AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Trafic sexuel

Le trafic sexuel est le trafic d'ĂȘtres humains Ă  des fins d'exploitation sexuelle, y compris l'esclavage sexuel, qui est considĂ©rĂ© comme un esclavage contemporain[1]. Par divers stratagĂšmes, une victime de trafic sexuel tombe contre son grĂ© dans une situation de dĂ©pendance vis-Ă -vis du trafiquant avant d'ĂȘtre obligĂ©e de fournir des prestations sexuelles Ă  des clients[2]. La criminalitĂ© du trafic sexuel recouvre l'acquisition, le transport et l'exploitation de personnes[1], y compris le tourisme sexuel impliquant des enfants, les actes sexuels avec un mineur contre rĂ©munĂ©ration et d'autres variantes d'exploitation sexuelle commerciale des enfants, ainsi que leur prostitution[2].

Le modÚle commercial du trafic sexuel selon les militants suédois opposés au travail du sexe

En 2012, l'Organisation internationale du travail (OIT) annonce que 20,9 millions de personnes sont victimes de travail forcĂ©, dont 24 % (4,5 millions) dans l'exploitation sexuelle contrainte[3]. En 2016, l'OIT rapporte que sur 25 millions de personnes forcĂ©es de travailler, 5 millions sont victimes d'exploitation sexuelle[4] - [5]. Toutefois, comme le trafic sexuel est une activitĂ© clandestine, les chercheurs rencontrent des difficultĂ©s pour proposer des statistiques prĂ©cises et fiables[6]. Le trafic sexuel est aussi prĂ©sent dans le milieu de la pornographie, comme dans l'exemple du scandale GirlsDoPorn en 2020.

En 2005, une estimation des profits gĂ©nĂ©rĂ©s mondialement par le trafic sexuel avance le chiffre de 9 milliards de dollars[7] - [8]. D'aprĂšs l'OIT en 2017, l'exploitation sexuelle Ă  des fins commerciales rapporte 99 milliards de dollars aux trafiquants Ă  l'Ă©chelle mondiale[9].

DĂ©finitions

Convention de Palerme

La convention de Palerme porte officiellement le nom de Convention des Nations unies contre la criminalitĂ© transnationale organisĂ©e et elle inclut le Protocole visant Ă  prĂ©venir, rĂ©primer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ; la Convention de Palerme dĂ©finit la traite des personnes[10]. En 2000, au moment de sa publication, la Convention est ratifiĂ©e par 147 États membres du 192[10] ; en septembre 2017, 171 États en sont parties[11]. L'article 3 de la convention livre la dĂ©finition suivante[12] :

« Aux fins du prĂ©sent Protocole: a) L’expression « traite des personnes » dĂ©signe le recrutement, le transport, le transfert, l’hĂ©bergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours Ă  la force ou Ă  d’autres formes de contrainte, par enlĂšvement, fraude, tromperie, abus d’autoritĂ© ou d’une situation de vulnĂ©rabilitĂ©, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autoritĂ© sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcĂ©s, l’esclavage ou les pratiques analogues Ă  l’esclavage, la servitude ou le prĂ©lĂšvement d’organes ;
b) Le consentement d’une victime de la traite des personnes Ă  l’exploitation envisagĂ©e, telle qu’énoncĂ©e Ă  l’alinĂ©a a) du prĂ©sent article, est indiffĂ©rent lorsque l’un quelconque des moyens Ă©noncĂ©s Ă  l’alinĂ©a a) a Ă©tĂ© utilisĂ© ;
c) Le recrutement, le transport, le transfert, l’hĂ©bergement ou l’accueil d’un enfant aux fins d’exploitation sont considĂ©rĂ©s comme une “traite des personnes” mĂȘme s’ils ne font appel Ă  aucun des moyens Ă©noncĂ©s Ă  l’alinĂ©a a) du prĂ©sent article ;
d) Le terme “enfant” dĂ©signe toute personne ĂągĂ©e de moins de 18 ans. »

L'article 5 de la Convention impose aux États parties d'inscrire la traite des ĂȘtres humains dans le code pĂ©nal, d'aprĂšs la dĂ©finition fournie dans l'article 3. Toutefois, les lois nationales de nombreux États membres adoptent une version plus restrictive que l'article 3[10]. MĂȘme si ces nations annoncent qu'elles appliquent l'article 5, ces dĂ©finitions plus restrictives conduisent Ă  ne poursuivre qu'une part limitĂ©e des criminels qui s'adonnent aux trafic sexuel[10].

Les Nations unies ont Ă©laborĂ© plusieurs instruments pour lutter contre la traite des ĂȘtres humains, comme le Rapport mondial sur la traite des personnes et un Groupe de coordination inter-agences contre la traite des ĂȘtres humains. Le Rapport mondial sur la traite des personnes proposent des informations issues de donnĂ©es recueillies dans 155 pays. Il propose un bilan mondial sur l'ampleur de la traite des ĂȘtres humains et sur les moyens dĂ©ployĂ©s pour la juguler. En juillet 2010, l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies approuve le Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes (en)[13].

Aux États-Unis

En 2000, le Protocole de Palerme entre en vigueur et les États-Unis adoptent une dĂ©finition de « trafic sexuel » correspondant aux normes internationales avec le Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 (TVPA) afin de rĂ©soudre des confusions et des incohĂ©rences dans les textes pĂ©naux antĂ©rieurs relatifs Ă  la traite des ĂȘtres humains[14]. Le TVPA Ă©nonce que les crimes relatifs au trafic sexuel sont les situations caractĂ©risĂ©es comme « une prestation sexuelle tarifĂ©e est provoquĂ©e par la force, la fraude ou la coercition, ou dans lesquelles la personne poussĂ©e Ă  exĂ©cuter la prestation n'a pas encore atteint l'Ăąge de 18 ans »[15] - [16]. Si la victime est mineure, la lĂ©gislation n'impose pas de prouver l'usage de la force, de la fraude ou de la coercition[14]. Susan Tiefenbrun, professeure Ă  la Thomas Jefferson School of Law, a Ă©crit de nombreux articles sur la traite des ĂȘtres humains ; ayant menĂ© une recherche sur les victimes concernĂ©es par cette loi, elle dĂ©couvre que, chaque annĂ©e, plus de deux millions de femmes dans le monde son achetĂ©es et vendues Ă  des fins d'exploitation sexuelle[6]. Afin de rĂ©soudre certaines incohĂ©rences juridiques sur les jeunes et le trafic, les États-Unis ont adoptĂ© des instruments lĂ©gaux pour dĂ©finir diffĂ©rentes formes d'exploitation des enfants[14]. Les deux concepts Ă©laborĂ©s, dont la rĂ©daction a Ă©tĂ© pesĂ©e avec soin, sont : l'« exploitation sexuelle commerciale des enfants » et le « trafic sexuel de mineurs sur le territoire national ». L'exploitation sexuelle commerciale des enfants (abrĂ©gĂ©e ESEC) « englobe plusieurs formes d'exploitation, comme la pĂ©dopornographie, la prostitution enfantine, le tourisme sexuel impliquant des enfants et le mariage d'enfants »[14]. Le trafic sexuel de mineurs sur le territoire national (domestic minor sex trafficking, abrĂ©gĂ© DMST) fait partie de l'ESEC et concerne « une transaction sexuelle avec un mineur ĂągĂ© de moins de 18 ans, qui est citoyen ou rĂ©sident permanent aux États-Unis, en Ă©change d'argent liquide, de biens ou de tout autre bien de valeur »[14].

D'aprĂšs la branche amĂ©ricaine d'ECPAT, l'Ăąge moyen d'entrĂ©e dans la prostitution de rue se situe entre 12 et 14 ans. Les personnes qui se prostituent dans la rue se composent, sur le plan dĂ©mographique, de femmes pauvres, de mineurs, de minoritĂ©s ethniques et d'immigrants[17]. Aux Ètats-Unis, les criminels de trafic sexuel et les proxĂ©nĂštes trouvent souvent leurs victimes dans des centres commerciaux ou dans la rie. Parfois, des jeunes filles visiblement vulnĂ©rables sont enlevĂ©es sur le trajet vers leur voiture. Parfois, les proxĂ©nĂštes rencontrent la victime et la convainquent de partir avec eux, souvent en leur proposant un travail quelconque ou de l'argent. La vulnĂ©rabilitĂ© est majorĂ©e chez les mineures jeunes ou sans abri[18] - [17] - [19] - [20]. Le proxĂ©nĂšte recourt Ă  la coercition physique ou psychologique pour que la victime se fie Ă  lui et pour bĂątir leur relation[18] - [21]. Cette forme de coercition complique souvent l'identification des relations entre trafiquants et victimes ou des relations entre proxĂ©nĂštes et prostituĂ©es[22] - [18]. Souvent, les victimes sont dupĂ©es : on leur fait miroiter que le travail promis leur offrira la libertĂ© et d'importants avantages financiers mais, Ă  la place, elles sont rĂ©duites en esclavage sexuel. Une fois que la victime a cĂ©dĂ© aux propositions du proxĂ©nĂšte, elle subit des tactiques pour la dissuader de s'enfuir : elle est forcĂ©e de consommer des drogues addictives, son argent est confisquĂ©, elle est la cible de sĂ©vices physiques ou sexuels. Les jeunes filles qui tombent dans ce schĂ©ma sont souvent motivĂ©es par l'argent et par la simple nĂ©cessitĂ© de survivre[17]. Aux États-Unis, il est trĂšs courant que les proxĂ©nĂštes possĂšdent une entreprise ou un commerce, notamment un bar Ă  ongles (en) ou un salon de massage. Les rĂ©seaux d'esclavage sexuel sont souvent implantĂ©s prĂšs des bases militaires amĂ©ricaines, Ă  cause de la clientĂšle des soldats[23].

Préjugés courants

De nombreux prĂ©jugĂ©s existent sur le trafic sexuel. L'un d'entre eux voudrait que le trafic sexuel serait automatiquement liĂ© au trafic illicite de personnes. MĂȘme si le trafic sexuel entraĂźne parfois le franchissement de frontiĂšres internationales pour les victimes, ce n'est pas le cas la majoritĂ© du temps[24] - [25] - [26]. Les termes de traite des ĂȘtres humains et de trafic sexuel sont souvent assimilĂ©s Ă  des synonymes ; or, la traite des personnes pour une exploitation non sexuelle peut ĂȘtre encore plus Ă©levĂ©e que le trafic Ă  des fins de rĂ©duction en esclavage sexuel, mĂȘme s'il est extrĂȘmement ardu de proposer des estimations prĂ©cises de ces criminalitĂ©s[27] - [28] - [29]. Le trafic sexuel tend Ă  attirer davantage l'attention des organismes d'aide et des donateurs Ă  cause de la mobilisation de l'opinion publique envers le travail sexuel forcĂ©, qui est plus forte que face au travail forcĂ© de nature non sexuelle ; aussi, les problĂšmes de traite sexuelle sont davantage recensĂ©s[27].

