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Alois Brunner

Alois Brunner, nĂ© le Ă  NĂĄdkĂșt (Deutsch Kaltenbrunn en allemand) dans le royaume de Hongrie, dans l'Empire austro-hongrois[1], situĂ©e aujourd'hui en Autriche, et probablement mort en ou en Ă  Damas[2], en Syrie, est un membre du parti nazi et un officier SS, qui se rend cĂ©lĂšbre par son action contre les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale dans plusieurs pays d'Europe. Il est l'organisateur des actions du RSHA.

Alois Brunner
Surnom Georg Fischer
Ali Mohammed
Naissance
Deutsch Kaltenbrunn (NĂĄdkĂșt en hongrois) (Vas, Autriche-Hongrie)
DĂ©cĂšs Inconnue :
Origine Autrichienne
Allégeance Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand (1933-1945)
Drapeau de la Syrie Syrie (1971-2001)
Arme Schutzstaffel
Grade SS-HauptsturmfĂŒhrer
AnnĂ©es de service 1932 – 1945
Commandement Camp de Drancy
Conflits Seconde Guerre mondiale
Autres fonctions Conseiller du gouvernement syrien, vendeur d'armes en Égypte
Famille Marié, une fille (Irena)

C'est l'un des criminels de guerre nazis les plus recherchés, longtemps resté l'un des derniers criminels de guerre nazis en vie et impunis. En Syrie, il devient conseiller d'Hafez el-Assad, aide à former les services de renseignement, organiser la répression et la torture dans les prisons.

Biographie

Un nazi parmi d'autres

AloĂŻs Brunner naĂźt en 1912 Ă  NĂĄdkĂșt en Hongrie Ă  150 km au sud de Vienne. Son pĂšre, Joseph Brunner et sa mĂšre, Anna Kruise, sont de petits paysans du Burgenland, profondĂ©ment catholiques et antisĂ©mites. À l'Ăąge de 15 ans, il devient apprenti dans un grand magasin de FĂŒrstenfeld, en Autriche.

En 1931, Ă  l'Ăąge de 19 ans, il adhĂšre au NSDAP. Il s'inscrit en 1932 Ă  l'Ă©cole de police privĂ©e de Graz. Il intĂšgre la LĂ©gion autrichienne, vivier des futurs responsables de la Shoah, en 1933. Il y cĂŽtoie : Adolf Eichmann, Odilo Globocnik, Rolf GĂŒnther, Ernst Kaltenbrunner, Franz Novak, Franz Stangl
 ÂgĂ©s, pour la plupart, de vingt Ă  trente ans, ces hommes sont les cadres dirigeants de l'Office central pour l'Ă©migration juive Ă  Vienne, fondĂ©e en par Adolf Eichmann. La mĂȘme annĂ©e, Brunner entre Ă  la SS puis au SD en 1939[1].

Un acteur essentiel de l'extermination des Juifs

Il devient par ses fonctions l'un des rouages importants de la Solution finale aux cÎtés d'Adolf Eichmann. Il est notamment l'instigateur des faits suivants :

La déportation des Juifs d'Autriche

À partir du , Eichmann dirige depuis Berlin la section IV B4 de la Gestapo, chargĂ©e des affaires juives. Brunner lui succĂšde Ă  la tĂȘte de la Centrale de Vienne qui devient le « laboratoire » pour l'internement et la dĂ©portation des Juifs du Reich et des pays occupĂ©s. DĂšs , Brunner fait dĂ©porter un millier de Juifs autrichiens Ă  Nisko prĂšs de Lublin. Il est promu ObersturmfĂŒhrer (lieutenant SS), l’annĂ©e suivante. À Vienne, suivant le modĂšle du Judenrat mis en place dans les communautĂ©s juives de Pologne, il impose aux Juifs d'Autriche la crĂ©ation d'une police juive ou Jupo qui est chargĂ©e de coopĂ©rer Ă  la constitution de cinq convois de dĂ©portĂ©s en direction de Lublin, du au . À partir d’, il interdit l’émigration des hommes juifs ĂągĂ©s de 18 Ă  45 ans. Du au , cinq nouveaux convois sont dirigĂ©s vers le ghetto de ƁódĆș. En , quinze jours aprĂšs la confĂ©rence de Wannsee qui organise la Solution finale du « problĂšme juif », Brunner est promu HauptsturmfĂŒhrer (capitaine SS) et, en juillet, inspecteur de la SIPO-SD. Du au , six nouveaux convois de Juifs quittent l’Autriche pour Lublin. 5 000 Tziganes sont Ă©galement dĂ©portĂ©s sur ordre de Brunner[1].

