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Amour

L'amour est un fort sentiment d'affection et d'attachement envers un ĂȘtre vivant ou une chose, assez intense pour pousser ceux qui le ressentent Ă  rechercher une proximitĂ© physique, intellectuelle ou mĂȘme imaginaire avec l'objet de cet amour. L'amour Ă©prouvĂ© pour une autre personne peut conduire Ă  adopter un comportement particulier et aboutir Ă  une relation amoureuse si cet amour est partagĂ©.

L'allĂ©gorie de l'amour est habituellement le cƓur.

En tant que concept gĂ©nĂ©ral, l'amour renvoie la plupart du temps Ă  un profond sentiment de tendresse et d'empathie envers une personne. Toutefois, mĂȘme cette conception spĂ©cifique de l'amour comprend un large Ă©ventail de sentiments diffĂ©rents, allant de la passion amoureuse et de l'amour romantique, Ă  la tendre proximitĂ© sans sexualitĂ© de l'amour familial ou de l'amour platonique et Ă  la dĂ©votion spirituelle de l'amour religieux. L'amour sous ses diverses formes agit comme un facteur majeur dans les relations sociales et occupe une place centrale dans la psychologie humaine, ce qui en fait Ă©galement l'un des thĂšmes les plus courants dans l'art.

Le verbe français « aimer » peut renvoyer Ă  une grande variĂ©tĂ© de sentiments, d'Ă©tats et de comportements, allant d'un plaisir gĂ©nĂ©ral liĂ© Ă  un objet ou Ă  une activitĂ© (« j'aime le chocolat », « j'aime danser ») Ă  une attirance profonde ou intense pour une personne (« RomĂ©o aime Juliette ») ou plusieurs personnes (« Il aime ses enfants »). Cette diversitĂ© d'emplois et de significations du mot le rend difficile Ă  dĂ©finir de façon unie et universelle, mĂȘme en le comparant Ă  d'autres Ă©tats Ă©motionnels.

Un sentiment riche et complexe

Le couple emblématique Roméo et Juliette, tableau de Frank Dicksee (1884).

Le mot français « amour », comme le verbe « aimer » qui lui est relatif, recouvre une large variĂ©tĂ© de significations distinctes, quoique liĂ©es. Ainsi, le français utilise le mĂȘme verbe pour exprimer ce que d'autres langues expriment par des verbes diffĂ©rents : « j’aime ma femme » et « j’aime les sucreries » par exemple (alors qu'en anglais, on dira respectivement « to love » et « to like » et, en espagnol, « querer » ou « amar » et « gustar »). On constate aussi une telle variĂ©tĂ© pour le mot « amour », par exemple dans la pluralitĂ© des mots grecs dĂ©signant l’« amour ». Les diffĂ©rences culturelles dans la conception de l'amour redoublent donc la difficultĂ© d'en donner une dĂ©finition universelle.

Le substantif « amour » a nĂ©anmoins une extension moins large que le verbe « aimer » : on parlera rarement, par exemple, d'« amour » des sucreries, mĂȘme si l'on dit les « aimer ». Le sens du verbe « aimer », qui peut aussi exprimer l'amitiĂ©, ou plus simplement une affection pour quelque chose qui est source de plaisir, est donc plus large que celui du mot « amour ».

Bien que la nature ou l’essence de l'amour soit un sujet de dĂ©bats, on peut Ă©claircir plusieurs aspects de cette notion en s'appuyant sur ce que l'amour n'est pas. En tant qu'il exprime un sentiment fort et positif, on l'oppose communĂ©ment Ă  la haine, voire Ă  l'indiffĂ©rence, la neutralitĂ© ou l'apathie. En tant que sentiment, plus spirituel que physique, on l'oppose souvent au sexe ou au dĂ©sir sexuel. En tant que relation privilĂ©giĂ©e et de nature romantique avec une personne, on le distingue souvent de l'amitiĂ©, bien que l'amitiĂ© puisse ĂȘtre dĂ©finie comme une forme d'amour, et que certaines dĂ©finitions de l'amour s'appliquent Ă  une proche amitiĂ©[1].

L'amour dĂ©signe un fort attachement affectif Ă  quelqu'un ou Ă  quelque chose. S'il renvoie souvent, dans l'usage courant, aux relations humaines, et plus prĂ©cisĂ©ment Ă  ce qu'une personne ressent pour une autre, l'amour peut nĂ©anmoins aussi ĂȘtre « impersonnel » : il est en effet possible de dire qu'une personne Ă©prouve de l'amour pour un pays (par exemple son propre pays : voir Patriotisme), pour la nature, ou encore pour un principe ou un idĂ©al, si elle lui accorde une grande valeur et qu'elle s'y sent trĂšs attachĂ©e. De mĂȘme, on peut ressentir de l’amour pour un objet matĂ©riel, un animal ou une activitĂ©, si l'on entretient des liens affectifs forts ou Ă©troits avec ces objets (ou qu'on s'identifie Ă  eux). Lorsque l'amour d'un objet devient exclusif, voire excessif ou pervers, on parle de fĂ©tichisme ou d'idolĂątrie.

L'amour entre les personnes, quant Ă  lui, est un sentiment gĂ©nĂ©ralement plus intense qu'un simple sentiment amical ou affectueux. Il peut cependant se prĂ©senter sous diffĂ©rentes formes et Ă  des degrĂ©s d'intensitĂ© divers, de la simple tendresse (quand on dit « aimer » les enfants, par exemple) au dĂ©sir le plus ardent (chez les amants passionnĂ©s par exemple). Ainsi, l'amour entre les membres d'une mĂȘme famille n'est pas le mĂȘme qu'entre des amis ou au sein d'un couple d'amoureux. Quand il est ressenti avec une grande intensitĂ© et qu'il exerce un fort pouvoir Ă©rotique (ou une attirance sexuelle), on parle d'amour « passionnel » ou de « passion amoureuse », utilisant souvent l'image de la flamme ou de la brĂ»lure pour dĂ©crire l'effet qu'il exerce sur les sens et l'esprit. Quand cette passion provoque une identification si Ă©troite avec une personne qu'elle tend Ă  unifier les deux amants, on parle d'amour « fusionnel ».

L'apparition plus ou moins subite de l'amour passionnel est dĂ©crite dans la langue courante comme un dessaisissement (« tomber amoureux », « coup de foudre »), provoquant chez celui qui l'Ă©prouve des comportements destinĂ©s Ă  sĂ©duire l'ĂȘtre aimĂ© et visant Ă  obtenir la rĂ©ciprocitĂ© de cet amour, qui s'exprimera le cas Ă©chĂ©ant par des actions et des gestes amoureux – parmi lesquels les caresses, les baisers et les rapports sexuels, ces derniers Ă©tant dĂ©signĂ©s dans plusieurs langues par l'expression « faire l'amour ». Ces pratiques et ces gestes sont en partie culturels et peuvent faire l'objet – tout comme l'Ă©tude des interdits liĂ©s Ă  l'amour – d'une approche anthropologique ou sociologique.

Outre les diffĂ©rences culturelles dans les pratiques liĂ©es Ă  l'amour, les idĂ©es et les reprĂ©sentations sur l'amour ont Ă©galement beaucoup changĂ© selon les Ă©poques. L'amour platonique, l'amour courtois et l'amour romantique sont ainsi des conceptions distinctes et apparues Ă  des Ă©poques prĂ©cises de l'Histoire. Il existe aussi un certain nombre de dĂ©sordres psychiques liĂ©s Ă  l'amour, et Ă©tudiĂ©s par la psychologie, comme l'Ă©rotomanie ou le narcissisme. Certaines formes d'amour sont par ailleurs perçues comme des perversions ou des dĂ©viances (voir paraphilie), telles que la pĂ©dophilie (attirance sexuelle pour les enfants) et la zoophilie (attirance sexuelle pour les animaux). De telles amours peuvent ĂȘtre Ă©tudiĂ©es aussi bien par la psychologie que par les sciences humaines et sociales.

À cause de la nature complexe et difficile Ă  saisir de l'amour, les discours sur l'amour se rĂ©duisent souvent Ă  des clichĂ©s, que l'on retrouve dans un certain nombre de dictons sur l'amour, depuis la phrase du poĂšte Virgile : « L'amour triomphe de tout (omnia vincit amor) », jusqu'au cĂ©lĂšbre : « L'amour rend aveugle ». Le philosophe Leibniz en donnait, lui, cette dĂ©finition : « Aimer, c'est trouver plaisir au bonheur d'autrui »[2].

