Muhammadu Buhari
Muhammadu Buhari, nĂ© le Ă Daura (Nigeria britannique), est un militaire et homme d'Ătat nigĂ©rian, prĂ©sident sortant du Nigeria.
Muhammadu Buhari | |
Portrait officiel de Muhammadu Buhari (2015). | |
Fonctions | |
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Ministre fédéral des Ressources pétroliÚres | |
â (7 ans, 6 mois et 18 jours) |
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PrĂ©sident | Lui-mĂȘme |
Prédécesseur | Diezani Allison-Madueke |
Président de la république fédérale du Nigeria[N 1] | |
â (8 ans) |
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Ălection | 29 mars 2015 |
Réélection | 23 février 2019 |
Vice-président | Yemi Osinbajo |
Gouvernement | Buhari I et II |
Prédécesseur | Goodluck Jonathan |
Successeur | Bola Tinubu |
PrĂ©sident du Conseil militaire suprĂȘme de la rĂ©publique fĂ©dĂ©rale du Nigeria (chef de l'Ătat, de facto) | |
â (1 an, 7 mois et 27 jours) |
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Prédécesseur | Shehu Shagari (en tant que président de la république) |
Successeur | Ibrahim Babangida (en tant que président du Conseil de gouvernement des forces armées |
Commissaire fédéral chargé du Pétrole et des Ressources naturelles | |
â (2 ans et 3 mois) |
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Chef de l'Ătat | Olusegun Obasanjo |
Prédécesseur | Mofia Tonjo Akobo |
Gouverneur de l'Ătat de Borno | |
â (1 mois et 12 jours) |
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Prédécesseur | Poste crée |
Successeur | Mustapha Amin |
Gouverneur de lâĂtat du Nord-Est | |
â (6 mois et 2 jours) |
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Chef de l'Ătat | Murtala Muhammed |
Prédécesseur | Musa Usman |
Successeur | Poste supprimé |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Daura, RĂ©gion du nord (Nigeria britannique) |
Nationalité | Nigeria |
Parti politique | ANPP (en) (2002-2010) CPC (en) (2010-2013) APC (depuis 2013) |
Conjoint | |
Enfants | 10
Zulaihat (décédée)
Fatima Musa (décédé) Hadiza Safinatu Halima Yusuf Zarah Aisha Amina |
DiplĂŽmĂ© de | Ăcole des cadets de Mons (en) United States Army War College |
Profession | Militaire |
RĂ©sidence | Aso Villa (en) |
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Présidents de la République fédérale du Nigeria | |
Muhammadu Buhari | |
Naissance | Daura, RĂ©gion du nord (Nigeria britannique) |
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Allégeance | Nigeria |
Arme | Armée nigériane |
Grade | Major général |
AnnĂ©es de service | 1961 â 1985 |
Commandement | 2e bataillon d'infanterie (1965-1967) 31e brigade d'infanterie (1970-1971) 4e division d'infanterie (1980-1981) 2e division d'infanterie mécanisée (en) (1981) 3e division blindée (en) (1981-1983) |
Conflits | Guerre du Biafra Conflit tchado-nigérian (en) |
Major gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e nigĂ©riane Ă la retraite, il a d'abord dirigĂ© le pays comme chef d'Ătat militaire (en) de 1983 Ă 1985 Ă la suite d'un un coup d'Ătat (en). Le terme buharisme (en) renvoie aux politiques autoritaires de son rĂ©gime militaire.
AprĂšs le retour de la dĂ©mocratie, il est candidat malheureux aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 2003 (en), 2007 et 2011 avant d'ĂȘtre finalement Ă©lu lors de celle de 2015 au cours de laquelle il devient le premier homme politique nigĂ©rian Ă dĂ©faire un prĂ©sident sortant. Il est investi (en) le . En , il est rĂ©Ă©lu face Ă l'ancien vice-prĂ©sident Atiku Abubakar.
