Boko Haram
Le Groupe sunnite pour la prĂ©dication et le djihad (arabe : ŰŹÙ Ű§ŰčŰ© ۧÙÙ Ű§ÙŰłÙŰ© ÙÙŰŻŰčÙŰ© ÙۧÙŰŹÙۧۯ, « Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad » ; yoruba : BĂČkĂł ĂrĂĄĂĄmĂčĂč), plus connu sous le surnom de Boko Haram, est un mouvement insurrectionnel et terroriste d'idĂ©ologie salafiste djihadiste. FormĂ© en 2002 Ă Maiduguri par le prĂ©dicateur Mohamed Yusuf, le groupe est Ă l'origine une secte qui prĂŽne un islam radical et rigoriste, hostile Ă toute influence occidentale. En 2009, Boko Haram lance une insurrection armĂ©e dans laquelle Mohamed Yusuf trouve la mort. En 2010, Abubakar Shekau prend la tĂȘte du mouvement, qui devient un groupe armĂ© et se rapproche des thĂšses djihadistes d'Al-QaĂŻda, puis de l'Ătat islamique.
Boko Haram Groupe sunnite pour la prédication et le djihad | |
Idéologie | Salafisme djihadiste[1], takfirisme[2], anti-occidentalisme |
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Objectifs | Création d'un califat régi par la charia[3] - [4] - [5] |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | 2002 |
Pays d'origine | Nigeria |
Fondé par | Mohamed Yusuf |
Actions | |
Mode opératoire | Lutte armée, guérilla, terrorisme, attentats-suicides, massacres, prises d'otages |
Zone d'opération | Nigeria Cameroun Niger Tchad Mali |
Organisation | |
Chefs principaux | Mohamed Yusuf (tué en 2009) Abubakar Shekau (tué en 2021) Bakoura Sahalaba (tué en 2022) Ibrahim Bakura |
Membres | 6 000 Ă 30 000[6] - [7] (2014-2016) 1 000 Ă 2 000[8] - [9] (2018-2019) |
AllĂ©geance | Ătat islamique (Ă partir de 2015) |
RĂ©pression | |
ConsidĂ©rĂ© comme terroriste par | ONU[10], Nouvelle-ZĂ©lande, Royaume-Uni, Ătats-Unis, Canada, Union europĂ©enne, Australie, Ămirats arabes unis |
Guerre du Sahel |
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Le , Boko Haram prĂȘte allĂ©geance Ă l'Ătat islamique, que ce dernier reconnaĂźt officiellement cinq jours plus tard. Le groupe prend alors le nom d'Ătat islamique en Afrique de l'Ouest ou de Province d'Afrique de l'Ouest de l'Ătat islamique. Mais en , il se scinde en deux : Abubakar Shekau est Ă©cartĂ© par l'Ătat islamique pour « extrĂ©misme » et est remplacĂ© par Abou Mosab al-Barnaoui. OpposĂ© Ă cette dĂ©cision, Shekau prend alors la tĂȘte d'une faction qui rĂ©adopte son ancien nom de « Groupe sunnite pour la prĂ©dication et le djihad », tout en maintenant son allĂ©geance Ă l'Ătat islamique. Des combats finissent cependant par Ă©clater entre les deux factions et Shekau est tuĂ© par les hommes de Barnaoui en 2021.
Le mouvement est à l'origine de nombreux massacres, attentats et enlÚvements à l'encontre de populations civiles de toutes confessions, au Nigeria mais aussi au Cameroun, au Niger et au Tchad. Il est responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité[11] et est classé comme organisation terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies le [10].
Fondation et contexte
Le , le Nigeria devient officiellement la premiĂšre puissance Ă©conomique d'Afrique. Il est le premier exportateur de gaz et de pĂ©trole sur le continent, grĂące Ă ses rĂ©serves dans le delta du Niger. Cependant le PIB par habitant demeure faible et le Nigeria reste un pays en dĂ©veloppement, gangrenĂ© par la corruption[12] - [13] - [14]. En 2016, Vincent Foucher, chercheur Ă l'International Crisis Group, dĂ©clare : « Dans ce pays, l'Ătat est Ă la fois trĂšs puissant et intermittent. Il est brutal, corrompu et dĂ©cevant pour beaucoup de NigĂ©rians. [...] Les forces de l'ordre ont un droit Ă lâabus que jâai rarement constatĂ© ailleurs. Il existe une habitude de l'impunitĂ© dans l'histoire du pays »[15]. En 2016, un sondage de la fondation AfrobaromĂštre montre que seulement 21 % des NigĂ©rians ont confiance en leur police, soit le taux le plus faible d'Afrique[15].
Au Nigeria, Ătat fĂ©dĂ©ral, les inĂ©galitĂ©s entre le nord, majoritairement musulman, et le sud, majoritairement chrĂ©tien, se creusent au dĂ©but des annĂ©es 2000, sous le mandat d'Olusegun Obasanjo. Les 12 Ătats du nord sont les moins dĂ©veloppĂ©s du pays et l'Ătat de Borno est le plus pauvre de tous ; les trois quarts de la population y vivent sous le seuil de pauvretĂ©, 98 % des enfants de moins de quinze mois ne sont pas vaccinĂ©s, 83 % des jeunes sont illettrĂ©s et 48,5 % des enfants ne sont pas scolarisĂ©s[13].
En 2000, la charia est instaurĂ©e dans les Ătats musulmans du nord, cependant elle s'avĂšre moins religieuse que politique. Selon le journaliste Alain Vicky : « les cercles politico-militaires du Nord en font surtout un instrument de pression dans leur bras de fer avec le pouvoir central ». La ZakĂąt, un des cinq piliers de l'islam, n'est mĂȘme pas appliquĂ©e[13].
SurnommĂ© le « Pakistan d'Afrique », le nord-est du Nigeria est parcouru par des dizaines de milliers de prĂ©dicateurs itinĂ©rants. Dans l'Ătat de Yobe, l'un d'eux, Mohamed Yusuf, commence Ă se dĂ©marquer dans les annĂ©es 2000. Il fonde en 2002, le mouvement qui va devenir plus connu par son surnom de « Boko Haram ». Ses adeptes sont Ă©galement surnommĂ©s les « talibans ». Yusuf rĂ©clame une application stricte de la charia, il rejette la modernitĂ©, la dĂ©mocratie â assimilĂ©e Ă la corruption â et les idĂ©es de l'Occident. Il s'oppose aux autres prĂ©dicateurs, majoritairement quiĂ©tistes, et Ă Izala, un mouvement salafiste et nĂ©ohanbaliste. Ă plusieurs reprises des membres d'Izala ou des confrĂ©ries soufies Tidjaniyya et Qadiriyya sont assassinĂ©s par des adeptes de Boko Haram[13] - [14] - [16] - [17].
En avril 2003, Boko Haram appuie discrĂštement, contre un soutien financier, la candidature d'Ali Modo Sheriff (en) â qui promet une application plus stricte de la charia â pour l'Ă©lection du nouveau gouverneur de l'Ătat de Borno. Celui-ci Ă©lu, il crĂ©e un ministĂšre des Affaires religieuses et nomme Ă sa tĂȘte Buju Foi, un membre de Boko Haram. Ă l'automne 2003 cependant, la police de l'Ătat de Yobe attaque la « citĂ© cĂ©leste » de Yusuf Ă Kannamma. AprĂšs quelques attaques, Boko Haram se replie Ă Maiduguri, dans l'Ătat de Borno. La secte y installe une mosquĂ©e et une Ă©cole et attire les jeunes des quartiers pauvres, ainsi que des Ă©tudiants et des fonctionnaires. Selon Alain Vicky, « derriĂšre la religion, un mĂȘme profond ressentiment anime ces populations qui s'estiment abandonnĂ©es par les Ă©lites, le pouvoir central et les policiers fĂ©dĂ©raux, corrompus et brutaux »[13] - [18] - [19].
