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Comportement sexuel humain

Le comportement sexuel humain est relativement différent du comportement sexuel typique des autres mammifères[1]. En raison de l'évolution de plusieurs facteurs biologiques majeurs (hormones, phéromones, réflexes copulatoires, cognition…), déjà en partie présents chez d'autres espèces d'hominidés, les motivations du comportement sexuel humain font plus de place à la recherche de récompenses érotiques, plus généralement hédonistes, voire sadiques ou masochistes. Les activités sexuelles humaines s'organisent particulièrement autour de la stimulation des zones érogènes primaires (pénis, clitoris et vagin), ainsi que des zones érogènes anales, orales et pectorales (les seins). Les activités sexuelles peuvent être réalisées seul (autoérotisme), avec un (exclusivité sexuelle) ou plusieurs partenaires (promiscuité sexuelle), de même sexe ou de sexe opposé (homosexualité).

Comportement sexuel humain
Présentation
Type
Activité humaine (d)
Partie de
Coitus, couverture du livre Tacuinum sanitatis (sigle XIV).

Le comportement sexuel humain se caractérise également par de l'attachement plus ou moins intense à un ou plusieurs partenaires (amour, polyamour). Mais surtout, en raison du développement majeur de la cognition, l'être humain élabore des rituels, des normes, des significations et des valeurs qui peuvent modifier de façon majeure son comportement sexuel : sexualité sacrée, érotisme, polygamie, moralité, fidélité, chasteté… et modèlent en conséquence l'organisation des différentes sociétés[2]. Pour toutes ces raisons, on observe une grande diversité des comportements sexuels dans les sociétés humaines[3].

Problèmes culturels et scientifiques concernant l'étude des comportements sexuels

La comparaison des différentes sociétés connues met en évidence une grande diversité des pratiques sexuelles[3]. Cette diversité culturelle, qui peut questionner les pratiques et les valeurs dominantes, jointe au tabou qui entoure la sexualité dans les sociétés où les religions du livre sont prégnantes, fait que la recherche fondamentale sur la sexualité n'est généralement pas favorisée. Pour ces raisons, les études concernant les comportements sexuels humains dans les différentes sociétés et aux différentes époques de l'Histoire sont rares.

Les recherches sur la sexualité débutent en Europe occidentale à la fin du XIXe siècle. La publication en 1948 et 1953 des rapports Kinsey sur le comportement sexuel des Américains a une implication sur la révolution sexuelle mais suscite des controverses qui ont des effets marqués et prolongés jusqu'à aujourd'hui[4]. Des enquêtes nationales (rapport Zetterberg (en) pour la Suède en 1969, rapport Simon pour la France en 1972…) et des recherches interculturelles (articles de Christensen et Carpenter en 1962[5], de Luckey et Nass en 1969[6]) tentent de s'affranchir des problèmes théoriques et méthodologiques inhérents à ce genre de démarche[7].

Neurobiologie des comportements sexuels humains

Contrairement à la plupart des mammifères, l'essentiel des activités et du comportement sexuel humain est appris[1]. Cette différence du contrôle neurobiologique est particulièrement visible chez les mammifères femelles, où les activités copulatoires sont en quasi-totalité innées. Au niveau des structures motrices, la copulation dépend des réflexes précablés de lordose et d'immobilisation. Chez la femme, ces réflexes ne sont quasiment plus fonctionnels et le coït vaginal, ainsi que les autres activités sexuelles, sont apprises. La dynamique comportement sexuel humain n'est plus un comportement de reproduction mais un comportement érotique, structuré par la culture[8].

Sans sexe

  • Abstinence sexuelle : si seul 1 % de la population de plus de 25 ans n'a jamais eu de relations sexuelles, une grande part n'a pas de rapports pendant de longues pĂ©riodes d'abstinence.
  • AsexualitĂ© : dans son sens le plus large, est l’état d’une personne (asexuelle) qui ne ressent pas ou peu d'attirance sexuelle pour une autre personne ni/ou pour elle-mĂŞme. L'asexualitĂ© a aussi Ă©tĂ© dĂ©finie comme un dĂ©sintĂ©rĂŞt pour le sexe[9] - [10] ou plus rarement comme une absence d'orientation sexuelle[11]. Une Ă©tude couramment citĂ©e et publiĂ©e en 2004 estime le taux de personnes asexuelles Ă  1 % au Royaume-Uni[12] - [13].
  • ChastetĂ©: attitude morale liĂ©e Ă  la vie sexuelle ou relationnelle. Dans le domaine sexuel, elle vise Ă  vivre sa sexualitĂ© selon son statut dans le monde occidental, la chastetĂ© est souvent associĂ©e Ă  l'abstinence sexuelle, en particulier l'absence de relations sexuelles avant le mariage en raison de l'interdit de ces dernières dans les religions dominantes de ce groupe culturel.

