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Assaut contre le manoir de Brécourt

L’assaut du manoir de Brécourt est une bataille ayant opposé le 6 juin 1944 en Normandie des parachutistes de la 101e division aéroportée de l'US Army à des éléments de la Wehrmacht défendant une batterie d'artillerie. Exemple classique d'assaut permettant à une petite unité de s'emparer d'une position défensive tenue par une force supérieure en nombre, son efficacité tactique lui vaut d'être encore de nos jours enseigné dans certaines armées, notamment à l'Académie militaire de West Point.

Assaut contre le manoir de Brécourt
Description de cette image, également commentée ci-après
Site de l'assaut en 2010.
Informations générales
Date 6 juin 1944
Lieu Sainte-Marie-du-Mont (France)
lieu-dit le Grand Chemin
Issue Victoire tactique des Alliés
Forces en présence
23 parachutistes du 506th PIR~ 60 hommes du 90e régiment d'artillerie et du 6e Fallschirmjäger
Pertes
4 morts
2 blessĂ©s
20 morts
12 prisonniers

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Bataille de Normandie

Opérations de débarquement (Neptune)

Secteur anglo-canadien

Secteur américain

Fin de la bataille de Normandie et libération de l'Ouest

Mémoire et commémorations

CoordonnĂ©es 49° 23′ 17″ nord, 1° 13′ 34″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Assaut contre le manoir de Brécourt
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Assaut contre le manoir de Brécourt

Contexte

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 est déclenchée l'opération Neptune, phase d'assaut de l'opération Overlord. Composante de Neptune, l'opération Albany consiste à parachuter la 101e division aéroportée entre Sainte-Mère-Église et Saint-Côme-du-Mont en arrière de Utah Beach, plage sur laquelle doit débarquer quelques heures plus tard la 4e division d'infanterie américaine. La mission des parachutistes est de sécuriser les quatre routes permettant un accès à la plage, de détruire diverses positions ennemies et de s'emparer de certains ponts, tout cela afin de faciliter le passage des troupes qui débarqueront sur Utah.

Préparation

Le parachutage se réalise difficilement. Les hommes se retrouvent dispersés, parfois loin de leur zone de saut prévue, et passent une grande partie de la nuit à se regrouper. À l'aube, les parachutistes du 506e régiment d'infanterie parachutée (506th PIR) parviennent à se rassembler au hameau du Grand Chemin, sur la commune de Sainte-Marie-du-Mont. L'état-major de la division fait savoir au colonel Robert Sink, commandant le 506th PIR, qu'une batterie d'artillerie allemande pilonne la voie de sortie no 2 d'Utah Beach et empêche les troupes de la 4e division d'infanterie d'avancer[1]. Le régiment est chargé de détruire la position ennemie afin de permettre le passage des fantassins. Le colonel Sink désigne pour cette mission le lieutenant Dick Winters[2]. Chef d'une section de la Easy Company du régiment, celui-ci se retrouve propulsé à la tête de la compagnie à la suite de la mort pendant le parachutage du lieutenant Thomas Meehan qui la commandait jusqu'alors. Sans briefing et avec pour seule instruction de détruire les canons, initialement désignés comme étant des 88 mm, Winters effectue une reconnaissance vers 8h30 qui lui permet de localiser la haie derrière laquelle se cache la batterie mais ne lui laisse aucune idée sur le détail des forces en présence[2]. De retour au Grand Chemin, il forme un groupe de treize hommes avec lesquels il va lancer l'assaut.

Arrivé à proximité des haies entourant un vaste champ au sud duquel se dresse le manoir de Brécourt, Winters et ses hommes se postent et ont enfin une meilleure vision du dispositif ennemi. Celui-ci est composé des hommes de la 6e batterie du 90e régiment d'artillerie servant quatre 105 mm leFH 18 reliés par un réseau de tranchées[2]. Les canons, postés derrière la haie Est du dispositif sont défendus par plusieurs nids de MG42 cachés dans la haie Ouest et balayant le champ. Les soldats servant les mitrailleuses appartiennent vraisemblablement au 6e Fallschirmjäger Regiment du lieutenant-colonel Friedrich von der Heydte. Cette unité, basée à Carentan, est montée à Sainte-Marie-du-Mont après que l'unité chargée initialement de défendre la batterie a déserté en apercevant les parachutages. Cependant, il est possible que le dispositif compte également des hommes du Grenadier-Regiment 919 (709e division d'infanterie) et du Grenadier-Regiment 1058 (91e division d'infanterie) chargés du périmètre de Sainte-Marie-du-Mont. Le dispositif ennemi compte approximativement soixante hommes.