Ali Modo Sheriff ne tient pas ses promesses une fois Ă©lu, Mohamed Yusuf l'attaque alors publiquement dans ses sermons[20]. En 2007, Ali Modo Sheriff est rĂ©Ă©lu gouverneur de l'Ătat de Borno au terme d'une campagne marquĂ©e par des assassinats politiques. Mais cette fois-ci Boko Haram a soutenu un autre candidat ; Kashim Ibrahim Imam, membre du Parti dĂ©mocratique populaire. Ali Modo Sheriff cherche alors Ă se dĂ©barrasser de la secte. En juin 2009, lors de l'enterrement d'un membre de Boko Haram tuĂ© par la police, quinze autres fidĂšles sont assassinĂ©s par des policiers qui leur reprochaient de ne pas porter de casques sur leurs motos. Mohamed Yusuf annonce alors sur internet son intention de se venger. Le mois suivant, plusieurs attaques simultanĂ©es ont alors lieu dans les Ătats de Bauchi, Borno, Kano et Yobe et le 27 juillet des milliers de partisans de Mohamed Yusuf se soulĂšvent Ă Maiduguri[13] - [21] - [22].
Idéologie
L'idĂ©ologie du mouvement a largement Ă©voluĂ© depuis sa crĂ©ation en 2002 par Mohamed Yusuf Ă Maiduguri, mais son objectif reste l'application de la charia au Nigeria[23]. Selon Elodie Apard, chercheuse Ă l'Institut français de recherche en Afrique, jusqu'en 2009 le mouvement nâa pas de nom officiel, il est appelĂ© la « Yusufiyya » ce qui signifie « l'idĂ©ologie de Yusuf »[24]. En 2010, il prend pour nom officiel Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'Awati Wal-Jihad, qui signifie « groupe sunnite pour la prĂ©dication et le djihad »[24]. Le nom de Boko Haram, sa dĂ©nomination abrĂ©gĂ©e en haoussa, peut ĂȘtre traduit par « l'Ă©ducation occidentale est un pĂ©chĂ© »[25]. Le mot Boko [26] dĂ©signe un alphabet latin, crĂ©Ă© par les autoritĂ©s coloniales pour transcrire la langue orale haoussa, et dĂ©signe par extension l'Ă©cole laĂŻque. Le mot Haram signifie « interdit » ou « illicite » en arabe et dans le monde musulman[27] - [28] - [29] - [30]. Ce nom aurait Ă©tĂ© attribuĂ© par la population locale et les mĂ©dias, marquĂ©s par le discours de son chef rejetant l'Ă©ducation « occidentale ». Ce rejet s'accompagne d'une lecture littĂ©rale du Coran, qui fait par exemple dire Ă Mohamed Yusuf que la Terre est plate, ou que l'eau de pluie ne rĂ©sulte pas de l'Ă©vaporation, puisqu'elle est une crĂ©ation d'Allah[31]. De ce fait, il est rĂ©guliĂšrement dĂ©noncĂ© pour son idĂ©ologie obscurantiste[32] - [33] - [34].
Bien que revendiquant Ă son origine une filiation avec l'islamisme salafiste et les talibans afghans[35], Boko Haram est frĂ©quemment qualifiĂ© de secte[36]. Selon Marc-Antoine PĂ©rouse de Montclos de l'Institut de recherche pour le dĂ©veloppement, « le groupe tient Ă la fois de la secte et du mouvement social. DĂšs ses dĂ©buts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques dâendoctrinement, son intolĂ©rance Ă lâĂ©gard des autres musulmans et son fonctionnement en vase clos »[37]. D'aprĂšs lui, son discours est Ă©galement trĂšs hĂ©tĂ©rodoxe : « la doctrine de Boko Haram ne correspond pas vraiment au modĂšle wahhabite : c'est une secte qui endoctrine et a recours Ă la magie. Certains fidĂšles de Boko Haram portent des grigris, ce qui ne ressemble pas vraiment Ă Al-QaĂŻda »[38]. Selon Mathieu GuidĂšre, professeur Ă l'UniversitĂ© Toulouse-Jean-JaurĂšs, Boko Haram fut une secte jusqu'en 2009 avant de devenir un mouvement insurrectionnel islamiste aprĂšs la mort de son fondateur Mohamed Yusuf[39] - [7]. De mĂȘme, pour Ălodie Apard, en 2010 « le mouvement passe du statut de secte religieuse Ă celui de groupe armĂ© »[40].
Selon la BBC, en 2009, l'affiliation du groupe Ă Al-QaĂŻda serait sujette Ă caution, car les deux groupuscules poursuivent des objectifs diffĂ©rents[41]. Cependant, Ă partir de 2010 et surtout des attentats de l'Ă©tĂ© 2011, il est possible que Boko Haram ait tissĂ© des liens avec Al-QaĂŻda au Maghreb islamique (AQMI), ex-groupe salafiste pour la prĂ©dication et le combat algĂ©rien[42]. En 2012, des hommes de Boko Haram se rendent au Mali, oĂč des membres d'AQMI leur offrent des formations et des entraĂźnements sur le maniement d'armes, d'explosifs et sur les techniques d'attentat ou d'enlĂšvement [43]. Selon Marc MĂ©mier, chercheur Ă l'Institut français des relations internationales (IFRI), Boko Haram aurait cherchĂ© Ă prĂȘter allĂ©geance Ă al-QaĂŻda Ă plusieurs reprises, mais ces offres auraient Ă©tĂ© Ă chaque fois rejetĂ©es par Ayman al-Zawahiri[43]. AQMI et Boko Haram auraient alors partiellement coupĂ© leur relation[43]. En 2014, pour Bertrand Monnet, professeur Ă l'EDHEC, l'agenda de Boko Haram est « exclusivement nigĂ©rian » et « ne prĂŽne pas le djihad international », contrairement Ă sa branche dissidente Ansaru[44].
Dans une vidĂ©o diffusĂ©e le , Abubakar Shekau apporte son soutien Ă la fois Ă Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'Ătat islamique, Ayman al-Zaouahiri, Ă©mir d'Al-QaĂŻda et au mollah Omar, chef des talibans[45]. En dĂ©cembre 2014, Shekau annonce vouloir instaurer « un Sultanat de Dieu », selon Ălodie Apard : « c'est la premiĂšre formulation claire dâune ambition politique visant Ă la crĂ©ation dâune entitĂ© Ă©tatique »[40]. Le Shekau annonce son intention de reconquĂ©rir les anciens territoires du califat de Sokoto[46] - [47]. Une dizaine de jours plus tard, dans une nouvelle vidĂ©o, Abubakar Shekau expose sa doctrine idĂ©ologique et se rĂ©fĂšre Ă Ibn Taymiyya et Mohammed ben Abdelwahhab. Selon Romain Caillet, chercheur Ă l'Institut français du Proche-Orient, au regard de cet exposĂ© il apparaĂźt que Boko Haram « n'est donc pas un groupe jihadiste fonciĂšrement diffĂ©rent de ceux du Moyen-Orient »[48].
Insurrection de Boko Haram
Conflit armé de 2009 et mort de Mohamed Yusuf
Le , Boko Haram lance une sĂ©rie d'attaques simultanĂ©es dans quatre Ătats du nord du Nigeria (Bauchi, Borno, Yobe et Kano)[49]. Les combats les plus violents durent pendant cinq jours Ă Maiduguri, capitale de l'Ătat de Borno[49]. L'armĂ©e mettra quatre jours Ă venir en aide Ă la police locale. Le , les forces de sĂ©curitĂ© infligent une sĂ©rieuse dĂ©faite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale de l'Ătat de Borno. Le bilan des combats s'Ă©lĂšve Ă plus de 700 morts, dont au moins 300 militants islamistes[49]. Mohamed Yusuf, capturĂ© par l'armĂ©e Ă Maiduguri, est abattu par la police dans des circonstances floues[49].
