Grumman F6F Hellcat
Le Grumman F6F Hellcat est un chasseur embarquĂ© dĂ©veloppĂ© pour remplacer le F4F Wildcat au sein de l'United States Navy. Bien que le F6F soit une extrapolation du F4F, il Ă©tait beaucoup plus puissant avec un moteur Pratt & Whitney R-2800 de 2 000 ch. Souvent appelĂ© « Wildcat's big brother », le Hellcat, au mĂȘme titre que le F4U Corsair, fut le principal chasseur de l'US Navy durant la seconde partie de la Seconde Guerre mondiale.
Grumman F6F Hellcat
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F6F-3 au-dessus de la Californie (1943) | ||
Constructeur | Grumman Aircraft Engineering Corporation | |
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RÎle | Chasseur embarqué | |
Premier vol | ||
Mise en service | ||
Date de retrait | (Uruguay) | |
Coût unitaire | 35 000 $ de 1945 | |
Nombre construits | 12 275[1] (de 1942 Ă 1945) | |
Ăquipage | ||
1 pilote | ||
Motorisation | ||
Moteur | Pratt & Whitney R-2800-10W Double Wasp | |
Nombre | 1 | |
Type | Moteur en étoile avec un compresseur mécanique à double étage et deux vitesses [2] |
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Puissance unitaire | 2 000 ch | |
Dimensions | ||
Envergure | 13,06 m | |
Longueur | 10,24 m | |
Hauteur | 3,99 m | |
Surface alaire | 31 m2 | |
Masses | ||
Ă vide | 4 190 kg | |
Carburant | 946 L en interne possibilité de 3 réservoirs externes de 568 L, soit 2 120 kg |
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Avec armement | 5 714 kg | |
Maximale | 6 990 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 610 km/h | |
Vitesse de décrochage | 135 km/h | |
Plafond | 11 370 m | |
Vitesse ascensionnelle | 1 068 m/min | |
Rayon d'action | 1 520 km | |
Charge alaire | 184 kg/m2 | |
Rapport poids/puissance | 3,45 kg/ch | |
Armement | ||
Interne | F6F-3 et F6F-5 : 6 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm (calibre.50) (400 coups chacune) F6F-5N : 2 canons de 20 mm (calibre 0.79) (225 coups chacun) et 4 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm (calibre 0.50) (400 coups chacune) |
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Externe | Bombes : (Max : 1 814 kg) *Sous le fuselage : 1 bombe de 907 kg ou 1 torpille Mk.13-3 *Sous les ailes : 2 bombes de 450 kg ou 4 bombes de 450 kg et 8 de 110 kg Roquettes : 6 HVAR (en) de 127 mm ou 2 Tiny Tim (en) de 298 mm |
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Avionique | ||
F6F-3E : Radar AN/APS-4 F6F-3N et F6F-5N : Radar AN/APS-6 |
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Le Hellcat fut le premier chasseur de l'US Navy à pouvoir clairement concurrencer les Zéro japonais. Il fut aussi le chasseur le plus titré de l'histoire de l'aéronavale, avec un palmarÚs de 5 223 appareils ennemis détruits (5 163 durant la campagne du Pacifique, 8 de plus durant le débarquement de Provence[3] - [4], et 52 par la Fleet Air Arm britannique[5]). à la fin de la guerre, le Hellcat fut rapidement retiré du service de premiÚre ligne, mais il servit en tant que chasseur nocturne jusqu'en 1954. Il fut encore utilisé au combat en Indochine par l'aéronavale et par l'armée de l'air françaises.
Conception
Le , Grumman signa un contrat prĂ©voyant le remplacement du F4F Wildcat par un nouveau chasseur embarquĂ©. Bien que le F4F ait Ă©tĂ© un chasseur efficace, les dog fights (combats tournoyants) contre des chasseurs japonais, tels que le fameux A6M Zero, plus manĆuvrables et possĂ©dant une meilleure vitesse ascensionnelle se rĂ©vĂ©lĂšrent dĂ©sastreux. Plus robuste et possĂ©dant un meilleur armement, la seule alternative du Wildcat Ă©tait de plonger rapidement pour esquiver les attaques des ZĂ©ro japonais et revenir pour attaquer. Cette mĂ©thode, dite du Yoyo, consiste en une sĂ©rie de montĂ©es et descentes qui permet aux appareils de compenser un faible rayon de virage. Ces avantages de vitesse de piquĂ©, de capacitĂ© Ă encaisser les coups et de puissance de feu combinĂ©s avec d'autres amĂ©liorations amenĂšrent Ă crĂ©er un chasseur surclassant les chasseurs ennemis, le F6F Hellcat. Le prototype du XF6F-1 devait ĂȘtre Ă l'origine Ă©quipĂ© d'un moteur Wright R-2600 Cyclone de 1 700 ch, mais en raison des expĂ©riences au combat du F4F contre les ZĂ©ro japonais, Grumman dĂ©cida d'augmenter la puissance du moteur pour lui assurer la domination de l'espace aĂ©rien au-dessus du Pacifique. De ce fait, Grumman installa un moteur Pratt & Whitney R-2800 Double Wasp de 2 000 ch pour augmenter de 25 % les performances initiales.