DĂ©roulement

Winters met en place son dispositif. Dans une haie face à celle où sont postés les canons, il place deux mitrailleuses M1919 servies par les soldats Joseph Liebgott, Cleveland Petty, John Plesha et Walter Hendrix[2]. Les sergents Myron Ranney et Carwood Lipton passent sur le côté des canons et se postent au nord du champ pour établir une couverture couvrant aussi bien les pièces d'artillerie que les MG42 de la haie Ouest[3]. Le lieutenant Buck Compton, le sergent Bill Guarnere et le soldat Donald Malarkey neutralisent un nid de mitrailleuse à l'entrée nord du réseau de tranchées, assurant ainsi une troisième couverture[4]. Les trois éléments de couverture ouvrent un feu nourri afin d'affaiblir les défenses allemandes. Winters et le reste des hommes longent alors la haie sur les côtés des M1919 puis traversent le découvert en face des canons et entrent dans la haie pour s'introduire dans la tranchée[2].

Rapidement débordés, les Allemands du premier canon se replient en direction du canon suivant vers le sud. Les Américains peuvent alors détruire la première pièce d'artillerie avec un pain de TNT placé dans la gueule. La charge est amorcée avec une Stielhandgranate, les détonateurs prévus étant détenus par Lipton qui est alors bloqué sur sa position initiale[1] - [3]. En effet, les Allemands ont commencé à riposter depuis les positions de mitrailleuse à l'Ouest et depuis le second canon au sud. Le soldat Popeye Wynn est blessé et Joe Toye manque par deux fois d'être tué par des explosions de grenades. Progressant dans la tranchée, Winters s'empare ensuite avec ses hommes du deuxième canon à proximité duquel il découvre une carte indiquant l'emplacement de toutes les batteries d'artillerie positionnées dans le Cotentin[1] - [2]. Les deux M1919 ont rejoint la tranchée et sont maintenant chargées d'ouvrir le feu sur les MG42. L'assaut se poursuit en direction du troisième canon vers lequel est tué le soldat John Hall qui appartenait à la Able Company mais avait rejoint la Easy après avoir perdu son unité lors du parachutage[5]. Après la destruction de la troisième pièce, Winters et ses soldats sont rejoints par le lieutenant Ronald Speirs de la Dog Company[2]. Celui-ci mène l'assaut contre le quatrième canon en courant hors des tranchées avec ses hommes, s'exposant dangereusement au feu ennemi[1]. Les quatre pièces d'artillerie étant détruites, la mission des parachutistes est accomplie et les soldats américains rompent le contact et rejoignent le hameau du Grand Chemin[2]. Deux M4 Sherman sont chargés de détruire les mitrailleuses restantes dans la haie ouest et les derniers résistants allemands réfugiés dans le manoir.

Conséquences

Grâce à l'action générale des parachutistes à l'arrière des terres et en particulier de la destruction des canons de Brécourt, les troupes débarquées à Utah Beach ne subirent que relativement peu de pertes. Le colonel Sink recommande le lieutenant Winters pour l'attribution de la Medal of Honor, en vain, celui-ci recevant cependant la Distinguished Service Cross[1]. Plusieurs civils se trouvant à proximité du manoir de Brécourt sont touchés pendant les combats. Parmi eux, un homme du nom de Michel de Vallavieille est sévèrement blessé[6]. Soigné en Angleterre, il retourne en 1945 à Sainte-Marie-du-Mont et en devient le maire en 1949[6]. Sous son mandat, il crée le musée du débarquement Utah Beach[7].

La technique employée par Winters est d'une telle efficacité qu'elle est encore étudiée de nos jours. L'Académie militaire de West Point l'enseigne à ses cadets et la méthode de combat de l'infanterie de l'armée de terre française telle que définie dans le manuel d'emploi de la section d'infanterie (INF-202), avec ses phases d'appui, couverture, assaut et rupture de contact, se rapproche de la méthode employée à Brécourt[8].

