©s des interrogatoires oĂč la torture est pratiquĂ©e[16].

Beni-Boudouanes

La tribu des Beni-Boudouanes, originaire de la rive gauche du Chelif, a peu de contacts avec le monde extĂ©rieur pendant l'Ăšre coloniale. Le bachaga Boualem prend la tĂȘte de la tribu le premier . Le territoire compte une population d'environ 15 000 personnes, divisĂ©es en 24 collectivitĂ©s autonomes. Le lieu est trĂšs reculĂ© et les contacts de la tribu avec le monde extĂ©rieur sont rares : certains vieux harkis affirment n'avoir jamais vu de Français avant la guerre. L'appartenance Ă  la tribu dĂ©passe donc toute loyautĂ© extĂ©rieure[23].

Un jour, le Bachaga organise une assemblĂ©e au cƓur du village pour prĂ©senter la situation et pousser les Beni-Boudouanais Ă  se dĂ©fendre contre les indĂ©pendantistes. La tribu est menacĂ©e par les incursions de « hors-la-loi » : la lĂ©gitime dĂ©fense est donc adoptĂ©e, bien que les habitants ne sachent pas quel bord politique ces envahisseurs reprĂ©sentent. Un harki tĂ©moigne : « J'Ă©tais sous les ordres du Bachaga, je lui devais soumission et respect, et, donc, si lui, il a choisi le camp de la France, nous, par respect et par choix et par lĂ©gitime dĂ©fense, on a Ă©tĂ© obligĂ© Ă  suivre le Bachaga et Ă  devenir harkis »[23].

Le bachaga Boualem constitue une unitĂ© d'environ 1 500 hommes. Elle Ă©chappe au contrĂŽle de l'ArmĂ©e française, mais est payĂ©e comme des harkis, relĂšve de la harka et bĂ©nĂ©ficie de conditions de service particuliĂšres[4].

Harkettes de Catinat

En , une harka fĂ©minine est crĂ©Ă©e Ă  Catinat. Les femmes y apprennent Ă  bĂ©tonner, Ă  poser des tuiles et Ă  installer des lignes Ă©lectriques dans la ville assiĂ©gĂ©e[24]. Le lieutenant Onrupt se dĂ©cide Ă  armer quelques femmes : sur 34 volontaires, 18 sont retenues pour assurer la protection des rĂ©coltes et des convois sur certaines routes, en particulier vers El Milia[24] - [25]. La harka est connue sous le nom de « harkettes de Catinat »[26]. La harka est dissoute en 1961[27].

Les harkis aprÚs la guerre d'Algérie

DĂ©militarisation des harkis

DĂšs 1959, les rapports de l'armĂ©e relĂšvent une « crise du moral » chez les harkis. Afin d'Ă©viter les dĂ©fections, l'armĂ©e multiplie les dĂ©clarations et promesses, notamment au sujet de leur nationalitĂ© française[4]. Dans les premiers mois de 1962, un grand nombre de harkis rejoignent quand mĂȘme le maquis avec les armes fournies par l'ArmĂ©e française. On dĂ©nombre 265 cas pendant le premier trimestre de 1961, pour 459 dĂ©sertions du 15 au [28].

La dĂ©mobilisation et le dĂ©sarmement des supplĂ©tifs commencent Ă  la suite de l’inflĂ©chissement de la politique française vers l’indĂ©pendance algĂ©rienne, Ă  partir de 1961[29]. Le gouvernement indique que le sort des harkis sera le mĂȘme que celui de « tous ceux qui se sont engagĂ©s dans la lutte armĂ©e aux cĂŽtĂ©s des forces de l’ordre »[4]. Cependant, ils sont diffĂ©renciĂ©s des Français dits « de souche europĂ©enne » et sont considĂ©rĂ©s comme des rĂ©fugiĂ©s, dont l'arrivĂ©e doit ĂȘtre planifiĂ©e et organisĂ©e par le gouvernement français[4].

Début , le général Ailleret, commandant en chef en Algérie, obtient que soit mise en place une procédure spéciale de rapatriement des harkis, qui permet aux autorités militaires d'instruire les demandes de départ en métropole, afin de gagner en temps et en discrétion pour l'arrivée des harkis en danger[4].

Les accords d'Évian signĂ©s le prĂ©voient que :

« Nul ne pourra faire l’objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d’une discrimination quelconque en raison d’opinions Ă©mises Ă  l’occasion des Ă©vĂ©nements survenus en AlgĂ©rie avant le jour du scrutin d’autodĂ©termination, d’actes commis Ă  l’occasion des mĂȘmes Ă©vĂ©nements avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu. Aucun AlgĂ©rien ne pourra ĂȘtre contraint de quitter le territoire algĂ©rien ni empĂȘchĂ© d’en sortir. »

— Chapitre II, partie A, article 2

Cette clause est écrite spécifiquement pour protéger les harkis[30].

Historique

Juste aprĂšs le cessez-le-feu, le Front de libĂ©ration nationale (FLN) tient son engagement de ne pas sanctionner physiquement les harkis, qui rentrent dans leur village sans que leur vie soit menacĂ©e[30]. Quelques exactions sont expliquĂ©es par des rĂšglements de compte, des vengeances mais aussi par le zĂšle des « marsiens », ralliĂ©s FLN de voulant faire leurs preuves[3] - [18]. Le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne prend la directive 442 du relative aux « harkis, goumiers et ralliĂ©s servant dans les rangs ennemis » stipule que « les Ă©garĂ©s abandonnĂ©s doivent ĂȘtre surveillĂ©s dans leurs moindres gestes et inscrits sur une liste noire qu’il faudra conserver minutieusement »[31].

Les massacres connaissent une forte augmentation entre le et mi-septembre de la mĂȘme annĂ©e[2]. Ces personnes sont d'abord arrĂȘtĂ©es, puis regroupĂ©es dans des centres d'interrogatoires oĂč elles sont exĂ©cutĂ©es aprĂšs avoir subi des tortures. Les populations locales participent aux reprĂ©sailles, en humiliant, suppliciant et lynchant des anciens supplĂ©tifs[30].

De mi-septembre Ă  mi-, les massacres s'arrĂȘtent. Ils reprennent Ă  la mi-octobre, avec l'arrivĂ©e de l'ArmĂ©e nationale populaire (ANP), dĂ©nomination de l'armĂ©e algĂ©rienne aprĂšs l'indĂ©pendance) dans les villes. Cette fois, la population ne participe pas aux massacres, et s'y oppose mĂȘme souvent, en cachant les anciens harkis. Des exĂ©cutions individuelles ont lieu Ă  toute heure, parfois sur place pendant l'arrestation, et les massacres prennent des familles entiĂšres pour cible plutĂŽt que seulement des anciens supplĂ©tifs[30].

Les massacres diffĂšrent Ă©normĂ©ment en ampleur selon leur localisation gĂ©ographique. Les wilayas 1, 3 et 6 sont les plus touchĂ©es : elles correspondent Ă  l'Est et au Sud-Est du pays. Au sein des wilayas, il existe aussi des diffĂ©rences d'envergure. Trois causes sont identifiĂ©es Ă  ces disparitĂ©s gĂ©ographiques. D'abord, les zones peuvent coĂŻncider avec celles oĂč les harkis ont Ă©tĂ© les plus actifs et violents, et dans ce cas, les massacres s'assimilent Ă  des vengeances. Dans un second cas, les massacres peuvent avoir lieu dans des zones pro-France, oĂč l'ALN peine Ă  s'imposer : il s'agit alors d'une conquĂȘte de territoire. Enfin, il peut s'agir de zones particuliĂšrement bien contrĂŽlĂ©es par l'ALN, oĂč la violence sert Ă  asseoir encore plus sa suprĂ©matie[30].

La France n'intervient pas aprÚs le cessez-le-feu, en raison de l'insistance du général de Gaulle[30].

