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DĂ©barquement de Normandie

Le débarquement de Normandie, également appelé débarquement en Normandie, ou encore débarquement allié en Normandie, nom de code opération Neptune[alpha 3], est une opération militaire amphibie et aéroportée alliée de la Seconde Guerre mondiale lancée dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.

DĂ©barquement de Normandie
Description de cette image, également commentée ci-après
Into the Jaws of Death, photographie des troupes américaines avançant dans l'eau d'Omaha Beach, le .
Informations générales
Date
Lieu Drapeau de la Normandie Normandie (France)
Issue Victoire alliée décisive
Forces en présence
156 000 hommes[alpha 1]30 000 hommes sur les plages
350 000 hommes dispersĂ©s en Normandie
Pertes
Au moins 12 000 dont 4 400 tuĂ©s[alpha 2]4 000-9 000[1]

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Bataille de Normandie

Opérations de débarquement (Neptune)

Secteur anglo-canadien

Secteur américain

Fin de la bataille de Normandie et libération de l'Ouest

Mémoire et commémorations

CoordonnĂ©es 49° 20′ 24″ nord, 0° 36′ 00″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Basse-Normandie
(Voir situation sur carte : Basse-Normandie)
localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
localisation

C'est la phase d'assaut d'une plus vaste opération qui vise à créer une tête de pont alliée de grande échelle dans le Nord-Ouest de l'Europe, et à l'ouverture d'un nouveau front à l'Ouest. Ce débarquement marque le début de l'opération Overlord, nom de code de la bataille de Normandie.

Cette opération Neptune inclut les opérations aéroportées américaine et britannique pendant la nuit du 6 juin ainsi que les bombardements préparatoires aériens et navals des défenses côtières allemandes, la traversée de la Manche par plusieurs milliers de navires, et enfin le débarquement des troupes dès le 6 juin au matin (« Jour J ») sur les plages du nord-est du Cotentin et de l'ouest du Calvados dans les secteurs, d'ouest en est, d'Utah Beach et Omaha Beach, et de la pointe du Hoc pour les Américains, de Gold Beach pour les Britanniques, de Juno Beach pour les Canadiens, et de Sword Beach pour les Britanniques en y incluant les Français libres des commandos Kieffer.

Une fois les plages prises, l'opération se poursuit par la jonction des forces de débarquement et l'établissement d'une tête de pont sur la côte normande puis l'acheminement d'hommes et de matériels supplémentaires. Les jours suivants voient la mise en place des structures logistiques (ports artificiels Mulberry, oléoduc sous-marin PLUTO, terrains d'aviation[2] pour le ravitaillement du front et le débarquement de troupes supplémentaires. L'opération cesse officiellement le .

Contexte

Entre le et le , plus de 338 000 hommes du corps expĂ©ditionnaire britannique et de l'armĂ©e française, encerclĂ©s sur les cĂ´tes du nord de la France, regagnent le Royaume-Uni grâce Ă  l'Ă©vacuation de Dunkerque. La signature de l'armistice puis l'occupation allemande en France privent les AlliĂ©s de l'Europe de l'Ouest continentale. Après l'invasion de l'Union soviĂ©tique par l'armĂ©e allemande en juin 1941, Joseph Staline commence Ă  demander aux AlliĂ©s l'ouverture d'un second front en Europe de l'Ouest[3]. Fin mai 1942, les États-Unis et l'Union soviĂ©tique font une dĂ©claration commune sur l'urgence de crĂ©er un second front Ă  l'Ouest[4]. Mais le premier ministre britannique Winston Churchill persuade le prĂ©sident des États-Unis Franklin Delano Roosevelt de retarder le dĂ©barquement promis, les AlliĂ©s n'ayant pas encore les forces adĂ©quates pour une opĂ©ration de cette ampleur[5].

Profitant de la présence des troupes anglo-américaines en Afrique du Nord après leurs victoires sur les armées allemandes et italiennes, les Alliés passent à l'offensive en Méditerranée en lançant l'invasion de la Sicile en juillet 1943, puis l'invasion de la péninsule italienne en septembre de la même année. Au même moment, les armées soviétiques passaient à l'offensive après avoir gagné la bataille de Koursk. La décision de monter un débarquement amphibie à travers la Manche est prise lors de la Conférence Trident à Washington en mai 1943[6]. La préparation de l'opération se heurte cependant au problème du nombre de barges et navires de débarquement disponibles, la plupart étant déjà requises en Méditerranée ou dans le Pacifique[7]. À la conférence de Téhéran en novembre 1943, Roosevelt et Churchill promettent à Staline l'ouverture d'un second front pour mai 1944[8].

Réunion du corps expéditionnaire allié du quartier général suprême (SHAEF), 1er février 1944. Au premier rang : le maréchal en chef de l'Air Arthur Tedder ; le général Dwight D. Eisenhower ; le général Bernard Montgomery. Rangée arrière : le lieutenant-général Omar Bradley ; l'amiral Bertram Ramsay ; le maréchal en chef de l'Air Trafford Leigh-Mallory ; le lieutenant-général Walter Bedell Smith.

Les Alliés ont retenu quatre potentiels lieux de débarquement à l'ouest de la France : la Bretagne, la péninsule du Cotentin, la Normandie et le Pas-de-Calais. Parce qu'il aurait été facile pour les Allemands de contenir l'avance alliée dans une péninsule, la Bretagne et le Cotentin furent abandonnés[9]. Le Pas-de-Calais étant la plus proche côte d'Europe continentale depuis la Grande-Bretagne, les Allemands le considéraient comme le lieu de débarquement le plus probable et avaient concentré un grand nombre de troupes et de fortifications[10]. De plus, l'avance dans les terres aurait souffert du grand nombre de canaux et de rivières[11]. Un débarquement en Normandie en revanche permettrait de capturer le port de Cherbourg, d'avancer vers les ports bretons tout en menaçant d'une avance vers Paris puis l'Allemagne[12].

