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Bataille de Konna

La bataille de Konna se déroule du au lors de la guerre du Mali. Elle marque le début de l'intervention de l'armée française au Mali avec le lancement de l'Opération Serval. La bataille débute le par une offensive des djihadistes qui aboutit le 10 à la prise de la ville de Konna. Cependant la progression des forces d'Ansar Dine, du MUJAO et d'AQMI vers Mopti et Sévaré est contrée le 11 janvier par l'intervention des hélicoptÚres des forces spéciales françaises. AprÚs plusieurs jours de bombardements, les forces franco-maliennes contre-attaquent le 16 janvier et reprennent le contrÎle de Konna le .

Bataille de Konna
Informations générales
Date -
Lieu Konna
Issue Victoire franco-malienne
Commandants
Drapeau du Mali Didier Dacko
Drapeau du Mali Abass Dembélé
Drapeau du Mali Mamadou Samaké
Drapeau du Mali Kassim GoĂŻta
Drapeau du Mali Elisée Dao
Drapeau du Mali Pascal Berthe
Iyad Ag Ghali
Abdelkrim Kojak †
Amadou Koufa
Souleymane KeĂŻta
Forces en présence
Drapeau du Mali
2 000 hommes[1]
2 chars T-55[2]
~ 30 blindés BRDM-2[3]
3 BM-21[2]
2 hélicoptÚres Mi-24[3]

Drapeau de la France
100 hommes[4]
4 hélicoptÚres Gazelle[5]
1 hélicoptÚre Tigre[6]
6 avions Mirage 2000D

1 200 Ă  1 500 hommes[7] - [8]
4+ blindés BRDM-2 et BTR-60[9]
150 pick-up[10]
Pertes
Drapeau du Mali
11 Ă  58 morts[11] - [12]
60 blessés au moins[11]

Drapeau de la France
1 mort[11]
1 hélicoptÚre Gazelle détruit[5]
1 hélicoptÚre Gazelle endommagé[13] - [14]

50 Ă  150 morts[15] - [6] - [9]
4 blindés BRDM-2 détruits[9]
~ 50 pick-up détruits[16]
Civils :
15 morts[17]
19 blessés[17]

Guerre du Mali

Batailles

CoordonnĂ©es 14° 57â€Č 00″ nord, 3° 53â€Č 00″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Mali
(Voir situation sur carte : Mali)
Bataille de Konna
GĂ©olocalisation sur la carte : Afrique
(Voir situation sur carte : Afrique)
Bataille de Konna
GĂ©olocalisation sur la carte : Monde
(Voir situation sur carte : Monde)
Bataille de Konna

Prélude

Depuis 2012, des nĂ©gociations entre le gouvernement malien et les groupes djihadistes ont lieu Ă  Ouagadougou, avec la mĂ©diation du gouvernement du Burkina Faso. Mais le , les reprĂ©sentants d'Ansar Dine adressent deux demandes principales au gouvernement malien par l'intermĂ©diaire du prĂ©sident burkinabĂš Blaise CompaorĂ©. Ils demandent que « le caractĂšre islamique de l'État du Mali soit proclamĂ© solennellement dans la Constitution » et rĂ©clament l'autonomie de l'Azawad. Le gouvernement malien refuse[3].

Le , Iyad Ag Ghali dénonce dans un communiqué la « mauvaise volonté » du gouvernement malien lors des négociations et déclare suspendre son offre de cessation des hostilités[18]. Le lendemain, Ansar Dine remet un document au médiateur et président burkinabÚ Blaise Compaoré dans lequel il réclame l'autonomie de l'Azawad et l'application de la charia au nord du Mali[19]. Mais depuis le , venus des régions de Gao et de Tombouctou, les forces djihadistes d'Ansar Dine, du MUJAO, d'AQMI et de Boko Haram se rassemblent à Bambara Maoudé[20] - [21] - [22]. Le , une cinquantaine de leurs véhicules dépasse Douentza et se positionne à Dangol-Boré, face à l'armée malienne[23]. Pour plus de discrétion, les pick-up djihadistes évitent de se former en colonne mais se déplacent dans des zones boisées par petits groupes et en formation dispersée afin de ne pas se signaler par des panaches de fumée[24]. Les pick-up sont camouflés en étant recouverts de boue et les combattants se dissimulent sous des toiles de tente pour échapper aux visions infrarouges[24].