Le trafic sexuel est souvent confondu avec le travail du sexe non contraint mais criminalisĂ©, comme la prostitution[30] - [22] - [31] - [18] - [21]. Ces idĂ©es fausses sont souvent l'effet d'une sous-reprĂ©sentation des plaintes pour trafic sexuel, parce que les victimes ont peur des trafiquants[18] - [21] - [32] - [17], parce que les lĂ©gislations sont fluctuantes sur la dĂ©finition du trafic sexuel et de la prostitution[18] - [33] et parce qu'il existe des avis opposĂ©s sur ce trafics et sur le travail sexuel[22] - [31] - [18] - [33]. En outre, certains chercheurs affirment que les principales enquĂȘtes au cƓur du dĂ©bat sont faussĂ©es parce qu'elles Ă©vincent de la discussion les travailleurs du sexe et les victimes de trafic sexuel[31]. D'autres chercheurs soutiennent que les deux domaines sont souvent confondus Ă  cause du lien intrinsĂšque entre la prostitution volontaire et le trafic sexuel[18]. Ceux qui soutiennent cet avis estiment que les prestations sexuelles tarifĂ©es entraĂźnent une hausse de la demande de prestations sexuelles et, par consĂ©quent, augmentent aussi la recrudescence de trafic sexuel[18]. Certains programmes et certaines initiatives opposĂ©s au trafic sexuel ont reçu des critiques car ils alimentent ces prĂ©jugĂ©s quand ils proposent aux travailleurs sexuels « libres » des avantages s'ils se dĂ©clarent victimes de trafic sexuel, par exemple l'accĂšs Ă  des lieux d'hĂ©bergement[34]. Les organismes d'application des lois ont reçu des critiques quand ils proposent eux aussi des avantages similaires, car les personnes soupçonnĂ©es de prostitution sont menacĂ©es de prison si elles dĂ©clarent agir de leur grĂ©, alors que celles qui se disent victimes de trafic ont accĂšs Ă  des cursus de qualification professionnelle et Ă  des services sociaux au lieu d'encourir l'emprisonnement[34]. Ces mesures, si elles sont bĂ©nĂ©fiques aux victimes rĂ©elles de trafic, gonflent artificiellement les statistiques sur le sujet.

Les conceptions erronées conduisent souvent les agences d'application des lois à confondre la prostitution avec le trafic sexuel, ou inversement[21].

Profils et modes opératoires des trafiquants

Profils des trafiquants aux États-Unis

En 2017, une Ă©tude recense 1 416 trafiquants sexuels de mineurs qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s aux États-Unis au cours de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente : 75,4 % des trafiquants sont des hommes et 14,4 % sont des femmes. L'Ăąge moyen des hommes trafiquants est de 29,2 ans et celui des femmes, 26,3 ans. Pour ceux dont le groupe ethnique est identifiĂ© : 71,7 % sont des Afro-AmĂ©ricains, 20,5 % d'origine caucasienne, 3,7 % sont hispaniques et le reste est catĂ©gorisĂ© comme issu des Ăźles du Pacifique, asiatique ou autres[35].

Trafic sous le contrÎle de proxénÚtes

Quand le trafic est organisé par des proxénÚtes, la victime est tenue sous le contrÎle d'un seul trafiquant, parfois catégorisé comme proxénÚte. Le trafiquant domine la victime par la coercition physique, psychologique et/ou affective. Pour assurer le contrÎle sur les victimes, les trafiquants recours à la force, aux drogues, aux manipulations affectives ainsi qu'aux stratagÚmes économiques. Dans certaines circonstances, ils en viennent à employer diverses formes de violence, comme le viol collectif, les maltraitances psychologiques et les sévices physiques. Les trafiquants font parfois miroiter une demande en mariage ou une carriÚre de mannequin pour piéger les victimes[36]. D'autres recourent aux menaces, à l'intimidation, au lavage de cerveau et aux enlÚvements.

Une procĂ©dure habituelle chez les trafiquants consiste Ă  gagner la confiance de la victime, ce qu'on appelle la phase de grooming. À ce stade, le trafiquant cherche Ă  rendre la victime dĂ©pendante de lui[37]. Le trafiquant peut par exemple flatter la victime en faisant Ă©talage de sentiments amoureux et d'admiration, formuler des promesses ambitieuses (comme mener la victime Ă  une carriĂšre de star), lui proposer un emploi ou une formation, ou lui payer un voyage vers un endroit qu'elle n'a jamais visitĂ©[38]. Les propositions d'embauche les plus courantes portent sur les secteurs de la restauration et de l'hĂŽtellerie, les postes de serveuse dans des bars et des clubs, des contrats de mannequinats ou un travail au pair. Une fois que la victime se sent en confiance, le proxĂ©nĂšte passe au stade du seasoning, en demandant Ă  la victime de rĂ©aliser certains actes sexuels pour lui, ce que la victime peut exĂ©cuter parce qu'elle pense qu'il s'agit du seul moyen de conserver l'affection du trafiquant. À partir de lĂ , les demandes deviennent de plus en plus poussĂ©es et la victime peut Ă©prouver des difficultĂ©s Ă  s'y soustraire[37]. MĂȘme si les enlĂšvements sont relativement rares, plusieurs victimes en ont subi[39]. Les rĂ©seaux sociaux sont parfois utilisĂ©s pour appĂąter la victime ou pour lui attirer de la clientĂšle[40].

Une fois que la victime est aux mains du criminel, il existe plusieurs stratagĂšmes pour lui restreindre l'accĂšs avec les communications chez elle, par exemple en lui infligeant des punitions corporelles jusqu'Ă  ce qu'elle se plie aux exigences du trafiquant, ou en formulant des menaces de la blesser ou mĂȘme de la tuer ou de tuer sa famille[38]. Parfois, la victime succombe au syndrome de Stockholm parce que le ravisseur prĂ©tend Ă©prouver de l'« amour » et le « besoin d'elle », allant jusqu'Ă  lui promettre le mariage et une stabilitĂ© dans l'avenir. Ce stratagĂšme est particuliĂšrement redoutable contre les plus jeunes victimes, qui par manque d'expĂ©rience sont plus fragiles face aux manipulations[41].

En Inde, les trafiquants qui conduisent des jeunes filles vers la prostitution sont souvent des femmes qui, elles-mĂȘmes, ont Ă©tĂ© victimes de trafiquants. Une fois adultes, elles exploitent leurs relations personnelles ou la confiance dont elles bĂ©nĂ©ficient dans leur village d'origine pour recruter d'autres filles[42]. Par ailleurs, certains travailleurs sexuels migrants (en) peuvent tomber aux mains de trafiquants car les femmes savent qu'elles vont exercer une activitĂ© de prostitution ; nĂ©anmoins, leur « employeur » leur a fourni une prĂ©sentation fausse de leurs conditions d'exercice. Par consĂ©quent, elles deviennent exploitĂ©es, Ă  cause d'une vision faussĂ©e des conditions d'exercice de leurs activitĂ©s une fois arrivĂ©es dans le pays de destination[43] - [44].

Trafic sous le contrÎle de réseaux criminels

Le trafic sexuel aux mains de bandes criminelles prĂ©sente de nombreux points communs avec celui menĂ© par des proxĂ©nĂštes. Ils se diffĂ©rencient principalement par le fais que les bandes criminelles forment un groupe Ă©tendu de personnes, lĂ  oĂč le trafic par un proxĂ©nĂšte est dirigĂ© par un individu isolĂ©[45]. En gĂ©nĂ©ral, les membres d'un rĂ©seau criminel sont censĂ©s ou forcĂ©s de participer Ă  des activitĂ©s de nature criminelle ou violente. Ces comportements criminels peuvent recouvrir des activitĂ©s comme la distribution de drogues, le vol qualifiĂ©, le trafic de stupĂ©fiants, l'extorsion, le meurtre[46]...

L'un des moyens de rĂ©colter de l'argent, mĂȘme si le rĂ©seau n'est pas affiliĂ© Ă  une bande criminelle, est la traite sexuelle des ĂȘtres humains. Les rĂ©seaux criminels se tournent vers le trafic sexuel car cette activitĂ© est considĂ©rĂ©e comme moins dangereuse et plus lucrative que le trafic de stupĂ©fiants[47]. Les rĂ©seaux criminels peuvent obtenir de l'argent plus rapidement et en quantitĂ© supĂ©rieure en vendant le corps d'autrui, et les risques d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© sont moindres[48]. Dans certaines circonstances, des bandes criminelles concluent une alliance avec leurs homologues sur un mĂȘme territoire et s'organisent en rĂ©seau de trafic sexuel.

Plusieurs raisons peuvent prĂ©sider Ă  cette dĂ©cision des bandes criminelles. L'une des motivations est que cette alliance leur permet d'Ă©changer des filles, des femmes, des garçons ou des hommes. Leurs clients ont ainsi accĂšs Ă  une « gamme » plus Ă©tendue. Les clients sont souvent prĂȘts Ă  payer plus cher pour une expĂ©rience sexuelle avec une personne qu'ils n'ont pas encore exploitĂ©e. Une autre motivation poussant les bandes criminelles Ă  se partager les femmes et filles est qu'ils brouillent les pistes auprĂšs des organismes d'application des lois, ce qui permet d'Ă©chapper aux enquĂȘtes concluantes[46].

Comme chez les proxĂ©nĂštes, les rĂ©seaux criminels sĂ©lectionnent leurs victimes et gagnent sa confiance grĂące aux techniques de grooming. Cette phase consiste Ă  offrir des cadeaux, flatter la victime, lui rĂ©server des attentions pour instaurer une relation affective et psychologique entre la victime et les trafiquants. Ces stratagĂšmes sont parfois dĂ©signĂ©s sous le nom de « mĂ©thode RomĂ©o »[49]. La victime subit des procĂ©dĂ©s de manipulation : un membre du rĂ©seau l'emmĂšne dans un restaurant Ă©lĂ©gant, la couvre de cadeaux somptueux, l'emmĂšne dans des fĂȘtes oĂč elle reçoit un accĂšs illimitĂ© Ă  de l'alcool et Ă  des drogues. Le trafiquant en profite pour repĂ©rer les faiblesses de la victime, dĂ©couvrir ses fragilitĂ©s ; une fois ces Ă©lĂ©ments identifiĂ©s, ils les retournent contre la victime[50].

