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Tirpitz (cuirassé)

Le Tirpitz, ou Alfred von Tirpitz, est le plus grand cuirassé à flot d'Europe et le plus grand navire de guerre de la Kriegsmarine construit au chantier naval Kriegsmarinewerft. Il est lancé par Adolf Hitler le à Wilhelmshaven (Basse-Saxe) et coulé le .

Tirpitz
illustration de Tirpitz (cuirassé)
Le Tirpitz en Norvège vers 1943-1944.

Type Cuirassé
Classe Bismarck
Histoire
A servi dans Kriegsmarine
Chantier naval Kriegsmarinewerft
Commandé 1935
Quille posée
Lancement
Armé
Statut coulé par une action ennemie le
Équipage
Équipage 2 608 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 251 m
Maître-bau 36 m
Tirant d'eau 8,7 m
DĂ©placement 42 900 tonnes
Ă€ pleine charge 52 600 tonnes
Puissance 163 026 ch
Vitesse 30,8 nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 320 mm
pont = 100-120 mm
tourelle =360 mm
kiosque = 145 mm
Armement 4 Ă— 2 canons de 380 mm
6 Ă— 2 canons de 150 mm
8 Ă— 2 canons de 105 mm
8 Ă— 2 canons de 37 mm
12 Ă— 1 canons de 20 mm
8 tubes lance-torpilles de 533 mm
Rayon d'action 8 870 miles Ă  19 nĹ“uds
AĂ©ronefs 4 Arado Ar 196 avec 2 catapultes
Pavillon Troisième Reich

Histoire du nom

Son nom est un hommage au Großadmiral Alfred von Tirpitz, le créateur de la flotte impériale allemande qui a pris part à la Première Guerre mondiale. La marraine du bâtiment était Mme Ulrich von Hassell, fille d'Alfred von Tirpitz et femme de l'ambassadeur allemand à Rome de l'époque.

Caractéristiques techniques

Le tonnage, de 43 000 tonnes Ă  vide de combustible et de munitions, atteignait 56 000 tonnes Ă  pleine charge. Le Tirpitz mesurait 251 mètres de longueur hors-tout pour une largeur de 36 mètres et un tirant d'eau de 11 mètres.

L'armement du bâtiment était composé de huit canons de 380 mm, d'une artillerie secondaire et d'une défense antiaérienne. Les canons de 380 mm étaient appariés en quatre tourelles désignées Anton et Bruno à l'avant, Cæsar et Dora à l'arrière[1]. L'artillerie secondaire comportait douze canons de 150 mm en six tourelles et seize pièces de 105 mm sur affûts doubles auxquelles s'ajoutaient seize canons antiaériens de 37 mm et 80 pièces de 20 mm à tir rapide. Il était doté de deux hydravions de type Arado Ar 196.

Son blindage Ă©tait Ă©galement rĂ©putĂ© rĂ©sistant Ă  tous les calibres d'obus existants Ă  l'Ă©poque de son lancement : une carapace de 120 Ă  200 millimètres d'Ă©paisseur protĂ©geait les Ă©lĂ©ments vitaux du bâtiment. Le pont Ă©tait blindĂ© afin de se prĂ©munir des attaques aĂ©riennes. Le blindage atteignait son Ă©paisseur maximale (323 mm) au niveau de la ligne de flottaison oĂą une ceinture de 2 m de hauteur allant de l'avant de la première tourelle Ă  l'arrière de la quatrième, protĂ©geait le haut des Ĺ“uvres vives. Derrière la carapace, un compartimentage très serrĂ© Ă©tait rĂ©alisĂ© afin de minimiser l'importance d'Ă©ventuelles voies d'eau. Ce compartimentage Ă©tait hĂ©ritĂ© de l'expĂ©rience de la Première Guerre mondiale au cours de laquelle les bâtiments de la Kaiserliche Marine, pourtant moins nombreux, purent tenir tĂŞte Ă  ceux des Britanniques grâce Ă  leur robustesse.

