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Esclavage sexuel

L’esclavage sexuel consiste Ă  amener par la contrainte des personnes non consentantes Ă  diverses pratiques sexuelles. Il peut se prĂ©senter sous la forme d'une relation Ă  un seul maĂźtre, d'esclavage rituel souvent associĂ© Ă  des pratiques Ă©conomiques, religieuses ou culturelles traditionnelles, d'esclavage Ă  des fins principalement non sexuelles, mais oĂč la sexualitĂ© est courante, ou enfin sous la forme de prostitution forcĂ©e ; il est considĂ©rĂ© comme un des crimes contre l'humanitĂ©.

The White Slave, photo de 1913 d'un plĂątre d'Abastenia St. Leger Eberle.

En gĂ©nĂ©ral, la nature mĂȘme de l'esclavage implique que l'esclave soit de fait disponible pour le sexe, et les conventions sociales usuelles ainsi que les protections lĂ©gales qui restreindraient dans d'autres circonstances les actions du propriĂ©taire ne sont plus effectives. Ainsi, la sexualitĂ© extramaritale entre un homme mariĂ© et un(e) esclave n'Ă©tait pas considĂ©rĂ©e comme un adultĂšre dans la plupart des sociĂ©tĂ©s acceptant l'esclavage[1].

La prostitution forcĂ©e, par son absence de consentement et d’exploitation rĂ©pĂ©tĂ©e, fait partie de l'esclavage contemporain. Les personnes captives vendues sont dĂ©pourvues de tous types de contrĂŽle sur leurs vies. Elles sont obligĂ©es de produire des services sexuels « au profit de leur propriĂ©taire »[2].

Un rapport des Nations unies[3] donne l'estimation annuelle de plus d'un million de personnes impliquées par la force dans le commerce et/ou l'esclavage sexuel.

Afghanistan

Batcha au Turkestan russe dans les années 1870.

En Afghanistan, a été remise au goût du jour une ancienne tradition appelée Baht shahbazi (jeu avec les garçons) consistant à exploiter de jeunes garçons de famille pauvre, formés ensuite à la danse, devenant là aussi des objets de convoitise sexuelle, et s'ils ne sont pas doués pour la danse, limités aux pratiques homosexuelles[4] - [5] - [6].

Dans le nord de l'Afghanistan, possĂ©der un jeune garçon (appelĂ© bača bāzÄ« ou BachaBereesh (ce qui signifie « garçon imberbe » - ou Basha bazi) est signe de rĂ©ussite sociale dans le civil comme aux postes de commandement de l'armĂ©e oĂč nombre de ces propriĂ©taires sont trĂšs puissants, qui les « offrent » ponctuellement Ă  leurs amis[7] - [8] - [9]. Ainsi, l'homosexualitĂ© s'allie Ă  la pĂ©dophilie (pĂ©dĂ©rastie) Ă  travers cette sorte d'esclavage sexuel et de prostitution enfantine. Les DVD des prestations artistiques de ces jeunes Basha bazi travestis en femmes, souvent maquillĂ©s, sont en vente libre dans les rues de Kaboul, dans la mesure oĂč celles de femmes dansant sont strictement interdites[4].

L'OPFRA[10], l'ONU ou l'UNICEF tentent vainement de s'élever contre ces pratiques officiellement prohibées[11] par le gouvernement afghan mais communément admises dans tout le pays[7] - [8] - [5] - [12].

Armée impériale japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale

Des centaines de milliers de femmes ont été exploitées sexuellement par l'armée impériale japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette armée les désignait par l'expression « femmes de réconfort ». Les femmes concernées étaient pour la plupart des Coréennes, des Chinoises, des Indonésiennes, des européennes et d'autres ressortissantes de pays asiatiques et ce systÚme d'esclavage leur a été imposé de force[13] - [14] - [15].

Chine

En Chine, le dĂ©sĂ©quilibre entre les sexes (117 garçons pour 100 filles en 2005) a pour consĂ©quence la mise en place de trafic humain dans le cadre de la prostitution. Ainsi en 2002, un homme a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort pour avoir enlevĂ© puis vendu une centaine de femmes Ă  des Chinois cĂ©libataires dans la province du Guangxi. Dans la province du Yunnan des dizaines de femmes ont pu ĂȘtre libĂ©rĂ©es avant d'ĂȘtre vendues Ă  des rĂ©seaux mafieux proxĂ©nĂštes. Elles Ă©taient destinĂ©es Ă  alimenter les lieux de prostitution comme esclaves sexuelles dans les centres urbains de l'Asie du Sud-Est. D'autres femmes devaient rejoindre TaĂŻwan afin de s'y « marier »[16].

