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Crimes de guerre du Japon Shƍwa

Les crimes de guerre japonais sont les crimes de guerre qui ont Ă©tĂ© commis par les Japonais au cours de la pĂ©riode de l’impĂ©rialisme japonais, Ă  partir de la fin du XIXe siĂšcle jusqu’en 1945, principalement durant la premiĂšre partie de l'Ăšre Shƍwa. D’autres termes, tels que « holocauste asiatique »[1] ou « atrocitĂ©s de guerre japonaises »[2] - [3], sont Ă©galement utilisĂ©s pour dĂ©signer cette pĂ©riode.

Civils chinois enterrés vivants.

Les historiens et les gouvernements de nombreux pays ont considĂ©rĂ© les militaires, Ă  savoir l’ArmĂ©e impĂ©riale japonaise et la Marine impĂ©riale japonaise, comme les responsables des tueries et autres crimes commis Ă  l’encontre de plusieurs millions de civils ou de prisonniers de guerre (PG) au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle[4] - [5] - [6] - [7].

DĂ©finitions

Xuzhou, Chine, 1938. Un fossé plein de corps de civils chinois tués par des soldats japonais.

Au sens large, les crimes de guerre peuvent ĂȘtre dĂ©finis comme un comportement dĂ©nuĂ© de scrupules dont un gouvernement ou des militaires font preuve Ă  l'Ă©gard de civils ou de combattants d’un pays ennemi. Des militaires appartenant Ă  l’empire du Japon ont Ă©tĂ© accusĂ©s d’avoir perpĂ©trĂ© de tels actes au cours de la pĂ©riode de l’impĂ©rialisme japonais qui s’étend de la fin du XIXe siĂšcle jusqu’au milieu du XXe siĂšcle. Ils ont Ă©tĂ© accusĂ©s d’avoir commis une sĂ©rie de violations des droits de l’homme Ă  l’encontre de civils ou de prisonniers de guerre (PG) en ExtrĂȘme-Orient et dans l’Ouest du Pacifique. Ces Ă©vĂ©nements ont atteint leur paroxysme au cours de la seconde guerre sino-japonaise de 1937-1945 et des campagnes asiatiques et du Pacifique de la guerre de la Grande Asie orientale (1941-1945).

Droit international et japonais

Bien que l’empire du Japon n’ait pas signĂ© les conventions de GenĂšve, qui sont depuis 1949 Ă  la base des dĂ©finitions communĂ©ment admises des crimes de guerre, les crimes perpĂ©trĂ©s tombent sous d’autres aspects du droit international et du droit japonais. Par exemple, de nombreux crimes commis par des Japonais Ă©taient en contravention avec le code militaire japonais et ne furent pas portĂ©s devant des cours martiales comme le requiert ce code. L’empire du Japon viola Ă©galement des accords internationaux signĂ©s par le Japon, y compris le traitĂ© de Versailles, tels que l'interdiction de l’utilisation d’armes chimiques, et la premiĂšre confĂ©rence de La Haye (1899) et la seconde confĂ©rence de La Haye (1907) sur la protection des prisonniers de guerre. Le gouvernement japonais signa Ă©galement le pacte Briand-Kellogg (1929), rendant ainsi ses actions susceptibles d’ĂȘtre poursuivies en tant que crimes contre la paix, une prĂ©vention qui avait Ă©tĂ© Ă©tablie au cours des procĂšs de Tokyo en vue de poursuivre les criminels de guerre de « Classe A ». Les criminels de guerre de « Classe B » Ă©taient ceux qui furent convaincus de crimes de guerre dans leur acception habituelle, et ceux de « Classe C » Ă©taient ceux qui Ă©taient coupables de crimes contre l’humanitĂ©. Le gouvernement japonais avait Ă©galement acceptĂ© les termes de la dĂ©claration de Potsdam (1945) aprĂšs la fin de la guerre. Cette dĂ©claration mentionnait Ă  son article 10 deux types de crimes de guerre : l’un Ă©tait la violation du droit international, tel que les mauvais traitements des prisonniers de guerre ; l’autre Ă©tait le fait de faire opposition « aux tendances dĂ©mocratiques au sein du peuple japonais » et aux libertĂ©s civiles au Japon.

Au Japon, le terme crimes de guerre japonais ne vise gĂ©nĂ©ralement que les cas dont a eu Ă  connaĂźtre le Tribunal militaire international pour l'ExtrĂȘme-Orient, Ă©galement connu sous le nom de procĂšs de Tokyo qui ont suivi la fin de la guerre du Pacifique. Toutefois, le tribunal ne poursuivit pas les accusations de crimes de guerre imputĂ©es Ă  des officiers de second rang ou Ă  des militaires moins expĂ©rimentĂ©s. Ceux-ci furent traitĂ©s sĂ©parĂ©ment dans d’autres villes rĂ©parties dans la rĂ©gion Asie-Pacifique. La loi japonaise ne dĂ©finit pas les personnes condamnĂ©es dans les procĂšs d’aprĂšs-guerre comme des criminels en dĂ©pit du fait que les gouvernements japonais ont acceptĂ© les arrĂȘts rendus au terme de ces procĂšs ainsi que les consĂ©quences du traitĂ© de San Francisco (1952). Ceci est imputable au fait que le traitĂ© ne fait pas Ă©tat de la lĂ©galitĂ© du tribunal. Si le Japon avait acceptĂ© par le traitĂ© de San Francisco les arrĂȘts des tribunaux ayant eu Ă  connaĂźtre des crimes de guerre, ces arrĂȘts auraient pu donner lieu Ă  appel et ĂȘtre renversĂ©s par des tribunaux japonais, ce qui aurait Ă©tĂ© inacceptable pour le monde diplomatique international. De nos jours, les juristes japonais partagent sur la situation juridique du tribunal de Tokyo un consensus aux termes duquel l’exĂ©cution ou l’incarcĂ©ration d’une personne Ă  la suite des procĂšs d’aprĂšs guerre est valide, mais n’a aucun rapport avec le code pĂ©nal japonais.

Époque et lieux

En dehors du Japon, des sociĂ©tĂ©s diffĂ©rentes utilisent des pĂ©riodes de rĂ©fĂ©rence distinctes pour les crimes de guerre japonais. Ainsi, l’annexion de la CorĂ©e par le Japon en 1910 fut suivie par l’abolition des libertĂ©s civiles et l’exploitation du peuple corĂ©en. Pour cette raison, certains CorĂ©ens utilisent l’expression crimes de guerre japonais pour les Ă©vĂ©nements survenus directement durant la pĂ©riode de 1910 Ă  1945. En comparaison, les AlliĂ©s de l’Ouest n’entrĂšrent pas en conflit avec le Japon avant 1941 de sorte que les Nord-AmĂ©ricains, les Australiens et les EuropĂ©ens peuvent considĂ©rer que les crimes de guerre japonais visent des Ă©vĂ©nements qui se sont produits entre 1941 et 1945. Les crimes de guerre japonais n’ont pas toujours Ă©tĂ© le fait des seuls Japonais. Dans chaque pays asiatique ou du Pacifique envahi ou occupĂ© par le Japon, il s’est trouvĂ© de petites minoritĂ©s pour collaborer avec l’armĂ©e japonaise ou mĂȘme y servir, pour des raisons diverses telles que des difficultĂ©s Ă©conomiques, la coercition ou l’antipathie pour des puissances occidentales, d'ethnies ou de religions diffĂ©rentes (populations d'origine chinoise, montagnards de Birmanie ou d'autres Ăźles comme aux Indes orientales nĂ©erlandaises).

Les actes commis Ă  l’encontre de peuples reconnus internationalement comme soumis Ă  la souverainetĂ© japonaise ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des crimes de guerre. La souverainetĂ© japonaise de jure antĂ©rieure Ă  1945 sur des pays comme la CorĂ©e ou Formose Ă©tait reconnue par des accords internationaux tels que le traitĂ© de Shimonoseki (1895) et le traitĂ© d’annexion entre le Japon et la CorĂ©e (1910). Toutefois, la lĂ©galitĂ© de ces traitĂ©s est mise en question, les populations locales ne furent pas consultĂ©es, il y eut une rĂ©sistance armĂ©e aux invasions et occupations japonaises et des crimes de guerre peuvent Ă©galement ĂȘtre commis au cours de guerres civiles.

ArriĂšre-plan

Culture militariste japonaise et impérialisme

La culture militariste, en particulier pendant l'Ă©poque du Japon impĂ©rial, a eu une grande influence sur la conduite des militaires japonais avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours des siĂšcles prĂ©cĂ©dents, on avait enseignĂ© aux samouraĂŻs de ne pas remettre en question l’obĂ©issance dont ils Ă©taient redevables envers leurs suzerains, ainsi aprĂšs l'effondrement du shogunat Tokugawa et la restauration Meiji, l’empereur devint l’objet symbolique de la loyautĂ© militaire en lieu et place des daimyos, prĂ©cĂ©dents suzerains des samouraĂŻs.