NommĂ© ensuite Ă  Berlin, en , il y organise en deux mois la dĂ©portation de 20 000 Juifs.

La déportation des Juifs de Salonique

Le , Alois Brunner et Dieter Wisliceny arrivent en GrÚce. Pour organiser la déportation de la communauté juive de Salonique[3], ils imposent aux Juifs de GrÚce les lois de Nuremberg. Les Juifs sont rassemblés fin dans quatre ghettos : Kalamaria, Singrou, Vardar et Agía Paraskeví prÚs d'AthÚnes. Ils sont ensuite transférés dans un camp de transit du quartier du baron Hirsch jouxtant la gare de Salonique, à l'ouest de la ville. De là, les trains de la mort les emmÚnent à Auschwitz-Birkenau. Pour accomplir leur mission, les SS imposent à la communauté juive la création d'une police juive à leur service.

De mars Ă  , plus de 25 convois quittent Salonique pour Auschwitz-Birkenau par Belgrade et Vienne. Le premier convoi arrive Ă  Auschwitz dans la nuit du 20 au . Fin mars, un convoi part pour Treblinka. En tout, 46 000 Juifs sont dĂ©portĂ©s : 43 850 de Salonique mĂȘme, 1 132 des villes environnantes et 1 002 de la zone est-EgĂ©e. Le voyage d'un convoi dure une dizaine de jours en moyenne. L'Ă©tat d'affaiblissement des victimes est tel Ă  l'arrivĂ©e que la plupart des survivants sont immĂ©diatement destinĂ©s Ă  la chambre Ă  gaz.

Dans le dernier convoi, qui part le , se trouvent 367 Juifs protĂ©gĂ©s par leur nationalitĂ© espagnole qui sont dĂ©portĂ©s Ă  Bergen-Belsen puis de lĂ  purent ĂȘtre transfĂ©rĂ©s Ă  Barcelone puis au Maroc, certains purent atteindre la Palestine mandataire.

La réorganisation du camp et des déportations de Juifs

Le , Brunner est nommĂ© Ă  Paris afin d'intensifier le processus de dĂ©portation des Juifs de France. DĂ©pendant directement de Berlin, Brunner court-circuite l’autoritĂ© du Judenreferent-SS Heinz Röthke, dans la mise en Ɠuvre de la dĂ©portation des Juifs de France.

AccompagnĂ© de son Ă©quipe mobile de SS autrichiens, Brunner dirige le camp de Drancy Ă  partir du . Il prend en main directement la gestion du camp Ă  partir du et cantonne les gendarmes français Ă  sa garde extĂ©rieure. Il rĂ©organise le fonctionnement interne du camp et y fait rĂ©gner un systĂšme de terreur qui s’abat sur les internĂ©s. Selon des techniques Ă©prouvĂ©es Ă  Vienne, Ă  Berlin et Ă  Salonique, Brunner crĂ©e Ă©galement une police juive au sein mĂȘme des internĂ©s dont il rĂ©organise la hiĂ©rarchie.

Cependant, en contrepartie, la nourriture et les conditions d’hygiĂšne s’amĂ©liorent, grĂące aux colis collectifs de l’Union gĂ©nĂ©rale des israĂ©lites de France (UGIF).

Le , il fait fermer les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande et fait regrouper les Juifs raflés à Drancy.

Il organise le départ des déportations non plus de la gare du Bourget mais de la gare de Bobigny pour des raisons de discrétion et de logistique.

Les rafles de Juifs de la CĂŽte d'Azur

On estime le nombre de Juifs vivant ou rĂ©fugiĂ©s sur la CĂŽte d'Azur en 1943 Ă  25 000[4].

