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MĂ©morial du Camp de Rivesaltes

Le Mémorial du Camp de Rivesaltes, situé sur les communes de Rivesaltes et Salses-le-Château dans les Pyrénées-Orientales en France, rend hommage aux personnes incarcérées ou hébergées dans ce camp au gré des événements historiques (guerre d'Espagne, Seconde Guerre mondiale, Shoah, guerre d'Algérie, etc.) durant la seconde moitié du XXe siècle.

MĂ©morial du Camp de Rivesaltes
Le Mémorial du Camp de Rivesaltes vu de l'extérieur (octobre 2015).
Présentation
Type
Architecte
Gestionnaire
Établissement public de coopération culturelle du Mémorial du Camp de Rivesaltes (d)
Site web
Localisation
Localisation
Coordonnées
42° 48′ 32″ N, 2° 53′ 30″ E
Carte

Histoire du MĂ©morial

En 1998, Christian Bourquin[1], président du conseil général des Pyrénées-Orientales, lance un projet de construction d'un Mémorial du Camp de Rivesaltes.

Le Département acquiert pour cela un des îlots du camp, l'îlot F (42 hectares).

Considérant la dimension du projet, la région Languedoc-Roussillon est ensuite apparue comme l'échelon le plus pertinent pour le porter. Elle assure la maîtrise d'ouvrage du Mémorial depuis . Elle est la première région de France à porter un projet mémoriel, « parce que regarder le passé c'est construire l'avenir, parce que les souffrances de ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants devaient être connues de tous, parce qu'on ne peut admettre que l'on nettoie les lieux et la mémoire » (Christian Bourquin).

Après plusieurs années de négociation les travaux de construction du Mémorial du Camp de Rivesaltes ont débuté en . Son ouverture au public est réalisée en 2015 avec l'inauguration par Manuel Valls[2].