Forces en présence

Les forces maliennes s'attendent Ă  combattre. Dans la rĂ©gion de Mopti, le commandement est assurĂ© par le colonel-major Didier Dacko. Le commandant Abass DembĂ©lĂ© dirige les forces maliennes du Groupement des Commandos Volontaires (GCV) ; Kassim GoĂŻta, le rĂ©giment de Gao ; ElisĂ© Dao, la garde nationale ; et le capitaine Pascal Berthe, l'artillerie[25]. Les forces maliennes sont constituĂ©es principalement des soldats du 62e rĂ©giment d'infanterie motorisĂ©e, ainsi que des Ă©lĂ©ments du 35e rĂ©giment blindĂ© et du 36e rĂ©giment d'artillerie[3]. En dĂ©cembre 2012, Jeune Afrique rapporte que selon une source militaire plus de 2 000 soldats sont prĂ©sents Ă  Konna[1].

Le nombre des djihadistes n'est pas connu avec prĂ©cision. Peu avant l'offensive, la DGSE estime que ces derniers ont concentrĂ© 1 500 hommes prĂšs de la ligne de dĂ©marcation, dont 300 d'AQMI et 500 Ă  600 issus du MUJAO ; 30 pick-up forment l'avant-garde, soutenus par une rĂ©serve de 40 autres vĂ©hicules Ă  Douentza tandis que 80 autres pick-up vont ĂȘtre dĂ©tachĂ©s pour prendre part Ă  l'offensive sur Diabaly. Les services maliens estiment quant Ă  eux les forces djihadistes Ă  environ 5 000 hommes[8]. D'aprĂšs un rapport du SĂ©nat français rendu le , 1 500 Ă  3 000 djihadistes sont mobilisĂ©s pour les offensives au sud du Mali[26]. Les forces des djihadistes sont initialement estimĂ©es Ă  1 200 hommes selon RFI et Al Jazeera[7] - [27]. Dans la nuit du au , un enseignant, prĂšs de Dangol-BorĂ©, affirme avoir comptĂ© plus de 300 vĂ©hicules jihadistes[28]. Pour le reporter Jean-Paul Mari, les assaillants rassemblent initialement 70 vĂ©hicules autour de Bambara MaoudĂ© puis en engagent 150, dont 70 pour Ansar Dine dans l'assaut sur Konna[10]. Pour Laurent Touchard, les forces djihadistes rassemblĂ©es au nord de la ligne de dĂ©marcation sont de 1 500 Ă  2 500 hommes avec 300 vĂ©hicules. Leurs forces sont constituĂ©es de combattants parmi les plus aguerris et les mieux Ă©quipĂ©s, les nouvelles recrues Ă©tant gĂ©nĂ©ralement laissĂ©es en arriĂšre pour tenir les villes[3].

Peu avant l'attaque, différents chefs se réunissent briÚvement à Léré, parmi eux figurent Iyad Ag Ghali, émir d'Ansar Dine, ainsi que Djamel Okacha et Abou Zeïd qui prendra le commandement du détachement qui attaquera la ville de Diabaly[8]. Iyad Ag Ghali est le principal initiateur de l'offensive, les chefs d'AQMI et du MUJAO ont accepté de s'y joindre mais sans enthousiasme, ayant jugé préférable de consolider leurs positions dans le nord[29]. Cependant l'objectif des djihadistes n'est pas connu avec certitude et deux hypothÚses sont émises par la DGSE : selon la premiÚre leur but est de s'emparer de Bamako et de prendre le contrÎle du pays ; selon la deuxiÚme, l'offensive ne vise que les villes de Mopti et Sévaré et l'aéroport international de Mopti Ambodédjo, le seul aéroport du centre du Mali, dont la prise handicaperait grandement le déploiement d'une éventuelle intervention internationale[30].

DĂ©roulement

Prise de Konna par les djihadistes

Le , les djihadistes sont prÚs de la ligne de démarcation dans la région de Mopti, les soldats maliens effectuent quelques tirs de sommation et des renforts sont envoyés[31] - [32] - [33] - [34]. De leur cÎté, les combattants d'Ansar Dine effectuent quelques tirs d'artillerie et de roquettes dans la nuit du au [3].

Le , en fin d'aprÚs-midi, le lieutenant-colonel Mamadou Samaké effectue une mission de reconnaissance avec une dizaine de blindés BRDM-2. Les soldats maliens ne rencontrent initialement aucune opposition de la part des djihadistes, mais ils tombent dans une embuscade sur le chemin du retour. L'ensemble des forces islamistes franchit alors la ligne de démarcation et attaque la ville de Konna[3] - [35].