La plupart des soldats impliqués dans l'assaut furent décorés pour leur action :

Distinguished Service Cross
Richard Winters
Silver Star
Buck Compton Bill Guarnere Gerard Lorraine
Bronze Star
Carwood Lipton Popeye Wynn Cleveland Petty
Walter Hendrix Donald Malarkey Myron Ranney
Joseph Liebgott John Plesha Joe Toye
Purple Heart
Popeye Wynn John Hall Andrew Hill

Culture populaire

  • L'assaut du manoir de BrĂ©court est reprĂ©sentĂ© dans l'Ă©pisode 2 de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Band of Brothers qui retrace l'histoire de la Easy Company pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • La 6e mission du jeu vidĂ©o Call of Duty se nomme BrĂ©court et consiste Ă  capturer quatre canons dĂ©fendus par des soldats allemands. La mission comporte certaines approximations par rapport Ă  la rĂ©alitĂ© historique, les canons reprĂ©sentĂ©s Ă©tant des 88 mm et l'un se trouvant dans la cour du manoir. En revanche, le niveau inclut la saisie de documents allemands comme cela s'est dĂ©roulĂ© en 1944.

Notes et références

  1. Stephen Ambrose, Band of Brothers, Simon & Schuster, (ISBN 978-0-7432-2454-3)
  2. (en) Richard D. Winters et Cole C. Kingseed, Beyond Band of Brothers, St Martin's Press, , 304 p. (ISBN 978-0-425-20813-7)
  3. (en-US) « Biography - C. Carwood Lipton », C. Carwood Lipton,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Buck Compton, Call of Duty : My Life Before, During and After the Band of Brothers, Berkley Hardcover, , 275 p. (ISBN 978-0-425-21970-6)
  5. « www.101airborneww2.com », sur www.101airborneww2.com (consulté le )
  6. Philippe Huet, Elizabeth Coquart, Le jour le plus fou, 6 juin 1944, les civils dans la tourmente, Paris, Albin Michel, , 295 p. (ISBN 978-2-226-06929-0, BNF 35696271)
  7. « UTAH BEACH | Les dates clés du Musée », sur www.utah-beach.com (consulté le )
  8. « Inf202 Complet », sur Scribd (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Stephen Ambrose, Band of brothers : E Company, 506th Regiment, 101st Airborne : From Normandy to Hitler's Eagle's Nest, Simon & Schuster, (ISBN 978-0-7432-2454-3).
  • (en) Richard D. Winters, Cole C. Kingseed, Beyond Band of brothers : The war memories of Major Dock Winters, St Martin's Press, , 304 p. (ISBN 978-0-425-20813-7).
  • (en) Larry Alexander, Biggest brothers : The Life of Major Dick Winters, the Man Who Led the Band of Brothers, New Amer Library, , 297 p. (ISBN 978-0-451-21839-1).
  • (en) Marcus Brotherton, We who are alive and remain : Untold Stories from the Band of Brothers, Berkley Pub Group, , 294 p. (ISBN 978-0-425-22763-3).
  • (en) Lynn Compton, Call of Duty : My Life Before, During and After the Band of Brothers, Berkley Hardcover, , 275 p. (ISBN 978-0-425-21970-6).
  • (en) Bill Guarnere, Babe Effron, Brothers in battle : Best of friends, Berkley Hardcover, , 296 p. (ISBN 978-0-425-21728-3).
  • (en) Donald Malarkey, Bob Welch, Easy Company Soldier : The Legendary Battles of a Sergeant from World War II's "Band of Brothers", St Martin's Press, , 277 p. (ISBN 978-0-312-37849-3).
  • (en) Richard E. Killblane and Jake McNiece, Filthy Thirteen : From the Dustbowl to Hitler's Eagle’s Nest - The True Story of the 101st Airborne's Most Legendary Squad of Combat Paratroopers, Casemate Publishers, , 256 p. (ISBN 978-1-935149-81-1, prĂ©sentation en ligne).
  • Philippe Huet, Elizabeth Coquart, Le jour le plus fou : 6 juin 1944, les civils dans la tourmente, Paris, Albin Michel, , 295 p. (ISBN 978-2-226-06929-0, BNF 35696271).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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