Le , Sanni Umaru, membre de Boko Haram se présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance un appel au jihad au Nigeria dans une lettre datée du 9 août[50].
Poursuite des attaques
AprĂšs l'Ă©chec de leur insurrection, d' Ă , de nombreux membres de Boko Haram prennent la fuite au Niger et au Tchad, la secte reste discrĂšte et se rĂ©organise en secret prĂšs de Maiduguri[51], dans la rĂ©gion de la forĂȘt de Sambisa. En septembre, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi rĂ©ussissant Ă libĂ©rer 700 prisonniers dont 150 adeptes.
AprĂšs une pĂ©riode de luttes internes pour la succession de Mohamed Yusuf, c'est finalement Abubakar Shekau qui prend la tĂȘte de l'organisation[39]. Il apparaĂźt en dans un enregistrement vidĂ©o dans lequel il se proclame chef de Boko Haram et promet de continuer la lutte armĂ©e[52].
Noël 2010 est l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens, attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts[53], notamment un attentat à Jos qui fait à lui seul quatre-vingts victimes[54].
Ă partir d', le groupe multiplie les attentats Ă la bombe contre des Ă©glises chrĂ©tiennes, des gares, des hĂŽtels, dĂ©bits de boisson et des bĂątiments officiels[55]. Cette annĂ©e-lĂ , le groupe commet ses premiers attentats-suicides[56]. L'Ă©lection prĂ©sidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan sont l'occasion d'autres attentats qui font une dizaine de morts[57]. Le 21 juin, une dizaine d'hommes armĂ©s attaque la ville de Kankara, dans l'Ătat de Katsina, incendie un poste de police, libĂšre les dĂ©tenus et pille une banque, tuant 7 personnes dont 5 policiers[58].
La volontĂ© affichĂ©e du gouvernement Ă partir de de nĂ©gocier avec Boko Haram[59] n'empĂȘche pas celle-ci de poursuivre la lutte armĂ©e[60] et de revendiquer l'attentat kamikaze contre la reprĂ©sentation des Nations unies Ă Abuja le au cours duquel 18 personnes trouvent la mort[61].
En 2012, lors de la guerre du Mali, des hommes de Boko Haram partent combattre dans le nord du Mali au cĂŽtĂ© du MUJAO, 100 Ă 200 combattants sont prĂ©sents Ă Gao[62] - [63], peut-ĂȘtre 200 Ă 300 au total arrivent au Mali oĂč ils sont formĂ©s par les djihadistes locaux[56]. En janvier 2013, des hommes de Boko Haram participent Ă la bataille de Konna contre les Maliens et les Français[64] - [65] - [56].
Intensification du conflit Ă partir de 2013
- En noir, expansion maximale de Boko Haram au Nigeria
- Situation en février 2015
- Situation en avril 2015
En , Ă la suite d'un nombre important d'attaques, l'armĂ©e nigĂ©riane lance une grande offensive contre les jihadistes. Le prĂ©sident du Nigeria Goodluck Jonathan proclame alors l'Ă©tat d'urgence dans trois Ătats du nord-est du pays : Borno, Yobe et Adamawa.
L'armĂ©e nigĂ©riane remporte d'abord quelques succĂšs. Le 9 aoĂ»t 2013, elle affirme avoir fait 1 000 prisonniers[66] et le 12 septembre, elle prend d'assaut un camp de Boko Haram dans la forĂȘt de Kasiya et annonce avoir tuĂ© environ 150 insurgĂ©s[67]. Mais le groupe djihadiste reprend progressivement l'initiative. Le , les islamistes dĂ©truisent le camp militaire de Bama[68] - [69]. Le , ils attaquent la caserne de Giwa, Ă Maiduguri, et dĂ©livrent plusieurs centaines de personnes qui y Ă©taient dĂ©tenues. Cependant selon Amnesty International, de nombreux prisonniers Ă©vadĂ©s sont rapidement repris par les militaires et plus de 600 d'entre eux sont exĂ©cutĂ©s sommairement dans divers quartiers de la ville[70]. Le 26 mai, les djihadistes s'emparent de la ville de Buni Yadi[71].
ConquĂȘtes de Boko Haram dans l'Ătat de Borno en 2014
En , Boko Haram passe à l'offensive et commence à conquérir plusieurs villes. Le 6 août, Gwoza est prise sans résistance[72]. Le 21, les islamistes repoussent l'armée nigériane et reprennent Buni Yadi[73]. Le 24, Kerawa et Ashigashiya sont prises[74] - [75], puis Gamboru Ngala le 25[76], Bama et Banki le 2 septembre[77] - [78], Michika le 8 septembre[79].
Au 12 septembre 2014, les villes de Damboa, Bama, Pulka, Ashigashia, Liman Kara, Kirawa, Gamboru Ngala, Marte, Kirenowa, Buni Yadi et Gulani, sont aux mains de Boko Haram et Maiduguri, capitale de l'Ătat de Borno, est presque encerclĂ©e par les forces islamistes[80]. Le lendemain, l'armĂ©e nigĂ©riane affirme avoir repoussĂ© Ă Konduga une offensive des islamistes sur Maiduguri, et revendique la mort d'une centaine d'insurgĂ©s[81].
Boko Haram reprend l'offensive et le 13 novembre les djihadistes prennent les villes de Gombi et de Hong dans l'Ătat d'Adamawa et Chibok, dans l'Ătat de Borno[82] - [83]. Les trois villes sont reprises par l'armĂ©e nigĂ©riane entre le 16 et le 19 novembre[84] - [85].
Le 24 novembre, Boko Haram s'empare de la ville de Damasak, située sur la frontiÚre avec le Niger[86]. L'assaut fait plusieurs dizaines de morts et entraßne la fuite de prÚs de trois mille personnes vers le Niger[87].
Le 1er dĂ©cembre, le groupe est repoussĂ© Ă Damaturu, oĂč les combats font au moins 150 morts, en majoritĂ© des civils[88].
Le , l'armĂ©e nigĂ©riane subit un grave revers lorsque Boko Haram prend d'assaut la base de Baga, quartier-gĂ©nĂ©ral de la Force multinationale mais oĂč seuls des soldats nigĂ©rians Ă©taient postĂ©s[89]. Le 7, les djihadistes incendient totalement seize villes et villages des rives du Lac Tchad, dont les villes de Baga et Doron Baga[90] - [91]. Plus de 11 000 civils fuient au Tchad[92] et 20 000 trouvent refuge Ă Maiduguri[93]. Selon les estimations, plusieurs dizaines Ă 2 000 habitants sont Ă©galement massacrĂ©s[94].
Face à ces attaques de plus en plus violentes, l'armée nigériane est alors réguliÚrement critiquée quant au peu de combativité dont elle ferait preuve face aux islamistes[95]. Réunis au Niger à la fin du mois de janvier, treize pays africains et non-africains participent à une réunion consacrée à la lutte contre le groupe djihadiste, mais peinent à organiser une riposte coordonnée[95].
Le 25 janvier, Boko Haram attaque simultanément Maiduguri et Monguno, les djihadistes sont repoussés dans la premiÚre ville mais s'emparent de la seconde[96].
Intervention militaire tchadienne au Nigeria en 2015
En février, l'armée tchadienne intervient au Nigeria et remporte une série de victoires contre les djihadistes. Le 29 et le 30 janvier, à la bataille de Bodo, au Cameroun, elle affronte Boko Haram pour la premiÚre fois[97], puis le 3 février elle s'empare de Gamboru[98]. L'armée nigérienne se retrouve également confrontée à Boko Haram aprÚs plusieurs mois de face à face tendu le long de la frontiÚre. Les djihadistes attaquent le Niger à Diffa et Bosso mais les Nigériens, soutenus par les Tchadiens, repoussent leurs assauts[99] - [100].
