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Étranger

Un étranger est une personne qui n'a pas la nationalité du pays où elle se trouve au moment concerné. Cet état peut changer au cours de la vie d'un individu dans la mesure où il peut obtenir cette nationalité (par une procédure de naturalisation).

Masque Yoruba du Nigeria, en bois peint en blanc et rose, représentant un étranger, barbu et portant une casquette[1].

L'étranger peut aussi désigner un pays ou un ensemble de pays autre que celui dont on est citoyen.

Dans une acception moins courante, le terme plus ou moins amical d'étranger peut servir à qualifier ou à pointer une personne qui apparait comme “différente” ou “singulière”, par le fait qu'elle est perçue comme n'appartenant pas ou pas complètement au groupe familial, social, ethnique, politique, géographique, voire à une copropriété, une commune, une région, un club, une entreprise, etc.

Étymologie

Le mot étranger vient d'étrange (du latin extraneus, « du dehors, extérieur ; qui n'est pas de la famille, du pays, étranger »[2]), et est présent dans certains textes à partir du XIVe siècle[3].

Termes connexes Ă  bien distinguer

La notion d'étranger doit être distinguée de plusieurs notions connexes qui ne sont pas équivalentes [4] :

  • Elle ne recouvre pas celle d'immigrĂ© puisque l'on peut ĂŞtre :
    • Ă©tranger sans jamais avoir migrĂ© : cas des personnes nĂ©es dans un pays, qui y vivent mais n'en ont pas toujours la nationalitĂ© ;
    • immigrĂ© mais pas Ă©tranger : cas des personnes qui sont nĂ©es Ă©trangères, qui se sont installĂ©es dans un pays et ont pu en acquĂ©rir la nationalitĂ©.
  • Le migrant est une personne qui quitte son pays d'origine pour venir s'installer durablement dans un pays dont elle n'a pas la nationalitĂ©. Si le terme “immigré” favorise le point de vue du pays d'accueil et le terme “émigré” celui du pays d'origine, le vocable “migrant” prend en compte l'ensemble du processus migratoire.
  • Le sans-papier est une personne Ă©trangère qui vit dans un pays sans en avoir obtenu le droit. Cette appellation indique qu'elle n'a pas de papiers l'autorisant Ă  vivre dans ce pays (titre de sĂ©jour), mais cela ne signifie pas qu'elle soit dĂ©pourvue de papiers d'identitĂ© (carte d'identitĂ© ou passeport par exemple). Un “sans-papiers” n'est pas forcĂ©ment entrĂ© clandestinement dans le pays : Il peut avoir Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  entrer sur un territoire, mais ne pas avoir obtenu l'autorisation d'y rester.
  • Le clandestin est une personne qui enfreint les règles relatives au droit de sĂ©journer dans un pays et se soustrait Ă  sa surveillance. Souvent les “sans-papiers” ne sont pas clandestins dans la mesure oĂą leur situation est connue de l'administration du pays de sĂ©jour.
  • Le demandeur d'asile est une personne qui a fui son pays parce qu'elle y a subi des persĂ©cutions ou craint d'en subir et demande protection Ă  un pays d'accueil. L'examen de la demande (en France par l'OFPRA - Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides) conduit soit Ă  la reconnaissance du statut de “rĂ©fugié”, soit au refus (demande “dĂ©boutĂ©e”).
  • Le dĂ©boutĂ© est une personne demandeur d'asile dont la demande de reconnaissance du statut de “rĂ©fugié” a Ă©tĂ© rejetĂ©e. Elle devient alors, si elle refuse de quitter le territoire, un “sans-papiers” pour le pays ayant rendu cette dĂ©cision.
  • Le rĂ©fugiĂ© est une personne Ă  qui un pays accorde une protection en raison des risques de persĂ©cution qu'elle encourt Ă  cause de son appartenance Ă  un groupe ethnique ou social, de sa religion, de sa nationalitĂ© ou de ses options politiques.