À partir du , Ă  la suite de l’armistice signĂ© entre l’Italie et les AlliĂ©s, la Gestapo entre Ă  Nice et y organise la traque des Juifs selon un plan prĂ©Ă©tabli par Röthke et Brunner. Les rafles sont pratiquĂ©es dans toute l'ancienne rĂ©gion d'occupation italienne avec une mĂ©thode, une intensitĂ© et une cruautĂ© jusque-lĂ  inusitĂ©es en France :

  • pour la Gestapo, la circoncision vaut appartenance Ă  la « race » juive ;
  • des « physionomistes » installĂ©s sur des voiturettes sont chargĂ©s de repĂ©rer les Juifs dans les rues et de les arrĂȘter ;
  • des rafles sont systĂ©matiquement opĂ©rĂ©es dans les hĂŽtels et les meublĂ©s ;
  • des bandes organisĂ©es de dĂ©nonciateurs font la chasse aux Juifs riches pour les dĂ©pouiller et prĂ©venir la Gestapo qui vient les arrĂȘter ;
  • les trains sont mĂ©ticuleusement contrĂŽlĂ©s.

Jusqu'au , 2 500 Juifs sont arrĂȘtĂ©s et dĂ©tenus Ă  l’hĂŽtel Excelsior prĂšs de la gare de Nice oĂč le docteur Abraham Drucker, mĂ©decin juif du camp de Drancy, transfĂ©rĂ© Ă  Nice pendant trois mois, chargĂ© d'examiner les Juifs arrĂȘtĂ©s, tĂ©moigne de sa brutalitĂ©[Note 1]. Brunner demeura dans la rĂ©gion niçoise du 10 septembre au 15 dĂ©cembre 1943, parvenant Ă  dĂ©porter 1820 personnes en 28 convois, ses successeurs en raflant 1 128 autres (18 convois) jusqu'Ă  la fin juillet 1944[5]. Charlotte Salomon, Arno Klarsfeld, pĂšre de Serge Klarsfeld, Roman Joffo, pĂšre de Joseph Joffo, AndrĂ©, Jean et Simone Jacob font partie des dĂ©portĂ©s.

Des rafles de Juifs dans toute la France

À partir de , Brunner fait procĂ©der Ă  des rafles en province et en rĂ©gion parisienne. En , son passage Ă  Grenoble entraĂźne l'arrestation de Juifs dans la ville[6].

Conjointement avec Helmut Knochen, chef de la police de sĂ©curitĂ© en France, il signe, le , un ordre d'arrestation de tous les Juifs de nationalitĂ© française restant sur le territoire : orphelinats, prisons, camps de travail sont vidĂ©s de leurs occupants juifs, les campagnes sont ratissĂ©es
 Cette derniĂšre vague d'arrestation a pour consĂ©quence la dĂ©portation de 6 000 Juifs (parfois dĂ©noncĂ©s pour toucher une prime rĂ©servĂ©e aux dĂ©lateurs) envoyĂ©s de France dans les camps d'extermination en Pologne[7]. Seuls les conjoints de non-Juifs sont, depuis 1943, en principe, provisoirement Ă©pargnĂ©s au profit de l’Organisation Todt ou d'autres camps en rĂ©gion parisienne.

Brunner reçoit, dans la traque des Juifs, l'aide de la Milice de Joseph Darnand.

Les derniers convois au départ de Drancy

En , Brunner fait partir un convoi de 1 500 personnes.

Mais les arrivĂ©es Ă  Drancy se font de plus en plus rares, et malgrĂ© le dĂ©barquement de Normandie, il veut absolument continuer les dĂ©portations de Juifs. C'est alors que naĂźt en lui l'idĂ©e de se rabattre sur les centres d'enfants qui sont entretenus par l'UGIF Ă  Paris et en banlieue. Il rassemble ainsi Ă  Drancy cinq cents enfants ĂągĂ©s de un Ă  quinze ans, accompagnĂ©s de leurs directeurs et de leurs assistances sociales. Le , 1 314 personnes, dont trois cents enfants quittent Drancy en direction de l'Allemagne (convoi no 77). Parmi eux se trouvent les 20 petites filles de l'orphelinat de Saint-MandĂ© et leur directrice, ThĂ©rĂšse Cahen[8].

Il fait Ă©vacuer le camp de Drancy, le . Il a fait dĂ©porter en un an, 22 427 hommes, femmes et enfants, soit prĂšs du tiers des dĂ©portĂ©s juifs de France.