Nombre de victimes

Jean Lacouture, dans le journal Le Monde du , donne une premiĂšre estimation, la plus basse : « Plus de dix mille harkis auraient Ă©tĂ©, entre le 18 mars et le 1er novembre (1962), exĂ©cutĂ©s ou assassinĂ©s »[4]. Mohand Hamoumou donne une estimation plus Ă©levĂ©e[32] : « Pourtant, il faut bien l’admettre, c’est bien 100 000 Ă  150 000 personnes, l’équivalent de villes comme Cergy-pontoise ou OrlĂ©ans, qui furent assassinĂ©es dans des conditions horribles ». Un sous-prĂ©fet de l’arrondissement d’Akbou, dans le dĂ©partement de SĂ©tif, compte Ă  l'Ă©poque 750 morts dans son arrondissement entre mars et , ce qui, Ă©tendu Ă  l'intĂ©gralitĂ© de l'AlgĂ©rie, aboutit Ă  un total de 72 000 Ă  144 000 morts[33]. Les chiffres des morts ont pu ĂȘtre contestĂ©s car basĂ©s sur des tĂ©moignages locaux que l’on a ensuite Ă©tendus Ă  l’ensemble du pays. Certains historiens s’accordent Ă  Ă©valuer de 60 000 Ă  70 000 le nombre de morts[34].

Le gĂ©nĂ©ral François Meyer reprend l’estimation de l’historien Jean-Charles Jauffret : « Il semble qu’un consensus rassemble peu Ă  peu les historiens français, et qu’une Ă©valuation commune de 60 000 Ă  80 000 victimes soit retenue »[35].

Tentatives d'empĂȘchement des rapatriements

À l'Ă©poque, les autoritĂ©s françaises et algĂ©riennes considĂšrent les harkis comme des rĂ©fugiĂ©s[12]. De Gaulle affirme, dans un discours au Conseil des ministres le , que le gouvernement « ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient Ă  dĂ©clarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriĂ©s ne s’applique Ă©videmment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pĂšres. Dans leur cas, il ne saurait s’agir que de rĂ©fugiĂ©s ! Mais on ne peut les recevoir en France comme tels que s’ils couraient un danger ! »[36]. Les anciens supplĂ©tifs sont souvent considĂ©rĂ©s comme inadaptables Ă  la sociĂ©tĂ© française : le gouvernement s'inquiĂšte qu'ils ne deviennent des charges, voire des agents de l'OAS continuant Ă  lutter contre les accords d'Evian[29].

Le gouvernement français, prĂ©sidĂ© par de Gaulle, s'oppose au rapatriement des harkis pour trois raisons principales. D'abord, le rapatriement des Français musulmans constitue Ă  leurs yeux une menace pour l'identitĂ© nationale de la France : de Gaulle le premier refuse de distinguer le dossier des supplĂ©tifs français de celui de l'immigration algĂ©rienne en France, ne considĂ©rant pas les harkis comme de vrais Français[37]. Ensuite, il s'agit de montrer une confiance envers les AlgĂ©riens, qui s'engagent par les accords d'Evian Ă  ne pas entamer de reprĂ©sailles contre les combattants pro-français[38]. Enfin, une inquiĂ©tude subsiste : celle d'une manƓuvre de l'OAS qui pourrait vouloir infiltrer des forces en mĂ©tropole pour y continuer une guerre civile[39]. Des francophiles notables, personnalitĂ©s politiques et militaires de carriĂšre, sont cependant rapatriĂ©s sans encombre[29].

Le , Pierre Messmer, ministre des armĂ©es, met en place un « contrat provisoire de 6 mois non renouvelable qui donne [aux harkis] la possibilitĂ© de demeurer sous la protection de l’armĂ©e pendant la pĂ©riode intermĂ©diaire »[4]. L'objectif est de limiter au maximum les arrivĂ©es en mĂ©tropole : « la difficultĂ© d’une adaptation brutale en France d’un harki avec sa famille doit ĂȘtre clairement exposĂ©e aux intĂ©ressĂ©s », mais les demandes ne doivent en aucun cas ĂȘtre refusĂ©es[4]. Messmer propose trois options aux rĂ©fugiĂ©s harkis : s’engager dans l’armĂ©e rĂ©guliĂšre si leur condition physique le permet, ĂȘtre licenciĂ©s et recevoir une prime, ou bien signer un contrat de six mois avec l’ArmĂ©e française[3].

Les harkis n'ont cependant que rarement ces trois options : les consignes visant Ă  limiter les dĂ©parts ont pour consĂ©quence le licenciement d'office de beaucoup d'entre eux, et le transfert des meilleurs Ă©lĂ©ments dans l'ArmĂ©e française, sans prĂ©sentation des autres options. Entre le 1er mars et le 1er , 80 % des harkis sont libĂ©rĂ©s avec prime[4]. À partir de , le FLN enchaĂźne menaces auprĂšs des dĂ©serteurs et promesses de pardon, parfois en Ă©change de la prime de licenciement des harkis. Ses membres circulent librement en AlgĂ©rie : toute personne vue au poste militaire français s'expose donc Ă  des reprĂ©sailles, ce qui rend le rapatriement encore plus difficile[4]. Le gĂ©nĂ©ral de BrĂ©bisson ordonne le de « cesser de donner asile [dans les casernes en AlgĂ©rie] Ă  des AlgĂ©riens sauf dans des cas trĂšs exceptionnels », ceux de personnalitĂ©s politiques francophiles. Le but de la manƓuvre est d’éviter que « tout ancien supplĂ©tif puisse s’estimer plus ou moins menacĂ© et envisage facilement l’exode vers la France »[3]. Les premiers rapatriements de harkis sont effectuĂ©s entre mars et , Ă  l’initiative de quelques officiers, souvent anciens responsables d'unitĂ©s harkis. Comme les directives officielles interdisent ces rapatriements, des filiĂšres clandestines sont mises en place dans le Sud de la France, en bordure du Massif Central, dans l’agglomĂ©ration lyonnaise et vers Roubaix[40].

Le formulaire n'est qu'en français, ce qui rend difficile son remplissage par des hommes qui ne le lisent et l'Ă©crivent que trĂšs rarement. Les dossiers sont ensuite Ă©tudiĂ©s au cas par cas afin d'Ă©liminer les Ă©ventuels proches du FLN, mais aussi les personnes qui ne parviendront pas Ă  s'intĂ©grer en France. Les personnes les plus ĂągĂ©es, ainsi que les personnes qui ne sont pas « considĂ©rĂ©es [
] aptes physiquement et moralement Ă  s’implanter en mĂ©tropole » sont Ă©liminĂ©es de la procĂ©dure[4]. Le , Louis Joxe annonce le renvoi en AlgĂ©rie des « supplĂ©tifs dĂ©barquĂ©s en mĂ©tropole en dehors du plan gĂ©nĂ©ral de rapatriement » et demande « d’éviter de donner la moindre publicitĂ© Ă  cette mesure »[3].

Statut des harkis rapatriés

En 1963, un ComitĂ© national pour les Musulmans-Français est crĂ©Ă© et prĂ©sidĂ© par Alexandre Parodi, prĂ©sident du Conseil d'État. Traitant Ă  la fois la question des harkis et celle de tous les autres musulmans arrivĂ©s en France Ă  la fin de la guerre, il mĂšne Ă  l'amalgame entre Français musulmans et harkis[3].

Le terme de harkis devient donc, par abus de langage, une catĂ©gorie sociale de Français qui n'ont pas les mĂȘmes droits que les Français de souche europĂ©enne[3]. Par exemple, le , le ministre des RapatriĂ©s François Missoffe enjoint aux prĂ©fets de ne reloger des harkis dans les HLM qu'une fois tous les rapatriĂ©s d'origine europĂ©ennes installĂ©s[3] - [41]. Les notables musulmans ne vivent pas les mĂȘmes choses que les anciens auxiliaires : le , un tĂ©lĂ©gramme identifie les « « musulmans de qualitĂ© » devant ĂȘtre traitĂ©s exactement comme des EuropĂ©ens »[29].

