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Victimation

La victimation dĂ©finit le fait de subir une atteinte, matĂ©rielle, corporelle ou psychique (ainsi que d'en ĂȘtre conscient). Ce nĂ©ologisme se dĂ©marque de celui de victimisation. Les enquĂȘtes de victimation prennent place dans le cadre plus large des Ă©tudes de victimologie.

MĂ©thodes statistiques

Face aux sémiologies multiples de l'anglicisme victimisation[1], le terme de victimation désigne plus directement une atteinte - et non le statut de la victime, voire les évolutions sociétales autour de tels statuts.

Ainsi peut-on qualifier d'« enquĂȘtes de victimation » les Ă©tudes qui cherchent Ă  recenser le nombre de personnes subissant diffĂ©rentes violences, telles que des vols, injures, meurtrissures, viols, etc. L'interrogation directe d'un Ă©chantillon de la population permet d'Ă©tablir des taux de victimation qui fournissent une Ă©valuation de la frĂ©quence des principales atteintes aux personnes ou aux biens. En Ă©tudiant les Ă©volutions annuelles de ces taux, il est ainsi possible de dĂ©terminer les grandes tendances suivies par la dĂ©linquance[2].

Ces enquĂȘtes ont pour but de pallier les limites des statistiques de la « dĂ©linquance » basĂ©es sur les dĂ©clarations de plaintes ou le nombre de condamnations. Par exemple, un durcissement des processus judiciaires rĂ©pressifs ne se reflĂštera pas dans les enquĂȘtes de victimation, pas plus qu'un accroissement des forces de l'ordre, ni mĂȘme une modification des mƓurs quant au fait de porter plainte. Selon Christophe Soullez, Chef de l'Observatoire national de la dĂ©linquance et des rĂ©ponses pĂ©nales, l'analyse des Ă©volutions de la criminalitĂ© ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e seulement Ă  travers les seules statistiques policiĂšres car celles-ci sont partielles et limitĂ©es tant dans leur construction que dans l'interprĂ©tation qui peut en ĂȘtre fait. Les enquĂȘtes de victimation permettent ainsi de complĂ©ter les statistiques administratives et d'Ă©tablir un bilan de la dĂ©linquance[3].

EnquĂȘtes de victimation Ă  question ouverte

Les enquĂȘtes populationnelles sont des enquĂȘtes conduites Ă  l'aide de questionnaires auprĂšs d'Ă©chantillons probabilistes reprĂ©sentant (en principe) une population dĂ©finie. Ces enquĂȘtes sont dites Ă  "question ouverte" (single question threshold approach) lorsque l'Ă©valuation repose sur une seule question (ou un trĂšs petit nombre de questions) d’ordre gĂ©nĂ©ral sur des «actes de violence », des « agressions » ou des « mauvais traitements » subis.

Ces enquĂȘtes donneraient une mesure plus juste de la prĂ©valence que les statistiques policiĂšres car les personnes interrogĂ©es ne se limitent pas aux personnes ayant signalĂ© des incidents Ă  la police. Elles sont cependant dĂ©noncĂ©es par des auteurs[4] - [5] qui constatent que les dĂ©finitions de ce qu'est une «agression» ou un «abus» sont subjectives et peuvent donc varier d’une culture Ă  l’autre, d'un sous-groupe Ă  l'autre dans une culture et mĂȘme entre les individus d'un mĂȘme sous-groupe.

EnquĂȘtes de victimation Ă  questions fermĂ©es

Les enquĂȘtes populationnelles Ă  questions fermĂ©es sont Ă©galement conduites Ă  l'aide de questionnaires auprĂšs d'Ă©chantillons probabilistes reprĂ©sentant une population dĂ©finie, mais les questionnaires sont composĂ©s de questions spĂ©cifiques et prĂ©cises sur des actions objectives, ce qui laisse beaucoup moins de place Ă  la dĂ©finition subjective de chaque individu quant Ă  ce qui constitue un acte de violence ou non.

Les avantages des enquĂȘtes populationnelles Ă  questions fermĂ©es en termes de validitĂ© sont soulignĂ©s par divers auteurs[4].

Histoire

Aux États-Unis, la premiĂšre enquĂȘte nationale de victimation aurait eu lieu en 1972. Le National Crime Victimization Surveys (en) a incitĂ© d'autres pays, telle l'Angleterre et le Pays de Galles, Ă  mettre en place des statistiques similaires. En France, elles existent depuis les annĂ©es 1970 au niveau local[6]; la premiĂšre enquĂȘte nationale fut Ă©tablie au milieu des annĂ©es 1980 par le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pĂ©nales (CESDIP, CNRS)[7].

À partir de 1994, l'Insee s'est rapprochĂ© du CESDIP pour intĂ©grer ces enquĂȘtes dans celles concernant les mĂ©nages (enquĂȘtes EPVCM)[7].

Notes et références

  1. DEBARBIIEUX, Eric, "climat scolaire et réussite éducative" https://www.bing.com/videos/search?q=climat+scolaire&&view=detail&mid=890832FCDD70F7A68AD7890832FCDD70F7A68AD7&&FORM=VRDGAR
  2. Cyril Rizk & InĂšs BettaĂŻeb, « IntĂ©rĂȘts et limites du dĂ©bat sur les causes du crime drop », Revue française de criminologie et de droit pĂ©nal, vol. 2,‎ (lire en ligne)
  3. Christophe Soullez, « Des Ă©volutions de la dĂ©linquance dĂ©clarĂ©e contrastĂ©es en 2015 », Revue française de criminologie et de droit pĂ©nal, vol. 8,‎ (lire en ligne)
  4. LAROCHE, Denis (2007). Contexte et conséquences de la violence conjugale envers les hommes et les femmes au Canada en 2004, Québec, Institut de la statistique du Québec
  5. HAMBY, Sherry L. (2005). « Measuring Gender Differences in Partner Violence. Implications from Research on Other Forms of Violent and Socially Undesirable Behavior », Sex Roles. A Journal of Research, vol. 52, nos 11-12, p. 725-742.
  6. Zauberman (R.), Robert (P.), Du cĂŽtĂ© des victimes. Un autre regard sur la dĂ©linquance, Paris, L’Harmattan, 1995, citĂ© in Laurent Mucchielli, « Vers une criminologie d'État en France ? », Politix 1/2010 (no 89), p. 195-214
  7. Laurent Mucchielli, « Vers une criminologie d'État en France ? », Politix 1/2010 (no 89), p. 195-214

Voir aussi

Liens internes

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