PremiÚres années
Buhari est nĂ© le Ă Daura dans une famille peule[1]. Son pĂšre, Mallam Hardo Adamu, est un chef de tribu peul originaire de Mai'Adua tandis que sa mĂšre, Zulaihat, est d'ascendance mixte haoussa et kanouri[2] - [3]. 23e enfant de son pĂšre, il est nommĂ© d'aprĂšs l'Ă©rudit musulman persan du IXe siĂšcle Mouhammad al-Boukhari[4]. ĂgĂ© de 3 ou 4 ans Ă la mort de son pĂšre, il est Ă©levĂ© par sa mĂšre et suit une Ă©ducation primaire entre Daura et Mai'Adua avant d'ĂȘtre scolarisĂ© au collĂšge et au lycĂ©e de Katsina[5] - [6].
En 1971, il Ă©pouse Safinatu Yusuf (en)[7], avec laquelle il a cinq enfants et dont il divorce en 1988. En , Buhari se remarie avec Aisha Halilu (en)[8], avec qui il aura cinq autres enfants.
CarriĂšre militaire
Muhammadu Buhari rejoint l'armĂ©e nigĂ©riane en 1961 aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© Ă l'Ă©cole militaire de Kaduna. De 1962 Ă 1963, il suit une formation d'Ă©lĂšve-officier en Angleterre avant d'ĂȘtre nommĂ© en janvier 1963 sous-lieutenant puis commandant de peloton du deuxiĂšme bataillon d'infanterie Ă Abeokuta, au Nigeria. De Ă , il suit une nouvelle formation militaire au Royaume-Uni. Il sert finalement dans diffĂ©rents corps d'armĂ©e[9] - [10] :
- commandant du deuxiĂšme bataillon d'infanterie (1965-1967) ;
- major de brigade, deuxiĂšme secteur, 1re division d'infanterie ( - ) ;
- major de brigade, 3e division d'infanterie ( - ) ;
- commandant, 31e brigade d'infanterie (1970 - 1971) ;
- adjudant général adjoint, 1re division d'infanterie (1971 - 1972) ;
- directeur par intérim des transports et de l'approvisionnement de l'armée nigériane (1974 - 1975) ;
- secrĂ©taire militaire, QG de l'armĂ©e, et membre du Conseil militaire suprĂȘme (1978 - 1979) ;
- colonel (1979 - 1980) ;
- officier général commandant, 4e division d'infanterie ( - ) ;
- officier général commandant de la 2e division d'infanterie mécanisée ( - ) ;
- officier général commandant de la 3e division armée ( - ).
DĂ©buts en politique
Coup d'Ătat de 1966
En , Muhammadu Buhari participe Ă un coup d'Ătat dirigĂ© par le lieutenant-colonel Murtala Muhammed qui renversera et assassinera le Premier ministre du pays, Aguiyi Ironsi[11]. Le coup d'Ătat est considĂ©rĂ© comme sanglant, ayant menĂ© Ă la mort de la plupart des officiers Igbos[12].
Gouverneur de l'Ătat du Nord-Est
En , alors que le gĂ©nĂ©ral Murtala Muhammed vient de prendre le pouvoir, il nomme Buhari gouverneur de l'Ătat du Nord-Est, afin qu'il supervise les amĂ©liorations sociales, Ă©conomiques et politiques de la zone[13].
Commissaire fédéral chargé du Pétrole et des Ressources naturelles
En , le nouveau dirigeant du Nigeria, le gĂ©nĂ©ral Olusegun Obasanjo, nomme Muhammadu Buhari commissaire fĂ©dĂ©ral chargĂ© du PĂ©trole et des Ressources naturelles. La mĂȘme annĂ©e, est crĂ©Ă©e la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) que Buhari dirige Ă©galement jusqu'en 1978[14].
Coup d'Ătat de 1983
En , Muhammadu Buhari, alors qu'il est officier gĂ©nĂ©ral commandant (OGC) de la 3e division blindĂ©e de Jos, dirige un coup d'Ătat dont le but est de renverser le prĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu, Shehu Shagari[15]. Ce coup d'Ătat met fin Ă la DeuxiĂšme RĂ©publique, mise en place peu de temps avant, en 1979. Muhammadu Buhari, qui prendra le pouvoir dans le pays Ă l'issue de ce putsch, justifie ce coup d'Ătat en fustigeant le gouvernement civil « corrompu ». Sa premiĂšre mesure sera de suspendre la Constitution de 1979.