Le chef adjoint des services d'enquĂȘtes sur les crimes indique qu'entre 30 000 et 60 000 enfants disparaissent chaque annĂ©e en Chine sans pouvoir indiquer toutefois le pourcentage attribuĂ© au trafic humain. En aoĂ»t 2009, le ministĂšre chinois de la SĂ©curitĂ© publique a mis en place un programme pilote destinĂ© Ă  informer les populations migrantes de ce trafic[17].

État islamique en Irak et au Levant (EIIL)

En 2014, aprĂšs les massacres de Sinjar, plusieurs milliers de jeunes femmes yĂ©zidies sont capturĂ©es par l'État islamique et vendues Ă  ses combattants comme esclaves sexuelles[18]. Nazand Bagikhany, conseiller du gouvernement rĂ©gional kurde, indique que ces femmes subissent notamment « des viols systĂ©matiques et un esclavage sexuel », certaines femmes vendues portaient des Ă©tiquettes de prix sur les marchĂ©s de Raqqa et de Mossoul[19].

L’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) utilise, depuis 2014, l’esclavage sexuel de femmes yĂ©zidies, musulmanes, chrĂ©tiennes et juives comme arme de guerre et thĂ©ologie inspirĂ©es de la pratique mĂ©diĂ©vale des armĂ©es musulmanes[20]. L’esclavage n’est pas une pratique lĂ©gale. Au contraire, elle est interdite, depuis environ 100 ans, en Syrie et en Irak[20]. Le nombre d’esclaves sexuelles est difficile Ă  recenser puisque les esclaves changent de propriĂ©taire, d’autres sont vendues, certaines fuient et d’autres meurent. Il est estimĂ© que plus de 5 000 femmes ont Ă©tĂ© capturĂ©es en 2014 – principalement des femmes yĂ©zidies[21]. En 2015, 3,144 femmes Ă©taient toujours captives par le rĂ©gime de l’EIIL[21].

Cette thĂ©ologie du viol est justifiĂ©e par les droits islamiques de guerre (fiqh al-harb)[20]. Les combattants considĂšrent les femmes comme un butin qu’ils peuvent partager entre vainqueurs. AprĂšs les batailles, les femmes, une fois captives, sont « triĂ©es » par les commandants militaires sur le terrain[22]. Suivant les critĂšres de la jurisprudence islamique, ils vont sĂ©parer les femmes musulmanes des non-musulmanes et les femmes vierges des femmes mariĂ©es[20]. Une femme vierge a deux caractĂ©ristiques distinctes pour le combattant djihadiste. PremiĂšrement, il peut avoir une relation sexuelle immĂ©diatement aprĂšs sa capture, si elle est « femme »[20]. Pour ĂȘtre une femme dans le rĂ©gime de l’EIIL, il faut avoir eu ses premiĂšres menstruations. Or, cela pousse l’ñge des premiĂšres relations sexuelles Ă  9 ans pour certaines esclaves[20]. En second, dans la perception djihadiste, d’avoir une relation sexuelle avec une femme vierge est un avant-goĂ»t du paradis, Ă©tant donnĂ© que le Coran promet des houris (vierges) « Ă  tout musulman aprĂšs sa mort »[20]. Cela justifie cette quĂȘte de la virginitĂ© entre combattants djihadistes[20].

Dans la thĂ©ologie interne du rĂ©gime de l’EIIL, seules les femmes musulmanes sunnites sont considĂ©rĂ©es comme de vraies femmes, donc protĂ©gĂ©es de l’esclavage (GuidĂšre, 2016). Cela signifie que les musulmanes chiites et alaouites peuvent Ă©galement devenir esclaves.

