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Philip Vian

Philip Vian devenu Sir Philip Vian est un officier britannique de la Royal Navy. Il sert pendant les deux guerres mondiales. Surtout connu pour des opérations risquées au commandement de destroyers il finira la Seconde Guerre mondiale à la tête d'une escadre de porte-avions et sa carrière comme cinquième lord de l'Amirauté.

Pendant sa carrière il a été coulé deux fois avec le destroyer Afridi puis avec le croiseur Naiad.

Jeunesse

Vian nait le 15 juin 1894 Ă  Londres. Il est le fils de Alsager et Ada Vian de Cowden Pound dans le Kent. Il rejoint la Royal Navy en tant qu'Ă©lève officier en et suit des cours aux collèges de la Royal Naval Ă  Osborne et Dartmouth. Après l'Ă©cole de Dartmouth, Vian s'embarque en 1911 pour les Antilles sur le croiseur Ă©cole HMS Cornwall, mais le voyage est interrompu après que le bateau touche un rĂ©cif en Nouvelle-Écosse et arrache 25 mètres de sa carène. La croisière se transforme alors en un long sĂ©jour en cale sèche Ă  Halifaxchap. 1_1-0">[1].

En 1912, en tant que midshipman, Vian rejoint le cuirassĂ© prĂ©-dreadnought HMS Lord Nelson (en) dans la Home Fleet. Il qualifie cette classe de navires "d'unitĂ©s mal venues et biscornues" Ă  l'armement disparate et plus lentes que les dreadnought. Il devient enseigne de vaisseau en chap. 1_1-1">[1].

Première Guerre mondiale

Au dĂ©but de la Première Guerre mondiale, Philip Vian est maintenu sur le HMS Lord Nelson, qui compte tenu de son obsolescence reste Ă  l'Ă©cart des combats Ă  Portland. Il est déçu de cette situation. Le navire est ensuite affectĂ© en MĂ©diterranĂ©e pour combattre les Turcs ce qui le ravit. HĂ©las pour lui, il doit quitter ce cuirassĂ©. D' Ă  , Vian sert sur le croiseur dĂ©jĂ  ancien HMS Argonaut pour "d'interminables et stĂ©riles patrouilles" dans les eaux de l'Afrique de l'Est Ă  la recherche du croiseur allemand Karlsruhechap. 1_1-2">[1]. Son grade de sous-lieutenant est confirmĂ© en .

Insatisfait du manque d'action sur le HMS Argonaut, Vian use d'une promesse d'aide faite par William Fisher (en) et embarque sur le HMS Morning Star un destroyer moderne et rapide (40 nĹ“uds) lancĂ© en . Sur ce bâtiment, il assiste Ă  la bataille du Jutland sans que son unitĂ© y joue un rĂ´le actif. En 1917, il est promu lieutenant commandant, après avoir Ă©tĂ© nommĂ© lieutenant de vaisseau sur les destroyers HMS Ossory () et HMS Sorceress ()chap. 1_1-3">[1].

Entre-deux-guerres

Après des cours de tir en 1916, 1918 et 1919 Ă  l'Ă©cole navale royale d'artillerie, Vian obtient un certificat de première classe en artillerie en . En dĂ©pit du fait qu'il prĂ©voyait un service dans la mission militaire britannique dans le sud de la Russie, il est prĂŞtĂ© Ă  la Royal Australian Navy pendant deux ans Ă  partir de et sert en tant qu'officier artilleur Ă  bord du HMAS Australia, navire amiral australien. Par mesure d'Ă©conomie l'Australia est dĂ©sarmĂ©. Le gouverneur gĂ©nĂ©ral propose Ă  Vian un poste d'aide de camp Ă  son Ă©tat-major mais l'amirautĂ© refuse au nom d'une "pĂ©nurie d'officiers canonniers"chap. 1_1-4">[1]. Il embarque alors sur le cuirassĂ© HMS Thunderer utilisĂ© pour l'entrainement des cadets. Il est ensuite affectĂ© sur des cuirassĂ©s en MĂ©diterranĂ©e avant d'embarquer sur le croiseur lourd HMS Kent, navire amiral de la station de Chinechap. 1_1-5">[1]. En juin 1929 il est de nouveau promu et dĂ©barque pour deux annĂ©es d'emploi Ă  terre Ă  l'AmirautĂ© oĂą il se livre sans enthousiasme Ă  l'analyse des rĂ©sultats de tirs. Le 2 dĂ©cembre 1929 il Ă©pouse Marjorie Haigh Ă  Withyham.

En 1932, il embarque sur le HMS Active en Méditerranée. Lors d'un accostage d'un navire-dépôt les superstructures du destroyer sont assez endommagées pour nécessiter un passage à l'arsenal. Reconnaissant l'erreur de manœuvre dans son rapport il est absous par l'amiral Wordsworth Fisher[2].

Il est promu capitaine de vaisseau en 1934. De retour en Angleterre avec la perspective de passer deux ans à terre il est "sauvé de cette calamité par Mussolini" qui attaque l'Abyssinie. Il retourne en Méditerranée pour prendre la tête de la nouvelle 19e flottille de destroyers défendant Malte. Sur le chemin du retour en juillet 1936 il est dérouté vers Vigo pour protéger les ressortissants britanniques et leurs biens des premiers combats de la guerre civile espagnole. Les civils britanniques n'ayant pas de raisons impératives de demeurer en Espagne sont embarqués sur les destroyers et ramenés en Angleterre. Lors de l'accostage à Portsmouth son destroyer rate l'accostage et doit refaire une deuxième approche sous les yeux du même amiral Wordsworth Fisher qui l'attendait sous la pluie[3].

Alors qu'il suit un cours à l'école supérieure de guerre il est contacté par le vice-amiral Lionel Wells pour devenir son capitaine de pavillon sur le croiseur HMS Arethusa navire-amiral de la troisième escadre de croiseurs en Méditerranée[3]. En aout 1939 il est remplacé et débarqué pour une affectation à terre à l'école des mousses de Shotley dans le Suffolk.

Seconde Guerre mondiale

Avant même d'avoir rejoint son nouveau poste il est dirigé vers Portsmouth pour prendre la tête d'une nouvelle flottille de destroyers sortis de la réserve et armés par des vétérans de la précédente guerre. Sa flottille, destinée à l'escorte des convois, est basée à Liverpool, port de commerce qui ne dispose d'aucune facilité pour assurer le soutien de navires de guerre. A bord du HMS Mackay, il arrive trop tard à la rescousse d'un pétrolier déjà coupé en deux par les torpilles d'un sous-marin qui a le temps de lui échapper d'autant que son ASDIC n'a pas résisté aux vibrations de l'antique destroyer lors de la pointe de vitesse vers la cible. Il achève le travail du sous-marin en coulant l'épave qui représente un danger pour la navigation[4].

Les escortes se faisant habituellement avec deux destroyers, la présence d'un capitaine de vaisseau et de son état-major en mer ne se justifiait plus et Philip Vian doit commander sa flottille depuis la terre. Il est remplacé à ce poste à la fin 1939[4].

Lionel Wells, devenu amiral, souhaite à nouveau l'avoir comme capitaine de pavillon sur le HMS Ark Royal mais le secrétaire à la marine préfère le nommer à la tête de la quatrième flottille de destroyers composées de bateaux récents de la classe tribal armés de huit canons de 120 mm en quatre tourelles et filant 36 nœuds[4].

Il commande sa flottille depuis le destroyer HMS Afridi du 1er au où le bateau doit subir des réparations. Il embarque alors sur le HMS Cossack.