Les djihadistes atteignent Konna dans la nuit du au . Le , les affrontements commencent Ă  8 h 30 et s'achĂšvent Ă  16 heures. Les djihadistes attaquent sur trois points : un premier groupe attaque au nord, par la route de KorientzĂ©, un village de la commune de Korombana ; un deuxiĂšme attaque Ă  l'est, par la route de Douentza ; tandis qu'un troisiĂšme contourne Konna par le sud afin de couper la retraite de la garnison. À l'ouest, le fleuve Niger rend la zone infranchissable[3].

Selon le gouvernement malien, un bus rempli de djihadistes infiltrĂ©s parvient Ă  entrer Ă  l'intĂ©rieur de la ville. Selon Jean-Paul Mari, vers 13 heures, deux bus pĂ©nĂštrent dans la ville aprĂšs avoir Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©s par des soldats maliens, mais il s'avĂšre que les 14 occupants de ces bus sont des combattants d'AQMI dĂ©guisĂ©s en civils. ArrivĂ©s Ă  un check-point au milieu des militaires ils ouvrent le feu et fauchent une soixantaine de soldats avant d'ĂȘtre Ă  leur tour exterminĂ©s par les Maliens[10]. Cette version est Ă©galement dĂ©fendue par Jean-Christophe Notin[2], elle est en revanche contestĂ©e par Laurent Touchard, selon lequel « l'agresseur dĂ©boule alors que l'identitĂ© des passagers du bus - de vĂ©ritables civils - est en cours de vĂ©rification. Le bus en question est d'ailleurs pris pour cible par les hommes d'Iyad Ag Ghaly[3]. »

Des combats de rues s'engagent dans la ville, mais les soldats maliens sont dĂ©bordĂ©s, dĂ©sorganisĂ©s, leurs messages radios sont interceptĂ©s par les djihadistes et ils se retrouvent Ă  court de munitions. Vers 11 heures, les Maliens commencent leur repli. Les combats durent jusqu'Ă  16 heures et Ă  17 heures les groupes djihadistes contrĂŽlent la totalitĂ© de la ville. À l'extĂ©rieur de Konna, le lieutenant-colonel SamakĂ©, presque Ă  court de munitions, parvient Ă©galement Ă  battre en retraite avec ses blindĂ©s. Les troupes maliennes en dĂ©route se replient sur SĂ©varĂ©[3] - [36] - [37] - [38] - [39].

Offensive djihadiste sur Sévaré et Mopti

Cependant, l'offensive des djihadistes au sud du Mali provoque l'entrée en guerre de la France avec le lancement, le , de l'Opération Serval. DÚs les et , l'armée française dépose par avions des forces spéciales à Sévaré[7] - [40] - [41] - [42] - [43].

Le matin du , Mopti et Sévaré se retrouvent directement menacées. Seuls 70 soldats français des forces spéciales tiennent alors l'aéroport international de Mopti Ambodédjo[43], tandis que l'armée malienne déploie de son cÎté deux chars T-55 et trois camions lance-roquettes multiple BM-21 en guise d'artillerie[44]. Si les djihadistes s'emparent de Mopti, plus aucune défense ne peut s'opposer à leur progression jusqu'à Bamako[44].

Les deux camps reçoivent Ă©galement des renforts dans la journĂ©e du . Du cĂŽtĂ© des Maliens, 300 soldats « bĂ©rets rouges Â» du 33e RĂ©giment Commando-Parachutiste gagnent le front avec une vingtaine de blindĂ©s BRDM-2. Les combattants d'Ansar Dine sont quant Ă  eux renforcĂ©s par 500 hommes du MUJAO et d'AQMI[3]. Les effectifs du COS Ă  SĂ©varĂ© passent Ă©galement Ă  une centaine d'hommes[4] issus du 1er rĂ©giment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMa), du 13e rĂ©giment de dragons parachutistes (13e RDP), du Commando parachutiste de l'air n° 10 (CPA-10) et des commandos marin de l'ESNO[45] - [4].