Histoire

L'historienne Simona Cerutti[5], se basant sur une analyse des archives des États de Savoie au XVIIIe siècle, établit à la fois que le terme « étranger » peut très bien ne pas s'appliquer à une personne venue d'ailleurs, et qu'une personne installée depuis longtemps peut parfaitement être définie comme étrangère : c'est l'appartenance au réseau local qui en est le critère. Par exemple, l'appartenance est reconnue à celui qui participe aux institutions charitables, tandis qu’elle est refusée aux miséreux.

Les implications de cette définition ont une portée considérable : « La peur des étrangers n'était pas le sentiment éprouvé par celui qui était assiégé par une minorité inconnue et menaçante mais plutôt la crainte diffuse d'une chute sociale qui pouvait intervenir dans tout parcours. »

En France

Des rectangles de couleurs correspondant aux 4 catégories encadrent des types de population
Schéma explicitant les définitions des catégories Étranger, Immigré, Immigrant et Français dans le contexte français.

Au sens juridique du terme, « sont considérées comme étrangers les personnes qui n'ont pas la nationalité française, soit qu'elles aient une nationalité étrangère, soit qu'elles n'aient pas de nationalité » (article L. 111-1 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile).

Cependant tout citoyen européen peut voter aux élections locales des États membres de l'Union européenne : « le droit de vote et le droit de se présenter aux élections locales et européennes dans n'importe quel État membre sous les mêmes conditions que les nationaux de cet État » (Articles 10 TUE, 20§2b et 22 TFUE). Par exemple un Espagnol (sous réserve qu'il en remplisse les conditions) peut voter aux élections municipales de Paris.

Références

  1. British Museum
  2. « ÉTRANGE : Définition de ÉTRANGE », sur cnrtl.fr (consulté le ).
  3. Dictionnaire Le Petit Robert, Ă©dition de 1967.
  4. « Petit Guide pour lutter contre les préjugés sur les migrants », édité par l'organisation La Cimade
  5. Simona Cerutti, Étrangers - Étude d'une condition d'incertitude dans une société d'Ancien Régime, Bayard, 2012