Boko Haram perd alors les villes conquises, devant les offensives des armées nigérianes, tchadiennes et nigériennes. Monguno est reprise le 16 février[101], puis Baga le 21 février[102], Dikwa le 2 mars[103], Bama le 12 ou 14 mars[104] - [105], Damasak (en) le 17 mars[106], Gachagar le 26 mars[107], Gwoza le 27 mars[108] et Malam Fatori le 30 mars[109].
Le , au moins une cinquantaine de soldats nigériens sont tués dans l'attaque par Boko Haram d'une position de l'armée nigérienne sur le lac Tchad[110].
AprĂšs plusieurs mois d'interventions militaires tchadiennes et nigĂ©riennes et de contre-offensives nigĂ©rianes, Boko Haram est lourdement affaibli et a perdu l'essentiel de ses conquĂȘtes de 2014. Le groupe subsiste cependant dans la forĂȘt de Sambisa, dans les Monts Mandara, Ă la frontiĂšre camerounaise, et dans les Ăźles du Lac Tchad. RepoussĂ© dans ces quelques sanctuaires, le groupe, devenu officiellement la « Province d'Afrique de l'Ouest » de l'Ătat islamique, retourne Ă la guĂ©rilla et poursuit sa campagne de terreur[111] - [112].
Incursions de Boko Haram au Cameroun
Tout au long de l'année 2014, Boko Haram est réguliÚrement entré au sein du territoire camerounais, à la frontiÚre nord, pour y effectuer de légÚres démonstrations de forces (vol de bétail, destruction de récoltes) puis disparaitre aussitÎt.
Le , le Cameroun déclare avoir démantelé un camp djihadiste le 20 décembre, capturé 45 instructeurs, tué « un nombre plus important encore » et récupéré 84 enfants ùgés de 7 à 15 ans qui étaient entraßnés sur place[113].
L'armĂ©e camerounaise et Boko Haram s'affrontent pour la premiĂšre fois le , lors d'un combat Ă Fotokol[114]. Ă la fin du mois de mai, le Cameroun dĂ©ploie 3 000 soldats pour protĂ©ger l'extrĂȘme nord de son territoire des incursions djihadistes[115]. Dans les mois qui suivent, les forces de Boko Haram lancent plusieurs assauts contre les positions des militaires sur la frontiĂšre camerounaise, notamment Ă Fotokol, thĂ©Ăątre de plusieurs combats. Les autres affrontements principaux ont lieu Ă Tourou le 7 juin, Bargaram les 24 et 25 juillet, AmchidĂ© et Limani les 15 et 16 octobre, AmchidĂ© le 17 dĂ©cembre, Achigachia le 29 dĂ©cembre et Kolofata, le 12 janvier 2015. Le 29 et le 30 janvier 2015, Boko Haram s'oppose pour la premiĂšre fois Ă l'armĂ©e tchadienne[116]. Cependant toutes les offensives djihadistes sont repoussĂ©es avec de lourdes pertes[117] - [118] - [119].
Le , Boko Haram enlĂšve 60 personnes dans l'arrondissement de Mokolo, Ă l'extrĂȘme-nord du Cameroun[120]. Le lendemain, l'armĂ©e camerounaise libĂšre 24 otages parmi les 60 enlevĂ©s de la veille[121]. Le , le PrĂ©sident Paul Biya reçoit son homologue français François Hollande[122]. Le Cameroun et la France conviennent d'un renforcement de la coopĂ©ration en matiĂšre de lutte anti-terroriste entre les deux pays[123].
DĂ©faites de Boko Haram contre l'Ătat islamique en 2021
En mai 2021, l'Ătat islamique en Afrique de l'Ouest attaque les forces de Boko Haram dans la forĂȘt de Sambisa[124]. Lors des combats qui suivent, Abubakar Shekau se retrouve cernĂ© et se suicide aprĂšs avoir refusĂ© de se rendre[125].
AprÚs cette défaite, des milliers de personnes se rendent aux autorités nigérianes[126]. à la mi-octobre, l'armée annonce que : « jusque-là , un total de 13 243 terroristes et leurs familles, comprenant 3 243 hommes, 3 868 femmes et 6 234 enfants se sont rendus à nos troupes à travers tout le Nord-Est »[126].
La forĂȘt de Sambisa et les territoires insurgĂ©s au Cameroun passent alors sous le contrĂŽle de l'Ătat islamique[126]. Boko Haram ne parvient Ă opposer une rĂ©sistance effective que dans certaines zones du lac Tchad, sous la direction de son nouveau chef : Ibrahim Bakoura, aussi appelĂ© Bakoura Doro ou Bakoura Buduma[126] - [127]. Fin septembre, Boko Haram s'empare de l'Ăźle Kirta Wulgo de Kirta Wulgo, lors de combats qui auraient fait une centaine de morts, mais l'Ătat islamique reprend possession de l'Ăźle quelques jours plus tard[126] - [127].
Commandement
Depuis la mort de son fondateur Mohamed Yusuf en 2009, l'organisation est dirigĂ©e par Abubakar Shekau. On ne connaĂźt pas le nombre prĂ©cis de combattants dont dispose le mouvement. En 2014, les estimations sur les forces de Boko Haram vont de 6 000 Ă 30 000 combattants, la plupart issus de l'ethnie Kanouri[128] - [6] - [7] - [129] - [130]. Le mouvement serait dirigĂ© par un Conseil de la Choura d'une trentaine de membres. Selon un rapport du dĂ©partement de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure des Ătats-Unis, cette structure est propice Ă la division et ne fournit pas de garantie lorsque quelqu'un prĂ©tend parler au nom du groupe. De plus, Abubakar Shekau ne s'entourerait que de quelques chefs de factions et ne maintiendrait que trĂšs peu de contacts avec les combattants sur le terrain[128].
Le , Abubakar Shekau annonce prĂȘter allĂ©geance Ă Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'Ătat islamique[131]. Le , l'EI dĂ©clare accepter l'allĂ©geance de Boko Haram[132].
Selon les dĂ©clarations en juin 2016 du gĂ©nĂ©ral Thomas Waldhauser (en), chef des forces amĂ©ricaines en Afrique, la moitiĂ© des membres de Boko Haram auraient fait scission et n'obĂ©iraient plus Ă Abubakar Shekau. Ils reprocheraient Ă ce dernier de ne pas suivre les consignes de l'Ătat islamique, notamment d'ĂȘtre restĂ© sourd aux exigences de l'EI de mettre fin aux attentats-suicides commis par des enfants[133] - [134].
Le 2 aoĂ»t, l'Ătat islamique prĂ©sente Abou Mosab al-Barnaoui, comme le Wali et chef de ses forces en Afrique de l'Ouest[135]. Shekau rĂ©pond le 3 aoĂ»t dans un communiquĂ© audio dans lequel il refuse sa destitution. S'il reconnaĂźt toujours Abou Bakr al-Baghdadi comme le « calife des musulmans », il critique Abou Mosab al-Barnaoui qu'il qualifie de « dĂ©viant » et affirme qu'il a Ă©tĂ© « trompĂ© » et qu'il ne veut plus « suivre aveuglĂ©ment » certains Ă©missaires de l'EI : « Par ce message, nous voulons affirmer que nous n'accepterons plus aucun Ă©missaire, sauf ceux vraiment engagĂ©s dans la cause d'Allah »[136] - [137]. Selon Romain Caillet, l'Ătat islamique en Afrique de l'Ouest s'est divisĂ© en deux tendances : « Une tendance qui se rallie derriĂšre Abubakar Shekau, qui est la plus dure et une tendance qui va paradoxalement ĂȘtre un peu moins radicale, un peu moins extrĂ©miste et qui est justement cette tendance qui sâest ralliĂ©e Ă lâEtat islamique. Câest-Ă -dire que contrairement Ă tout ce quâon pouvait dire, finalement les partisans de Shekau sont les partisans de la ligne ultra radicale absolue »[138].
