Aribert Heim
Aribert Heim, né le à Bad Radkersburg (Autriche-Hongrie) et mort le au Caire (Égypte)[1], est un médecin autrichien[2] SS, auteur de crimes de guerre, ayant commis des atrocités dans les camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen sur des détenus essentiellement juifs durant la Seconde Guerre mondiale et recherché depuis sa disparition en 1962 par les polices allemande, autrichienne et espagnole, ainsi que par le Centre Simon-Wiesenthal de Jérusalem[3] - [4] pour expérimentation médicale nazie sur des prisonniers en tant qu'ancien médecin SS[5].
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 78 ans) Le Caire |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Aribert Ferdinand Heim |
Nationalités |
autrichienne (jusqu'à ) allemande (à partir de ) |
Allégeance | |
Domicile |
Le Caire (à partir de ) |
Formation | |
Activités | |
Période d'activité |
à partir de |
Parti politique | |
---|---|
Membre de | |
Arme | |
Grade militaire | |
Conflit | |
Sport | |
Condamné pour |
Biographie
Né à Bad Radkersburg en Autriche d'un père policier et d'une mère femme au foyer, il fait des études de médecine à l'Université de Vienne. Il entre au Parti national-socialiste autrichien en 1935 avant de rejoindre les SS de Heinrich Himmler[5], étant volontaire pour la Waffen-SS. Il obtient alors, entre 1940 et 1941, le grade de Hauptsturmführer.
Aribert Heim sert ensuite comme médecin à Buchenwald, Sachsenhausen, et au camp de concentration de Mauthausen[6].
À Mauthausen, où il reste sept semaines, Aribert Heim a été accusé d'avoir pratiqué des interventions et des expériences médicales en utilisant pour les mener les détenus du camp; juifs pour la plupart[7] - [8] - [9]. Il est rapporté par des survivants qu'il réalise notamment des injections létales qu'il effectue directement dans le cœur des prisonniers[7] - [8] - [10]. C'est cette pratique qui lui vaut de la part des déportés espagnols de Mauthausen le surnom d’El banderillero[11]. Dans le camp, Heim était également connu sous le nom de Dr Tod (« Docteur La Mort »)[5].
Le , Heim est arrêté par les Alliés mais n'est jugé que sur son appartenance à la Waffen-SS. Il retrouve un poste de médecin à Baden-Baden dans le sud de l'Allemagne, où il épouse sa femme Frieda et ouvre un cabinet de gynécologue[9]. Heim disparaît en 1962, alors que la police allemande s'apprête à l'arrêter[9].
Recherches et rumeurs
Aribert Heim a fait l'objet de recherches par les polices espagnole et allemande[12].
Vers la fin des années 1970, le « chasseur de nazis » Simon Wiesenthal, lui-même survivant de Mauthausen, puis le Centre Simon-Wiesenthal, spécialisé dans la recherche des anciens responsables et tortionnaires nazis, ont cherché à retrouver les traces de l'ancien médecin. En 2002, à l'initiative notamment d'Efraim Zuroff (le successeur de Simon Wiesenthal au Centre) est lancée l'Opération Dernière Chance en Allemagne et dans huit pays d'Europe : Heim figure sur la liste des personnes recherchées en deuxième position après Alois Brunner[13] - [4].
Aribert Heim a été recherché dans plusieurs pays, Espagne, Amérique latine ou Afrique. Fin 2005 la presse rapportait que Heim était supposé avoir trouvé refuge sur le territoire espagnol[14], à Palafrugell selon la police. Selon The Guardian, les recherches n'ont rien donné[7].
En 2007, l'ancien militaire Danny Baz publie un livre[15] dans lequel il affirme que Heim a été capturé, jugé puis exécuté sur l'Île de Catalina en 1982 par un groupe nommé La Chouette, constitué pour suppléer aux services secrets israéliens dans la traque des criminels nazis, abandonnée par l'État hébreu après l'enlèvement d'Adolf Eichmann[16] - [13]. Dans un communiqué, le Centre Simon-Wiesenthal affirme quant à lui que cette information est inexacte[17].
Début , la télévision publique allemande ZDF et le New York Times affirment que Heim se serait installé au Caire dans les années 1970, se serait converti à l'islam, aurait pris le nom de Tarek Farid Hussein et y serait mort d'un cancer de l'intestin en 1992 à l'âge de 78 ans[18]. L'information est confirmée par la justice en [19].
Une enquête de Mathieu Sarfati et Jean-Pascal Bublex, diffusée sur la chaîne Canal + en 2009, soulève toutefois certains doutes sur cette mort, dont le propre avocat de Heim en Allemagne, Fritz Steinacker (de), semble douter[20].
Filmographie
- 2021 : Jaguar (série télévisée) : joué par Jochen Horst
Bibliographie
Notes et références
- AFP, « Mort confirmée du nazi Aribert Heim », sur lefigaro.fr, (consulté le )
- Entre 1938 et 1945, du fait de l'Anschluss, sa nationalité est allemande. Il a de nouveau cette nationalité à partir de 1957.
- (en) « Uncovering Lost Path of the Most Wanted Nazi », The New York Times, 4 février 2009.
- (en) Fiche biographique publiée par le Centre Simon-Wiesenthal.
- (en) « The life and crimes of “Dr Death” », BBC News, 5 février 2009.
- Communiqué sur le site du centre Simon-Wiesenthal, 15 août 2005.
- (en) « Nazi war criminal escapes Costa Brava police search », The Guardian, 17 octobre 2005.
- (en) « Nazi doctor “is alive in Chile” », BBC News, 9 juillet 2008.
- « Uncovering Lost Path of the Most Wanted Nazi », The New York Times, 4 février 2009.
- (en) « Concentration camp doctor Aribert Heim tops list of wanted Nazis », Haaretz, 30 avril 2008.
- Rapporté par l'historien britannique David Wingeate Pike dans son livre Spaniards in the Holocaust: Mauthausen, the Horror on the Danube (2000).
- (en) « Nazi hunters close in at last on the torturer they call El Banderillo », The Times, 15 octobre 2005.
- « Aribert Heim : une affaire classée », Le Monde, 14 octobre 2007.
- « Le criminel nazi Aribert Heim est recherché en Espagne », Le Monde, 3 novembre 2005.
- Danny Baz, Ni oubli ni pardon : au coeur de la traque du dernier nazi, Paris, B. Grasset, , 312 p. (ISBN 978-2-246-70621-2, OCLC 391228562, BNF 41131250).
- « Heim, dernier criminel nazi en fuite ou fantôme ? », Rue89, 13 octobre 2007.
- Communiqué du Centre Simon-Wiesenthal en date du 14 octobre 2007.
- (de) « Nazi-Verbrecher Heim offenbar seit 1992 tot », AFP, 4 février 2009.
- « La justice allemande officialise la mort du criminel nazi Aribert Heim », Le Point, 21 septembre 2012.
- Alain Constant, « Aribert Heim, sur les traces du dernier nazi », Le Monde, (lire en ligne)