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Romain Caillet

Romain Caillet, né le à Paris, est un islamologue et consultant français.

Romain Caillet
Biographie
Naissance
Nationalité
Activité

Il est spĂ©cialiste de la mouvance djihadiste mondiale, notamment de l'État islamique et d'al-QaĂŻda. Il est l'auteur de nombreuses publications et est rĂ©guliĂšrement consultĂ© par les mĂ©dias. Ses travaux sont Ă©galement consacrĂ©s aux nouveaux clivages sunnites/chiites dans le monde arabe et Ă  la guerre civile syrienne, avec l'accent sur les formations djihadistes. Arabisant et converti Ă  l'islam, il a vĂ©cu de nombreuses annĂ©es au Moyen-Orient : trois ans au Caire, deux ans Ă  Amman et prĂšs de cinq ans Ă  Beyrouth[1].

Biographie

Formation et début de carriÚre universitaire

AprĂšs son baccalaurĂ©at, il entame des Ă©tudes d'histoire Ă  l'UniversitĂ© Paris-XII. À la suite de l'obtention d'une maĂźtrise puis d’un DEA d’histoire mĂ©diĂ©vale Ă  Paris I-PanthĂ©on-Sorbonne et de travaux consacrĂ©s au hanbalisme mĂ©diĂ©val, il dĂ©cide en 2006 de se lancer dans une thĂšse qu'il abandonne par la suite, prĂ©fĂ©rant rĂ©aliser des travaux de consultant pour des organisations internationales « qui disposent de plus de financements »[2].

Romain Caillet est diplÎmé d'un diplÎme universitaire d'arabe, obtenu en 2004 à Paris-IV[3], et a suivi entre 2005 et 2006 un stage intensif au Département d'enseignement de l'arabe contemporain (DEAC) du Caire[3].

Il a eu le statut de chercheur associé au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales (CEDEJ) du Caire (2006-2008) au début de sa thÚse.

Il enseigne à l'Institut français du Proche-Orient de 2008 à 2014[3], à Amman (2008-2010) et est doctorant associé à l'IFPO de Beyrouth jusqu'en 2015[4].

En 2010, il s’installe au Liban, grĂące Ă  une bourse octroyĂ©e par le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres pour poursuivre sa thĂšse sur le djihadisme[2].

Parcours dans les milieux islamistes

Romain Caillet se convertit à l'islam en 1997 alors qu'il a 20 ans[2]. AprÚs avoir été proche des FrÚres musulmans, il cÎtoie des courants plus radicaux et apparaßt sur les forums pour défendre des positions favorables au djihad[5]. Il se rapproche tour à tour des FrÚres musulmans et des salafistes au cours des années 2000[2].

Il est un temps proche du djihadisme : il affirmera avoir Ă©tĂ© sĂ©duit par cette idĂ©ologie car il ne « voyait pas d'autres rĂ©ponses par rapport aux dictatures du monde arabe », mais indique ne jamais avoir soutenu la lutte contre l'Occident[6]. En 2005, il part pour l'Égypte pour apprendre l'arabe et suit des cours dans un Ă©tablissement qui sera par la suite fermĂ© par les autoritĂ©s car soupçonnĂ© d'ĂȘtre un espace de recrutement des djihadistes[5]. Il vivait dans le huitiĂšme arrondissement de Madinat Nasr, quartier cairote frĂ©quentĂ© par les extrĂ©mistes, et aurait cĂŽtoyĂ© les frĂšres Clain, dont l'aĂźnĂ©, Fabien, a enregistrĂ© la revendication audio des attentats du 13 novembre[5] - [7].

Il rompt avec cette mouvance en 2007 et poste des repentirs publics[8]. Interrogé par la SDAT en 2008, il n'est pas inquiété par la justice, mais fait depuis l'objet d'une fiche S[2] - [9] - [10]. La révélation de ce passé entraßnera le la rupture par BFM de tout lien avec son consultant[11].

CarriĂšre de consultant et journalistique

Vivant au Liban, il quitte progressivement le monde universitaire pour entamer une carriĂšre de consultant-analyste effectuant des missions de conseil pour des organisations internationales (NGC Consulting[12] - [13]).