PrĂ©sident du Conseil militaire suprĂȘme
Politique Ă©conomique
Désireux de réformer l'économie, Buhari décide de reconstruire les systÚmes socio-politique et économique du Nigeria et de lutter contre l'austérité. Pour cela, il encourage l'industrialisation par substitution aux importations[16] basée en grande partie sur l'utilisation de matériaux locaux et le resserrement du développement national.
Il centre également sa politique économique sur le rééquilibrage des finances publiques, mais la limitation des importations a finalement pour conséquence de nombreuses pertes d'emplois et la fermeture d'entreprises[17].
Buhari met rapidement un terme aux relations du pays avec le Fonds monétaire international (FMI) qui lui demande de dévaluer le naira de 60 %, ce qu'il refuse[18]. Malgré cela, les réformes engagées par Buhari restent tout autant, voire plus rigoureuses que celles demandées par le FMI[19].
Le , Buhari présente son budget national, accompagné d'une série de mesures complémentaires :
- interdiction temporaire de recruter des travailleurs dans le secteur public ;
- relĂšvement des taux d'intĂ©rĂȘt ;
- arrĂȘt des projets immobiliers ;
- interdiction d'emprunt pour les gouvernements d'Ătat ;
- réduction de 15 % du budget par rapport à 1983 ;
- réalignement des droits d'importation ;
- réduction du déficit de la balance de paiement en réduisant les importations ;
- priorité à l'importation de matiÚres premiÚres et de matériel utile pour l'agriculture et l'industrie.
Buhari est Ă©galement connu pour sa gestion de la crise alimentaire de 1984 et 1985, oĂč, pour des raisons populistes, il expulse le million de NigĂ©riens vivant alors au Nigeria, alors que les ressources alimentaires au Niger Ă©taient encore plus rares qu'au Nigeria. La grande famine est ainsi appelĂ©e au Niger « El-Buhari »[20].
Politique extérieure
Le gouvernement militaire de Buhari est peu ou prou restĂ© sur la mĂȘme ligne politique que Shehu Shagari concernant les relations internationales. En , dans son discours annuel radiodiffusĂ©, Buhari dĂ©clare en effet qu'il maintiendra, voire renforcera, les relations diplomatiques avec des organisations telles que l'OUA, l'ONU, l'OPEP ou encore la CEDEAO. Il indique Ă©galement qu'il honorera les obligations conventionnelles contractĂ©es par les gouvernements prĂ©cĂ©dents.
En 1985, alors que la criminalité augmente et que l'économie du pays est en berne, le gouvernement de Buhari ouvre ses frontiÚres avec le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun (fermées depuis ) afin d'accélérer l'expulsion de 700 000 étrangers et travailleurs migrants[21].
Droits de l'homme
En 20 mois Ă la tĂȘte du Nigeria, Muhammadu Buhari a adoptĂ© nombre de dĂ©crets, dont certains constituent une atteinte aux droits de l'homme. Son rĂ©gime est la cible de nombreuses critiques dans le monde, Ă l'image de la piĂšce de thĂ©Ăątre Ă©crite par le premier laurĂ©at nigĂ©rian du prix Nobel, Wole Soyinka, intitulĂ©e Les Crimes de Buhari[22] qui dĂ©crit un grand nombre de violations menĂ©es sous son rĂ©gime militaire.
DĂ©but 1984, par le biais du dĂ©cret no 2 et pour des raisons de sĂ©curitĂ© d'Ătat, le chef de cabinet de Buhari peut infliger jusqu'Ă 3 mois de dĂ©tention, sans procĂšs ni charges, Ă n'importe quel individu considĂ©rĂ© comme un risque pour la sĂ©curitĂ© du pays[23]. Le dĂ©cret interdit de plus les manifestations populaires et donne des pouvoirs sans prĂ©cĂ©dent aux services secrets nigĂ©rians. Ces derniers jouent un grand rĂŽle dans la rĂ©pression de la dissidence publique en intimidant, harcelant et emprisonnant chaque personne qui brise l'interdiction de manifester ou de faire la grĂšve. En , plus de 200 000 fonctionnaires sont ainsi licenciĂ©s[24]. De nombreux opposants politiques sont Ă©galement emprisonnĂ©s. Parmi eux, un des artistes les plus populaires du Nigeria, ancien candidat Ă la prĂ©sidentielle : Fela[25]. Il est arrĂȘtĂ© pour exportation illĂ©gale de devises le Ă l'aĂ©roport alors qu'il s'apprĂȘtait Ă partir pour une tournĂ©e aux Ătats-Unis. Amnesty International dĂ©crit les accusations portĂ©es contre lui comme « intempestives ». BĂ©nĂ©ficiant d'un pouvoir largement Ă©tendu par le dĂ©cret no 2, le gouvernement condamne Fela Ă 10 ans de prison. Il sera finalement libĂ©rĂ© en 1985 aprĂšs 18 mois de prison[25], lorsque le gouvernement de Buhari est renversĂ©.