En 1965, une procédure spéciale de rapatriement est mise au point entre les gouvernements français et algérien pour les harkis emprisonnés par le FLN. Leurs noms sont inscrits sur une liste noire, et ils sont interdits de séjour sur le territoire algérien[42].

De Ă  , la France accueille 23 721 personnes sur son territoire par la voie officielle, dont une majoritĂ© d'anciens supplĂ©tifs. En parallĂšle, de 25 000 Ă  40 000 anciens supplĂ©tifs arrivent en mĂ©tropole par leurs propres moyens Ă  partir de [4]. On estime Ă  15 000 ou 20 000 le nombre de familles de harkis, soit environ 90 000 personnes, qui s'Ă©tablissent en France de 1962 Ă  1968 et demandent la nationalitĂ© française[12]. Jean Lacouture Ă©crit dans Le Monde, le : « on croit pouvoir avancer que sur une centaine de milliers de musulmans algĂ©riens ayant fait partie entre 1954 et 1962 de l’une ou l’autre des huit cents harkas qui furent levĂ©es, cinq mille environ ont gagnĂ© la France, accompagnĂ©s de leurs familles, ce qui fait un ensemble de trente mille personnes environ, plus de dix mille autres auraient Ă©tĂ© entre le 19 mars et le 1er novembre, exĂ©cutĂ©s ou assassinĂ©s ; les autres ont subi des sorts divers »[3].

Les harkis en France Ă  partir de 1962

L’installation dans les camps

De Ă  , la France accueille 23 721 personnes dans des camps d'hĂ©bergement militaires[4]. Fin , le ministĂšre des RapatriĂ©s estime avoir fait transiter 42 000 harkis dans les centres d'accueil, et 91 000 personnes au total, en comptant leurs familles, sont rapatriĂ©es entre 1962 et 1968[2].

Camps de transit

Un premier camp de transit, celui du Larzac, accueille 1 700 personnes fin [3]. Il est suivi par le camp de transit de Bourg-Lastic[43]. Ces camps servent Ă  hĂ©berger temporairement les rĂ©fugiĂ©s avant leur redistribution vers d'autres lieux[44]. L'ArmĂ©e française cherche Ă  disperser les familles originaires d'un mĂȘme village afin d'Ă©viter la reconstitution de structures communautaires[23]. Les conditions de vie dĂ©plorables dans ces camps provoquent une surmortalitĂ© infantile[45].

Plusieurs camps sont installĂ©s dans des anciennes prisons qui ont servi pour d'autres populations : rĂ©publicains espagnols, militants du FLN, Indochinois ou encore Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale[40]. C'est par exemple le cas au camp de Rivesaltes. À son ouverture en , des FSNA, accompagnĂ©s de leur famille, sont hĂ©bergĂ©s dans des baraquements en dur. En septembre, des supplĂ©tifs et leur famille arrivent, beaucoup plus nombreux : ils sont pour la plupart hĂ©bergĂ©s sous des grandes tentes fournies par l'armĂ©e. Pendant l'hiver, qui est trĂšs rigoureux et durant lequel les tentes ne sont pas chauffĂ©es, des dizaines d'enfants en bas Ăąge meurent de froid[44].

À la fin de l'annĂ©e 1962, avec 12 000 habitants du camp, Rivesaltes est la deuxiĂšme ville la plus peuplĂ©e du dĂ©partement. 44 classes y sont ouvertes, pouvant accueillir plus de 1 300 Ă©lĂšves ; un dispensaire et une maternitĂ© sont ouverts, ainsi qu'une Poste, et des bĂątiments sont affectĂ©s Ă  l'apprentissage professionnel. Le camp est divisĂ© en villages de 25 familles : Ă  la tĂȘte de chaque village, on compte un capitaine et deux adjoints, dont un d'origine rapatriĂ©[44].

En 1963, les effectifs du camp diminuent et les familles sont progressivement relogĂ©es des tentes aux bĂątiments en dur, mal restaurĂ©s et peu chauffĂ©s. Le Secours catholique et les Quakers de la Young Men Christian Association sont prĂ©sents dans le camp et apportent entre autres des vĂȘtements chauds. Le camp de Rivesaltes ferme en [44].

Population du camp de Rivesaltes[44]
Date Hommes Femmes Enfants Total
3 050 1 910 4 660 9 620
12 000
7 500
1 650 1 557 3 541 6 748
5 498
3 536
2 300
Un bùtiment regroupant deux maisons mitoyennes en préfabriqué.
Un bĂątiment du hameau de forestage de Montmeyan.

Hameaux de forestage

En 1963, on compte 75 hameaux de forestage, majoritairement situĂ©s dans la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur[44]. Chaque centre accueille un maximum de 25 familles dans des bĂątiments prĂ©fabriquĂ©s et sont soumis Ă  un rĂšglement rigoureux[3]. Les prĂ©fabriquĂ©s sont considĂ©rĂ©s comme des logements de fonction : si le pĂšre de famille perd son emploi, la famille doit quitter le logement[44]. Les habitants sont salariĂ©s par l'Office national des forĂȘts pour diverses missions de protection de l'environnement : plantage et coupe d'arbres ou gestion des incendies de forĂȘt[46].

Un avantage particulier des hameaux de forestage pour le gouvernement est de garder les supplétifs à l'écart des immigrés algériens, de crainte de relancer la guerre d'Algérie dans la métropole[46]. Quelques communes demandent à accueillir ces hameaux, afin de repeupler leurs écoles et relancer le commerce dans le village[46].

La rĂ©alisation des travaux prĂ©vus et la dĂ©gradation des bĂątiments conduisent Ă  la fermeture progressive des hameaux Ă  partir de 1966[46]. En 1973, on compte encore 40 hameaux de forestage rassemblant 1 026 employĂ©s[3]. Les familles obligĂ©es de quitter les hameaux sont gĂ©nĂ©ralement reclassĂ©es dans le secteur de l'industrie ou dispersĂ©es dans d'autres structures. Certaines s'installent avec leurs propres moyens et relations. Enfin, les vieillards et invalides rejoignent les cas « inclassables » et sont envoyĂ©s aux citĂ©s d'accueil de Saint-Maurice-l'Ardoise et Bias[44].

En 1982, il n'existe plus que 23 de ces hameaux[3].

Cités urbaines

En 1963, 42 citĂ©s urbaines existent pour accueillir les rĂ©fugiĂ©s[3] : elles sont divisĂ©es en 2 000 logements Sonacotra prĂšs de villes moyennes comme Amiens et Montpellier.

Saint-Maurice-l'Ardoise

Les cas considérés comme inclassables ou irrécupérables par l'administration sont orientés vers deux cités d'accueil : les camps de Saint-Maurice-l'Ardoise et de Bias[3].

Le camp de Saint-Maurice-l'Ardoise ouvre en pour l'hĂ©bergement temporaire des familles en attendant leur dispersion et pour le triage des nouveaux dĂ©barquĂ©s. Le camp appartient Ă  l'armĂ©e, et a d'abord servi Ă  interner des prisonniers politiques : rĂ©publicains espagnols, prisonniers allemands et militants du FLN entre autres. L'effectif maximum est atteint le avec 5 542 personnes parquĂ©es dans une quarantaine de bĂątiments, des baraques en prĂ©fabriquĂ© et des tentes de l'armĂ©e. Le camp Ă©tant gĂ©rĂ© par l'armĂ©e, on y applique le rĂšglement militaire avec lever de drapeau et saluts militaires quotidiens, tandis que les habitants sont dirigĂ©s vers les tribunaux d'UzĂšs pour demander la nationalitĂ© française[47].