Les membres d'une bande criminelle tendent souvent Ă  arborer des vĂȘtements ou couleurs identiques pour montrer leur engagement ou leur loyautĂ© au gang ; certains tatouent les victimes de trafic sexuel pour montrer qu'elle leur appartient[51]. Des rĂ©seaux tatouent les victimes de force pour en revendiquer la propriĂ©tĂ©[52].

Trafic sexuel intra-familial

Dans le trafic sexuel intra-familial, la victime est dominĂ©e par des membres de sa famille, qui la livrent Ă  l'exploitation sexuelle en contrepartie de biens de valeur, comme des drogues ou de l'argent. Cette variante est la plus courante dans le trafic sexuel de mineurs (par exemple, une mĂšre peut laisser son petit ami abuser d'un enfant en Ă©change d'un logement). D'aprĂšs une enquĂȘte, 60 % de toutes les victimes mineures de ce trafic sont apparentĂ©es au trafiquant[53]. Une autre enquĂȘte montre que le trafic intra-familial est le plus souvent orchestrĂ© par la mĂšre : elle est le principal trafiquant dans 64,5 % des cas. Le trafiquant est le pĂšre dans 32,3 % des cas, et il s'agit d'un autre membre de la famille dans 3,2 % des cas[54]. Il peut ĂȘtre difficile d'identifier le trafic intra-familial parce que les enfants qui en sont victimes ont souvent davantage de libertĂ© et parfois, ils continuent de frĂ©quenter l'Ă©cole et les activitĂ©s pĂ©riscolaires. Les enfants ne comprennent pas toujours qu'ils font l'objet d'un trafic, ou alors ils ne voient aucun moyen de s'y soustraire. Pour certains auteurs, le trafic intra-familial est la forme de trafic sexuel la plus courante sur le sol des États-Unis[37] - [55].

Cette forme de trafic sexuel est aussi extrĂȘmement courante hors des États-Unis. De nombreuses familles vivant dans des secteurs pauvres (Inde, ThaĂŻlande, Philippines, etc) sont confrontĂ©es Ă  des problĂšmes tels que le rĂšglement d'une dette ou les traditions, qui conduisent Ă  vendre un enfant, le plus souvent une fille. En ThaĂŻlande, la tradition appelĂ©e bhun kun veut que la plus jeune fille d'un couple devienne responsable, sur le plan Ă©conomique, de ses parents quand ils deviennent ĂągĂ©s. Kara Siddharth a interrogĂ© une jeune victime qui dĂ©clare que, mĂȘme si elle dĂ©teste l'hommeavec qui elle vit, « elle se sent fiĂšre de remplir ses devoirs envers ses parents, car le propriĂ©taire du bordel envoie de petites sommes d'argent Ă  son pĂšre une fois que la dette issue du trafic est payĂ©e ». Dans ce pays, comme dans de nombreux autres, les classes sociales les plus prĂ©caires se tournent vers cette source de revenus. De nombreux enfants sont vendues pour rembourser une dette ou, tout simplement, pour que la famille puisse se nourrir pendant un mois[56] - [57].

Trafic sexuel par Internet

Le trafic sexuel par Internet repose sur le trafic d'ĂȘtres humains et sur la diffusion en direct par Internet d'actes sexuels contraints ou de viols filmĂ©s au moyen d'une webcam[58] - [59] - [60]. Les victimes sont enlevĂ©es, menacĂ©es ou victimes d'une imposture puis livrĂ©es Ă  des « antres du cybersexe » (cybersex dens)[61] - [62] - [63]. Ces « antres » peuvent renvoyer Ă  n'importe quel lieu oĂč les trafiquants sexuels par Internet disposent d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone dotĂ© d'une connexion Ă  Internet[59]. Les criminels passent par les rĂ©seaux sociaux, les visioconfĂ©rences, les sites de partage de vidĂ©os pornographiques, les sites de rencontre, les salons de discussion, les applications mobiles, le dark web[64] et d'autres interfaces[65].

Ce type de trafic sexuel a explosé depuis l'avÚnement de l'Úre numérique[58] - [59] et le développement des systÚmes de paiement en ligne[64] - [66] - [67] et des cryptomonnaies qui permettent de dissimuler l'identité des auteurs des transactions[68]. Chaque année, les autorités reçoivent des millions de signalement d'abus sexuels par Internet[69]. Au XXIe siÚcle, la lutte contre cette forme de criminalité appelle de nouvelles législations et de nouvelles procédures policiÚres[70].

Mariage forcé

Le mariage forcé est une union conjugale dans laquelle l'une des parties, voire les deux, sont mariées sans avoir formulé librement leur consentement[71].

Le « mariage servile » est un mariage dans lequel l'une des parties fait l'objet d'une vente, d'un transfert de propriĂ©tĂ© ou d'un hĂ©ritage[72]. D'aprĂšs l'ECPAT, « le trafic d'enfant Ă  des fins de mariage forcĂ© n'est qu'une dĂ©clinaison de la traite des ĂȘtres humains, et cette variante n'est pas circonscrite Ă  une nationalitĂ© ou Ă  un pays en particulier »[73].

Un mariage forcĂ© peut correspondre Ă  une forme de traite d'ĂȘtres humains dans certaines situations. Ainsi, lorsqu'une femme est dĂ©placĂ©e Ă  l'Ă©tranger, forcĂ©e de se marier puis obligĂ©e d'accepter des actes sexuels avec son « conjoint », son expĂ©rience relĂšve du trafic sexuel. Si la « mariĂ©e » est traitĂ©e comme esclave domestique par son nouveau « mari » et/ou par la famille de celui-ci, alors il s'agit d'une forme de « trafic liĂ© au travail forcĂ© »[74].

D'aprĂšs l'ONU, entre 2011 et 2020, environ 140 millions de jeunes filles de moins de 15 ans (soit 39 000 chaque jour) sont contraintes d'accepter un mariage prĂ©coce[75]. Le mariage forcĂ©, que les Nations unies qualifient de « forme d'esclavage contemporain », est conclu sans le consentement rĂ©el de l'homme ou de la femme et il est corrĂ©lĂ© Ă  des menaces formulĂ©es par la famille de l'Ă©pouse ou de l'Ă©poux. Le mariage forcĂ© peut aussi se produire aux États-Unis, oĂč il est nĂ©cessaire de clarifier ce qui constitue un mariage forcĂ©[55].

Profils des victimes

Les victimes de trafic sexuel ne correspondent pas Ă  un seul profil. La majoritĂ© sont des femmes, mĂȘme s'il n'est pas rare que des hommes ou garçons y tombent aussi. Les victimes sont piĂ©gĂ©es plus exploitĂ©es sur l'ensemble de la planĂšte et elles sont issues de milieus variĂ©s ; toutes les tranches d'Ăąge, les origines ethniques et les segments socio-Ă©conomiques y sont reprĂ©sentĂ©s. NĂ©anmoins, certains groupes sociaux sont plus exposĂ©s Ă  tomber aux mains de trafiquants Ă  des fins d'exploitation sexuelle : les personnes les plus en danger sont les jeunes sans-abri et en fugue, les Ă©trangers venus d'un autre pays (surtout s'ils appartiennent Ă  une classe socioĂ©conomique dĂ©favorisĂ©e), celles qui ont subi des sĂ©vices physiques, psychiques ou sexuels, des traumatismes violents, des maltraitances, ainsi que celles qui prĂ©sentent de faibles rĂ©sultats scolaires et des carences en compĂ©tences sociales[2] - [76]. En outre, d'aprĂšs une enquĂȘte auprĂšs de travailleuses du sexe au Canada, 64 % d'entre elles sont passĂ©es par les circuits d'aide sociale Ă  l'enfance dans leur jeunesse (y compris les familles d'accueil et les foyers pour jeunes)[2]. Cette enquĂȘte, menĂ©e par Kendra Nixon, illustre les riques pesant sur les jeunes qui sont passĂ©s par l'aide sociale Ă  l'enfance, Ă  savoir les probabilitĂ©s plus Ă©levĂ©es qu'ils deviennent travailleurs du sexe[2].

Aux États-Unis, des recherches montrent que les facteurs de risques citĂ©s ci-dessus se vĂ©rifient chez les victimes de trafic sexuel, mĂȘme si aucun de ces facteurs ne peut constituer la cause principale de l'exploitation[14]. Ainsi, plus de 50 % des victimes de trafic sexuel sur le territoire national ont traversĂ© une phase de vie sans abri[14]. Les perturbations familiales, comme le divorce ou le dĂ©cĂšs d'un parent, aggravent les risques qu'un mineur ne soit aspirĂ© dans le trafic sexuel ; cependant, la vie familiale, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, influence les risques pour les enfants. Selon une Ă©tude auprĂšs de jeunes victimes de trafic sexuel en Arizona, entre 20 % et 40 % des femmes ou filles victimes dĂ©clarent avoir subi des maltraitances (violence physique ou abus sexuel) Ă  la maison avant de tomber dans la spirale de l'esclavage sexuel[14]. Parmi les garçons ou hommes, une proportion moindre — entre 0 et 30 % — dĂ©clarent avoir subi des maltraitances chez eux[14].

Le principal moteur qui pousse une femme (ou, Ă©ventuellement, une jeune fille mineure) Ă  cĂ©der aux avances d'un trafiquant sont les perspectives d'une amĂ©lioration Ă©conomique pour elle-mĂȘme ou pour sa famille. D'aprĂšs une enquĂȘte sur les pays d'origine du trafic sexuel, la plupart des victimes n'appartiennent Ă  la classe la plus prĂ©caire dans le pays d'origine et les victimes tendent Ă  ĂȘtre des femmes issues de pays oĂč elles disposent d'une certaine libertĂ© pour voyager ainsi que d'une certaine autonomie Ă©conomique[77].

Il existe de nombreuses entreprises factices mais dont la présentation est suffisamment réaliste pour convaincre des personnes de se présenter pour un poste. Certaines de ces prétendues sociétés sont connues pour servir de paravent à des activités illégales visant à piéger des victimes[78].

Les enfants sont exposĂ©s en raison de leurs fragilitĂ©s : naĂŻvetĂ©, taille et tendance Ă  ĂȘtre aisĂ©ment intimidĂ©s[2]. L'Organisation internationale du travail estime sur les 20,9 millions de personnes victimes de traite des ĂȘtres humains dans le monde (quel que soit l'activitĂ©), 5,5 millions sont des enfants[79]. En 2016, selon certaines estimations, environ 1 million d'enfants dans le monde sont victimes de trafic sexuel. Les victimes peuvent ĂȘtre aussi bien des filles que des garçons, mĂȘme si les filles sont plus frĂ©quemment ciblĂ©es : selon un rapport des Nations unies, 23 % des victimes de traite des ĂȘtres humains sont des filles et 7 % sont des garçons. Les petites filles victimes de traite risquent davantage de tomber dans l'esploitation sexuelle : le taux d'incidence chez elles correspond Ă  72 %, alors que chez les garçons il tombe Ă  27 %[80].