En mai 2021, l'Ătat islamique en Afrique de l'Ouest attaque les forces de Boko Haram dans la forĂȘt de Sambisa[124]. Lors des combats qui suivent, Abubakar Shekau se retrouve cernĂ© et se suicide aprĂšs avoir refusĂ© de se rendre[125].
Bakoura Budum, un des lieutenants de Shekau, prend alors la tĂȘte de Boko Haram[127].
Effectifs
En 2014, Mathieu GuidÚre estime que Boko Haram dispose de prÚs de 30 000 hommes[7]. Un rapport du Chatham House évalue de son cÎté à 8 000 hommes le nombre des combattants du mouvement[6], tandis que Marc-Antoine Pérouse de Montclos estime leur nombre entre 6 000 et 8 000[129]. Boko Haram dispose de 15 000 hommes selon des chercheurs sud-africains, et de 50 000 sympathisants selon le journaliste nigérian, Ahmed Salkida[56]. Au début de 2015, les effectifs de Boko Haram sont estimés entre 4 000 et 6 000 hommes selon les Américains, 6 000 à 7 000 selon les Français et 13 000 à 15 000 d'aprÚs les Camerounais, cependant selon un officier français du renseignement, il s'agit d'une estimation « au doigt mouillé »[139] - [140] - [141]. En juin 2016, la CIA estime à 7 000 le nombre des djihadistes de Boko Haram[134].
En 2018, le Combating Terrorism Center (en) estime que la faction d'Abou Mosab al-Barnaoui compte 3 500 à 5 000 combattants et celle d'Abubakar Shekau environ 1 000 combattants[142] - [8]. Début 2019, pour Vincent Foucher, chercheur au CNRS, indique que d'aprÚs des sources sécuritaires, la faction d'al-Barnaoui compterait 2 500 à 5 000 hommes et celle de Shekau environ 2 000[9]. D'autres sources font état d'environ 13 000 hommes pour la faction de Barnaoui en 2019[143].
Le mouvement recrute souvent de force, notamment en menant des raids contre des villages pour rafler des habitants. Certaines femmes sont utilisĂ©es comme kamikazes et les jeunes garçons sont enrĂŽlĂ©s comme enfants-soldats[56] ; 83 enfants â 55 filles, 27 garçons et un bĂ©bĂ© â ont notamment Ă©tĂ© utilisĂ©s comme bombes humaines durant les huit premiers mois de l'annĂ©e 2017[144].
Financement
Initialement, Boko Haram est financĂ© par des politiciens de Maiduguri[56], et notamment par Ali Modo Sheriff (en), gouverneur de l'Ătat de Borno de 2003 Ă 2011, qui cherche en 2005 Ă obtenir l'aide Ă©lectorale du groupe de Mohamed Yusuf[18] - [19]. AprĂšs le dĂ©but de l'insurrection armĂ©e, Boko Haram taxe les populations locales et gĂšre divers trafics[46], comme de la contrebande de poissons sĂ©chĂ©s, revendus sur les marchĂ©s dans le nord du Nigeria[145]. Les djihadistes razzient aussi le bĂ©tail des Ă©leveurs[146]. Localement, ils capturent rĂ©guliĂšrement des otages qui sont libĂ©rĂ©s contre rançons, Ă partir de 2013 Boko Haram revendique ses premiers enlĂšvements d'Occidentaux[56]. Au dĂ©but des annĂ©es 2010, il reçoit une aide financiĂšre d'AQMI[56]. La corruption de l'armĂ©e nigĂ©riane bĂ©nĂ©ficie Ă©galement Ă Boko Haram, entre mai 2015 et avril 2016 une quinzaine d'officiers supĂ©rieurs et gĂ©nĂ©raux sont poursuivis et condamnĂ©s pour avoir vendu de l'armement et des informations au groupe djihadiste[147].
Communication
Pendant plusieurs années, la communication de Boko Haram demeure archaïque, le groupe diffuse des vidéos de qualité médiocre, transmises par clés USB ou par cassettes à l'AFP.
Vers le dĂ©but de 2015 cependant, alors que Boko Haram s'apprĂȘte Ă faire allĂ©geance Ă l'Ătat islamique, la communication de l'organisation djihadiste se modernise. Elle se dote d'un compte Twitter et d'une branche mĂ©diatique, Al-Urwa al-Wuthqa (« L'anse la plus solide »). Le 21 fĂ©vrier, Boko Haram diffuse notamment une vidĂ©o de propagande bien supĂ©rieure techniquement Ă celles rĂ©alisĂ©es par le passĂ©, qui s'inspire des films de l'EI, dont elle reprend les codes et les hymnes[148] - [149] - [150] - [151]. AprĂšs l'allĂ©geance de Boko Haram Ă Abou Bakr al-Baghdadi, l'Ătat islamique prend en main la communication, ce qui « dĂ©multiplie la force de frappe mĂ©diatique de Boko Haram » selon Romain Caillet[152].
à contrario, le , l'Agence française de développement finance, à hauteur de 1,25 million d'euros, Radio Ndarason internationale, une radio de la région du lac Tchad, dans le but d'apaiser cette région meurtrie aprÚs l'insurrection de Boko Haram[153].
Exactions, massacres, attentats et enlĂšvements
Boko Haram est un groupe armĂ© particuliĂšrement violent. En 2014, le Centre international d'Ă©tudes sur la radicalisation et la violence politique (ICSR) le qualifie de « groupe le plus fĂ©roce du monde »[154]. Selon Bertrand Monnet, « Ă cĂŽtĂ© de Boko Haram, AQMI, le Mouvement pour l'unicitĂ© et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) ou Ansar Eddine sont des agneaux. Les terroristes de Boko Haram sont des barbares : ils tuent des centaines de personnes toute l'annĂ©e, mitraillent des Ă©glises, lancent des grenades pendant les offices et font des raids dans les villages chrĂ©tiens qu'ils transforment en Oradour-sur-Glane. Ce qui dĂ©clenche d'ailleurs des reprĂ©sailles contre des musulmans »[155]. Pour autant, la cible prioritaire du mouvement reste les musulmans "tiĂšdes" selon ses propres termes : les victimes de la secte sont Ă 90 % musulmans[156]. Les djihadistes frappent les populations des villages oĂč sont constituĂ©es des milices d'autodĂ©fense[157].
Les principaux massacres et attentats commis par Boko Haram sont ceux de Damaturu (150 morts le 4 novembre 2011), Kano (150 morts le 20 janvier 2012), Benisheik (161 morts le 18 septembre 2013), Izghe (environ 170 morts le 15 fĂ©vrier 2014), Gamboru Ngala (336 morts le 5 mai 2014), Jos (au moins 118 morts le 20 mai 2014), Goshe, Attagara, Agapalwa et Aganjara (100 Ă 500 de morts le 3 juin 2014), Gwoza (600 morts le ), Damboa (plus de 100 morts la nuit du 17 au 18 juillet 2014), Kano (120 morts le 28 novembre 2014), Kukawa (environ 100 morts le ), Kukuwa-Gari (50 Ă 160 morts le 13 aoĂ»t 2015) et Maiduguri (117 morts le 20 septembre 2015). Selon Amnesty International, le massacre de Baga commis du 3 au 7 janvier 2015 fait de plusieurs centaines Ă peut-ĂȘtre 2 000 morts et serait le massacre « le plus meurtrier de l'histoire de Boko Haram »[158].