De retour du Maroc le , oĂč il Ă©tait invitĂ© Ă  une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision, il est refoulĂ© Ă  l'aĂ©roport de Beyrouth et expulsĂ© du Liban le lendemain. SoupçonnĂ© d'ĂȘtre « liĂ© Ă  des organisations terroristes » par la SĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale, Romain Caillet parle d'« une accusation ridicule » et dĂ©nonce « l'emprise des milieux pro-Hezbollah et pro-iraniens sur les institutions libanaises ». Il semblerait toutefois qu'il ait Ă©tĂ© plutĂŽt expulsĂ© pour des tweets hostiles Ă  l’armĂ©e libanaise, « interprĂ©tĂ©s comme une caution aux djihadistes »[4].

AprÚs avoir vécu cinq années au Liban, il se réinstalle alors en France[2] - [4] - [14].

En , Romain Caillet intervient à quelques reprises sur la chaßne BFM TV en tant que consultant extérieur sur les questions de djihadisme. En mai, à la suite d'un article de L'Obs révélant les prises de positions au début des années 2000 de l'intéressé, notamment ses sympathies pour le djihad[15], la chaßne cesse avec lui toute collaboration, déclarant notamment que certains éléments de son passé avaient été dissimulés à la chaßne d'information, principalement le fait qu'il soit fiché S[16] - [17] - [18] - [19].

Selon le journaliste David Thomson, laurĂ©at du prix Albert-Londres 2017, ce passĂ© ajoute au contraire encore davantage de crĂ©dibilitĂ© aux analyses de Romain Caillet : « Ce qui fait sa crĂ©dibilitĂ©, c’est sa hauteur de vue universitaire et le fait qu’il ait eu un pied dans la mouvance djihadiste. C’est ce passĂ© qui lui permet d’en connaĂźtre les acteurs et les textes auxquels ils se rĂ©fĂšrent, et d’en ĂȘtre un des meilleurs connaisseurs »[19].

AprÚs cette éviction, il reçoit le soutien du journal Libération, qui note que « BFMTV a réussi à torpiller une des rares compétences que la télévision offrait sur le sujet »[18].

En , le site Internet Syria Deeply classe Romain Caillet parmi les huit meilleurs experts à suivre pour comprendre l'actualité des groupes islamistes en Syrie[20].

Au mois de , il lance le blog Jihadologie[21], hébergé par Libération et consacré à l'actualité du courant djihadiste.

En , il publie, avec le journaliste Pierre Puchot, un livre intitulĂ© Le combat vous a Ă©tĂ© prescrit : une histoire du jihad en France, aux Ă©ditions Stock. À travers des entretiens avec les djihadistes et des documents judiciaires, l’ouvrage retrace l’histoire de ce mouvement en France du GIA Ă  l'État islamique[22].

Un promoteur de la « djihadologie » en France

En , Romain Caillet dĂ©fend la jihadologie comme nouvelle discipline scientifique lors d’un sĂ©minaire tenu Ă  Sciences Po Paris[23].

Selon lui, elle doit se concevoir sur le modĂšle de la soviĂ©tologie qui, Ă  l'Ă©poque de la guerre froide, articulait connaissance du marxisme et des langues slaves. La djihadologie nĂ©cessite ainsi des connaissances spĂ©cifiques, comme la langue arabe et les fondamentaux de l’idĂ©ologie jihadiste, le sens des chants militants ainsi que ses rĂ©fĂ©rences historiques[24].

Il est crĂ©ditĂ© d'avoir, Ă  contre-courant de la plupart des observateurs, Ă©tĂ© le premier chercheur Ă  avoir affirmĂ© dĂšs 2013 que l’organisation État islamique n’était pas liĂ©e Ă  al-QaĂŻda[25].

Vie privée

Il est marié et pÚre de famille.

Contacts et réseau

Ses analyses s’appuient sur une connaissance Ă©rudite de l’islam mais aussi sur de nombreux contacts dont il bĂ©nĂ©ficie au sein de la mouvance jihadiste. Afin d’avoir une information complĂšte, il « rencontre tout le monde », dĂźnant « avec une personne des services de renseignements français et, le lendemain midi, [mangeant] un kebab avec un djihadiste »[2].

Les informations sur le courant djihadiste qu'il diffuse au quotidien sur son compte Twitter assurent, selon le site Rue89, avec celles fournies par d’autres comptes Twitter « une vĂ©ritable crĂ©dibilitĂ©, un recoupement de l’information doublĂ© de connaissance de la rĂ©alitĂ© »[26].