Histoire du navire

Le bâtiment est livrĂ© Ă  la Kriegsmarine le malgrĂ© une finition encore imparfaite. De nombreux Ă©lĂ©ments sont achevĂ©s au premier mouillage au Fættenfjord (en Norvège, Ă  proximitĂ© de la ville de Trondheim et Ă  seulement 50 km de la frontière suĂ©doise). Ă€ sa livraison, il Ă©tait commandĂ© par le Kapitän zur See Karl Topp (de).

Jumeau du Bismarck, le Tirpitz menaçait clairement la puissance navale britannique et le danger qu'il représentait immobilisa durant de longs mois à Scapa Flow les plus grands navires de la Home Fleet. Le bâtiment effectua quelques raids vers le nord dans le but de couler les convois d'armement à destination de l'URSS, mais ces raids ne furent jamais très fructueux.

Le Tirpitz ne fut jamais engagé dans l'Atlantique nord : la puissance qu'il représentait était telle que la perte du bâtiment aurait été calamiteuse pour Hitler, pourtant peu convaincu de l'utilité des navires de surface traditionnels. Ni Raeder, ni Hitler, ni Dönitz ne voulaient prendre le risque de perdre le bâtiment qui bloquait à Scapa Flow une bonne partie de la Home Fleet. De plus, la quantité de mazout nécessaire au fonctionnement du Tirpitz n'était pas vraiment compatible avec la pénurie régnant en Allemagne.

Aussi les U-Boote lui furent préférés pour les raids dans l'Atlantique, le Tirpitz se contentant du rôle d'épouvantail dressé face aux convois de l'Arctique. Il resta donc majoritairement au Fættenfjord, à l'abri de filets anti sous-marins et d'écrans de fumée (produite grâce à un mélange d'eau avec de l'acide chloro-sulfurique) contre la RAF. Plusieurs tentatives infructueuses eurent lieu pour le détruire, en commençant par un bombardement le . L'effet secondaire de l'écran de fumée acide, très délétère pour la végétation alentour, persista bien après la guerre jusqu'à plus de six kilomètres à la ronde, empêchant la plupart des conifères d'y pousser jusqu'en 1950 environ, ainsi que révélé par la dendrochronologie en 2018.

Opération Sportpalast

L'opération Sportpalast (opération « Palais des sports ») fut la première action de combat du Tirpitz et de ses destroyers d'escorte contre les convois alliés de l'Arctique PQ-12 et QP-8. Elle a eu lieu du 5 au et elle a été la première tentative de perturber un convoi de l'Arctique.

Les navires allemands ne parviennent pas à repérer les convois dans le très mauvais temps, mais coulent un cargo russe. Le Tirpitz essuie alors une attaque d'avions britanniques du porte-avions HMS Victorious, ne faisant que des dégâts légers, puis regagne son mouillage en Norvège.

Opération Title

L'opération Title, un commando d'hommes-grenouilles utilisant des torpilles pilotées type "chariot" (copiées sur les torpilles pilotées italiennes Maiali qui avaient mis à mal les cuirassés anglais Valiant et Queen Elizabeth en 1941 à Alexandrie) fut lancée sans succès du au : l'armement, dissimulé sous la coque d'un navire de pêche, l'Arthur (Commandé par un résistant norvégien, il faisait la liaison entre les Iles Shetland et la Norvège pour ravitailler les maquis norvégiens) devant approcher le Tirpitz, fut perdu en pleine tempête en Atlantique nord et l'Arthur fut finalement sabordé dans un fjord norvégien, les commandos anglais rentrant chez eux via la Suède neutre) avant même d'arriver à proximité du cuirassé de la Kriegsmarine.

Opération Source

Après quoi, une attaque à l'aide de mini sous-marins fut tentée. C'était l'opération Source, menée le .

Tractés par des sous-marins conventionnels jusqu'à proximité du Tirpitz ancré dans l'Altafjord, six sous-marins X les X5, X6, X7, X8, X9 et X10 participaient initialement au raid.

