Goodluck Jonathan
Goodluck Jonathan, né le à Ogbia au Nigeria, est un homme d'État nigérian membre du Parti démocratique populaire (PDP). Il est président de la République du Nigeria entre 2010 et 2015.
Goodluck Jonathan | |
Goodluck Jonathan en 2013. | |
Fonctions | |
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Président de la république fédérale du Nigeria[N 1] | |
– (5 ans et 23 jours) |
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Élection | 16 avril 2011 |
Vice-président | Namadi Sambo |
Prédécesseur | Umaru Yar'Adua |
Successeur | Muhammadu Buhari |
Vice-président de la République fédérale du Nigeria | |
– (2 ans, 11 mois et 7 jours) |
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Élection | 1er avril 2007 |
Président | Umaru Yar'Adua |
Prédécesseur | Atiku Abubakar |
Successeur | Namadi Sambo |
Biographie | |
Nom de naissance | Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Ogbia (Nigeria) |
Nationalité | nigériane |
Parti politique | Parti démocratique populaire |
Conjoint | Patience Jonathan |
Diplômé de | université de Port-Harcourt |
Religion | Anglicanisme, Église du Nigeria |
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Vice-présidents de la République fédérale du Nigeria Présidents de la République fédérale du Nigeria |
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Candidat à la vice-présidence du PDP sur le ticket d'Umaru Yar'Adua, il est élu et investi le . Jonathan est président de la République par intérim à partir du en raison de l'absence prolongée du président Yar'Adua qui souffre de problèmes de santé. Ce dernier meurt le et Jonathan lui succède officiellement le 9 mai 2010. Jonathan est élu président lors de l'élection présidentielle du avec 59 % des voix. Il est battu au second tour de l'élection présidentielle de 2015 par Muhammadu Buhari, qui lui succède le .
Biographie
Vie personnelle et formation
Goodluck Jonathan est né le , à Otueke, dans la zone de gouvernement local d'Ogbia (anciennement dans l'État de Rivers et actuellement dans l'État de Bayelsa), d'une famille de fabricants de canots[1]. Il est titulaire d'un doctorat de zoologie de l'université de Port Harcourt. Il détient également une maîtrise des sciences en hydrobiologie et en biologie de la pêche. Après ses études, il devient inspecteur d'école, lecteur à l'université et chargé de la protection environnementale[1]. Il entre en politique en 1998.
Goodluck Jonathan et son épouse, Patience, ont deux enfants. Il est chrétien et membre de l'ethnie Ijaw[1].
Vice-gouverneur, puis gouverneur du Bayelsa
Jonathan est élu vice-gouverneur de l'État de Bayelsa, État producteur de pétrole du sud du pays, le sur le ticket du gouverneur Diepreye Alamieyeseigha (en). Le gouverneur Alamieyeseigha est mis en examen puis mis sous contrôle judiciaire au Royaume-Uni pour une affaire de blanchiment d'argent en 2005. Il est destitué par l'Assemblée de l'État de Bayelsa et Jonathan devient gouverneur le [1].
En , un rapport de Wikileaks affirme que Patience Jonathan, la femme de Jonathan, est mise en examen pour blanchiment d'argent par la commission fédérale de lutte contre la corruption (la Economic and Financial Crimes Commission)[2]. Il sera prouvé plus tard que ce rapport était faux[3], le directeur de la Commission fédérale de lutte contre la corruption déclarant qu'elle « n'est impliquée dans aucune enquête de l'EFCC »[4] - [5].
Vice-président de la République
Le PDP élit Umaru Yar'Adua comme candidat pour l'élection présidentielle d' et ce dernier choisit Jonathan comme candidat à la vice-présidence. Le choix de Jonathan comme candidat à la vice-présidence est fondé sur la division géographico-religieuse du pays : si Yar'Adua représente le Nord musulman, Jonathan représente lui le Sud chrétien[6]. Jonathan n'était pas favori parmi les candidats du Sud pour obtenir l'investiture en tant que vice-président, mais les chefs du PDP ne le considèrent pas comme une menace et il est choisi[7] - [1].