Publications

Il est l’auteur de nombreux articles publiĂ©s dans des revues acadĂ©miques et a contribuĂ© Ă  l’écriture de plusieurs ouvrages collectifs remarquĂ©s. Son expertise reconnue de la « mouvance jihadiste » lui assure d’ĂȘtre rĂ©guliĂšrement invitĂ© dans les mĂ©dias francophones et arabophones.

Ouvrages

  • « Le combat vous a Ă©tĂ© prescrit ». Une histoire du jihad en France, avec Pierre Puchot, Paris, Éditions Stock, 2017, 288 pages.

Rapports d’expertise publics

  • « From the Ba’th to the Caliphate: the former officers of Saddam and the Islamic State», The Norwegian Peacebuilding Resource Centre/Norsk Ressurssenter for Fredsbygging (NOREF), , [lire en ligne] trad. « Du Baas au Califat: les anciens officiers de Saddam et l'État islamique », , Terrorisme.net, [lire en ligne]
  • « The Governorate of Homs: is this the Islamic State’s new fiefdom? », The Norwegian Peacebuilding Resource Centre/Norsk Ressurssenter for Fredsbygging (NOREF), , [lire en ligne], trad. « Le gouvernorat de Homs, un autre fief de l’État islamique », , Les invitĂ©s de Mediapart, [lire en ligne]

Chapitres d’ouvrages collectifs

  • En collaboration avec Pierre Puchot, « Hizb An-Nour, État islamique
 salafistes et FrĂšres : les cas Ă©gyptien et syrien », in Pierre Puchot (Ă©d.), Les FrĂšres musulmans et le pouvoir, Paris, Galaade Ă©ditions, 2015, p. 77-93.
  • En collaboration avec Fr. Burgat, « Une guĂ©rilla islamiste ? Typologie idĂ©ologique de la rĂ©volte armĂ©e » in Fr. Burgat et B. Paoli (Ă©d.), Pas de printemps pour la Syrie Acteurs et enjeux de la crise 2011-2013, Paris, La DĂ©couverte, 2013, p. 55-83. [lire en ligne]
  • « Note sur l’espace public salafi en Jordanie », in M. Ababsa et R. Daher (Ă©d.), Cities, Urban Practices and Nation Building in Jordan, Villes, pratiques urbaines et construction nationale en Jordanie, Cahiers de l’IFPO n°6, Beyrouth, 2011, p. 307-327. [lire en ligne]
  • En collaboration avec A. Lamnaouer, « De l’usage du jihĂąd : la fin d’une Ăšre en Égypte ? Les rĂ©visions idĂ©ologiques de Sayyid ImĂąm », in H. Aouardji et H. Legay (Ă©d.), L’Égypte dans l’annĂ©e 2007, Le Caire, CEDEJ, 2008, p. 85-115. [lire en ligne]
  • « Trajectoires de salafis français en Égypte », in B. Rougier (Ă©d.), Qu’est-ce que le salafisme ?, Paris, PUF, 2008, p. 257-271. [lire en ligne]

Articles

  • « De l'usage du takfir au NigĂ©ria : la controverse de Boko Haram avec l'État Islamique en Afrique de l'Ouest», Religioscope, [en ligne] [lire en ligne]
  • « Introduction Ă  la Jihadologie»,Terrorisme.net, [en ligne] [lire en ligne]
  • « Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab : contre le culte des saints », Le Point RĂ©fĂ©rences, novembre-, p. 34-35.
  • « Pour comprendre le slogan de l’État islamique», Religioscope, , [lire en ligne]
  • « L'influence de la guerre en Syrie sur le courant jihadiste marocain », Études et Analyses du Religioscope, n°33, , [lire en ligne]
  • « Échec de l’offensive de l’ArmĂ©e syrienne libre contre l’État islamique en Irak et au Levant », Orient XXI, , [lire en ligne]
  • (en) « The Islamic State: Leaving al-Qaeda Behind », Carnegie Endowment for International Peace: Guide to Syria in Crisis, , [lire en ligne]
  • « Égypte: les salafis Ă  l'heure de la contre-rĂ©volution », Cahiers de l’Institut Religioscope, n°9, . [lire en ligne]
  • « Le groupe Jabhat an-Nusra : la fabrique syrienne du “jihadismeâ€â€ŻÂ», collaboration avec F. Burgat, Les Carnets de l’Ifpo. La recherche en train de se faire Ă  l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 2012. [lire en ligne]
  • « Le phĂ©nomĂšne Aáž„mad al-AsĂźr : un nouveau visage du salafisme au Liban ? (2/2) », Les Carnets de l’Ifpo. La recherche en train de se faire Ă  l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 2012. [lire en ligne]
  • « Le phĂ©nomĂšne Aáž„mad al-AsĂźr : un nouveau visage du salafisme au Liban ? (1/2) », Les Carnets de l’Ifpo : la recherche en train de se faire Ă  l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 2012. [lire en ligne]
  • « Le procĂšs d’AbĂ» Muáž„ammad al-MaqdisĂź et le dĂ©lit d’opinion dans un État autoritaire », Les carnets de l’Ifpo : la recherche en train de se faire Ă  l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 2011. [lire en ligne]
  • « A French JihĂądĂź in Crisis: “Role Exit” and Repression », The Muslim World, n° 101, 2011, p. 286-306. [lire en ligne]
  • « Le champ salafi au prisme des rĂ©volutions tunisienne et Ă©gyptienne », Les carnets de l’Ifpo : la recherche en train de se faire Ă  l’Institut français du Proche-Orient (Hypotheses.org), 2011. [lire en ligne]