Altmark

En , Le capitaine Vian repère le pétrolier ravitailleur allemand Altmark. Celui est alors suspecté d'avoir à son bord 300 marins britanniques capturés sur les navires de commerce coulés par le Admiral Graf Spee. Lorsqu'il est localisé, l'Altmark est mouillé dans les eaux territoriales de la Norvège qui est un pays neutre. Le HMS Cossack est escorté par 2 torpilleurs norvégiens. Après avoir diplomatiquement contesté l'opposition des Norvégiens, Vian poursuit l' Altmark qui se réfugie à l'intérieur du Jøssingfjord, où il l'aborde et libère les captifs[5]. Il s'agit là d'une violation de la neutralité norvégienne, tout comme l'emprisonnement des marins britanniques sur l'Altmark ; de nombreuses protestations s'élèvent et l'incident est souvent présenté comme un des facteurs déclenchant l'invasion de la Norvège par les Allemands plus tard dans l'année. Se déroulant dans une période calme de la guerre, l'incident est largement commenté en Grande-Bretagne. Vian est décoré de l'Ordre du Service distingué pour cette action réussie, et la citation est publiée dans un supplément du London Gazette le (publié le ) :

« Amirauté, Whitehall, .

Le ROI a été gracieusement satisfait de distinguer aux Ordres suivants, à l'Ordre du Service distingué :

Pour être un compagnon de l'Ordre du Service distingué :

Le capitaine Philip Louis Vian, de la Royal Navy, du H.M.S. Cossack ;

Pour sa remarquable capacité, détermination et ressource dans les préparatifs qui ont conduit à la libération de 300 prisonniers anglais du navire ravitailleur armé Altmark, et pour sa prudence, son commandement et la maîtrise de son navire dans des eaux étroites, de manière à l'amener le long de l'ennemi, et à l'aborder, alors que celui-ci cherchait à l'aveugler avec ses projecteurs, conduisant ses machines en avant toute puis en arrière toute, en essayant de l'enfoncer ou de l'échouer, risquant ainsi d'échouer ou de perdre le Cossack[6]. »

— London Gazette, Supplément no. 34827 du 9 avril 1940

Les Allemands poseront dans le Jøssingfjord un panneau en allemand annonçant "C'est ici que le 10 février 1940 l'Altmatk a été coulé par un pirate anglais"[7] alors que l'Altmark n'a pas été coulé lors de cette attaque.

Norvège

Le il rembarque sur l'Afridi réparé. Le transport du minerai de fer suédois à travers la Norvège préoccupant les Alliés l'opération franco-britannique de Narvik est montée pour débarquer un corps expéditionnaire à Narvik, Trondheim Bergen (Norvège) et Stavanger pour "couper la route du fer". Arrivée après les Allemands la marine anglaise parvient à dégager suffisamment Narvik pour qu'un débarquement soit possible mais le débarquement se fait à 60 km plus au nord laissant une marche d'approche harassante à des soldats non entrainés à évoluer dans la neige épaisse. Au bout de six semaines d'efforts ils occupent Narvik à la veille du rembarquement[8].

La Home Fleet disperse ses forces entre les opĂ©rations de Norvège et les patrouilles en mer du Nord pour empĂŞcher le passage redoutĂ© de cuirassĂ©s allemands (trompĂ©e par un raid de diversion du Scharnhorst et du Gneisenau). Vian Ă©puise son mazout et ses munitions anti-aĂ©riennes en patrouilles et raids avortĂ©s et doit retourner mazouter et se ravitailler Ă  Scapa Flow. Il repart en accompagnant des navires transportant des approvisionnements pour le corps expĂ©ditionnaire dont un pĂ©trolier chargĂ© d'essence ne dĂ©passant pas les cinq nĹ“uds. Il remonte le Romsdalsfjord sur quarante miles pour arriver Ă  Ă…ndalsnes avec son encombrant fardeau le 27 avril et se voir priĂ© de repartir avec tous les bateaux car l'Ă©vacuation a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e. Après une seconde et angoissante traversĂ©e du fjord il parvient Ă  regagner la pleine mer et repart en Écosse avec son convoi. Il ravitaille Ă  nouveau et repart Ă  la tĂŞte de neuf destroyers pour escorter les croiseurs de l'amiral John Cunninghan chargĂ©s d'Ă©vacuer les troupes de Namsos. Appareillant le dernier de Namsos il ouvre le feu pour dĂ©truire les vĂ©hicules abandonnĂ©s puis rejoint l'escadrechap. 4_9-0">[9].

Le , le contre-torpilleur français Bison est coulĂ© Ă  8 heures par des Ju87 et Ju88 allemands Ă  environ 150 nautiques Ă  l'ouest-nord-ouest de l'archipel de Vega. 139 marins trouvent la mort. L' Afridi et d'autres bâtiments d'escorte rĂ©cupèrent les marins français rescapĂ©s. Vers 14 heures l'Afridi est attaquĂ© Ă  son tour et chavire en une quarantaine de minutes, emportant avec lui 49 marins britanniques, au moins 30 marins français et 13 soldats. Vian et les survivants seront secourus par le HMS Imperialchap. 4_9-1">[9].

Retour sur le Cossack

Philip Vian rejoint le Cossack Ă  Southampton oĂą sont rĂ©parĂ©s les dommages causĂ©s par l'expĂ©dition de Narvik. Sa quatrième flottille escorte des convois en Atlantique avant d'ĂŞtre positionnĂ©e pour prĂ©venir une Ă©ventuelle invasion (opĂ©ration Seelöwe)chap. 5_10-0">[10].

En automne 1940 il participe Ă  une attaque nocturne de convois allemands ravitaillant leurs troupes près du phare d'Eigerøy. Utilisant l'artillerie principale et les torpilles contre les navires marchands et l'artillerie secondaire contre l'escorte, la flottille, composĂ©e des destroyers Cossack, HMS Ashanti, La Maori et Sikh, coule deux cargos, en incendie un autre et perd le contact avec le quatrième en un quart d'heure. Le combat avait Ă©tĂ© entravĂ© par l'Ă©blouissement et la fumĂ©e des dĂ©parts de tirs qui ajoutaient Ă  la noirceur de la nuitchap. 5_10-1">[10].

Bismarck

Lors de l'échappée du Bismarck (opération Rheinübung) à partir du 21 mai 1941 et de sa poursuite par la Royal Navy, le capitaine de vaisseau Philip Vian qui commandait un groupe de cinq destroyers escortant le convoi WS 8 B n'est pas concerné par la traque du cuirassé allemand. Le 24 mai, les destroyers protégeant les grosses unités, à court de carburant, quittent la poursuite pour aller mazouter en Islande. Les groupes de poursuite se rapprochant des côtes françaises et des sous-marins et avions allemands qui y sont basés ont absolument besoin d'une escorte de destroyers pour améliorer leur sécurité[11].

Le Bismarck qui s'est rapproché à environ 300 miles du convoi WS 8 B remet Philip Vian en jeu pour la fin de la poursuite. Il abandonne sur ordre l'escorte du convoi pour rejoindre le HMS King George V avec son Cossack, accompagné du HMS Sikh et du HMS Zulu et envoie le HMS Maori et le destroyer polonais Piorun escorter le HMS Rodney[11]. En route pour rallier les cuirassés son analyse du problème le convainc que la manière la plus efficace d'utiliser sa division est de harceler le Bismarck. Il change donc d'objectif sans avertir le King Georges V pour respecter le silence radio[12].

Un peu après 21 heures le 26 mai les cinq destroyers rejoignent le HMS Sheffield qui restait au contact du Bismarck, Vian lui demande le cap à suivre. Le Piorun est le premier à prendre contact avec le Bismarck qui ouvre le feu sur lui. Après une demi-heure d'échange de coups de canon (120 mm pour le polonais, 380 mm pour l'allemand) le Piorun se dégage. Pour Vian, il est évident que la mission principale de sa division de destroyers est de garder le contact avec le Bismarck afin de guider les grosses unités sur lui au lever du jour. La surveillance est prévue par quatre destroyers en carré autour du Bismarck[13].

Malgré la météo défavorable Vian tente malgré tout une attaque à la torpille avec ses destroyers pensant qu'ils seraient protégés par la nuit noire. Le Bismarck, tirant probablement au radar, réussit toute la nuit à tenir ses ennemis à distance les empêchant de mettre des torpilles au but et, chose plus grave, leur faisant perdre le contact au cours de leurs manœuvres d'esquive[13]. À 5 heures, Vian donne au Piorun à court de mazout l'ordre de se retirer vers Plymouth. Isolé, le destroyer polonais sera attaqué et fortement endommagé par la Luftwaffe[14].

