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Rapatrié

On appelle rapatrié un citoyen se trouvant dans un pays étranger, soit temporairement, soit de manière permanente, et contraint de revenir dans son pays d'origine[1] pour divers motifs, le plus souvent pour assurer sa sécurité à la suite d'une catastrophe naturelle, d'une révolte ou d'une guerre, qui ne lui permettent plus de séjourner dans son pays ou sa région d'adoption dans des conditions humainement acceptables.

Les rapatriés sont une catégorie particulière de réfugiés, en ce sens que leur pays d'accueil est leur patrie, c'est-à-dire le pays dont ils ont la nationalité[1]. Cependant, il faut aussi faire la distinction entre enfants d'immigrés et enfants de rapatriés[2].

Le mot « rapatrié » doit être pris dans une acception précise. Il implique, le départ, l'admission et le sort du rapatrié dont le cadre est fixé par des textes législatifs ou administratifs qui en déterminent le mode et le statut[3].

France

En France, le terme désigne les personnes nées françaises dans l’un des anciens territoires coloniaux avant les indépendances, soit dans l’un des pays suivants : Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, République du Congo, Gabon, Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo, Djibouti, Comores, Madagascar, Vietnam, Cambodge et Laos.

Ceci concerne, par exemple, un million de personnes pour l'AlgĂ©rie comprenant les personnes de communautĂ©s juives, chrĂ©tiennes et musulmanes, nĂ©es en AlgĂ©rie française et prĂ©sentes pour beaucoup depuis de nombreuses gĂ©nĂ©rations dans des dĂ©partements français. Le mot exilĂ© est plus appropriĂ© pour les Français d'AlgĂ©rie. La dernière vague de rapatriĂ©s français est constituĂ©e de Français de CĂ´te d'Ivoire, environ 10 000 personnes, ayant fui le pays Ă  la suite des dĂ©sordres de .

Selon la loi du relative à l’accueil et à la réinstallation des Français d’outre-mer, les rapatriés sont les « Français ayant dû quitter ou estimé devoir quitter, par suite d’événements politiques, un territoire où ils étaient établis et qui était antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France »[4].

Trois conditions sont fixées pour avoir la qualité de rapatrié :

  • avoir Ă©tĂ© installĂ© dans un territoire ayant accĂ©dĂ© Ă  l’indĂ©pendance ;
  • avoir eu la nationalitĂ© française au moment de l’indĂ©pendance de ce territoire ;
  • avoir quittĂ© ce territoire par suite d’évĂ©nements politiques directement liĂ©s Ă  l’indĂ©pendance.

Au , le nombre des rapatriĂ©s est de 1 483 321 reprĂ©sentant 425 000 familles[Note 1].

Leurs territoires d’origine sont les suivants :

Le terme rapatrié, même s'il est impropre dans la plupart des cas, puisque bon nombre de ces rapatriés n'ont jamais été en métropole, est donc essentiellement juridique et il a l’avantage de nommer précisément cette catégorie de Français installés en France après les indépendances.

Rapatriés d'Afrique du Nord

Au Maroc, sur 200 000 Français, la moitiĂ© est partie en France dès l’indĂ©pendance en 1956, l’autre moitiĂ© a progressivement quittĂ© le Maroc jusqu’en 1970. En Tunisie, 70 000 personnes sur 198 000 sont parties en France de 1954 Ă  1960, 17 000 après la crise de Bizerte et les derniers progressivement jusqu’en 1967. Pour l’AlgĂ©rie, environ 800 000 Pieds-Noirs (Juifs inclus) quittent l'AlgĂ©rie dont 512 000 entre les mois de mai et d'. En 1967, environ 1 400 000 rapatriĂ©s sont accueillis en France dont 90 % venant d’Afrique du nord.

Dans le recensement 2012, l'Insee dĂ©nombre 2 641 070 personnes rĂ©sidant en France mĂ©tropolitaine nĂ©s dans un des trois pays du Maghreb (1 355 686 en AlgĂ©rie, 905 608 au Maroc et 379 776 en Tunisie). Parmi ces personnes 949 929 sont françaises de naissance (607 651 nĂ©es en AlgĂ©rie, 213 261 nĂ©es au Maroc et 129 016 nĂ©es en Tunisie). Ces derniers chiffres comprennent les Français de souches europĂ©enne et nord-africaine, l'Insee ne faisant pas de distinction territoriale[5].