Dans l'Histoire, la philosophie et la religion (ainsi que la théologie qui lui est liée) ont beaucoup médité sur le phénomÚne amoureux, source constante d'inspiration pour les arts plastiques, littéraires et musicaux. La psychologie, au siÚcle dernier, a renouvelé les réflexions sur le sujet. Ces derniÚres années, des sciences telles que la biologie, la neurologie et les neurosciences, mais aussi la zoologie et l'anthropologie, ont amélioré notre compréhension de la nature et de la fonction de l'amour.

Historique

Étymologie

Le terme est employé au XIIIe siÚcle en langue française sous la forme amor venant de l'ancien occitan et se prononçant "amour"[3]. On le note dÚs les Serments de Strasbourg (842) dans une forme romane dans la locution Pro deo amur (pour l'amour de dieu)[4].

GrĂšce antique

Éraste et ÉromĂšne, dĂ©tail d'une coupe attique du Ve siĂšcle av. J.-C. (musĂ©e du Louvre).

Le terme amour recouvre quatre sentiments distincts de la GrĂšce antique : l'Ă©ros, la philia, l'agapĂš et la storgĂȘ.

La storgĂȘ est l’amour entre parent et enfant, particuliĂšrement l'amour mĂšre-enfant.

La philia se rapproche de l'amitiĂ© telle qu'on l'entend aujourd'hui, c'est une forte estime rĂ©ciproque entre deux personnes de statuts sociaux proches, qui mĂšne aussi Ă  l'entraide. Elle ne pouvait exister Ă  l'Ă©poque qu'entre deux personnes du mĂȘme sexe, du fait de l'inĂ©galitĂ© entre les sexes.

L’agapĂš est l'amour du prochain proche de l'altruisme aujourd'hui, le don dĂ©sintĂ©ressĂ©. Il se caractĂ©rise par sa spontanĂ©itĂ©, ce n'est pas un acte rĂ©flĂ©chi ou une forme de politesse, mais une rĂ©elle empathie pour les autres qu'ils soient inconnus ou intimes. Dans la tradition chrĂ©tienne des pĂšres de l'Église, ce mot est assimilĂ© au concept de charitĂ©, bien que celui-ci soit plus proche d'une relation matĂ©rielle Ă©tablie avec des personnes en souffrance. L’agapĂš originelle ne revĂȘt pas cette connotation morale de responsabilitĂ© devant une autoritĂ© divine.

L’éros, lui, est l'amour au sens d’ĂȘtre amoureux, l'amour des poĂštes pour ainsi dire. Cet amour est parfois romantique ou passionnĂ©, et s'accompagne presque toujours de dĂ©sir sexuel. Dans la pensĂ©e platonicienne, il est parfois vu comme l'une des passions nĂ©fastes que produit l’épithumia (ou « appĂ©tit »), mais aussi comme une « divine folie » qui est « la cause des plus grands biens pour les hommes »[5]. Cependant il pouvait se mĂȘler Ă  la philia Ă  travers la pĂ©dĂ©rastie[6], qui liait un amant d'Ăąge mĂ»r (« Ă©raste ») Ă  un jeune aimĂ© (« Ă©romĂšne »).

Société américaine des années 1960

D'aprĂšs la revue PlanĂšte, les relations amoureuses aux États-Unis, selon leur type, s'exprimaient dans les annĂ©es 1960 par trois mots : « love », le sentiment amoureux ; « sex », les rapports sexuels sans prĂ©juger des sentiments, prĂ©sents ou non ; et « fun », le simple Ă©change de relations intersexe allant du simple flirt Ă  des relations plus poussĂ©es, mais sans intention d'engagement ni d'une part ni de l'autre.

Approche philosophique

Les rĂ©flexions philosophiques se dĂ©veloppent sur des vĂ©cus diffĂ©rents. Citons l'amour reçu des parents, l'amitiĂ©, la passion amoureuse. L'amour reçu des parents est idĂ©alement vĂ©cu d'abord comme un donnĂ© inconditionnel, mais fusionnel ; puis de plus en plus comme responsabilisant (l'enfant reconnu dans son altĂ©ritĂ© doit fonder son propre foyer) ; pour se poursuivre, Ă  travers des conflits plus ou moins aigus dans une nĂ©cessaire distance oĂč l'enfant s'assume dans une relation dont il se sent responsable, qu'il peut vivre avec d'autres comme amitiĂ©. La passion amoureuse se vit d'abord comme une aliĂ©nation, elle nait de l'Ă©motion, vise la possession. Elle peut se prolonger dans un engagement de volontĂ©, comme don de soi dans la fidĂ©litĂ©.

Certains philosophes ont dĂ©veloppĂ© le concept d'amour comme fusion. EmpĂ©docle imaginait l'amour et la haine comme les deux forces originaires de l'ĂȘtre. L'amour, pour lui, est le contraire de la haine qui sĂ©pare. L'idĂ©e d'unitĂ©, voire de fusion, sous-tend sa notion d'amour. Dans la mĂȘme veine, Aristophane, dans le Banquet de Platon, imagine l'amour comme une aspiration Ă  l'unitĂ© originelle. Étendu Ă  sa dimension cosmique, l'amour ne semble plus qu'un leurre pour nous faire participer Ă  la dynamique cosmique. Arthur Schopenhauer, inspirĂ© par le bouddhisme, en arrive ainsi Ă  un pessimisme mĂ©taphysique : puisque l'amour nous fait entrer dans un cycle cosmique sans cesse rĂ©pĂ©tĂ©, dans un cycle de souffrances menant Ă  une unitĂ© impersonnelle, ne vaut-il pas mieux renoncer au dĂ©sir, Ă  l'amour ? Schopenhauer avance que l'amour n'est qu'une illusion du Vouloir-Vivre (l'essence de toute chose selon lui) qui est dĂ©fini comme le dĂ©sir inconditionnel d'une espĂšce de subsister et de se perpĂ©tuer elle-mĂȘme Ă  travers la reproduction. Schopenhauer dĂ©clare d'ailleurs au sujet de l'amour: "L'amour n'est qu'un piĂšge tendu Ă  l'individu pour perpĂ©tuer l'espĂšce".

Socrate va au-delĂ  du concept d'amour-fusion. Il comprend l'amour comme Ă©tant l'enfant de PĂ©nia, le dĂ©nuement, et Poros, la ressource. Aimer, c'est dĂ©sirer ce qu'on n'a pas[7]. L'amour, Ă  la diffĂ©rence du besoin, est une insatisfaction radicale : enfant de dĂ©nuement. L'amour cherche la contemplation de la beautĂ©, et ultimement de la beautĂ© absolue. Cet amour est aussi riche en ressources - enfant de Poros -, donc fĂ©cond, non dans la possession, mais dans la crĂ©ativitĂ©, car nĂ© de la diffĂ©rence entre le mĂȘme et l'autre, il est source d'imprĂ©visible nouveautĂ©.

Aristote conceptualise la diffĂ©rence entre eros et philia, mettant en valeur cette derniĂšre. La philia idĂ©ale est celle oĂč on s'unit non par intĂ©rĂȘt ou plaisir, mais comme recherche du bien de l'autre sans rien attendre en retour. La joie de ces 'amis' vient de l'amitiĂ© elle-mĂȘme. Aristote introduit dans l'idĂ©e d'amour l'idĂ©e d'opposition entre amour de soi et amour de l'autre. Cependant il rĂ©sout l'opposition dans l'idĂ©e que l'amour de soi bien pensĂ© demande de s'attacher Ă  la « partie supĂ©rieure de l'Ăąme », Ă  rechercher le Bien supĂ©rieur, Ă  vivre harmonieusement en commun, et cette harmonie qui est le bien vivre, qui est le cƓur de l'ĂȘtre, ne peut se vivre qu'en vivant l'amour de l'autre qui fait sentir la joie de l'ĂȘtre Ă  travers l'existence de l'autre. L'autre est nommĂ© par lui « alter ego » : j'ai besoin de l'autre pour me comprendre.

Pour rĂ©pondre Ă  cette question : « l'homme est-il Ă  la source de l'amour qu'il vit ou l'amour est-il un concept naturel qui s'impose Ă  l'homme ? », le philosophe Baruch Spinoza, qui s'est sĂ©rieusement penchĂ© sur la question, notamment dans son Éthique, dĂ©finit ainsi que : « L'amour n'est autre chose que la joie, accompagnĂ©e de l'idĂ©e d'une cause extĂ©rieure ; (...) Nous voyons Ă©galement que celui qui aime s'efforce nĂ©cessairement de se rendre prĂ©sent et de conserver la chose qu'il aime[8]. » Il semble que c'est par le biais de la littĂ©rature que le thĂšme de l'amour a Ă©tĂ© traitĂ© par les philosophes Ă  partir de la Renaissance. Pensons Ă  Rousseau, Goethe, Voltaire, etc. Sur le dĂ©placement de l'interrogation sur l'agapĂ© grec vers la littĂ©rature, nous renvoyons Ă  Derrida.