Sans pénétration

  • Caresses : les caresses appartiennent Ă  de nombreux rĂ©pertoires difficilement quantifiables : jeu de sĂ©duction, prĂ©liminaires Ă  un rapport, ou pratique sexuelle revendiquĂ©e en tant que telle (l’outercourse, soit des caresses allant jusqu'Ă  la masturbation mais sans pĂ©nĂ©tration).
  • Masturbation : la masturbation (sans doute entendue comme pratiquĂ©e seul(e) chez les personnes interrogĂ©es) est courante pour 22 % des femmes et 45 % des hommes, le maximum Ă©tant atteint chez les plus diplĂ´mĂ©s ; Ă  l'inverse, 34 % des femmes et 9 % des hommes disent ne l'avoir jamais pratiquĂ©e[14]. La question de la masturbation suscite quelques interrogations quant Ă  l'objectivitĂ© des rĂ©ponses, des questions plus dĂ©tournĂ©es tendent Ă  dĂ©montrer qu'elle est beaucoup plus frĂ©quente mais inavouĂ©e : d'autres chiffres avancent plus de 90 % d'hommes et environ 50 % de femmes (qui admettent une fois dans leur vie)…
  • Footjob (littĂ©ralement « travail du pied »), ou branlette thaĂŻlandaise, dĂ©signe une pratique sexuelle effectuĂ©e avec les pieds[15]
  • Branlette espagnole, ou cravate de notaire est un acte sexuel pratiquĂ© en couple, consistant Ă  masturber le pĂ©nis d'un des partenaires entre les seins de l'autre.
  • SexualitĂ© orale : fellation, cunnilingus et anulingus sont dĂ©sormais des pratiques courantes, les deux tiers de la population française y ayant recours occasionnellement ou frĂ©quemment. Il existe, comme pour la masturbation, une variation en fonction des catĂ©gories socioprofessionnelles : 50 % chez les moins diplĂ´mĂ©s et plus de 70 % pour les diplĂ´mes supĂ©rieurs[14].

Avec pénétration

  • SexualitĂ© vaginale : c’est la pratique sexuelle la plus courante. La frĂ©quence des rapports sexuels est variable en fonction de l’âge et de la nature de la rencontre (les rapports seront ainsi plus longs et plus frĂ©quents avec un nouveau partenaire) ; les individus ayant plus de rapports sexuels vaginaux sont aussi ceux qui ont des pratiques sexuelles plus diversifiĂ©es avec un plus grand nombre de partenaires.
  • Sodomie : avec 15 %, la pĂ©nĂ©tration anale est une pratique moins courante que la masturbation ou la sexualitĂ© orale. Elle est souvent, Ă  tort, associĂ©e uniquement aux hommes homosexuels : en rĂ©alitĂ©, le sexe anal est une pratique sexuelle Ă©galement caractĂ©ristique des couples hĂ©tĂ©rosexuels.
  • Rapports avec jouets : les jouets sexuels sont principalement utilisĂ© pour faciliter et augmenter le plaisir sexuel humain.
  • sexualitĂ© de groupe

Prostitution

  • Recours Ă  la prostitution : inavouĂ© et parfois illĂ©gal, le recours Ă  la prostitution reste frĂ©quent ; il concerne un cinquième des hommes qui y ont recours une fois dans leur vie : c'est le cas de 30 % des sexagĂ©naires, 20 % des quadragĂ©naires et 10 % des vingtenaires. Dans chaque tranche d'âge, entre 3 et 5 % des hommes admettent avoir eu un rapport payant dans les cinq dernières annĂ©es[16].

Pratiques alternatives

Des pratiques alternatives, majoritairement liées à la sexualité, ont été recensées durant ces derniers siècles. Dans la sexologie, ces pratiques sont nommées sous le terme de « paraphilie », introduit en 1980 par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III[17], signifiant une excitation et/ou attirance sexuelles grâce à des pratiques alternatives à l'accouplement primaire humain. Les individus paraphiles sont généralement excités/attirés envers des formes alternatives de sexualité qui leur convient. Cela peut être dû à un trouble du comportement et/ou de la sexualité. Cependant, il est à noter que beaucoup de communautés paraphiles considèrent l'étrangeté des pratiques sexuelles comme purement subjective et dépendante du contexte sociétal, et se basent sur des critères plus pragmatiques tels que le respect, le consentement mutuel et la gestion éclairée des risques pour juger une pratique.