En tant que vice-président, il est également membre du Conseil national de sécurité et du Conseil de défense nationale. Il est aussi président du Conseil économique national.
Par intérim
Du au , le président Yar'Adua est hospitalisé à Djeddah en Arabie saoudite pour des problèmes cardiaques[8]. L'absence de plus en plus longue de Yar'Adua[9] laisse de facto l'État nigérian sans chef et le vice-président n'est pas enthousiaste à l'idée d'assumer la présidence[N 2]. Le , des manifestants, menés par Wole Soyinka, dénoncent la vacance du pouvoir. Le conseil des ministres est divisé déclarant que Yar'Adua « n'était pas incapable d'assurer ses fonctions »[10].
Poussé par la puissante association des gouverneurs et par un vote du Sénat le , Jonathan accepte d'être investi président par intérim. Cette investiture est contestée car constitutionnellement, le président doit notifier par écrit qu'il est dans l'incapacité de gouverner, ce qui n'a pas été fait[8]. Au retour du président, il continue à assurer l'intérim, Yar'Adua ne semblant pas en mesure de reprendre ses fonctions. Ce dernier meurt le , après un traitement médical en Arabie saoudite en .
De plein exercice, premier mandat
Jonathan prête serment le . Le , il nomme Namadi Sambo comme vice-président. Il promet alors de poursuivre la mise en œuvre du programme de Yar'adua[11].
Lors de la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud, alors que l'équipe nationale de football est éliminée dès la phase de poules, Goodluck Jonathan décide de la retirer de toute compétition pendant deux ans[12]. Il ordonne un audit sur la manière dont les fonds alloués pour l'équipe ont été dépensés[13]. La FIFA s'oppose à cette enquête et déclare qu'elle expulsera le Nigeria du football mondial si celle-ci se déroule. Elle demande conseil à Amos Adamu (en), le ministre des Sports nigérian, limogé à la suite d'une affaire de corruption, et menace le pays de ne pas verser les 8 millions d'euros dus au Nigeria pour sa participation à la Coupe du monde[14]. Deux dirigeants de la fédération nigériane sont limogés et Jonathan cède à la pression et lève son interdiction[15].
Élection présidentielle de 2011
Le , Goodluck Jonathan annonce sur Facebook son intention de se présenter pour la première fois à la prochaine élection présidentielle.
Le , Jonathan remporte l'élection présidentielle dès le premier tour avec 57 % des voix contre 31 % à Muhammadu Buhari[16], remportant 22 États sur 36[17]. Le résultat est contesté par Buhari auprès de la commission électorale et des affrontements interreligieux éclatent dans le Nord du pays, faisant plus de 800 morts en trois jours[18] - [1]. Les observateurs étrangers, menés par John Kufuor, ont cependant noté une bonne tenue de l'élection par rapport aux précédentes[19]. Goodluck Jonathan prête serment et entre en fonctions officiellement fin [20].
Second mandat
Un de ses premiers objectifs est de réformer le secteur énergétique[21] afin d’approvisionner de manière stable en électricité l’intégralité du pays. Le Nigeria est historiquement en proie à des pannes fréquentes d’électricité. Selon les économistes, ces pannes coûtent au pays des milliards de dollars en pertes de production et importation de générateur diesel[22]. Jonathan supervise la privatisation du secteur. La Power Holding Company of Nigeria cède le contrôle de ses actifs à 15 entreprises soumissionnaires privées[23]. Une opération supervisée par la CPCS Transcom Limited, une société de conseil basée au Canada spécialisée dans les projets de transport et d’infrastructures énergétiques[24].
Le , Goodluck Jonathan lance le plan Youth Enterprise with Innovation in Nigeria (YOUWIN), un concours destine à exploiter l’énergie créatrice des jeunes âgés de 18 à 35 ans. L’initiative doit créer entre 40 000 et 50 000 emplois durables à l’horizon 2014[25].