Aux États-Unis, selon le Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000, il n'est pas nĂ©cessaire que la contrainte soit employĂ©es contre les enfants pour reconnaĂźtre leur statut de victime de trafic sexuel. La lĂ©gislation prĂ©cise qu'un enfant est toute personne ĂągĂ©e de moins de 18 ans ; cependant, les peines sont aggravĂ©es si la victime a moins de 14 ans. Le Bureau of Justice Statistics (en) annonce que 100 000 enfants sont victimes de trafic sexuel, pourtant les tribunaux n'ont jugĂ© que 150 affaires criminelles de trafic sexuel sur mineurs en 2011. Parmi ces 150 affaires criminelles, seules 81 condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es. De nombreux enfants victimes de traite des ĂȘtres humains sont aussi plus exposĂ©s au risque de tomber dans la prostitution, ce qui aux États-Unis constitue un dĂ©lit dont doivent rĂ©pondre les jeunes mĂȘme s'ils n'ont pas atteint l'Ăąge de 18 ans[81].

RĂ©percussions sur les victimes

Les personnes victimes de trafic sexuel subissent les consĂ©quences sur leur santĂ© que les femmes exploitĂ©es Ă  des fins de travail forcĂ©, les personnes victimes de violence familiale et les femmes migrantes[82]. De nombreux travailleurs du sexe contractent des infections sexuellement transmissibles (IST)[14]. D'aprĂšs une enquĂȘte par la London School of Hygiene & Tropical Medicine, « parmi les femmes victimes de trafic que nous avons interrogĂ©es, une sur 23 estimait disposer d'informations suffisantes sur les IST ou sur le VIH au moment de quitter son domicile d'origine »[82]. DĂ©pourvues de connaissances sur la santĂ© sexuelle, les femmes victimes de trafic ne prennent pas forcĂ©ment les prĂ©cautions nĂ©cessaires pour s'en protĂ©ger ; elles contractent ces infections et leur conduite en matiĂšre de santĂ© est mĂ©diocre par la suite[82].

Les rĂ©percussions sur la santĂ© mentale vont de la dĂ©pression Ă  l'anxiĂ©tĂ© voire au Trouble de stress post-traumatique en raison des maltraitances et des violences infligĂ©es par les proxĂ©nĂštes ou par les clients[14]. ConfrontĂ©es Ă  cette dĂ©tresse, de nombreuses victimes dĂ©veloppent des addictions Ă  l'alcool ou aux drogues et adoptent des conduites dangereuses[14]. En outre, les trafiquants contraignent souvent les victimes d'exploitation sexuelle, encore enfants ou adolescentes, Ă  prendre de l'alcool ou des drogues[2]. De nombreuses victimes recourent Ă  ces produits pour survivre Ă  leurs problĂšmes ou pour y Ă©chapper, ce qui favorise la recrudescence des addictions dans cette population[2]. Dans une enquĂȘte longitudinale de 30 ans, J. Potterat et al. concluent que l'espĂ©rance de vie moyenne des femmes piĂ©gĂ©es dans la prostitution au Colorado n'atteint que 34 ans[14].

Mesures de santé publique

Interventions des professionnels de santé

De nombreuses initiatives de santĂ© publique sont instaurĂ©es pour identifier les victimes du trafic sexuel. MĂȘme si peu de mĂ©tiers sont susceptibles de rencontrer des victimes de trafic sexuel, les professionnels de santĂ© forment une exception car ils prĂ©sentent une probabilitĂ© plus Ă©levĂ©e d'entrer en contact avec des personnes qui sont encore prisonniĂšres[83]. Aux États-Unis, le National Human Trafficking Resource Center (gĂ©rĂ© par le Polaris Project) fournit des conseils pour aider les professionnels de la santĂ© Ă  identifier les victimes de trafic sexuel. Le Centre propose des indices permettant de soupçonner l'existence d'une traite d'ĂȘtres humains (ex : rĂ©cits incohĂ©rents ou prĂ©parĂ©s d'avance, rĂ©ticence Ă  rĂ©pondre aux questions sur la maladie ou la blessure, etc) ainsi que des indices pour identifier le trafic sexuel[84]. En outre, le rĂ©seau des Centres a Ă©laborĂ© un ensemble de protocoles Ă  suivre, en milieu mĂ©dical, face Ă  une victime potentielle ou avĂ©rĂ©e. Le protocole vise Ă  offrir Ă  ceux qui interagissent avec ces patients un guide dĂ©taillĂ© sur les procĂ©dures devant une victime potentielle de trafic sexuel[85]. Les professionnels de santĂ© ont aussi accĂšs Ă  une boĂźte Ă  outils, la HEAL Trafficking and Hope for Justice Protocol Toolkit[86], disponible pour les soignants, les travailleux sociaux, les conseillers en santĂ© mentale, les infirmiĂšres et d'autres mĂ©tiers.

Toujours aux États-Unis, les Centers for Disease Control ont Ă©tabli de nouveaux champs pour recueillir des donnĂ©es via l'International Classification of Diseases (ICD) pour mieux identifier et catĂ©goriser les cas de trafic sexuel. Ces nouveaux champs correspondent Ă  des codes dans l'ICD-10-CM : ils sont caractĂ©risĂ©s dans les codes T et Z, qui proposent des classifications sur les cas soupçonnĂ©s ou avĂ©rĂ©s de trafic sexuel[87].

Aux États-Unis, 87,8 % des victimes de trafic sexuel se sont trouvĂ©es en contact avec des professionnels de santĂ©, soit pendant soit aprĂšs la pĂ©riode oĂč elles subissent l'exploitation. Le , l'Office on Trafficking in Persons (qui appartient au dĂ©partement de la SantĂ© et des Services sociaux des États-Unis) obtient le vote de la loi SOAR (Stop, Observe, Ask, and Respond) dans le cadre du Health and Wellness Act de 2018[88]. Il s'agit d'un programme de formation pour doter les professionnels du bagage nĂ©cessaire Ă  l'identification des victimes de la traite des ĂȘtres humains.

En 2014, l'American Medical Women's Association (en) (AMWA) lance le programme Physicians against the trafficking of humans (PATH) pour encourager la profession mĂ©dicale Ă  se sensibiliser Ă  la traite des ĂȘtres humains[89].

Les travailleurs sociaux s'appuient sur trois tactiques principales pour soutenir les victimes de trafic sexuel : angle écologique, angle basé sur les points forts, angle de la victime[90]. Dans l'approche écologique, le travailleur social évalue le contexte et les objectifs pour réintégrer la communauté. En examinant l'impact des systÚmes judiciaires et médicaux auprÚs des victimes, les travailleurs sociaux peuvent les aider à prospecter de futurs métiers, ce qui leur procurera un statut légal et leur permettra de retrouver leur famille. L'approche fondée sur les points forts vise à bùtir une relation de confiance avec le travailleur social pour développer des aptitudes d'autonomie. Enfin, dans l'approche centrée sur la victime, le travailleur social prévoit des services et des perspectives d'avenir qui correspondent aux besoins individuels de la victime. Ces services sont élaborés depuis le point de vue de la victime. Les trois méthodes se sont montrées efficaces pour favoriser le rétablissement des victimes de trafic sexuel[90].

Faciliter les interventions en analysant les tactiques de contrĂŽle

Version abrégée de la « roue du pouvoir et du contrÎle ».

Les trafiquants sexuels exercent différents méthodes pour s'assurer un contrÎle sur leurs victimes, comme les menaces, les agressions physiques et sexuelles, la confiscation de documents légaux nécessaires au voyage et à l'immigration, ainsi que des menaces contre la famille des victimes[91]. L'université du Minnesota à Duluth a publié une « roue du pouvoir et du contrÎle » afin de mieux cibler les interventions relatives aux abus familiaux[92]. Cette roue identifie huit mécanismes principaux pour dominer les victimes, comme l'intimidation, la violence psychologique, l'isolement, le refus, les culpabilisation, la minimisation, les agressions sexuelles, les agressions physiques, l'abus de position d'autorité, l'exploitation économique, la coercition et les menaces. Le développement de cette roue est motivé par la volonté de conseiller et d'informer les groupes de soutien aux victimes de trafic sexuel. Elle décompose les stratagÚmes utilisés contre les victimes afin que le cycle de la violence soit exprimé de façon visuelle, puis enrayé.

Lutte contre le trafic sexuel

Histoire de la législation internationale

La pression internationale pour juguler la traite des femmes et des enfants prend une place de plus en plus importante dans le mouvement de rĂ©formes (en) sociales prĂ©sent aux États-Unis et en Europe vers la fin du XIXe siĂšcle. La lĂ©gislation internationale sanctionnant le trafic des femmes et enfants aboutit Ă  la Convention internationale relative Ă  la rĂ©pression de la traite des blanches en 1904[93]. Ce traitĂ© est modifiĂ© en 1910 avec la Convention internationale relative Ă  la rĂ©pression de la traite des blanches. Le philanthrope amĂ©ricain John D. Rockefeller finance les premiers travaux de recherche internationaux sur le sujet via l'American Bureau of Social Hygiene. La SociĂ©tĂ© des nations, fondĂ©e en 1919, prend la tĂȘte de la coordination internationale des lĂ©gislations visant Ă  abolir la traite des femmes et des enfants. En 1921 se tient la confĂ©rence internationale sur la traite des Blanches ; y assistent les 34 pays qui ont ratifiĂ© le traitĂ© de 1904[94]. La SDN soutient la Convention internationale pour la rĂ©pression de la traite des femmes et des enfants en 1921. En 1923, un comitĂ© est chargĂ© d'enquĂȘter sur la traite des ĂȘtres humains dans 28 pays ; les membres s'entretiennent avec environ 5 000 informateurs et passent deux ans Ă  analyser les donnĂ©es avant de remettre un rapport final. Celui-ci constitue le premier rapport formel sur la traite des femmes et des enfants Ă©mis par un organisme officiel[94].

Les efforts de lutte contre le trafic sexuel sont souvent associĂ©s Ă  la lutte contre la prostitution ; toutefois, cette association soulĂšve souvent des problĂšmes concernant les recours juridiques dont disposent les victimes. Si — en thĂ©orie du moins — les personnes prostituĂ©es exercent leur activitĂ© de leur plein grĂ©, les victimes de trafic y sont contraintes. De nombreux États, conscients de ce fait, ont adoptĂ© des lĂ©gislations qui, dans leurs dispositions relatives Ă  la prostitution, exemptent de poursuites des victimes de trafic sexuel ; nĂ©anmoins, de nombreuses victimes n'en bĂ©nĂ©ficient pas, par manque d'information en matiĂšre juridique et en raison de prĂ©jugĂ©s systĂ©miques[95]. Ainsi, les victimes de trafic sexuel s'exposent souvent aux poursuites pĂ©nales quand elles alertent les autoritĂ©s sur leurs problĂšmes.