Des exemples notables de « déviations sexuelles » incluent entre autres sadomasochisme, fétichisme sexuel, fessée érotique et jeu de rôles sexuel. Ce type de sexualité est considéré comme psychosexuel[17] car elle provoque chez un individu une excitation sexuelle autre que ne lui prodiguerait une relation sexuelle. Par exemple, lors d'une relation BDSM, le soumis habituellement masochiste est sexuellement excité par la douleur physique et/ou morale que lui inflige son partenaire dominant. Selon le Manuel de psychiatrie de Julien-Daniel Guelfi et Frédéric Rouillon[17], une paraphilie peut se manifester selon les cultures.

Hormis ces types précédemment classés, d'autres formes d'activités paraphiliques peuvent se réaliser sans aucun contact physique : exhibitionnisme, voyeurisme, téléphone rose, cybersexe (en outre, une relation sexuelle n'inclut pas forcément un contact direct (voir Sextoy)).

Certains individus dérivent leur plaisir sexuel en engageant une variété de pratiques sexuelles alternatives, telles que fétichisme et/ou activités BDSM[18]. Le BDSM implique souvent un échange de puissance consensuel, durant laquelle un individu se soumet au contrôle d'un partenaire dominant. Ces pratiques peuvent inclure fessée, bondage, jeu de rôle sexuel, rôle inverse, et atténuation du plaisir avec l'utilisation d'un fouet ou autres objets. Le fétichisme peut prendre une forme de plaisir envers une partie spécifique du corps, par exemple des gros seins, dessous de bras ou fétichisme du pied. L'objet du désir peut être les chaussures, bottes, lingerie, vêtements, cuir ou autres tissus. Des pratiques autoérotiques non conventionnelles peuvent être dangereuses. Cela inclut asphyxie érotique et auto-bondage. Certaines blessures et même la mort peuvent être engendrées durant des activités fétichistes (étranglements et bondage, respectivement).

Pratiques sexuelles rares

On peut citer pour mémoire quelques modes de sexualité relativement « performants » : BDSM, fisting, fétichisme, fessée, jeu de rôles sexuel… D’autres formes d'activité peuvent se réaliser sans aucun contact : exhibitionnisme, voyeurisme, téléphone rose, cybersexe… (en outre, une relation sexuelle n'inclut pas forcément un contact direct : voir Sextoy).

Hétérosexualité

Les pratiques sexuelles hétérosexuelles sont sujets aux lois de divers endroits. Dans certains pays, majoritairement ceux dont la religion a un fort impact sur la politique sociale, les lois du mariage encouragent les gens à avoir des rapports seulement lors de leur mariage et non avant. Les lois anti-sodomie sont perçues comme pratique sexuelle décourageante, mais peuvent affecter les pratiques sexuelles du sexe opposé. Les lois bannissent également les adultes commettant des actes de pédophilie (sur des enfants non consentants et mineurs), les individus ayant une relation sexuelle en public (exhibitionnisme), et ceux payant une autre personne pour une relation sexuelle (prostitution). Bien que ces lois s'appliquent aux deux genres sexe-opposés et même sexes, elles peuvent également servir en guise de châtiment exemplaire[19].

Homosexualité

Les individus d'orientation homosexuelle peuvent exprimer leur sexualité de diverses manières, et peuvent ou non exprimer leur comportement sexuel[20]. Certains ont des relations avec d'autres individus du même sexe, d'un autre genre, des relations bisexuelles ou ils peuvent être célibataires[20]. Des recherches indiquent qu'un bon nombre de lesbiennes et d'hommes gays ont des relations durables. Par exemple, des statistiques indiquent qu'entre 40 % et 60 % des hommes gays et entre 45 % et 80 % des lesbiennes sont actuellement en couple[21].

Bisexualité et pansexualité

La bisexualité est l'attirance sexuelle et sentimentale envers des personnes des deux genres, ou plus généralement envers des personnes de son genre et d'un autre genre. La pansexualité, elle, est une attirance potentielle esthétique, romantique ou sexuelle envers toutes sortes de personnes, sans aucune distinction fondée sur leur identité sexuelle ou leur sexe biologique (attirance pour les hommes, les femmes, toutes les minorités LGBT, comme les personnes intersexes ou les personnes transgenres)[22].