Le Scharnhorst mouillant à proximité était aussi cible de l'opération. Victimes d'une fiabilité médiocre et de ruptures incessantes des câbles de remorquage (deux d'entre eux furent perdus en route, les X8 et X9), seuls trois sous-marins (les X5, X6 et X7) parvinrent à leur cible, et seuls deux (les X6 et X7) à poser leurs charges. Le X10 endommagé juste avant l'attaque dut renoncer, il fut sabordé alors qu'il tentait de regagner l'Écosse à la remorque d'un sous-marin.

Les dégâts infligés au Tirpitz furent cependant importants, au point de nécessiter plusieurs mois de réparations. Une barge spéciale fut amenée au Fættenfjord pour effectuer les réparations, une traversée vers les ports allemands étant beaucoup trop dangereuse : le bâtiment, pris en remorque, aurait fait une cible facile pour les sous-marins britanniques.

Bien qu'Ă  nouveau opĂ©rationnel, le Tirpitz n'aurait pu retrouver ses performances qu'avec une mise en cale sèche : les dĂ©formations de la coque affectaient ses qualitĂ©s hydrodynamiques, rĂ©duisant la vitesse maximale, initialement supĂ©rieure Ă  30 nĹ“uds, Ă  seulement 27.

Fin

Coque retournée du Tirpitz aux environs de Tromsø (photographie de reconnaissance de la RAF le ).

Face à ces difficultés, et au vu de l'évolution du conflit, le Tirpitz fut finalement transformé en forteresse flottante après navigation jusqu'aux environs de Tromsø, à 180 km à l'ouest-sud-ouest d'Alta. En effet, le carburant nécessaire à son fonctionnement venait à manquer, la bataille de l'Atlantique était de toute façon perdue et, de plus, les marins non-artilleurs étaient plus utiles ailleurs que sur un navire de guerre condamné à l'immobilité.

Le Tirpitz fut finalement positionné au-dessus d'un haut-fond aplani pour la circonstance : ainsi, si le bâtiment était gravement touché, il irait simplement se poser sur le fond sans chavirer et demeurerait la forteresse qu'il était devenu.

Le Royal Air Force Bomber Command, après les bombardements de l'opération Tungsten du , eut raison du Tirpitz le par une attaque avec des bombes Tallboy perforantes de six tonnes, lors de l'Opération catechism. Contrairement aux espoirs du Großadmiral Dönitz, le navire, touché dans une réserve de munitions, chavira. L'absence d'équipage autre que les artilleurs et les techniciens indispensables à l'alimentation du navire réduisit les pertes humaines. Bon nombre de marins, coincés sous la coque retournée, furent sauvés grâce à la découpe de celle-ci, restée émergée du fait de la faible profondeur. On dénombra néanmoins 971 morts.

Abandonnée, l'épave fut désossée après la guerre par des Norvégiens qui en obtinrent un revenu non négligeable par la revente des câbles et de l'acier.

Notes et références

Pierre-mémorial en l'honneur des victimes du naufrage du Tirpitz, à l'Ehrenfriedhof de Wilhelmshaven.
  1. Sur les navires de guerre allemands, les tourelles étaient désignées par les noms suivants (de l'avant à l'arrière) : Anton, Bruno, Cæsar, Dora et Emil, le cas échéant (cf. : Le Drame du Scharnhorst, par Fritz Otto Busch).

Annexes

Bibliographie

  • Philippe Caresse, « Le cuirassĂ© Tirpitz : vie et mort d'un roi solitaire », revue Navires & Histoire, hors-sĂ©rie no 08, 2007.
  • LĂ©once Peillard, Coulez le Tirpitz, Robert Laffont, 2002 (ISBN 978-2-221-03438-5) et J'ai lu Leur aventure no A130/131.
  • Jean Trogoff, Le Destin sans gloire du cuirassĂ© "Tirpitz" (1989), 179 p. ; plusieurs Ă©ditions : Rennes, Ă©d. Ouest-France ; Versailles, Ă©d. du Pen-duick, 1989.
  • « Coulez le Tirpitz ! », revue Avions, no 129.

Articles connexes

Filmographie

Liens externes

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