Emmanuel Levinas a développé le thÚme de l'altérité notamment dans : Le Temps et l'autre, Totalité et Infini. Il porta l'éthique au rang de philosophie premiÚre, réel bouleversement dans le rationalisme occidental.

Le XXe siÚcle ressuscite aussi une conception hédoniste de l'amour, notamment à travers le mouvement hippie :

« Vivre d'amour et d'eau fraĂźche ». Ni guerre ni labeur ; uniquement l'amour. « Peace and Love » (« Paix et amour »). Plaisir de la sĂ©duction, de l'Ă©rotisme et des divertissements sexuels mĂȘlĂ© de pacifisme.

Approche psychologique

Amour maternel (Facchinetti).
ÉlĂ©gie et manque d'amour
peinture utopique de William Bouguereau.

Psychanalyse

Sur le plan psychique, la psychanalyse considÚre que les premiÚres relations parents-enfants sont déterminantes dans l'esprit d'une personne et de sa perception de l'amour. Les relations mÚre-fils ou pÚre-fille, notamment, sont particuliÚrement marquantes. Les relations parents-enfants sont généralement déséquilibrées : le parent répond aux besoins de l'enfant. Il est dit dans ce cas que l'amour de l'enfant est captatif et celui des parents oblatif.

En grandissant l'enfant apprend à rééquilibrer ces relations. Cet apprentissage peut échouer à tel ou tel moment, et l'adulte en garder un manque de maturité (s'il n'en prend pas conscience) et une perception de l'amour plus ou moins blessée. Les relations de ses parents entre eux seraient aussi importantes dans la construction de cette idée de l'amour.

Comblement d'un manque

L'amour peut ĂȘtre perçu essentiellement comme la quĂȘte d'un manque, lorsque la notion oblative ne s'est pas dĂ©veloppĂ©e. L'amour apportĂ© Ă  un individu ou un objet naĂźtrait par ce qu'il apporte Ă  un individu ou qu'il serait susceptible de lui apporter. « Aimer » ne serait autre qu'une façon inconsciente d'avouer sa propre impuissance Ă  l'autonomie pour un besoin particulier Ă  un moment donnĂ©. Besoin d’aimer ou besoin de se sentir aimĂ© ne serait autre qu'un besoin Ă©goĂŻste, qu'une attente de la personne qui pourrait combler les ‘manques’ immatĂ©riels ou matĂ©riels qu'elle ne serait pas capable de satisfaire par elle-mĂȘme. Par exemple, en Occident, le besoin d'un enfant entraĂźnerait le besoin d’une compagne ou d’un compagnon Ă  nos cĂŽtĂ©s, besoin qui nourrit un sentiment d’amour ou de besoin d’amour pour la personne attendue pour concevoir cet enfant.

La rĂ©alitĂ© psychique du besoin d’enfant rĂ©siderait plus dans un besoin de sĂ©curitĂ© motivĂ© apparemment par le bien de l'enfant : le nourrir et l'accompagner vers l’ñge adulte. Mais cette attitude, apparemment gĂ©nĂ©reuse, sous-tendrait en fait un dĂ©sir cachĂ© chez certains parents d'ĂȘtre accompagnĂ© vers la vieillesse. Dans ce type de situation, « aimer » ou dire « je suis amoureux(se) », serait une façon inconsciente de dire : « j’espĂšre que la personne pour laquelle j’éprouve des sentiments amoureux m’apportera les choses que j’attends d’elle ». Tant qu'il est senti chez la personne aimĂ©e la prĂ©sence des choses attendues de sa part, le sentiment perdure, mais si la personne aimĂ©e perd ou ne dispose pas d'une partie de ce que l'autre attend, le sentiment d’amour s’estompe ou s’éteint. Lorsque ce sentiment s'estompe, il n'est pas rare d’entendre : « Nos deux chemins se sont sĂ©parĂ©s » car « mes besoins ont changĂ© », « nous n'avons pas suivi la mĂȘme route », etc. À ce moment, la personne qui se sent « en danger » peut ĂȘtre sujette Ă  des crises d'anxiĂ©tĂ©. La personne quittĂ©e peut y ĂȘtre plus ou moins indiffĂ©rente ; si tel n’est pas le cas celui qui est « abandonnĂ© » aura probablement un sentiment de tristesse, de jalousie, de colĂšre ou mĂȘme de haine


Psychologie

Selon l'universitaire Nicolas Favez, l'amour a longtemps Ă©tĂ© absent en psychologie du couple, Ă  la fois pour des raisons morales et en raison de la difficultĂ© Ă  aborder l’objet[9].

Isaac « Zick » Rubin (1970) est considĂ©rĂ© comme le prĂ©curseur des recherches empiriques et psychomĂ©triques en la matiĂšre ; ses travaux s'appuient sur une thĂ©orie de l’amour compris comme « une attitude qui prĂ©dispose l’individu Ă  penser, ressentir et agir d’une façon particuliĂšre envers un objet d’amour », vision semblable Ă  l’attachement romantique.

Typologies

Théorie triangulaire de l'amour de Robert Sternberg.

Plusieurs typologies ont Ă©tĂ© proposĂ©es comme celle du sociologue John Alan Lee (en) dans Les couleurs de l’amour en 1970 (dĂ©clinĂ©e en plusieurs « styles » de « Eros » Ă  « Agape ») ou encore la thĂ©orie dite « triangulaire » (1977) du psychologue Robert Sternberg (oĂč l’amour est constituĂ© de trois composants : la passion, l’intimitĂ© et l’engagement, dimensions susceptibles de varier en intensitĂ©, reprĂ©sentĂ© sous forme d’un triangle, et qui donne sept styles de l’« affection » Ă  l’« amour accompli »)[9].

Si conceptualiser l’amour au niveau psychologique est dĂ©jĂ  difficile, le mesurer est plus compliquĂ© encore, et la plupart des chercheurs ont renoncĂ© devant la difficultĂ© Ă  trouver des critĂšres le rendant quantifiable (Rubin, 1988). Quelques tentatives ont cependant eu lieu : en 1986, Elaine Hatfield et Susan Sprecher, respectivement psychologue et sociologue amĂ©ricaines, Ă©laborent la Passionate Love Scale (PLS) (« Ă©chelle d'amour passionnel »), un test visant Ă  mesurer le degrĂ© d'intensitĂ© de l'amour portĂ© par un individu pour un autre ; celui-ci intĂšgre des composants cognitifs, Ă©motionnels et comportementaux[10] - [11]. Le protocole est ensuite rĂ©utilisĂ© par de nombreux chercheurs dans les dĂ©cennies suivantes[11] - [12]. D'autres Ă©chelles sont ensuite Ă©laborĂ©es : la Love Attitudes Scale (« Ă©chelle d’attitudes amoureuses ») (C. Hendrick & S. Hendrick, 1990; C. Hendrick, S. Hendrick & Dicke, 1998) et la Triangular Love Scale (« Ă©chelle d'amour triangulaire ») (Sternberg, 1997)[9].

En 1999, les universitaires Roy F. Baumeister et Ellen Bratslavsky exposent une thĂ©orie selon laquelle l'amour est la dĂ©rivĂ©e premiĂšre de l'intimitĂ© mesurĂ©e dans le temps, ce qui signifie que si le sentiment amoureux est peu intense lorsque l'intimitĂ© est stable (qu'elle soit forte ou faible), il va en se renforçant dĂšs que l'intimitĂ© va croissant[13] - [14]. En 2003, les chercheurs Anne Falconi et Étienne Mullet dĂ©terminent la « structure algĂ©brique exacte » de l'amour tout au long d'une vie adulte en attribuant un facteur multiplicateur Ă  chacune des trois grandes composantes de l'amour : 0,51 pour la passion, 0,29 pour l'intimitĂ© et 0,20 pour l'engagement[15] - [14].