Chronologie du MĂ©morial

  • 1978 : Serge Klarsfeld publie la liste des dĂ©portĂ©s Juifs et des Juifs dĂ©cĂ©dĂ©s du camp de Rivesaltes.
  • 1993 : parution du Journal de Rivesaltes 1941-42 Ă©crit par Friedel Bohny-Reiter, une infirmière autrichienne travaillant pour le Secours suisse aux enfants (Croix-Rouge suisse). Publication Ă©galement de Les Transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la rĂ©gion de Montpellier vers le camp de Drancy en vue de leur dĂ©portation -, par Serge Klarsfeld.
  • 1994 : le , une stèle est Ă©rigĂ©e Ă  la mĂ©moire des Juifs dĂ©portĂ©s du camp de Rivesaltes vers Auschwitz, Ă  l’initiative de l’association Fils et Filles des DĂ©portĂ©s juifs de France et de Serge Klarsfeld.
  • 1995 : le , c’est une stèle Ă  la mĂ©moire des Harkis qui est Ă  son tour installĂ©e.
  • 1997 : alors que des menaces de destruction planent sur le camp, une pĂ©tition Pour la mĂ©moire vivante du camp de Rivesaltes est signĂ©e par Simone Veil, Claude Simon, Edgar Morin… et de nombreux citoyens.
  • 1998 : tout juste Ă©lu prĂ©sident du conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Orientales, Christian Bourquin annule la dĂ©cision de raser entièrement le site et commence la concertation autour du projet. Des contacts sont nouĂ©s avec les associations reprĂ©sentant les communautĂ©s internĂ©es et les projets pĂ©dagogiques se multiplient.
  • 1999 : le , une stèle est Ă©rigĂ©e Ă  la mĂ©moire des rĂ©publicains espagnols.
  • 2000 : le site du camp de Rivesaltes est inscrit Ă  l’inventaire supplĂ©mentaire des Monuments historiques par le ministère de la Culture. Une convention d’objectifs prĂ©voyant la construction du mĂ©morial est signĂ©e et une commission historique, qui reprĂ©sente toutes les associations, initiatives et personnes privĂ©es ayant participĂ© Ă  l’élaboration du projet, est crĂ©Ă©e. le conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Orientales vote l’approbation du projet du MĂ©morial Ă  l’unanimitĂ©.
  • 2002 : historien, chercheur au CNRS, auteur d’une thèse d’État sur « les camps d’internement en France 1938-1946), Denis Peschanski est dĂ©signĂ© comme prĂ©sident du conseil scientifique du MĂ©morial.
  • 2003 : une Ă©tude de prĂ©figuration du MĂ©morial est prĂ©sentĂ©e au conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Orientales et Ă  la Commission historique.
  • 2005 : pour la première fois, Ă  l’occasion des JournĂ©es europĂ©ennes du Patrimoine, une partie du camp est ouverte au public (plus de 2000 visiteurs). Rudy Ricciotti remporte le concours d’architecte du MĂ©morial. En novembre, le conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Orientales fait l'acquisition de l’îlot F, qui reprĂ©sente 42 hectares. Robert Badinter accepte de parrainer le projet.
  • 2006 : les actions de prĂ©figuration du MĂ©morial se multiplient. Un service Ă©ducatif se structure et l’Éducation Nationale met Ă  disposition du projet deux professeurs dĂ©tachĂ©s. Un inventaire photographique des Ă®lots J, F et K est organisĂ©, rĂ©pertoriant tous les bâtiments et photographies aĂ©riennes (opĂ©ration « Faire parler les murs » permettant de garder traces des graffitis, inscriptions, dessins...). L’architecte Rudy Riccioti lance son Ă©tude de conception.
  • Ă€ partir de 2007 : en parallèle de la protection et de la mise en valeur du site, les Ă©tudes de conception (architecture et musĂ©ographie) et de la prĂ©figuration du projet se poursuivent, tout comme les actions culturelles et pĂ©dagogiques.
  • 2009 : une stèle Ă  la mĂ©moire des Tsiganes est Ă©rigĂ©e le .
  • 2010 : le permis de construire du MĂ©morial est dĂ©livrĂ© le .
  • 2011 : rĂ©uni en sĂ©ance plĂ©nière le , le conseil rĂ©gional prĂ©sidĂ© par Christian Bourquin approuve Ă  l’unanimitĂ© le transfert du projet de MĂ©morial du conseil gĂ©nĂ©ral des PyrĂ©nĂ©es-Orientales Ă  la RĂ©gion Languedoc-Roussillon[3]
  • 2012 : le programme de musĂ©ographie est remis au prĂ©sident de la rĂ©gion par Lydia Elhadad.
  • : Les travaux dĂ©butent.
  • 2013 : crĂ©ation du fonds de dotation du MĂ©morial du Camp de Rivesaltes prĂ©sidĂ© par Anne Lauvergeon[4].
  • : inauguration du MĂ©morial du Camp de Rivesaltes prĂ©sidĂ© par Manuel Valls[2].

Vocation du MĂ©morial

Principal camp d'internement du sud de la France en 1941 et 1942, puis principal camp de transit pour les familles de Harkis après l'indépendance de l'Algérie, le centre militaire de Rivesaltes occupe une place singulière et majeure dans l'histoire de la France contemporaine. Or, il n'existe à ce jour aucun lieu qui rende compte soit de l'internement pendant la Seconde Guerre mondiale, soit des Harkis. Le défi est de proposer aux diverses communautés directement concernées de connaître, aussi, l'histoire des autres, et d'aider tous les visiteurs à comprendre leur passé commun.

« Or, il n'existe à ce jour aucun lieu qui rende compte soit de l'internement pendant la Seconde Guerre mondiale, soit des Harkis » : La dernière mise à jour de cet article date de 6 mois. Or existe depuis quelques années le Camp Mémorial des Milles, que la Licra de la Drôme a visité à deux reprises, et qui développe trois volets :-histoire 1919 1942 - le lieu - la partie réflexive. Loin de s'opposer, ils sont complémentaires, Rivesaltes montrant qu'un camp peut perdurer au-delà de la Seconde Guerre Mondiale.

Ce lieu de dimension régionale, nationale et internationale aura différentes missions :

  • la recherche historique, la restitution et le partage de cette connaissance avec les publics, sous forme d’expositions temporaires, de publications, de colloques, de confĂ©rences, etc.
  • un travail pĂ©dagogique et Ă©ducatif afin de diffuser la connaissance et de susciter un questionnement sur les thĂ©matiques prĂ©sentĂ©es et la relation entre histoire et mĂ©moire(s) : visites guidĂ©es, ateliers, documents pĂ©dagogiques, etc.
  • une approche sensible et diffĂ©rente grâce Ă  l’art et Ă  la culture qui permettent d’interroger l’histoire et la mĂ©moire : expositions, rĂ©sidences d'artistes, concerts, projections de films, etc.