La déportation des Juifs de Slovaquie

En , Ă  Bratislava, il assiste Josef Witiska, chef de l'Einsatzgruppe H, dans le processus de dĂ©portation des Juifs slovaques[9]. Il organise, dans la nuit du 25 au , la rafle de 1 800 Juifs de la capitale slovaque qui sont internĂ©s avec les 5 000 du camp de concentration de Sereď, antichambre d’Auschwitz. Plus de 13 500 Juifs sont dĂ©portĂ©s de Slovaquie sur ordre de Brunner.

Le dernier convoi qu'il organise avant la fin de la guerre part le de Sered[10].

AprĂšs avoir dĂ©mantelĂ© le camp de Sered en 1945, Brunner rĂ©ussit Ă  gagner Vienne puis, en avril, Prague oĂč se trouve repliĂ© le QG d’Eichmann.

L'aprĂšs-guerre, condamnation Ă  mort par contumace

Lors de l’entrĂ©e des troupes soviĂ©tiques en TchĂ©coslovaquie, il prend une nouvelle identitĂ©, « AloĂŻs Schmaldienst » et rĂ©ussit Ă  se soustraire aux partisans tchĂšques, mais il est finalement internĂ© dans un camp amĂ©ricain prĂšs de Vienne. Il semble que son identitĂ© soit confondue avec celle d'Anton Brunner, qui est exĂ©cutĂ©, ce qui lui permet d'Ă©chapper aux AlliĂ©s[10]. LibĂ©rĂ©, il mĂšne une existence paisible Ă  Essen, en Allemagne, bien que figurant sur la liste no 1 des criminels de guerre Ă©tablie par le Tribunal militaire international de Nuremberg[11]. Craignant d’ĂȘtre dĂ©couvert, il s'enfuit en Égypte en 1953, avant de gagner la Syrie en 1954, aidĂ© par Mohammed Amin al-Husseini, le grand mufti de JĂ©rusalem[2]. Il y retrouve Franz Rademacher qui l'embauche dans sa sociĂ©tĂ© Orient Trading Company (OTRACO), sous le nom de Georg Fischer[2].

Brunner est condamné à mort par contumace par le Tribunal permanent des forces armées à Paris, le [12] - [13].

Le , il est condamné à nouveau en France par contumace à la prison à perpétuité pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité[14].

L'exil en Syrie

Il est traquĂ© sans relĂąche par Simon Wiesenthal, mais trouve refuge Ă  Damas oĂč il serait connu sous le nom de « Dr Georg Fischer » ou bien « Ali Mohammed ». L'Allemagne et d'autres pays rĂ©clament sans succĂšs son extradition.

Une photo, prise en 1961, le reprĂ©sente alors affublĂ© d'une moustache, contrairement Ă  son habitude[15]. Le de cette mĂȘme annĂ©e, le Mossad (services secrets israĂ©liens) l'ayant localisĂ©, lui envoie un colis piĂ©gĂ© : deux agents de la poste de Damas sont tuĂ©s, Brunner (qui se fait alors appeler « Fisher ») n’est que blessĂ© bien qu’il soit donnĂ© mort par la police. BrĂ»lĂ© au visage, il perd l’Ɠil gauche. Un autre colis piĂ©gĂ© est envoyĂ© en 1980 lui causant la perte de plusieurs doigts[16].