Notes et références

  1. Romain Caillet, « Jihadologie - Auteur Romain Caillet - Libération.fr », sur jihadologie.blogs.liberation.fr (consulté le )
  2. « Romain Caillet. Jihad geek », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne)
  3. Romain Caillet, Institut français du Proche-Orient
  4. « Un chercheur français expulsé du Liban », lemonde.fr, 4 mars 2015.
  5. « Le passé trouble de Romain Caillet, expert du djihad et fiché "S" », sur europe1.fr, (consulté le ).
  6. [vidĂ©o] « Romain Caillet : “j'ai Ă©tĂ© proche de la mouvance jihadiste sans en faire vraiment partie” », France Culture, 2 novembre 2017.
  7. Institut français du Proche-Orient
  8. EugĂ©nie BastiĂ©, « L'expert du djihad Romain Caillet fichĂ© “S” remerciĂ© de BFMTV », Le Figaro, 6 mai 2016.
  9. Olivier Toscer, « Romain Caillet : le “M. Djihadisme” de BFMTV est fichĂ© “S” », L'Obs, 4 mai 2016.
  10. ZoĂ© Lauwereys, « VIDEO. Romain Caillet : expert en djihadisme et
 fichĂ© S », Le Parisien, 5 mai 2016.
  11. « BFMTV se sépare de son expert en djihadisme fiché S », leparisien.fr, 6 mai 2016.
  12. « STRATO - Domain reserved », sur new-gen-consulting.com (consulté le ).
  13. "La nouveautĂ©, c'est que l'État islamique vise la France nommĂ©ment"
  14. Thomas Abgrall, « Romain Caillet : “Mes positions sur le Hezbollah ont Ă©tĂ© de plus en plus critiquĂ©es” », LibĂ©ration, 4 mars 2015.
  15. europe1.fr/ce-que-lon-sait-du-passe-trouble-de-romain-caillet
  16. « BFMTV cesse sa collaboration avec Romain Caillet », BFM TV, 6 mai 2016.
  17. « BFMTV se sĂ©pare de son spĂ©cialiste djihadisme visĂ© par une fiche “S” », La Libre Belgique, 6 mai 2016.
  18. Willy Le Devin, « Romain Caillet écarté de BFMTV : quel gùchis ! », Libération, 6 mai 2016.
  19. Soren Seelow et Alexandre Piquard, « Pourquoi BFM-TV se sĂ©pare de Romain Caillet, son “consultant djihadisme” », Le Monde, 7 mai 2016.
  20. (en) Eline Gordts, « Eight Experts To Watch On Syria’s Islamist Groups », sur newsdeeply.com, (consultĂ© le ).
  21. Blog « Jihadologie »
  22. « Les racines du djihad en France », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le ).
  23. 160125 Introduction à la jihadologie : sources et méthodes
  24. La jihadologie, une matiĂšre explosive, liberation.fr, 14 avril 2016
  25. Romain Caillet, « De la dĂ©saffiliation de l'État islamique Ă  al-QaĂŻda », blog, huffpostmaghreb, 8 octobre 2013.
  26. Pierre Haski, « Des comptes Twitter fiables pour suivre les conflits avec les djihadistes », L'Obs avec Rue89, 1er mars 2015.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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