En 2013, Jonathan fait l'objet d'une enquête de la part de la EFCC sur le financement de concerts au Nigeria avec Beyoncé, Snoop Dogg et Jay-Z[26].
Il promulgue en 2014 une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigéria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 2013[27] et reçoit le soutien de 92 % des Nigérians[28] dans un pays où, selon les sondages, 98 % des habitants ne pensent pas que l'homosexualité devrait être acceptée par la société[28].
Sécurité
Le , après l’explosion du bâtiment de l’ONU à Abuja orchestré par le groupe terroriste Boko Haram, Jonathan annonce qu’il compte « travailler avec l’ONU et d’autres dirigeants du monde entier pour s’assurer que le terrorisme reste sous contrôle »[29].
Le , il déclare l'état d’urgence dans trois États nigérians du nord-est, Borno, Yobe et Amadaoua, afin de limiter les activités de Boko Haram[30]. Malgré une amnistie déclarée en , il ordonne des peines d’emprisonnement de 20 ans pour toute personne jugée comme étant proche de Boko Haram[31].
Goodluck Jonathan est contraint, début 2014, de renvoyer les chefs d'état-major de son armée. En effet, il les avait nommés sans concertation avec l'assemblée nationale, comme la loi l'y obligeait. Une décision de justice en a donc jugé ces nominations illégales. Jonathan se plie à cette décision en janvier, lorsque l'avocat à l'origine de la plainte lui écrit afin de lui demander de la respecter. Le nouvel état-major est nommé en concertation avec l'assemblée nationale[32]. Ce renvoi est toutefois interprété diversement puisque d'autres médias considèrent que le limogeage de son état-major est dû à l'incapacité de ces derniers à lutter contre Boko Haram, un groupe terroriste islamiste[33].
Au cours de l’année, l’administration de Jonathan subit des pressions concernant l’enlèvement de 200 écolières par Boko Haram. Après plusieurs manifestations de la population, considérant que le pays ne réagit pas suffisamment, Jonathan propose de libérer des prisonniers en échange de la libération des jeunes filles. Il en discute ensuite à Paris avec les ministres des Affaires étrangères français, britannique, américain et israélien qui lui conseillent de ne pas faire de marché avec Boko Haram. Il suit leur conseil dans un premier temps avant de finalement, le , demander un échange avec des prisonniers. Ce revirement aurait irrité les dirigeants de Boko Haram[34].
Élection présidentielle de 2015
Sa campagne à l'élection présidentielle de 2015 est difficile. En , Olusegun Obasanjo, ancien président, homme fort du pays et soutien de Jonathan demande publiquement sa démission en raison de ses échecs politiques. Plusieurs membres influents du PDP quittent le parti pour rejoindre l'All Progressives Congress (APC), un nouveau parti politique[1].
Le , il est battu lors de l'élection présidentielle face au général et ancien chef de l'État Muhammadu Buhari[35]. Il accepte sa défaite, demandant à ses partisans d'accepter le résultat des urnes : « L'ambition de quiconque ne justifie pas qu'on verse le sang d'un Nigérian (...) L'unité, la stabilité et le progrès de notre cher pays importent plus que tout »[36]. Il s'agit de la première alternance démocratique au Nigéria.
MĂ©diateur de la CEDEAO
Devenu médiateur de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), il intervient en août 2020 lors de la crise malienne, qui voit le président Ibrahim Boubacar Keïta déposé par un coup d'État[37].
Distinctions
- Docteur honoris causa de l'Institute of Management and Public Administration d'Accra[39]
Anecdote
En public et en privé, Goodluck Jonathan apparaît le plus souvent coiffé d'un chapeau Stetson noir, ce qui le rend facilement reconnaissable[40].
Notes et références
Notes
- Par intérim du 9 février au .
- En particulier pour des raisons d'Ă©quilibre ethnique et religieux.