Les Alliés planifient le débarquement pour le [11]. Un plan initial est accepté à la conférence de Québec en août 1943. Le général américain Dwight D. Eisenhower est promu commandant du Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF)[13]. Le général britannique Bernard Montgomery est nommé commandant du 21e groupe d'armées, qui se compose de toutes les troupes terrestres de l'invasion[14]. En décembre 1943, Eisenhower et Montgomery découvrent le projet de débarquement, proposant un débarquement amphibie de trois divisions. Les deux généraux insistent immédiatement pour étendre le projet à cinq divisions plus trois aéroportées, permettant un débarquement sur un front plus étendu et hâtant la capture du port de Cherbourg[15]. Le besoin en matériel et en barges et navires de débarquement devient dès lors tel que l'opération est repoussée à juin 1944[15]. Au total, trente-neuf divisions alliées seront envoyées en Normandie : vingt-deux américaines, douze britanniques, trois canadiennes, une polonaise et une française, pour un total de plus d'un million d'hommes[16].

Préparation

Opération Tigre

Un exercice de répétition du débarquement appelé Opération Tigre a eu lieu fin avril 1944 à Slapton Sands dans le sud-ouest de l'Angleterre, et s'est soldé par un désastre, à cause de l'intervention surprise de vedettes lance-torpilles allemandes, qui coûtèrent la vie à 946 soldats alliés[17].

Objectifs de l'opération Neptune

L'opération Neptune doit répondre à deux objectifs successifs : établir une tête de pont sur la côte normande puis y acheminer renforts et ravitaillement. Pour cela, Neptune va s'articuler en plusieurs opérations :

Dans la nuit du 5 au 6 juin, les opĂ©rations aĂ©roportĂ©es ont pour objectif de sĂ©curiser le flanc est sur l'Orne et le flanc ouest ainsi que la sortie de plage Ă  l'ouest dans le Cotentin. L'opĂ©ration Tonga est le parachutage et l'arrivĂ©e par planeurs de la 6e division aĂ©roportĂ©e britannique sur le flanc est du canal de Caen Ă  la mer et Ă  Ranville, près du fleuve Orne. Le but est de tenir le flanc gauche du secteur de dĂ©barquement, particulièrement les ponts, pour empĂŞcher les blindĂ©s allemands de rejoindre les plages et permettre par la suite aux blindĂ©s britanniques de les utiliser. En effet, la zone du dĂ©barquement est bordĂ©e Ă  l’est par le canal de Caen Ă  la mer et par l’Orne. Le contrĂ´le des deux ponts les plus proches de la zone de dĂ©barquement, le Pegasus Bridge et le pont de Ranville, s’avère un objectif stratĂ©gique. Les opĂ©rations Albany et Boston sont le parachutage de rĂ©giments des 101e et 82e divisions aĂ©roportĂ©es amĂ©ricaines dans le nord-est du Cotentin. Elles sont prĂ©cĂ©dĂ©es par la mise en place des pathfinders (en) et suivies par l'atterrissage de planeurs de ces mĂŞmes divisions (opĂ©ration Chicago, Keokuk, Detroit et Elmira). Elles sont suivies par d'autres opĂ©rations parachutĂ©es le 7 juin. Leur but est de protĂ©ger le flanc ouest de la zone de dĂ©barquement et surtout de contrĂ´ler les sorties de plage d'Utah Beach. En effet, celle-ci, contrairement aux autres plages, se trouve sur un cordon littoral isolĂ© par des marais et n'est reliĂ©e que par quelques routes Ă  la pĂ©ninsule du Cotentin. En soutien, l'opĂ©ration Dingson et l'opĂ©ration Samwest sont le parachutage en Bretagne de 36 parachutistes français en quatre groupes.

  • TraversĂ©e de la Manche de la flotte de dĂ©barquement et des bâtiments d'appui naval, avec, prĂ©alablement, les :
    • OpĂ©ration Gambit : positionnement de deux sous-marins de poche pour baliser les plages est.
    • OpĂ©ration Maple : opĂ©ration de minage naval pour protĂ©ger les flancs de la force d'invasion (6 850 mines furent mouillĂ©es durant cette opĂ©ration).
  • Jour J : Assaut et dĂ©barquement
    • Bombardement aĂ©rien puis naval des dĂ©fenses allemandes sur la cĂ´te devant les plages de dĂ©barquement et des batteries de canons plus Ă  l'intĂ©rieur des terres.
    • Assaut sur les cinq plages de la cĂ´te normande : Utah Beach, Omaha Beach pour les AmĂ©ricains et Sword Beach, Juno Beach et Gold Beach pour les Britanniques et les Canadiens. S'y ajoutent l'escalade et la prise de la pointe du Hoc par les rangers amĂ©ricains.
    • Une fois les plages et leurs abords pris, elles doivent ĂŞtre nettoyĂ©es et des chenaux dĂ©gagĂ©s afin de permettre un dĂ©barquement de plus grande ampleur de troupes et de matĂ©riels.
  • Jours suivants : Mise en place des structures de ravitaillement
    • Deux ports artificiels, dont le port Mulberry : les AlliĂ©s ont renoncĂ© Ă  prendre directement un port en eaux profondes. Pour pouvoir acheminer le ravitaillement, l'armement et les troupes, ils vont mettre en place un port artificiel (l'autre port est dĂ©truit par une tempĂŞte peu après sa mise en place) devant une des plages prises.
    • Un olĂ©oduc Ă  travers la Manche, l'opĂ©ration Pluto.