Au lever du soleil c'est le croiseur HMS Norfolk qui, fonçant vers le sud, se trouve en face du Bismarck et signale sa position au King Georges V et au Rodney qui passent à l'attaque. Bien que le Rodney soit ancien et en mauvais état (il a été détourné d'un voyage aux États-Unis où il doit être remis à neuf pour prendre part à la chasse et transporte des caisses de pièces détachées sur le pont) ses neuf pièces de 406 mm ont suffisamment de poids pour infliger des dégâts au Bismarck. Le King Georges V dispose lui de dix pièces de 355 au fonctionnement parfois capricieux. Ces deux "poids lourds", secondés par des croiseurs et destroyers coulent le Bismarck à 10h56.

Le Cossack, le Sikh et le Zulu escortent le King Georges V et le Rodney dans leur voyage de retour pendant que le Maori reste en arrière à la recherche de rescapés[15].

Russie

Toujours sur le Cossack il est détaché à Plymouth à la tête d'une division de la quatrième flottille pour s'opposer aux attaques nocturnes par des destroyers et vedettes rapides allemands sur les convois anglais. Le capitaine de vaisseau Mountbatten qui l'a précédé dans cette mission lui indique que l'armement standard des destroyers manque de cadence de tir pour effectuer correctement cette mission il obtient de l'amiral Fraser (chargé des constructions et de l’armement) la livraison et l'installation de huit "pom-poms" supplémentaires à raison de deux sur chacun de ses quatre destroyers en moins de quarante huit heures. Il ne verra jamais les destroyers modifiés en action puisque promu contre-amiral fin juin il est convoqué le 12 juillet par le premier lord de la mer qui l'envoie sur le champ en Russie pour mettre en place la coopération maritime entre les deux pays[16].

Les Russes souhaitaient l'engagement de navires de surface dans la baie de Kola pour s'opposer au ravitaillement des forces allemandes. Pour les Anglais, cet engagement Ă  une latitude oĂą il n'y a quasiment pas de nuit en Ă©tĂ© et Ă  moins de 50 kilomètres d'aĂ©rodromes tenus par la Luftwaffe dans des eaux infestĂ©es de U boote est impossible. Pour nĂ©anmoins satisfaire la partie russe des sous-marins anglais doivent gagner Poliarnye Zori dès que possible tandis qu'une force de surface gagnerait l'Arctique avec pour objectif les mines de charbon de Longyearbyenv et de Barentsburgchap. 7_17-0">[17].

Arctique

Philip Vian embarque à Scapa Flow sur le croiseur HMS Nigeria pour commander le groupe K créé pour cette opération sans même avoir pu repasser par le Cossack. La force K comprend outre le Nigeria, le croiseur HMS Aurora et les destroyers HMS Punjabi et HMS Tartar.

Ă€ Longyearbynv les autoritĂ©s locales ne veulent pas d'une occupation anglaise intermittente exposant la population Ă  des reprĂ©sailles allemandes. Un contingent de 70 volontaires norvĂ©giens est embarquĂ© sur un navire charbonnier dĂ©jĂ  chargĂ© et qui appareille pour l'Angleterre. Le lieutenant de vaisseau R. Tamber, officier de liaison norvĂ©gien du groupe est nommĂ© gouverneur militaire avec pour consignes de retarder le chargement des charbonniers allemands tout en continuant Ă  diffuser par radio les rapports usuels et les messages mĂ©tĂ©orologiqueschap. 7_17-1">[17].

Le dĂ©barquement d'un dĂ©tachement du Nigeria sur l'Ă®le des Ours trouve une station mĂ©tĂ©orologique exclusivement occupĂ©e par des NorvĂ©giens qui embarquent sur le Nigeria pendant que les installations sont dĂ©truites. Le silence de la station mĂ©tĂ©o alarme les Allemands dont les hydravions de reconnaissance repèrent vite la force K qui faute de pouvoir profiter de la nuit pour se dĂ©rober aux attaques Ă  venir se replie sur Scapa Flowchap. 7_17-2">[17].

Devant l'impossibilitĂ© de conserver des navires dans les fjords du Spitzberg pris par les glaces en hiver une occupation militaire est jugĂ©e trop risquĂ©e. Anglais et Russes s'entendent sur une Ă©vacuation des mineurs norvĂ©giens vers l'Angleterre et des Russes vers Arkhangelsk et la destruction des mines. ChargĂ© d'expliquer la dĂ©cision au roi Haakon VII Philip Vian obtient outre la confirmation de la nomination du lieutenant de vaisseau Tamber, l'accord pour l'Ă©vacuation de la population, la seule limitation Ă©mise par le roi Ă©tant la demande de limiter les destructions des mines au minimum. Le roi s'abstient Ă©galement de toute remarque au sujet de "l'incident de l'Altmark"chap. 7_17-3">[17].

Il repart Ă  bord du Nigeria, toujours accompagnĂ© de l'Aurora mais avec trois nouveaux destroyers (HMS Icarus, HMS Antelope et HMS Anthony) et le paquebot Empress of Canada chargĂ© de soldats canadiens devant dĂ©truire les mines. Ă€ Barentsburg l'embarquement des mineurs est rapide mais la destruction du stock de vodka prend plus de temps et il faut "porter Ă  bord" les hommes chargĂ©s de cette destruction. Le Nigeria et l'Empress of Canada embarquent les mineurs russes et les dĂ©posent Ă  Arkhangelsk avant de rejoindre le reste du groupe Ă  Longyearbynv ou le gouverneur militaire mis en place par Vian joue un double jeu dangereux avec les Allemands puisqu'il les informe consciencieusement du dĂ©part des charbonniers dument chargĂ©s en "oubliant" de signaler qu'ils appareillent pour l'Angleterre. Outre trois charbonniers "dĂ©tournĂ©s", un brise-glace, un baleinier, un remorqueur et deux chasseurs de phoques prennent la route de la Grande Bretagnechap. 7_17-4">[17].

Ses navires de guerre et le paquebot appareillent le 3 septembre. Il est informĂ© par l'amirautĂ© de la probable arrivĂ©e d'un convoi allemand dans le Hammer fjord et incitĂ© Ă  l’intercepter. Bien que les destroyers soient plus adaptĂ©s Ă  la navigation dans les espaces Ă©troits du fjord ils sont Ă©galement plus adaptĂ©s Ă  la protection anti-sous-marine du paquebot transportant les soldats. Vian choisit de tenter l'interception avec ses croiseurschap. 7_17-5">[17].

L'approche de l'objectif est facilitĂ©e par les quelques heures de nuit de septembre et une tempĂŞte soufflant du nord. Fonçant dans la grosse mer et la semi-obscuritĂ© les deux croiseurs entrent dans le fjord Ă  l'estime et se retrouvent face au convoi allemand sur lequel ils ouvrent le feu. Le Nigeria passe si près d'un navire ennemi qu'il ne peut tirer dessus. Juste après il coupe en deux le croiseur Ă©cole Bremse qui commandait l'escorte et coule aussitĂ´tchap. 7_17-6">[17].

Bien que la situation du Nigeria soit prĂ©caire : engagĂ© dans le fjord avec son avant dĂ©foncĂ© et un retour en Angleterre Ă  faire face Ă  la grosse mer, le reste de la courte nuit et la navigation dans les eaux plus calmes du fjord permettent de renforcer les cloisons suffisamment pour qu'elles tiennent face Ă  la tempĂŞte. La mauvaise visibilitĂ© durant la matinĂ©e suivante permet aux croiseurs de passer inaperçus et de rentrer sans autre incidentschap. 7_17-7">[17].

Méditerranée

Après la dissolution de la force K il est envoyĂ© Ă  Alexandrie Pour prendre le commandement d'une quinzième escadre de croiseurs rĂ©duite Ă  trois bâtiments, le HMS Naiad, le HMS Galatea et le HMS Euryalus. Philip Vian embarque sur le Naiadchap. 8_18-0">[18].