Le visiteur se voit proposer un parcours à l’intérieur du mémorial, dans la salle d'exposition permanente, ainsi qu’un parcours en plein air dans le camp, au milieu des vestiges laissés en l’état et des baraques, consolidées ou reconstituées pour certaines.

Investissement culturel, mémoriel et pédagogique, ce bâtiment est également touristique et économique dans le sens où le Mémorial est un des outils de l'attractivité du territoire.

Un Conseil Scientifique pluridisciplinaire, présidé par Denis Peschanski (historien, chercheur au CNRS et président du conseil scientifique du Mémorial du Camp de Rivesaltes), est responsable du contenu historique et scientifique du Mémorial.

Le projet bénéficie du soutien de Simone Veil, Robert Badinter et Serge Klarsfeld.

Le Mémorial s'inscrit dans le réseau national et international des lieux de mémoire. Des contacts sont d'ores et déjà créés avec le musée mémorial de l'exil (MUME), la maternité suisse d'Elne, Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, le United States Holocaust Memorial Museum (USHMM), le camp de Fossoli, la ville de Roubaix, la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, etc.

Le projet architectural

Après plusieurs années d'attente, les travaux de construction du Mémorial ont démarré en . L'ouverture du site s'est déroulé le , après l'aménagement des intérieurs et notamment l'installation de l'exposition permanente qui occupe une large partie de la surface du bâtiment. L'architecte Rudy Ricciotti a remporté le concours de maîtrise d’œuvre et a conçu le projet, en collaboration avec le cabinet audois Passelac & Roques, comme « une proposition très exacte entre site, territoire et mémoire. »

Quelques chiffres

D'une surface de 4 000 m2, le MĂ©morial est Ă©rigĂ© au cĹ“ur de l'ancien Ă®lot F du camp, au milieu des constructions existantes qui sont inscrites Ă  l'inventaire supplĂ©mentaire des Monuments historiques et dont l’authenticitĂ© est prĂ©servĂ©e. Le bâtiment, monolithe semi enterrĂ©, s’étend sur 200 mètres de long, 20 mètres de large et 4 mètres de haut. Le bâtiment repose dans la terre, son point le plus bas sera au niveau du sol et le point le plus haut, plus de 200 mètres plus loin, ne dĂ©passe pas les baraques.

Il compte :

  • 1 000 m2 dĂ©diĂ©s Ă  une exposition permanente,
  • 400 m2 dĂ©diĂ©s aux expositions temporaires,
  • un auditorium de 160 places,
  • des salles pĂ©dagogiques,
  • un centre de documentation,
  • un espace de restauration,
  • une boutique.

Fonds de dotation du MĂ©morial du Camp de Rivesaltes

Vendredi , lors de sa séance plénière, le conseil régional Languedoc-Roussillon a approuvé la création du fonds de dotation du Mémorial du Camp de Rivesaltes. Les membres de son conseil d’administration ont également été nommés. Anne Lauvergeon assurera la présidence, Agnès Tixier assurera les fonctions de trésorière et Gérard Maurice assurera les fonctions de secrétaire. Le siège social du fonds de dotation se situe au 14 rue Pierre-Cartelet à Perpignan.

Ce nouvel outil juridique, ayant une structure plus souple que la fondation reconnue d'utilité publique, il est capable de s'adapter aux volontés des grands donateurs comme des particuliers. Les mécènes sont les partenaires du Mémorial.

Expositions temporaires au MĂ©morial

  • Treize chibanis harkis, Ĺ“uvres de Serge Vollin, textes de Fatima Besnaci-Lancou[5], du 30 juin 2020 au 31 janvier 2021.