Espionnage et renseignement

Des cartes postales permirent aux services de renseignements britanniques de se familiariser avec l'aspect des côtes normandes. Ils s'aidèrent aussi de cartes topographiques, de photos aériennes prises par des avions de reconnaissance et des renseignements des espions.

Opérations de diversion

Avant et durant l'opération Neptune eut lieu l'opération Fortitude, nom de code collectif des opérations de désinformation et de diversion des Alliés dont le but était double :

  • d'abord dissimuler Ă  l'Ă©tat-major allemand le lieu rĂ©el du dĂ©barquement en Europe du Nord-Ouest, par le biais de la rĂ©sistance française qui devait faire croire Ă  l'Ă©tat-major allemand que le dĂ©barquement se dĂ©roulerait sur une autre cĂ´te, le Pas-de-Calais, qui Ă©tait la cible la plus Ă©vidente selon l'Ă©tat-major allemand.
  • une fois le dĂ©barquement de Normandie effectuĂ©, faire croire qu'il ne s'agissait que d'une opĂ©ration de diversion. Le premier objectif tactique Ă©tait d'Ă©viter un renforcement des dĂ©fenses ainsi qu'une concentration de troupes en Normandie. Il s'agissait ensuite d'Ă©viter une arrivĂ©e trop rapide des renforts allemands dans les premiers jours suivant le dĂ©barquement. En particulier, il fallait tenir Ă  l'Ă©cart les unitĂ©s blindĂ©es de la XVe armĂ©e stationnĂ©es dans le Pas-de-Calais avant que les AlliĂ©s aient pu Ă©tablir une tĂŞte de pont suffisamment solide.

L'opération Fortitude comprit deux volets :

Météo et choix de la date

La prĂ©paration de l'opĂ©ration requiert l'Ă©tablissement du jour du dĂ©barquement, le Jour J (D-Day) et d'un horaire dĂ©fini comme l'Heure H (H-Hour) oĂą les premières troupes d'assaut amphibies dĂ©barqueront[18]. Il est dĂ©cidĂ© que le dĂ©barquement amphibie se fera pendant le jour et qu'un clair de lune est nĂ©cessaire la nuit prĂ©cĂ©dente. Un dĂ©barquement de jour permet un meilleur dĂ©ploiement des unitĂ©s navales et des troupes d'assaut. Il accroĂ®t Ă©galement la prĂ©cision de l'artillerie et de l'aviation. Le clair de lune prĂ©cĂ©dant le dĂ©barquement facilite la traversĂ©e de la Manche[18]. Afin de limiter le temps d'observation et de rĂ©action de l'ennemi, et de profiter au maximum de la lumière du jour pour dĂ©barquer assez de troupes, il est dĂ©cidĂ© que le temps entre le crĂ©puscule nautique et jusqu'Ă  40 minutes plus tard est suffisant Ă  l'aviation et la marine pour bombarder la cĂ´te[19].

Controverses stratégiques du côté allemand

Dès la fin 1943, Adolf Hitler et ses généraux sont certains que les Alliés vont débarquer en Europe dans les mois qui viennent, mais ils ne savent pas où. Le mur de l'Atlantique est construit par le Troisième Reich le long de la côte occidentale de l'Europe pour empêcher une invasion du continent par les Alliés depuis la Grande-Bretagne. Mais ce mur de fortifications, que la propagande nazie dit imprenable, comporte d'innombrables lacunes.

Les maréchaux Gerd von Rundstedt, aux commandes sur le front ouest depuis 1942, et Erwin Rommel, nommé en janvier 1944 commandant du groupe d'armées B chargé de la défense du nord-ouest de l'Europe, des Pays-Bas jusqu'à la Loire, la zone la plus probable pour le débarquement allié, ne sont pas d’accord sur la stratégie à adopter pour faire face à l'invasion. Alors que Rommel veut repousser les Alliés sur les plages dès les premières heures du débarquement, von Rundstedt préconise un système de défense plus mobile : des troupes armées et blindées en retrait dans les terres qui, concentrées, livreraient le combat après le débarquement, car selon lui, les Alliés ne pourront combattre longtemps sans disposer d'un port. Von Rundstedt juge donc opportun de maintenir les divisions blindées en retrait alors que Rommel les souhaite au plus près des côtes. Hitler ne tranche pas entre les deux hommes : trois divisions seront positionnées près des côtes, le reste à l'arrière[20].

Ordre de bataille

Divisions engagées

L'ordre de bataille Ă©tait approximativement le suivant :

Forces navales

Le commandement général de la Force navale expéditionnaire alliée, incluant le transport des troupes et l'appui feu naval sur les côtes, est assuré par l'amiral britannique Bertram Ramsay qui a été le responsable de la planification du débarquement en Afrique du Nord en 1942 et dont l'une des deux flottes participa au débarquement en Sicile l'année suivante. Cette force navale était divisée en deux Naval Task Forces :

  • une occidentale commandĂ©e par le contre-amiral amĂ©ricain Alan Kirk ;
  • une orientale commandĂ©e par le contre-amiral britannique Philip Vian, vĂ©tĂ©ran du dĂ©barquement en Italie.

La flotte d'invasion Ă©tait composĂ©e de 6 939 navires (1 213 navires de guerre, 4 126 navires de transport et 1 600 navires de soutien, dont de nombreux navires marchands) provenant de huit marines diffĂ©rentes (principalement l'US Navy et la Royal Navy, mais Ă©galement plusieurs navires des flottes de pays du Commonwealth, de l'armĂ©e française de la LibĂ©ration, de la marine royale norvĂ©gienne, des cargos armĂ©s des marines marchandes polonaise, nĂ©erlandaise, belge et danoise).

Les plages du débarquement, avec la position des navires de ligne

Les forces alliées réservèrent à l'appui-feu direct des plages de débarquement un ensemble de 5 cuirassés, 20 croiseurs, 148 destroyers et près de 350 chalands de débarquement équipés pour la circonstance de roquettes, de canons ou de pièces antiaériennes pour le soutien direct et l'appui feu des troupes au plus près des plages de débarquement.