La docteur AndrĂ©e Heurtematte, mĂ©decin infantile d'Avignon, alerte plusieurs personnalitĂ©s politiques « des conditions dĂ©plorables dans lesquelles Ă©taient tenus les harkis et leurs familles concentrĂ©s au camp de l'Ardoise et au camp de Lascours ». Le tĂ©moignage fait remarquer qu'Ă  chaque pluie, les tentes et baraques flottent sur des mares de boues, et que le chauffage est le meilleur dans les tentes. La nourriture est trĂšs insuffisante : les enfants de moins de deux ans ont droit Ă  une boĂźte de lait tous les deux jours, et l'eau courante n'est pas installĂ©e. Les mĂ©decins ne pouvant pas opĂ©rer dans les tentes Ă  la vue de tous, ils demandent le transfert de malades dans les hĂŽpitaux de NĂźmes et d'Avignon ; le commandant refusant d'encombrer les hĂŽpitaux, de nombreux dĂ©cĂšs ne parviennent pas Ă  ĂȘtre Ă©vitĂ©s en raison de lenteurs administratives. À la suite de son rapport, elle devient mĂ©decin-chef du service de santĂ©, ce qui lui permet de s'occuper des femmes qu'il Ă©tait jusque-lĂ  impossible de faire dĂ©shabiller par des mĂ©decins masculins. En 1963, le service de santĂ© mis en place traite 2 000 hospitalisations, 8 000 vaccinations et 255 naissances[47].

Le camp a pour autre objectif d'assurer un emploi à ses habitants, mais le ministre de l'Intérieur Roger Frey craint les tensions entre immigrés algériens et anciens supplétifs et préfÚre envoyer ces derniers dans les hameaux de forestage plutÎt que dans les métiers du bùtiment et des travaux publics, qui sont trÚs demandés[47].

En , le camp est redĂ©fini comme « citĂ© d'accueil ». Il est divisĂ© en deux parties : d'un cĂŽtĂ©, les « irrĂ©cupĂ©rables », soit les handicapĂ©s physiques et mentaux et les veuves inaptes au travail[48], et de l'autre, les familles et personnes dites « Ă  faibles ressources ». À la rentrĂ©e de 1964, six classes sont ouvertes pour 212 Ă©lĂšves de primaire[47].

À la fin de 1964, le camp contient 674 habitants dont 420 enfants. Dix ans plus tard, le premier , on compte 749 habitants dont 497 enfants[47].

À partir de 1974, Ă  Saint-Maurice-l'Ardoise, la situation devient tendue. Le chef de la citĂ© enferme « ceux qu'il juge alcooliques, chahuteurs ou contestataires, le plus souvent des jeunes », et les jeunes rĂ©pliquent. Ils « prennent conscience de la situation de colonisĂ©s dans laquelle acceptent de vivre leurs parents » : en , ils lancent une pĂ©tition pour dĂ©noncer l'administration trop rigoureuse, et Ă  la fin de l'annĂ©e, certains commencent une grĂšve de la faim, qui sera relayĂ©e par l'association d'entraide des musulmans français Ă  l'Ă©glise de la Madeleine Ă  Paris[47]. Le , quatre jeunes prennent en otage le directeur du camp dans la mairie du village voisin de Saint-Laurent-des-Arbres. Le lendemain, ils relĂąchent le commandant avec la promesse de la fermeture du camp et de l'immunitĂ©[49].

Bias

Le camp de Bias est officiellement nommé CARA, « Centre d'Accueil des Rapatriés d'Algérie »[50].

En 1965, la citĂ© d'accueil de Bias regroupe 1 113 personnes, dont un grand nombre d'enfants de moins de 14 ans. Les effectifs baissent constamment de 1963 Ă  1988, annĂ©e durant laquelle il ne reste plus que 25 personnes dans le camp[50].

Des rĂ©voltes se produisent au cours de l’étĂ© 1975 parmi les rĂ©sidents des camps de Bias et Saint-Maurice-l’Ardoise, ainsi que dans plusieurs hameaux de forestage. Le gouvernement dĂ©cide finalement de fermer les deux camps Ă  la fin de l'annĂ©e 1976 : les dĂ©parts s'Ă©chelonnent du au [3].

Dispersions aprĂšs la fermeture des camps

Une politique de dispersion succĂšde aux regroupements. Les camps et les hameaux sont officiellement supprimĂ©s, mais leurs rĂ©sidents restent souvent sur place. En mĂȘme temps que des Bureaux d'information, d'aide administrative et de conseils (BIAC) sont crĂ©Ă©s, des mesures spĂ©cifiques sont prises pour dissĂ©miner les communautĂ©s et favoriser leur intĂ©gration[40].

Les communautĂ©s harkies rĂ©sistent Ă  la dispersion, ayant tissĂ© sur place des solidaritĂ©s ou pour diverses raisons financiĂšres. Les habitants demandent ainsi souvent Ă  rester dans la rĂ©gion pour ĂȘtre proches de leurs amis et de leur famille ou de leur lieu de travail[47].

Effectifs

Selon Philippe Denoix, en 1990, la population issue des « musulmans français d’AlgĂ©rie » dĂ©passe les 400 000[2]. Les harkis et leurs descendants reprĂ©senteraient en 2012 entre 500 000 et 800 000 personnes en France[51] - [52].

Nationalité française

En , Jean Morin assure que « La RĂ©publique française maintiendra la nationalitĂ© française Ă  tous ceux qui, en AlgĂ©rie, la possĂšdent actuellement et ne manifesteront pas la volontĂ© de ne plus l’avoir ». Le , Michel DebrĂ© annonce que les Français musulmans d'AlgĂ©rie perdront automatiquement la citoyennetĂ© française s'ils restent en AlgĂ©rie, mais pourront la reprendre s'ils viennent en mĂ©tropole aprĂšs la proclamation de l'indĂ©pendance algĂ©rienne. Pour obtenir la nationalitĂ© française, il faut donc vivre en France et faire une demande de rĂ©intĂ©gration devant un tribunal français[3].

L'article 2 de l'ordonnance no 62-825 du prévoit qu'à compter du , « les personnes de statut de droit local originaires d'Algérie, ainsi que leurs enfants peuvent, en France, se faire reconnaßtre la nationalité française »[53] - [54].

Une loi du précise que « les personnes de statut civil de droit local, originaires d'Algérie, conservent de plein droit la nationalité française si une autre nationalité ne leur a pas été conférée postérieurement au 3 juillet 1962 »[55].

Il faut prĂ©ciser que les Harkis n'ont pas Ă©tĂ© dĂ©chus de leur nationalitĂ© algĂ©rienne (acquise en 1963) par l'AlgĂ©rie et sont donc tous binationaux (cela mĂȘme si l'État algĂ©rien a gĂ©nĂ©ralement refusĂ© de leur dĂ©livrer des « papiers algĂ©riens »)[56]. Ainsi comme le rapporte Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, « Paradoxalement, les anciens supplĂ©tifs sont toujours considĂ©rĂ©s comme AlgĂ©riens [par les autoritĂ©s algĂ©riennes], la dĂ©claration effectuĂ©e par ces derniers de la recognition de la nationalitĂ© française n'est pas avalisĂ©e par les autoritĂ©s algĂ©riennes. Leurs Ă©pouses et leurs enfants sont tout autant considĂ©rĂ©s comme des nationaux algĂ©riens, malgrĂ© la prĂ©sentation de passeports français. » [57].

Anciens combattants

Les harkis reçoivent le statut d'anciens combattants en 1974[3].

Harkis en France aprĂšs 1975

LĂ©gislation

La loi no 94-488 du , portĂ©e par le gouvernement de Édouard Balladur et promulguĂ©e sous la prĂ©sidence de François Mitterrand, en faveur des anciens supplĂ©tifs et leur famille, dispose dans l'article premier : « La RĂ©publique française tĂ©moigne sa reconnaissance envers les rapatriĂ©s anciens membres des formations supplĂ©tives et assimilĂ©s ou victimes de la captivitĂ© en AlgĂ©rie pour les sacrifices qu’ils ont consentis »[58].