Sources

Notes et références

  1. Christian Bourquin
  2. .
  3. Portail culturel de la région Languedoc-Roussillon.
  4. L'Indépendant.
  5. Sur la base du livre Ă©ponyme de Fatima Besnaci-Lancou.
  • Roger Barrie, Memento chronologique du camp de Rivesaltes, rĂ©gion Languedoc-Roussillon, 2011
  • Denis Peschanski, La France des camps, l'internement, 1938-1946, Paris, Gallimard, 2002
  • Lionel Devis, Fonds de dotation, CrĂ©ation, gestion, Ă©volution, Ă©ditions Juris-Associations, 2013

Voir aussi

Bibliographie

Bibliographie Seconde Guerre mondiale
  • Anne Grynberg, « Les camps de la honte » : les internĂ©s juifs des camps français 1939-1944, La DĂ©couverte, Paris, 1999
  • Friedel Bonhny-Reiter, Journal de Rivesaltes 1941-1942, ZoĂ©, Ă©dition poche, 2010
  • Anne Boitel, Le Camp de Rivesaltes 1941-1942 : du centre d’hĂ©bergement au « Drancy de la zone libre », Presses universitaires de Perpignan/Mare Nostrum, Perpignan, 2001
  • JoĂ«l Mettay, L’Archipel du mĂ©pris, histoire du camp de Rivesaltes de 1939 Ă  nos jours, Ă©ditions Trabucaire, Perpignan, 2001
  • Castanier I Palau, Femmes en exil, mères des camps – Elisabeth Eidenbenz et la maternitĂ© suisse d'Elne (1939–1944)', Ă©ditions Trabucaire, 2008
  • Josep Bartoli, La Retirada, Exode et exil des rĂ©publicains d'Espagne, Actes sud, 2009
  • Serge Barba, De la frontière aux barbelĂ©s, Ă©ditions Trabucaire, Canet, 2009
  • Gregory Tuban, Les SĂ©questrĂ©s de Collioure, Ă©ditions Mare Nostrum, Perpignan, 2003
  • Serge Klarsfeld, Les Transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la rĂ©gion de Montpellier vers le centre de Drancy en vue de leur dĂ©portation –, Paris, 1993
  • Henri Parens, Retour Ă  la vie, Ă©ditions Tallandier, Paris, 2010
  • Mechtild Gilzmer, Camps de femmes, Ă©ditions Autrement, Paris, 2000
  • Serge Klarsfeld, Adieu les enfants, Ă©ditions Mille et une nuits, 2005
  • Emmanuel Filhol, La MĂ©moire et l’oubli, L’internement des Tsiganes en France, 1940-1946, L’Harmattan, Paris, 2004
  • Denis Peschanski, Les Tsiganes en France : 1939–1946, CNRS Éditions, Paris, 1994
  • Raymond Gureme, Interdit aux nomades, Éditions Calmann-Levy, 2011
Bibliographie sur les Harkis
  • Fatima Besnaci-Lancou, Fille de harki, Les Ă©ditions de l’Atelier, Paris, 2005
  • Fatima Besnaci-Lancou, Des vies-62 enfants de harkis racontent, prĂ©face de Boris Cyrulnik, Les Ă©ditions de l’Atelier, Paris, 2010
  • Fatima Besnaci-Lancou, Benoit Falaize et Gilles Manceron, Les harkis - Histoire, MĂ©moire et transmission, Les Ă©ditions de l’Atelier, Paris, 2010
  • Tom Charbit, Les Harkis, La DĂ©couverte, Paris, 2006
  • Fatima Besnaci-Lancou, Treize chibanis harkis, Les Ă©ditions TirĂ©sias, Paris, 2006
  • Fatima Besnaci-Lancou, Nos mères paroles blessĂ©es - Une autre histoire de harkis, Les Ă©ditions Zelliges, Paris, 2006
  • Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, Les Harkis, Le Cavalier bleu, collection IdĂ©es reçues Paris, 2008
  • Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les Harkis, une mĂ©moire enfouie, Autrement, Paris, 2003
  • Fatima Besnaci-Lancou et Gilles Manceron, Les Harkis dans la colonisation et ses suites, Les Ă©ditions de l'atelier, 2008
  • Les Temps modernes no 666 sous la direction de Fatima Besnaci-Lancou, Les harkis, les mythes et les faits (1962-2012), Les Ă©ditions Gallimard, Paris, 2011-2012
  • Fatima Besnaci-Lancou, Harkis au camp de Rivesaltes - La relĂ©gation des familles - - , prĂ©face de Olivier Dard, Ă©ditions Loubatières et MĂ©morial du Camp de Rivesaltes, 2019, 176 p. (ISBN 978-2-86266-771-3).

Articles connexes

Liens externes

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