Cet appui-feu des bâtiments alliés se poursuivit les jours suivants, même une fois les plages prises, principalement pour réduire des batteries, de l'artillerie ou des unités allemandes situées plus à l'intérieur des terres, le feu étant alors déclenché sur demande des troupes alliées au sol.

Forces navales allemandes

À 5 h 10, quatre Schnellboot allemands ont atteint la Force opérationnelle de l'Est et ont lancé quinze torpilles, coulant le destroyer norvégien HNoMS Svenner au large de Sword Beach, mais manquant les cuirassés britanniques HMS Warspite et Ramillies. Après avoir attaqué, les navires allemands ont fait demi-tour et se sont enfuis vers l'est dans un écran de fumée qui avait été envoyé par la RAF pour protéger la flotte de la batterie à longue portée du Havre. Les pertes alliées contre des mines comprenaient le destroyer américain USS Corry au large de Utah, un chasseur de sous-marin USS PC-1261 et un patrouilleur de 173 pieds. En outre, de nombreuses péniches de débarquement ont été perdues à cause des mines.

Forces aériennes

L'aviation alliĂ©e apportait aussi son appui Ă  l'opĂ©ration Neptune. En assurant une couverture constante au-dessus de la flotte de dĂ©barquement et des plages, et surtout en complĂ©tant la prĂ©paration navale par un tapis de 4 000 tonnes de bombes sur les principaux sites de dĂ©barquement (avec plus ou moins de succès, très efficaces Ă  Utah Beach mais un Ă©chec Ă  Omaha Beach).

Pour le jour J, l'Air chief marshal Sir Trafford Leigh-Mallory disposait de 7 500 avions de reconnaissance, chasseurs et bombardiers lĂ©gers, qui, le cas Ă©chĂ©ant, pouvaient ĂŞtre renforcĂ©s par 3 500 avions de l'aviation de bombardement stratĂ©gique du Bomber Command.

Les Alliés ne disposeront de leur première piste d'aviation en Normandie que le 12 juin près d'Utah Beach, la prise de Caen et de l'aérodrome de Carpiquet dans les premiers jours de la bataille ayant échoué (voir bataille de Caen).

Allemands

L'Allemagne avait à sa disposition cinquante divisions en France et aux Pays-Bas, avec dix-huit autres stationnées au Danemark et en Norvège. Quinze divisions étaient en cours de formation en Allemagne[21]. Les pertes de combat tout au long de la guerre, en particulier sur le front de l'Est, signifiaient que les Allemands n'avaient plus de vivier de jeunes hommes capables. Les soldats allemands avaient désormais en moyenne six ans de plus que leurs homologues alliés. Beaucoup dans la région de Normandie étaient des Ostlegionen (légions orientales) — des conscrits et des volontaires de Russie, de Mongolie et d'autres régions de l'Union soviétique. Ils ont reçu principalement du matériel capturé et peu fiable ; ils manquaient de moyens de transport motorisés[22] - [23]. De nombreuses unités allemandes étaient en sous-effectif[24].

Au dĂ©but de 1944, l'OB West a Ă©tĂ© considĂ©rablement affaibli par les transferts de personnel et de matĂ©riel vers le front de l'Est. Au cours de l'offensive soviĂ©tique Dniepr–Carpates (24 dĂ©cembre 1943 - 17 avril 1944), le haut commandement allemand a Ă©tĂ© contraint de transfĂ©rer l'ensemble du 2e SS-Panzerkorps de France, composĂ© des 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen et 10e Panzerdivision SS Frundsberg, ainsi que de la 349e division d'infanterie, 507e bataillon de Panzer lourds et les 311e et 322e brigade d’assaut StuG. Au total, les forces allemandes stationnĂ©es en France ont Ă©tĂ© privĂ©es de 45 827 soldats et 363 chars, canons d'assaut et canons antichars automoteurs[25]. Il s'agissait du premier transfert majeur de forces de la France vers l'Est depuis la crĂ©ation de la directive 51 du FĂĽhrer, qui ne permettait plus aucun transfert de l'Ouest vers l'Est.

La 1re division SS Leibstandarte SS Adolf Hitler, les 9e, 11e, 19e et 116e divisions Panzer, aux côtés de la 2e division SS Das Reich, n'étaient arrivées qu'en mars-mai 1944 en France pour un vaste carénage après avoir été gravement endommagées pendant l'offensive Dniepr-Carpates. Sept des onze divisions panzer ou panzergrenadier stationnées en France n'étaient toujours pas pleinement opérationnelles ou seulement partiellement mobiles au début de juin 1944.

Adolf Hitler Ă©tait le commandant suprĂŞme allemand. Sous ses ordres se trouvaient :

  • Oberbefehlshaber West (commandant suprĂŞme Ouest ; OB Ouest) : marĂ©chal Gerd von Rundstedt
  1. Groupe d'armées B : le maréchal Erwin Rommel
  2. (Panzer Group West : général Leo Geyr von Schweppenburg)

PĂ©ninsule du Cotentin

Les forces alliées attaquant Utah Beach ont affronté les unités allemandes suivantes stationnées dans la péninsule du Cotentin :

  • La 709e division d'infanterie commandĂ©e par le Generalleutnant Karl-Wilhelm von Schlieben. Elle comptait 12 320 hommes, dont beaucoup d'Ostlegionen (appelĂ©s non allemands recrutĂ©s parmi les prisonniers de guerre soviĂ©tiques, les GĂ©orgiens et les Polonais).
    • 729e Grenadier Regiment
    • 739e Grenadier Regiment
    • 919e Grenadier Regiment

