Diffusion de crime en direct sur Internet
La diffusion de crimes en direct sur Internet est la diffusion en temps réel d'actes criminels ou délinquants au moyen d'Internet. Comme l'émetteur diffuse le film sur les médias sociaux dans l'intention qu'il soit visionné par autrui, cette action est incompatible avec la préservation de la vie privée des victimes ou des personnes présentes sur la scène du crime[1] - [2] - [3] - [4].
Histoire
En avril 2016, Marina Lonina (18 ans) et Raymond Gates (29 ans) sont arrêtés dans l'Ohio car Gates est accusé d'avoir violé une amie mineure de Lonina, tandis que Lonina diffusait en direct le crime via Periscope[5] - [6]. Le procureur souligne que Lonina, qui était exploitée par un homme bien plus âgé qu'elle, s'est trouvée « emportée » par l'enthousiasme quand elle a vu le nombre de « likes » qu'elle récoltait ; à l'écran, elle se filme « hilare, poussant des gloussements niais »[5]. Joss Wright, de l'Oxford Internet Institute, remarque que compte tenu du « volume de contenus créés et téléchargés chaque jour, [il n'existe] pratiquement aucun moyen d'empêcher que les vidéos de ce type soient diffusées et partagées »[6].
En mai, le New York Times recense que cette affaire de Periscope dans l'Ohio s'inscrit dans une série d'autres affaires récentes consistant à diffuser des crimes en direct. Il cite notamment une jeune femme d'Égly, en France, qui évoque sur Periscope sa détresse et ses idées suicidaires ; les personnes qui voient la vidéo encouragent la jeune femme à se tuer, ce qu'elle fait en se jetant sous un train. Un autre incident concerne deux adolescents qui filment en direct leurs vantardises et leurs rires pendant qu'ils frappent un homme ivre dans un bar à Bordeaux[7].
Traite sexuelle par Internet
La traite sexuelle par Internet, qu'on appelle aussi l'agression sexuelle diffusée en direct par Internet[8] - [9] - [10], consiste à exploiter le trafic sexuel et à filmer via une webcam, et diffuser en direct, des actes sexuels sous contrainte ou des viols[11] - [12] - [13]. Les victimes sont enlevées, menacées ou trompées puis emmenées dans des « antres du cybersexe »[14] - [15] - [16]. Ces « antres » peuvent être n'importe quel lieu où les trafiquants ont à leur disposition un ordinateur, une tablette ou un téléphone ainsi qu'une connexion à Internet[12]. Les criminels passent par des réseaux sociaux, des visioconférences, des sites de partage de vidéo pornographiques, des sites de rencontres, des salons de discussion, des applications, des sites du dark web[17] et d'autres plate-formes[18]. Pour dissimuler leur identité, ils utilisent des systèmes de paiement en ligne[17] - [19] - [20] et des cryptomonnaies[21]. Des millions de signalements sont adressés chaque année aux autorités[22]. De nouvelles lois et de nouvelles procédures policières sont nécessaires pour lutter contre ce type de cybercrime[23].
Exemples
- 2017
- Début janvier, une mère américaine attache son jeune enfant au mur avec du ruban adhésif et diffuse la vidéo en direct via Facebook Live (en)[24].
- Le 21 janvier à Uppsala, en Suède, deux migrants Afghans et un jeune Suédois diffusent en direct le viol collectif d'une femme (en) sur Facebook[25].
- Le 24 avril, un homme de Thaïlande diffuse l'assassinat de son jeune enfant avant de se suicider[26].
- 2019
- 15 mars : lors des attentats de Christchurch, qui ont causé 51 morts et 49 blessés, le criminel a diffusé en direct la première attaque sur Facebook Live[27] - [28]. Après les attentats, Facebook annonce des restrictions contre ceux qui publient des contenus extrémistes violents[29].
- 2020
- 8 février : Un soldat Thaï tue 30 personnes et en blesse 57 autres dans la fusillade de Nakhon Ratchasima. Le criminel a diffusé en direct un épisode de ce massacre au Grande Centre Point Sukhumvit Terminal 21 sur Facebook Live[30] - [31] - [32].
- 20 mai : l'auteur d'une fusillade au Westgate Entertainment District (en) en Arizona, au cours de laquelle trois personnes sont blessées, diffuse en direct son crime sur Snapchat[33].
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Livestreamed crime » (voir la liste des auteurs).
- Lehigh University, « Live-streaming crime How will Facebook Live and Periscope challenge US privacy law? », ScienceDaily, (lire en ligne, consulté le ).
- D. R. C. Stewart et J. Littau, « Up, Periscope: Mobile Streaming Video Technologies, Privacy in Public, and the Right to Record », Journalism & Mass Communication Quarterly (en), vol. 93, no 2, , p. 312 (DOI 10.1177/1077699016637106, S2CID 147375255).
