Gare de Bobigny
La gare de Bobigny est une gare ferroviaire française, située sur le territoire de la commune de Bobigny en Seine-Saint-Denis (Île-de-France).
Bobigny | |
Ancien bâtiment voyageurs de la gare de Bobigny, en juillet 2012. | |
Localisation | |
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Pays | France |
Commune | Bobigny |
Adresse | 69-151, avenue Henri-Barbusse 93000 Bobigny France |
Coordonnées géographiques | 48° 54′ 38″ nord, 2° 25′ 49″ est |
Gestion et exploitation | |
Propriétaire | SNCF |
Exploitant | SNCF |
Code UIC | 87271338 |
Site Internet | La gare de Bobigny, sur le site de la SNCF |
Services | Fret SNCF |
Caractéristiques | |
Ligne(s) | Grande ceinture de Paris Ligne de Bobigny Ă Sucy - Bonneuil |
Voies | 4 + voies de service |
Quais | DĂ©truits |
Altitude | 45 m |
Historique | |
Mise en service | 1882 (halte) / 1932 (gare) |
Protection | Inscrit MH (2005, 2009) Patrimoine XXe s. |
Ouverte en 1932, puis fermée au trafic des voyageurs dès 1939, elle reste ouverte au trafic fret.
Elle est utilisée comme point de départ pour les convois ferroviaires vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau de 1943 à 1944. Unique exemplaire en France d'une gare de déportation préservée dans son cadre, elle est consacrée « lieu de mémoire » à la suite de son inscription au titre des monuments historiques en 2005. Elle est ouverte au public, comporte des panneaux pédagogiques, et des visites guidées y sont organisées.
Situation ferroviaire
Gare de bifurcation, elle est située au point kilométrique (PK) 57,707[1] de la ligne de la grande ceinture de Paris. Elle est également l'origine au PK 0,000 de la ligne de Bobigny à Sucy - Bonneuil parfois surnommée ligne de ceinture complémentaire. Elle est établie à 45 m d'altitude.
La gare de Bobigny est établie à l'ouest du centre-ville. Elle se situe peu après l'embranchement disparu du fort d'Aubervilliers (qui desservait également l'imprimerie du magazine L'Illustration)[2].
Histoire
La ligne de Grande Ceinture ouvre au trafic des voyageurs entre Achères et Noisy-le-Sec le , avec quatre trains omnibus par jour. Une simple halte est alors aménagée à Bobigny[3].
Le 30 mars 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha tombe sur la gare de triage de Bobigny située aux nos 69-151, avenue Henri-Barbusse[4]. La gare de triage est une nouvelle fois touchée le .
La ligne de Bobigny à Sucy - Bonneuil, dite de « Grande ceinture complémentaire », ouvre au trafic des marchandises le [5] et au service des voyageurs le [6]. Seuls circulent deux trains quotidiens dans chaque sens entre Noisy-le-Sec et Juvisy via Argenteuil et Versailles. À cette occasion, la halte de Bobigny est démolie pour laisser la place aux deux nouvelles voies. Une nouvelle et vaste gare est construite en 1929 par l'entrepreneur Morosini[7]. Mais les nouvelles gares de la Ligne complémentaire se révèlent vite disproportionnées vu leur faible fréquentation[6].
En 1939, la ligne de Grande ceinture est victime des « mesures de coordination »[8] : le , le service des voyageurs entre Versailles et Juvisy via Argenteuil est définitivement supprimé [9]. Cette fermeture concerne aussi la Ligne complémentaire. Toutefois, en , certains trains de voyageurs sont rétablis pour quelques mois d'Argenteuil à Juvisy[10].
D' à , la cité de la Muette à Drancy devient le camp d'internement de Drancy, principal lieu de départ de la France vers les centres d'extermination nazis. Plus de huit Juifs déportés de France sur dix passent par le camp de Drancy pendant la Seconde Guerre mondiale.
De jusqu’en , quarante-deux convois partent de la gare du Bourget – Drancy, pour l'essentiel vers Auschwitz-Birkenau. Toutefois, le responsable du camp, le nazi Alois Brunner, décide d'organiser ces départs de la gare de Bobigny, considérée comme plus discrète et plus pratique d'un point de vue logistique. Les vingt-et-un convois de déportation de Drancy partis du au quittent la gare de Bobigny. Il y eut 40 450 déportés qui partirent de la gare du Bourget – Drancy et 22 453 de la gare de Bobigny[11].
Durant les années 1950, la gare retrouve son usage industriel. Désaffecté, le bâtiment voyageurs est laissé à l'abandon[12]. Après une réhabilitation en 1979, la gare est brièvement remise en service en tant que gare de marchandises.