Au cours de l’ñge dit Âge de l’Empire Ă  la fin du XIXe siĂšcle, le Japon, Ă  la suite des autres puissances mondiales, se construisit un empire en poursuivant cet objectif de façon agressive. Comme c’est le cas des autres puissances impĂ©riales, la culture japonaise Ă©volua de plus en plus vers un nationalisme chauvin depuis la fin du XIXe siĂšcle jusqu’au siĂšcle suivant. L’émergence du nationalisme japonais est due en partie Ă  l’adoption du shintoĂŻsme d'État et Ă  son incorporation dans l’enseignement. Le shintoĂŻsme considĂ©rait que l’Empereur Ă©tait d’essence divine parce qu’il Ă©tait rĂ©putĂ© ĂȘtre le descendant de la dĂ©esse du soleil Amaterasu. Ceci permettait de justifier l’exigence d’une obĂ©issance inconditionnelle Ă  l’empereur et Ă  ses reprĂ©sentants.

La victoire obtenue par le Japon dans la premiĂšre guerre sino-japonaise (1894-1895) marquait son accession au rang de puissance mondiale. À la diffĂ©rence des autres puissances majeures, le Japon ne signa pas la convention de GenĂšve – qui stipule qu’il convient de rĂ©server un traitement humain aux prisonniers de guerre – avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. NĂ©anmoins, le traitement des prisonniers occidentaux (russes ou allemands) par les militaires japonais au cours de la guerre russo-japonaise (1904-1905) ou de la PremiĂšre Guerre mondiale (1914-1918) Ă©tait comparable Ă  celui que rĂ©servaient les autres armĂ©es Ă  leurs prisonniers.

ÉvĂ©nements des annĂ©es 1930 et 1940

L'Empereur Shƍwa chevauchant Sirayuki lors d'une inspection militaire en aoĂ»t 1938.

Nisshƍ Inoue, Ă©labora une synthĂšse d’ultranationalisme et de bouddhisme et fut l’instigateur, en 1932, d'une sĂ©rie d’assassinats politiques ouvrant la voie Ă  la mainmise des militaires sur la structure Ă©tatique[8]. À la fin des annĂ©es 1930, l’émergence du militarisme au Japon crĂ©a des similitudes au moins superficielles entre la culture militaire japonaise au sens large et celle des militaires d’élite de l’Allemagne nazie, comme les Waffen-SS.

Cependant, le Japon ne mit pas en place d'unitĂ©s militaires ou de police dĂ©diĂ©es spĂ©cifiquement aux campagnes d'extermination comme les Einsatzgruppen nazis et de camps d'extermination pour les populations civiles. Si bien qu'Ă©tant les seules actrices des crimes de guerre commis, la plupart des unitĂ©s de l'ArmĂ©e impĂ©riale et des troupes de la Marine furent davantage compromises que leurs homologues militaires allemandes partout oĂč elles furent dĂ©ployĂ©es.

Le Japon disposait Ă©galement d’une police secrĂšte et politique, la Tokkƍ et de deux polices militaires dĂ©nommĂ©es Kempeitai et Tokkeitai, toutes trois comparables au Sicherheitdienst et Ă  la Gestapo nazis par leurs exactions dans les pays annexĂ©s ou occupĂ©s.

Comme dans les dictatures europĂ©ennes, la brutalitĂ© irrationnelle, la haine et la peur devinrent banales dans les territoires occupĂ©s par le Japon. Des erreurs perçues comme des Ă©checs ou une dĂ©votion insuffisante Ă  la personne de l’empereur se voyaient sanctionnĂ©es de chĂątiments souvent de nature physique. Dans l’armĂ©e, les officiers agressaient et battaient les hommes sous leur commandement. Ces derniers, Ă  leur tour, en faisaient de mĂȘme sur les Ă©chelons infĂ©rieurs de la hiĂ©rarchie. Dans les camps de PG, ceci avait pour consĂ©quence que les prisonniers, situĂ©s tout en bas de l'Ă©chelle, Ă©taient en butte aux plus mauvais traitements. La sĂ©vĂ©ritĂ© d'un Bushido dĂ©voyĂ© couplĂ©e Ă  l’ethnocentrisme du Japon dans sa phase impĂ©rialiste moderne rĂ©sultait souvent en des brutalitĂ©s Ă  l’égard des civils et des prisonniers de guerre. AprĂšs le dĂ©but d’une campagne militaire Ă  grande Ă©chelle contre la Chine en 1937, des milliers cas de meurtres, de torture et de viols commis par des soldats japonais semblent avoir Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment oubliĂ©s par leurs officiers et sont gĂ©nĂ©ralement restĂ©s impunis. De tels comportements se sont rĂ©pĂ©tĂ©s tout au long de la guerre du Pacifique.

Crimes

En raison du grand degrĂ© de souffrance causĂ© par l’armĂ©e japonaise au cours des annĂ©es 1930 et 1940, elle est souvent comparĂ©e Ă  l’armĂ©e du troisiĂšme Reich au cours de la pĂ©riode 1933-1945. L’historien Chalmers Johnson Ă©crit que : « Établir lequel des deux agresseurs de l’Axe, l’Allemagne ou le Japon, fut au cours de la Seconde Guerre mondiale le plus brutal Ă  l’égard des peuples qu’ils martyrisĂšrent est dĂ©nuĂ© de sens. Les Allemands ont tuĂ© six millions de Juifs et 20 millions de Russes (c'est-Ă -dire de citoyens soviĂ©tiques) ; les Japonais ont massacrĂ© pas moins de 30 millions de Philippins, Malais, Vietnamiens, Cambodgiens, IndonĂ©siens et Birmans, dont au moins 23 millions Ă©taient ethniquement chinois. Ces deux pays ont pillĂ© les pays qu’ils ont conquis Ă  une Ă©chelle monumentale, encore que le Japon ait volĂ© plus, et sur une plus longue pĂ©riode, que les Nazis. Les deux conquĂ©rants ont rĂ©duit en esclavage des millions de personnes et les ont exploitĂ©s comme main d’Ɠuvre forcĂ©e — et, dans le cas des Japonais, comme prostituĂ©es (de force) pour les troupes du front. Si vous Ă©tiez un prisonnier de guerre aux mains des Nazis, originaire du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Australie, de la Nouvelle-ZĂ©lande ou du Canada (mais pas de la Russie), vos risques de ne pas survivre Ă  la guerre s’élevaient Ă  4 % ; en comparaison, le taux de mortalitĂ© pour les prisonniers de guerre aux mains des Japonais approchait les 30 %[9]. »

Meurtres de masse

Selon R. J. Rummel, professeur de sciences politiques Ă  l’UniversitĂ© de Hawaii, entre 1937 et 1945, les Japonais ont « tuĂ© entre 3 et 10 millions de personnes, vraisemblablement 6 millions de Chinois, d’IndonĂ©siens, de CorĂ©ens, de Philippins et d’Indochinois entre autres, y compris des prisonniers de guerre occidentaux. Ce « dĂ©mocide Â», selon son expression, Ă©tait dĂ» Ă  une stratĂ©gie politique et militaire en faillite morale, Ă  une opportunitĂ© et des habitudes militaires ainsi qu’à la culture militaire[10]. » Rummel soutient que, pour la seule Chine, les consĂ©quences directes de l’invasion furent qu’entre 1937 et 1945 approximativement 3,9 millions de Chinois, essentiellement des civils, furent directement exterminĂ©s par les politiques du rĂ©gime Shƍwa et 10,2 millions de civils pĂ©rirent des causes indirectes liĂ©es Ă  l'invasion[11].

L’évĂšnement le plus connu de cette pĂ©riode est celui du massacre de Nankin survenu en 1937-38 lorsque, selon les investigations du Tribunal militaire international pour l'ExtrĂȘme-Orient, l’armĂ©e japonaise a massacrĂ© 260 000 civils et prisonniers de guerre[12]. Herbert P. Bix, citant les travaux de Mitsuyoshi Himeta et Akira Fujiwara, estime que la Politique des Trois Tout (äž‰ć…‰äœœæˆŠ, Sankƍ Sakusen, « tue tout, brĂ»le tout, pille tout »), une stratĂ©gie de la terre brĂ»lĂ©e utilisĂ©e par l'armĂ©e impĂ©riale japonaise en Chine entre 1942 et 1945 et approuvĂ©e par Hirohito lui-mĂȘme, fut responsable de la mort de 2,7 millions de civils chinois[13]. Parmi les crimes de guerre commis en Chine, on peut citer le massacre de Changjiao dans le Hunan : entre le 9 et le 12 mai 1943, plus de 30 000 civils furent massacrĂ©s par un corps expĂ©ditionnaire japonais dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Shunroku Hata[14].