En 1966, aprĂšs le coup d'État qui porte le parti Baas au pouvoir, Alois Brunner commence Ă  conseiller les services de sĂ©curitĂ© syriens[2]. Pour Serge Klarsfeld, « Le clan Assad devait Ă©prouver de la sympathie pour celui qui, comme eux, Ă©prouvait de la haine contre les Juifs. D’aprĂšs les services spĂ©ciaux, cet ancien ingĂ©nieur de la solution finale a transmis son savoir-faire et a contribuĂ© Ă  la montĂ©e d’Hafez el-Assad au pouvoir. »[17] Il prend encore plus d'importance en 1971 aprĂšs le coup de force qui place Hafez el-Assad Ă  la tĂȘte de la prĂ©sidence[2]. Selon ses anciens gardes de la sĂ©curitĂ© d'État, « il est allĂ© voir directement Hafez al-Assad en se prĂ©sentant comme un proche d’Hitler. Et c’est lĂ  qu’il a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme un de ses conseillers »[18]. Il forme tous les chefs de renseignement syriens[2] - [19] et aide Ă  mettre en place la rĂ©pression[20] ainsi que des techniques de torture dans les prisons[16]. Hedi Aouidj et Mathieu Palain Ă©crivent dans leur ouvrage Le nazi de Damas : « Avec l’aide d’AloĂŻs Brunner, le nouveau prĂ©sident syrien met sur pied un appareil rĂ©pressif d’une rare efficacitĂ©. Complexe, divisĂ© en nombreuses branches qui toutes se surveillent et s’épient, fonctionnant sur la base du cloisonnement absolu, cet appareil s’érige sur un principe : tenir le pays par l’usage d’une terreur sans limites. »[18]

En 1982, Beate et Serge Klarsfeld localisent son adresse et Ă©tablissent mĂȘme un contact tĂ©lĂ©phonique avec lui, forçant la France et l'Allemagne Ă  dĂ©poser une demande d'extradition auprĂšs de la Syrie. En 1985, le journal allemand Bunte parvient Ă  le photographier, ce qui permet Ă  la police criminelle de Wiesbaden de l'identifier formellement[2].

Dans une interview accordĂ©e au Chicago Sun-Times, Brunner dĂ©clare en 1987 Ă  propos des Juifs exterminĂ©s : « Tous mĂ©ritaient de mourir parce que c'Ă©taient les envoyĂ©s du diable et des ordures humaines. Je n'ai aucun regret et je le referais »[21]. En , Interpol lance contre lui un mandat d'arrĂȘt international.

Une rumeur fait Ă©tat de la mort de Brunner, en 1992, en Syrie. Mais sa fille, Irena Ratheimer, mariĂ©e Ă  un dĂ©putĂ© autrichien, n'a jamais confirmĂ© ce dĂ©cĂšs. L'enquĂȘte pour attester la prĂ©sence d'Alois Brunner, alias Georg Fisher, au 7, rue Georges-Haddad, Ă  Damas, s'avĂšre impossible, tout comme celle pour vĂ©rifier si des obsĂšques chrĂ©tiennes ont bien Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es pour lui, ou l'existence d'un enterrement dans un cimetiĂšre de Damas[22].

En 1995, le procureur de l'Allemagne annonce une rĂ©compense de 333 000 dollars pour toute information qui permettrait son arrestation. En , des rumeurs font Ă©tat de sa mort en 1996. Mais des journalistes allemands qui avaient fait un sĂ©jour en Syrie affirment qu'il est toujours vivant et qu'il rĂ©side Ă  l'hĂŽtel MĂ©ridien de Damas.

En , le ministĂšre de la Justice autrichien annonce sur son site qu'une rĂ©compense de 50 000 euros est promise Ă  toute personne qui fournirait des informations pouvant conduire Ă  localiser ou capturer Alois Brunner et Aribert Heim.

En , le gouvernement allemand admet avoir détruit des documents concernant la localisation de Brunner, la chute du mur de Berlin, en 1989, ayant bouleversé la procédure d'extradition en cours[23].

Fin , le centre Simon-Wiesenthal annonce son probable décÚs en 2010, à Damas, à l'ùge de 98 ans, selon les informations recueillies par un ancien agent des services secrets allemands ayant servi au Moyen-Orient[24].

Une enquĂȘte de la revue XXI publiĂ©e le aboutit Ă  la conclusion qu'Alois Brunner est mort dans un cachot Ă  Damas en 2001 oĂč il Ă©tait enfermĂ© depuis la fin des annĂ©es 1990, aprĂšs avoir Ă©tĂ© durant de longues annĂ©es le protĂ©gĂ© du rĂ©gime de Hafez el-Assad[2]. Selon le journaliste Hedi Aouidj : « Il se promenait dans Damas, et peu Ă  peu il a Ă©tĂ© de plus en plus enfermĂ© ; il est mort en 2001 dans un cachot, seul, car il a Ă©tĂ© lĂąchĂ© par Bachar el-Assad. Ce rĂ©gime c'est comme la mafia. On l'a laissĂ© dans ce cachot en se disant que peut-ĂȘtre on en aurait besoin plus tard »[19].