Les djihadistes poursuivent ensuite leur progression et se portent en direction des villes de Mopti et SĂ©varĂ©. Dans la matinĂ©e, deux hĂ©licoptĂšres maliens Mi-24, fraĂźchement rĂ©parĂ©s, dĂ©collent Ă  Bamako et gagnent SĂ©varĂ©. À la demande des Français, ils se portent ensuite Ă  Konna afin d'attaquer un groupe d'une centaine d'hommes repĂ©rĂ©s par un Atlantic-2 en train de fĂȘter leur victoire autour d'un mĂ©choui. Vers 9 heures, les hĂ©licoptĂšres sont Ă  Konna et ouvrent le feu sur les combattants salafistes, ils leur infligent des pertes mais tuent Ă©galement quelques civils. Leur mission effectuĂ©e, ils regagnent ensuite SĂ©varĂ©[46] - [3].

Dans l'aprÚs-midi, les Français engagent à leur tour des hélicoptÚres Gazelle du 4e régiment d'hélicoptÚres des forces spéciales afin de contrer la progression des djihadistes entre Konna et Sévaré[47] - [48] - [49]. Vers 14 heures, deux appareils décollent à Djibo, au Burkina Faso. Vers 16 heures, ils s'attaquent à un groupe de pick-up djihadistes. Cependant les Français volent bas, sans soutien au sol et les djihadistes disposent de batteries antiaériennes sur certains de leurs véhicules. Lors de l'échange de tirs qui suit, un pick-up est détruit et ses quatre occupants tués par un missile HOT, cependant les deux Gazelle sont également touchés. Le copilote du premier hélicoptÚre est griÚvement blessé par une balle de AK-47, l'appareil parvient à rejoindre l'antenne médicale militaire française la plus proche, mais le militaire français blessé succombe ensuite à ses blessures. Le deuxiÚme hélicoptÚre doit quant à lui se poser en catastrophe au nord de Sévaré, mais l'équipage s'en tire sauf et est récupéré par les forces spéciales au sol. Les Français se replient ensuite sur Sévaré aprÚs avoir détruit leur appareil[5] - [50] - [3]

Deux autres hĂ©licoptĂšres Gazelle sont engagĂ©s peu aprĂšs et ouvrent le feu avec des missiles HOT et des canons de calibre 20 mm, au total quatre vĂ©hicules djihadistes sont dĂ©truits[51] - [5]. Les djihadistes abandonnent le combat et se replient sur Konna et Douentza[52] - [50].

Dans la soirĂ©e, les Mirage 2000D basĂ©s Ndjamena entrent Ă  leur tour en action. Deux premiers appareils dĂ©collent vers 19 h 15, heure locale. Vers 22 heures, ils larguent deux bombes sur un bĂątiment de Konna qui sert de quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Ansar Dine. Le bĂątiment est ravagĂ© et plusieurs vĂ©hicules Ă  l'entrĂ©e sont dĂ©truits. Les avions poursuivent leurs frappes et bombardent un dĂ©pĂŽt logistique, puis vers minuit une deuxiĂšme vague de Mirage dĂ©truit encore quatre bĂątiments. Le port de pĂȘche, les bĂątiments militaires et administratifs, la sous-prĂ©fecture et ses environs sont particuliĂšrement visĂ©s. Selon des tĂ©moignages d'habitants, les frappes ont fait au moins une dizaine de morts. Plusieurs combattants islamistes prennent la fuite, paniquĂ©s. Une bonne partie des combattants d'Ansar Dine se dĂ©bandent. Certains fuyards se seraient mĂȘme noyĂ©s dans le fleuve[53] - [54] - [55].

Le 12 janvier, l'état-major de l'armée malienne revendique la prise de la ville de Konna[56] - [57] - [58]. Toutefois, le 15 janvier, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dément l'information[59].

Dans la nuit du au , les Mirages 2000D basĂ©s Ă  N'DjamĂ©na effectuent de nouvelles frappes entre Konna et LĂ©rĂ©[60]. DĂšs le 13 janvier, Konna commence Ă  ĂȘtre abandonnĂ©e par les djihadistes selon des tĂ©moignages d'habitants[61]. Les djihadistes se positionnent essentiellement aux alentours de la ville[62] - [63]. Dans les jours qui suivent, certains d'entre-eux continuent d'apparaĂźtre en petit nombre Ă  Konna, essentiellement pour se procurer de l'eau et des vivres[62]