Expériences humaines et guerre bactériologique

Des unitĂ©s militaires japonaises spĂ©ciales ont menĂ© des expĂ©riences sur des civils et des prisonniers de guerre en Chine. Une des plus tristement cĂ©lĂšbres Ă©tait l’UnitĂ© 731. Ses victimes furent l’objet de vivisections sans anesthĂ©sie, d’amputations et furent utilisĂ©es pour tester les armes biologiques entre autres expĂ©riences. Il n’était pas fait usage de moyens anesthĂ©siants car on considĂ©rait que cela pouvait altĂ©rer les rĂ©sultats des expĂ©riences. Certaines victimes se virent injecter du sang d’origine animale.

« Pour mettre au point un traitement des engelures, des prisonniers Ă©taient mis Ă  l’extĂ©rieur dans de l’eau glacĂ©e et forcĂ©s de laisser leurs bras exposĂ©s au froid. Leurs bras Ă©taient alors rĂ©guliĂšrement arrosĂ©s d’eau jusqu’à ce qu’ils soient complĂštement gelĂ©s. Le bras Ă©tait ensuite amputĂ©. Le mĂ©decin rĂ©pĂ©tait le procĂ©dĂ© depuis le bas du bras de la victime jusqu’à son Ă©paule. Une fois les deux bras complĂštement amputĂ©s, les mĂ©decins faisaient de mĂȘme avec les jambes jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une tĂȘte et un torse. La victime Ă©tait alors utilisĂ©e pour des expĂ©riences portant sur la peste et d’autres agents pathogĂšnes[15]. »

Selon GlobalSecurity.org, les expĂ©riences rĂ©alisĂ©es par la seule UnitĂ© 731 sont responsables de 3 000 dĂ©cĂšs[15]. En outre, « des dizaines de milliers, peut-ĂȘtre mĂȘme 200 000 Chinois moururent de peste bubonique, du cholĂ©ra, de l’anthrax et d’autres maladies
 » rĂ©sultant de la guerre biologique.

Un des cas les plus connus d’expĂ©rimentation sur des ĂȘtres humains survint au Japon lui-mĂȘme. Au moins neuf des douze membres d’un Ă©quipage appartenant Ă  l’US Air Force survĂ©curent au crash de leur bombardier B-29 Ă  Kyushu le . Le pilote du bombardier fut envoyĂ© Ă  Tokyo en vue d’ĂȘtre interrogĂ© tandis que les autres survivants Ă©taient dĂ©pĂȘchĂ©s au dĂ©partement d’anatomie de l’universitĂ© de Kyushu Ă  Fukuoka oĂč ils furent l’objet de vivisection et/ou tuĂ©s. Le , trente personnes, dont plusieurs mĂ©decins comparurent devant un tribunal alliĂ© ayant Ă  connaĂźtre des crimes de guerre. Les charges relatives au cannibalisme furent abandonnĂ©es mais 23 personnes furent dĂ©clarĂ©es coupables de vivisection et d’amputations non justifiĂ©es. Cinq d’entre elles furent condamnĂ©es Ă  mort, cinq autres Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© et les autres Ă  des peines d’emprisonnement de plus courte durĂ©e. En 1950, le gouverneur militaire du Japon, le gĂ©nĂ©ral Douglas MacArthur, commua toutes les peines de mort et rĂ©duisit significativement la plupart des peines de prison. Dans les annĂ©es qui suivirent le dĂ©part des troupes amĂ©ricaines, les gouvernements japonais, qui comprenaient dĂ©jĂ  bon nombre de personnes impliquĂ©es, libĂ©rĂšrent le reste des criminels.Tous ceux qui avaient Ă©tĂ© condamnĂ©s pour vivisection dans le cadre de l’universitĂ© Ă©taient libres en 1958 [16].

En 2006, l’ancien officier mĂ©decin de la Marine impĂ©riale japonaise, Akira Makino, dĂ©clara qu’on lui avait donnĂ© l’ordre – comme partie de son entraĂźnement – de pratiquer des vivisections sur environ 30 prisonniers civils aux Philippines entre dĂ©cembre 1944 et fĂ©vrier 1945[17]. La chirurgie qu’il eut Ă  pratiquer incluait des amputations et les victimes comprenaient des femmes et des enfants[18].

Utilisation d’armes chimiques

Selon les historiens Yoshiaki Yoshimi, Kentaro Awaya, Seiya Matsuno et Yuki Tanaka, l’empereur Shƍwa autorisa par des ordres spĂ©cifiques (rinsanmei) l’utilisation d’armes chimiques en Chine[19] - [20]. Par exemple, au cours de l’invasion de Wuhan d’aoĂ»t Ă  octobre 1938, l’empereur autorisa l’utilisation de gaz toxiques Ă  375 reprises nonobstant l’article 171 du traitĂ© de Versailles, l'article V du TraitĂ© relatif Ă  l'emploi des sous-marins et des gaz asphyxiants en temps de guerre et une rĂ©solution adoptĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Nations le 14 mai condamnant l’utilisation de gaz toxiques par le Japon.

Selon des documents retrouvés en 2004 par Yoshimi et Yuki Tanaka dans les archives nationales australiennes, des gaz toxiques furent testés sur des prisonniers australiens et néerlandais en novembre 1944 aux ßles Kai[21].

À la fin de la guerre, environ 90 000 armes chimiques sont abandonnĂ©es sur le territoire chinois dans plus de 90 emplacements, selon l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. En 1997, la Chine et le Japon signent la Convention sur l'interdiction des armes chimiques des Nations unies. Deux ans plus tard, les deux pays signent un mĂ©morandum dans lequel le Japon s'engage Ă  fournir les fonds, l'Ă©quipement et le personnel nĂ©cessaires Ă  l'excavation et Ă  la destruction de toutes les armes chimiques abandonnĂ©es en Chine[22].

Ces armes sont par la suite temps excavĂ©es, rĂ©cupĂ©rĂ©es, et stockĂ©es dans des entrepĂŽts provisoires en Chine. Il faut attendre 2014 pour qu'une usine de destruction d'armes chimiques, bĂątie par le Japon Ă  Haerbaling (dans la ville de Dunhua), commence Ă  neutraliser le plus grand stock de munitions abandonnĂ©es, avec une main d'Ɠuvre chinoise et japonaise. 60 170 armes avaient Ă©tĂ© dĂ©truites en juin 2022[22].

Famines Ă©vitables

Les dĂ©cĂšs causĂ©s par le dĂ©tournement des ressources disponibles au profit des militaires japonais dans les pays occupĂ©s sont Ă©galement considĂ©rĂ©s comme des crimes de guerre par de nombreuses personnes. Dans l’Asie du Sud – particuliĂšrement la famine de 1945 en Indochine française (sur le territoire de l'actuel ViĂȘt Nam) et dans l’Est des Indes orientales nĂ©erlandaises occupĂ©es (actuelle IndonĂ©sie), qui comptaient au nombre des grands producteurs de riz – des millions de civils pĂ©rirent en raison d’une famine Ă©vitable en 1944-1945.

Tortures de prisonniers de guerre

Exécution du sergent Leonard G. Siffleet à Aitape en Nouvelle-Guinée le 24 octobre 1943.

Les forces armées impériales japonaises ont largement utilisé la torture contre leurs prisonniers, habituellement pour obtenir rapidement des informations relevant du renseignement militaire. Les prisonniers torturés étaient souvent exécutés par la suite.

Un ancien officier de l’armĂ©e japonaise qui servit en Chine, Uno Sintaro, dĂ©clare : « L’un des moyens essentiels d’obtenir des informations Ă©tait l’interrogatoire des prisonniers. La torture Ă©tait une nĂ©cessitĂ© inĂ©vitable. Tuer les victimes et les enterrer en est une suite naturelle. Vous le faites parce que vous ne souhaitez pas que cela soit dĂ©couvert. J’ai cru et j’ai agi de cette façon parce que j’étais convaincu de ce que je faisais. Nous faisions notre devoir comme on nous l’avait inculquĂ©. Nous l’avons fait pour le salut de notre pays. En raison de nos obligations filiales vis-Ă -vis de nos ancĂȘtres. Sur le champ de bataille, nous n’avons jamais considĂ©rĂ© que les Chinois Ă©taient des ĂȘtres humains. Lorsque vous ĂȘtes le vainqueur, les perdants semblent vraiment misĂ©rables. Nous avons conclu que l’ethnie Yamato (c'est-Ă -dire japonaise) Ă©tait supĂ©rieure »[23].

AprĂšs la guerre, 148 Japonais furent convaincus de crimes de guerre par les tribunaux alliĂ©s. Le plus Ă©levĂ© en grade Ă©tait le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Hong Sa Ik (en) qui fut responsable de l’organisation des camps de prisonniers en Asie du Sud-Est[24].