La loi du 23 fĂ©vrier 2005 fixe les conditions de versement d’indemnitĂ©s en reconnaissance des services rendus et des souffrances endurĂ©es par les harkis[59]. Des associations de harkis, dont l'association Harkis et Droits de l'Homme, contestent ces dĂ©clarations car les indemnisations s'apparentent seulement Ă  une retraite militaire et non Ă  des indemnitĂ©s supplĂ©mentaires. Elles contestent aussi les « aspects positifs » de la colonisation mentionnĂ©s dans l’article 4 de la loi : l'article est abrogĂ© en [60] - [61]. Par un arrĂȘt ComitĂ© Harkis et VĂ©ritĂ© c/ gouvernement français du , le Conseil d'État juge les articles 6 et 9 de la loi du comme contraires Ă  la Convention europĂ©enne des droits de l'homme. Ces deux articles opĂšrent une discrimination des familles de harkis en fonction du mode d'acquisition de la nationalitĂ© du harki demandeur[62]. La loi est modifiĂ©e en pour prendre en compte les harkis habitant en France, mais n'ayant pas demandĂ© la nationalitĂ© française[63].

Discours politiques

Plaque mémorielle des douze hameaux de forestage du Var.

Jacques Chirac est le premier prĂ©sident français Ă  affirmer que l'État français n'avait « pas su empĂȘcher » les massacres de harkis restĂ©s en AlgĂ©rie[64].

Le , Nicolas Sarkozy s'engage au cours de la campagne prĂ©sidentielle Ă  « reconnaĂźtre officiellement la responsabilitĂ© de la France dans l’abandon et le massacre de Harkis »[64] - [65]. Le , il reçoit des reprĂ©sentants des harkis Ă  l'ÉlysĂ©e au retour d'une visite officielle Ă  Alger et annonce des dispositions pour amĂ©liorer l'intĂ©gration des harkis en France[66]. Le , il rĂ©itĂšre sa promesse pendant une nouvelle campagne Ă©lectorale dans le camp de Rivesaltes, prĂšs de Perpignan : « La France se devait de protĂ©ger les harkis de l'Histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilitĂ© devant l'Histoire »[67].

En , le secrétariat d'état aux anciens combattants lance l'installation de plaques mémorielles dans chaque ancien hameau de forestage à l'initiative de François Hollande[46]. Le , lors de la Journée nationale d'hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives des armées françaises, il reconnaßt « les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie, et des conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France »[68].

Le , le prĂ©sident de la RĂ©publique Emmanuel Macron dĂ©clare qu'« aprĂšs la guerre d’AlgĂ©rie, la France a manquĂ© Ă  ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants » et demande « pardon » au nom de la France. Il annonce une loi de « reconnaissance et de rĂ©paration »[69]. Cette loi de reconnaissance et de rĂ©paration, promulguĂ©e le 23 fĂ©vrier 2022, crĂ©e une Commission nationale indĂ©pendante de reconnaissance et de rĂ©paration des prĂ©judices subis par les Harkis et les autres personnes rapatriĂ©es d’AlgĂ©rie, chargĂ©e notamment de faire des propositions d’amĂ©lioration du dispositif de rĂ©paration prĂ©vu par la loi[70]

Commission nationale indĂ©pendante de reconnaissance et de rĂ©paration des prĂ©judices subis par les Harkis et les autres personnes rapatriĂ©es d’AlgĂ©rie (CNIH)

Installée par le Premier ministre Jean Castex le 11 avril 2022[71], la CNIH a pour mission de recueillir la parole des harkis, de leur manifester la reconnaissance de la République, et de leur accorder les réparations prévues par la loi du 23 février 2022[72].

Elle remet le 15 mai 2023 son premier rapport d’activitĂ© Ă  la PremiĂšre ministre[73], qui formule des propositions d’amĂ©lioration du dispositif de rĂ©paration prĂ©vu par la loi, et notamment l’élargissement de la liste des sites donnant droit Ă  rĂ©paration. Élizabeth Borne annonce dĂšs la remise du rapport que la proposition d’ajout de 45 sites Ă  cette liste est adoptĂ©e par le Gouvernement, et que ces sites seront ajoutĂ©s au dĂ©cret Ă©tablissant la liste des sites donnant droit Ă  rĂ©paration[73].

Journée d'hommage aux harkis

Saint-Pons-de-ThomiĂšres (HĂ©rault) - StĂšle des Harkis.

Le , une journĂ©e d'hommage unique reconnaĂźt officiellement le drame des harkis. Le prĂ©sident de la RĂ©publique, Jacques Chirac, inaugure une plaque, dans la cour d'honneur de l'HĂŽtel des Invalides, reprenant l'article premier de la loi du . Dans vingt-sept sites de France, les prĂ©fets posent la mĂȘme plaque, tandis que dans tous les dĂ©partements, une cĂ©rĂ©monie est organisĂ©e en l'honneur des harkis. Chirac affirme[74] :

« Notre premier devoir, c'est la vĂ©ritĂ©. Les anciens des forces supplĂ©tives, les Harkis et leurs familles, ont Ă©tĂ© les victimes d'une terrible tragĂ©die. Les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l'empreinte irrĂ©parable de la barbarie. Ils doivent ĂȘtre reconnus. La France, en quittant le sol algĂ©rien, n'a pas su les empĂȘcher. Elle n'a pas su sauver ses enfants. Les Harkis ne sauraient demeurer les oubliĂ©s d'une histoire enfouie. Ils doivent dĂ©sormais prendre toute leur place dans notre mĂ©moire. La mission des historiens doit se poursuivre. Elle doit ĂȘtre menĂ©e avec conscience et impartialitĂ©. La connaissance du passĂ©, parce qu'elle permet de rendre justice aux victimes de l'histoire ne peut que servir l'approfondissement de notre concorde nationale. Ce devoir de vĂ©ritĂ© trouve son prolongement naturel dans un devoir de reconnaissance. »

Le , le PrĂ©sident de la RĂ©publique, Jacques Chirac instaure une « JournĂ©e nationale d'hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplĂ©tives des armĂ©es françaises », le de chaque annĂ©e[75]. Hamlaoui Mekachera, secrĂ©taire d'État aux anciens combattants, commente : « Pour leur courage et leur fidĂ©litĂ© Ă  la France, tous [les combattants musulmans] mĂ©ritent la reconnaissance de la RĂ©publique. C'est pourquoi le prĂ©sident de la RĂ©publique a dĂ©cidĂ© de pĂ©renniser et d'inscrire dans le calendrier officiel des commĂ©morations nationales la JournĂ©e d'hommage aux harkis qu'il a prĂ©sidĂ©e pour la premiĂšre fois en 2001 et qui avait Ă©tĂ© reconduite l'annĂ©e derniĂšre. Plus qu'une simple officialisation, le dĂ©cret du 31 mars 2003, qui instaure une JournĂ©e nationale d'hommage aux harkis et autres membres des formations supplĂ©tives, est la marque forte et tangible de la gratitude des autoritĂ©s de l'État et de la Nation tout entiĂšre, envers ces hommes et ces familles qui ont payĂ© d'un prix souvent terrible leur attachement Ă  la France »[76].

Dans le monde académique

Les harkis deviennent un sujet d'étude à partir de la fin des années 1990 et de publications de Charles-Robert Ageron dans la revue VingtiÚme SiÚcle : Revue d'histoire. En 2006, Tom Charbit publie Les Harkis aux collections « RepÚres » et popularise le sujet d'étude des harkis. La premiÚre thÚse sur les harkis est soutenue en 2010 par François-Xavier Hautreux[64].