Selon Nicolas Favez, la principale critique concernant l'apprĂ©hension gĂ©nĂ©rale de l'amour en psychologie « est l’indĂ©termination de leur objet : il n’est jamais trĂšs clair si l’on parle, avec ces styles d’amour, de la personnalitĂ© des individus – leur inclinaison Ă  aimer d’une certaine façon, ce qui en ferait donc un trait de personnalitĂ©, ou si l’on parle de relations – le style serait une qualitĂ© Ă©mergente de la rencontre entre deux personnes. [...] Or, la question est de savoir dans quelle mesure nous avons deux systĂšmes sĂ©parĂ©s, l’un d’amour et l’autre qui Ă©value l’importance de la relation et pilote le premier, ou si l’importance que nous attribuons Ă  une relation ne dĂ©pend pas justement de l’amour ressenti »[9].

Approche biologique

Zoologie (comportements hominoĂŻdes amoureux)

Zoologiquement, la vie et le comportement sexuels des ĂȘtres humains prĂ©sentent de nombreux points communs avec ceux des primates, et plus gĂ©nĂ©ralement avec l'ensemble des mammifĂšres. L'observation de autres grands singes suggĂšre que l'amour chez l'homme ne serait qu'une forme culturellement complexifiĂ©e d'un phĂ©nomĂšne existant dĂ©jĂ  chez ces animaux.

Physiologiquement, le coĂŻt tel qu'il est observĂ© chez l'Homo sapiens ne diffĂšre guĂšre de l'accouplement chez les grands singes. En revanche, la sĂ©quence amoureuse, des premiĂšres approches, de la sĂ©duction jusqu'Ă  l'accouplement, semble avoir Ă©voluĂ© parallĂšlement Ă  l'hypertrophie du cortex cĂ©rĂ©bral dont a Ă©tĂ© dotĂ©e notre espĂšce au cours de son Ă©volution rĂ©cente. Les aptitudes Ă  l'idĂ©ation, l'imagination, l'anticipation et Ă  la stratĂ©gie qui en rĂ©sultent ont complexifiĂ© le processus Ă  l'extrĂȘme.

Les zoologues se sont en outre intĂ©ressĂ©s Ă  l'avantage concurrentiel, du point de vue de l'espĂšce, que donne l'amour tel qu'il se manifeste chez les ĂȘtres humains. Il apparaĂźtrait comme nĂ©cessaire Ă  la sĂ©curisation du couple durant la pĂ©riode d'extrĂȘme vulnĂ©rabilitĂ© des jeunes, elle-mĂȘme suivie de la phase de dĂ©veloppement de l'intelligence d'un adulte, moments qui, rapportĂ©s Ă  leurs Ă©quivalents chez les espĂšces proches, sont extrĂȘmement longs.

En outre, les comportements sexuels se manifestent de maniĂšre extrĂȘmement variable chez les animaux[16]. D'un point de vue Ă©volutif, la grande variĂ©tĂ© des comportements amoureux influencerait la diversitĂ© des espĂšces.

Concernant la relation maternelle chez les animaux, une intervention dans un processus naturel comme l'accouchement perturbe l'attachement de la femelle envers son petit. Ainsi, « des brebis parturientes ayant subi une anesthésie péridurale ne manifestent pas de comportement maternel »[17].

Neurologie et biochimie

Chez l’humain, l’attachement « romantique » met en jeu globalement les mĂȘmes rĂ©gions cĂ©rĂ©brales, ainsi que certaines structures impliquĂ©es dans le systĂšme de rĂ©compense[18]. Des psychiatres et chercheurs en psychologie comparent les effets de la passion amoureuse et du plaisir qu'elle procure, avec ceux d'une drogue comme l'alcool, pouvant gĂ©nĂ©rer une « dĂ©pendance » ou « addiction » Ă  la personne « aimĂ©e », et conduire Ă  des Ă©tats de « manque » lorsqu'elle est inaccessible[19] - [20] - [21]. DiffĂ©rents composĂ©s chimiques sont Ă©voquĂ©s dans les processus d'attirance, d'attachement, et de sexualitĂ©, tels que la phĂ©nylĂ©thylamine, la dopamine, les endorphines, et l'ocytocine[22] - [23]. L’anthropologue Helen Fisher va jusqu'Ă  assimiler la puissance de ce sentiment Ă  une addiction proche de la cocaĂŻno-dĂ©pendance[24]. Plusieurs auteurs ont soulignĂ© la ressemblance entre certains aspects de la passion amoureuse (altĂ©ration de l’état mental, exaltation de l’humeur, pensĂ©es intrusives de l’objet aimé ) et certains troubles psychiques (observĂ©s par exemple dans les troubles bipolaires et obsessionnels-compulsifs)[25].

Approche anthropologique

Amour et famille

Dans son dernier ouvrage, Le Premier Amour (Plon, 1999), les enfants sont de grands passionnés et savent trÚs tÎt ce qu'aimer veut dire, on aime à trois ans comme on aimera toute sa vie, explique le psychosociologue Francesco Alberoni[26].

Le lien originel serait la premiĂšre histoire d’amour selon les chercheurs, une continuation de quĂȘte Ă  toutes les histoires amoureuses convoitĂ©es. L’attachement sexuel prĂ©senterait dĂšs la naissance une activitĂ© neurophysiologique qui se maintiendrait dans l'enfance pour dĂ©border physiquement sur l’ñge adulte avec l’afflux d’hormones provoquant des rĂ©ponses physiologiques Ă  l'adolescence. Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au CollĂšge de France, indique que les histoires d'amour sont des Ă©lĂ©ments Ă©motionnels dans le processus cĂ©rĂ©bral qui sont un prolongement du lien maternel. « DĂšs la naissance, un rapport Ă  la mĂšre fondĂ© sur la recherche de plaisirs sensoriels se crĂ©e, explique-t-il. Avec ce premier rapport hĂ©doniste, l'enfant au cours de son dĂ©veloppement se bĂątit ce que l'on peut appeler un « bassin attracteur » : il intĂšgre petit Ă  petit ses satisfactions premiĂšres et va passer sa vie Ă  rechercher chez les autres des stimuli analogues. »[27]

La famille est un lieu riche en relations amoureuses : amour conjugal, amour maternel, et de maniÚre plus générale, parental, amour filial, fratrie.

L'importance de l'affection des membres d'une mĂȘme famille entre eux est illustrĂ©e par l'Ă©motion vĂ©cue dans les grands Ă©vĂšnements tels qu'une naissance, un mariage, un succĂšs, une Ă©preuve, un accident, un dĂ©cĂšs.

Relations sexuelles

L'amour ne diffĂšre pas fondamentalement dans les diverses cultures humaines, les parades de sĂ©duction restant Ă  la base les mĂȘmes en Afrique, en Orient, en Europe ou en AmĂ©rique du Nord. C'est plutĂŽt l'attitude Ă  l'Ă©gard du dĂ©sir fĂ©minin, dont la rĂ©pression est frĂ©quente dans beaucoup de sociĂ©tĂ©s (voir aussi Comportement et langage), qui change de forme extĂ©rieure. Il semble qu'un abandon de soi permet la dĂ©livrance ou l'expression d'un aboutissement Ă  autrui.

Comportement amoureux dans le monde

Le baiser, un trait culturel.

Le comportement sexuel varie fort peu suivant les diverses sociĂ©tĂ©s humaines. Les modes de sĂ©duction, de contacts, les parades et les expressions faciales ne prĂ©sentent que des diffĂ©rences mineures et trĂšs extĂ©rieures. L'Europe n'a plus le monopole de la reprĂ©sentation massifiĂ©e du comportement amoureux ; pourtant, les deux grandes industries cinĂ©matographiques du monde, occidentale et indienne, montrent de maniĂšre saisissante le caractĂšre uniforme des reprĂ©sentations collectives de la sexualitĂ© dans des cultures diffĂ©rentes, a fortiori sachant que ces deux cinĂ©mas ont chacun une aire d'influence qui va bien au-delĂ  de leurs sphĂšres gĂ©ographiques propres. Les films indiens sont depuis longtemps projetĂ©s dans tous les cinĂ©mas du Moyen-Orient et du monde arabe, tandis que le cinĂ©ma occidental a depuis longtemps fait la conquĂȘte du Japon et de la zone d'influence chinoise.

Néanmoins, certains détails comportementaux sont culturellement acquis. Le baiser avec la langue, par exemple, qui semble naturel en Occident, en Chine, dans le monde arabe, en Inde, était probablement inconnu en Afrique subsaharienne avant l'arrivée des Européens. Dans Ma vie secrÚte, un anonyme licencieux de l'époque victorienne rapporte qu'il a dû enseigner cette pratique, qui n'allait pas de soi. Il s'agirait donc d'un trait culturel, mineur, mais réel.