Boko Haram, qui peut ĂȘtre traduit par « l'Ă©ducation occidentale est un pĂ©chĂ© » en haoussa, cible particuliĂšrement les lycĂ©es et les Ă©coles oĂč est dispensĂ© un enseignement jugĂ© trop occidental par les islamistes. Ă plusieurs reprises, les djihadistes attaquent des Ă©tablissements scolaires, massacrant professeurs et lycĂ©ens comme Ă Mamudo, Gujba ou Buni Yadi entre 2013 et 2014. Selon le gouverneur de l'Ătat de Borno, 176 enseignants ont Ă©tĂ© tuĂ©s par Boko Haram dans cet Ătat entre 2011 et [159]. D'aprĂšs Human Rights Watch, de 2009 Ă 2015, 910 Ă©coles ont Ă©tĂ© dĂ©truites, 1 500 ont dĂ» fermer, 611 enseignants ont Ă©tĂ© assassinĂ©s, 19 000 autres se sont enfuis, des centaines d'Ă©lĂšves ont Ă©tĂ© enlevĂ©s et prĂšs d'un million d'enfants ont Ă©tĂ© privĂ©s d'enseignement[160]. Si les lycĂ©ennes ne sont pas tuĂ©es, elles sont souvent enlevĂ©es pour ĂȘtre mariĂ©es de force Ă des djihadistes. Une vingtaine est ainsi enlevĂ©e le , lors du massacre de Konduga. Au , Amnesty International estime que plus de 2 000 femmes ou fillettes ont Ă©tĂ© enlevĂ©es. Ă cette date, beaucoup d'entre elles sont enceintes, mais ne peuvent avorter en raison de l'application de la Charia. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme demande officiellement Ă lâĂtat nigĂ©rian qu'il autorise ces femmes victimes de viols de la part des islamistes Ă pouvoir avorter[161]. Le rapt le plus important a lieu le Ă Chibok, oĂč 276 lycĂ©ennes ĂągĂ©es de 12 Ă 17 ans sont capturĂ©es lors d'un raid sur la ville (53 d'entre elles parviennent Ă s'Ă©chapper dans les trois semaines qui suivent selon la police nigĂ©riane)[162] - [163] - [164] - [165] - [166]. Le 5 mai, ce rapt est revendiquĂ© par Abubakar Shekau, qui dĂ©clare : « J'ai enlevĂ© les filles. Je vais les vendre sur le marchĂ©, au nom d'Allah. [...] J'ai dit que l'Ă©ducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l'Ă©cole) et vous marier »[167]. Les ravisseurs postent Ă nouveau une vidĂ©o des filles enlevĂ©es restantes sur la plateforme YouTube en aoĂ»t 2016[168].
Des exactions sont également commises par Boko Haram, au nord du Cameroun. Le , des hommes armés enlÚvent Abakoura Ali, chef traditionnel du village de Ngoumouldi, aprÚs avoir également enlevé son fils, encore enfant, cinq jours plus tÎt. Leurs deux corps sont retrouvés décapités le 13 mars, en territoire nigérian. Selon un policier de Kerawa, ville située à la frontiÚre du Nigeria, une cinquantaine de Camerounais ont été assassinés dans les environs de la ville[169] - [170]. Selon Amnesty International, les attentats de Boko Haram au Cameroun font 486 morts de juin 2015 à juin 2016[171].
Selon Human Rights Watch, environ 6 000 civils sont tuĂ©s par les hommes de Boko Haram de 2009 Ă 2014[172]. Le , Human Rights Watch dĂ©clare avoir comptabilisĂ© 95 attaques commises par Boko Haram lors des six premiers mois de l'annĂ©e 2014, elles ont causĂ© la mort d'au moins 2 053 civils, dont 1 446 dans l'Ătat de Borno[173]. L'ONG Ă©value par la suite Ă au moins 3 750 le nombre des victimes pour l'ensemble de l'annĂ©e 2014 et le , elle affirme qu'au moins 1 000 civils ont Ă©tĂ© massacrĂ©s par le groupe depuis le dĂ©but de l'annĂ©e[174] - [175]. Ă la date du , Amnesty International estime que 5 500 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par Boko Haram en 2014 et au dĂ©but de 2015[176] - [11]. Le , cette mĂȘme ONG affirme que 3 500 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par Boko Haram depuis le dĂ©but de l'annĂ©e 2015, dont 1 600 depuis juin[177].
L'année 2015 est encore plus meurtriÚre. L'ONG britannique Action on Armed Violence (AOAV, Action contre la violence armée) recense 84 attaques commises par Boko Haram au Nigeria pendant l'année 2015, qui ont causé la mort de 3 048 personnes, dont 96 % de civils. AOAV recense également 923 morts ou blessés dans les attaques au Tchad et au Cameroun. L'ONG note une augmentation de 190 % du nombre des morts et des blessés par rapport à 2014 et de 167 % pour le nombre des attentats-suicides[178].
Selon Amnesty International, la FIDH et Human Rights Watch, les exactions commises par Boko Haram relÚvent du crime de guerre et du crime contre l'humanité[179] - [18].
En 2017, en janvier l'armĂ©e de l'air nigĂ©rienne a bombardĂ© par erreur un camp de rĂ©fugiĂ©s Ă Rann (District de Kala-Balge) en le confondant avec une enclave de Boko Haram. Le dĂ©compte des victimes varie, mais plus de 90 civils et travailleurs humanitaires y auraient Ă©tĂ© tuĂ©s. Les suicides sont frĂ©quents et la pauvretĂ©, le manque dâĂ©ducation et le dĂ©sespoir persistant dans le nord risquent dâencore alimenter Boko Haram en recrues[180].
Dans les terrains reconquis du nord-est par l'armĂ©e nigĂ©riane (Monguno par exemple), aprĂšs de plus de 8 ans de terreur imposĂ©e par Boko Haram les fermes ont disparu, et ne subsistent souvent que les restes carbonisĂ©s dâancien villages[180]. Selon John Agbor (responsable de la santĂ© de l'UNICEF pour le Nigeria Ă Abuja), les premiers travailleurs humanitaires revenus sur place ont Ă©tĂ© choquĂ©s par ce qu'ils ont vu: des millions de malades dont la santĂ© est aggravĂ©e par un dĂ©but de famine, des quantitĂ©s de tombes fraĂźches qui laissent penser quâun grand nombre de personnes sont mortes. Il estime que dans les 3 Ătats concernĂ©s 8,5 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire[180]. plus de 5 millions de personnes souffrent de malnutrition, un demi-million d'enfants sont tellement sous-nutris que, sans traitement rapide plus de 75 000 mourront entre avril et juin 2017 selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU. Environ 1,8 million de personnes ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es dont plus de 50 % sont des enfants[180]. Dans lâĂtat le plus touchĂ© (Borno), 1,2 million ont regagnĂ© la capitale Maiduguri y doublant la population en quelques mois, sâentassant dans des abris de fortune, souvent presque sans nourriture, eau ni assainissement, ce qui risque de favoriser les Ă©pidĂ©mies. En mars-avril 2017, la mortalitĂ© infantile dĂ©passe de «deux, trois, quatre fois» le seuil d'urgence, selon Marco Olla, pĂ©diatre de MĂ©decins Sans FrontiĂšres (MSF) Ă Paris. Le paludisme cause de plus de 50 % des dĂ©cĂšs de malades, mais en 2017 les infections respiratoires aiguĂ«s et la diarrhĂ©e gagnent du terrain. La polio supposĂ©e Ă©radiquĂ©e en Afrique est rĂ©apparu (quatre enfants paralysĂ©s dĂ©tectĂ©s ; et des analyses gĂ©nĂ©tiques montrent que le virus a circulĂ© Ă Borno sans ĂȘtre dĂ©tectĂ© durant 5 ans au moins, justifiant la relance en mars 2017 par le GPEI de sa plus grande campagne de vaccination synchronisĂ©e, visant plus de 116 millions d'enfants dans 13 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre).
Jorge Castilla, du programme d'urgence sanitaire de l'OMS estime quâil sâagit dâune des pires catastrophes humanitaires dâAfrique, bien que peu mĂ©diatisĂ©e et les Nations-Unies sur les 484 millions de dollars demandĂ©s pour les trois Ătats en 2016 nâen ont reçu que 54 %, le dĂ©ficit le pire touchant les programmes de santĂ© qui nâont obtenu que 22 % des besoins en 2016. Pour 2017 la demande de lâONU a doublĂ© (1 milliard de dollars)[180].