La crĂ©ation de la Fondation pour la mĂ©moire de la guerre d'AlgĂ©rie est annoncĂ©e le . Elle est inaugurĂ©e le [77], mais son activitĂ© de recherche reste anecdotique[64]. Elle est reconnue d'intĂ©rĂȘt public par le gouvernement[77].

Le , le nom du lieutenant Youssef Ben Brahim, ancien du Commando Georges[78], est donnĂ© par l’ArmĂ©e de Terre Ă  une promotion d’officiers d'active des Ă©coles d'armes (O.A.E.A.), de l’École d’application de l’infanterie (ÉAI) de Montpellier[79].

Associations d'anciens harkis

Beaucoup d’associations de harkis ont une structure locale, axĂ©e sur l’aide sociale et la participation aux commĂ©morations. D'autres associations, Ă  envergure nationale, ont des objectifs plus Ă©largis, principalement dans le domaine de la mĂ©moire.

L’association Justice information rĂ©paration pour les harkis cherche Ă  « faire connaĂźtre l’histoire des harkis et convaincre les dĂ©cideurs politiques de passer de l’assistanat Ă  la rĂ©paration matĂ©rielle et morale puis Ă  la pleine intĂ©gration politique »[80]. L’association Harkis et droits de l’Homme, cofondĂ©e par Hadjila Kemoum et Fatima Besnaci-Lancou, a pour but de « mettre en Ɠuvre tout travail d'histoire et de mĂ©moire, sous l'angle des droits de l'homme, pour faire connaĂźtre l'histoire des harkis »[81]. L'association MĂ©moire d'hier et d'aujourd'hui pour demain, fondĂ©e en 2004 et prĂ©sidĂ©e par Achour Baali, membre du Haut Conseil des rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie, agit essentiellement sur le devoir de mĂ©moire[82]. Enfin, le ComitĂ© Harkis et VĂ©ritĂ©, prĂ©sidĂ© par Charles Tamazount, travaille plus particuliĂšrement sur les questions juridiques[83].

En , huit membres du ComitĂ© national de liaison des harkis dĂ©posent une plainte contre la France pour crime contre l’humanitĂ©[84].

La loi du relative aux formations supplétives des forces armées permet aux associations de harkis de défendre ces derniers lorsqu'ils font l'objet de diffamation ou d'injure[85].

Points de vue sur les massacres de harkis

L'abandon des harkis par le gouvernement français et les consignes donnĂ©es par les pouvoirs publics de n'effectuer aucun rapatriement massif de supplĂ©tifs sont considĂ©rĂ©s notamment par Maurice Allais comme « une des plus grandes ignominies, une des plus grandes hontes de toute l'Histoire de France »[86]. De mĂȘme, Dominique Schnapper, fille de l'intellectuel français Raymond Aron, Ă©crit : « L'Ă©pisode des harkis constitue une des pages honteuses de l'histoire de France, comme l'ont Ă©tĂ© l'instauration du Statut des juifs ou la rafle du Vel d'Hiv »[87]. Pour Pierre Montagnon, si cette assertion n'est pas sans fondement, l'ArmĂ©e française sort toutefois de ce drame moins « salie » que l'administration française de 1940 Ă  1944[88].

Pierre Daum accuse les nostalgiques de l'AlgĂ©rie française d'exagĂ©rer les nombres de harkis tuĂ©s en AlgĂ©rie pour parvenir Ă  la conclusion que « nous n’aurions jamais dĂ» lĂącher l’AlgĂ©rie, regardez ce que ces pauvres harkis ont subi ». Il considĂšre cette propagande rĂ©ussie, affirmant que la majeure partie des Français croit que la plupart des harkis ont Ă©tĂ© massacrĂ©s en 1962, alors qu'il ne s'agit que d'une fraction d'entre eux et pour des motifs qui ne concernent pas forcĂ©ment directement la guerre[89].

Couverture médiatique et « harkis de deuxiÚme génération »

Les enfants de rapatriés qui grandissent dans les camps, hameaux de forestage et cités urbaines organisent dans les années 1975 et suivantes des révoltes, alors que leurs parents préfÚrent conserver le calme et l'ordre établi. L'expression de « harkis de deuxiÚme génération » est relayée dans les médias et associée aux prises d'otages comme celle de Saint-Laurent-des-Arbres et aux révoltes explosives, en contraste avec leurs parents résignés et dociles[49].

Considérations relatives aux descendants de harkis dans la société française

La situation conflictuelle des harkis avec les Algériens se transmet aux générations suivantes, descendantes des harkis rapatriés et des immigrés algériens[90].

Le sociologue et chercheur au Centre d’Analyse et d’Intervention Sociologique RĂ©gis Pierret Ă©tudie l'utilisation du terme « harki » comme insulte. Il Ă©voque le conflit comme une « dualisation de la sociĂ©tĂ© et de mise en compĂ©tition »[90]. Le , le prĂ©sident de la RĂ©publique Emmanuel Macron prĂ©cise : « que l'on m'entende bien, partout dans le pays, quand on insulte un harki, on insulte la France »[91].

Politique contemporaine algérienne et harkis

Point de vue politique

Le Front de libération nationale (FLN) considÚre les harkis comme des traßtres ou des collaborateurs dÚs les accords d'Evian[92].

Le , en visite officielle en France, Abdelaziz Bouteflika dĂ©clare que le peuple algĂ©rien n’est « pas encore prĂȘt » Ă  accepter le retour de harkis en AlgĂ©rie. Il compare les harkis aux collaborateurs français sous l’occupation nazie[93].

Bouteflika aborde officiellement la question des harkis pour la premiĂšre fois au cours de la campagne pour le rĂ©fĂ©rendum sur la Charte sur la paix et la rĂ©conciliation nationale soumise au vote le . Il dĂ©clare au cours d'une visite : « Nous ne faisons pas les mĂȘmes erreurs qu’en 1962 : le massacre de toute une famille, voire de toute une tribu apparentĂ©e Ă  un harki ! ». Le , il reconnaĂźt des « erreurs Ă  l’encontre des familles et des proches des harkis » et que « les enfants des harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents ». Une semaine plus tard, le ministre de l'agriculture SaĂŻd Barkat affirme que « la majoritĂ© du peuple algĂ©rien est contre la venue des harkis en AlgĂ©rie car ce sont des traĂźtres Ă  leur pays et Ă  leur nation. Quant Ă  leurs enfants, ils seront les bienvenus Ă  condition qu'ils reconnaissent de facto les crimes de leurs parents »[94].

LĂ©gislation

Plusieurs dispositions lĂ©gales discriminent les anciens harkis ou leurs enfants. Ainsi, la loi 99-07 du , relative au « moudjahid et au chahid » prĂ©voit, en son article 68 que « perdent leurs droits civiques et politiques, conformĂ©ment Ă  la lĂ©gislation en vigueur, les personnes dont les positions pendant la rĂ©volution de libĂ©ration nationale ont Ă©tĂ© contraires aux intĂ©rĂȘts de la patrie et ayant eu un comportement indigne »[95], disposition qui dĂ©signe clairement les anciens harkis. De mĂȘme, la loi organique no 12-04 du relative aux partis politiques prĂ©cise que ne peuvent ĂȘtre membres fondateurs d'un parti « les personnes nĂ©es avant , n'avoir pas eu une conduite contraire aux principes et idĂ©aux de la RĂ©volution du »[96].

La derniÚre Constitution, datée de décembre 2020, au vu de l'article 87, prévoit un traitement discriminant quant à la possibilité de se présenter à la candidature pour le poste de président de la République avec notamment l'obligation de « justifier de la participation à la Révolution du » pour les candidats nés avant et de « justifier de la non implication des parents du candidat né aprÚs , dans des actes hostiles à la Révolution du »[97] - [98], cette derniÚre disposition visant clairement les enfants d'anciens harkis.