Toujours en 1984, il adopte le dĂ©cret no 4 pour la protection contre les fausses accusations[26], considĂ©rĂ© par les spĂ©cialistes comme la loi sur la presse la plus rĂ©pressive jamais adoptĂ©e au Nigeria[27]. L'article 1 de la loi Ă©tablit que « toute personne qui publie, qu'importe la forme, un message, une rumeur, un rapport ou une dĂ©claration [...] non vĂ©ridique sur un point important ou qui pourrait ridiculiser ou discrĂ©diter l'Ătat, se rend coupable d'une infraction en vertu du prĂ©sent dĂ©cret »[28]. La loi dĂ©clare en outre que les journalistes et Ă©diteurs incriminĂ©s seront jugĂ©s par un tribunal militaire, dont le jugement est dĂ©finitif et sans appel. Les coupables sont admissibles Ă une amende d'un minimum de 10 000 nairas et une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'Ă deux ans[27].
Le dĂ©cret no 20 sur le soutage illĂ©gal des navires et le trafic de drogues constitue un autre exemple de la lutte sĂ©vĂšre de Buhari contre la criminalitĂ©[29]. L'article 3 (2) (K) Ă©tablit que « toute personne qui, sans autorisation, vend, fume ou inhale une drogue comme la cocaĂŻne ou toute autre drogue similaire, est coupable en vertu de l'article 6 (3) (K) d'infraction et encourt, sur dĂ©claration de culpabilitĂ©, la peine de mort par peloton d'exĂ©cution ». Dans le cas de Bernard Ogedengebe, le dĂ©cret a Ă©tĂ© appliquĂ© rĂ©troactivement[30] et l'homme a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©, mĂȘme si au moment de son arrestation, il avait Ă©tĂ© jugĂ© et condamnĂ© Ă 6 mois d'emprisonnement[30]. En , 6 autres NigĂ©rians sont condamnĂ©s Ă mort en vertu du mĂȘme dĂ©cret : Sidikatu Tairi, Sola Oguntayo, Oladele Omosebi, Lasunkanmi Awolola, Jimi Adebayo et Gladys Iyamah[7].
Le , Muhammadu Buhari dĂ©clenche une guerre contre l'indiscipline, connue aujourd'hui sous l'acronyme WAI (War against indiscipline) afin de lutter contre le manque de moralitĂ© publique et de responsabilitĂ© civique de la sociĂ©tĂ© nigĂ©riane. Les NigĂ©rians considĂ©rĂ©s comme indisciplinĂ©s doivent former des files d'attente devant des soldats Ă©quipĂ©s de fouets. Les fonctionnaires arrivant en retard au travail sont humiliĂ©s et forcĂ©s Ă faire des sauts de grenouille[17]. Toujours en vertu de la lutte contre l'indiscipline, tout Ă©tudiant ĂągĂ© de plus de 17 ans surpris en train de tricher Ă un examen peut ĂȘtre condamnĂ© Ă 21 ans de prison. La contrefaçon et les incendies criminels sont quant Ă eux passibles de la peine de mort[31].
En 20 mois de présidence, environ 500 hommes politiques, fonctionnaires et hommes d'affaires ont été emprisonnés et accusés de corruption[32].
Coup d'Ătat de 1985 et renversement
En , Muhammadu Buhari est renversĂ© par un coup d'Ătat dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Ibrahim Babangida et d'autres membres du Conseil militaire suprĂȘme[33]. Parmi les alliĂ©s de Babangida figure le frĂšre de Fela Kuti, Olukoye Ransome-Kuti, un mĂ©decin qui avait menĂ© une grĂšve contre Buhari quelques mois plus tĂŽt pour protester contre la baisse des services de soins de santĂ©. AprĂšs le coup d'Ătat, Buhari est dĂ©tenu dans une prison Ă Benin City jusqu'en 1988[34].