EnvoyĂ© avec ses croiseurs pour reconnaitre le port de Derna pour savoir s'il contient des navires en cours de dĂ©chargement il trouve plus logique de prendre les devants et de ne pas attendre d'avoir Ă©tĂ© repĂ©rĂ© et pris Ă  partie par les batteries de cĂ´te et la Luftwaffe. Ses navires ouvrent le feu Ă  7h30 sur un cargo en cours de dĂ©chargement et cessent le feu Ă  7h50 en quittant les lieux. Ă€ partir de 8h15 jusqu'Ă  12h20 une trentaine d'avions bombardiers ou torpilleurs attaquent l'escadre pendant son retour Ă  Alexandrie. Le commandant en chef d'Alexandrie lui reproche d'avoir outrepassĂ© ses ordres et ouvert le feu et, par lĂ  mĂŞme, provoquĂ© les attaques aĂ©rienneschap. 8_18-1">[18].

Vers la mi-décembre 1941 il mène une attaque contre un convoi de ravitaillement italien il perd le Galatea torpillé par le U-557 mais le convoi italien rebrousse chemin craignant la présence de cuirassés britanniques parmi les assaillants.

Convois vers Malte

L'île de Malte est le principal obstacle au ravitaillement de l'Afrika Korps. Ses avions torpilleurs et ses bombardiers bien que peu nombreux prélèvent une grande partie du tonnage envoyé. Pierre Clostermann écrira "Malte, petit ilot de deux cents kilomètres carrés isolé par la défaite de la France en 1940..., était une douloureuse épine plantée dans la chair de l'Axe. Cette piqure dégénéra en abcès purulent et l'Afrika Korps, malgré le talent de Rommel, en mourut"[19].

Le nombre restreint de destroyers prĂ©sents Ă  Alexandrie ne permet pas de fournir une escorte suffisante aux cuirassĂ©s disponibles et en mĂŞme temps au transport HMS Breconshire qui doit ravitailler l'Ă®le. Vian se charge donc de l'escorte du ravitailleur avec les trois croiseurs de son escadre renforcĂ©s par le croiseur anti aĂ©rien HMS Cairo et six destroyers. Deux autres croiseurs et six destroyers doivent venir Ă  leur rencontre depuis Malte. Vian appareille le 15 dĂ©cembre 1941 et rejoint les autres navires le 17. Comme prĂ©vu ils subissent de nombreuses attaques aĂ©riennes. Par contre, la rencontre avec la marine italienne sortie en force avec trois cuirassĂ©s, des croiseurs lourds et des destroyers pour accompagner un de ses convois n'est pas prĂ©vue du tout. Canonnant l'escadre britannique avec ses pièces de 380 mm et 203 mm l'escadre italienne se rapproche avant de rompre le combat lorsque les Anglais ripostent. Laissant le Breconshire et les navires de Malte continuer vers l'Ă®le Vian retourne Ă  Alexandrie qu'il atteint dans la nuit du 18 au 19 dĂ©cembre. Profitant de l'ouverture du barrage extĂ©rieur pour laisser rentrer l'escadre, trois Maiale italiens pĂ©nètrent dans le port et coulent les cuirassĂ©s HMS Valiant et HMS Queen Elizabeth et endommagent un navire citerne et un destroyerchap. 8_18-2">[18].

L'armée de terre progressant en direction de la Tunisie nombre d'aérodromes auparavant utilisés par la Luftwaffe accueillent désormais la Royal Air Force qui a la capacité de mieux protéger une partie du trajet des convois. Le HMS Glengyle, un transport militaire auxiliaire escorté par la quinzième escadre de croiseurs et destroyers profite de cet état de fait pour un aller-retour vers Malte sans autres inconvénients que le mauvais temps.

La contre-attaque de Rommel le 21 janvier 1942 provoque l'effet inverse : les aérodromes aux mains des Allemands permettent de harceler les convois entre Alexandrie et Malte sur quasiment tout le trajet.

Le 12 fĂ©vrier 1942 trois cargos appareillent d'Alexandrie escortĂ©s par les forces navales d'Alexandrie : Les croiseurs Naiad, Dido, Euryalus et Carlisle accompagnĂ©s de la quatorzième et de la vingt-deuxième flottille de destroyers. Dès le lendemain le nombre des attaques aĂ©riennes impose un rationnement des munitions anti aĂ©riennes pour tenter de les faire durer pendant tout le trajet. Au soir, le cargo Clan Campbell est touchĂ© et doit retourner Ă  Alexandrie. Le 14, le cargo Clan Chattan est coulĂ©. Un seul cargo, le Rowallan Castle atteint le point de rendez-vous avec le convoi de retour de Malte qui subit aussi des attaques aĂ©riennes. Les deux escortes Ă©changent comme prĂ©vu les bateaux marchands escortĂ©s. Vian retourne Ă  Alexandrie sans encombre avec le Breconshire et deux cargos vides. Le Rowallan Castle continue sur Malte escortĂ© par le Penelope et les autres navires venus de Malte. La Luftwaffe concentre ses efforts sur le seul cargo susceptible de ravitailler Malte et parvient Ă  l'endommager suffisamment pour que ce soit son escorte qui soit obligĂ©e de le coulerchap. 8_18-3">[18].

MalgrĂ© cet Ă©chec complet l'action de Malte est tellement importante en MĂ©diterranĂ©e qu'un autre convoi est jugĂ© indispensable quel qu'en soit le coĂ»tchap. 8_18-4">[18].

Le 9 mars Vian sur le croiseur Naiad et accompagnĂ© des croiseurs Dido et Euryalus et de neuf destroyers repart Ă  la rencontre du croiseur Cleopatra et du destroyer Kingston. La protection des Bristol Beaufighter basĂ©s en Égypte aide Ă  repousser les nombreuses attaques aĂ©riennes italo-allemandes. En approchant d'Alexandrie, un sous-marin allemand torpille le Naiad qui chavire en vingt minutes. RepĂŞchĂ© une demi-heure plus tard par un de ses destroyers Vian regagne Alexandriechap. 8_18-5">[18].

Le 15 mars sa flottille part sans lui pour un raid sur Rhodes pendant qu'il s'occupe de reconstituer sa garde-robe.

Le 20 mars, embarquĂ© sur le Cleopatra il mène un nouveau convoi Ă  destination de Malte. L'escorte est constituĂ©e des croiseurs Cleopatra, Euryalus, Dido et Carlisle et de quinze destroyers dont six classe Hunt plus petits. Le convoi est constituĂ© de trois cargos : Talabot, Pampas, Clan Campbell et du transport Breconshire. Une intervention de la flotte italienne bien que redoutĂ©e ne devrait pas avoir lieu avant le soir du 22. Les chasseurs Ă  grand rayon d'action venant d’Égypte sont chargĂ©s de neutraliser les reconnaissances aĂ©riennes de l'Axe mais la vue de quatre transports de troupes allemands dans l'après-midi du 21 laisse penser que ceux-ci ont Ă©galement repĂ©rĂ© le convoi britannique et alertĂ© la marine italienne. Le sous-marin HMS P36 repère la sortie de la flotte italienne de Tarente. L'escadre est composĂ©e du cuirassĂ© Littorio, de deux croiseurs lourds, de trois croiseurs lĂ©gers et de destroyerschap. 8_18-6">[18].

Le croiseur Penelope et le destroyer Legion venus de Malte rejoignent le groupe le 22 Ă  l'aube juste avant le dĂ©but des attaques aĂ©riennes. Vers 14h10 (soit deux heures avant l'heure prĂ©vue) l'Euryalus signale l'approche de navires ennemis. Laissant le Carlisle et les six Hunt en protection rapprochĂ©e du convoi, Vian se dirige vers les navires italiens en faisant un Ă©cran de fumĂ©e pour dĂ©rober le convoi aux vues ennemies. La formation adverse n'est composĂ©e que d'un croiseur lourd et de trois croiseurs lĂ©gers et vient de Messine. Après une demi-heure d'Ă©change d'artillerie les bateaux italiens se retirent vers le nord. Vian rejoint le convoi fortement attaquĂ© par l'aviation et faisant une consommation effrĂ©nĂ©e de munitions anti aĂ©riennes. Heureusement l'attaque prend fin peu après le regroupement des bateaux anglaischap. 8_18-7">[18].