L'ethnolinguistique, l'anthropologie linguistique et les Ă©tudes en traduction mettent en question la dĂ©marche anthropologique qui consiste Ă  analyser le rapport entre les ĂȘtres humains et l'amour dans diverses langues-cultures. L'ethnolinguistique de Underhill (2012) montre par exemple que l'amour est reprĂ©sentĂ© en termes mĂ©taphoriques, et que les cadres et les configurations mĂ©taphoriques diffĂšrent en anglais, français et tchĂšque. Mais si on va au-delĂ  de la langue et on entre dans le discours, on ne peut maintenir le modĂšle d'un individu qui incarne sa culture et sa langue. On constate que les individus adoptent, adaptent et rĂ©sistent les cadres culturels qu'ils trouvent dans la langue. L'anthropologie qui focalise sur les Ă©tudes multilingues montre que la langue n'est que le modĂšle qui est entretenu par les discours et par les « stratĂ©gies discursives ». L'amour se nĂ©gocie en langage. Et souvent, les locuteurs rĂ©sistent ou rejettent les mĂ©taphores conceptuelles selon lesquelles l'amour serait « fusion », le « centre » ou le « but » de la vie. L'humour ne cesse d'innover Ă  partir de paradigmes traditionnels. La vulgaritĂ© aussi (voir Underhill 2012).

L'homosexualité est un comportement attesté depuis la plus haute Antiquité et fort bien documenté. D'un point de vue psychologique, l'amour entre homosexuels ne diffÚre pas significativement de l'amour hétérosexuel.

Internet a modifié quelque peu les relations amoureuses dans le monde en facilitant les contacts à distance. De nombreux couples issus de continents différents se sont formés grùce à ce nouveau média[28].

Comportement et langage

Paradoxalement, l'acte le plus naturel du monde (la reproduction) tout comme certaines fonctions corporelles (la dĂ©fĂ©cation) sont accompagnĂ©s chez les ĂȘtres humains d'interdits sociaux visibles au niveau du langage et du comportement. Il existe dans toutes les sociĂ©tĂ©s humaines des tabous relatifs Ă  ces fonctions. Par exemple l'homme est la seule crĂ©ature qui se rĂ©unit en groupe pour manger mais, dans certaines cultures, s'isole pour dĂ©fĂ©quer. De mĂȘme, l'acte sexuel se fait de prĂ©fĂ©rence dans l'isolement (l'amour en groupe est considĂ©rĂ© comme dĂ©viant). Le langage est lui-mĂȘme empreint de ces valeurs morales qui distinguent ce qui est « propre » de ce qui est « sale ». La plupart des religions ont considĂ©rĂ© comme nuisible pour la vie de l'individu le fait de vouloir satisfaire toutes les pulsions sans critĂšres de limite (voir libertinage, cĂ©libat, abstinence) ou au contraire pour en faire le centre de leur philosophie dans certaines sectes (le gourou s'adjuge toutes les femmes du groupe). Le langage distingue ainsi dans toutes les langues du monde plusieurs niveaux pour dĂ©signer la copulation : poĂ©tique (union), vulgaire (baiser et une infinitĂ© d'autres termes), mĂ©dical-scientifique (coĂŻt), etc. Quelques exemples d'euphĂ©mismes Ă©vitent d'ĂȘtre trop explicite comme faire l'amour ou coucher avec quelqu'un.

Le choix du partenaire résulte en fin de compte d'un équilibre subtil entre l'attirance consciente ou culturelle (goûts ou passions communs, niveau de langage, richesse, comportement social, etc.) et l'attirance inconsciente ou naturelle (physique, odeur, sentiment de sécurité, etc.) Il est naturel d'exprimer métaphysiquement ses envies, désirs et besoins.

Arts

De toute époque, l'amour, comme « désir », a inspiré les artistes de toutes les disciplines artistiques. C'est un thÚme récurrent et majeur avec le temps ; conséquences de la naissance, de la vie et la mort.

Dans les arts plastiques

PsychĂš et L'Amour, par William Bouguereau (1889).

L'amour a toujours été un thÚme de prédilection dans l'histoire de la peinture et de la sculpture, par la représentation de situations amoureuses ou par la symbolique ou l'allégorie, faisant intervenir des personnages mythologiques.

Certains thĂšmes ou personnages mythologiques ou historiques reviennent :

  • Éros (ou Cupidon), dieu des amours profanes, est souvent reprĂ©sentĂ© dans des scĂšnes comme sujet principal, ou comme personnage secondaire pour Ă©voquer la prĂ©sence symbolique de l'amour. Enfant ou adolescent espiĂšgle et capricieux, ailĂ© et portant un arc avec lequel il tire des flĂšches d'or dans les cƓurs humains, ce qui leur apportent amour et dĂ©sir d'amour. Les scĂšnes les plus reprĂ©sentĂ©es sont : l'amour d'Éros pour PsychĂ©, Éros l'enfant turbulent dĂ©sarmĂ© par sa mĂšre Aphrodite, la victoire de l'amour sur les Ɠuvres humaines (voir la cĂ©lĂšbre version du Caravage) ou la lutte entre l'amour profane et l'amour sacrĂ©.
  • Aphrodite (ou VĂ©nus), dĂ©esse de l'amour, mĂšre de Éros/Cupidon, inspire souvent les peintres, notamment pour l'Ă©pisode de sa naissance. Elle apparaĂźt au monde dĂ©jĂ  adulte, nue et sortant de la mer : les versions de Botticelli (cf. La naissance de VĂ©nus), Cabanel, Fantin-Latour ou Bouguereau comptent parmi les plus cĂ©lĂšbres.
  • La vie amoureuse tumultueuse de Zeus/Jupiter a Ă©galement fait l'objet de nombreuses reprĂ©sentations : l'enlĂšvement de LĂ©da, d'Europe ou de GanymĂšde sont parmi les thĂšmes les plus souvent traitĂ©s.
  • Les grandes histoires d'amour de l'histoire ou de la littĂ©rature comme Tristan et Yseult, RomĂ©o et Juliette, Ulysse et PĂ©nĂ©lope et bien d'autres ont Ă©tĂ© traitĂ©es en peinture, surtout dans les pĂ©riodes romantiques (prĂ©raphaĂ©lisme, romantisme, etc.).

Par ailleurs, nombre de scĂšnes amoureuses de la vie quotidienne des hommes ont Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©es, depuis la cour faite Ă  l'ĂȘtre aimĂ© au drame amoureux, en passant par le baiser langoureux ou le libertinage. Un exemple est le tableau de Jean-HonorĂ© Fragonard nommĂ© le Verrou.

Dans la littérature

L'art poĂ©tique et le roman sont, avec la chanson, quelques-uns des moyens de prĂ©dilection de l'expression verbale de l'amour. À travers les Ăąges, la littĂ©rature a reflĂ©tĂ© des tendances de l'amour, des divinitĂ©s mythologiques Ă  l'amour rĂ©aliste de notre Ă©poque.

Le français prĂ©sente une curiositĂ© grammaticale : le mot amour est ordinairement au masculin au singulier, mais souvent au fĂ©minin au pluriel (« Un amour mort » / « Des amours mortes »)[29], mais il peut Ă©galement ĂȘtre au fĂ©minin au singulier (« La belle amour, la vraie amour »).

Religions

Victoire de l'Amour sacré sur l'Amour profane, tableau de Giovanni Baglione (vers 1602).

Dans le judaĂŻsme

Une des principales lois du judaĂŻsme dicte d'aimer l’Éternel « de tout son cƓur, de toute son Ăąme et de toutes ses forces »[30]. Elle est rĂ©guliĂšrement citĂ©e par les pratiquants lors du Chema IsraĂ«l (« Ă©coute IsraĂ«l »), priĂšre quotidienne.

Un autre commandement concernant l'amour est « tu aimeras ton prochain comme toi-mĂȘme »[31]. Le judaĂŻsme distingue trois types d'amour[32] : physique, charitable et spirituel. L'amour physique est manifestĂ© dans le rĂ©cit de la CrĂ©ation oĂč Eve naĂźt Ă  partir d'une cĂŽte d'Adam.