Cannibalisme

De nombreux rapports Ă©crits et tĂ©moignages rassemblĂ©s par la section australienne pour les crimes de guerre du tribunal de Tokyo, examinĂ©s par le procureur William Webb (futur juge en chef), montrent que des Japonais ont commis dans plusieurs parties de l’Asie ou du Pacifique des actes de cannibalisme contre des prisonniers de guerre alliĂ©s ou des populations civiles. Dans certains cas, ces actes furent le rĂ©sultat de l’accroissement des attaques alliĂ©es sur les lignes de ravitaillement japonaises et des dĂ©cĂšs et des maladies frappant les soldats japonais en raison de la famine qui s’ensuivit. Toutefois, selon l’historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme Ă©tait souvent une activitĂ© systĂ©matique menĂ©e par des compagnies entiĂšres agissant sous le commandement d’officiers »[25]. Ces actions Ă©taient frĂ©quemment liĂ©es au meurtre. Par exemple, un prisonnier de guerre indien, le Havildar Changdi Ram tĂ©moigna que le 12 novembre 1944 la Kempeitai dĂ©capita un pilote alliĂ©. « Je vis la scĂšne de derriĂšre un arbre et observai certains des Japonais dĂ©couper la chair de ses bras, de ses jambes, de ses hanches et de ses fesses et la ramener Ă  leurs quartiers
 Ils la coupĂšrent en petits morceaux et la firent frire »[26].

Dans certains cas, la chair Ă©tait prĂ©levĂ©e sur des personnes en vie : un autre prisonnier de guerre indien, le Lance Naik Hatam Ali (qui devait plus tard devenir citoyen pakistanais), tĂ©moigna qu’en Nouvelle-GuinĂ©e : « Les Japonais commencĂšrent Ă  sĂ©lectionner les prisonniers et chaque jour un prisonnier Ă©tait tuĂ© et mangĂ© par les soldats. J’ai vu cela personnellement et prĂšs de 100 prisonniers furent tuĂ©s et mangĂ©s par les soldats Ă  cet endroit. Ceux d’entre nous qui restaient furent emmenĂ©s Ă  un autre endroit situĂ© Ă  80 km oĂč dix prisonniers moururent de maladie. À cet endroit, les Japonais recommencĂšrent Ă  sĂ©lectionner des prisonniers en vue de les manger. Ceux qui Ă©taient sĂ©lectionnĂ©s Ă©taient amenĂ©s dans une hutte oĂč leur chair Ă©tait prĂ©levĂ©e sur leurs corps alors qu’ils Ă©taient encore en vie. Ils Ă©taient ensuite jetĂ©s dans un fossĂ© oĂč ils finissaient par mourir »[27].

L'un des officiers connus le plus Ă©levĂ© en grade Ă  avoir Ă©tĂ© convaincu de cannibalisme fut le Lt. GĂ©nĂ©ral Yoshio Tachibana (ç«‹èŠ±èŠłć€«, Tachibana Yoshio) qui, avec onze autres soldats japonais, fut jugĂ© pour l’exĂ©cution d’aviateurs de l’U.S. Navy et le cannibalisme perpĂ©trĂ© sur au moins un d’entre eux en lors de l'incident de Chichi-jima. Ils furent dĂ©capitĂ©s sur les ordres de Tachibana. Comme les lois militaires et internationales ne contenaient pas de dispositions spĂ©cifiques au cannibalisme, ils furent jugĂ©s pour meurtre et « refus d'une sĂ©pulture honorable ». Tachibana fut condamnĂ© Ă  mort[28].

Travail forcé

Prisonniers australiens et hollandais au camp de Tarsau en ThaĂŻlande en 1943.

Le travail forcĂ© imposĂ© par les forces armĂ©es japonaises Ă  des civils asiatiques et des prisonniers de guerre fut aussi la cause d’un grand nombre de morts. Selon une Ă©tude conjointe de plusieurs historiens dont Zhifen Ju, Mitsuyoshi Himeta, Toru Kibo et Mark Peattie, plus de dix millions de civils chinois furent mobilisĂ©s par la KĂŽa-in (agence de dĂ©veloppement de l’Asie orientale) pour le travail forcĂ©[29].

La bibliothĂšque du CongrĂšs estime qu’à Java, entre quatre et dix millions de romusha (en japonais, travailleurs manuels) furent forcĂ©s Ă  travailler par les militaires japonais[30]. PrĂšs de 270 000 de ces travailleurs javanais furent envoyĂ©s vers d’autres rĂ©gions du Sud-est asiatique tenues par les Japonais. Seuls 52 000 furent finalement rapatriĂ©s Ă  Java, ce qui laisse entendre que le taux de mortalitĂ© fut de 80 %. Environ 180 000 civils et 60 000 prisonniers de guerre furent assignĂ©s Ă  la construction de la voie ferrĂ©e de la mort, reliant la ThaĂŻlande Ă  la Birmanie, et plus de 98 000 d'entre eux moururent pendant les travaux[31]. Le sort de quelques-uns de ces prisonniers est racontĂ© par le vĂ©tĂ©ran Ernest Gordon dont les mĂ©moires ont Ă©tĂ© transposĂ©s Ă  l'Ă©cran[32].

D'autre part, selon l’historien Akira Fujiwara, l’empereur Hirohito ratifia personnellement la dĂ©cision de ne plus tenir compte des contraintes du droit international (conventions de La Haye) pour le traitement des prisonniers de guerre chinois dans une directive du 5 aoĂ»t 1937. Le mĂȘme document prĂ©cisait Ă©galement aux officiers d’état-major qu’il n’y avait plus lieu d’utiliser le terme prisonnier de guerre[33]. D'autre part, la convention de GenĂšve exemptait les PG ayant grade de sergent ou plus de travail manuel et stipulait que les prisonniers soumis Ă  un travail devaient recevoir des rations supplĂ©mentaires ainsi que d’autres denrĂ©es de premiĂšre nĂ©cessitĂ©. Mais Ă  l’époque, le Japon n’était pas signataire de la Convention de GenĂšve et les forces japonaises ne l’appliquĂšrent pas.

Femmes de réconfort

Le terme femme de rĂ©confort (æ…°ćź‰ć©Š ianfu) ou femme de rĂ©confort militaire (ćŸ“è»æ…°ćź‰ć©Š jĆ«gun-ianfu) Ă©tait un euphĂ©misme dĂ©signant les prostituĂ©es dans les bordels militaires japonais Ă©tablis dans les pays occupĂ©s, donnant par la suite lieu Ă  des accusations d’esclavage sexuel. Le nombre de femmes qui devinrent femmes de rĂ©confort par la contrainte est sujet Ă  discussion. Certaines sources prĂ©tendent que virtuellement toutes les femmes de rĂ©confort avaient consenti Ă  devenir prostituĂ©es et/ou Ă©taient payĂ©es mais d’autres ont fait Ă©tat de recherches dĂ©montrant un lien entre l’armĂ©e japonaise et le recrutement forcĂ© de femmes locales.

En 1992, l’historien Yoshiaki Yoshimi publie des documents basĂ©s sur ses recherches dans les archives de l’Institut national pour les Ă©tudes de la dĂ©fense. Il affirmait qu’il existait un lien direct entre les institutions impĂ©riales telle que le KĂŽa-in et les Ă©tablissements de rĂ©confort. Lorsque les dĂ©couvertes de Yoshimi furent publiĂ©es dans les mĂ©dias japonais le , elles firent sensation et forcĂšrent le gouvernement, reprĂ©sentĂ© par le secrĂ©taire du chef de cabinet, Kato Koichi, Ă  reconnaĂźtre certains de ces faits le jour mĂȘme. Le 17 janvier, au cours d’un voyage en CorĂ©e, le Premier Ministre Kiichi Miyazawa prĂ©sentait des excuses formelles pour les souffrances endurĂ©es par les victimes. Les 6 juillet et 4 aoĂ»t, le gouvernement japonais publiait deux dĂ©clarations dans lesquelles il reconnaissait que « des Ă©tablissements de rĂ©confort furent mis en place en rĂ©ponse Ă  la demande militaire de l’époque », « l’armĂ©e japonaise Ă©tait, directement ou indirectement, impliquĂ©e dans la mise en place et la gestion des Ă©tablissements de rĂ©confort et le transfert des femmes de rĂ©confort » et que les femmes « furent dans de nombreux cas recrutĂ©es contre leur volontĂ© moyennant duperie ou coercition »[34].