À 16h40 les bateaux italiens reparaissent accompagnés de la division venant de Tarente. La balance des forces est nettement à l'avantage de la marine italienne qui aligne un cuirassé de 35 000 tonnes, trois croiseurs lourd et six croiseurs légers (les destroyers italiens n'avaient pas pu suivre le rythme des grosses unités dans le gros temps) contre cinq croiseurs léger et seize destroyers[20].

Bien que gênée par un obus reçu par le Cleopatra qui lui tue un officier et quatorze marins et met sa radio hors service l'escadre anglaise met en application la tactique prévue par Vian. Bien aidée par le vent qui porte sur l'escadre italienne l'escadre tend un rideau de fumée qui masque le convoi et ses défenseurs, le radar permettant de localiser les navires italiens et de sortir du nuage à volonté pour des attaques au canon ou à la torpille. Vers 18h45 le lancement simultané par les destroyers de 25 torpilles en direction du cuirassé et des croiseurs italiens, bien qu'infructueux provoque le dérobement de l'escadre italienne et son départ définitif du champ de bataille. La plus grande partie de l'escadre d'Alexandrie, à court de mazout et de munitions se retire vers son port laissant une partie des classe Hunt escorter les navires marchands qui naviguent isolément vers Malte. Le temps perdu pendant l'affrontement empêche les navires marchands d'atteindre la Valette avant le jour. Le Clan Campbell est coulé à 20 miles du port par l'aviation et le Breconshire doit s'échouer pour ne pas couler. Les deux cargos survivants seront coulés deux jours plus tard dans le port de la Valette[20].

Deux destroyers italiens coulent dans la tempĂŞte pendant leur retour et le Littorio embarque plusieurs milliers de tonnes d'eau, officiellement Ă  cause du gros temps, mais Vian Ă©crira "Il me plait de croire qu'une partie de ces dommages, attribuĂ©s au mauvais temps, furent imputables Ă  nos projectiles et Ă  nos torpilles"chap. 8_18-8">[18].

Ă€ la suite de cette action, Philip Vian est anoblichap. 8_18-9">[18].

En avril et mai 1942 les attaques aĂ©riennes sur l'Ă®le de Malte ont grandement amoindri son action contre le ravitaillement de l'Afrika Korps qui, renforcĂ©, occupe toute la cĂ´te jusqu'Ă  menacer Alexandrie et limiter les capacitĂ©s d'action des unitĂ©s de la Royal Navy qui y sont basĂ©es. Une division de destroyers composĂ©e des HMS Jervis, HMS Kipling, HMS Lively et HMS Jackal sortant pour intercepter un convoi italien est assaillie dès sa sortie du port par des bombardiers en piquĂ© et perd trois unitĂ©s. Seul le Jervis rentre au port chargĂ© de survivantschap. 9_21-0">[21].

En juin l'amiral Harwood dĂ©cide de tenter une double opĂ©ration de ravitaillement de Malte par des convois partant de Gibraltar et d'Alexandrie malgrĂ© la grande exposition du convoi d'Alexandrie aux attaques aĂ©riennes et maritimes. Le port Ă©tant constamment Ă©piĂ© l'intervention des navires de surface italiens est prĂ©visible dès l'aube du troisième jour et seule la prĂ©sence d'un barrage de sous-marins et de quelques bombardiers Vickers Wellington et torpilleurs Bristol Beaufort venant de Malte permet d'espĂ©rer Ă©viter l'interceptionchap. 9_21-1">[21].

Le convoi appareille le 13 juin et subit aussitĂ´t des attaques incessantes par avions et vedettes rapides. En deux jours quatre cargos doivent rebrousser chemin ou sont coulĂ©s. Les destroyers HMS Hasty et HMS Airedale coulent aussi alors que les HMS Newcastle et HMS Birmingham sont endommagĂ©s. Bien Ă©videmment, ces attaques continuelles ont une influence nĂ©faste sur le stock de munitions qui ne permet plus d'atteindre Malte. Comme, par ailleurs, les opĂ©rations de retardement de la flotte italienne n'ont pas eu d'effets l'amiral Harwood prĂ©fère ordonner le retour du convoi. Pendant de temps, le convoi de Gibraltar a plus de succès et deux de ses cargos atteignent Maltechap. 9_21-2">[21].

En aout, Vian appareille avec tous les bateaux disponibles et un faux convoi pour faire diversion au passage d'un vrai convoi. Il rebrousse chemin comme prĂ©vu au bout de deux jourschap. 9_21-3">[21].

Il est remplacĂ© le 12 septembre 1942 par le contre-amiral Arthur Power. Il rentre en Angleterre par avion mais contracte le paludisme vraisemblablement pendant une escale prolongĂ©e en Gambiechap. 9_21-4">[21].

Du Cossack au Cossac

En avril 1943, une fois suffisamment rĂ©tabli il est affectĂ© au Chief Of Staff to Supreme Allied Command (COSSAC) en tant que dĂ©lĂ©guĂ© de la marine. Il ne rencontrera qu'une fois le gĂ©nĂ©ral Frederick E. Morgan chef de cet organisme chargĂ© d'Ă©tudier le dĂ©barquement en France qui plaisante sur l'homophonie entre l'ancien destroyer de Vian et l'organisme. Vian dit avoir des doutes sur ses capacitĂ©s Ă  se projeter suffisamment pour anticiper les problèmes Ă  venir. Il n'aura pas le temps d'en savoir plus puisqu'Ă  la suite du dĂ©cès de Philip Mack dans un accident d'avion. Il est convoquĂ© par le Premier Lord de la Mer Sir Dudley Pound qui l'envoie vers la Clyde pour reprendre le commandement de la Force V, un groupe amphibie en cours d'entrainement en vue du dĂ©barquement en Sicile. L'entrainement des troupes se termine Ă  mi-juinchap. 10_22-0">[22].

DĂ©barquement de Sicile

EmbarquĂ© sur le HMS Hilary il va retrouver une MĂ©diterranĂ©e que les victoires de la 8e armĂ©e britannique et les dĂ©barquements en Afrique du Nord ont dĂ©barrassĂ©e de la supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne et maritime de l'Axechap. 10_22-1">[22].

Sept groupes d'assaut doivent converger vers la Sicile depuis les États-Unis, l'Afrique du Nord, l'Angleterre et l’Écosse. Vian, pour sa part, a la responsabilitĂ© d'arriver au rendez-vous Ă  l'heure H en appareillant d’Écosse. Son groupe est articulĂ© en deux convois (un rapide avec 12 transports de troupes et un lent avec 18 bateaux transportant des blindĂ©s et de l'armement) devant arriver pour l'heure H et deux autres convois (rapide et lent) chargĂ©s de renforts et d’approvisionnement. Le 27 juin le premier convoi lent quitte l’Écosse, le 28 c'est le tour du convoi rapide dont fait partie le Hilary portant Vian. Si le convoi rapide effectue sa traversĂ©e sans encombre le convoi lent verra trois de ses navires coulĂ©s par des sous-marins. Le convoi rapide arrive au point prĂ©vu Ă  l'heure prĂ©vue. Le dĂ©barquement a lieu Ă  l'aube du 10 juillet 1943. MalgrĂ© la pleine lune Ă©clairant l'immense flotte prĂ©sente devant l'Ă®le, les soldats italiens sont surpris et ne se dĂ©fendent que très peu et la seule rĂ©sistance sĂ©rieuse est opposĂ©e par la garnison allemande de Pozzallo qui, prise Ă  partie par l'artillerie des HMS Blankney et HMS Brissenden, Ă©vacue la ville dans l'après-midi du 11. C'est un dĂ©tachement des deux destroyers qui reçoit la reddition de la villechap. 10_22-2">[22].

Le convoi lent arrive Ă  J+3. Son dĂ©chargement par l’intermĂ©diaire de LCT et de LCM prendra neuf jours Ă  l'issue desquels le dispositif de mise Ă  terre sur les plages est levĂ© puisque les ports de Syracuse et Augusta sont aux mains des AlliĂ©schap. 10_22-3">[22].