Les relations sexuelles avec des non-musulmanes chrĂ©tiennes et juives sont gĂ©rĂ©es par la jurisprudence islamique[23]. Or, les femmes pratiquant d’autres religions et confessions considĂ©rĂ©es comme hĂ©rĂ©tiques – principalement le yĂ©zidisme - sont vues comme des « mĂ©crĂ©antes » et ne sont pas protĂ©gĂ©es par un statut lĂ©gal[23]. La promotion de l’esclavage sexuel n’atteignait pas prĂ©cisĂ©ment les minoritĂ©s religieuses, ce sont les femmes yĂ©zidies que l’EIIL voulait[23]. Le professeur de l’UniversitĂ© de Chicago, Mr Barber, spĂ©cialiste de la minoritĂ© yĂ©zidie, dit que l’intĂ©rĂȘt des djihadistes de l’EIIL, envers les femmes yĂ©zidies, s’explique par la divergence confessionnelle[23]. Le yĂ©zidisme est une religion polythĂ©iste et n’a pas de textes sacrĂ©s ni d’Écritures saintes[23]. La transmission de la pratique religieuse se fait Ă  l’oral.

Ensuite, les captives sont amenĂ©es au marchĂ© d’esclaves sexuelles de sabaya (ou Sabi – terme utilisĂ© dĂ©signant leur butin de guerre)[24]. Ce rĂ©seau est un Ă©lĂ©ment important de l’économie interne du rĂ©gime[24]. Les femmes sont capturĂ©es puis transfĂ©rĂ©es, en grands groupes, aux villes de Tal Afar, Solah, Ba’aj et Sinjar[24]. Elles sont inspectĂ©es, prises en photos, Ă©tiquetĂ©es, puis transportĂ©es sur les lieux de vente principalement Ă  Mossoul, prĂšs du palace de Saddam Hussein et Ă  Raqqa[21]. L’esclavage sexuel devient une vĂ©ritable bureaucratie pour l’EIIL[22]. Des titres de propriĂ©tĂ© sont notariĂ©s et un manuel de procĂ©dures est donnĂ©[22]. Cet outil permet de rendre lĂ©gitime une pratique qui, aux yeux du Coran, n’est pas licite. Il faut ĂȘtre normalement mariĂ© Ă  sa « concubine »[20]. Cette interprĂ©tation coranique justifie d’élever le viol au niveau de la pratique spirituelle[20]. Les viols et sĂ©vices que vivent ces femmes sont quotidiens.

Entre 2014 et 2017, plusieurs femmes yĂ©zidies ont rĂ©ussi Ă  s’échapper par des systĂšmes de passeurs clandestins et l’aide de civils. Nadia Murad fait partie de ces femmes. Aujourd’hui, elle travaille activement au sein de la Yazda (Organisation non gouvernementale pour la dĂ©fense des droits des yĂ©zidis). En 2018, elle a obtenu le prix Nobel pour la paix dans son combat pour la dĂ©fense des droits de l’homme[22]. Dans son livre autobiographique, The Last Girl, elle nous donne un tĂ©moignage explicite sur la vie quotidienne d’une esclave au sein de l’EIIL.

Dabiq – Revue de propagande du rĂ©gime concernant les esclaves

Le Dabiq est une revue de propagande Ă©crite par l’EIIL entre juillet 2014 et juillet 2016[20]. Dans le numĂ©ro d’octobre 2014, le rĂ©gime explique les procĂ©dures Ă  la politique sexuelle des femmes captives[20]. Ce magazine fut distribuĂ© principalement dans les lieux de rassemblement, tels que les mosquĂ©es, aux fidĂšles Ă  Mossoul (Irak) et Raqqa (Syrie)[20]. Le Dabiq offre « une image vertigineuse de la thĂ©ologie esclavagiste [
] mise en place par l’EIIL pour attirer de nouvelles recrues ou bien pour fidĂ©liser les combattants dĂ©jĂ  prĂ©sents sur ses territoires »[20]. Cette revue est l’outil par lequel passe le rĂ©gime pour justifier ses actes. Il faut cependant faire attention : malgrĂ© les rĂ©fĂ©rences au Coran, les modes d’action sont ici des interprĂ©tations djihadistes des Écritures saintes.

Guerre civile syrienne

Pendant la guerre civile syrienne, plusieurs centaines de réfugiées syriennes sont réduites en esclavage sexuel au Liban par des réseaux de prostitution[25].