Il existe plusieurs thĂ©ories sur la ventilation des femmes de rĂ©confort par pays d’origine. Alors que, selon certaines sources, la majoritĂ© de ces femmes seraient en fait d’origine japonaise, d’autres, dont Yoshini, font valoir que pas moins de 200 000 femmes, essentiellement d’origine corĂ©enne ou chinoise et en provenance d’autres pays comme les Philippines, Taiwan, la Birmanie, les Pays-Bas, l’Australie et les Indes nĂ©erlandaises, furent forcĂ©es de se livrer Ă  la prostitution[35] - [36] - [37]. Les estimations sur le nombre des femmes de rĂ©confort au cours de la guerre sont corroborĂ©es par le tĂ©moignage de celles qui ont survĂ©cu[38]. En mars 2007, une dĂ©claration du Premier Ministre japonais, Shinzo Abe a relancĂ© une polĂ©mique internationale Ă  ce sujet. Abe avait notamment dĂ©clarĂ© qu'il n'y avait eu aucun esclavage imposĂ© par les forces armĂ©es japonaises et avait mis en doute l'utilitĂ© des dĂ©clarations gouvernementales de 1993. Une kyrielle d'anciennes victimes ont manifestĂ© leur indignation Ă  la suite de ces commentaires, dont la CorĂ©enne Yong-soo Lee[39] - [40].

Pillage

Le général Tomoyuki Yamashita (second à droite) fut responsable de la dissimulation du produit du pillage connu sous le nom de l'or de Yamashita. Il fut jugé à Manille entre le 29 octobre et le , par une commission militaire américaine sur la base d'accusations relatives au massacre de Manille et à d'autres faits antérieurs à Singapour. Il fut condamné à mort. Ce cas créa un précédent concernant la responsabilité des officiers commandants pour les crimes de guerre et est connu sous le nom de précédent Yamashita. La légitimité de ce jugement hùtif a été mise en question.

Beaucoup d’historiens font valoir que la violence des militaires japonais Ă©tait intimement liĂ©e au pillage. Par exemple, dans un livre sur l’or de Yamashita, traitant des dĂ©pĂŽts secrets des produits du pillage dans la SphĂšre de coprospĂ©ritĂ© de la grande Asie orientale, Sterling et Peggy Seagrave font valoir que le vol Ă©tait organisĂ© sur une grande Ă©chelle, soit par des gangsters membres de yakuza tels que Yoshio Kodama, soit par des officiers militaires Ă  la solde de l’empereur Showa, lequel souhaitait qu’un maximum de ces produits aille au gouvernement[41]. Les Seagrave prĂ©tendent que Hirohito dĂ©signa Ă  cet effet son frĂšre, le prince Yasuhito Chichibu pour diriger une opĂ©ration secrĂšte appelĂ©e Kin no yuri (Lys d'or, d'aprĂšs un des haiku favoris de l'empereur).

RĂ©actions de l’aprĂšs-guerre

ProcĂšs de Tokyo

Les procĂšs de Tokyo qui furent menĂ©s par les puissances alliĂ©es dĂ©clarĂšrent coupables de crimes de guerre de nombreuses personnes, notamment les anciens premiers ministres (jamais Ă©lus) Koki Hirota, Hideki Tƍjƍ et Kuniaki Koiso. De nombreux chefs militaires furent Ă©galement dĂ©clarĂ©s coupables. Deux personnes convaincues d’ĂȘtre des criminels de guerre de classe A jouĂšrent un rĂŽle dans des gouvernements japonais d’aprĂšs-guerre. Mamoru Shigemitsu fut ministre des affaires Ă©trangĂšres tant durant la guerre que dans le gouvernement Hatoyama de l’aprĂšs-guerre et Okinori Kaya fut ministre des finances pendant la guerre et devint ministre des finances dans le gouvernement de Hayato Ikeda. Ils n’avaient toutefois pas de lien direct avec les crimes de guerre commis par les forces armĂ©es japonaises et aucun gouvernement Ă©tranger ne souleva d’objection lorsqu’ils entrĂšrent en fonction.

L'empereur Showa et tous les membres de la famille impĂ©riale impliquĂ©s dans la guerre comme le prince Yasuhito Chichibu, le prince Yasuhiko Asaka, le prince Tsuneyoshi Takeda, le prince Naruhiko Higashikuni et le prince Hiroyasu Fushimi, furent exonĂ©rĂ©s de poursuites criminelles par Douglas MacArthur. Plusieurs historiens critiquent cette dĂ©cision. Selon John W. Dower, mĂȘme les activistes japonais qui ont endossĂ© les chartes de Nuremberg et de Tokyo et travaillĂ© Ă  documenter et Ă  publiciser les atrocitĂ©s du rĂ©gime shĂŽwa « ne peuvent dĂ©fendre la dĂ©cision amĂ©ricaine d'exonĂ©rer l'empereur de sa responsabilitĂ© pour la guerre et ensuite, au sommet de la guerre froide, de libĂ©rer puis de se lier Ă  des criminels de guerre d'extrĂȘme-droite accusĂ©s comme le futur premier ministre Nobusuke Kishi »[42]. Pour Herbert P. Bix, « les mesures vraiment extraordinaires prises par Mac Arthur pour sauver Hirohito d'un procĂšs comme criminel de guerre eurent un impact persistant et profondĂ©ment distordant quant Ă  la comprĂ©hension des japonais Ă  l'Ă©gard de la guerre perdue »[43].

Une immunité totale fut également accordée à Shiro Ishii et à tous les membres de ses unités de recherche bactériologiques par Douglas MacArthur[44].

Autres procĂšs

Outre les procĂšs de Tokyo, d’autres poursuites pour crimes de guerre furent Ă©galement menĂ©es Ă  charge de personnel japonais dans de nombreuses autres villes en Asie et dans le Pacifique entre 1945 et 1951. Environ 5 600 Japonais furent poursuivis dans plus de 2 200 procĂšs. Les juges prĂ©sidant les tribunaux venaient des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, d’Australie, des Pays-Bas, de France, d’Union soviĂ©tique, de Nouvelle-ZĂ©lande, d’Inde et des Philippines. Plus de 4 400 Japonais furent dĂ©clarĂ©s coupables et environ un millier d’entre eux furent condamnĂ©s Ă  la peine capitale. Le procĂšs ayant concernĂ© le plus grand nombre d’accusĂ©s fut celui concernant 93 Japonais accusĂ©s de l’exĂ©cution sommaire de plus de 300 prisonniers de guerre alliĂ©s dans le massacre de Laha consĂ©cutif Ă  la bataille d'Ambon.

Excuses officielles et controverses

Le gouvernement japonais considĂšre qu’il convient d’opĂ©rer une distinction entre le point de vue juridique et le point de vue moral. Par consĂ©quent, tout en soutenant que le Japon n’a pas violĂ© le droit international ni aucun traitĂ©, les gouvernements japonais ont officiellement reconnu les souffrances causĂ©es par l’armĂ©e japonaise et de nombreuses excuses ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es par le gouvernement japonais. Par exemple, le premier ministre Tomiichi Murayama dĂ©clare en aoĂ»t 1995 que le Japon « par sa domination et son agression coloniale, a provoquĂ© de terribles dommages et souffrance pour les peuples de nombreux pays, en particulier pour ceux de nations asiatiques », et il a exprimĂ© son « sentiment de profonds remords » et prĂ©sentĂ© ses « sincĂšres excuses ». De mĂȘme, le 29 septembre 1972, le premier ministre japonais Kakuei Tanaka avait dĂ©clarĂ© que « la patrie japonaise est intensĂ©ment consciente du grave dommage que le Japon a causĂ© par le passĂ© au peuple chinois par la guerre et se le reproche vivement »[45].

Toutefois, les excuses officielles sont souvent considĂ©rĂ©es comme insuffisantes par de nombreux survivants de ces crimes et/ou par les familles des victimes dĂ©cĂ©dĂ©es. La question des excuses officielles est controversĂ©e car de nombreuses personnes affligĂ©es par les crimes de guerre japonais soutiennent qu’aucune excuse n’a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e pour des actes prĂ©cis et/ou que le gouvernement japonais s’est bornĂ© Ă  exprimer des regrets ou du remords[46]. Certains prĂ©tendent que dans certains pays les mĂ©dias travestissent ou cachent les efforts de rĂ©conciliation consentis par le Japon, malgrĂ© les aides gĂ©nĂ©reuses du Japon, particuliĂšrement dans les pays oĂč les mĂ©dias sont sous contrĂŽle Ă©tatique qu’il soit formel ou seulement factuel[47]. Ceci reflĂ©terait un sentiment antijaponais[48].

Au Japon, certains affirment que ce qui est demandĂ© est que le premier ministre japonais et/ou l’empereur se livre Ă  la « dogeza », au cours de laquelle une personne s’agenouille et incline sa tĂȘte vers le sol – une façon trĂšs formelle de prĂ©senter ses excuses dans les sociĂ©tĂ©s est-asiatiques Ă  laquelle le Japon ne semble pas vouloir se prĂȘter[49]. Certains citent l’exemple du chancelier Willy Brandt qui s’agenouilla devant le monument aux hĂ©ros du ghetto de Varsovie en 1970[50] comme un exemple d’un acte d’excuse et de rĂ©conciliation fort et efficace, bien que tout le monde ne soit pas d’accord.