Selon la conférenciÚre Gila Manolson[33], l'amour dans le judaïsme est avant tout spirituel (le partage des valeurs et la bonté à déceler chez les autres est ce qui importe le plus). C'est également un amour qui se démontre par des actes, ainsi que l'écrit Jill Murray[34] : « L'amour est un comportement. » Ce comportement implique la Tsedaka, charité pratiquée par les juifs. D'aprÚs l'essai sur la Bonté du Rav Eliashou Dessler, « donner nous conduit à aimer. » La Tsedaka est donc une cause de l'amour, et non pas une conséquence. Ainsi, se comporter de maniÚre juste (notamment en respectant les mitzvot et les lois) permet de manifester son amour envers Dieu et son prochain.

Amour révélé

Le christianisme « se définit comme religion du Verbe incarné et de l'amour révélé »[35].

La rĂ©vĂ©lation chrĂ©tienne tient en ceci : « Dieu est Amour » et rien d'autre[36] (1Jn4, 8.16). Cet Ă©noncĂ© constitue le cƓur du discours chrĂ©tien sur Dieu : « Dieu interprĂ©tĂ© comme amour ; en cela consiste l'idĂ©e chrĂ©tienne[37] »

Selon Laurent Gagnebin, « dans les religions en gĂ©nĂ©ral, [Dieu] commence avant tout par ĂȘtre compris comme un Dieu terrifiant, redoutable, trĂšs Ă©loignĂ© du Dieu d'amour rĂ©vĂ©lĂ© par JĂ©sus-Christ et qui caractĂ©rise aujourd'hui encore tout le christianisme[38]. »

Amour partagé : amour du prochain

L'amour du prochain est la réponse à cet amour reçu :

« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimĂ©s, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaĂźtront que vous ĂȘtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. »

— Jn 13, 34-35

Lorsqu'un Juif demande à Jésus : qui est mon prochain ? Jésus, par la parabole du bon Samaritain, signifie que le prochain est aussi l'étranger, l'ennemi, sans considération de religion. (Cfr Luc 10, 29-37). Ailleurs Jésus appelle à l'amour des ennemis : « Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent. Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. » (Luc 6, 27-28).

Le christianisme se différencie d'autres religions par l'abandon des lois et rÚgles : seul le commandement de l'amour est sacré, est volonté de Dieu[39]. Tout le reste est rendu relatif à ce seul commandement. L'évangile selon Matthieu, notamment, l'exprime nettement lorsqu'un docteur de la Loi s'adresse au Christ :

« Et l'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour l'embarrasser :
« Maßtre, quel est le plus grand commandement de la Loi ? »
Il lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cƓur, de toute ton Ăąme et de tout ton esprit.
C'est lĂ  le plus grand et le premier commandement.
Un second lui est Ă©gal : tu aimeras ton proche comme toi-mĂȘme.
En ces deux commandements tient toute la Loi, et les ProphÚtes. » »

— Mt 22, 35, 40

La recherche de l'amour du prochain, inextricablement liĂ©e Ă  l'amour de Dieu, est le fondement de la relation humaine dans la Bible. Le rĂŽle de l'Église et des Écritures est d'ouvrir le cƓur des ĂȘtres humains (leur conscience) pour qu'il puisse vivre cet amour toujours plus profondĂ©ment.

Précisions sur ce qu'est l'amour

Pour certains, l'amour du prochain se dĂ©finit comme une force intĂ©rieure qui pousse un ĂȘtre humain Ă  rechercher la paix et Ă  la partager avec les autres. Le dĂ©sir d'amour se traduit par celui d'ĂȘtre avec l'autre ou les autres, celui d'accepter de recevoir et de donner, celui de dialoguer, de vivre avec, de comprendre, d'accompagner, etc.

Selon saint Paul : « Si je n’ai pas d’amour je ne suis rien. L'amour est patient, il est plein de bontĂ© ; l'amour n'est point envieux, il ne se vante point, il ne s'enfle pas d'orgueil. Il ne fait rien de malhonnĂȘte. Il ne cherche point son intĂ©rĂȘt, il ne s'irrite point, il ne soupçonne point le mal. Il ne se rĂ©jouit point de l'injustice, mais il se rĂ©jouit de la vĂ©ritĂ©. Il excuse tout, il croit tout, il espĂšre tout, il supporte tout. L'amour ne meurt jamais[40]. »

L'amour dont parle le christianisme se nomme parfois charitĂ© (du latin caritas), terme qui le distingue de l'amour Ă©rotique ou de l'amitiĂ©, et qui comporte, dans son sens religieux initial, une dimension transcendante. Il ne dĂ©pend pas du sentiment, mais de la volontĂ©[41] en lien avec l'intelligence. BenoĂźt XVI proclame : « Ce n'est que dans la vĂ©ritĂ© que l'amour resplendit et qu'il peut ĂȘtre vĂ©cu avec authenticitĂ©. (...) DĂ©pourvu de vĂ©ritĂ©, l'amour bascule dans le sentimentalisme. (...) Il est alors la proie des Ă©motions et de l'opinion contingente des ĂȘtres humains ; il devient un terme galvaudĂ© et dĂ©formĂ© jusqu'Ă  signifier son contraire. La vĂ©ritĂ© libĂšre l'amour des Ă©troitesses de l'Ă©motivitĂ© qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d'un fidĂ©isme qui le prive d'un souffle humain et universel[42]. » (La charitĂ© a parfois pris le sens d'une sorte de pitiĂ© paternaliste : ce sens est trĂšs loin du sens de l’Évangile).

Lanza del Vasto prĂ©cise : « La CharitĂ© est un amour conscient partant de la connaissance de soi et de la reconnaissance de soi en autrui. (...) C'est un amour « thĂ©ologal », c'est-Ă -dire « dĂ©coulant de la connaissance de Dieu ». C'est la dĂ©couverte dans l'Ăąme de tout homme de "l'image et ressemblance de Dieu"(cfr GenĂšse 1, 26) dĂ©posĂ©es en elle comme en nous-mĂȘmes[43] ». « Apprends Ă  aimer non parce que ton cƓur incontinent dĂ©borde, mais pour rĂ©pondre au commandement de Dieu. Apprends la charitĂ© virile qui possĂšde des paroles sĂ©vĂšres pour ceux qui t'aiment, sereines pour ceux qui te combattent, chaudes pour ceux qui faiblissent, fortes pour ceux qui souffrent, claires pour les aveugles, Ă©crasantes pour les orgueilleux, un seau d'eau et un bĂąton pour ceux qui dorment. L'amour qui demande et qui pleure, tue-le ; l'amour qui Ă©treint et qui force, tue-le. Apprends l'amour qui n'attend rien du monde mais rayonne de par sa vertu propre, l'amour qui insuffle force Ă  la personne aimĂ©e, et l'amĂšne Ă  la dĂ©livrance[44]. »

Le pape François a rappelé ce commandement en conclusion de son message pour la Journée mondiale de la paix 2014, en soulignant que l'amour se traduit par la fraternité, qui est « fondement et route pour la paix »[45], qui est avec la liberté et l'égalité, l'une des trois vertus républicaines fondatrices de la conception contemporaine des droits de l'homme, comme l'a souligné Jean-Paul II dans une homélie lors de son premier voyage en France en 1980[46].

L'Ă©tude de l’Évangile selon Marc amĂšne BenoĂźt et Ariane Thiran Ă  prĂ©ciser ce qu'est l'amour vĂ©cu-enseignĂ© par JĂ©sus-Christ[47]. L'amour, ils le dĂ©finissent Ă  partir du regard (intĂ©rieur) posĂ© sur l'autre et soi-mĂȘme, regard qui cesse d'ĂȘtre binaire et en opposition, par exemple lorsque je me pose comme le bon, le pur, le mĂ©ritant face Ă  « l'autre » qui ne l'est pas[48]. L'amour exige d'exister, de s'affirmer, mais sans Ă©craser, d'interpeller l'autre mais en partant du respect le plus grand pour l'autre et en Ă©tant prĂȘt Ă  souffrir Ă  l'instar du MaĂźtre[49].

Dans l'islam

L'amour est un sujet qui, principalement, "apparaĂźt dans la pensĂ©e musulmane que sous l’impulsion des soufis qui lui connaissent diverses formes et en recherchent les germes coraniques"[50].

Le texte coranique associe plusieurs termes du champ lexical de l'amour Ă  Dieu. « Dieu se qualifie dans le Coran de « MisĂ©ricordieux par essence » (RahmĂąn en arabe) et de « MisĂ©ricordieux d'une façon existentielle et efficiente » (RahĂźm en arabe) : 329 occurrences ; Il est « le plus MisĂ©ricordieux des misĂ©ricordieux » ; [Les mots] RahmĂąn et RahĂźm dĂ©rivent de la racine RHM qui renvoie Ă  la matrice de la mĂšre : rahim. Dieu est la matrice de l'univers, et aime Ses crĂ©atures d'un amour matriciel »[51]. La traduction du premier sens, aujourd'hui traduit par "misĂ©ricordieux" n'est pourtant pas assurĂ©e Ă  l'Ă©poque de la rĂ©daction du Coran. En effet, le terme RahmĂąn n'acquiert la signification de clĂ©ment, de celui qui fait pitiĂ©, absente du champ sĂ©mantique de Rahman dans le Coran[52], qu'Ă  partir de l’époque islamique[53].