DĂ©barquement de Salerne

Le succès rapide et peu couteux en Sicile libère des hommes et du matĂ©riel il est possible d'envisager une attaque sur la botte de l'Italie principalement vue comme une manière d'Ă©carter un maximum de troupes allemandes des cĂ´tes normandes. Le golfe de Salerne retenu pour le dĂ©barquement a l'inconvĂ©nient d'ĂŞtre trop loin des aĂ©rodromes siciliens ce qui rĂ©duit la densitĂ© de la couverture aĂ©rienne sur la tĂŞte de pontchap. 11_23-0">[23].

Un groupe de cinq porte-avions HMS Unicorn, HMS Battler, HMS Attacker, HMS Hunter et HMS Stalker accompagnĂ©s de trois croiseurs HMS Euryalus, HMS Scylla et HMS Charybdis et de dix destroyers est formĂ© ; il reprend le nom de "Force V" et Vian est nommĂ© Ă  sa tĂŞte. Il embarque le 27 aout 1943 sur le croiseur Euryalus. Son groupe doit opĂ©rer dans l'espace restreint du golfe de Salerne et le principal problème est de replacer des porte-avions assez lents de manière Ă  avoir un temps suffisant de navigation vent de face pour lancer ou recueillir les avions. La force V appareille de Malte le 8 septembrechap. 11_23-1">[23].

Bien que l'Italie ait capitulĂ©, la Wehrmacht a le temps de reprendre la dĂ©fense en main, de miner les plages et de creuser des fossĂ©s anti chars. Le commandant des forces terrestres alliĂ©es ayant refusĂ© un bombardement prĂ©alable des dĂ©fenses pour prĂ©server une improbable surprise, les troupes dĂ©barquĂ©es Ă  l'aube du 9 septembre se trouvent face Ă  un ennemi mordant, bien retranchĂ©, bien armĂ© et le dĂ©barquement prend du retard. L'intervention du groupe de porte-avions devait initialement ĂŞtre limitĂ©e au 10, date Ă  laquelle l'aĂ©rodrome de Montecorvino devait ĂŞtre utilisable. En fait, la force V ne peut envoyer ses 36 avions restants Ă  terre que le 12 sur une piste amĂ©nagĂ©e par le gĂ©nie Ă  cĂ´tĂ© de Paestum. La force V devenue inutile se retire. Seuls ses croiseurs participeront Ă  la suite du combat notamment en transportant des renforts depuis Tripolichap. 11_23-2">[23].

La force V est la première utilisation d'un groupe de porte-avions. Elle met en lumière le fait que les porte-avions d'escorte sont trop petits pour une utilisation intensive. Les Seafire, version navalisĂ©e du cĂ©lèbre Spitfire, souffrent beaucoup lors des atterrissages sur ces petites plate-formes. L'incident le plus frĂ©quent Ă©tant le contact de l'hĂ©lice de l'avion avec le pont ce qui dĂ©truit l'hĂ©lice Ă  coup sĂ»r et endommage plus ou moins le moteur. Le capitaine de vaisseau Henry McWilliam, commandant du Hunter propose de raccourcir les pales d'hĂ©lices de 23 centimètres. Vian lui fait confiance et autorise l'opĂ©ration qui se soldera par une baisse très nette du nombre d'incidentschap. 11_23-3">[23].

Le 16 septembre, le marĂ©chal Kesselring autorise le repli des forces cĂ´tières soumises aux bombardements des navires. Le 20 septembre la force V est dissoute, ses porte-avions retournent Ă  leur tâche habituelle de protection des convois et Philip Vian retourne en Angleterre pour la prĂ©paration de l'opĂ©ration Overlordchap. 11_23-4">[23].

Normandie

D'abord nommĂ© "adjoint au commandant en chef" commandant toutes les forces navales engagĂ©es dans Overlord sous l'autoritĂ© d'un amiral amĂ©ricain il change de titre quand l'ensemble des navires est scindĂ© en deux Task forces une "Est" commandĂ©e par Vian et une "Ouest" commandĂ©e par le contre-amiral Kirk. Après huit mois de travaux prĂ©paratoires Vian embarque sur le HMS Scylla muni d'un radar perfectionnĂ© et de moyens de communications renforcĂ©s. Le 5 juin Ă  16h30 le croiseur appareille pour gagner la "position Z", nom de code du point de rendez-vous des navires au sud de l'Ă®le de Wight. Le nom de code est rapidement et officieusement transformĂ© en Piccadilly Circus par les participantschap. 12_24-0">[24].

Depuis son croiseur il suit les diffĂ©rents problèmes inhĂ©rents aux opĂ©rations de dĂ©barquement la journĂ©e. La nuit, le croiseur se poste au coin nord-ouest d'un barrage protĂ©geant la flotte constituĂ© de dragueurs ancrĂ©s sur une ligne parallèle Ă  la cĂ´te pour assurer la veille radarchap. 12_24-1">[24].

Le 23 juin, en gagnant son poste nocturne, le Scylla provoque l'explosion d'une mine Ă  pression qui lui inflige de gros dĂ©gâts sans le couler (il sera jugĂ© irrĂ©parable). Il est remorquĂ© vers l'Angleterre pendant que Vian et son Ă©tat-major embarquent sur le HMS Hilarychap. 12_24-2">[24].

Le 30 juin, l'amiral Bertram Ramsay dĂ©cide de mettre fin Ă  l'opĂ©ration Neptune (la composante navale d'Overlord) et Vian retourne en Angleterre. Il est fait Chevalier de l'Ordre du Bain et il est affectĂ© au commandement d'une escadre de porte-avions rapides dans le Pacifiquechap. 12_24-3">[24].

Flotte britannique du Pacifique

Après le support amĂ©ricain apportĂ© aux opĂ©rations europĂ©ennes le gouvernement britannique dĂ©sirait "renvoyer l'ascenseur" lors des opĂ©rations contre le Japon. Lors de la confĂ©rence Sextant au Caire en novembre 1943 les Ă©tats-majors s'entendent sur la mise en action d'un dĂ©tachement naval britannique dans le Pacifique. Sur place, cĂ´tĂ© amĂ©ricain, cette participation n'est pas accueillie avec enthousiasme. Entre l'envie de rĂ©gler le compte du Japon sans aide extĂ©rieure et la nĂ©cessaire adaptation de la flotte anglaise Ă  un théâtre d'opĂ©ration aussi vaste. Ernest King commandant en chef de la marine amĂ©ricaine et Chester Nimitz commandant en chef dans le Pacifique craignent que la mise au point d'un système de ravitaillement autonome des Anglais (semblable Ă  celui mis en place par l'US Navy depuis Pearl Harbor) ne prenne trop de tempschap. 13_25-0">[25].

Effectivement, la mise en place d'une telle flotte de transport est un problème de poids pour une marine marchande britannique saignĂ©e par quatre annĂ©es de guerre et alors que la construction des navires marchands est assurĂ©e par les États-Unis avec les Liberty ship. De plus, l'avance amĂ©ricaine dans le Pacifique Ă©loigne de plus en plus la zone de combats de la base anglaise prĂ©vue Ă  Sydney augmentant ainsi le nombre de navires nĂ©cessaireschap. 13_25-1">[25].

En aout 1944 le vice-amiral H.B. Rawling prend le commandement de l'escadre et Vian le commandement du groupe aĂ©ronaval constituĂ© des HMS Indefatigable, HMS Illustrious, HMS Victorious et HMS Indomitablechap. 13_25-2">[25].

Les porte-avions sont majoritairement Ă©quipĂ©s d'avions amĂ©ricains dont l'endurance et la soliditĂ© accroissent la valeur du groupe aĂ©ronaval. Seul l'Indefatigable est encore majoritairement Ă©quipĂ© des fragiles Seafirechap. 13_25-3">[25].

Sumatra

Le groupe appareille le 19 novembre 1944 pour l'océan Indien car la logistique en Australie n'est pas encore en place. La réalisation de plusieurs raids aériens sur les raffineries de Sumatra permet de toucher un point sensible de l'effort de guerre japonais tout en entrainant les équipages. Le vice-amiral Rawling gravement malade, c'est Philip Vian qui assure le commandement de l'escadre.