Jane Addams, qui fait partie des principales rĂ©formatrices de l'Ăšre progressiste, publie en 1912 A New Conscience and an Ancient Evil, oĂč elle dĂ©veloppe les concepts, encore rĂ©cents, de la traite des Blanches et du travail du sexe. Aux cĂŽtĂ©s d'autres militants, elle combat pour que les personnes contraintes Ă  la prostitution soient reconnues comme victimes d'esclavage sexuel ; elle estime que tout travail du sexe s'inscrit dans l'exploitation des femmes par des hommes plus puissants. Elle pense aussi qu'en abolissant la traite des Blanches, le mouvement en faveur du droit de vote des femmes aux États-Unis gagnerait de nouvelles partisanes. Aux États-Unis, le Mann Act de 1910 s'attaque en partie au problĂšme (voir Histoire de l'esclavage sexuel aux États-Unis).

Nations unies

Le premier protocole international visant Ă  remĂ©dier Ă  l'esclavage sexuel est la Convention pour la rĂ©pression de la traite des ĂȘtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui, Ă©tablie en 1949 par l'Organisation des Nations unies[96]. Cette convention s'aligne sur la conception abolitionniste du trafic sexuel, le considĂ©rant incompatible avec la « avec la dignitĂ© et la valeur de la personne humaine ». Cette convention n'est pas ratifiĂ©e par l'intĂ©gralitĂ© des pays mais elle entre en vigueur en 1951. Ces premiĂšres mesures conduisent, en 2000, Ă  la Convention de Palerme, qui concerne Ă©galement le trafic illicite de personnes. Ces instruments lĂ©gaux forment les composantes du droit international en matiĂšre de traite des ĂȘtres humains.

En 2012, l'ONU rapporte que les filles composent jusqu'Ă  deux tiers de la totalitĂ© des enfants victimes de traite. Sur la totalitĂ© des victimes identifiĂ©es, les filles comptent pour 15 % Ă  20 % et les garçons environ 10 %. Ce rapport de l'ONU se fonde sur les donnĂ©es officielles recueillies dans 132 pays[97]. En 2013, l'ONU adopte une rĂ©solution pour crĂ©er la JournĂ©e mondiale de la lutte contre la traite d'ĂȘtre humains[98] - [99]. La premiĂšre journĂ©e a lieu le et se tient le mĂȘme jour, chaque annĂ©e, depuis lors[98].

Parmi les traités internationaux, figure la Convention sur le consentement au mariage, l'ùge minimum du mariage et l'enregistrement des mariages, entrée en vigueur en 1964.

États-Unis

En 1910, le CongrĂšs des États-Unis adopte une loi pour lutter contre la traite des Blanches, connue sous le nom de Mann Act, qui pĂ©nalise le transport de femmes entre États Ă  des fins de « prostitution, de dĂ©bauche ou pour d'autres desseins immoraux ». Son principal objectif dĂ©clarĂ© est de juguler la prostitution, l'immoralitĂ© et la traite des ĂȘtres humains, surtout quand elle vise la prostitution, mais l’ambiguĂŻtĂ© du terme « immoralitĂ© » a, dans les faits, criminalisĂ© le mariage « interracial » et a interdit aux femmes seules de traverser les frontiĂšres pour commettre des actes rĂ©prouvĂ©s par la morale. En 1914, parmi les femmes arrĂȘtĂ©es en vertu du Mann Act car elles ont traversĂ© une frontiĂšre entre États, 70 % des dĂ©fenderesses sont accusĂ©es de prostitution volontaire. La reprĂ©sentation des esclaves sexuelles Ă©volue : au lieu de femmes blanches, la population les voit comme des femmes rĂ©duites en esclavage venues de pays oĂč rĂšgne une grande pauvretĂ©. Les lĂ©gislateurs amĂ©ricains commencent alors Ă  adopter des lois pour empĂȘcher les Ă©trangers d'entrer sur le sol national afin d'enrayer le problĂšme. C'est ainsi que sont votĂ©es les lois Emergency Quota Act en 1921, Immigration Act of 1924 pour rĂ©duire l'entrĂ©e des migrants venus d'Europe et d'Asie sur le territoire amĂ©ricain. AprĂšs l'Ă©tablissement de ces restrictions dans les annĂ©es 1920 (assouplies par Immigration and Nationality Act of 1952 (en) et l'Immigration and Nationality Act of 1965), la traite des ĂȘtres humains n'est plus vue comme un problĂšme majeur jusqu'aux annĂ©es 1990[100].

Vers la fin du mandat de Bill Clinton, le CongrĂšs vote la loi Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 (TVPA), qui vise Ă  lutter contre la traite des ĂȘtres humains dans son ensemble[16]. Sous l'administration Bush, la lutte contre le trafic sexuel dans le cadre du TVPA devient une prioritĂ© : participer Ă  la traite ou au trafic sexuel est assimilĂ© Ă  un esclavage contemporain[16]. Le TVPA propose une gamme de services aux victimes de traite ou de trafic sexuel, renforce les capacitĂ©s de poursuites contre les trafiquants en incitant les victimes Ă  coopĂ©rer, renforce l'Ă©ducation sur la traite et dote les organismes d'application des lois d'une formation spĂ©cifique pour identifier ce type de crime[6] - [18] - [21]. Le TVPA peut aussi collecter des fonds pour les soins aux victimes de trafic afin de les pourvoir de refuges, d'alimentation, de formation et de prĂȘts. Le TVPA instaure aussi deux conditions pour qu'un migrant puisse bĂ©nĂ©ficier du T visa : d'abord, le migrant doit prouver qu'il est victime de traite ; ensuite, il doit accepter de coopĂ©rer avec les autoritĂ©s pour assigner en justice les trafiquants. Il existe des objections sur la charge de la preuve qui pĂšse sur les plaignants[21]. En fĂ©vrier 2020, le DĂ©partement de la Justice des États-Unis crĂ©e un centre d'appel pour les victimes de traite : la Trafficking in Persons and Worker Exploitation Task Force hotline ; ce dispositif a permis d'ouvrir davantage de dossiers judiciaires sur la traite des ĂȘtres humains[16]. En 2001 ouvre l'Office to Monitor and Combat Trafficking in Persons[16]. Le TVPA est plusieurs fois amendĂ© pour amĂ©liorer son efficacitĂ© contre les trafiquants[18] - [16]. Le DĂ©partement d'État des États-Unis publie chaque annĂ©e un Rapport sur le trafic des personnes, qui recense les progrĂšs des États-Unis et d'autres pays dans la lutte pour dĂ©manteler les rĂ©seaux de trafiquants d'ĂȘtre humains, arrĂȘter leurs membres et soutenir les victimes[16] - [101] - [102] - [103].

Au niveau des diffĂ©rents États, les lĂ©gislations contre le trafic sexuel varient dans leurs dĂ©finitions et leurs angles[21]. La lĂ©gislation californienne offre une protection juridique aux femmes pour qu'elles puissent choisir leur voie hors des circuits pĂ©naux et trouver des ressources sur le plan civil[22]. Au Connecticut, en plus des lois protectrices pour les victimes mineures de trafic sexuel, l'État met l'accent sur l'information auprĂšs des employĂ©s dans l'industrie hĂŽteliĂšre afin qu'ils soient en mesure d'identifier le trafic sexuel[21].

En juillet 2019, le Federal Bureau of Investigation (FBI) mĂšne une opĂ©ration sur un mois pour dĂ©celer et arrĂȘter les trafiquants sexuels et rĂ©cupĂ©rer les enfants qui en sont victimes. Plus de 100 enfants victimes de trafic sexuel sont sauvĂ©s sur le territoire national Ă  travers cette initiative appelĂ©e Operation Independence Day. En outre, 67 personnes soupçonnĂ©es de participer au trafic sont arrĂȘtĂ©es[104].

Conseil de l'Europe

Le Conseil de l'Europe a complĂ©tĂ© son dispositif avec la Convention sur la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels signĂ©e en 2007. La Convention entre en vigueur le [105]. En novembre 2020, la Convention est ratifiĂ©e par 47 États (l'Irlande a signĂ© mais pas encore ratifiĂ©)[106]. Cette Convention vise Ă  proposer un cadre pour un systĂšme de surveillance autonome et efficace qui tient les États membres pour responsables des mesures destinĂ©es Ă  juguler la traite des ĂȘtres humains et Ă  offrir une protection aux victimes[107]. Afin de surveiller l'application de la Convention, le COE a fondĂ© un groupe spĂ©cifique : le Group of Experts on Action against Trafficking in Human Beings (GRETA)[108].

Autres mesures gouvernementales

Les divers gouvernements prennent des mesures variĂ©es pour lutter contre la traite des ĂȘtres humains[109]. Certaines politiques peuvent se prĂ©senter sous la forme de :

  • nouvelles lĂ©gislations pour pĂ©naliser la traite des ĂȘtres humains ;
  • coopĂ©rations entre les organismes d'application des lois et les organisations non gouvernementales ;
  • favoriser la sensibilisation envers le problĂšme.

Trois leviers peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour sensibiliser au problĂšme. En premier, les gouvernements peuvent sensibiliser les victimes potentielles, surtout dans les pays oĂč la traite des ĂȘtres humains est prĂ©sente. DeuxiĂšmement, le gouvernement peut sensibiliser dans les rangs de la police, des travailleurs sociaux et des agents de l'immigration pour qu'ils disposent des informations nĂ©cessaires pour rĂ©agir avec efficacitĂ© quand ils rencontrent un problĂšme de traite. Enfin, dans les pays oĂč la prostitution est lĂ©gale ou semi-lĂ©gale, le gouvernement peut sensibiliser les clients de la prostitution pour qu'ils soient attentifs aux indices laissant soupçonner un problĂšme de traite. En gĂ©nĂ©ral, les modes de sensibilisation passent par la tĂ©lĂ©vision, des films documentaires, des communications par Internet et des affiches[110].

Inactions et politiques inefficaces

De nombreux pays ont reçu des critiques quant Ă  leur inaction, ou Ă  l'inefficacitĂ© de leurs actions. Ces critiques portent sur l'incapacitĂ© des gouvernements Ă  identifier correctement les victimes de la traite et Ă  les protĂ©ger, sur leur adoption de politiques migratoires qui risquent Ă  terme d'infliger une double peine aux victimes de traite, y compris en les expulsant, et sur leurs actions inefficaces pour favoriser la protection des populations vulnĂ©rables qui risquent de tomber aux mains des trafiquants[111] - [112]. Les critiques ont particuliĂšrement ciblĂ© les rĂ©ticences de certains pays Ă  juguler la traite des ĂȘtres humains si elle ne concerne pas l'exploitation sexuelle[113] - [114] - [115].