Otages Ă©trangers
Le premier enlĂšvement de ressortissants occidentaux revendiquĂ© par Boko Haram a lieu le . Ce jour-lĂ une famille française est enlevĂ©e au parc national de Waza dans le nord du Cameroun, elle est ensuite conduite au Nigeria. Les otages sont : Tanguy Moulin-Fournier, 40 ans, cadre de GDF Suez, son Ă©pouse Albane, 40 ans, leurs quatre fils ĂągĂ©s de 5 Ă 12 ans, et Cyril, le frĂšre de Tanguy[182] - [183]. L'enlĂšvement est revendiquĂ© dans une vidĂ©o publiĂ©e le 25 fĂ©vrier par Boko Haram. Les islamistes rĂ©clament la libĂ©ration de combattants, de femmes et d'enfants dĂ©tenus par le Nigeria et le Cameroun[184] - [185]. Le 21 mars, une seconde vidĂ©o est rendue publique par Boko Haram, Abubakar Shekau, le chef du mouvement dĂ©clare : « Nous sommes fiers d'affirmer que nous retenons les sept otages français. Nous les retenons parce que les autoritĂ©s nigĂ©rianes et camerounaises ont arrĂȘtĂ© des membres de nos familles, qu'ils les brutalisent et que nous ne savons rien de leurs conditions d'emprisonnement. Nous affirmons au monde que nous ne libĂ©rerons pas les otages français tant que nos familles sont emprisonnĂ©es. La force ne servira pas Ă les libĂ©rer, nous sommes prĂȘts Ă nous dĂ©fendre avec force »[186]. Les nĂ©gociations sont menĂ©es essentiellement par le gouvernement camerounais[187]. La famille est libĂ©rĂ©e le , lors d'un Ă©change de prisonniers, 10 ou 12 personnes auraient Ă©tĂ© relĂąchĂ©es en contrepartie[188]. Selon iTĂ©lĂ©, qui cite des sources opĂ©rationnelles locales, sept millions de dollars auraient Ă©tĂ© versĂ©s pour la libĂ©ration des otages. Ils auraient pu ĂȘtre versĂ©s directement sur les fonds du prĂ©sident camerounais Paul Biya ou par le groupe GDF-Suez. Cette information est cependant dĂ©mentie par le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault[189].
Dans la nuit du 13 au , le pĂšre Georges Vandenbeusch, un prĂȘtre catholique français de 42 ans, est enlevĂ© Ă NguetchewĂ©, au nord du Cameroun. Quelques jours plus tard, son enlĂšvement est revendiquĂ© par Boko Haram. Il est libĂ©rĂ© le [190] - [191] - [192]. Boko haram dĂ©clare alors Ă l'AFP n'avoir reçu aucune rançon et affirme que : « La direction a dĂ©cidĂ© de libĂ©rer le prĂȘtre par compassion. Le prĂȘtre a offert ses services mĂ©dicaux Ă des membres [du groupe] malades pendant sa pĂ©riode de captivitĂ©. La direction a senti qu'il n'y avait plus besoin de le garder. » Ces propos sont cependant contestĂ©s par Georges Vandenbeusch, qui dĂ©clare : « Je ne suis ni infirmier ni mĂ©decin. S'ils m'avaient amenĂ© quelqu'un Ă soigner avec une hĂ©morragie, j'aurais fait ce que je pouvais, mais ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont de compassion pour personne »[193].
Dans la nuit du 4 au , Ă TchĂšre, Ă environ 20 kilomĂštres de Maroua, situĂ©e Ă l'extrĂȘme nord du Cameroun, deux prĂȘtres italiens, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et une religieuse canadienne, Gilberte Bussier, sont enlevĂ©s par des hommes armĂ©s[194]. Boko Haram est soupçonnĂ©e mais ne revendique pas l'enlĂšvement. Les trois religieux sont finalement relĂąchĂ©s la nuit du 31 mai au [195].
La nuit du 16 au , des islamistes transportĂ©s par cinq vĂ©hicules attaquent un camp de travailleurs du secteur routier, prĂšs de Waza, au nord du Cameroun. Un civil chinois est tuĂ©, et 10 autres sont enlevĂ©s par les assaillants[196]. Ils seront finalement relĂąchĂ©s le 11 octobre, en mĂȘme temps que 17 prisonniers camerounais capturĂ©s le 27 juillet lors du combat de Kolofota[197].
Le un Allemand est enlevĂ© Ă Gombi, dans l'Ătat d'Adamawa, par une vingtaine d'hommes armĂ©s[198]. Sa capture est revendiquĂ©e le 31 octobre par Boko Haram[199]. Le , le Cameroun annonce que l'otage allemand a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© Ă la suite d'une opĂ©ration spĂ©ciale de son armĂ©e et ses alliĂ©s[200].
DĂ©signation comme organisation terroriste
- Nouvelle-Zélande : 20 août 2012
- Royaume-Uni : juillet 2013
- Ătats-Unis : 14 novembre 2013
- Canada : 24 décembre 2013
- ONU : 22 mai 2014
- Union européenne : 29 mai 2014[201]
- Australie : 26 juin 2014
- Ămirats arabes unis : 15 novembre 2014
Notes et références
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- âLes interventions militaires ne feront pas disparaĂźtre Boko Haramâ, Les Inrocks.
- France 24 : Boko Haram, la secte qui veut imposer la charia au Nigeria
- Huffington Post avec AFP : Le chef de Boko Haram proclame un "califat islamique" au nord-est du Nigeria.
- Boko Haram : « Nous nâavons Ă©tĂ© chassĂ©s de nulle part », affirme Abubakar Shekau, Jeune Afrique avec AFP, 29 dĂ©cembre 2016.
- Le Figaro : L'ambition grandissante de Boko Haram, par Tanguy Berthemet.
- Le Figaro : Boko Haram : la mobilisation médiatique est-elle efficace ou contre-productive ?
- Julia Dumont, Pourquoi les attaques jihadistes sont en hausse dans la région du lac Tchad, France 24, 30 novembre 2018.
- Fatoumata Diallo, Nigeria : Boko Haram, affaibli par les troupes de Buhari, « a gagné en qualité tactique », Jeune Afrique, 12 février 2019.
- (en) « Security Council Committee pursuant to resolutions 1267 (1999) and 1989 (2011) concerning Al-Qaida and associated individuals and entities - QDe.138 JAMA'ATU AHLIS-SUNNA LIDDA'AWATI WAL-JIHAD (BOKO HARAM) »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) ONU, 22 mai 2014.
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- RFI : Mali : déploiement des troupes jihadistes aux abords de la ligne de démarcation
- RFI : Mali: rassemblés à Bambara-Maoudé, les groupes jihadistes reluquent vers le sud
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- AFP et Le Monde : Le Nigeria annonce avoir tué 150 islamistes de Boko Haram
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- Le Point : Nigeria : une attaque de Boko Haram fait "des dizaines de morts"
- AFP : Nigeria: Boko Haram s'empare d'une nouvelle ville dans le Nord-Est
- RFI : Cameroun: prÚs de 500 militaires nigérians renvoyés dans leur pays
- AFP : Nigeria: Boko Haram contrĂŽle une ville frontaliĂšre avec le Cameroun
- RFI : Cameroun: tentative de Boko Haram de faire exploser un pont
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- Le Monde : Face à l'offensive généralisée de Boko Haram, le Nigeria appelle à l'aide
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- AFP : Nigeria: la ville de Maiduguri "assiégiée" par Boko Haram
- AFP : Nigéria: victoire de l'armée sur Boko Haram
- Le Monde avec AFP : Nigeria : deux villes du nord-est tombent aux mains de Boko Haram
- Le Point avec AFP : Nigeria : Boko Haram a pris la ville des lycéennes enlevées
- France 24 : LâarmĂ©e nigĂ©riane reprend la ville symbolique de Chibok Ă Boko Haram
- Le Figaro : Nigeria: deux villes reprises Ă Boko Haram
- Jeune Afrique : Nigeria : Damasak, Ă la frontiĂšre du Niger, entre les mains de Boko Haram
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- Le Monde avec AFP : Au Nigeria, plus de 150 morts dans un raid de Boko Haram Ă Damaturu
- Jeune Afrique avec AFP : La prise de la base de Baga par Boko Haram, coup dur pour l'armée nigériane
- Le Monde avec AFP et Reuters : Nouvelle attaque de Boko Haram au Nigéria
- Slate : Massacres de Boko Haram: «Baga a disparu, tout est en lambeaux»
- AFP : 3 000 Nigérians se réfugient au Tchad aprÚs les attaques de Boko Haram
- L'Obs avec AFP : Boko Haram a rasé 16 villages au nord-est du Nigeria
- Human Rights Watch : Point de vue : Que s'est-il vraiment passé à Baga, au Nigeria?