Secteur de Grandcamp

Les Américains attaquant Omaha Beach ont affronté les troupes suivantes :

  • La 352e division d'infanterie du Generalleutnant Dietrich Kraiss, une unitĂ© Ă  pleine puissance d'environ 12 000 soldats envoyĂ©e par Rommel le 15 mars et renforcĂ©e par deux rĂ©giments supplĂ©mentaires.
    • 914e Grenadier Regiment
    • 915e Grenadier Regiment (comme rĂ©serves)
    • 916e Grenadier Regiment
    • 726e rĂ©giment d'infanterie (de la 716e division d'infanterie)
    • 352e rĂ©giment d'artillerie

Les forces alliées à Gold et Juno ont affronté les éléments suivants de la 352e division d'infanterie :

  • 914e Grenadier Regiment
  • 915e Grenadier Regiment
  • 916e Grenadier Regiment
  • 352e rĂ©giment d'artillerie

Forces autour de Caen

Les forces alliées attaquant Gold, Juno et Sword ont affronté les unités allemandes suivantes :

  • La 716e division d'infanterie du Generalleutnant Wilhelm Richter. Avec 7 000 soldats, la division Ă©tait considĂ©rablement sous-armĂ©e.
    • 736e rĂ©giment d'infanterie
    • 1716e rĂ©giment d'artillerie
  • La 21e Panzerdivision, (au Sud de Caen), sous le commandement du Generalmajor Edgar Feuchtinger, comprenait 146 chars et 50 canons d'assaut, plus de l'infanterie et de l'artillerie de soutien.
    • 100e Panzer Regiment (Ă  Falaise sous Hermann von Oppeln-Bronikowski ; renommĂ© 22e Panzer Regiment en mai 1944 pour Ă©viter toute confusion avec le 100e bataillon Panzer)
    • 125e rĂ©giment Panzergrenadier (sous Hans von Luck Ă  partir d'avril 1944)
    • 192e rĂ©giment Panzergrenadier
    • 155e Panzer Artillerie Regiment

Participation française

Un peu plus de 3 000 Français ont participĂ© Ă  l'opĂ©ration Neptune le , soit près de 2 % des effectifs engagĂ©s par les AlliĂ©s[26].

Forces au sol (215 hommes) :

Forces aériennes (227 pilotes et personnels d'équipage) :

  • Le Squadron 329 (groupe de chasse «Cigognes») : ses Spitfire assurent la couverture aĂ©rienne dans les secteurs de Juno et Gold Beach, ainsi qu'entre Caen et Bayeux.
  • Le Squadron 340 (groupe de chasse «Ile-de-France») : ses Spitfire assurent la couverture aĂ©rienne dans le secteur de Sword Beach.
  • Le Squadron 341 (groupe de chasse «Alsace») : ses Spitfire assurent la couverture aĂ©rienne sur le flanc Est du dĂ©barquement, entre Caen et Deauville.
  • Le Squadron 345 (groupe de chasse «Berry») : ses Spitfire assurent la couverture aĂ©rienne dans le secteur d'Utah Beach.
  • Le Squadron 346 (groupe de bombardement «Guyenne») : dans la nuit du 5 au , ses Halifax participent au bombardement des batteries allemandes de Grandcamp-Maisy dont les canons surplombent la baie des Veys.
  • Le Squadron 342 (groupe de bombardement «Lorraine»)[28] : au matin du 6 juin, ses Boston larguent des fumigènes le long des plages d'Utah Beach pour masquer l'arrivĂ©e des premières barges de dĂ©barquement.

Contrairement à ce qui est parfois affirmé, le Squadron 347 (groupe de bombardement «Tunisie») n'est pas intervenu le , mais quelques jours après seulement.

Forces navales (2 600 marins) :

  • D'autres navires français ont escortĂ© jusqu'aux plages les convois de dĂ©barquement ou de renfort : les corvettes Aconit et Renoncule dans le secteur d'Utah Beach ; les frĂ©gates L'Escarmouche et L'Aventure avec la corvette Roselys dans le secteur d'Omaha Beach ; les frĂ©gates La Surprise et La DĂ©couverte dans le secteur de Gold Beach, la corvette Commandant d'Estienne d'Orves dans le secteur de Juno Beach.
  • Le chasseur de sous-marins no 12 BĂ©nodet, au large de Gold et Juno Beach.

Contrairement à ce qui est parfois affirmé[32], un seul chasseur de sous-marins est entré en action le . Les chasseurs no 10, 11, 13, 14, 15 et 41 n'interviennent que dans les jours qui suivent, tout comme les vedettes rapides de la 23e Flottille de MTB.

DĂ©roulement

Prise de décision et report

Le jour J est initialement prĂ©vu le 2 juin 1944 mais les AlliĂ©s ont besoin de la pleine lune pour les parachutages et de 40 minutes de jour avant l'heure H pour le dĂ©barquement. En juin, ces conditions ne se retrouvent que les 5, 6 et 7 juin. Le dĂ©barquement est fixĂ© le 5 juin puis le 6 en raison des conditions mĂ©tĂ©orologiques trop mauvaises ce 5.

Traversée de la Manche

Plan de la traversée

La mise en place de cette Ă©norme flotte s'effectue dans tous les ports de la cĂ´te sud de l'Angleterre, de Plymouth jusqu’à Newhaven, oĂą il faut auparavant complĂ©ter les installations par 130 embarcadères supplĂ©mentaires.

DĂ©placer cette armada exige la dĂ©finition de quatre passages maritimes depuis les ports britanniques jusqu’à un carrefour au centre de la Manche appelĂ© Spout ou Piccadilly Circus. De cette zone d'un diamètre de 10 milles marins, dix chenaux (2 par plage d'assaut) nettoyĂ©s par des dragueurs de mines et balisĂ©s de bouĂ©es lumineuses permettent aux bateaux (navires de ligne, chalands) d'arriver jusqu'aux plages de dĂ©barquement. Les navires se positionnent Ă  environ 10 milles au large des plages entre 2 h et 3 h du matin le 6 juin.