Effets pervers de certaines législations

Des Ă©tudes sur le travail du sexe et la lutte contre le trafic sexuel (Ă  savoir les politiques pour lutter contre ce trafic et aide les victimes) ont suscitĂ© des objections : certaines mesures nationales et internationales, certaines stratĂ©gies d'application des lois et certains efforts des militants en faveur des personnes victimes de trafic sexuel et des travailleurs du sexe prĂ©sentent un risque d'effets pervers. Ainsi, quand les États-Unis ont assignĂ© le Japon dans la catĂ©gorie de niveau 2 selon le Rapport sur le trafic des personnes en 2004[116], le gouvernement japonais a durci les procĂ©dures pour l'octroi d'un visa d'artiste (entertainer visa), que les migrants demandent parfois pour travailler dans des organisations de l'industrie du sexe[117]. Or, les nouvelles rĂ©glementations ont fourni Ă  des tiers l'occasion d'exploiter des migrants tout en limitant les droits des migrants Ă  quitter leur employeur si les conditions de travail sont mĂ©diocres ou en imposant des pratiques restrictives, comme la confiscation des passeports[118] - [117]. Dans certains pays, les agents chargĂ©s de l'application des lois font l'objet de critiques car ils incitent les travailleurs du sexe, y compris ceux qui ne sont pas victimes de trafic, Ă  se dĂ©clarer victimes de trafic pour Ă©chapper aux peines de prison s'ils sont accusĂ©s de prostitution[34].

Organisations non gouvernementales

De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) interviennent sur le problÚme du trafic sexuel. Il existe des organisations dirigées par des survivants et survivantes du trafic sexuel, et qui visent à proposer des services aux victimes d'exploitation, comme Girls Educational and Mentoring Services fondée par Rachel Lloyd en 1998.

L'une des ONG majeures est International Justice Mission (IJM), basĂ©e aux États-Unis. Cette organisation confessionnelle vise Ă  secourir les victimes de traite des ĂȘtres humains[119]. IJM reçoit plus de 900 000 dollars de la part du gouvernement amĂ©ricain[120].

Les ONG, en gĂ©nĂ©ral trĂšs bien intentionnĂ©es dans la lutte contre le trafic sexuel, sont souvent financĂ©es depuis les pays occidentaux pour agir dans des lieux oĂč la culture est trĂšs diffĂ©rente. D'aprĂšs certaines enquĂȘtes, les employĂ©s d'ONG occidentales mettent du temps pour s'adapter Ă  la culture de la communautĂ© oĂč les services sont proposĂ©s. Ce dĂ©calage provoque souvent un manque de connexion entre les ONG et les communautĂ©s locales. Les employĂ©s des ONG sont chargĂ©s de relayer le rĂ©cit des personnes victimes de trafic sexuel. Or, cette situation induit souvent une structure hiĂ©rarchique : les voix les ONG occidentales semblent plus lĂ©gitimes que celles des personnes qu'elles aident. Finalement cette position renforce la notion essentialisante que les femmes du Tiers monde seraient « arriĂ©rĂ©es »[113] - [121] - [122].

Le Japon représente une plaque tournante du trafic sexuel. Au cours de l'histoire japonaise, le travail du sexe était légal. Le gouvernement rencontre donc des difficultés à distinguer les prestations sexuelles légales de celles qui ne le sont pas. Les ONG s'efforcent d'aider les pays qui peinent à séparer les deux catégories mais elles sont peu soutenues, à l'échelle nationale, sur le territoire japonais[123].

Campagnes et initiatives

Les campagnes d'information sont « des efforts, dirigés et financés par les gouvernements pour communiquer au public, ou à un segment du public, afin d'obtenir un certain résultat dans les pratiques »[121] - [124].

En 1994 est fondée la Global Alliance Against Traffic in Women pour lutter contre la traite des femmes sous quelque forme que ce soit. Cette alliance compte plus de 100 ONG agissant en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique latine, aux Caraïbes et en Amérique du Nord.

Au cours des dix derniĂšres annĂ©es, l'Espagne a connu une forte hausse du trafic sexuel. Face Ă  cette crise, des mouvements sociaux, des associations et des institutions gouvernementales ont adoptĂ© certains dispositifs comme le DeuxiĂšme Plan National contre le Trafic Sexuel ainsi que des lois pour lutter contre le trafic sexuel. Des chercheurs ont examinĂ© ces campagnes de lutte contre le trafic sexuel en Espagne entre 2008 et 2017 : nombre d'entre elles valorisent le rĂ©cit des victimes, prĂ©sentĂ©es comme faibles et vulnĂ©rables, au lieu de se focaliser sur le crime du trafic sexuel lui-mĂȘme et sur le systĂšme Ă©conomique qui lui permet de prospĂ©rer. D'aprĂšs les chercheurs, cette prĂ©sentation des rĂ©cits privent les victimes de leur autonomie en insistant sur leur vulnĂ©rabilitĂ© et leur innocence. Selon les chercheurs, les carences en termes d'information entravent la rĂ©ussite de ces campagnes. En effet, ces campagnes diffusent des chiffres vertigineux sur les femmes victimes d'exploitations sexuelle mais elles ne dĂ©gagent pas les mĂ©canismes qui favorisent le dĂ©veloppement du trafic[125].

Si la mondialisation a favorisĂ© l'Ă©mergence de nouvelles technologies susceptibles de concourir au trafic sexuel, d'autres technologies peuvent aussi se dĂ©velopper pour soutenir la lutte contre ce trafic. D'aprĂšs une Ă©tude sur les petites annonces en ligne autour du Super Bowl, plusieurs rapports montrent que le trafic sexuel augmente dans les annĂ©es qui le prĂ©cĂšdent[126]. En amont du Super Bowl qui s'est tenu Ă  Dallas en 2011, la version locale du site Backpage a connu une hausse de 136 % des messages dĂ©posĂ©s dans la catĂ©gorie « annonces pour adultes » le dimanche de la coupe. Or, le dimanche est habituellement le jour oĂč paraissent le moins d'annonces pour adultes. Des chercheurs ont analysĂ© les termes les plus significatifs de ces petites annonces en ligne et ont dĂ©couvert que les expressions les plus frĂ©quentes laissent penser que de nombreuses escort du pays se rendaient Ă  Dallas pour l'Ă©vĂšnement sportif. MalgrĂ© l'agitation mĂ©diatique sur une prĂ©tendue hausse du trafic sexuel pendant le Super Bowl, les chercheurs et les militants anti-trafic estiment qu'il s'agit d'un mythe et que, mĂȘme si le marchĂ© de la prostitution monte lĂ©gĂšrement pendant des Ă©vĂšnements d'envergure, le trafic sexuel est un problĂšme prĂ©sent Ă  longueur d'annĂ©e[127] - [128].

Place des hommes et des garçons dans la lutte mondiale contre le trafic sexuel

Le manque de dialogue, de soutien moral et d'aide juridique ou sociale, joint aux carences des travaux universitaires sur l'exploitation sexuelle des hommes et des garçons, s'inscrivent dans un discours social plus vaste concernant la sexualitĂ© des hommes, leur domination et leur comportement. Les reprĂ©sentations diffusĂ©es par les mĂ©dias sur la masculinitĂ© et la domination sexuelle concourent Ă  nourrir le prĂ©jugĂ© voulant que les hommes et garçons ne puissent ĂȘtre des victimes, y compris en matiĂšre de dĂ©linquance sexuelle. Le manque de connaissance et d'attention du public sur la victimation des hommes et de garçons se manifeste de façon flagrante dans la qualitĂ© des services proposĂ©s et dans l'encadrement lĂ©gal dont bĂ©nĂ©ficient les hommes ou garçons victimes de trafic sexuel[129]. Certains experts Ă©voquent l'« impression de dĂ©brouillardise et de rĂ©sistance des jeunes gens » : elle reprĂ©sente un frein puissant aux dĂ©marches des hommes et garçons cherchant un appui contre des sĂ©vices sexuels et elle dĂ©courage l'Ă©mergence de services inclusifs envers eux dans la lutte contre le trafic[130]. Dans les quelques rĂ©seaux prĂ©sents pour les hommes ou garçons victimes de trafic, les fragilitĂ©s spĂ©cifiques des diffĂ©rentes populations issues de diverses rĂ©gions du monde — s'agissant de leur nationalitĂ©, de leur statut de migrant, de leur orientation sexuelle, de leur usage des drogues, de leur statut socio-Ă©conomique, de leur santĂ©, situation familiale, etc — sont rarement prises en compte, ce qui laisse de nombreuses personnes hors du champ de l'aide. Les hommes ou garçons victimes de trafic sexuel portent un double fardeau : l'homosexualitĂ© et, au sens large, le travail du sexe. Ce fardeau impose des obstacles trĂšs difficiles aux hommes ou garçons qui cherchent de l'aide ou mĂȘme qui souhaitent s'organiser de façon autonome. Selon certains chercheurs, les hommes ou garçons victimes de trafic subissent aussi davantage de violences policiĂšres que leurs homologues fĂ©minines[131].