Konna reprise par les forces franco-maliennes

Le soir du , les forces franco-maliennes lancent la contre-offensive sur Konna : 400 soldats maliens commandés par le colonel Dacko quittent Sévaré, épaulés par une quarantaine de militaires français des forces spéciales, dont une douzaine du 1er RPIMa. En fin d'aprÚs-midi, ils se heurtent aux djihadistes prÚs de village de Dengaourou, situé dans une zone boisée, à une quarantaine de kilomÚtres de Konna. Le combat se poursuit toute la nuit. Deux soldats maliens sont tués au début de l'affrontement, dont un par un tireur d'élite. Cependant, les positions des djihadistes sont repérées par les forces spéciales françaises et signalées à l'artillerie malienne, constituée notamment de camions lance-roquettes multiple BM-21. Les djihadistes sont écrasés par les tirs d'artillerie et au total 14 de leurs pick-up sont détruits[6].

Les djihadistes se replient aprÚs plusieurs heures d'affrontements, mais ils sont poursuivis par des hélicoptÚres[6]. Peu avant l'aube, les deux Mi-24 maliens attaquent un groupe de douze pick-up et en détruisent quatre[6]. Du cÎté des Français, un Tigre et une Gazelle neutralisent deux autres véhicules[6].

Les pertes des djihadistes ne sont pas connues, seulement quatre corps sont retrouvés selon les soldats français, tandis qu'un capitaine malien déclare à l'AFP le lendemain du combat que six islamistes ont été tués, huit de leurs véhicules capturés et plusieurs autres détruits. Au vu du nombre des pick-up détruits, leurs pertes réelles sont probablement plus importantes, les djihadistes ayant sans doute emportés la plupart de leurs morts[6] - [64].

Le matin du , seuls huit islamistes se trouvent encore à Konna : quatre prennent la fuite vers Douentza en volant deux motos et les quatre autres s'enfuient aprÚs avoir menacé avec leurs armes des jeunes habitants qui voulaient les lyncher[65]. Les troupes françaises et maliennes alors reprennent possession de Konna dans la journée sans rencontrer de résistance[66] - [67]. Les forces maliennes entrent dans la ville les premiÚres, vers 17 heures, suivies par trois véhicules français, puis quatre véhicules maliens qui ferment la marche. Les militaires sont acclamés par la population qui brandit des drapeaux maliens et français[68]. Le lendemain, Konna est entiÚrement contrÎlée par les forces franco-maliennes[65].

Bilan et pertes

Les Français déplorent un mort lors de la bataille ; le lieutenant Damien Boiteux, copilote d'un hélicoptÚre Gazelle, mortellement blessé le [47].

Le , l'armĂ©e malienne, indique dans un premier bilan que 11 de ses soldats ont Ă©tĂ© tuĂ©s et une soixantaine sont blessĂ©s, elle estime Ă©galement les pertes islamistes Ă  une centaine de tuĂ©s[11] - [57] - [58]. Cependant ce bilan est contestĂ© par des tĂ©moignages d'habitants qui affirment avoir comptĂ© un plus grand nombre de cadavres vĂȘtus d'uniformes[3].

Selon le colonel français qui commandait le détachement des forces spéciales à Sévaré, le colonel Didier Dacko lui avait annoncé le que ses pertes étaient de 20 morts et d'environ 60 blessés[45].

Selon une « source sécuritaire régionale » de l'AFP, au moins 46 islamistes sont morts lors des combats livrés du au , tandis que selon un habitant de Konna des dizaines de corps ont été laissés dans la ville[15]. 6 autres islamistes sont tués dans la nuit du au selon les déclarations d'officiers maliens[64]. Selon un rapport d'Human Rights Watch, trois enfants soldats enrÎlés par les islamistes sont morts pendant les affrontements[69].

Le , un commerçant de Konna affirme à l'agence Reuters avoir compté 148 morts, dont plusieurs dizaines de l'armée malienne[58]. Un autre témoin, nommé Mohammed, affirme avoir compté 47 corps de soldats maliens dans la ville[54]. Selon des habitants de Konna, une cinquantaine de véhicules ont été détruits par les frappes aériennes[16]. D'aprÚs certains habitants, 36 soldats maliens sont enterrés à Sama[12]. Selon une source militaire, 58 soldats maliens ont été tués lors des combats[12].

Le , selon le journal malien 22 septembre, 101 djihadistes, 11 soldats maliens et un pilote français sont tués lors de la bataille. Pour le journal Nouvelle Libération, du au , les djihadistes ont perdu 130 hommes, dont Firhoun, le fils adoptif de Iyad Ag Ghali, ainsi que 30 véhicules et 4 BRDM-2 détruits[9] - [70].