La première attaque est exĂ©cutĂ©e par un groupe comprenant les porte-avions Indomitable et Illustrious escortĂ©s de trois croiseurs et cinq destroyers. Le 20 dĂ©cembre 27 Grumman TBF Avenger chargĂ©s de bombes de 250 kg et escortĂ©s de 28 Chance Vought F4U Corsair et Grumman F6F Hellcat dĂ©collent des bateaux placĂ©s Ă  l'entrĂ©e du dĂ©troit de Malacca pour aller bombarder la raffinerie de Pangkalan Brandan. L'objectif principal Ă©tant cachĂ© par les nuages les avions attaquent le port de Belawan sans opposition de la chasse japonaise et contre une faible rĂ©action de la DCA. Ils rentrent sans pertes. Après un raid des chasseurs embarquĂ©s sur des terrains d'aviation de l'Ă®le de Sabang et le port de Kota Raja l'escadre rentre Ă  Ceylanchap. 13_25-4">[25].

Une deuxième attaque a lieu sur la mĂŞme cible deux semaines plus tard avec trois porte-avions, l'Indomitable, le Victorious et l'Indefatigable. Les chasseurs lancĂ©s les premiers neutralisent les terrains d'aviation Ă  proximitĂ© de la cible ce qui permet aux Avenger et leur escorte d'incendier la raffinerie pour la perte d'un seul avion dont l'Ă©quipage est secouruchap. 13_25-5">[25].

Indonésie

Le 16 janvier 1945 la flotte constituĂ©e des quatre porte-avions, du cuirassĂ© HMS King George V, des croiseurs HMS Argonaut, HMS Black Prince et HMS Euryalus et de dix destroyers quitte Ceylan en direction de Sydney. En chemin est prĂ©vu un raid contre Palembangchap. 13_25-6">[25].

Le 24 janvier, après 24 heures de retard Ă  cause de la mĂ©tĂ©o, quarante trois Avenger chargĂ©s de bombes et accompagnĂ©s d'une forte escorte de chasse partent pour la raffinerie de Pladjoe. D'autres chasseurs dĂ©collent ensuite pour neutraliser les terrains de la chasse japonaise. Des ballons de barrage, des canons anti aĂ©riens et quelques chasseurs japonais gĂŞnent le bombardement qui endommage quand mĂŞme sĂ©rieusement les installations. Lors du retour les avions anglais sont en butte Ă  la DCA et aux chasseurs japonais. Les pertes anglaises sont de six Corsair, Deux Avenger et un Hellcatchap. 13_25-7">[25].

Pour la deuxième attaque le plan est amendĂ© : les chasseurs chargĂ©s d'attaquer les terrains japonais sont lancĂ©s avant les bombardiers pour neutraliser la chasse japonaise au sol, la route de retour est modifiĂ©e pour Ă©viter les concentrations de DCA et la protection aĂ©rienne des porte-avions est renforcĂ©e puisque dĂ©sormais les Japonais ne peuvent plus ignorer leur prĂ©sencechap. 13_25-8">[25].

L'attaque est lancĂ©e le 29 janvier avec plus de cent avions. Les chasseurs destinĂ©s aux attaques des terrains d'aviation trouvent la chasse japonaise dĂ©jĂ  en vol et doivent combattre en l'airchap. 13_25-9">[25].

MalgrĂ© l'attaque des ballons de barrage par les chasseurs d'escorte avant que les bombardiers ne piquent sur leur objectif deux Avenger heurtent les câbles de ballons restants et s'Ă©crasent. La raffinerie est malgrĂ© tout sĂ©vèrement touchĂ©e. Les aviateurs anglais revendiquent trente avions japonais abattus en vol et trente huit dĂ©truits au sol. Les Anglais perdent quarante et un avionschap. 13_25-10">[25].

L'attaque aĂ©rienne japonaise prĂ©vue sur la flotte a bien lieu mais seuls deux bombardiers bimoteurs trouvent l'escadre et sont abattus par la DCA sans faire de dĂ©gâts. Douze hommes de l'Illustrious sont tuĂ©s et vingt et un blessĂ©s par le tir de l'Indomitablechap. 13_25-11">[25].

A court de carburant la flotte anglaise doit reprendre le chemin de l'Australie oĂą elle arrive le 10 fĂ©vrier 1945. L'amiral Rawling, rĂ©tabli, reprend le commandementchap. 13_25-12">[25].

Okinawa

Face Ă  l’impossibilitĂ© technique de la crĂ©ation d'une base opĂ©rationnelle anglaise dans les Philippines et au peu d'enthousiasme des AmĂ©ricains face Ă  cette installation les Anglais acceptent de partager les installations amĂ©ricaines de Manus Ă  3500 miles de Sydney, distance immense au regard des moyens de transports britanniques disponibles dont des pĂ©troliers trop petits et trop lentschap. 13_25-13">[25].

MalgrĂ© tout, la flotte appareille le 28 fĂ©vrier pour Manus sous le commandement de l'amiral Rawling. Ă€ Manus seuls 27 navires de fret sont arrivĂ©s au lieu des 69 attendus, les autres Ă©tant retardĂ©s par une grève des dockers de Sydney. Les Anglais voulaient participer aux actions contre le Japon mais l'amiral amĂ©ricain King lutte pied Ă  pied pour tenter d'affecter la flotte anglaise Ă  la 7ème flotte amĂ©ricaine attaquant BornĂ©o. Finalement il accepte le 18 mars d’intĂ©grer l'escadre anglaise Ă  le 5ème flotte amĂ©ricaine qui doit attaquer Okinawa. L'escadre rallie Oulithi dans les Ă®les Carolines y mazoute et repart le 23 mars au matinchap. 13_25-14">[25].

La 5ème flotte amĂ©ricaine est partagĂ©e en Task Forces elles-mĂŞmes subdivisĂ©es en Task Groups. Les porte-avions rapides sont intĂ©grĂ©s Ă  la Task Force 58 en quatre Task Groups. L'escadre anglaise, bien que comparable par la taille Ă  un Task Group, est baptisĂ© Task Force 57 et reste sous les ordres de l'amiral Rawlingchap. 14_26-0">[26].

Pour l'attaque contre Okinawa, les AmĂ©ricains doutant de la possibilitĂ© pour la Task Force 57, peu expĂ©rimentĂ©e et formĂ©e de bateaux trop lents, d'opĂ©rer en liaison avec la flotte amĂ©ricaine, lui confient des attaques d'objectifs sĂ©parĂ©s. Les AmĂ©ricains attaquent les aĂ©rodromes de KyĹ«shĹ« le 18 mars puis directement Okinawa Ă  partir du 23 mars. Les Anglais, retardĂ©s par les hĂ©sitations de l'amiral King n'arrivent en position de lancement que le 26 mars au matin. Des attaques sont lancĂ©es le 26 sur les aĂ©rodromes de Ishigaki-jima et de Miyakoshima sans grand rĂ©sultat car s'ils sont bien dĂ©fendus par la DCA, ils n'abritent pas beaucoup d'avions et les pistes en corail sont faciles Ă  rĂ©parer. La TF 57 multiplie les opĂ©rations pendant quelques jours avant de se replier pour ravitailler en mer. Les attaques aĂ©riennes japonaises sont infructueuses jusqu'au premier avril ou un bimoteur kamikaze parvient Ă  s'Ă©craser au pied de l'ilot de l'Indefatigable tuant ou blessant des marins. Le pont blindĂ© des porte-avions britanniques limite les dĂ©gâts sur le porte-avion qui reprend son service après quelques heures. Le 6 avril un autre kamikaze rate de peu l'Illustrious et heurte l'ilot avec son aile avant de plonger dans l'ocĂ©anchap. 14_26-1">[26].