La Ville acquiert le bâtiment des voyageurs en 2005, pour un euro symbolique, et obtient l'inscription de la totalité du site (3,5 hectares) sur la liste supplémentaire des monuments historiques [13]. En 2008, il fait l'objet de travaux de restauration, avec la participation financière de la commune, du département, de la région et de la Fondation du patrimoine[11]. Depuis, la municipalité a initié un processus de concertation et de mobilisation de différents partenaires autour d'un projet de valorisation de ce site. Le , un protocole de coopération est signé entre le président de la SNCF, Guillaume Pepy, et la Ville, afin de réhabiliter le site de la gare. La zone autrefois affectée au trafic de marchandises est mise à la disposition de la commune[14].
(D 115). Le garde-corps du pont comporte, sur la gauche, un long panneau relatant l'histoire de cette ancienne gare et son utilisation tragique lors de la Seconde Guerre mondiale.
Dans le cadre de la 67e Journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah, une exposition intitulée « Bobigny, une gare entre Drancy et Auschwitz » est inaugurée le par la ville de Bobigny en coopération avec la SNCF, l'Union européenne et la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Elle permet, à travers un parcours de visite en plein air, d'expliquer le rôle qu'a joué ce site dans la déportation des internés juifs du camp de Drancy entre 1943 et 1944, grâce à la présentation de documents historiques, d'archives et de témoignages.
La gare fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le , modifiée le [7]. Sont concernés par cette protection : l'emprise au sol de la gare, le bâtiment de la gare des voyageurs en totalité, les deux édicules (toilettes et bloc électrique) situés de part et d'autre de la gare, le pylône d'éclairage et de radio sol-train, le faisceau de voies ferrées, situé entre la gare et la halle à marchandises, courant approximativement de l'avenue Henri-Barbusse jusqu'au pylône d'éclairage, le poste d'aiguillage et ses installations techniques, dits « point Z »[7], ainsi que les voies ferrées y aboutissant, la halle de marchandises années trente située derrière la gare. Du fait de sa date de construction (1929) et de son inscription, la gare de Bobigny bénéficie automatiquement du label « Patrimoine du XXe siècle »[7].
En janvier 2023, le site est ouvert au public enrichi de 75 stèles symbolisant les 75 000 déportés de France avant une inauguration officielle programmée le [15] - [16].
Service des marchandises
Cette gare est ouverte au service du fret sous le nom de Bobigny-G.C[17]. (train massif et desserte d'installations terminales embranchées).
Projet de transport à proximité
La construction d'une nouvelle gare, dite de Drancy - Bobigny, quelques centaines de mètres plus au nord dans le cadre de la seconde phase du T11 Express (ex-Tangentielle Nord), permettra la correspondance avec la ligne 1 du tramway. Toutefois, cette seconde phase n'est pas encore financée.
Notes et références
- Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, La Vie du rail, août 2011, (ISBN 978-2-918758-44-0), volume 2, page 214.
- Carte IGN zoomée au 1/15000 de l'emplacement de la gare et de l'embranchement vers le fort d'Aubervilliers, sur le site www.geoportail.gouv.fr.
- Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, p. 32.
- Excelsior du 9 janvier 1919 : Carte et liste officielles des obus lancés par le canon monstre et numérotés suivant leur ordre et leur date de chute.
- Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, p. 161.
- Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, p. 174.
- « Ancienne gare SNCF de la Grande Ceinture », notice no PA93000018, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « 80 ans de coordination des transports en France », article des Notes bleues de Bercy, du 1er au 15 mars 1999, sur le site www.minefi.gouv.fr. Consulté le 2 novembre 2012. Voir en particulier la partie « 1934 : une coordination réglementaire et tarifaire pour réduire le déficit des chemins de fer ».
- Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, p. 190.
- Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, p. 192.
- Communiqué de presse, « Fin de la première phase des travaux de restauration de l'ancienne gare de Bobigny », sur www.fondation-patrimoine.org, (consulté le ).
- https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/Bobigny-Grande-Ceinture.
- Marie-Laurence Fleitour, « Seine-Saint-Denis - L’ancienne gare transformée en mémorial de la Shoah », France-Soir,‎ (lire en ligne).
- Élodie Soulié, « La « gare de la douleur » deviendra lieu de mémoire », Le Parisien, édition Seine-Saint-Denis,‎ , p. I (lire en ligne).
- Hélène Haus, « «Cette gare, c’est la dernière image que les déportés ont eue de la France» : à Bobigny, un mémorial ouvre ses portes » , sur leparisien.fr, (consulté le )
- Eve Szeftel, « Déportation depuis le camp de Drancy : la gare de Bobigny, un monument qui retrouve son histoire » , sur Libération, (consulté le )
- Site Web Fret SNCF : la gare de Bobigny-G.C..
Voir aussi
Bibliographie
- Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande ceinture, Paris, la Vie du Rail, (réimpr. 2002) (1re éd. 1992), 311 p. (ISBN 978-2-902808-40-3, 2-902808-05-4 et 2-902808-40-2)
Articles connexes
Liens externes
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