Nigéria : Les lycéennes de Chibok victimes de Boko Haram

Le 14 avril 2014, 276 lycĂ©ennes ont Ă©tĂ© enlevĂ©es Ă  Chibok, dans l’État de Borno, au NigĂ©ria par le mouvement insurrectionnel et djihadiste, Boko Haram[26]. 57 d’entre elles rĂ©ussirent Ă  s’échapper[26]. Depuis, 107 ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es et 112 sont toujours dĂ©tenues[26]. L’enlĂšvement est connu Ă  l’international Ă  la suite du mouvement Bring Back Our Girl qui permit l’appui de plusieurs figures politiques dont Michelle Obama. Selon Human Rights Watch, les victimes ont Ă©tĂ© principalement choisies pour leurs croyances religieuses et leurs frĂ©quentations Ă  un milieu scolaire occidental[27].

Cet enlĂšvement n’est pas le seul perpĂ©trĂ© par le groupe. Selon l’association des ChrĂ©tiens du Nigeria, Boko Haram enlĂšve des femmes chrĂ©tiennes depuis juillet 2013[28]. Il est cependant le plus grand enlĂšvement produit par ce groupe djihadiste[27]. Une fois captives, sous la menace de mort, elles furent forcĂ©es Ă  se convertir Ă  l’islam[26]. Les tĂ©moignages d’agressions sexuelles sont difficiles Ă  obtenir puisque la culture du silence, les stigmatisations et le sentiment de honte concernant les abus sexuels dominent dans le nord conservateur du Nigeria[27]. Selon les entrevues produites de Human Right Watch, les viols perpĂ©trĂ©s avaient lieu, majoritairement, aprĂšs le mariage forcĂ© avec un combattant[27]. La vidĂ©o mise en ligne, Ă  la suite de l’enlĂšvement, souligne les justifications empruntĂ©es par le groupe djihadiste ; c’était un acte de vengeance envers le gouvernement nigĂ©rian pour avoir pris en dĂ©tention des membres de leur famille, incluant certaines femmes des combattants[27]. Également, cela permettait de convertir un nombre important de chrĂ©tiennes Ă  l’islam[26].

Depuis 2009, il est estimĂ© qu’environ 500 femmes furent enlevĂ©es par Boko Haram[27]. Une telle pratique est un comportement courant chez les mouvements de rebelles dans les zones de conflits[28]. Elles sont rĂ©duites en esclavage pour leurs atouts productifs et reproductifs[28]. Elles peuvent fournir aux combattants une main-d’Ɠuvre importante en se chargeant de la cuisine et du nettoyage. Le groupe djihadiste Boko Haram n’a jamais explicitement revendiquĂ© une idĂ©ologie contre les femmes chrĂ©tiennes ou les femmes en gĂ©nĂ©ral, mais davantage une rĂ©ponse gĂ©nĂ©rale au Jihad – devoir religieux de propager l’islam – dans cette guerre contre le christianisme[28]. La victimisation des femmes chrĂ©tiennes est une tactique dans la stratĂ©gie de guerre[28].

Trafic sexuel en Europe de l’Est

La chute du communisme a eu des rĂ©percussions sociales et Ă©conomiques pour les anciens pays membres de l’URSS et du bloc de l'Est. AprĂšs l’implosion en 1991, le trafic sexuel a augmentĂ© drastiquement dans les pays de l’Europe de l’Est.

Le cas albanais

L’Albanie Ă©tait en 1991 le pays de l’Europe de l’Est le plus pauvre et lourdement rural. La pauvretĂ© est un indicateur de la prostitution de femmes. Dans le cas de l’Albanie, c’est le rĂŽle du genre qui explique le dĂ©veloppement des rĂ©seaux du trafic sexuel. La loi en Albanie donne l’égalitĂ© des droits entre hommes et femmes, mais la culture traditionnellement patriarcale continue de « dĂ©valuer les femmes, principalement dans les zones rurales ». Quand un homme propose d’aider une famille pauvre en mariant leur fille et en lui offrant une meilleure vie, plusieurs parents pensent que cet arrangement conviendrait Ă  leur fille. En Albanie, les coutumes prĂ©valent et la famille peut gĂ©nĂ©ralement dĂ©cider quel partenaire conviendrait Ă  leur fille. Ils peuvent la vendre ou la promettre Ă  un homme[29].