Algérie

Les 2/3 du nombre total des rapatriés viennent d'Algérie.

L'historien Abderahmen Moumen distingue trois grands groupes sociaux constituant les rapatriés d'Algérie[6] :

  • Les EuropĂ©ens rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie : communĂ©ment appelĂ©s Pieds-Noirs, ils sont de loin les plus nombreux. En 1962, environ 800 000 Pieds-Noirs (Juifs inclus) quittent l'AlgĂ©rie dont 512 000 entre le mois de mai et le mois d'aoĂ»t.
  • Les Juifs rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie : souvent associĂ©s aux Pieds-Noirs, estimĂ©s Ă  120 000 en 1962, environ 110 000 s'installent en France en 1962.
  • Les Français musulmans rapatriĂ©s (FMR), aussi appelĂ©s FSNA (Français de souche nord-africaine) avant l'indĂ©pendance, puis souvent englobĂ© sous le terme gĂ©nĂ©rique de « harkis », ils sont constituĂ©s de plusieurs groupes diffĂ©rents : anciens membres des forces supplĂ©tives (Harkis, Moghazni, GMS…), militaires engagĂ©s ou appelĂ©s aux cĂ´tĂ©s de l'armĂ©e française et Ă©lites francisĂ©es (hauts fonctionnaires, membres du double collège, dĂ©putĂ©s, sĂ©nateurs…). Ils sont au nombre de 138 458 au recensement de 1968 dont 85 000 supplĂ©tifs et leurs familles. La terminologie utilisĂ©e par l’administration pour les dĂ©signer a variĂ© dans le temps : Français musulmans rapatriĂ©s (FMR) Ă  partir de 1962, puis Français rapatriĂ©s de confession islamique (FRCI) en 1970 et enfin RapatriĂ©s d’origine nord africaine (RONA) dans les annĂ©es 1980. Aujourd’hui, deux termes se sont imposĂ©s : « FMR » et « harki », qui selon les contextes renvoient soit aux seuls harkis, soit Ă  tous les supplĂ©tifs, soit encore Ă  l’ensemble des FMR incluant supplĂ©tifs et non supplĂ©tifs.

D’après une enquĂŞte de l'IFOP, les pieds-noirs (Juifs inclus) ainsi que les personnes revendiquant une ascendance pied-noir, c’est-Ă -dire ayant au moins un parent ou un grand-parent pied-noir, sont au nombre de 3,2 millions en 2012 tandis que les Français musulmans rapatriĂ©s et leur descendants sont au nombre de 800 000 soit au total près de 4 millions de personnes[7] - [8].

Notes et références

Note
  1. Service central des rapatriés.
Références
  1. « Définition du nom : rapatrié, rapatriée », sur Éditions Larousse (consulté le ).
  2. Michèle Tribalat, « Une estimation des populations d'origine étrangère en France en 1999 : Importance de la distinction entre enfants d'immigrés et enfants de rapatriés », Population, Aubervilliers, Ined Éditions / Cairn.info, vol. 59, no 1,‎ , p. 51 à 81 (ISSN 0032-4663, lire en ligne, consulté le ).
  3. Jean-Louis Miège, « Définition : Rapatriés », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  4. Loi no 61-1439 du 26 décembre 1961 relative à l'accueil et à la réinstallation des Français d'outre-mer (consulté le ).
  5. Recensement de la population 2012, Insee, 2015.
  6. Abderahmen Moumen, Entre histoire et mémoire, 2003, introduction, p. 13.
  7. Jérôme Fourquet et Esteban Pratviel, « Le vote pied-noir 50 ans après les accords d'Évian », Élections 2012, Les électorats sociologiques, Paris, Cevipof, no 6,‎ , p. 2 / 3 (« présentation » (version du 20 novembre 2015 sur Internet Archive), « lire en ligne » (version du 14 avril 2016 sur Internet Archive) [PDF], consulté le ).
  8. François-Guillaume Lorrain, « Les harkis montrent les dents », sur Le Point, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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