Notes et références

  1. (en) Siddharth Kara, Sex Trafficking: Inside the Business of Modern Slavery, Columbia University Press, (ISBN 9780231139618, lire en ligne)
  2. (en) Gretchen Hammond et Mandy McGlone, « Entry, Progression, Exit, and Service Provision for Survivors of Sex Trafficking: Implications for Effective Interventions », Global Social Welfare, vol. 1, no 4,‎ , p. 157-168 (DOI 10.1007/s40609-014-0010-0 AccĂšs libre), citing (en) Maria Beatriz Alvarez, Edward J. Alessi, « Human trafficking is more than sex trafficking and prostitution: implications for social work », Affilia, vol. 27, no 2,‎ , p. 142-152 (DOI 10.1177/0886109912443763, S2CID 59404870)
  3. (en) « ILO 2012 Global estimate of forced labour - Executive summary », International Labour Organization (consulté le )
  4. Odhiambo, Agnes & Barr, Heather. (2 Aug 2019). "Opinion:Trafficking survivors are being failed the world over." Al Jazeera website Retrieved 4 August 2019.
  5. International Labour Organization. (19 septembre 2017). Press Release:40 million in modern slavery and 152 million in child labour around the world. International Labour Organization website Retrieved 4 August 2019.
  6. (en) Susan Tiefenbrun, « The Saga of Susannah A U.S. Remedy for Sex Trafficking in Women: The Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 », Utah Law Review, vol. 107,‎
  7. Daffron, Joshua W. (Dec 2011). "Combating Human Trafficking: Evolution of State Legislation and the Policies of the United Kingdom and France." Thesis, M.A. Monterey, Calif.:Department of National Security Affairs. Naval Postgraduate School. Defense Technical Information Center website Retrieved 2 December 2018.
  8. Tiziana Luise. (2005). “Are human rights becoming burdensome for our economies? The role of slavery-like practices in the development of world economics and in the context of modern society,” Rivista Internazionale Di Scienze Sociali, 113(3): 473.
  9. "Human Trafficking by the Numbers". (January 7, 2017). Human Rights First website Retrieved 2 December 2018.
  10. (en) Michelle Madden Dempsey, Carolyn Hoyle et Mary Bosworth, « Defining Sex Trafficking in International and Domestic Law: Mind the Gaps », Emory International Law Review, vol. 26, no 1,‎
  11. (en) « United Nations Treaty Collection »
  12. United Nations, « Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants »,
  13. « L’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale adopte le Plan d’action mondial de l’ONU contre la traite des personnes dont l’évaluation de sa mise en Ɠuvre aura lieu en 2013 », sur un.org, .
  14. (en) Candace Lew, « Sex Trafficking of Domestic Minors in Phoenix, Arizona: A Research Project », (consulté le )
  15. (en) « Victims of Trafficking and Violence Protection Act of 2000 », sur U.S. Department of State (consulté le )
  16. (en) Susan W. Tiefenbrun, « Updating the Domestic and International Impact of the U.S. Victims of Trafficking Protection Act of 2000: Does Law Deter Crime? », Case Western Reserve Journal of International Law, vol. 38, no 2,‎ , p. 249–280
  17. (en) Jacquelyn Monroe, « Women in Street Prostitution: The Result of Poverty and the Brunt of Inequity », Journal of Poverty, vol. 9, no 3,‎ , p. 69–88 (ISSN 1087-5549, DOI 10.1300/J134v09n03_04, S2CID 143535787)
  18. (en) J Elrod, « Filling the Gap: Refining Sex Trafficking Legislation to Address the Problem of Pimping », Vanderbilt Law Review, vol. 3,‎ , p. 961–996
  19. (en) D. A. Gibbs, J. L. Walters, A. Lutnick, S Miller et M Kluckman, « Services to Domestic Minor Victims of Sex Trafficking: Opportunities of Engagement and Support », Children and Youth Services Review, vol. 54,‎ , p. 1–7 (DOI 10.1016/j.childyouth.2015.04.003)
  20. (en) J M Greene, S T Ennett et C L Ringwalt, « Prevalence and correlates of survival sex among runaway and homeless youth », American Journal of Public Health, vol. 89, no 9,‎ , p. 1406–1409 (ISSN 0090-0036, PMID 10474560, PMCID 1508758, DOI 10.2105/AJPH.89.9.1406)
  21. (en) K. M. Forbes, « Highways and Byways: Following Connecticut's Path in Creating Holistic Domestic Sex Trafficking Laws in Indiana », Indiana Law Review, vol. 51,‎ , p. 499–523 (DOI 10.18060/4806.1195 AccĂšs libre)
  22. (en) S Cavalieri, « Between Victim and Agent: A Third-Way Feminist Account of Trafficking for Sex Work », Indiana Law Journal, vol. 86, no 4,‎ , p. 1409–1458
  23. "Sex Trafficking of Women in the United States." International Sex Trafficking of Women & Children: Understanding the Global Epidemic, by Leonard Territo, Looseleaf Law Publications, Inc., 2015, p. 1–13.
  24. (en-US) « What We Know About How Child Sex Trafficking Happens », sur polarisproject.org, (consulté le )
  25. (en) Kimberly Kotrla, « Sex Trafficking of Minors in the U.S.: Implications for Policy, Prevention and Research », Journal of Applied Research on Children: Informing Policy for Children at Risk, vol. 2,‎ (lire en ligne)
  26. (en) nancy.cao, « UNODC – Human Trafficking », sur unodc.org (consultĂ© le )
  27. (en) diana.teixeira, « FAQs », sur unodc.org (consulté le )
  28. (en) SHELDON X. ZHANG, MICHAEL W. SPILLER, BRIAN KARL FINCH et YANG QIN, « Estimating Labor Trafficking among Unauthorized Migrant Workers in San Diego », The Annals of the American Academy of Political and Social Science, vol. 653,‎ , p. 65–86 (DOI 10.1177/0002716213519237, JSTOR 24541775, S2CID 145801614)
  29. (en-US) « Major Forms of Trafficking in Persons », sur U.S. Department of State (consulté le )
  30. (en) Jay Levy et Pye Jakobsson, « Abolitionist feminism as patriarchal control: Swedish understandings of prostitution and trafficking », Dialectical Anthropology, vol. 37, no 2,‎ , p. 333–340 (ISSN 0304-4092, DOI 10.1007/s10624-013-9309-y, S2CID 143964789)
  31. (en) Ronald Weitzer, « Researching Prostitution and Sex Trafficking Comparatively », Sexuality Research and Social Policy, vol. 12, no 2,‎ , p. 81–91 (ISSN 1553-6610, DOI 10.1007/s13178-014-0168-3, S2CID 14338143)
  32. (en) Elizabeth Reeves, « A Synthesis of the Literature on Trauma-Informed Care », Issues in Mental Health Nursing, vol. 36, no 9,‎ , p. 698–709 (ISSN 0161-2840, PMID 26440873, DOI 10.3109/01612840.2015.1025319, S2CID 36312879)
  33. (en) J Outshoorn, « The Political Debates on Prostitution and Trafficking of Women », Social Politics: International Studies in Gender, State and Society, vol. 12, no 1,‎ , p. 141–155 (DOI 10.1093/sp/jxi004, S2CID 144674778)
  34. (en) Hoang, Kimberly Kay, Dealing in desire : Asian ascendancy, Western decline, and the hidden currencies of global sex work, Oakland, California, (ISBN 9780520960688, OCLC 899739300)
  35. (en) Dominique Roe-Sepowitz, « A Six-Year Analysis of Sex Traffickers of Minors: Exploring Characteristics and Sex Trafficking Patterns », Journal of Human Behavior in the Social Environment, vol. 29, no 5,‎ , p. 608–629 (DOI 10.1080/10911359.2019.1575315, S2CID 150678437)
  36. (en-US) « What We Know About How Child Sex Trafficking Happens », sur polarisproject.org, (consulté le ).
  37. (en) « Shared Hope International: Rapid Assessment ».
  38. (en) « Human Trafficking and the Internet* (*and Other Technologies, too) – Judicial Division » (consultĂ© le ).
  39. (en) « Truckers Take The Wheel In Effort To Halt Sex Trafficking », sur NPR.org (consulté le ).
  40. (en) « How the internet and social media impact sex trafficking », (consulté le ).
  41. (en) Amanda Walker-Rodriguez et Rodney Hill, « Human Sex Trafficking », sur FBI Law Enforcement Bulletin, (consulté le ).
  42. (en) Alyson Warhurst, Cressie Strachan, Zahed Yousuf et Siobhan Tuohy-Smith, « Trafficking A global phenomenon with an exploration of India through maps » [PDF], Maplecroft, (consulté le ), p. 51.
  43. (en) « Research based on case studies of victims of trafficking in human beings in 3 EU Member States, i.e. Belgium, Italy and The Netherlands » [archive du ], Commission of the European Communities, DG Justice & Home Affairs, (consulté le ).
  44. (en) « Media Conference for Announcing Role of Dewi Hughes 28 May 2003 » [archive du ] (consulté le ).
  45. (en) « Rapid Assessment on Domestic Minor Sex Trafficking », Shared Hope,‎ (lire en ligne).
  46. (en-US) « National Gang Report 2015 », sur Federal Bureau of Investigation (consulté le )
  47. Hinds, Madison, Rankin et Warren Counties, « Rapid Assessment on Domestic Sex Trafficking » [PDF].
  48. (en) « Innocence Lost: Gangs and Sex Trafficking | National Sexual Violence Resource Center (NSVRC) » [archive du ], sur nsvrc.org (consulté le )
  49. (en) Guiomar Merodio, « They Are Not Romeo Pimps, They Are Traffickers: Overcoming the Socially Dominant Discourse to Prevent the Sex Trafficking of Youth », Qualitative Inquiry, vol. 26, nos 8–9,‎ , p. 1010–1018 (DOI 10.1177/1077800420938881, S2CID 225543856)
  50. (en) Laura Lederer, « Sold for Sex: The Link between Street Gangs and Trafficking in Persons », The Protection Project Journal of Human Rights and Civil Society.
  51. (en) « Gang – Involved Sex Trafficking », National Human Trafficking Hotline,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  52. (en) Jan Fox, « Into Hell: Gang-Prostitution of Minors », Washington and Lee Journal of Civil Rights and Social Justice, vol. 20,‎ (lire en ligne)
  53. (en) Jennifer Cole, « Service Providers' Perspectives on Sex Trafficking of Male Minors: Comparing Background and Trafficking Situations of Male and Female Victims », Child and Adolescent Social Work Journal, vol. 35, no 4,‎ , p. 423–433 (DOI 10.1007/s10560-018-0530-z, S2CID 148667127, lire en ligne)
  54. (en) Ginny Sprang, « Familial Sex Trafficking of Minors: Trafficking Conditions, Clinical Presentation, and System Involvement », Journal of Family Violence, vol. 33, no 3,‎ , p. 185–195 (DOI 10.1007/s10896-018-9950-y, S2CID 3548896)
  55. (en) « Forced Marriage in the United States – Human Trafficking CenterHuman Trafficking Center », sur humantraffickingcenter.org
  56. (en) Siddharth Kara, Sex Trafficking: An Overview, New York, Columbia University Press, , 1–44 p. (ISBN 9780231139618)
  57. Brock, J. Brock, M. (Director). (2013). Red Light, Green Light [Video file]. Media Education Foundation.
  58. (en) « IJM Seeks to End Cybersex Trafficking of Children and #RestartFreedom this Cyber Monday and Giving Tuesday », sur PR Newswire,
  59. (en) « Cybersex Trafficking », sur IJM,