Une part importante de l'opération Neptune est la protection des voies utilisées par les navires alliés et des plages contre la Kriegsmarine. Cela est confié à la Home Fleet. Les Alliés perçoivent deux menaces maritimes allemandes importantes :

  • l'attaque par de gros navires de surface stationnĂ©s en Norvège et en mer Baltique. Cette menace est sans doute surĂ©valuĂ©e par les AlliĂ©s qui ne se rendent pas compte, avant juin 1944, de la grande faiblesse de la marine de surface allemande, dont certains navires ne sont pas en Ă©tat de combattre et manquent de carburant, d'Ă©quipages et d'entraĂ®nement. Ces gros navires ne s'aventurent plus guère en mer : il s'agit du Tirpitz, rĂ©fugiĂ© dans un fjord de Norvège ; d'un croiseur de bataille, le Gneisenau, qui est en rĂ©alitĂ© hors d'Ă©tat de combattre ; des cuirassĂ©s de poche Admiral Scheer et LĂĽtzow et de cinq croiseurs. Le gros de la Home Fleet est rassemblĂ© en mer du Nord, avec des navires de ligne rĂ©cents et les porte-avions que l'AmirautĂ© n'a pas voulu engager dans la Manche Ă  cause de la menace des mines. Elle doit s'opposer le cas Ă©chĂ©ant Ă  une Ă©ventuelle sortie des forces navales de surface allemandes. Le canal de Kiel en mer du Nord a aussi Ă©tĂ© minĂ© prĂ©ventivement (opĂ©ration Bravado) ;
  • la deuxième menace est les U-boots en provenance de l'Atlantique. Une surveillance aĂ©rienne est mise en place Ă  partir de trois petits porte-avions d'escorte et par le Coastal Command de la RAF, maintenant un cordon de sĂ©curitĂ© jusqu’à très Ă  l'ouest de la pointe des Cornouailles (Land's End). Quelques U-boots sont repĂ©rĂ©s mais sans reprĂ©senter de rĂ©els dangers. Ceci est confirmĂ© par le rĂ©cit des auteurs allemands[33]. Les U-boots sont rĂ©duits Ă  l'impuissance et perdent leur base de Cherbourg. Le bilan est relativement mince ;
  • Une troisième menace existe toutefois avec les unitĂ©s de S-Boot, mais avec 20 vedettes lance-torpilles opĂ©rationnelles en Manche et 9 en mer du Nord, c'est bien peu devant l'armada alliĂ©e.

D'autres efforts sont déployés pour sécuriser l'approche occidentale de la Manche contre des forces navales allemandes venant de Bretagne ou de la côte atlantique. Des champs de mines sont posés (opération Maple) pour forcer les navires ennemis à sortir hors de leur zone de protection aérienne et à se trouver dans des zones où les destroyers alliés peuvent les attaquer. L'activité navale ennemie est mineure mais le 4 juillet, quatre destroyers allemands sont coulés ou forcés de rejoindre Brest.

Le Pas-de-Calais est fermé par des champs de mines, des patrouilles navales et aériennes, des contrôles radar et des bombardements efficaces des ports ennemis de la zone réduisant les risques de raids allemands. Les forces navales allemandes de la zone sont d'ailleurs assez faibles, bien qu'elles peuvent être renforcées depuis la mer Baltique. Mais cette flotte doit surtout servir à protéger le Pas-de-Calais où les Allemands attendent le débarquement et aucune tentative de forcer le blocus allié ne se produit dans ce secteur.

La couverture navale est un succès, plus de 300 destroyers et escorteurs sont chargĂ©s Ă  l'entrĂ©e de la Manche de refouler les bâtiments lĂ©gers et les U-boots allemands. Il n'y a pas d'attaque par ces derniers et seulement quelques tentatives par des navires allemands de surface, sans consĂ©quence sur la flotte alliĂ©e. Les seules pertes de navires en mer sont le fait de mines ou des rares incursions aĂ©riennes allemandes après le 6 juin.

Assaut aéroporté

Durant la nuit du 5 au 6 juin, un assaut aéroporté est mené à Sainte-Mère-Église par la 82e airborne et en arrière de Utah-Beach pour prendre le contrôle des routes menant de Pouppeville à la côte par la 101e division aéroportée.

Les Britanniques quant à eux envoient la 6e division aéroportée commandée par le major général Richard Gale pour prendre d'assaut le pont de Bénouville sur le canal de Caen (appelé Pegasus Bridge par la suite), et le pont sur l'Orne, en planeurs (ce qui permet d’être plus discret, et surtout plus précis).

Mais ces assauts aéroportés ne fonctionnent pas exactement comme prévu : les parachutistes sont dispersés et ont du mal à se retrouver dans le noir. Plusieurs centaines d'entre eux se noient dans les plaines inondées par les Allemands. Après plusieurs rudes heures de combat, les parachutistes arrivent finalement à prendre Sainte Mère l'Église. En fin de compte, les Alliés réussissent à prendre leurs objectifs.

Assaut sur les plages

Au début de l'opération Neptune se déroule l'opération Gambit quand les deux sous-marins miniatures britanniques, appelés X-Craft, viennent se mettre en position près des plages pour guider la flotte d'invasion.

Les troupes d'assaut débarquent sur les cinq plages, désignées par les noms de code : Sword Beach, Juno Beach, Gold Beach, Omaha Beach, et Utah Beach.