Les partisans de Buhari dĂ©clarent qu'il a Ă©tĂ© renversĂ© par des personnes corrompues de son gouvernement qui avaient peur d'ĂȘtre traduites en justice alors que sa politique commençait Ă montrer des rĂ©sultats en matiĂšre de discipline publique, de lutte contre la corruption, de rĂ©duction de l'inflation et de productivitĂ©. Ibrahim Babangida justifie de son cĂŽtĂ© son coup d'Ătat en Ă©voquant l'Ă©chec de Buhari dans la rĂ©solution des problĂšmes Ă©conomiques du pays et promet de « revitaliser l'Ă©conomie ravagĂ©e par des dĂ©cennies de mauvaise gestion du gouvernement et de corruption »[35].
Durant son premier passage au pouvoir, Muhammadu Buhari laisse une réputation d'homme intÚgre[36].
Président du Petroleum Trust Fund
Muhammadu Buhari a été président du Petroleum Trust Fund (PTF), un organisme fondé par le gouvernement du général Sani Abacha et financé par les recettes du marché pétrolier. Un rapport de 1998 du New African salue la transparence de la PTF sous la présidence de Buhari, mais note également que certains critiquent la répartition des ressources de la PTF dont 20 % vont à l'armée[37].
Retour en politique
Ălection prĂ©sidentielle de 2003
Le , Muhammadu Buhari, aprĂšs s'ĂȘtre prĂ©sentĂ© Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle nigĂ©riane comme candidat du All Nigeria People's Party (ANPP), perd cette derniĂšre face au candidat du People's Democratic Party, Olusegun Obasanjo, avec plus de 11 millions de voix d'Ă©cart. Buhari contestera les rĂ©sultats[38].
Ălection prĂ©sidentielle de 2007
Le , il est de nouveau désigné comme candidat de l'ANPP pour la prochaine élection présidentielle. Son principal concurrent selon les sondages est le candidat PDP, Umaru Yar'Adua, également originaire de Katsina. Lors de l'élection, 18 % des voix sont pour Buhari contre 70 % pour Yar'Adua, mais Buhari conteste ces résultats[39]. AprÚs la prise de fonction de Yar'Adua, l'ANPP rejoint son gouvernement, un accord que Buhari dénonce.
En , Muhammadu Buhari quitte l'ANPP pour le CongrÚs progressiste (APC), un parti qu'il a contribué à fonder. Il déclare soutenir l'APC, qui est selon lui "une solution aux conflits débilitants, éthiques et idéologiques de (son) ancien parti, l'ANPP"[40].
Ălection prĂ©sidentielle de 2011
Le , Muhammadu Buhari est candidat CPC Ă la prĂ©sidentielle du Nigeria face Ă 20 autres candidats, parmi lesquels le candidat sortant Goodluck Jonathan du PDP, Mallam Nuhu Ribadu d'Action Congress of Nigeria (ACN) et Ibrahim Shekarau de l'ANPP[41]. Il axe sa campagne sur la lutte contre la corruption et s'engage contre l'immunitĂ© qui protĂšge les reprĂ©sentants du gouvernement. Il se positionne Ă©galement en faveur de l'application de la charia dans les Ătats du nord du Nigeria, une position qui lui cause des difficultĂ©s politiques parmi les Ă©lecteurs chrĂ©tiens du sud du pays[41].
Des partisans de Buhari attaquent des colonies chrétiennes dans le centre du pays et ces élections sont entachées par la violence sectaire généralisée, qui coûte la vie à 800 personnes à travers le pays[42]. Muhammadu Buhari perd ces élections et affirme que le scrutin est truqué. Alors que Human Rights Watch les classe "parmi les plus belles de l'histoire du Nigeria"[42], Buhari déclare que "si ce qui est arrivé en 2011 se produit à nouveau en 2015, par la grùce de Dieu, le chien et le babouin seront tous trempés de sang"[42].
Il reste cependant populaire grùce à son opposition marquée à la corruption, mais ne remporte qu'un total d'environ 12 millions de votes à l'élection présidentielle, terminant deuxiÚme derriÚre Goodluck Jonathan du PDP et ses 22 millions de votes[43].