Annexe

Notes

Références

  1. (en) Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À prĂ©sent », , 638 p. (ISBN 978-2-03-583781-3), p. 143.
  2. Hedi Aouidj et Mathieu Palain, « Le Nazi de Damas », sur revue21.fr, XXI, (consulté le ).
  3. En tout il est responsable de la dĂ©portation de 42 830 Juifs de Salonique.
  4. Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, la « solution finale » de la question juive en France, Paris, Fayard, 1983.
  5. StĂšle de l'hĂŽtel Excelsior
  6. Tal Bruttmann, La Logique des bourreaux – 1943-1944, Hachette LittĂ©ratures, 2003.
  7. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, vol. 2, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire » (no 38-39), , 1098 p. (ISBN 978-2-07-032709-6 et 978-2-0703-2710-2, OCLC 25609496), p. 566.
  8. Jean Laloum, « Les maisons d’enfants de I’UGIF : le centre de Saint-MandĂ© », Le Monde Juif 1995/3 (N° 155),‎ , p. 58-109 (lire en ligne)
  9. Raul Hilberg, op. cit., p. 641.
  10. « Alois Brunner », Trial.ch.org.
  11. Dictionnaire de la Shoah, p. 144.
  12. Jean-Philippe Landru, La RĂ©sistance en Chartreuse : Voreppe, Rives, Voiron, Saint-Laurent-du-Pont , 1940-1944, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, , 341 p. (ISBN 978-2-7061-2585-0, lire en ligne), p. 281.
  13. Linda Benotmane, « Pourquoi la Syrie a-t-elle caché le criminel nazi ? », sur ouest-france.fr, Ouest-France, (consulté le ).
  14. « Alois Brunner condamné par contumace », La Libre Belgique, 2 mars 2001.
  15. Metrofrance.com.
  16. Catherine Desplanque, « AloĂŻs Brunner, nazi responsable de 147 000 dĂ©portations de Juifs. Mort ou vivant ? Petite biographie d’AloĂŻs Brunner Â».
  17. « Edition du soir Ouest France », sur www.ouest-france.fr (consulté le ).
  18. « Syrie: comment le nazi Aloïs Brunner a formé le premier cercle du clan Assad » [archive], sur Franceinfo, (consulté le ).
  19. Hedi Aouidj, « Le nazi Aloïs Bruner a formé les services secrets syriens pendant 40 ans », France Inter, 11 janvier 2017.
  20. « Les dessous de la traque : AloĂŻs Brunner en Syrie (Chapitre 5, Ă©pisode 3) », France Culture,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  21. GWU.edu.
  22. David Dufresne, « L'ombre d'un nazi devant les assises. Alois Brunner devrait ĂȘtre jugĂ© l'annĂ©e prochaine Ă  Paris », LibĂ©ration, 26 aoĂ»t 1999.
  23. (en) « Fall of Berlin Wall halted extradition of key Nazi: report », expatica.com, 30 juillet 2011.
  24. « Le nazi AloĂŻs Brunner serait mort en Syrie Â», lefigaro.fr, 30 novembre 2014.

Bibliographie

  • Didier Epelbaum (prĂ©f. Serge Klarsfeld), Alois Brunner : la haine irrĂ©ductible, Paris, Calmann-LĂ©vy, , 358 p. (ISBN 978-2-7021-1865-8, OCLC 417728922).
  • Serge Klarsfeld, MĂ©morial de la dĂ©portation des Juifs de France, Paris, 1978.
  • Serge Klarsfeld, La Shoah en France, le calendrier des dĂ©portations (-) :
    • tome I ;
    • tome II ;
    • tome III (ISBN 2-213-61051-7) ;
    • tome IV (ISBN 2-213-61052-5).
  • Serge Klarsfeld, Spoliation camps de province (ISBN 2-11-004558-2).
  • Serge Klarsfeld (La Shoah en France T1), Vichy-Auschwitz la "solution finale" de la question juive en France, Paris, Fayard, , 391 p. (ISBN 978-2-213-60183-0).
  • Hedi Aouidj et Mathieu Palain, le nazi de Damas, la revue française XXI, 2017.

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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