- J. Weston Phippen, « The Desire to Live-Stream Violence », The Atlantic, (lire en ligne, consulté le ).
- Raymond Surette, « Performance Crime and Justice », Australasian Legal Information Institute (en), vol. 21, no 2, , p. 27 (lire en ligne, consulté le ).
- Mike McPhate, « Teenager Is Accused of Live-Streaming a Friend's Rape on Periscope », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
- « Woman accused of live-streaming rape on Periscope », BBC News, (lire en ligne, consulté le ).
- Lilia Blaise et Benoît Morenne, « Suicide on Periscope Prompts French Officials to Open Inquiry », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
- Michael Sullivan, « Child Sex Abuse Livestreams Increase During Coronavirus Lockdowns », NPR, (lire en ligne, consulté le ).
- Kieran Guilbert, « Philippines child slavery survivors fight to heal scars of abuse », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
- « What is Online Child Sexual Abuse and Exploitation? », Child Exploitation and Online Protection Command (consulté le ).
- « IJM Seeks to End Cybersex Trafficking of Children and #RestartFreedom this Cyber Monday and Giving Tuesday », sur PR Newswire, International Justice Mission, (consulté le ).
- « Cybersex Trafficking », International Justice Mission UK (consulté le )
- Sunshine de Leon, « Cyber-sex trafficking: A 21st century scourge », Cable News Network, (lire en ligne, consulté le )
- Paolo Romero, « Senator warns of possible surge in child cybersex traffic », The Philippine Star, (lire en ligne, consulté le ).
- Sheith Khidhir, « Duterte's drug war and child cybersex trafficking », The ASEAN Post, (lire en ligne, consulté le ).
- Glazyl Masculino, « Norwegian national, partner nabbed; 4 rescued from cybersex den », Manila Bulletin, (lire en ligne, consulté le ).
- Aurora Almendral, « Cheap tech and widespread internet access fuel rise in cybersex trafficking », NBC News, (lire en ligne, consulté le )
- Paolo Romero, « Senate to probe rise in child cybersex trafficking », The Philippine Star, (lire en ligne, consulté le )
- Matt Blomberg, « Global taskforce tackles cybersex child trafficking in the Philippines », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
- Kieran Guilbert, « Webcam slavery: tech turns Filipino families into cybersex child traffickers », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
- Silvia Mera, « How the internet fuels sexual exploitation and forced labour in Asia », South China Morning Post, (lire en ligne, consulté le )
- « 1st Session, 42nd Parliament, Volume 150, Issue 194 », sur Senate of Canada,
- Matt Blomberg, « Cambodia feared lagging behind predators in cybersex trafficking crackdown », Reuters, (lire en ligne, consulté le ).
- Alan Yuhas, « Ohio mother who taped son to wall on Facebook Live faces charges », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )
- Yaron Steinbuch, « Suspects in live-streamed gang rape are Afghan immigrants », New York Post, (lire en ligne, consulté le )
- Patpicha Tanakasempipat et Panarat Thepgumpanat, « Thai man broadcasts baby daughter's murder live on Facebook », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- Kevin Roose, « A Mass Murder of, and for, the Internet », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
- Ben Westcott, Jenni Marsh, Helen Regan, Meg Wagner, Brian Ries, Veronica Rocha, Aimee Lewis, Rob Picheta et Harmeet Kaur, « Dozens killed in Christchurch mosque attack », CNN, (lire en ligne, consulté le )
- Anna Gunia, « Facebook Tightens Live-Stream Rules in Response to the Christchurch Massacre », Time, (lire en ligne, consulté le )
- « 20 killed as soldier opens fire in Korat », Bangkok Post, (lire en ligne, consulté le )
- (th) « ผู้ว่าฯ สกลนคร เป็นประธานในพิธีพระราชทานเพลิงศพนายอุทัย ขันอาสา ซึ่งเสียชีวิตจากเหตุกราดยิงที่โคราช » [« The governor of Sakon Nakhon presided over the cremation ceremony of Uthai Khanasa, who died in the Korat shooting. »], Thai News, (lire en ligne, consulté le )
- (th) « อาลัย 'อุทัย ขันอาสา' รปภ.เหยื่อกราดยิงโคราชเสียชีวิตแล้ว หลังยื้อชีวิตนาน 6 เดือน » [« Lamented 'Uthai Khanasa' Security Guard, the victim of Korat shooting was dead. After 6 months »], Channel 3 Thailand News, (lire en ligne, consulté le )
- David Gilbert, « A Mass Shooter Live-streamed His Attack on Snapchat at an Arizona Mall », Vice, (lire en ligne, consulté le )