Opinion publique

En 2008, l'historien algĂ©rien Mohammed Harbi Ă©crit « qu’il faudrait Ă©tudier l’histoire d’une maniĂšre plus prĂ©cise et renoncer le plus vite possible Ă  toute une sĂ©rie de stigmatisations dangereuses »[99].

En 2012, le quotidien El Watan publie un sondage selon lequel plus de 84 % des Algériens affirment qu'il « ne faut pas pardonner aux harkis »[100].

Reconnaissance de la Nation française envers les harkis

La loi du 23 fĂ©vrier 2022 reconnaĂźt la responsabilitĂ© de la France dans les conditions indignes du rapatriement et de l'accueil des harkis et de leurs familles, rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie aprĂšs les accords d'Évian de 1962.

La loi ouvre Ă©galement un droit Ă  rĂ©paration pour les harkis et leurs familles qui ont sĂ©journĂ© dans des camps de transit et des hameaux de forestage. Selon le gouvernement, 50 000 personnes pourraient bĂ©nĂ©ficier de cette indemnisation, pour un montant d'environ 310 millions d’euros sur six ans.

Par ailleurs, cette loi institue également une commission nationale de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis et leur famille[101].

Bibliographie

Rapport du ministÚre des Armées

Sciences humaines ou sociales et droit

  • Fatima Besnaci-Lancou et Houria Delourme-Bentayeb (prĂ©f. Jacques FrĂ©meaux), Ils ont dit NON Ă  l'abandon des HARKIS : DĂ©sobĂ©ĂŻr pour sauver, Villemur-sur-Tarn, Éditions LoubatiĂšres, , 224 p. (ISBN 978-2-86266-809-3)
  • Fatima Besnaci-Lancou, « Harkis : la double peine », Historia, Paris, Ă©ditions Croque Futur, no 903,‎ , p. 37-39 (ISSN 1270-0835).
  • Fatima Besnaci-Lancou, « La tragĂ©die des harkis », L'Histoire, Paris, Ă©ditions Croque Futur, no 95,‎ , p. 101-103 (ISSN 0182-2411).
  • Fatima Besnaci-Lancou, « Le ComitĂ© international de la Croix-Rouge (CICR) : Un tĂ©moin singulier dans la guerre d'AlgĂ©rie et ses suites », dans AĂŻssa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemener (dir.), La Guerre d'AlgĂ©rie revisitĂ©e : Nouvelles gĂ©nĂ©rations, nouveaux regards, Paris, Karthala, coll. « Hommes et sociĂ©tĂ©s », , 386 p. (ISBN 9782811112950 et 2811112952, OCLC 90359892, BNF 44281233), p. 261-269 — textes issus du colloque « Jeunes historiens et guerre d'AlgĂ©rie », universitĂ© de Paris VIII (Institut Maghreb-Europe), 9-10 novembre 2012.
  • Fatima Besnaci-Lancou, « Harkis : Les rapports du CICR », L'Histoire, Paris, Sophia Publications, vol. 3, no 409,‎ , p. 32-33 (ISSN 0182-2411).
  • Fatima Besnaci-Lancou (prĂ©f. Todd Shepard), Des harkis envoyĂ©s Ă  la mort : Le Sort des prisonniers de l'AlgĂ©rie indĂ©pendante (1962-1969), Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l'Atelier, , 224 p. (ISBN 978-2-7082-4245-6 et 2708242458, OCLC 910987972, BNF 43788361, prĂ©sentation en ligne) — texte remaniĂ© d'un mĂ©moire de master 2 en Histoire (Les Harkis prisonniers de l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie : Le RĂŽle du comitĂ© international de la Croix-Rouge) sous la direction de Jean-NoĂ«l Luc, soutenu en 2012 Ă  l'universitĂ© Paris IV.
  • Tahar Bouhouia, Assignation collective et Socialisation d'attente : Le Cas des harkis et des jeunes des citĂ©s, Paris, L'Harmattan, coll. « Éducateurs et prĂ©ventions », , 158 p. (ISBN 978-2-343-01043-4 et 2343010439, OCLC 858966983, BNF 43653834, lire en ligne) [aperçu en ligne] — ouvrage issu d'une thĂšse de doctorat en Sociologie sous la direction de Norbert Alter et de Michel Liu, soutenue en 2012 Ă  l'universitĂ© Paris-Dauphine.
  • François-Xavier Hautreux, La Guerre d'AlgĂ©rie des harkis : 1954-1962, Paris, Perrin, , 467 p. (ISBN 978-2-262-03591-4 et 2262035911, OCLC 852233461, BNF 43602835) [vidĂ©o de prĂ©sentation en ligne] — texte remaniĂ© d'une thĂšse de doctorat en Histoire (L'ArmĂ©e française et les SupplĂ©tifs français musulmans pendant la guerre d'AlgĂ©rie : ExpĂ©rience et Enjeux) sous la direction de Didier Musiedlak, soutenue en 2010 Ă  l'universitĂ© de Paris X (Institut des sciences sociales du politique).
  • Vincent Crapanzano (trad. de l'anglais par Johan-Frederik Hel-Guedj), Les Harkis : MĂ©moires sans issue [« The Harkis: The Wound that Never Heals »], Paris, Gallimard, coll. « BibliothĂšque des sciences humaines », , 295 p. (ISBN 978-2-07-013868-5 et 2070138682, OCLC 876664740, BNF 42777909, prĂ©sentation en ligne).
  • Rossella Spina (prĂ©f. Mourad Yelles), Enfants de harkis et Enfants d'Ă©migrĂ©s : Parcours croisĂ©s, identitĂ© Ă  recoudre, Saint-Denis/Paris, Institut Maghreb-Europe/Karthala, coll. « Hommes et sociĂ©tĂ©s », , 255 p. (ISBN 978-2-8111-0607-2 et 2811106073, OCLC 805312288, lire en ligne) [aperçu en ligne] — texte remaniĂ© d'une thĂšse de doctorat en Sciences sociales sous la direction de Mourad Yelles, soutenue en 2010 Ă  l'universitĂ© de Paris VIII (Institut Maghreb-Europe).
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  • Claude Lanzmann (dir.) (Les Temps modernes), Harkis, 1962-2012 : Les Mythes et les Faits, Paris, Gallimard (no 666), , 315 p. (ISBN 978-2-07-013646-9 et 2070136469, OCLC 827828362, DOI 10.3917/ltm.666.0009) [sommaire en ligne]
  • Fatima Besnaci-Lancou (dir.), Benoit Falaize (dir.) et Gilles Manceron (dir.) (prĂ©f. Philippe Joutard), Les Harkis : Histoire, MĂ©moire et Transmission, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l'Atelier, , 222 p. (ISBN 978-2-7082-4117-6, lire en ligne) — « [Ce] livre articule explicitement histoire, mĂ©moire et transmission et offre aux lecteurs un tableau des derniĂšres avancĂ©es historiographiques sur le sujet en en abordant les points essentiels : l’engagement des harkis ; les tactiques et stratĂ©gies françaises dans le recours Ă  ce type de forces ; la question de leur abandon enfin. », dans Branche 2011, p. 38.
  • Isabelle Clarke et Daniel Costelle (avec la collab. de MickaĂ«l Gamrasni), La Blessure : La TragĂ©die des harkis, Paris, Acropole, , 247 p. (ISBN 978-2-7357-0338-8 et 273570338X, OCLC 705998831, BNF 42360372) — Un film documentaire homonyme, Ă©galement de 2010, a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par les auteurs de cet ouvrage.
  • Abderahmen Moumen, « La tragĂ©die des harkis », Textes et documents pour la classe, CNDP, no 56,‎ , p. 16-17.
  • Abderahmen Moumen, « De l’AlgĂ©rie Ă  la France : Les conditions de dĂ©part et d’accueil des rapatriĂ©s, pieds-noirs et harkis en 1962 », MatĂ©riaux pour l’histoire de notre temps, BDIC, vol. 3, no 99,‎ , p. 60-68 [rĂ©sumĂ© et plan en ligne].
  • Êlise Langelier (prĂ©f. Emmanuel Aubin), La Situation juridique des harkis (1962-2007), Paris/Poitiers, LGDJ/universitĂ© de Poitiers, coll. « Collection de la FacultĂ© de droit et des sciences sociales de Poitiers » (no 39), , 304 p. (ISBN 978-2-275-02825-5 et 2275028250, OCLC 690673686, BNF 42144817)
  • Fatima Besnaci-Lancou (dir.) et Gilles Manceron (dir.) (prĂ©f. Jean Lacouture), Les Harkis dans la colonisation et ses suites, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l'Atelier, , 223 p. (ISBN 978-2-7082-3990-6 et 2708239902, OCLC 804267197, BNF b41243004w, prĂ©sentation en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article [aperçu en ligne] — actes du colloque qui s'est tenu Ă  l'AssemblĂ©e nationale le 4 mars 2006.
  • Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, Les Harkis, Paris, Le Cavalier bleu, coll. « IdĂ©es reçues » (no 164), , 126 p. (ISBN 978-2-84670-208-9 et 284670208X, OCLC 698831387, BNF 41319793) [vidĂ©o de prĂ©sentation en ligne] [extrait en ligne].
  • Abderahmen Moumen, « Reçus en harkis, traitĂ©s en parias », dans Driss el-Yazami, Yvan Gastaud et NaĂŻma Yahi (dir.), GĂ©nĂ©rations : Un siĂšcle d’histoire culturelle des maghrĂ©bins en France, Paris, Gallimard, , 379 p. (ISBN 9782070126590 et 2070126595, OCLC 469635118, BNF 42116656), p. 117-123.
  • RĂ©gis Pierret (prĂ©f. Michel Wieviorka), Les Filles et Fils de harkis : Entre double rejet et triple appartenance, Paris, L'Harmattan, coll. « Espaces interculturels », , 303 p. (ISBN 978-2-296-06758-5 et 2296067581, OCLC 288915603, BNF 41401273, lire en ligne) [aperçu en ligne].
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  • Tom Charbit, Les Français musulmans rapatriĂ©s et leurs enfants : SynthĂšse bibliographique pour la Direction de la [p]opulation et des [m]igrations ([m]inistĂšre des [A]ffaires sociales, du [T]ravail et de la [S]olidaritĂ©), , 92 p. (lire en ligne [PDF]).
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  • Abderahmen Moumen, Les Français musulmans en Vaucluse, 1962-1991 : Installation et difficultĂ©s d'intĂ©gration d'une communautĂ© de rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie, Paris, L'Harmattan, coll. « Histoires et perspectives mĂ©diterranĂ©ennes », , 208 p. (ISBN 2-7475-4140-1 et 9782747541404, OCLC 52106225, BNF 38973942, lire en ligne) [aperçu en ligne]. — cet ouvrage a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© d'un mĂ©moire de maĂźtrise en Histoire sous le mĂȘme titre Ă  l'universitĂ© d'Avignon, soutenu par l'auteur en 1999 sous la direction de Robert Mencherini.
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  • Fatima Besnaci-Lancou (prĂ©f. Gilles Manceron, postface Amar Assas), Treize Chibanis harkis, Paris, TirĂ©sias, coll. « Ces oubliĂ©s de l'histoire », , 86 p. (ISBN 978-2-915-29339-5, OCLC 470844484).
  • Fatima Besnaci-Lancou (dir.) (prĂ©f. Boris Cyrulnik), Des vies : 62 enfants de harkis racontent, Paris, Atelier/Editions OuvriĂšres, , 151 p. (ISBN 978-2-708-24108-4, OCLC 743155405).
  • Farid Boudjellal, Le cousin harki (bande dessinĂ©e), Paris, Futuropolis, , 69 p. (ISBN 978-2-754-80241-3, OCLC 885238206).
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  • TaouĂšs Titraoui et Bernard Coll, Le Livre des Harkis, Ă©d. Jeune Pied-Noir - BP 4, 91570 BiĂšvres.
  • AndrĂ© Wormser, Pour l'honneur des harkis, 1 an de combats, 45 annĂ©es de lutte, Ă©d. Sillages, .
  • Alice Zeniter, L'art de perdre : roman, Paris, Flammarion, , 512 p. (ISBN 978-2-081-39553-4, OCLC 1001350834).
  • Emmanuel SabatiĂ©, Je ne vous oublie pas : roman, Paris, Le Cherche midi, coll. « Romans », , 426 p. (ISBN 978-2-749-11711-9, OCLC 671465737).