Logistique

L'opération Neptune ne se limite pas seulement au transport des troupes d'assaut. Elle assure le ravitaillement des têtes de pont. Cet aspect est une source de préoccupations pour l'état-major allié, à cause de l'absence de port en eau profonde disponible dans les premiers jours de la bataille de Normandie. Les Alliés ne peuvent disposer que des petits ports de pêche de Port-en-Bessin et Courseulles dont la capacité d'accueil est minime, ce qui limiterait l'ampleur du débarquement.

Ports artificiels

Pour rĂ©soudre ce problème, les AlliĂ©s conçoivent d'« apporter leurs ports avec eux ». Quinze jours après le dĂ©barquement dĂ©bute la mise en place de deux ports artificiels, les Mulberries, face aux plages de Saint-Laurent-sur-Mer (Mulberry A, port amĂ©ricain) et d'Arromanches (Mulberry B, port britannique). Ces deux ports doivent ĂŞtre capables de permettre le dĂ©barquement de 6 500 vĂ©hicules et 40 000 tonnes d'approvisionnement par semaine. Une tempĂŞte dĂ©truit le Mulberry A amĂ©ricain et endommage le Mulberry B britannique et, dans les faits, la majeure partie du dĂ©barquement du matĂ©riel et des troupes continue Ă  se faire par les plages et par l'utilisation intensive et, plus qu'initialement prĂ©vu, des petits ports cĂ´tiers, et ce jusqu’à la prise et remise en Ă©tat du port de Cherbourg pour pouvoir acheminer du carburant, des munitions et des soldats en renfort.

Approvisionnement en carburant

L'approvisionnement en carburant est un des Ă©lĂ©ments vitaux de la rĂ©ussite de l'opĂ©ration Overlord. Les AlliĂ©s ont estimĂ© leurs besoins Ă  15 000 tonnes Ă  J+41 (soit le 15 juillet) pour approvisionner en essence les 200 000 vĂ©hicules qui auraient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s[34], mais Ă©galement le carburant de l'ensemble des avions ou le mazout des navires de la zone. Pendant les 10 premiers jours, les AlliĂ©s font Ă©chouer sur les plages des LCT remplis de jerricans d'essence[34]. En parallèle, deux points d'ancrage pour pĂ©troliers sont installĂ©s au large de Sainte-Honorine-des-Pertes et reliĂ©s Ă  la cĂ´te et au mont Cauvin par des tuyaux souples[34]. Un terminal pĂ©trolier sommaire est installĂ© le long des jetĂ©es de Port-en-Bessin et est reliĂ© lui aussi au Mont-Cauvin par un olĂ©oduc[34].

À partir du 15 juillet, ces systèmes d'approvisionnement dit mineurs doivent être remplacés par des systèmes de plus grande échelle à partir du port de Cherbourg reconquis. Le terminal pétrolier d'avant-guerre de la marine nationale de la digue de Querqueville doit être remis en marche avec l'accostage de gros pétroliers, et surtout avec la mise en place d'un oléoduc sous la Manche. Mais les importantes destructions allemandes du port ne permettent au premier pétrolier allié de n'accoster à Querqueville que le 25 juillet et la mise en place de l'oléoduc est elle aussi retardée[34].

Il s'agit de dĂ©rouler entre l'Ă®le de Wight et Querqueville, soit une centaine de kilomètres, dix tuyaux souples sous la mer (Pipe-Line Under The Ocean ou PLUTO), ce qui n'a encore jamais Ă©tĂ© fait dans l'Histoire[34]. Initialement, le premier tuyau doit entrer en fonctionnement le 18 juin, soit 12 jours après le dĂ©barquement. Mais la prise de Cherbourg plus tardive, le long nettoyage des eaux du port et le mauvais temps retardent sa mise en service de 6 semaines et il ne peut entrer en fonction qu'au dĂ©but du mois d'aoĂ»t. NĂ©anmoins, le manque de carburant ne se fait pas trop sentir, le front progressant peu[34].

Le fonctionnement de PLUTO se rĂ©vèle Ă©galement insuffisant, chaque tuyau ne fournissant pas les 300 tonnes par jour initialement prĂ©vues[34], obligeant les AlliĂ©s Ă  poursuivre les dĂ©barquements de carburant sur les plages, Ă  dĂ©charger dans le port de Courseulles-sur-Mer et Ă  continuer de faire fonctionner le terminal de Port-en-Bessin[34]. Par la suite, avec l'avancĂ©e des AmĂ©ricains, PLUTO est prolongĂ© par un olĂ©oduc terrestre jusqu'Ă  Avranches[34]. Au mois d'aoĂ»t, il est redirigĂ© vers la Seine et Paris. 7 500 sapeurs amĂ©ricains aidĂ©s de 1 500 prisonniers de guerre allemands participent aux travaux de cet olĂ©oduc[34].

Postérité

Commémoration

La première commémoration du débarquement a lieu en 1945, à Arromanches, en présence de l'ambassadeur britannique Duff Cooper et de sa femme, Diana Cooper, et de soldats britanniques[35]. Depuis, chaque année, des commémorations ont lieu le 6 juin pour célébrer le débarquement et le début de la libération de l'Europe de l'Ouest.