Parmi les morts figure un des chefs d'Ansar Dine, Abdel Krim, dit Kojak[71]. GriÚvement touché dans les combats à Konna, il succombe à ses blessures dans l'hÎpital de Gao[61]. Selon d'autres sources, le chef Kojak s'appellerait Mohamed Ag Aghaly Ag Wambadja[72]. Le , contactés par Sahara Media, des chefs d'Ansar Dine confirment que Kojak et quatre de ses combattants ont été tués le lors des combats contre les militaires maliens[73].

Le , le mouvement Ansar Dine publie une vidĂ©o qu'il affirme avoir filmĂ©e la veille Ă  Konna. Un chef islamiste, Abu El Habib Sidi Mohamed, qui se prĂ©sente comme Ă©tant membre de la commission de communication d’Ansar Edine, dĂ©clare que le mouvement tient toujours la ville et montre plusieurs blindĂ©s pris Ă  l'armĂ©e malienne. Il dĂ©clare que seulement cinq combattants de son mouvement ont Ă©tĂ© tuĂ©s et que sept civils sont morts lors d'un bombardement français[74].

Le , Ansar Dine dĂ©clare avoir tuĂ© 25 soldats maliens Ă  Konna dans les combats du et avoir Ă©galement capturĂ© 11 vĂ©hicules, 6 chars et une grande quantitĂ© de munitions, il estime Ă©galement que 60 soldats maliens ont Ă©tĂ© tuĂ©s, plusieurs dizaines d'autres blessĂ©s, deux hĂ©licoptĂšres français abattus et ne reconnaĂźt qu'une perte de 8 hommes dans l'ensemble des combats livrĂ©s depuis le [75] - [76] - [16]. Cependant selon Laurent Touchard, les « chars Â» que Ansar Dine revendique comme prise de guerre sont en rĂ©alitĂ© des blindĂ©s BRDM-2 et BTR-60PB[3].

Selon Human Rights Watch, au moins 10 civils sont également tués lors des combats les et , dont 3 enfants qui se noient en essayant de traverser le fleuve Niger[57]. Amnesty International affirme de son cÎté qu'au moins cinq civils dont trois enfants ont été tués par un bombardement aérien le [69]. Pour Jean-Christophe Notin, ces cinq civils n'ont été tués par les frappes aériennes françaises mais ont été victimes de tirs d'hélicoptÚres Mi-24 de l'armée malienne[46].

En février 2013, le maire de Konna, Ibrahima Diakité dit Sory déclare que 15 civils ont été tués et 19 blessés lors de la bataille de Konna, il estime également qu'au moins 502 islamistes ont été tués[17]. Cette derniÚre estimation s'appuie probablement sur le témoignage d'un habitant de Konna, qui avait affirmé avoir été sollicité par les djihadistes pour les aider à laver leurs cadavres dans la nuit du , avant l'intervention française. Il estime avoir compté 502 corps qui ont ensuite été conduits vers Douentza[54].

71 personnes, blessées lors des combats à Konna, sont envoyés à l'hÎpital de Mopti selon le Comité international de la Croix-Rouge[77].

Exactions

Selon Human Rights Watch, sept soldats maliens, dont cinq blessés, ont été exécutés sommairement par des islamistes lors de la prise de la ville[69].

Selon des habitants, plusieurs prisonniers islamistes ou des suspects sont tués par des soldats maliens dans des camps militaires à Sévaré, parmi lesquels des blessés pris à Konna, des témoins évoquent notamment un charnier de 25 à 30 corps ou bien des cadavres jetés dans des puits[78]. D'aprÚs Human Rights Watch, au moins 13 personnes ont été exécutées sommairement par des soldats maliens et 5 autres ont disparu entre le et le à Sévaré, Konna et les villages environnants[69].

Annexes

Liens externes

Vidéographie

Bibliographie

Notes et références

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  3. Laurent Touchard, « Mali : retour sur la bataille décisive de Konna », Jeune Afrique, (consulté le )
  4. Jean-Christophe Notin, La guerre de la France au Mali, p. 208.
  5. Jean-Christophe Notin, La guerre de la France au Mali, p. 181-182.
  6. Jean-Christophe Notin, La guerre de la France au Mali, p. 247-248.
  7. « Mali: l'armée française entre en guerre », RFI, (consulté le )
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