Pendant ce temps, la TF 58 est soumise devant Okinawa à des attaques de centaines d'avions dont une bonne partie de kamikazes qui causent d'importants dégâts à la flotte au point de mettre en péril la suite de l'action. Malgré les appels de l'amiral Raymond Spruance le général MacArthur refuse d'utiliser l'aviation terrestre pour recouvrir d'un tapis de bombe les aérodromes de Formose d’où partent les attaquants les plus redoutables pour la flotte. La TF 57 est chargée de ce travail malgré la faiblesse de ses effectifs. des attaques le 12 et 13 avril ont suffisamment de succès pour que les Japonais retirent une partie de leurs avions de l'attaque de la TF 58 afin de tenter de neutraliser le TF 57. Vian qui devait se replier le 13 pour ravitailler ses bateaux propose d'enchainer une deuxième période opérationnelle si les pertes en avions continuent à être faibles. La TF 57 mazoute en mer le 14 et le 15 avril avant de refaire une période offensive de trois jours avant de devoir se replier faute de nouvelles possibilités de mazouter (les pétroliers, trop petits, sont vides et repartis) sur Leyte.

L'Illustrious devant subir une importante rĂ©vision part pour l'Angleterre et est remplacĂ© par le HMS Formidable. Après ravitaillement les porte-avions regagnent leur poste. Les cuirassĂ©s King Georges V et HMS Howe et une escadre de croiseurs partent bombarder les terrains de Miyaka. Les Japonais exploitent cet affaiblissement de la dĂ©fense aĂ©rienne de la TF 57 pour multiplier les attaques. Un kamikaze s'Ă©crase sur le Formidable tuant ou blessant cinquante hommes et dĂ©truisant onze avions. Le trou dans le pont d'envol est vivement rĂ©parĂ© et six heures après le Formidable recommence sa mission. L'Indomitable sur lequel est embarquĂ© Vian est aussi touchĂ© par un kamikaze qui rebondit sur le pont avant l'explosion de sa bombe. Il endommage malgrĂ© tout le radar. Un autre kamikaze s'Ă©crase juste Ă  cĂ´tĂ© de l'Indomitable. Le retour de l'artillerie anti-aĂ©rienne des cuirassĂ©s, des croiseurs et des destroyers met fin aux attaqueschap. 14_26-2">[26].

Le 9 mai, après un nouveau mazoutage Ă  la mer, la TF 57 reprend son poste. Le Formidable est encore atteint sur l'arrière de son pont d'envol par un kamikaze qui dĂ©truit dix-huit avions. Il peut reprendre ses opĂ©rations moins d'une heure plus tard mais ne dispose plus que de quatre bombardiers et onze chasseurs. Le Victorious est atteint successivement par deux kamikazeschap. 14_26-3">[26].

Le 25 mai la victoire Ă  Okinawa permet d'allĂ©ger le dispositif maritime et la TF 57 retourne Ă  Sidney après soixante deux jours en mer coupĂ©s d'une semaine d'escale de ravitaillement Ă  Leyte. Le 27 mai l'amiral William F. Halsey remplace l'amiral Spruance Ă  la tĂŞte de la 5ème flotte qui, sans changement de composition, devient la 3ème flotte. Tous les Ă©lĂ©ments de la flotte sont aussi renumĂ©rotĂ©s avec un 3 en premier chiffre. La TF 57 devient la TF 37chap. 14_26-4">[26].

Opérations contre le Japon

Après une pĂ©riode de rĂ©parations Ă  Sidney et Ă  Manus la TF 37 ou le HMS Implacable a remplacĂ© le L'Indomitable envoyĂ© en refonte, appareille pour rejoindre la 3ème flotte pour les attaques contre le Japon. Un accord local entre l'amiral anglais Rawling et l'amiral amĂ©ricain Halsey place la TF 37 sous les ordres d'Halsey, commandant de la TF 38 et le 16 juillet 1945 l'escadre britannique est, de fait, incorporĂ©e Ă  la 3ème flotte malgrĂ© des navires quatre nĹ“uds moins rapides que leurs homologues amĂ©ricains et, en partie, Ă©quipĂ©s d'avions anglais moins solides et avec un rayon d'action plus faiblechap. 15_27-0">[27].

Les opĂ©rations contre les Ă®les principales du Japon commencent le 17 juillet. Les Anglais sont plutĂ´t cantonnĂ©s aux attaques d'aĂ©rodromes et a la destruction des avions alors que les AmĂ©ricains prennent pour cible les derniers navires de guerre japonais qui, bien qu'inutilisables faute de carburant, pourraient servir de monnaie d'Ă©change lors des nĂ©gociations de paix Ă  venir. La dĂ©cision d'Ă©carter les Anglais est clairement politique et vise Ă  ne pas leur permettre de revendiquer la moindre participation Ă  la destruction de la flotte japonaisechap. 15_27-1">[27].

Le 10 aout, le lendemain du bombardement de Nagasaki les attaques contre la flotte par bombardiers et kamikazes connaissent une recrudescence. La flotte anglaise aurait dĂ» se replier sur Sydney le mĂŞme jour mais l'imminence de la capitulation japonais pousse Rawling Ă  accepter la proposition de Halsey de rester deux jours de plus. Le 12, les deux amiraux profitent d'un mazoutage au mĂŞme pĂ©trolier pour se rencontrer et dĂ©cider de la prĂ©sence d'un dĂ©tachement symbolique anglais jusqu'Ă  la fin des opĂ©rations. Le dĂ©tachement comprend le HMS King George V, le HMS Indefatigable, le HMS Gambia, le HMS Newfoundland et dix destroyers. Il est commandĂ© par l'amiral Rawling. Les autres navires anglais rentrent en Australie. Après la capitulation Vian remplace Rawling Ă  le tĂŞte d'une flotte anglaise rĂ©duite. Il retourne ensuite en Angleterre avec l'Implacablechap. 15_27-2">[27].

Après la guerre

Après quatorze années de commandement à la mer il est affecté à terre en tant que cinquième lord de l'Amirauté chargé des opérations aéronavales. Il assure le commandement de la Home Fleet pendant deux ans avant de prendre sa retraite en 1951.

Il publie un livre retraçant les deux guerres qu'il a vécues (1ère et 2ème Guerres mondiales) : "Action this day" traduit en français par "Action immédiate" (voir les références ci-dessous).

Il meurt le 27 mais 1968 Ă  Ashford Hill.

Bibliographie

  • Russel Grenfell, Le drame du Bismarck, Verviers (Belgique), Marabout (no 189), , 160 p.
  • Philip Vian (trad. de l'anglais par R. Jouan, prĂ©f. Olivier Warner), ExĂ©cution immĂ©diate [« Action this day »], Paris, Presses de la CitĂ©, , 284 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Références

  1. chap. 1-1" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 1.
  2. Vian 1960, p. 23.
  3. Vian 1960, p. 27.
  4. Vian 1960, p. 31.
  5. Sir Philip Vian, Action This Day : A War Memoir, Frederick Muller, , 223 p. (ASIN B0000CKIR4), p. 24-28
  6. (en) « Supplement to the London Gazette », The London Gazette, no 34827,‎ (lire en ligne)
  7. Vian 1960, p. 43.
  8. Albert Vulliez, Destroyers au combat, Verviers (Belgique), GĂ©rard & Co, , 152 p., p. 101
  9. chap. 4-9" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 4.
  10. chap. 5-10" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 5.
  11. Grenfell 1953, p. 86.
  12. Vian 1960, p. 76.
  13. Grenfell 1953, p. 112.
  14. Vian 1960, p. 80.
  15. Grenfell 1953, p. 138.
  16. Vian 1960, p. 85.
  17. chap. 7-17" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 7.
  18. chap. 8-18" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 8.
  19. Pierre Closterman, Feux du ciel, Paris, Flammarion, coll. « J'ai lu » (no 6), , 254 p., p. 69
  20. Étienne Romat, Combats en mer de la Méditerranée au cap Nord, Paris, Hachette, coll. « J'ai lu leur aventure », 186 p., p. 10
  21. chap. 9-21" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 9.
  22. chap. 10-22" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 10.
  23. chap. 11-23" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 11.
  24. chap. 12-24" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 12.
  25. chap. 13-25" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 13.
  26. chap. 14-26" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 14.
  27. chap. 15-27" class="mw-reference-text">Vian 1960, chap. 15.

Annexes

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