Jusque dans les années 1980, les commémorations du débarquement sont essentiellement militaires : les chefs d'État ne sont pas représentés. Leur mise en place après la guerre doit beaucoup à Raymond Triboulet, député du Calvados et plusieurs fois ministre des Anciens combattants. Aucun président américain ne vient sur les plages normandes avant Ronald Reagan (excepté Jimmy Carter en 1978, mais à titre privé). Ce phénomène commémoratif assez récent tient en particulier aux réticences du général de Gaulle à célébrer une opération militaire anglo-américaine, dont les Français avaient été en grande partie exclus. En 1964, le général de Gaulle refuse de participer au 20e anniversaire du débarquement ; il délègue l'un de ses ministres qui déclare que le succès du Jour J était dû à la résistance française[36]. Mais dans le contexte de guerre froide, afin de montrer aux Soviétiques que la Seconde Guerre mondiale n'avait pas uniquement été gagnée à l'est mais aussi à l'ouest, le bloc occidental décide de médiatiser davantage ce cérémonial. Le tournant est dû à François Mitterrand qui, en 1984, transforme la cérémonie militaire d'alors en cérémonie politique où sont invités les chefs d'État. L'historien Olivier Wieviorka note ainsi : « dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l'idée de victoire, mais sur l'idée de paix, de réconciliation et de construction européenne ». Cela va de pair avec une américanisation de l'événement, qui se manifeste avec l'emprunt à l'anglais américain du terme « vétéran », et de l'expression « D-Day » à la place de « Jour J ». Après la fin de l’URSS, d'autres nations se joignent aux commémorations, comme en 2004 l'Allemagne (avec le chancelier Gerhard Schröder) et la Russie[37].

Monuments

Le mémorial de Caen et de nombreux cimetières militaires ont été créés en de nombreux endroits en Normandie.

Le mémorial britannique de Normandie, inauguré en 2021, commémore le nom des 22 442 officiers et soldats sous commandement britannique qui ont été tués en Normandie du 6 juin au 31 août 1944[38].

Au cinéma

Musique

Notes et références

Notes

  1. L'histoire officielle britannique estime Ă  156 115, le nombre d'hommes ayant dĂ©barquĂ©s dont 57 500 AmĂ©ricains et 75 215 Britanniques et Canadiens sur les mers et 15 500 AmĂ©ricains et 7 900 Britanniques dans les airs Ellis, Allen et Warhurst 2004, p. 521-533.
  2. L'estimation initiale pour les pertes alliĂ©es Ă©taient de 10 000 pertes, dont 2 500 tuĂ©s. Les recherches du National D-Day MĂ©morial ont confirmĂ© 4 414 dĂ©cès, dont 2 499 AmĂ©ricains et 1 915 d'autres pays. Whitmarsh 2009, p. 87.
  3. Bien qu'il soit quelquefois affirmé que l'opération Neptune n'est que la partie navale de l'opération Overlord, elle-même souvent limitée au seul débarquement allié et à l'établissement des têtes de pont sur la côte normande, les sources historiques établissent clairement que l'opération Neptune est la partie débarquement et l'établissement d'une tête de pont côtière au sein de la plus vaste opération Overlord, qui vise quant à elle à l'établissement d'une tête de pont de plus grande échelle dans le Nord-Ouest de l'Europe.

Références

  1. « What is D-Day? », sur The D-Day Story, Portsmouth (consulté le ).
  2. ABANDONED FORGOTTEN & LITTLE KNOWN AIRFIELDS IN Lower Normandy
  3. Ford et Zaloga 2009, p. 8–9.
  4. Folliard 1942.
  5. Ford et Zaloga 2009, p. 10.
  6. Ford et Zaloga 2009, p. 10–11.
  7. Wilmot 1997, p. 177–178, chart p. 180.
  8. Churchill 1951, p. 404.
  9. Ford et Zaloga 2009, p. 13–14.
  10. Beevor 2009, p. 33–34.
  11. Wilmot 1997, p. 170.
  12. Ambrose 1994, p. 73–74.
  13. Gilbert 1989, p. 491.
  14. Whitmarsh 2009, p. 12–13.
  15. Whitmarsh 2009, p. 13.
  16. Weinberg 1995, p. 684.
  17. 1944 The Second World War at Sea in Photographs, Phil Carradice, 2016
  18. Ramsey 1995, p. 114
  19. Ramsey 1995, p. 115
  20. Yann Magdelaine (dir.), Christophe Prime, Benoit Rondeau et Pascal Vannier, Dictionnaire du débarquement, Rennes, éditions Ouest-France, , 6003-01-06-03-11 éd., 725 p. (ISBN 978-2-7373-4826-6), p. 488 à 492.
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  26. Benjamin Massieu, Les Français du Jour J, Pierre de Taillac,
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  28. « La mission spéciale des aviateurs français du Squadron 342 « Lorraine » à l’aube du 6 juin », sur www.opex360.com
  29. « Le jour J en zone Omaha », sur www.netmarine.net
  30. « Le torpilleur La Combattante », sur www.france-libre.net
  31. « La participation des forces navales françaises au Débarquement », sur www.netmarine.net
  32. « La participation des forces navales françaises au débarquement », sur www.netmarine.net
  33. op. cit. Frank (1956) pp. 297-303.
  34. Rémi Dequesnes, Normandie 1944 - le débarquement et la bataille de Normandie, Éditions Ouest-France, 2009, p. 178-181. Chap. Le Ravitaillement des armées en carburant.
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  36. François d’Alançon, « D-Day: en 1964, la chaise vide du général de Gaulle », sur http://monde.blogs.la-croix.com/, (consulté le ).
  37. « Olivier Wieviorka : "La mémoire du Débarquement est devenue universelle" », Le Figaro, 30/05/2014.
  38. « 6 juin 1944: un mémorial britannique ouvert en Normandie », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

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  • Olivier Wieviorka, Histoire du dĂ©barquement en Normandie. Des origines Ă  la LibĂ©ration de Paris 1941-1944, Seuil, coll. « L'Univers », .
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  • Yves Buffetaut, Navires du dĂ©barquement, Marines Éditions, (ISBN 2-909675-98-X).
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  • Jean-Luc Leleu, Combattre en dictature : 1944, la Wehrmacht face au DĂ©barquement, Perrin, (EAN 9782262097004).
  • Winston Ramsey, D-Day Then and Now, After the Battle Magazine; Box edition, , 736 p. (ISBN 0-900913-90-8)

Articles connexes

Liens externes

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