Bande dessinée

PiÚces de théùtre

  • Christophe Botti, FrĂšres du bled, Alna Ă©diteur 2005, crĂ©ation Ă  la ScĂšne Watteau de Nogent-sur-Marne en 2005.
  • Dalila Kerchouche, Enfants de harki, adaptĂ© de 2 textes de l'auteur.

Filmographie

Documentaires

  • La Guerre d'AlgĂ©rie (documentaire, 1972), de Yves CourriĂšre et Philippe Monnier.
  • L'Histoire oubliĂ©e - Les harkis : L'enrĂŽlement (documentaire, 1992), Culture Infos.
  • L'Histoire oubliĂ©e - Les harkis : L'abandon (documentaire, 1992), Culture Infos.
  • L'Histoire oubliĂ©e - Les harkis : Les fils de l'oubli (documentaire, 1994), Culture Infos.
  • PassĂ© sous silence (documentaire, 2001), rĂ©alisation Sofia et Malik Saa.
  • Les amandiers de l'histoire (documentaire, 2003), rĂ©alisation Jaco Bidermann et Valentin Lagard.
  • Harkis : des Français entiĂšrement Ă  part ? (documentaire, 2003), rĂ©alisation Jean-Charles Deniau.
  • Les jardiniers de la rue des Martyrs (documentaire, 2003), rĂ©alisation LeĂŻla Habchi et BenoĂźt Prin.
  • Portraits d’unions, 42 ans aprĂšs
 (documentaire, 2004), rĂ©alisation Rachid Merabet et Ali Tebib.
  • Des pleins de vide (documentaire, 2005), rĂ©alisation Nicolas Strauss.
  • AmĂšre patrie (documentaire, 2006), diffusĂ© sur France 5, coĂ©crit par Dalila Kerchouche et Manuel Gasquet.
  • Le choix de mon pĂšre (documentaire, 2008), rĂ©alisĂ© par Rabah Zanoun (52 min), coproduction ERE Production - France 3 Lorraine Champagne-Ardenne.
  • La Blessure : La TragĂ©die des harkis (documentaire, 2010), corĂ©alisĂ© par Isabelle Clarke et Daniel Costelle, diffusĂ© sur France 3 le — ouvrage homonyme : Clarke et Costelle 2010.
  • Histoire d'un abandon (documentaire, 2011), rĂ©alisation Marcela Feraru. Coproduit par l'ECPAD, la chaĂźne Histoire et le Secours de France.
  • Harki, le Pays cachĂ© (documentaire, 2012), rĂ©alisation Luc GĂ©treau. Production : Arsenal Productions et TĂ©lĂ© Locale Provence.
  • Hommage aux harkis et autres membres des formations supplĂ©tives (documentaire, 2021), film « collection pĂ©dagogique » DMCA-ECPAD.
  • Filles de harkis (documentaire, 2022), 52 mn, rĂ©alisation de Lucie Boudaud, production : 13 Productions et France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Films et téléfilms

Art

  • Treize Chibanis Harkis, 62 tableaux d'art de Serge Vollin, textes de Fatima Besnaci-Lancou, MĂ©morial de Rivesaltes - conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Orientales.
  • Michel Talata, Harki-ikrah[103]

Notes et références

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