Par la suite, certaines femmes se retrouvent prises entre les fausses promesses de mariage et la prostitution forcĂ©e, qui sont des pratiques courantes de la mafia albanaise. Les femmes se retrouvent devant plusieurs difficultĂ©s. Elles ne peuvent pas quitter le rĂ©seau par peur des reprĂ©sailles sur sa famille. Il y a Ă©galement la peur d’ĂȘtre stigmatisĂ©e comme une « prostituĂ©e » et de ne plus ĂȘtre considĂ©rable comme « mariable » par la famille. Étant trop embarrassĂ©es pour retourner dans la communautĂ©, certaines femmes vont jusqu’au suicide[29].

En Albanie, il Ă©tait estimĂ© en 2001, par Save The Children, que 30 000 femmes Ă©taient esclaves sexuelles Ă  l’étranger[29]. La moitiĂ© de ces femmes seraient en Italie et les autres femmes dispersĂ©es entre la Belgique, le Luxembourg, la Grande-Bretagne et la GrĂšce. Les Ă©tudes des cas en Cour pĂ©nale d’Albanie montrent une structure sophistiquĂ©e des rĂ©seaux « loverboy » du trafic sexuel. Les proxĂ©nĂštes ont trois mĂ©thodes : la sĂ©duction, l’achat d’une femme Ă  sa famille ou l’enlĂšvement. La sĂ©duction est l’une des mĂ©thodes les plus frĂ©quentes. Elle consiste Ă  promettre un travail Ă  l’étranger avec une bonne rĂ©munĂ©ration. Une fois rendues dans le pays Ă©tranger, elles sont forcĂ©es Ă  la prostitution[30].

Elles travaillent jusqu’à des 12 et 18 heures par jour. Le tarif moyen pour un client est de 25 euros pour 10 minutes. Les femmes peuvent gagner en moyenne entre 250 et 1000 euros par jour. Aucun argent ne leur appartient. Les femmes sont perçues comme des marchandises humaines contrĂŽlĂ©es. Elles peuvent ĂȘtre vendues par leur proxĂ©nĂšte entre 1000 euros Ă  3000 euros. Elles subissent au quotidien de la violence physique et sont en permanence sous l’emprise de la peur[30].

Traite des humains au Mexique

Prostituée à Tijuana au Mexique (2009)

Depuis les annĂ©es 2000, le Mexique est l’un des lieux principaux de destination et de transit international pour la traite d’humain Ă  des visĂ©es d’exploitation sexuelle[31]. Il est Ă©galement « deuxiĂšme au rang mondial du tourisme sexuel impliquant des enfants et adolescents, juste derriĂšre la ThaĂŻlande »[31]. Le trafic de personnes est l’une des facettes Ă  l’esclavage moderne[32]. La loi mexicaine contre la traite de personnes s’applique Ă  tous types de trafics humains reconnus selon la Convention de Palerme[33].

En 2007, L’État mexicain met en place des procĂ©dures lĂ©gales contre le trafic humain[34]. Le 31 janvier 2008, la FEVIMTRA (FiscalĂ­a Especial para los Delitos de Violencia contra las Mujeres y Trata de Personas) a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e comme une division spĂ©ciale du Bureau du procureur gĂ©nĂ©ral dans le but de rĂ©pondre aux crimes contre les femmes et au trafic humain[33]. Pourtant les enquĂȘtes, les procĂ©dures lĂ©gales et le nombre de sentences sont faibles[33]. Cela n’a pas entraĂźnĂ© une diminution du trafic de personnes au Mexique[33].

En 2012, le gouvernement mexicain passe une nouvelle loi avec une description des mesures nĂ©cessaires Ă  prendre[34]. Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e au Mexique par l’Organisation internationale pour les migrations, 41 % des personnes interrogĂ©es disent que la corruption – au niveau municipal – ralentit la rĂ©alisation des mesures strictes contre le trafic humain[34]. Le manque de financement empĂȘche Ă©galement le dĂ©veloppement de structures organisationnelles adĂ©quates pour rĂ©pondre au problĂšme[34].

En 2017, trois organismes travaillaient Ă  Mexico pour combattre le trafic de personnes : CATWLA, Infancia ComĂșn et Colectivo contra la Trata de Personas[35]. Leur objectif principal est de conscientiser la ville aux pratiques de l’exploitation sexuelle et le trafic des personnes[35].