Ălection prĂ©sidentielle de 2015
Pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle se tenant en 2015, l'Ă©quipe de campagne du prĂ©sident sortant, Goodluck Jonathan, demande la disqualification de Muhammadu Buhari, affirmant qu'une telle candidature serait contraire Ă la constitution[44]. Selon le document, pour se prĂ©senter Ă une Ă©lection prĂ©sidentielle, le futur candidat doit au minimum avoir obtenu son certificat d'Ă©tudes secondaires ou un Ă©quivalent et Buhari n'a pas donnĂ© de preuve de l'obtention de ce diplĂŽme, affirmant avoir perdu les originaux dans le pillage de sa maison lors du renversement du pouvoir en 1985[45]. Il se prĂ©sente finalement Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle, comme candidat de l'APC et axe une nouvelle fois sa campagne sur la lutte contre la corruption, se construisant une image d'homme honnĂȘte. Il a cependant dĂ©clarĂ© dans une interview vouloir, s'il Ă©tait Ă©lu, donner l'amnistie aux fonctionnaires emprisonnĂ©s pour vol s'ils se repentent[46]. En , le groupe d'insurgĂ©s MEND (Mouvement pour l'Ă©mancipation du delta du Niger) se positionne en faveur de la candidature de Buhari dans la course prĂ©sidentielle[47] (cependant, devenu prĂ©sident, et ayant promis de lutter contre la corruption, Government Ekpemupolo, l'un des chefs historiques du MEND, est condamnĂ©[48]).
Le , il est élu face au président sortant, Goodluck Jonathan, avec 54 % des voix[49] - [50].
Président de la République
Muhammadu Buhari prend ses fonctions de président de la République le .
ProblÚmes de santé
En , Buhari quitte Abuja pour raisons de santé et se rend en Grande-Bretagne. Yemi Osinbajo assure l'intérim en tant que vice-président. Il y reste pour des analyses médicales à propos d'une maladie non spécifiée. Son retour est annoncé à deux reprises puis reporté. Des rumeurs de décÚs circulent aussi. Il fait son retour à Abuja le [51] - [52]. Le 13 mars, il reprend ses fonctions[53].
Le , il est de nouveau hospitalisé à Londres[54]. Osinbajo assure de nouveau l'intérim[55] alors que Muhammadu Buhari n'apparaßt plus en public pendant des semaines, alimentant les rumeurs sur son état de santé[55] - [54]. Le , cent jours aprÚs son départ pour Londres, éclatent, au Sud, des manifestations demandant sa démission ou son retour[56]. Le 19 août, il retourne au Nigeria[57].
Fin , il effectue un remaniement au sein du gouvernement et des agences gouvernementales, et nomme par mégarde des personnalités décédées[58].
Politique internationale
Le , il est le premier dirigeant dâAfrique subsaharienne invitĂ© Ă la Maison Blanche depuis l'arrivĂ©e au pouvoir de Donald Trump[59].
Situation Ă©conomique
Le pays entre en rĂ©cession en 2016, puis renoue avec la croissance Ă partir de lâannĂ©e suivante avec des taux environnant 1,75 %[60]. Entre son arrivĂ©e au pouvoir et , le chĂŽmage passe de 8 % Ă 23 %[61]. MalgrĂ© la politique de rigueur, la dette publique augmente Ă©galement, de 13 Ă 21 % du PIB[62], tandis que le dĂ©ficit passe de 1,5 Ă 5 % du PIB[63]. Lâinflation sâaccroĂźt pour approcher des 20 %, avant de connaĂźtre un recul Ă partir de 2017, bien qu'elle reste supĂ©rieure Ă 10 %[64].
Ălection prĂ©sidentielle de 2019
Le , en vue de lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2019, il annonce sa candidature Ă la primaire de l'APC[65]. Le , il dĂ©pose officiellement sa candidature Ă la primaire[66]. Le , seul candidat, il est officiellement dĂ©signĂ© candidat de l'APC[67].
