Olusegun Obasanjo
Olusegun Obasanjo (en yoruba : á»lĂșáčŁáșčÌgun á»bĂĄsanjá»Ì, nĂ© le ) est un militaire et homme d'Ătat nigĂ©rian. Il devient une premiĂšre fois chef de l'Ătat de 1976 Ă 1979 au sein du gouvernement militaire fĂ©dĂ©ral puis, revenu Ă la vie civile, il est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique pour deux mandats successifs, de 1999 Ă 2007.
Olusegun Obasanjo | |
Olusegun Obasanjo en 2005. | |
Fonctions | |
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Président de la république fédérale du Nigeria | |
â (8 ans) |
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Ălection | |
RĂ©Ă©lection | |
Vice-président | Atiku Abubakar |
Prédécesseur | Abdulsalami Abubakar (président du Conseil provisoire de gouvernement, de facto) |
Successeur | Umaru Yar'Adua |
Président de l'Union africaine | |
â (1 an, 6 mois et 18 jours) |
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Prédécesseur | Joaquim Chissano |
Successeur | Denis Sassou-Nguesso |
PrĂ©sident du gouvernement militaire de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale du Nigeria (chef de l'Ătat, de facto) | |
â (3 ans, 7 mois et 18 jours) |
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Vice-président | Shehu Yar'Adua (vice-président du gouvernement militaire) |
PrĂ©dĂ©cesseur | Murtala Muhammed (chef de l'Ătat, de facto) |
Successeur | Shehu Shagari (président de la République) |
Vice-président du gouvernement militaire de la République fédérale du Nigeria | |
â (6 mois et 15 jours) |
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Président | Murtala Muhammed (président du gouvernement militaire, de facto) |
Prédécesseur | Joseph Edet Akinwale Wey |
Successeur | Shehu Musa Yar'Adua |
Biographie | |
Nom de naissance | Mathew ĂráșčÌmĂș OlĂșáčŁáșčÌgun Okikiá»la á»basanjá» |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Abeokuta (Nigeria) |
Nationalité | Nigériane |
Parti politique | Parti démocratique populaire |
Conjoints | 1) Oluremi Akinbwon (divorcés) 2) Lynda Obasanjo (divorcés, décédée) 3) Stella Abebe (décédée) |
Religion | Baptisme |
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Présidents de la République fédérale du Nigeria Présidents de l'Union africaine |
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Biographie
Il est nĂ© le dans une famille yoruba chrĂ©tienne dans la ville d'Abeokuta, dans l'Ătat d'Ogun. Il a fait son cycle secondaire Ă la Baptist Boys' High School (en) d'Abeokuta[1] - [2].
CarriĂšre militaire
EngagĂ© volontaire dans l'armĂ©e nigĂ©riane en 1958, il est envoyĂ© Ă l'Ă©cole d'officiers d'Aldershot, au Royaume-Uni. Sa formation inclut Ă©galement des sĂ©jours en Inde et au Ghana. En 1960-1961, il est envoyĂ© en RĂ©publique du Congo-LĂ©opoldville parmi les troupes d'interpositions des Nations unies. RentrĂ© au pays, il est Ă la tĂȘte de la 3e division de Commandos de Marine qui accepte la reddition du Biafra sĂ©cessionniste en janvier 1970.
PremiĂšre accession au pouvoir
Le , il est au cĂŽtĂ© de Murtala Mohammed quand celui-ci s'empare du pouvoir Ă la faveur d'un coup d'Ătat. Lorsque ce dernier est tuĂ© le lors d'une tentative de renversement manquĂ©e, Obasanjo, alors chef des armĂ©es, le remplace. Il organise dĂšs lors la transition dĂ©mocratique du pays, rĂ©dige une nouvelle constitution et devient le premier dirigeant du pays Ă abandonner volontairement (ou vivant) le pouvoir en transmettant les rĂȘnes du pays Ă Shehu Shagari, premier prĂ©sident civil Ă©lu.
Il se retire des affaires publiques, et, lorsque les militaires reprennent le pouvoir en 1983, il n'est ni impliquĂ© ni ne donne son approbation au renversement du pouvoir civil. Il reste tout au long des annĂ©es qui suivent critique des nombreuses violations des droits de lâHomme et du nĂ©potisme gĂ©nĂ©ralisĂ© des gouvernements militaires successifs.
CarriĂšre politique
Candidat au poste de secrétaire général des Nations unies en 1991, il échoue face à Boutros Boutros-Ghali.
Sous le gouvernement du gĂ©nĂ©ral Sani Abacha, il est condamnĂ© en 1995 Ă la prison Ă vie pour complot. La peine est commuĂ©e Ă 15 ans sous la pression internationale, puis purement et simplement annulĂ©e Ă la mort d'Abacha en juin 1998. Lors de son sĂ©jour en prison, il affirme avoir fait une nouvelle naissance et devient membre dâune Ă©glise baptiste lors de sa libĂ©ration [3] - [4] - [5]. Il retourne dans l'arĂšne politique sous la banniĂšre du Parti dĂ©mocratique populaire (People's Democratic Party - PDP) et est triomphalement Ă©lu en 1999 avec 62,6 % des voix face Ă un autre chrĂ©tien yoruba, Olu Falae. Paradoxalement, son plus mauvais score fut dans sa rĂ©gion dâorigine, les Ă©lecteurs locaux lui reprochant dâavoir remis le pouvoir aux haoussas musulmans en 1979 et de leur ĂȘtre depuis lors infĂ©odĂ©s. Son statut de Born-again christian est cependant considĂ©rĂ© comme un atout politique dans les autres rĂ©gions du Sud chrĂ©tien.