Citant l’acte de Brandt en exemple, John Borneman, professeur d’anthropologie Ă  Cornell dĂ©clare qu'« une excuse reprĂ©sente un Ă©change non matĂ©riel ou purement symbolique par lequel celui qui a commis la faute rabaisse son propre statut en tant que personne ». Il ajoute qu’une fois que ce type d’excuse est prĂ©sentĂ©e, la partie lĂ©sĂ©e doit pardonner et rechercher la rĂ©conciliation, sans quoi l’excuse n’a aucun effet. La partie lĂ©sĂ©e peut rejeter les excuses pour plusieurs raisons, l’une d’elles Ă©tant d’éviter la rĂ©conciliation parce que « en gardant vivante la mĂ©moire de la blessure, les refus empĂȘchent une affirmation d’humanitĂ© mutuelle en instrumentalisant le pouvoir qui s'attache au statut de victime permanente »[51]. Par consĂ©quent, certains font valoir que la rĂ©ticence d’un pays Ă  accepter les gestes de conciliation posĂ©s par le Japon peut ĂȘtre dĂ» au fait que ce pays estime que le Japon ne s’est pas abaissĂ© suffisamment pour prĂ©senter des excuses sincĂšres. D’autre part, d’autres disent que ce pays choisit de rejeter la rĂ©conciliation en vue de se garantir un statut de victime permanent qui serait une façon d’établir un certain pouvoir sur le Japon.

Indemnisations

Il existe une perception largement rĂ©pandue que le gouvernement japonais n’a pas acceptĂ© la responsabilitĂ© lĂ©gale de fournir des indemnitĂ©s et que, en consĂ©quence directe de ce refus, il n’a pas indemnisĂ© les victimes individuelles des atrocitĂ©s commises pendant la guerre. En particulier, plusieurs importantes associations de dĂ©fense des droits de l’homme et des droits des femmes prĂ©tendent que le Japon a toujours une responsabilitĂ© morale et/ou lĂ©gale d’indemniser les victimes individuelles, en particulier les esclaves sexuelles enrĂŽlĂ©es par les militaires japonais dans les pays occupĂ©s et connues sous le nom de femmes de rĂ©confort.

Le gouvernement japonais a acceptĂ© officiellement les demandes d’indemnisation des victimes de crimes de guerre comme stipulĂ© par la dĂ©claration de Potsdam. Les dĂ©tails de ces indemnisations ont Ă©tĂ© rĂ©glĂ©s par des traitĂ©s bilatĂ©raux avec les pays concernĂ©s Ă  l’exception de la CorĂ©e du Nord parce que le Japon ne reconnaĂźt que la CorĂ©e du Sud comme seul gouvernement de la pĂ©ninsule corĂ©enne. Dans le cas de PG des alliĂ©s occidentaux, les indemnisations furent octroyĂ©es aux victimes par le truchement de la Croix-Rouge. Le montant total payĂ© par le Japon s’éleva Ă  4 500 000 GBP. Toutefois dans un certain nombre de pays asiatiques, les demandes d’indemnisation furent, dans l’immense majoritĂ© du temps, abandonnĂ©es pour des raisons politiques ou trĂšs peu payĂ©es par le Japon. Elles ne furent toutefois pas souvent attribuĂ©es aux victimes par les gouvernements des pays concernĂ©s. Par consĂ©quent, de nombreuses victimes individuelles en Asie ne perçurent aucun dĂ©dommagement.

DĂšs lors, la position du gouvernement japonais est que les demandes d’indemnisation supplĂ©mentaire doivent ĂȘtre dĂ©posĂ©es par les ayants droit auprĂšs de leurs gouvernements respectifs. Il en est rĂ©sultĂ© que toutes les demandes individuelles d’indemnisation dĂ©posĂ©es devant des tribunaux japonais ont Ă©chouĂ©. Ce fut notamment le cas pour un ex-prisonnier de guerre britannique qui Ă©choua dans sa tentative de poursuivre le gouvernement japonais en vue d’obtenir un paiement complĂ©mentaire au titre de dĂ©dommagement. La consĂ©quence de cette action fut toutefois que par la suite le gouvernement du Royaume-Uni octroya un supplĂ©ment d’indemnitĂ©s Ă  tous les ex-prisonniers de guerre britanniques. Il y eut au Japon des plaintes parce que les mĂ©dias internationaux avaient simplement rapportĂ© que l’ancien PG avait demandĂ© des indemnitĂ©s et avaient omis de prĂ©ciser qu’il demandait en fait une indemnisation complĂ©mentaire Ă  celle payĂ©e prĂ©cĂ©demment par le gouvernement japonais.

Un petit nombre de demandes ont Ă©galement Ă©tĂ© portĂ©es devant les tribunaux amĂ©ricains, mais elles ont toutes Ă©tĂ© rejetĂ©es. Au cours des nĂ©gociations avec la CorĂ©e du Sud, le gouvernement japonais avait proposĂ© de payer des indemnisations individuelles aux victimes corĂ©ennes, comme cela avait Ă©tĂ© le cas pour les PG occidentaux. Le gouvernement corĂ©en demanda au contraire que le Japon lui fasse un paiement global, ce qui fut fait. Les fonds ainsi versĂ©s furent utilisĂ©s pour le dĂ©veloppement Ă©conomique. La teneur de ces nĂ©gociations ne fut pas rĂ©vĂ©lĂ©e par le gouvernement corĂ©en avant 2004 bien qu’elles eussent Ă©tĂ© de notoriĂ©tĂ© publique au Japon.

Certains font valoir que, comme les gouvernements de Chine et de TaĂŻwan ont abandonnĂ© leurs rĂ©clamations tendant Ă  obtenir des indemnitĂ©s en numĂ©raire, la responsabilitĂ© morale et/ou lĂ©gale d’octroyer des indemnitĂ©s repose dĂ©sormais dans les mains de ces gouvernements. Ces critiques soulignent Ă©galement que bien que ces gouvernements aient abandonnĂ© leurs rĂ©clamations, ils ont signĂ© des traitĂ©s qui reconnaissaient le transfert des possessions coloniales japonaises Ă  leur profit. Par consĂ©quent, il serait erronĂ© de prĂ©tendre que ces gouvernements ne reçurent aucune indemnisation du Japon, ces gouvernements ayant eu la possibilitĂ© d’indemniser les victimes individuellement grĂące aux produits de ces transferts.

Bien que ne se reconnaissant aucune responsabilitĂ© pour les femmes de rĂ©confort, le Japon a mis en place en 1995 le Fonds des Femmes Asiatiques qui octroie des compensations financiĂšres aux personnes qui font valoir qu’elles ont Ă©tĂ© forcĂ©es de se prostituer au cours de la guerre. Bien que l’organisation ait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par le gouvernement, elle a Ă©tĂ© constituĂ©e au point de vue juridique comme une fondation indĂ©pendante. Les activitĂ©s du fonds ont Ă©tĂ© sujettes Ă  controverse au Japon ainsi que parmi les organisations internationales supportant les femmes concernĂ©es. Certains prĂ©tendent qu’un tel fonds s’inscrit dans le refus permanent des gouvernements japonais successifs de faire face Ă  leurs responsabilitĂ©s alors que d’autres estiment que le gouvernement japonais a depuis longtemps rempli ses obligations vis-Ă -vis des victimes individuelles et se borne maintenant Ă  corriger les dĂ©faillances des gouvernements dont dĂ©pendent ces mĂȘmes victimes.

Indemnités intermédiaires

Le terme « indemnitĂ© intermĂ©diaire » a Ă©tĂ© appliquĂ© au dĂ©mĂ©nagement de toutes les installations industrielles (en particulier les installations militaro-industrielles) et leur attribution aux pays alliĂ©s. Cette opĂ©ration fut menĂ©e sous la supervision des forces d’occupation alliĂ©es. Cette rĂ©attribution fut qualifiĂ©e d’« intermĂ©diaire » parce qu’elle ne mettait pas un point final au rĂšglement des indemnisations. Ceci fut rĂ©glĂ© par les traitĂ©s bilatĂ©raux. En 1950, les installations rĂ©attribuĂ©es s’élevaient Ă  43 918 piĂšces de machinerie, Ă©valuĂ©es alors Ă  165 158 839 JPY. La ventilation de la distribution s’établit comme suit : Chine 54,1 %, Pays-Bas, 11,5 %, Philippines 19 % et Royaume-Uni 15,4 %.

Indemnisations basĂ©es sur les actifs japonais d’outre-mer

Les actifs japonais d’outre-mer visent tous les actifs dĂ©tenus par le gouvernement, les sociĂ©tĂ©s, les organisations et les citoyens japonais dans les pays occupĂ©s. En conformitĂ© avec la clause 14 du traitĂ© de San Francisco, les forces alliĂ©es ont confisquĂ© tous ces actifs, Ă  l’exception de ceux se trouvant en Chine, qui firent l’objet de la clause 21. On considĂšre que la CorĂ©e pouvait Ă©galement faire valoir les droits dĂ©rivant de la clause 21.