« L'islam est la religion de la « rah mah », [un mot arabe] qu'on rendrait par charitĂ©, amour, clĂ©mence, bienveillance et gĂ©nĂ©rositĂ© dans tous les sens de ce dernier mot ; c'est cette « rah mah » qui fonde l'Ă©thique islamique »[54]. Cet amour, citĂ© dans le Coran, concerne principalement Allah, sauf trois fois oĂč le terme est utilisĂ© pour des humains :« les fils envers leurs pĂšre et mĂšre (XVII, 24), les Ă©poux entre eux (XXX, 21), les ChrĂ©tiens entre eux (LVII, 27). »[55]. Dans sa dĂ©finition, l'amour divin coranique pour les hommes n'est pas "inconditionnĂ©" mais est liĂ© Ă  la conduite morale de ceux-ci. Il aime "ceux qui agissent pour le mieux", "ceux qui accomplissent de belles actions"[56].

L'amour pour les hommes, dans le Coran, est teintĂ© d'une connotation nĂ©gative, celui-ci pouvant ĂȘtre source de conflits, s'il n'est pas enracinĂ© dans "l'amour vĂ©ritable que l'on doit porter Ă  Dieu". Pour l'islam, l'amour entre les hommes n'a aucune valeur s'il n'est pas liĂ© Ă  la foi. Ainsi le Coran dĂ©clare que le croyant doit aimer ses proches mais aussi que le non-croyant ne peut avoir d'amis sincĂšres[56]. L'amour entre Ă©poux est, quant Ă  lui, une injonction divine[56].

La notion d'amour entre Dieu et les hommes est contenue dans l'aya : « Allah mĂšnera les gens qu'Il aime et qui L'aiment  »[57] - [58] Le mot makhabbat en arabe, en farsi, y fait rĂ©fĂ©rence.

Dans le bouddhisme

Dans les bouddhismes Mahayana et Vajrayana (bouddhismes vietnamiens, chan, zen, lamaĂŻsme), l'Amour est l'une des quatre qualitĂ©s d'ĂȘtre que le pratiquant doit dĂ©velopper, l'un des « Quatre Infinis » ou « Quatre Incommensurables » : l'amour, la compassion, la joie et l'Ă©quanimitĂ©. Les tibĂ©tains dĂ©finissent l'amour comme un souhait du bonheur de l'autre ; la compassion, comme un souhait de cessation de la souffrance de l'autre ; la joie, comme une participation Ă  son bonheur ; l'Ă©quanimitĂ© comme le fait d'ĂȘtre attentif de façon semblable Ă  tout ĂȘtre et toute chose sans Ă©tablir un attachement privilĂ©giĂ©. Tout pratiquant du bouddhisme Mahayana doit souhaiter la « bodhicitta » - « l'esprit d'Ă©veil » - : souhaiter obtenir l'Ă©veil ou les qualitĂ©s spirituelles pour le bien des ĂȘtres, et ultimement, libĂ©rer dĂ©finitivement les souffrances humaines. Karuna (sansk.), est traduit par « compassion » en français et « loving-kindness » en anglais, une activitĂ© d'attention aimante envers l'autre. Au Tibet, la compassion est dĂ©crite comme l'attitude de la mĂšre attentive face Ă  ses enfants.

Dans le bouddhisme Mahayana, d'une façon gĂ©nĂ©rale, la compassion, ou « amour-tendresse » est Ă  dĂ©velopper conjointement Ă  la sagesse (comprĂ©hension de la nature rĂ©elle, objective des phĂ©nomĂšnes, philosophie du non-soi, etc.). La sagesse permet de s'affranchir de l'idĂ©e du soi, donc de toute tendance Ă©gotique ou narcissique. En cela, elle participe Ă  l'Ă©mergence d'une « compassion infinie ». De mĂȘme, la sagesse exige une grande compassion pour ĂȘtre actualisĂ©e : l'extinction de l'illusion du soi, pour les bouddhistes, exige une infinie dĂ©votion, une immense abnĂ©gation. Aussi, pour les bouddhistes du Tibet, sagesse et compassion (ou « amour-tendresse ») se dĂ©veloppent l'un l'autre jusqu'Ă  conduire le pratiquant dans une « Terre pure » de bodhisattva - c'est-Ă -dire jusqu'Ă  l'actualisation du potentiel humain d'amour, de joie, de compassion et d'Ă©quanimitĂ©.

Dans le bouddhisme ancien, selon l'enseignement du Bouddha, cette vision de l'amour n'apparaĂźt pas. Le Bouddha insiste surtout sur le dĂ©tachement qui conduit Ă  la suppression du « dĂ©sir » (Taáč‡hā), et donc au bonheur durable (cessation de la souffrance, nirvana). Ce n'est qu'entre les Ier et IVe siĂšcles apr. J.-C. qu’émergera le bouddhisme Mahayana pour lequel l’action de compassion et d’amour envers l’autre prime sur l’ascĂšse et la mĂ©ditation.

Pour les bouddhismes issus des dĂ©veloppements du Mahayana et du Vajrayana, amour, joie et compassion ne sont pas des Ă©motions mais de vĂ©ritables qualitĂ©s d'ĂȘtres. Les Ă©motions telles la colĂšre, la jalousie, la peur, l'aviditĂ©, l'orgueil, passion, ne sauraient durer, elles sont passagĂšres et proviennent de l'attachement et du dĂ©sir. Au contraire, l'amour, la joie et la compassion peuvent se dĂ©velopper infiniment et sans ĂȘtre nĂ©cessairement dĂ©pendantes d'un objet ou de la prĂ©sence d'un ĂȘtre. Le pratiquant peut les porter en lui, les dĂ©velopper infiniment et au-delĂ  de tout attachement.

Dans l'hindouisme

Selon Vivekananda, maĂźtre spirituel de l'hindouisme, l'amour de Dieu (bhakti en sanskrit) est le vĂ©ritable amour, non Ă©goĂŻste : « Nous ne pourrons concevoir une jouissance plus haute que l’amour, mais ce mot amour a diffĂ©rentes significations. Il ne signifie pas l’amour Ă©goĂŻste qui est courant dans le monde ; (...) l’amour qui est parfaitement sans Ă©goĂŻsme est le seul amour, et c’est celui de Dieu. Il est trĂšs difficile Ă  atteindre. Nous passons Ă  travers toutes ces amours diffĂ©rentes, amour des enfants, du pĂšre, de la mĂšre, etc. Nous dĂ©veloppons lentement notre facultĂ© d’amour, mais dans la majoritĂ© des cas, nous n’apprenons rien, nous nous enchaĂźnons Ă  un stade, Ă  une personne. »[59]

Annexes

Littérature

  • le roman brittonique anonyme Tristan et Iseut
  • Apollinaire, « Le Mal-aimĂ© » in Alcools et PoĂšmes Ă  Lou
  • Aragon, Cantique Ă  Elsa
  • Barthes, Roland, Fragments d'un discours amoureux
  • Breton, l'Amour fou
  • Bruckner, Pascal, Lune de fiel
  • Lord Byron, Don Juan
  • Cohen, Albert, Belle du Seigneur
  • Dante, Vita Nova
  • Eluard, Derniers poĂšmes d'amour
  • Gustave Flaubert, L'Ă©ducation sentimentale
  • Guillaume de Lorrain et Jean de Meung, le Roman de la Rose
  • PĂ©trarque, Canzoniere
  • Plutarque, De l'Amour (Erotikos)
  • Poe, Edgar Allan, Lettres d'amour
  • Sade, Marquis de, Les Crimes de l'amour
  • Shakespeare, Romeo and Juliet
  • Stendhal, De l'amour.
  • Sappho, PoĂ©sies.
  • AbĂ©lard et HĂ©loĂŻse, Correspondances
  • Goethe, Les Souffrances du jeune Werther
  • Margueritte Yourcenar, MĂ©moires d'Hadrien