Il mĂšne une politique Ă©conomique favorable aux investisseurs Ă©trangers, ce qui conduit Ă une multiplication des banques privĂ©es, Ă une vague de privatisations et Ă des licenciements massifs dâemployĂ©s du secteur public. Son Ă©lection, en 1999, avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e dâun voyage de campagne aux Ătats-Unis menĂ© Ă bord dâun avion fourni par la compagnie pĂ©troliĂšre Chevron[6].
Les Ă©lections de 2003 reflĂštent une polarisation croissante de la sociĂ©tĂ© nigĂ©riane le long des lignes de fracture religieuses. S'il engrange Ă nouveau prĂšs de 61,8 % des voix face Ă l'ex-chef d'Ătat haoussa musulman Muhammadu Buhari et aprĂšs une campagne tumultueuse, ce n'est que parce que le sĂ©vĂšre recul dans les Ătats du Nord est compensĂ© par un fort soutien cette fois de son Sud-Ouest natal. Des accusations de fraudes seront par ailleurs lancĂ©es des deux cĂŽtĂ©s, mais les observateurs ne les jugent pas suffisamment systĂ©matiques pour avoir eu une rĂ©elle influence sur le rĂ©sultat final du scrutin (Obasanjo l'emportant avec prĂšs de 11 millions de voix d'avance).
La constitution nigĂ©riane interdit au prĂ©sident de se reprĂ©senter pour un troisiĂšme mandat. Une modification constitutionnelle avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e sans qu'Obasanjo ne donne des informations claires sur sa volontĂ© ou non d'effectuer un troisiĂšme mandat ainsi que sur son soutien Ă cette modification. Les anciens chefs d'Ătat issus de l'armĂ©e Muhammadu Buhari et Ibrahim Babangida ainsi que le vice-prĂ©sident Atiku Abubakar[7] se dĂ©clarent opposĂ©s Ă cette modification. La proposition a rencontrĂ© un front uni de l'opposition au parlement ainsi que le soutien de dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs du People's Democratic Party d'Obasanjo. Elle n'a pas reçu l'aval des deux tiers du SĂ©nat nigĂ©rian lors d'un vote le . En consĂ©quence, Obasanjo ne peut donc se reprĂ©senter en 2007[8]. Des accusations d'achats de voix ont Ă©tĂ© lancĂ©es et des enquĂȘtes diligentĂ©es[9]. Ă l'issue du vote du SĂ©nat, le prĂ©sident Obasanjo s'est exprimĂ© au comitĂ© exĂ©cutif national du People's Democratic Party rĂ©uni en urgence et a dĂ©clarĂ© ce vote « une victoire de la dĂ©mocratie[10] ».
En , son dauphin Umaru Yar'Adua est élu président de la République à la faveur de nombreuses fraudes.
En , Obasanjo est nommé envoyé spécial de l'ONU chargé de la crise congolaise entre les troupes gouvernementales de Joseph Kabila et la milice du CNDP de Laurent Nkunda[11].
Il est depuis 2008 membre de l'Africa Progress Panel, une fondation basée à GenÚve et présidée par Kofi Annan.
En aoĂ»t 2021, l'Union africaine nomme Olusegun Obasanjo au poste de Haut reprĂ©sentant pour la Corne de l'Afrique, alors que cette rĂ©gion est en proie Ă deux conflits majeurs, d'une part une guerre civile au TigrĂ© (Ăthiopie) et d'autre part la guerrila menĂ©e par les milices islamistes en Somalie[12].
Notes et références
- Yekeen Nurudeen, God, Baptist Training Made Me What I Am â Obasanjo, icirnigeria.org, Nigeria, 26 avril 2017
- (en) « Olusegun Obasanjo », Britannica
- Kehinde Akinyemi, Nigeria: I Knew I Would Leave Prison Alive -Obasanjo, dailytrust.com in allafrica.com, Nigeria, 1er novembre 2010
- Jemilat Nasiru, Obasanjo: I was a pastor in prison⊠I even led a âserial murdererâ to Christ, thecable.ng, Nigeria, 27 mars 2017
- John Iliffe, Obasanjo, Nigeria and the World, James Currey, (ISBN 978-1847010278), p. 157
- Jean-Christophe Servant, « Cynique « black business » entre les Etats-Unis et lâAfrique », sur Le Monde diplomatique,
- « Death of Third Term Celebrated in Yola With a Rally », Daily Trust, 19 mai 2006.
- (en) « Obasanjo Accepts 3rd Term Defeat », Vanguard, 19 mai 2006.
- (en) « Obasanjo Accepts Decision On 3rd Term », Daily Champion, 19 mai 2006.
- (en) « Obasanjo: It's Victory for Democracy », This Day, 19 mai 2006.
- (en) UN Chief Names Special Envoy for DRC Crisis, Voice of America, 3 novembre 2008.
- (en) Tesfa-Alem Tekle, « AU names Obasanjo High Representative for Horn of Africa », The EastAfrican,