Voir aussi

Bibliographie

  • AGA (Y.), « RĂ©flexion sur l’aubain : introduction Ă  l’étude des Ă©trangers Ă  l’époque moderne », in BARBICHE (B.), POUSSOU (J.-P.) et TALLON (A.), Pouvoirs, contestations et comportements dans l’Europe moderne, MĂ©langes en l’honneur du professeur Yves-Marie BercĂ©, Paris, PUPS, 2005, p.1021-1039.
  • MickaĂ«l Augeron et Pascal Even, dir., Les Ă©trangers dans les villes-ports atlantiques. ExpĂ©riences françaises et allemandes, XVe-XIXe siècle, Paris, Les Indes savantes, 2010.
  • Alteroche (Bertrand d’), De l’étranger Ă  la seigneurie Ă  l’étranger au royaume, XIe – XVe siècle, Thèse de droit, Univ. de Paris II, 2000.
  • Barbare (Le), l’étranger : images de l’autre, Actes du colloque organisĂ© par le C.E.R.H.I., Saint-Étienne, 14 et , textes rĂ©unis et prĂ©sentĂ©s par D. Nourrisson et Y. Perrin, Vol. n° 2, Publ. de l’UniversitĂ© de Saint-Étienne, 2005
  • Billot (Claudine), « L’assimilation des Ă©trangers dans le royaume de France aux XIVe et XVe siècles », Revue historique, n° 548, 1983, p. 273-296.
  • BOIZET (J.), Les lettres de naturalitĂ© sous l’Ancien RĂ©gime, Thèse de droit, Paris, 1943.
  • "L’Étranger au Moyen Ă‚ge". Actes du XXXe congrès de la SHMESP, Göttingen, 1999, Paris, Publ. de la Sorbonne, 2000
  • "Étrangers Ă  la cour de Bourgogne (Les)", Revue du Nord, t. 84, n° 345-346, Avril-Sept. 2002.
  • "De l’Étranger Ă  l’étrange ou la conjoncture de la merveille", SĂ©nĂ©fiance, n° 25, Publ. du CUERMA, Aix-en-Provence, 1988.
  • Simona Cerutti, Etrangers. Étude d'une condition d'incertitude dans une sociĂ©tĂ© d'Ancien RĂ©gime, Bayard, 2012
  • CERUTTI (S.), « Ă€ qui appartiennent les biens qui n’appartiennent Ă  personne ? CitoyennetĂ© et droit d’aubaine Ă  l’époque moderne », in Annales Histoire, Sciences Sociales, 62e annĂ©e, n°2, mars-, p.355-383.
  • Clochard (Olivier) , Atlas des migrants en Europe, gĂ©ographie critique des politiques migratoires, Aramnd Colin 2009
  • Contamine (Philippe), « Qu’est-ce qu’un Ă©tranger pour un Français de la fin du Moyen Ă‚ge ? », Peuples du Moyen Ă‚ge : Problèmes d’identification, sous la dir. de C. Carozzi et H. Taviani-Carozzi, Aix-en-Provence, Publication de l’universitĂ© de Provence, 1996, p. 27-44.
  • DUBOST (J.-F.), La France italienne : XVIème-XVIIème siècle, Paris, Aubier, 1997.
  • DUBOST (J.-F.) et SAHLINS (P.), Et si on faisait payer les Ă©trangers ? Louis XIV, les immigrĂ©s et quelques autres, Paris, Flammarion, 1999.
  • Heran (François), Le temps des imlmigrĂ©s, essai sur le destin de la population française, seuil 2007.
  • Edmond Jabès, Dialogue avec François Rachline, De l'Ă©tranger Ă  l'Ă©tranger, PrĂ©face Ă  DĂ©couverte de l'Archipel d'Elie Faure (1991), repris dans la revue Nunc, 2015.
  • Le Jan (RĂ©gine), « Remarques sur l’étranger au haut Moyen Ă‚ge », dans L’image de l’autre dans l’Europe du Nord-Ouest, sous la dir. de J.-P. Jessenne, Lille, Centre de recherche sur l’histoire de l’Europe du Nord-Ouest, 1996, p. 23-32.
  • Yves Lequin (dir.), La mosaĂŻque France, histoire des Ă©trangers et de l’immigration, Paris, Larousse, 1988.
  • MATHOREZ (J.), Les Ă©trangers en France sous l’ancien rĂ©gime : histoire de la formation de la population française, Paris, Champion, 1919, 2 vol.
  • Moal (Laurence), L’étranger en Bretagne au Moyen Ă‚ge. PrĂ©sence, attitudes, perceptions, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.
  • Montandon (Alain, dir.), Le livre de l’hospitalitĂ©, accueil de l’étranger dans l’histoire et les cultures, Paris, Ă©d. Bayard, 2004.
  • POUSSOU (J.-P.), « Le service du roi (XVIe siècle-1815) » in LEQUIN (Y.), Histoire des Ă©trangers et de l’immigration en France, Paris, Larousse, 1988, p.151-194 et p. 226-240.
  • RAIMBAUD (E.), Les Ă©trangers en Bretagne d’après les lettres de naturalitĂ© (XVIème-1661), mĂ©moire de maĂ®trise, dir. LE PAGE (D.), Nantes, 1999.
  • SAHLINS (P.), « La NationalitĂ© avant la lettre : les pratiques de naturalisation en France sous l’Ancien RĂ©gime », in Annales Histoire, Sciences Sociales, Volume 55, n°5, 2000, p.1081-1108.
  • Simon (Gildas) La planète migratoire dans la mondialisation, Armand Colin 2008
  • Ragot (Lionel), Jayet (Hubert), Rajaonarison (Dominique) , L'immigration, quels effets Ă©conomiques, revue d'Ă©conomie politique n° 4, juillet-Aout 2001

Articles connexes

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