Actifs japonais d’outre-mer en 1945
Pays/régionEn yens (JPY)*
CorĂ©e70 256 000 000
Taiwan42 542 000 000
Chine du Nord-est146 532 000 000
Chine du Nord55 437 000 000
Chine centrale et Sud36 718 000 000
Autres28 014 000 000
Total379 499 000 000
* Valeur 1945 : 15 JPY = 1 USD

Indemnités aux prisonniers de guerre alliés

La clause 16 du traitĂ© de San Francisco prĂ©cisait que le Japon devait transfĂ©rer ses actifs et ceux de ses citoyens se trouvant dans des pays en guerre avec n’importe quel pays alliĂ© ou dans des pays neutres, ou assimilĂ©s, Ă  la Croix-Rouge qui serait chargĂ©e de les vendre et d’en distribuer le produit aux anciens prisonniers de guerre et leurs ayants droit. En raison de cette clause, le gouvernement et les citoyens japonais s’acquittĂšrent d’un total de 4 500 000 GBP Ă  la Croix-Rouge. Toutefois, selon l'historienne Linda Goetz Holmes, une bonne part des sommes utilisĂ©es par le gouvernement japonais n'Ă©tait pas issue de fonds nippons mais bien de fonds d'aide fournis par les gouvernements amĂ©ricains, britanniques et nĂ©erlandais et gardĂ©s dans la banque Yokohama Specie en 1945[52].

Territoires alliés occupés par le Japon

La clause 14 du traitĂ© prĂ©cisait que le Japon nĂ©gocierait avec les puissances alliĂ©es dont des territoires avaient Ă©tĂ© occupĂ©s par le Japon et qui avaient subi des dommages du fait des forces japonaises en vue d’indemniser ces pays pour ces dommages.

Ainsi, les Philippines et la RĂ©publique du ViĂȘt Nam reçurent des indemnitĂ©s en 1956 et 1959. La Birmanie et l’IndonĂ©sie ne figuraient pas parmi les signataires originaux du traitĂ©, mais signĂšrent plus tard des traitĂ©s bilatĂ©raux en conformitĂ© avec la clause 14 du traitĂ© de San Francisco. Le dernier paiement fut fait aux Philippines le .

Indemnités japonaises aux pays occupés de 1941 à 1945
PaysMontant en JPYMontant en USDDate du traité
Birmanie72 000 000 000200 000 0005 novembre 1955
Philippines198 000 000 000550 000 0009 mai 1956
IndonĂ©sie80 388 000 000223 080 00020 janvier 1958
Vietnam14 400 000 00038 000 00013 mai 1959
Total364 348 800 0001 012 080 000

DĂ©bat au Japon

Un sentiment largement rĂ©pandu en dehors du Japon veut qu’il existe au Japon une rĂ©ticence Ă  parler de ces Ă©vĂ©nements et/ou d’admettre qu’il s’agissait de crimes de guerre. Toutefois, les Ă©vĂ©nements controversĂ©s de l’époque impĂ©riale sont discutĂ©s ouvertement dans les mĂ©dias, oĂč les diffĂ©rents partis politiques et mouvements idĂ©ologiques prennent des positions assez diffĂ©rentes. Ce qui diffĂ©rencie le Japon de l’Allemagne et de l’Autriche est qu’au Japon, il n’existe pas de limitation de la libertĂ© de parole par rapport Ă  cette question, alors qu’en Allemagne, en Autriche et dans d’autres pays europĂ©ens, la nĂ©gation de la Shoah constitue une infraction pĂ©nalement rĂ©prĂ©hensible. Dit autrement, les propos nĂ©gationnistes sont monnaie courante au Japon et figurent mĂȘme dans de nombreux livres scolaires du systĂšme d'Ă©ducation publique japonais.

Jusque dans les annĂ©es 1970, ces dĂ©bats Ă©taient considĂ©rĂ©s comme un sujet d’intĂ©rĂȘt marginal dans les mĂ©dias. Dans les mĂ©dias japonais, les opinions politiques marquĂ©es au centre et Ă  gauche se rencontrent le plus souvent dans les quotidiens, alors que les opinions de droite s’expriment surtout dans les magazines. Les dĂ©bats concernant les crimes de guerre Ă©taient essentiellement confinĂ©s dans les Ă©ditoriaux des magazines tabloĂŻds oĂč les appels Ă  faire tomber l’AmĂ©rique impĂ©rialiste et Ă  ressusciter la vĂ©nĂ©ration pour l’empereur coexistaient avec la pornographie. En 1972, en vue de commĂ©morer la normalisation des relations avec la Chine, l’Asahi Shinbun, un grand quotidien libĂ©ral publia une sĂ©rie d’articles sur les crimes de guerre en Chine y compris le massacre de Nankin. Ceci ouvrit la porte Ă  des dĂ©bats qui n’ont pas cessĂ© depuis lors. Les annĂ©es 1990 sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme la pĂ©riode au cours de laquelle ces questions ont pris une rĂ©elle importance de sorte que des incidents comme celui du massacre de Nankin, sanctuaire de Yasukuni, les femmes de rĂ©confort, la prĂ©cision des livres d’histoire scolaires et la validitĂ© des procĂšs de Tokyo ont fait l’objet de dĂ©bats, mĂȘme Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Comme les juristes japonais ont un consensus sur le fait que les forces japonaises n’ont techniquement pas commis de violations du droit international, beaucoup d’élĂ©ments de droite au Japon ont utilisĂ© cette position pour faire valoir que les procĂšs des crimes de guerre Ă©taient le fruit d’une justice dictĂ©e par les vainqueurs. Ils considĂšrent les personnes convaincues de crimes de guerre comme des "Martyrs de Shƍwa" (æ˜­ć’Œæź‰é›Łè€… Shƍwa Junnansha?), Shƍwa Ă©tant le nom attribuĂ© au rĂšgne de Hirohito. Cette interprĂ©tation est vigoureusement combattue par les groupes pacifistes japonais et la gauche politique. Dans le passĂ©, ces groupes ont essayĂ© de faire valoir que les procĂšs avaient une certaine base lĂ©gale, soit en vertu de la Convention de GenĂšve (nonobstant le fait que le Japon, qui en Ă©tait signataire, ne l'avait pas ratifiĂ©e), ou en vertu d’un concept indĂ©fini de droit ou de consensus international. De façon alternative, ils ont Ă©galement avancĂ© l’argument que, bien que les procĂšs aient pu ne pas avoir de base juridique valable, ils Ă©taient nĂ©anmoins justes, ce qui est conforme Ă  l’opinion populaire en Occident et dans le reste de l’Asie.

Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, un regain d’intĂ©rĂȘt pour le passĂ© impĂ©rial du Japon a fait naĂźtre de nouvelles interprĂ©tations d’un groupe qui a reçu Ă  la fois le label de nouvelle droite et celui de nouvelle gauche. Ce groupe souligne que de nombreux actes commis par les forces japonaises, dont l’incident de Nankin (le terme massacre de Nankin n’est jamais utilisĂ© au Japon) constituĂšrent des violations du code militaire japonais. On considĂšre dĂšs lors que si des tribunaux chargĂ©s de juger les crimes de guerre avaient Ă©tĂ© constituĂ©s par le gouvernement japonais d’aprĂšs-guerre, beaucoup de ceux qui avaient Ă©tĂ© accusĂ©s auraient Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s coupables et exĂ©cutĂ©s en conformitĂ© avec les dispositions du code militaire japonais. Par consĂ©quent, les faillites morales et lĂ©gales en question sont imputables aux militaires et au gouvernement japonais qui n’ont pas remplis les devoirs que la constitution mettait Ă  leur charge.