- « L'Afrique se réunit contre Boko Haram, violents combats au Cameroun », sur Le Point,
- France 24 : Boko Haram attaque Maiduguri et prend le contrĂŽle de Monguno
- Le Monde avec AFP : L'armée tchadienne repousse de nouvelles attaques de Boko Haram au Cameroun
- Le Monde avec Reuters : L'armée tchadienne prend le contrÎle d'une ville nigériane aux mains de Boko Haram
- RFI : Niger: les islamistes de Boko Haram repoussés vers le Nigeria
- RFI : Niger: Diffa se réveille sous les tirs nourris de Boko Haram
- Jeune Afrique : Cameroun - Nigeria : plusieurs attaques de Boko Haram repoussées depuis le 16 février
- RFI : Boko Haram: l'armée nigériane annonce avoir repris la ville de Baga
- RFI : Nigeria: lâarmĂ©e tchadienne a repris Dikwa aux mains de Boko Haram, par Madjiasra Nako.
- RFI : Boko Haram sous pression à la frontiÚre camerouno-nigériane
- AFP : Nigeria : Boko Haram incendie des maisons à Bama, des centaines d'habitants chassés
- RFI : Nigeria: contre-offensive sur Damasak, Boko Haram en fuite
- AFP : Offensive régionale contre Boko Haram: une nouvelle localité reprise au Niger
- RFI : Boko Haram: offensive de l'armĂ©e nigĂ©riane pour la reconquĂȘte de Gwoza
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- AFP : Plus de cent lycéennes enlevées au Nigeria
- RFI : Nigeria: 115 des 129 lycéennes enlevées par Boko Haram sont toujours disparues selon la directrice
- VOA : Nigéria: les lycéennes enlevées étaient 234 au total
- Le Figaro : Nigeria: les lycéennes enlevées seront traitées en "esclaves", "vendues" et "mariées"
- 20 Minutes : Boko Haram: Ce quâon sait de lâenlĂšvement des jeunes NigĂ©rianes
- AFP : Nigeria : les lycéennes enlevées seront traitées en "esclaves", selon Boko Haram
- Les filles de Chibok, "plus grand succĂšs de propagande" de Boko Haram
- AFP : Dans le nord du Cameroun, la peur de Boko Haram gagne du terrain
- CAMEROON Camer.be : Cameroun, Kerewa : un chef de village et son fils égorgés par Boko Haram :: Cameroon
- Cameroun: attaque meurtriĂšre attribuĂ©e Ă Boko Haram dans lâExtrĂȘme-Nord, RFI, 30 juin 2016.
- Human Rights Watch : WORLD REPORT 2015 - Nigeria
- Human Rights Watch : Nigeria: Boko Haram Kills 2,053 Civilians in 6 Months
- Challenges.fr avec AFP : Boko Haram a multiplié les massacres de civils en 2015
- Human Rights Watch : Nigeria : Au moins 1 000 civils tués depuis janvier
- Reuters : 2 000 femmes enlevées par Boko Haram depuis 2014, selon Amnesty
- Boko Haram : 3 500 morts en 300 jours, Amnesty International, .
- Boko Haram fait trois fois plus de victimes dans ses attaques en 2015, AFP, 27 avril 2016.
- Amnesty International : Les tueries perpĂ©trĂ©es dans le nord du Nigeria constituent des crimes contre lâhumanitĂ©
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- Le Monde avec AFP : Au Cameroun, 27 otages de Boko Haram libérés
- Le Parisien : Les Moulin-Fournier, ex-otages au Cameroun, ne retourneront pas sur place
- Tf1 : Français enlevés au Cameroun : "Ce sont des gens bien"
- Le Figaro : Boko Haram exhibe les sept otages français
- Le Monde : La famille française enlevée au Cameroun apparaßt sur une vidéo postée sur Internet
- Le Figaro : Boko Haram revendique l'enlÚvement de la famille française
- RFI : Les ex-otages français libérés sont à Yaoundé, heureux, mais exténués
- RFI : Libération de la famille Moulin-Fournier: y a-t-il eu des contreparties?
- Le Nouvel Observateur : Otages Moulin-Fournier : une rançon de 7 millions de dollars ?
- RFI : Cameroun: libĂ©ration du prĂȘtre français Georges Vandenbeusch, enlevĂ© dans le nord du pays
- RFI : Libération du pÚre Georges Vandenbeusch: un soulagement pour ses paroissiens à Sceaux
- RFI : Le pĂšre Vandenbeusch de retour en France
- Le Monde : Le pÚre Vandenbeusch libéré « par compassion », sans rançon, selon Boko Haram
- LibĂ©ration : Deux prĂȘtres italiens et une religieuse canadienne enlevĂ©s au Cameroun
- RFI : Cameroun: les trois religieux enlevés dans le nord sont libres
- AFP : CAMEROUN. Un Chinois tué, dix autres enlevés par Boko Haram
- RFI : Une trentaine d'otages chinois et camerounais libérés par Boko Haram
- Jeune Afrique : Nigeria : un ressortissant allemand enlevé par des hommes armés
- Libération : Boko Haram déclare détenir un otage allemand et avoir marié les lycéennes enlevées
- Reuters : L'armée camerounaise libÚre un Allemand enlevé par Boko Haram
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Annexes
Bibliographie
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- (en) Chukwudi Oparaku, Implication of Boko Haram Activities for National Security in Nigeria, Lambert Academic Publishing, 2012, 76 p. (ISBN 9783659286728)
- (en) Jacob Zenn, Boko Haram in West Africa: Al Qaeda's Next Frontier?, Brookings Institution Press, 2012, 47 p. (ISBN 9780983084259)
Documentaires
- Boko Haram, les origines du mal, réalisé par Xavier Muntz, 2016. Vidéo sur ARTEplus7
Articles connexes
Vidéographie
- [vidéo] Les preuves des crimes de guerre commis par Boko Haram au Nigeria, France Info, 25 juin 2015.
- [vidéo] Comprendre la menace de Boko Haram en 5 minutes, le monde.fr, 27 janvier 2015.
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Boko Haram et le terrorisme islamiste au Nigeria : insurrection religieuse, contestation politique ou protestation sociale ? », in Questions de recherche, no 40, juin 2012, 33 p.
- Le Point : "J'ai été enlevée par Boko Haram"
- Est-ce la fin de Boko Haram ?, Les Inrocks, 13 août 2015
- Elodie Apard, Les mots de Boko Haram (1/2) : les prĂȘches de Mohammed Yusuf sur le « djihad obligatoire », Le Monde, 29 avril 2016.
- Elodie Apard, Les mots de Boko Haram (2/2) : stratĂ©gie mĂ©diatique, provocations et outrance verbale dans les messages dâAbubakar Shekau, Le Monde, 29 avril 2016.
- Christian Seignobos, Comment le piĂšge Boko Haram sâest refermĂ© sur le lac Tchad, Le Monde, 20 septembre 2017.