Son bilan est jugĂ© mitigĂ© : alors qu'il avait fait campagne en 2015 sur la lutte contre Boko Haram, quatre ans plus tard, celui-ci est certes repliĂ© mais pas dĂ©fait, des centaines de militaires nigĂ©rians ayant Ă©tĂ© tuĂ©s par le groupe terroriste durant les derniĂšres annĂ©es. Des heurts violents entre pasteurs nomades et agriculteurs continuent par ailleurs de ronger une partie du pays. Et si aucune affaire de corruption ne l'a visĂ©, Muhammadu Buhari n'a pas tenu sa promesse de la rĂ©sorber dans le pays, Ă©chouant Ă faire adopter une loi sur le commerce et de pĂ©trole, secteurs Ă l'origine de dĂ©tournements de fonds. Comme celle de son vice-prĂ©sident Yemi Osinbajo dans le sud du pays, sa popularitĂ© reste toutefois forte dans le nord, mais son opposant Atiku Abubakar l'accuse dans le cadre de la campagne Ă©lectorale de prĂ©parer des fraudes, aprĂšs que le prĂ©sident de la Cour suprĂȘme, susceptible de trancher des problĂšmes Ă©lectoraux, a Ă©tĂ© limogĂ© par le prĂ©sident un mois avant le scrutin[68].
Le , il est réélu dÚs le premier tour[69]. Atiku Abubakar conteste les résultats[70].
Le , Buhari prĂȘte serment pour un deuxiĂšme mandat[71].
Controverses
Scandale des 2,8 milliards de dollars de la NNPC
Pendant son mandat de commissaire fĂ©dĂ©ral au PĂ©trole et aux Ressources naturelles, 2,8 milliards de dollars amĂ©ricains auraient disparu des comptes de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Alors que l'ancien prĂ©sident, Ibrahim Babangida, accuse Buhari d'ĂȘtre responsable de cette fraude, l'administration Shagari inaugure un tribunal spĂ©cialisĂ© dans les ventes de pĂ©trole brut[72]. Celui-ci enquĂȘte sur ce dĂ©tournement de fonds et prĂ©cise ne pas pouvoir confirmer ces accusations, bien qu'il ait remarquĂ© quelques dĂ©faillances dans les comptes de la NNPC[73].
Attitude pendant le conflit tchado-nigérian
En 1983, lorsque le Tchad envahi le Nigeria par l'Ătat de Borno, le major gĂ©nĂ©ral Muhammadu Buhari reçoit du prĂ©sident Shehu Shagari la consigne de repousser les envahisseurs sans traverser la frontiĂšre dans l'autre sens. MalgrĂ© cela, il s'avance de plus de 50 km en territoire tchadien. SommĂ© de s'expliquer sur cet acte qui s'apparente Ă de l'insubordination, il dĂ©clare que, pris dans le feu de l'action, il ne s'est pas rendu compte de son franchissement de la frontiĂšre[74] - [75].
Affaire Umaru Dikko
L'affaire Umaru Dikko est un autre moment marquant de la dictature militaire de Muhammadu Buhari (1983-1985). Le ministre des Transports du gouvernement prĂ©cĂ©dent, Umaru Dikko, qui rĂ©side Ă l'Ă©tranger, est accusĂ© d'avoir dĂ©tournĂ© plus d'un milliard de dollars de profits pĂ©troliers. AidĂ©s par le Mossad, les services secrets nigĂ©rians (en) le localisent Ă Londres (Royaume-Uni) et tentent d'organiser clandestinement son extradition en l'enfermant dans un sac plastique, lui-mĂȘme dissimulĂ© dans une caisse estampillĂ©e « valise diplomatique ». Les caisses n'Ă©tant pas considĂ©rĂ©es comme des valises diplomatiques par la convention de Vienne, le complot est mis au jour par un agent des douanes de l'aĂ©roport de Stansted avant que Dikko ne puisse embarquer, contraint, dans un Boeing 707 de Nigeria Airways Ă destination de Lagos[76].
Scandale des 53 valises
Alors qu'il est chef de l'Ătat, Buhari est impliquĂ© dans un scandale concernant 53 valises, contenant prĂ©tendument 700 millions de dollars et dĂ©tenues par l'Ă©mir du Gwandu, qui ont Ă©tĂ© dĂ©douanĂ©es sans inspection sur le vol de l'Ă©mir en provenance d'Arabie saoudite[77].