La nouvelle droite/gauche considĂšre Ă©galement que les AlliĂ©s n’ont commis aucun crime de guerre Ă  l’encontre du Japon parce que le Japon n’était pas un pays signataire de la Convention de GenĂšve et, qu’en tant que vainqueurs, les AlliĂ©s avaient tous les droits de demander une forme de dĂ©dommagement auquel le Japon consentit par divers traitĂ©s. Toutefois, sur la base de la mĂȘme logique, la nouvelle droite/gauche considĂšre que le meurtre de Chinois suspectĂ©s d’activitĂ© de guĂ©rilla Ă©tait parfaitement lĂ©gal et valide, y compris pour certains de ceux tuĂ©s Ă  Nankin par exemple. Ils considĂšrent Ă©galement que de nombreuses victimes civiles chinoises sont le rĂ©sultat de la politique de la terre brĂ»lĂ©e des nationalistes chinois. Bien qu’on puisse faire valoir que l’usage de ce genre de tactique est lĂ©gal, la nouvelle droite/gauche estime que certains des dĂ©cĂšs causĂ©s par cette politique est attribuĂ©e par erreur Ă  l’armĂ©e japonaise. De la mĂȘme façon, elle considĂšre que ceux qui ont essayĂ© de poursuivre le gouvernement japonais en vue d’ĂȘtre dĂ©dommagĂ©s ne pouvaient pas s’appuyer sur une cause juridique ou morale. La nouvelle droite/gauche adopte Ă©galement une approche moins sympathique des prĂ©tentions corĂ©ennes Ă  un statut de victime parce qu’avant son annexion par le Japon, la CorĂ©e Ă©tait un vassal de la Dynastie Qing et, selon elle, la colonisation japonaise, bien qu’indubitablement dure, constituait un progrĂšs par rapport au pouvoir prĂ©cĂ©dent en matiĂšre de droits de l’homme et de dĂ©veloppement Ă©conomique. Ils avancent Ă©galement l’argument que le Kantƍgun (Ă©galement connue sous le nom d’ArmĂ©e du Guandong) Ă©tait au moins partiellement coupable. Bien que le Kantƍgun fut nominalement subordonnĂ© au haut commandement japonais Ă  cette Ă©poque, son commandement faisait preuve d’une autonomie significative, comme le dĂ©montre son implication dans le complot visant Ă  assassiner Zhang Zuolin en 1928 ainsi que l’incident de Mudken de 1931, qui conduisit Ă  la crĂ©ation du Mandchoukouo en 1932. En outre, Ă  cette Ă©poque, la politique officielle du haut commandement japonais Ă©tait de confiner le conflit Ă  la Manchourie. Mais par dĂ©fi au haut commandement, le Kantƍgun envahit la Chine elle-mĂȘme, prenant prĂ©texte de l’incident du pont Marco Polo. Toutefois, le gouvernement japonais Ă©choua Ă  traduire en cour martiale les officiers responsables de ces incidents, mais accepta Ă©galement la guerre contre la Chine et beaucoup de ceux qui furent impliquĂ©s reçurent des promotions (ce fut Ă©galement le cas de certains officiers impliquĂ©s dans le massacre de Nankin). Par consĂ©quent, l’argument qui veut que le gouvernement Ă©tait l’otage des militaires sur le terrain paraĂźt peu convaincant.

La question de la responsabilitĂ© personnelle de Hirohito dans ces manquements constitue un point de friction entre la nouvelle droite et la nouvelle gauche. Officiellement, la nouvelle constitution impĂ©riale, adoptĂ©e sous l’empereur Meiji, confĂ©rait les pleins pouvoirs Ă  l’empereur. Son article 4 prescrivait que « l’empereur est le chef de l’empire, il rĂ©unit en sa personne les droits dĂ©coulant de la souverainetĂ© et les exerce selon les dispositions de la prĂ©sente Constitution » et l’article 11 prĂ©voyait que « l’empereur exerce le commandement suprĂȘme de l’ArmĂ©e et la Marine ».

Pour l’historien Akira Fujiwara, la thĂšse selon laquelle l’empereur, en tant qu’organe de responsabilitĂ©, ne pouvait renverser les dĂ©cisions du cabinet est un mythe (shinwa) fabriquĂ© aprĂšs la guerre[53]. D’autres prĂ©tendent que Hirohito façonna dĂ©libĂ©rĂ©ment son rĂšgne Ă  l’image de la monarchie constitutionnelle britannique, et qu’il a toujours acceptĂ© les dĂ©cisions et consensus obtenus par le haut commandement. Selon cette approche, la faillite morale et politique est essentiellement le fait du haut commandement japonais et du cabinet, dont la plupart des membres furent par la suite condamnĂ©s lors du procĂšs de Tokyo en tant que criminels de guerre de Classe A, sauf les membres de la famille impĂ©riale comme les princes Yasuhito Chichibu, Yasuhiko Asaka, Naruhiko Higashikuni, Hiroyasu Fushimi et Tsuneyoshi Takeda.

Réinterprétations controversées en dehors du Japon

Certains activistes Ă©tablis en dehors du Japon essayent Ă©galement de fournir des rĂ©interprĂ©tations controversĂ©es de l’impĂ©rialisme japonais. Par exemple, les vues d’un ex-officier sud-corĂ©en et commentateur de droite, Ji Man-Won, ont provoquĂ© des controverses en CorĂ©e et dans d’autres pays. Ji a fait l’éloge du Japon pour avoir modernisĂ© la CorĂ©e et a dĂ©clarĂ©, au sujet des femmes rĂ©duites en esclavage sexuel : « la plupart des vieilles femmes qui prĂ©tendent avoir Ă©tĂ© des femmes de rĂ©confort ou des esclaves sexuelles des soldats japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale sont des imposteurs ». En CorĂ©e, de telles affirmations sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme injurieuses, diffamantes pour les personnes concernĂ©es et nĂ©gationnistes mais naissent de tensions politiques au sein de pays comme la CorĂ©e ou la Chine entre mouvements dĂ©mocratiques et Ă©tablis dans lesquels l’utilisation de l’histoire japonaise, ou la contribution au sentiments anti-japonais, constitue un outil utile pour les deux cĂŽtĂ©s.

Recherches ultérieures

Comme pour les recherches relatives aux criminels de guerre nazis, des recherches et enquĂȘtes officielles sont toujours en cours. Au cours des annĂ©es 1990, le gouvernement sud-corĂ©en commença Ă  mener des recherches concernant certains individus qui se seraient enrichis en collaborant avec l’armĂ©e japonaise. En CorĂ©e du Sud, on prĂ©tend Ă©galement que, dans le climat politique de la Guerre froide, beaucoup de personnes et/ou leurs associĂ©s et leurs parents furent en mesure d’obtenir de l’influence avec les fortunes qu’ils avaient amassĂ©es en collaborant avec les Japonais et aidĂšrent Ă  couvrir ou Ă  Ă©viter des recherches sur les crimes de guerre pour Ă©viter d’ĂȘtre eux-mĂȘmes mis en cause. Les fortunes qu’ils avaient pu se constituer au cours des annĂ©es de collaboration leur permirent de faire bĂ©nĂ©ficier les membres de leurs familles d’un enseignement supĂ©rieur. Des organismes non gouvernementaux et des particuliers ont Ă©galement entrepris leurs propres recherches. Par exemple, en 2005, un journaliste indĂ©pendant sud-corĂ©en, Jung Soo-woong, localisa au Japon certains descendants des personnes impliquĂ©es en 1895 dans l’assassinat de l’impĂ©ratrice Myeongseong de Choson (la reine Min), derniĂšre impĂ©ratrice de CorĂ©e. L’assassinat avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par la SociĂ©tĂ© de l’OcĂ©an Noir, agissant peut-ĂȘtre pour le compte du gouvernement japonais, en raison de l’implication de l’impĂ©ratrice dans des tentatives de rĂ©duction de l’influence japonaise en CorĂ©e. Jung enregistra les excuses de ces personnes.

Comme les recherches se poursuivent, de nouvelles de preuves sont rĂ©guliĂšrement mises au jour. Le gouvernement japonais aurait intentionnellement dĂ©truit les rapports relatifs aux femmes de rĂ©confort corĂ©ennes[54] - [55]. Certains citent des livres d’inventaire japonais et des tableaux de personnes employĂ©es sur les champs de bataille comme preuve de cette affirmation. Par exemple, un des noms figurant sur la liste Ă©tait celui d’une femme de rĂ©confort qui dĂ©clarait qu’elle avait Ă©tĂ© forcĂ©e de se prostituer par les Japonais. Elle Ă©tait rĂ©pertoriĂ©e comme infirmiĂšre. C'Ă©tait le cas pour au moins une douzaine d’autres femmes dont il Ă©tait patent qu’elles furent femmes de rĂ©confort et non infirmiĂšres ou secrĂ©taires. À l’heure actuelle, le gouvernement sud-corĂ©en examine les centaines de noms figurant dans ces listes[56].

L’information sensible relative Ă  l’occupation japonaise de la CorĂ©e est souvent difficile Ă  obtenir. Beaucoup prĂ©tendent que ceci est dĂ» au fait que le gouvernement japonais a pris l’habitude de couvrir beaucoup d’incidents qui auraient autrement donnĂ© lieu Ă  de graves critiques internationales[57] - [54] - [55]. Pour leur part, les CorĂ©ens ont souvent exprimĂ© leur aversion des expĂ©riences sur des ĂȘtres humains effectuĂ©es par l’ArmĂ©e impĂ©riale japonaise oĂč des gens furent utilisĂ©s en guise d’échantillons humains dans des expĂ©riences aussi macabres que les tests portant sur l’azote ou dans des programmes de dĂ©veloppement d’armes biologiques (voir UnitĂ© 731 et Shiro Ishii). Bien que des tĂ©moignages clairs et perturbants aient survĂ©cu, ils sont largement rĂ©futĂ©s par l’État japonais, mĂȘme Ă  ce jour.

Notes et références

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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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Medias audiovisuels

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Liens externes

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