Philosophie

Histoire et sociologie

  • Francesco Alberoni, Le Choc amoureux, trad. fr. Ramsay, 1981 ; L'Ă©rotisme, trad. fr. Ramsay, 1986 ; Le vol nuptial, trad. fr. Plon, 1994 ; Je t'aime, tout sur la passion amoureuse, trad. fr. Plon, 1997.
  • Élisabeth Badinter, L'amour en plus : histoire de l'amour maternel (XVIIe – XXe siĂšcle), Flammarion, 1980 (ISBN 2 08 081100 2).
  • Zygmunt Bauman, L'amour liquide. De la fragilitĂ© des liens entre les hommes, Le Rouergue, 2004.
  • Denis de Rougemont, L'amour et l'Occident, Paris, Plon, 1939, Ă©dition remaniĂ©e 1956, Ă©dition dĂ©finitive 1972.
  • Jean Duvignaud, La genĂšse des passions dans la vie sociale, PUF, 1990.
  • Michel Foucault, Histoire de la sexualitĂ©, trois tomes (La volontĂ© de savoir ; L'usage des plaisirs ; Le souci de soi), Gallimard, 1976-1984.
  • Isabelle Écochard (dir.), RenĂ© Écochard (dir.) et JosĂ© Noriega (dir.), EncyclopĂ©die sur la sexualitĂ© humaine, l’amour et la fĂ©conditĂ©, Paris, TĂ©qui, 2022, 912 p. (ISBN 978-2740323885).

Religion

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. Ainsi, la philia chez les Grecs de l'Antiquité (voir la section sur l'amour dans la GrÚce antique).
  2. G. W. Leibniz, Confessio philosophi, Wikisource Ă©dition.
  3. Michel Feltin-Palas, « 4. Une lutte Ă  mort contre les langues rĂ©gionales », L'Express,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. Informations lexicographiques et étymologiques de « amour » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  5. Platon, PhÚdre, 266 a-b. Ces deux sortes d'amour correspondent aux deux types d'amour classiquement opposés : l'amour vulgaire ou profane et l'amour céleste ou sacré.
  6. Il est cependant notĂ© que pour les Anciens le « vrai » amour Ă©tait bien souvent l'amour viril (voir les larmes versĂ©es par Achille sur le corps de Patrocle et son indiffĂ©rence pour BrisĂ©is, par exemple, dans l’Illiade), alors que l'amour « mixte » Ă©tait souvent considĂ©rĂ© comme le fait d'hommes effĂ©minĂ©s ou victimes d'un dieu, comme l'est PĂąris. Cependant, ce clichĂ© est gĂ©nĂ©ralement niĂ© dans la poĂ©sie amoureuse antique qui traite en grande majoritĂ© de l'amour mixte mais il est souvent prĂ©sentĂ© comme une maladie, une malĂ©diction. Voir, par exemple, Ă  Rome Ovide et ses Amores, Catulle et DĂ©lia, ou en GrĂšce Apollonios de Rhodes ou ThĂ©ocrite pour la comparaison entre amour « mixte » et amour viril.
  7. « Qui a dit : L’amour est dĂ©sir, explique Socrate, et le dĂ©sir est manque : Ce qu’on n’a ... », sur dicocitations.lemonde.fr (consultĂ© le )
  8. Spinoza et Nous - Philosophie de l'affirmation - Citations de Spinoza.
  9. Nicolas Favez, « L’amour et les maniĂšres d’aimer », dans Nicolas Favez, L'examen clinique du couple, Mardaga, (ISBN 9782804701680).
  10. (en) Elaine Hatfield et Susan Sprecher, « Measuring passionate love in intimate relationships », Journal of Adolescence, no 9,‎ , p. 383-410 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. Pierre BarthĂ©lĂ©my, « Comment mesurer l’amour », sur http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/, (consultĂ© le ).
  12. (en) Tara Parker-Pope, « How Deep Is Your Love? », New York Times, (consulté le ).
  13. (en) Roy F. Baumeister et Ellen Bratslavsky, « Passion, Intimacy, and Time: Passionate Love as a Function of Change in Intimacy », Personality and Social Psychology Review, vol. 3, no 1,‎ , p. 49-67.
  14. Édouard Launet, « L'amour sur une Ă©chelle », sur LibĂ©ration.fr, (consultĂ© le ).
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  26. “On aime à trois ans comme on aimera toute sa vie” propos recueillis par Catherine Marchi.
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  29. Pour une discussion détaillée, voir Maurice Grevisse et André Goosse, Le Bon Usage, p. 593, 14e édition, 2008.
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  35. Jean-Pierre Denis, Pourquoi le christianisme fait scandale, Seuil, , 350 p. (ISBN 978-2-02-103266-6, lire en ligne), p. 181.
  36. Hans Urs von Balthasar, cité dans Pascal Ide, Une théologie de l'amour. L'amour, centre de la Trilogie de Hans Urs von Balthasar, Lessius, Bruxelles, 2012, p. 45.
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  38. Laurent Gagnebin, Quel Dieu?, L'AGE D'HOMME, (ISBN 978-2-8251-3057-5, lire en ligne), p. 33.
  39. Cfr Hans Urs von Balthasar : « ce qu'il y a d'institutionnel dans l’Église n'est pas absolu, mais relatif Ă  l'amour. » CitĂ© par P. Ide, Une thĂ©ologie de l'amour, Lessius, Bruxelles, 2012, p. 51.
  40. PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens 13:1-8.
  41. Lanza del Vasto, La trinité spirituelle, Denoël, Paris, 1971, p. 129; 135-139.
  42. Benoit XVI, Caritas in veritate, lettre encyclique, éd. Fidélité, Namur, 2009 ( (ISBN 978-2-87356-404-9)), p. 11.
  43. Lanza del Vasto, La Trinité spirituelle, Denoël, Paris, 1971, p. 137.
  44. Lanza del Vasto, Principes et préceptes du retour à l'évidence, Denoël, , p. 152..
  45. Message du pape François pour la Journée mondiale de la paix le 1er janvier 2014 sur le thÚme : « La fraternité, fondement et route pour la paix ».
  46. Voyage apostolique à Paris et Lisieux, 30 mai-2 juin 1980, Le Bourget, dimanche , homélie du Saint-PÚre Jean-Paul II.
  47. « (...) JĂ©sus ne cessera d'approfondir (...) le passage du regard binaire (mode d'opposition - violent) Ă  un regard cyclique (mode de complĂ©mentaritĂ© - non-violent) sur nous-mĂȘmes, sur les autres, sur la vie et mĂȘme sur Dieu. » : Benoit et Ariane Thiran-Guibert, JĂ©sus non-violent. Nouvelle lecture de l'Ă©vangile de Marc, Tome 1 Changer notre regard. PrĂ©face de Jean Radermakers SJ, Ă©d. FidĂ©litĂ©, Namur, 2010, p. 170.
  48. Cfr Benoit et Ariane Thiran-Guibert, Jésus non-violent. Nouvelle lecture de l'évangile de Marc, Tome 1 : Changer notre regard. Préface de Jean Radermakers SJ, éd. Fidélité, Namur, 2010, voir les p. 65-66. Ils s'inspirent pour leur analyse en particulier de : Isabelle et Bruno Eliat-Serck, Oser la relation, Exister sans écraser, Namur et Lyon, Fidélité et Chronique Sociale, 2006 (2e éd.). Dans cet essai, la relation est définie à partir de quatre axes qu'ils résument ainsi : reconnaßtre l'autre ; accueillir mes limites ; m'affirmer ; interpeller.
  49. Idées développées dans : Isabelle et Bruno Eliat-Serck, Oser la relation. Exister sans écraser. Ed. Fidélité -Chronique Sociale, Namur-Lyon, 2006 (2e édition). (126p.).
  50. Sourdel, Dominique, et Janine Sourdel-Thomine. Vocabulaire de l'islam. Presses Universitaires de France, 2013, p. 11.
  51. Talbi, Mohamed. Universalité du Coran. Actes Sud, 2002, p. 36-37; Voir aussi Coran, VII, 156.
  52. Gaudefroy-Demombynes Maurice. "Sur quelques noms d'Allah dans le Coran". dans École pratique des hautes Ă©tudes, Section des sciences religieuses. Annuaire 1929-1930. 1928. p. 3-21.
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  56. Sebti M., "Amour", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p.47-48.
  57. {{Coran|5|54}}
  58. url=https://wikilivres.org/wiki/Le_Coran/Sourate_5_:_La_table_servie_(Al-Maidah)
  59. Swami Vivekananda, Les Yogas pratiques, Albin Michel, , p. 130.
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