Au Mexique, le trafic des ĂȘtres humains est le troisiĂšme type de commerce illicite le plus lucratif aprĂšs la drogue et les armes[34]. AdministrĂ© par les cartels (70 %), il est difficile d’obtenir des donnĂ©es empiriques valides sur le nombre de personnes dans le rĂ©seau[34]. Les recherches financĂ©es par le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres du Mexique sur l’exploitation sexuelle montrent que les caractĂ©ristiques dĂ©mographiques des femmes exploitĂ©es, dans la ville de Mexico, sont l'Ă©tat matrimonial, l'origine ethnique et l'Ăąge - mĂ©tis (71 %), non-mariĂ©es (78 %) et ĂągĂ©es de moins de 18 ans (72 %)[35]. L’exploitation sexuelle des femmes et des filles a des origines multifactorielles telles que le chĂŽmage, le crime organisĂ©, la pauvretĂ©, la violence domestique ou les conflits ethniques[35].

Une fois insĂ©rĂ©e dans le rĂ©seau de la prostitution soit par la manipulation ou par une nĂ©cessitĂ© Ă©conomique, la femme devient une commoditĂ© Ă  son propriĂ©taire – le proxĂ©nĂšte[35]. Elle est dĂ©sormais forcĂ©e Ă  l’exploitation sexuelle. Le proxĂ©nĂšte lui montre un cadre de travail avec les techniques pour approcher les clients potentiels et produire les relations sexuelles[35]. Elle doit Ă©galement suivre les rĂšgles de son proxĂ©nĂšte telles que ne jamais quitter la maison close sans la permission, ne jamais donner de l’information personnelle ou parler avec un inconnu[35]. Si elle refuse de participer Ă  ce rĂ©seau de prostitution, elles se font agresser jusqu’à ce qu’elles acceptent[35].

Notes et références

  1. (en) Love and Sex and Women in the Art of Ancient Greece
  2. (en) Paola Monzini, « Trafficking in Women and Girls and the Involvement of Organised Crime in Western and Central Europe », International Review of Victimology, vol. 11, no 1,‎ , p. 73–88 (ISSN 0269-7580 et 2047-9433, DOI 10.1177/026975800401100105, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Rapport de l'UNICEF, 2000
  4. « L'islam et sa pédophilie : en recherche de garçons ! » [vidéo], sur youtube.com, (consulté le )
  5. Manon Moreno, « La danse des bacha bazi, jeunes « garçons-jouets » afghans », sur Humanium, (consulté le )
  6. (en) Rustam Qobil, « The sexually abused dancing boys of Afghanistan », BBC News, 8 septembre 2010
  7. Benchenouf Djamaledine, « Pédophilie en Afghanistan » [vidéo], sur youtube.com, (consulté le )
  8. « VIDEO - La danse des garçons afghans : Carole Gaessler présente ce documentaire inédit ce soir sur France 5 », sur Premiere.fr, (consulté le )
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  10. OFPRA, « Afghanistan : La pratique du Bacha bazi »,
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  14. Julie HamaĂŻde, « Seconde Guerre mondiale: au moins deux Françaises parmi les «femmes de rĂ©confort» de l’armĂ©e japonaise », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  15. « Japon : les historiens au secours des "Femmes de rĂ©confort" », TV5MONDE,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  16. Trafic humain en Chine
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Annexes

Bibliographie

  • Stephen Barlay, L'Esclavage sexuel, traduit de l'anglais par Jane Fillion, Albin Michel, 1969.
  • Kathleen Barry, Esclavage sexuel de la femme, Stock, 1982.
  • Matiada Ngalikpima, L'esclavage sexuel, un dĂ©fi Ă  l'Europe, Fondation Scelles, 2005, 280 p. (ISBN 2846210594)
  • Louise Toupin, La question du trafic des femmes : points de repĂšres dans la documentation des coalitions fĂ©ministes internationales anti-trafic, MontrĂ©al, Stella, Alliance de recherche IREF/Relais-femmes (ARIR), 2002, 96 p. « La question du "trafic des femmes" », sur cybersolidaires.typepad.com, Cybersolidaires, (consultĂ© le ).

Articles connexes

Liens externes

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