Charia au Nigeria
Le , Ahmed Sani Yerima, gouverneur de Zamfara, annonce le rĂ©tablissement du droit pĂ©nal musulman dans son Ătat. Dans les deux annĂ©es qui suivent, 11 autres Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s du nord du pays le rĂ©tablissent Ă leur tour[78]. Le , lors d'un sĂ©minaire organisĂ© Ă Kaduna par le Conseil suprĂȘme pour la charia au Nigeria, Buhari apporte son soutien Ă ce mouvement et affirme son souhait de le voir s'Ă©tendre aux autres Ătats Ă majoritĂ© musulmane ainsi qu'aux Ătats Ă majoritĂ© chrĂ©tienne du sud, dĂ©clarant : « Je continuerai Ă montrer ouvertement et en moi-mĂȘme l'engagement total envers le mouvement de la charia qui balaie tout le Nigeria. Si Dieu le veut, nous n'arrĂȘterons pas l'agitation pour l'implĂ©mentation totale de la charia dans le pays »[79] - [80]
Le , il se dĂ©clare cependant en faveur de la libertĂ© de religion, dĂ©clarant que « la religion ne doit jamais ĂȘtre utilisĂ©e comme une excuse pour diviser, opprimer les autres ou obtenir des avantages injustes », ajoutant que toute sa vie, il a « exprimĂ© la conviction que tous les NigĂ©rians doivent adorer Dieu selon leur souhait »[81]. Le , il rappelle de plus n'avoir jamais imposĂ© la charia lorsqu'il Ă©tait Ă la tĂȘte du pays.
MĂ©diation avec Boko Haram
En 2012, le nom de Buhari est ajoutĂ© sur une liste constituĂ©e par l'organisation terroriste Boko Haram et Ă©numĂ©rant les personnes de confiance avec qui il est possible de nĂ©gocier[82]. Un an plus tard, Muhammadu Buhari est l'auteur d'une sĂ©rie de dĂ©clarations litigieuses concernant Boko Haram. Il demande notamment au gouvernement fĂ©dĂ©ral d'arrĂȘter le massacre des membres de l'organisation terroriste[83] et critique la prĂ©valence de militants chrĂ©tiens dans le sud du pays. Il dĂ©clare que la « responsable des problĂšmes de sĂ©curitĂ© dans le pays »[84] est « l'activitĂ© militante du delta du Niger »[83]. Il remet Ă©galement en cause le traitement spĂ©cial accordĂ© Ă ces militants par le gouvernement fĂ©dĂ©ral et dĂ©plore le fait que les membres de Boko Haram soient tuĂ©s. Des dĂ©clarations qui suscitent de nombreuses rĂ©actions, notamment celle du prĂ©sident de l'Association chrĂ©tienne du Nigeria, le pasteur Ayo Oritsejafor, qui demande son arrestation[83].
En , aprÚs l'enlÚvement des lycéennes de Chibok, Buhari dénonce toutefois les actions de Boko Haram et demande aux Nigérians de « mettre de cÎté la religion, la politique et toutes autres divisions afin d'écraser l'insurrection, attisée par des fanatiques insensés déguisés en musulmans »[85]. Quelques mois plus tard, il échappe à un attentat à la bombe revendiqué par Boko Haram à Kaduna, qui fait 82 morts[86].
En novembre 2020, au moins 110 civils sont tuĂ©s par des jihadistes prĂ©sumĂ©s, confirmant l'incapacitĂ© de Muhammadu Buhari Ă sĂ©curiser le nord-est du pays, en dĂ©pit du fait quâil avait Ă©tĂ© Ă©lu en 2015 notamment sur la promesse de sĂ©curiser ce territoire[87].
Distinctions
Muhammadu Buhari a reçu plusieurs prix et médailles :
- Congo Medal (CM) ;
- Defense Service Medal (DSM) ;
- Forces Service Star (FSS) ;
- General Commander of the Federal Republic of Nigeria (GCFR) ;
- Loyal Service and Good Conduct Medal (LSGCM) ;
- National Service Medal (NSM) ;
- Super Prix Grand BĂątisseurâTrophĂ©e Babacar NDiaye.
Notes et références
Notes
- Le vice-président, Yemi Osinbajo, assure l'intérim du au , du au et du au .
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Annexes
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Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative Ă la vie publique :
- (en) C-SPAN