Justice militaire
La justice militaire est rendue par des juridictions spécialisées, le plus souvent militaires, qui ont compétence pour juger les faits et actes commis par des militaires dans l'exercice de leurs fonctions, ou par des militaires assimilés (insurgés, révolutionnaires, espions).
Le Haut Tribunal militaire, créé pendant la guerre d'Algérie par décision du président de la République française en date du [1], en est un exemple, ainsi que les commissions militaires créées par George W. Bush le pour juger les « personnes soupçonnées de participation à des actions terroristes ou de soutien à de telles actions »[2].
DĂ©finition
La juriste et universitaire Claire Saas dĂ©finit la justice militaire comme toutes formes de justice institutionnalisĂ©e rendu par "lâensemble des juridictions composĂ©es de magistrats civils ou militaires qui, en temps de paix ou de guerre, ont vocation Ă connaĂźtre des infractions commises par des militaires ou des militaires assimilĂ©s, y compris des civils, que ces infractions soient de nature militaire ou relĂšvent du droit commun, dĂšs lors quâune compĂ©tence spĂ©cifique leur a Ă©tĂ© reconnue et quâelles obĂ©issent, ne serait-ce que pour une part infime, Ă des rĂšgles matĂ©rielles ou procĂ©durales dĂ©rogatoires du droit commun, justifiĂ©es par la « spĂ©cificitĂ© militaire » du contentieux"[3].
Bien que cela puisse paraĂźtre contre intuitif la justice militaire peut concerner des civils dont les actes, ou le statut, sont assimilĂ©s Ă celui dâun militaire, Ă lâinstar des rebelles et des « brigands » durant la pĂ©riode rĂ©volutionnaire et le rĂ©gime directorial[4]. De plus l'exercice de la justice militaire n'est pas rĂ©servĂ© aux seules pĂ©riodes de guerre, elle s'exerce aussi bien en « temps de paix » qu'en « temps de guerre ». Cependant La justice militaire distingue le « temps de guerre » et le « temps de paix ». En « temps de paix », ce sont des juridictions de droit commun spĂ©cialisĂ©es dans les affaires militaires qui sont chargĂ©es du contentieux des affaires pĂ©nales militaires. En « temps de guerre », ce sont des juridictions militaires qui s'en chargent.
Enfin il faut qu'une compétence spécifique soit reconnue aux juridictions pour qu'elle puisse exercer une justice militaire. Dans les pays qui relÚvent des droits de tradition civiliste, c'est un code de justice militaire qui encadre le plus souvent les attributions de compétence juridictionnelle. En France ces compétences juridictionnelles ont été exercées par les juridictions militaires en temps de guerre (comme les conseils de guerre, les conseils de guerre spéciaux et les tribunaux prévotaux), le tribunal aux armées de Paris (TAAP) jusqu'en 2012, ou encore les juridictions de droit commun spécialisées en matiÚre militaire (JDCS)[3].
Justice militaire par pays
En Suisse
En Suisse, tous les militaires en service ainsi que les gardes-frontiÚre sont soumis à la juridiction des Tribunaux militaires, institution indépendante de l'armée suisse, en temps de paix comme de guerre[5].
En Ukraine
Le Bureau du procureur militaire actif de 1991 Ă 2012 puis de 2014 Ă 2020.
Notes et références
- Journal Officiel du
- Nada Mourtada-Sabbah, « Les tribunaux militaires d'exception aux Ătats-Unis et la constitution : le âprĂ©cĂ©dent le plus appropriĂ©â ? », in Revue internationale de droit comparĂ©, 2006, vol. 58, no 1, pp. 153-183.
- Saas, Claire. « La justice militaire en France », Archives de politique criminelle, vol. 29, no. 1, 2007, p. 183-213, p. 184.
- Xavier Rousseaux, « La justice militaire et les civils sous le Directoire : lâexemple des 24e et 25e divisions militaires », Annales historiques de la RĂ©volution française [En ligne], 350 | octobre-dĂ©cembre 2007, mis en ligne le 01 janvier 2011, consultĂ© le 21 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/ahrf/11290 ; DOI : 10.4000/ahrf.11290
- « RS 321.0 Code pénal militaire du 13 juin 1927 (CPM) », sur admin.ch (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- Georges Clemenceau, Justice militaire, Paris : P.-V. Stock, 1901
- BATTAIS Boris, « La justice militaire en temps de paix : LâactivitĂ© judiciaire du conseil de guerre de Tours (1875-1913) ». ThĂšse de doctorat en histoire, sous la direction de DENĂCHĂRE Yves, Angers, UniversitĂ© dâAngers, 2015.
- Denis Langlois, Le Cachot, Paris : Maspero, 1967. (Un objecteur de conscience condamné par la justice militaire.)
- FĂ©licien Monnier, Juge et soldat. Essai sur les fondements de la justice militaire suisse, Pully : CHPM, 2016.
- ROYNETTE Odile. « Les conseils de guerre en temps de paix entre rĂ©forme et suppression (1898-1928) », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue d'histoire, vol. no 73, no. 1, 2002, p. 51â66.
- ROYNETTE Odile, « Bon pour le service », lâexpĂ©rience de la caserne en France Ă la fin du XIXesiĂšcle, Paris, Belin, 2000.
- Mireille Debard et Jean-Luc Hennig (préf. Michel Foucault, ill. Cabu), Les juges kaki, Paris, Alain Moreau, 4e trimestre 1977, 297 p.