  60. (en) « Cyber-sex trafficking: A 21st century scourge », sur CNN,
  61. (en) « Senator warns of possible surge in child cybersex traffic », sur The Philippine Star,
  62. (en) « Duterte's drug war and child cybersex trafficking », sur The ASEAN Post,
  63. (en) « Norwegian national, partner nabbed; 4 rescued from cybersex den », sur Manila Bulletin,
  64. (en) « Cheap tech and widespread internet access fuel rise in cybersex trafficking », sur NBC News,
  65. (en) « Senate to probe rise in child cybersex trafficking », sur The Philippine Star,
  66. (en) « Global taskforce tackles cybersex child trafficking in the Philippines », sur Reuters,
  67. (en) « Webcam slavery: tech turns Filipino families into cybersex child traffickers », sur Reuters,
  68. (en) « How the internet fuels sexual exploitation and forced labour in Asia », sur South China Morning Post,
  69. (en) « 1st Session, 42nd Parliament, Volume 150, Issue 194 », sur Senate of Canada,
  70. (en) « Cybersex trafficking spreads across Southeast Asia, fuelled by internet boom. And the law lags behind », sur South China Morning Post,
  71. (en) « Ethics – Forced Marriages: Introduction », sur bbc.co.uk
  72. (en) « Forced and servile marriage in the context of human trafficking », sur aic.gov.au,
  73. (en) « Child Trafficking for Forced Marriage » [archive du ] (consulté le )
  74. (en) « Forced Marriage and the Many Faces of Human Trafficking », sur theahafoundation.org
  75. (en) « Child Marriages: 39,000 Every Day – More than 140 million girls will marry between 2011 and 2020 », sur un.org, (consultĂ© le )
  76. (en) « The Victims », sur traffickingresourcecenter.org, National Human Trafficking Resource Center, (consulté le )
  77. (en) Smriti Rao et Christina Presenti, « Understanding Human Trafficking Origin: A Cross-Country Empirical Analysis », Feminist Economics, vol. 18, no 2,‎ , p. 231–263 [233–234] (DOI 10.1080/13545701.2012.680978, S2CID 154067551)
  78. (en) « Sex Trafficking », sur Polaris, (consulté le )
  79. (en) ILO Global Estimate of Forced Labour: Results and methodology, GenĂšve, International Labour Office, (ISBN 9789221264125, lire en ligne), p. 14
  80. (en) Jordan Greenbaum, « A Public Health Approach to Global Child Sex Trafficking », Annual Review of Public Health, vol. 41,‎ , p. 481–497 (PMID 32237991, DOI 10.1146/annurev-publhealth-040119-094335 AccĂšs libre)
  81. (en) Kimberly Mehlman-Orozco, « Safe Harbor Legislation for Juvenile Victims of Sex Trafficking: A Myopic View of Improvements in Practice », Social Inclusion, vol. 3,‎ , p. 52–62 (DOI 10.17645/si.v3i1.56 AccĂšs libre)
  82. (en) Cathy Zimmerman, « The health risks and consequences of trafficking in women and adolescents: Findings from a European study », London School of Hygiene & Tropical Medicine,‎
  83. (en) « Educating Healthcare Professionals on Human Trafficking », Pediatric Emergency Care,‎ (PMCID 4392380)
  84. (en) « What to look for in a healthcare setting », National Human Trafficking Hotline,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  85. (en) « Framework for a Human Trafficking Protocol in Healthcare settings », National Human Trafficking Hotline,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  86. (en) « HEAL Trafficking » (consulté le )
  87. (en) « CDC Adds New Human Trafficking Data Collection Fields for Healthcare Providers », National Human Trafficking Hotline,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  88. (en) « SOAR to Health and Wellness Act », Energy and Commerce Committee,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  89. (en) « Physicians Against Trafficking of Humans », AWMA,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  90. (en) NoĂ«l Busch-Armendariz, Maura Busch Nsonwu et Laurie Cook Heffron, « A kaleidoscope: The role of the social work practitioner and the strength of social work theories and practice in meeting the complex needs of people trafficked and the professionals that work with them », International Social Work, vol. 57, no 1,‎ , p. 7–18 (ISSN 0020-8728, DOI 10.1177/0020872813505630, S2CID 145455649)
  91. ModĂšle:Articl
  92. (en) « What is the Duluth Model? », Domestic Abuse Intervention Program,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  93. « Chapitre VII. Traite des ĂȘtres humains. 8. Arrangement international en vue d'assurer une protection efficace contre le trafic criminel connu sous le nom de "Traite des Blanches" », sur treaties.un.org, Paris, .
  94. (en) Nitzka Berkovitch, From Motherhood to Citizenship: Women's Rights and International Organizations, JHU Press, (ISBN 9780801860287), p. 75
  95. (en) Alyssa M. Barnard, « "the Second Chance They Deserve": Vacating Convictions of Sex Trafficking Victims », Columbia Law Review, vol. 114, no 6,‎ , p. 1463–1501 (JSTOR 23932264)
  96. « Convention pour la rĂ©pression de la traite des ĂȘtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui », sur Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.
  97. « Rapport mondial sur la traite des personnes - 2012 », sur unodc.org.
  98. « Feminist Wire Daily Newsbriefs: U.S. and Global News Coverage » (consulté le )
  99. « JournĂ©e mondiale de la lutte contre la traite d’ĂȘtres humains 30 juillet », sur un.org.
  100. Candidate, Jo Doezema PhD "Loose women or lost women? The re-emergence of the myth of white slavery in contemporary discourses of trafficking in women." Gender issues 18.1 (1999): 23–50.
  101. Soderlund, Gretchen. "Running from the rescuers: new US crusades against sex trafficking and the rhetoric of abolition." nwsa Journal 17.3 (2005): 64–87.
  102. Feingold, David A. "Human trafficking." Foreign Policy (2005): 26–32.
  103. (en) A. Horning, C. Thomas, A. M. Henninger et A. Marcus, « The Trafficking in Persons Report: a game of risk », International Journal of Comparative and Applied Criminal Justice, vol. 38, no 3,‎ , p. 257–280 (DOI 10.1080/01924036.2013.861355, S2CID 167966846)
  104. (en) « Operation Independence Day », sur Federal Bureau of Investigation (consulté le )
  105. « Liste complÚte » (consulté le )
  106. (en) « Full list », sur Treaty Office
  107. (en) Council of Europe Convention on Action against Trafficking in Human Beings, (lire en ligne)
  108. (en) « About GRETA », sur Council of Europe (consulté le )
  109. (en) « Cho, Seo-Young, Axel Dreher and Eric Neumayer (2011), The Spread of Anti-trafficking Policies – Evidence from a New Index, Cege Discussion Paper Series No. 119, Georg-August-University of Goettingen, Germany. » (consultĂ© le )
  110. (en) « Global TV Campaign on Human Trafficking » [archive du ], UN Office on Drugs and Crime, (consulté le )
  111. (en) Denise Brennan et Sine Plambech, « Editorial: Moving Forward—Life after trafficking », Anti-Trafficking Review, no 10,‎ (ISSN 2287-0113, DOI 10.14197/atr.201218101 AccĂšs libre)
  112. (en) Sallie Yea, « Editorial: The politics of evidence, data and research in anti-trafficking work », Anti-Trafficking Review, no 8,‎ (DOI 10.14197/atr.20121781 AccĂšs libre)
  113. (en) Rutvica Andrijasevic et Nicola Mai, « Editorial: Trafficking (in) Representations: Understanding the recurring appeal of victimhood and slavery in neoliberal times », Anti-Trafficking Review, no 7,‎ (DOI 10.14197/atr.20121771 AccĂšs libre)
  114. (en) Marjan Wijers, « Purity, Victimhood and Agency: Fifteen years of the UN Trafficking Protocol », Anti-Trafficking Review, no 4,‎ (DOI 10.14197/atr.20121544 AccĂšs libre)
  115. (en) Elizabeth Bernstein, Brokered subjects : sex, trafficking, and the politics of freedom, Chicago, IL, (ISBN 9780226573632, OCLC 1022777061)
  116. (en-US) « Trafficking in Persons Report », sur state.gov (consulté le )
  117. (en) Parreñas, Rhacel Salazar., Illicit flirtations : labor, migration, and sex trafficking in Tokyo, Stanford, Calif., Stanford University Press, (ISBN 9780804778169, OCLC 763155680)
  118. (en) Cheng Sealing., On the move for love : migrant entertainers and the U.S. military in South Korea, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, (ISBN 9780812206920, OCLC 794700706)
  119. (en) Aziza Ahmed and Meena Seshu, « "We Have the Right Not to Be 'rescued'
"*: When Anti-Trafficking Programmes Undermine the Health and Well-Being of Sex Workers », Anti Trafficking Review, vol. 1,‎ , p. 149–19
  120. (en) « USAID Contracts with Faith Based Organizations », sur Boston.com (consulté le )
  121. (en) Erin Michelle Kamler, « Negotiating Narratives of Human Trafficking: NGOs, Communication and the Power of Culture », Journal of Intercultural Communication, vol. 42,‎ , p. 73–90 (DOI 10.1080/17475759.2012.728147, S2CID 143919392)
  122. (en) Kamala Kempadoo, « The Modern-Day White (Wo)Man's Burden: Trends in Anti-Trafficking and Anti-Slavery Campaigns », Journal of Human Trafficking, vol. 1, no 1,‎ , p. 8–20 (ISSN 2332-2705, DOI 10.1080/23322705.2015.1006120, S2CID 154908845)
  123. (en) Noyori-Corbett Chie et David Moxley, « Addressing Female Sex Trade Human Trafficking in Japan through NGO Advocacy Networks », International Social Work, vol. 61, no 6,‎ , p. 954–967 (DOI 10.1177/0020872817695383, S2CID 151901398)
  124. Majic 2017; Weiss & Tschirhart 1994
  125. (en) Vanessa Saiz-Echezarreta et al., « Advocacy of Trafficking Campaigns: A Controversy Story », Comunicar, vol. 26, no 55,‎ , p. 29–38 (DOI 10.3916/C55-2018-03 AccĂšs libre)
  126. (en) « Michelle Goldberg, "The Super Bowl of Sex Trafficking" », sur Newsweek,
  127. (en) Sebastien Malo, « Is the Super Bowl really the U.S.'s biggest sex trafficking magnet? », sur Reuters, (consulté le )
  128. (en) Emanuella Grinberg and Christina Maxouris, « Sex trafficking and the Super Bowl: Myths and the real issues », sur CNN.com, (consulté le )
  129. Jones, Samuel Vincent (2010). The Invisible Man: The Conscious Neglect of Men and Boys in the War on Human Trafficking, Utah Law Review, No 4.
  130. (en) Jarrett D Davis, Elliot Glotfelty et Glenn Miles, « "No Other Choice": A Baseline Study on the Vulnerabilities of Males in the Sex Trade in Chiang Mai, Thailand », dans Dignity: A Journal on Sexual Exploitation and Violence, vol. 2, chap. 4
  131. Global Network of Sex Work Projects (NSWP) (2014). The Needs and Rights of Male Sex Workers, Briefing paper no 8, UK

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.