Références
- (en) « Nigeria's Goodluck Jonathan, profile of a president », sur bbc.com,
- (en) Looting: EFCC report indicts 15 governors, Vanguard, 28 septembre 2006
- (en) « Jonathan’s Wife Not Probed For Money Laundering », sur pmnewsnigeria.com,
- (en) « No case against Jonathan Wife - EFCC », sur vanguardngr.com,
- (en) « Nigeria anti-graft agency dismisses reports it investigated president's wife », sur trust.org,
- (en) Reclusive Yar'Adua wins ruling party ticket, Independent on line, 17 décembre 2006
- (en) PDP picks Jonathan as Yar’adua’s running mate, Online Nigeria, 18 décembre 2006
- (en) Nigeria's VP assumes full powers, Al Jazeera, 10 février 2010.
- Son apparition télévisuelle n’apaisant aucunement la situation.
- Le parlement règle la crise au sommet de l'État, Sidwaya, 12 février 2010.
- (en) « Seven-point agenda alive - Jonathan - Daily Trust », sur nigerianbulletin
- AFP, Mondial: le président du Nigeria retire son équipe de toute compétition, leparisien.fr, 30 juin 2010 (consulté le 22 avril 2011).
- (en) « World Cup 2010: Nigerian president bans football team from international competition for two years », sur telegraph.co.uk,
- (en) « Free-for-all and corruption in African football shames Fifa », sur theguardian.com,
- (en) « World cup 2010: Nigerian president lifts ban on team », sur bbc.co.uk,
- « Goodluck Jonathan élu président dès le premier tour », RFI, 18 avril 2011.
- Service étranger, « Goodluck Jonathan est réélu, le Nigeria explose », Libération,‎ (lire en ligne)
- AFP, « Nigeria: 800 morts dans les émeutes post-électorales », Libération,‎ (lire en ligne)
- « Muhammadu Buhari conteste les résultats de la présidentielle », Radio France internationale, 20 avril 2011.
- Luc Mathieu, « Goodluck Jonathan à la tête du Nigeria », Libération,‎
- (en) « Roadmap for power sector reform », sur nigeriaelectricityprivatisation.com
- (en) « Roforming Nigeria : a conversation with Ngozi Okonjo-Iweala », sur foreignaffairs.com,
- (en) « Nigeria takes next step in power privatization », sur Reuters,
- (en) « Execution of Transaction and Industry Agreements », sur nigeriaelectricityprivatisation.com
- (en) « Nigeria: Government Launches YOUWIN to Curb Unemployment », sur cp-africa.com
- (en) Bayelsa State Gov. Goodluck Jonathan in fresh scandal, Sahara Reporters, 28 novembre 2006
- AFP, « Le président nigérian promulgue une loi condamnant l'homosexualité », Libération,‎ (lire en ligne)
- (en) « The Simple Reason Nigeria Just Banned Gay Marriage And Gay Meetings », sur businessinsider.com,
- (en) « Nigerian leader vows to fight terrorism after UN attack », sur bbc.com,
- (en) « Nigerian president declares emergency in 3 states during 'rebellion' », sur cnn.com,
- (en) « Nigeria orders 20-year jail term for Boko Haram support », sur Reuters.com,
- « Goodluck Jonathan change la tête de son armée », Libération,‎ (lire en ligne)
- (en) « Nigeria's President Goodluck Jonathan sacks military chiefs », BBC News,
- (en) « Nigerian government 'called off deal' to free kidnapped girls », sur nigeriasun.com,
- « Nigerian President Goodluck loses re-election », sur USA Today (consulté le ).
- Christophe Châtelot, Le Monde du 2 avril 2015, p. 2
- « Mali: Goodluck Jonathan satisfait de son entrevue avec le religieux Haïdara Bouyé », sur RFI, (consulté le ).
- Ben Agande, Nigeria cannot be transformed overnight – Jonathan, vanguardngr.com, Nigeria, 30 septembre 2014
- « Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, en visite au Ghana », sur http://www.panapress.com, (consulté le )
- « Goodluck Jonathan, l’homme au Stetson », sur La toilette et ses effets