Notes et références

  1. Agmo A. (2007) Functional and dysfunctional sexual behaviour. Elsevier.
  2. Dominique Sarr, Sexe, le Grand Organisateur, L'Harmattan, 2020
  3. (en) FORD Clellan S, BEACH Frank A. Patterns of sexual behavior, Methuen & Co, London, 1965. Le livre existe en français, mais il est plus difficile à trouver : (fr) Le comportement sexuel chez l’homme et l’animal, R. Laffont, 1970.
  4. (en) Sonia CorrĂŞa, Rosalind Petchesky, Richard Parker, Sexuality, Health and Human Rights, Taylor & Francis, , p. 98.
  5. (en) Harold T. Christensen & George R. Carpenter, « Timing Patterns in the Development of Sexual Intimacy: An Attitudinal Report on Three Modern Western Societies », Marriage and Family Living, vol. 24, no 1,‎ , p. 30-35 (DOI 10.2307/348222).
  6. (en) E. B. Luckey & G. D. Nass, « A comparison of sexual attitudes and behavior in an international sample », Journal of Marriage and the Family, vol. 31, no 2,‎ , p. 364–379 (DOI 10.2307/349954).
  7. Jacqueline Feldman, « Les rapports nationaux sur les comportements sexuels: un exemple de deux types d'interaction science-société », Archives Européennes de Sociologie, vol. 16, no 1,‎ , p. 95-110 (DOI 10.1017/S0003975600003040).
  8. Wunsch S. (2014) To understand the origins of human sexuality. Neurosciences, ethology, anthropology. Comprendre les origines de la sexualité humaine. Neurosciences, éthologie, anthropologie. L'Esprit du Temps.
  9. (en) Nicole Prause et Cynthia A. Graham, « Asexuality: Classification and Characterization », Archives of Sexual Behavior, no 36 (3),‎ , p. 341–356 (DOI 10.1007/s10508-006-9142-3, lire en ligne [archive du ] [PDF], consulté le ).
  10. « Asexual », sur Dictionary.com, The American Heritage Dictionary of the English Language (4th ed.) « Lacking interest in or desire for sex. »
  11. (en) M. A. Yule, L. A. Brotto et B. B. Gorzalka, « Human Asexuality: What Do We Know About a Lack of Sexual Attraction? », Current Sexual Health Reports, vol. 9, no 1,‎ , p. 50–56 (ISSN 1548-3592, DOI 10.1007/s11930-017-0100-y, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Anthony F. Bogaert, « Asexuality: prevalence and associated factors in a national probability sample" », Journal of Sex Research, no 41 (3),‎ , p. 281 (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « Study: One in 100 adults asexual », Cable News Network, .
  14. op. cit. [lequel?], p. 282
  15. (en) Eric Danville, The penthouse erotic video guide, Grand Central Publishing, , 321 p. (ISBN 978-0-446-61293-7 et 0-446-61293-6), p. 263
  16. op.cit. [lequel?], p. 279
  17. « Manuel de psychiatrie. Par Julien-Daniel Guelfi,Frédéric Rouillon », sur Google Books (consulté le )
  18. (en) Sex and Relationships - Sex - 4Health from Channel 4
  19. (en) Sex Offenders and Sex Offenses: Overview. From FindLaw. Consulté le=13 octobre 2009.
  20. (en) APA Help Center
  21. (en) What is Nature
  22. (en) « Pansexualité », sur SexInfo Online, University of California, Santa Barbara

Annexes

Bibliographie

  • (fr) Pierre Langis, Bernard Germain, La sexualitĂ© humaine, ERPI Universitaire, 2009.
  • (fr) Nathalie Bajos et Michel Bozon (sous la direction de), EnquĂŞte sur la sexualitĂ© en France. Pratiques, genre et santĂ©, Éditions La dĂ©couverte, 2008. (ISBN 9-782707-154293) (enquĂŞte dite CSF-2006, voir dossier de presse)
  • (fr) Serge Wunsch, Thèse de doctorat sur le comportement sexuel [PDF] EPHE-Sorbonne, Paris, 2007.
  • (en) Simon Levay, Janice Baldwin, Human Sexuality, Sinauer Associates, 3e edition, 2009.
  • (en) Anders Agmo Functional and dysfunctional sexual behavior Elsevier 2007.
  • (en) Clellan Ford, Frank Beach, Patterns of sexual behavior, Methuen & Co, London, 1965. Le livre existe en français, mais il est plus difficile Ă  trouver : (fr) Le comportement sexuel chez l'homme et l'animal, R. Laffont, 1970.
  • (fr) Claude Aron, La bisexualitĂ© et l'ordre de la nature, Odile Jacob 1996.
  • (en) Fritz Klein, The bisexual option, Harrington Park Press, 2nd edition, 1993.

Articles connexes

Liens externes

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