Le premier prototype (immatriculĂ© 02981) Ă©quipĂ© du Wright R-2600 Cyclone vola pour la premiĂšre fois le , le premier appareil Ă©quipĂ© du Pratt & Whitney R-2800, le XF6F-3 (02982), s'envola le de la mĂȘme annĂ©e.
PrĂ©sentĂ© Ă la mĂȘme pĂ©riode que les premiers prototypes de Hellcat, le XF6F-2 incorporait un turbocompresseur, mais les gains obtenus n'Ă©taient pas significatifs. Toutes les versions ultĂ©rieures du F6F furent Ă©quipĂ©es de compresseurs mĂ©caniques Ă double Ă©tage et Ă deux vitesses [2].
à l'instar du Wildcat, le Hellcat fut conçu pour faciliter sa production et pour résister à un maximum de dégùts. Ainsi, une « armure » blindée de prÚs de 96 kg protÚge le poste de pilotage et les organes de commande, avec une verriÚre pare-balles, un réservoir d'huile blindé et des réservoirs de carburant auto-obturants, etc[6]. L'as des as de l'US Navy, le capitaine David McCampbell, totalisera ses 34 victoires sur Hellcat. Il décrivit le F6F comme étant « ⊠un remarquable avion de chasse. Il obtenait de bons résultats, était facile à piloter et une excellente plateforme de tir. Mais ce dont je me souviens le plus, c'est qu'il était robuste et facile à entretenir »[7].
Les premiers appareils de production, désignés F6F-3, volÚrent le et furent fournis en capacité opérationnelle suffisante en pour équiper la VF-9 basée sur le porte-avions USS Essex (CV-9)[6].
Deux variantes de chasseurs nocturnes basĂ©s sur le F6F-3 furent dĂ©veloppĂ©es. Le F6F-3E, converti Ă partir de la cellule du F6F-3, Ă©tait Ă©quipĂ© d'un radar AN/APS-4. La version suivante F6F-3N, qui vit le jour en , Ă©tait Ă©quipĂ©e d'un radar AN/APS-6. C'est Ă partir de que les chasseurs de nuit Hellcat connurent leur baptĂȘme du feu[8]. L'ajout du radar AN/APS-6 sur un F6F-5 entraĂźna le dĂ©veloppement de la version de chasse nocturne F6F-5N, et une petite partie de F6F-5 standard furent aussi Ă©quipĂ©s d'un matĂ©riel photo pour assurer des missions de reconnaissance, version qui sera dĂ©signĂ©e F6F-5P[9].
Contrairement au Wildcat dont le train d'atterrissage Ă©troit se rĂ©tractait dans le fuselage par une action manuelle du pilote, le Hellcat possĂ©dait un train d'atterrissage hydraulique plus large qui venait se loger dans les ailes, exactement comme sur le Chance Vought F4U Corsair[10]. L'implantation des ailes Ă©tait basse au lieu d'ĂȘtre mĂ©diane et les ailes Ă©taient repliables comme sur les derniĂšres versions du Wildcat, ce qui rendait le Hellcat plus compact sur le pont d'envol[11].
L'armement standard du F6F consistait en six mitrailleuses Browning M2 de calibre 0.50 (12,7 mm) refroidies par air, approvisionnĂ©es Ă 400 coups ; trois points d'attache furent ajoutĂ©s pour transporter une charge offensive de 900 kg. Le point d'attache ventral pouvait accueillir un rĂ©servoir largable de 150 gallons (568 l). Six roquettes de 127 mm (High Velocity Aircraft Rocket (en))[12] pouvaient ĂȘtre ajoutĂ©es sous les ailes (3 sous chaque)[13].
La derniĂšre et plus rĂ©pandue des variantes fut le F6F-5, qui bĂ©nĂ©ficiait d'un grand nombre d'amĂ©liorations dont un moteur plus puissant R-2800-10W, un capot moteur plus aĂ©rodynamique, la suppression des fenĂȘtres situĂ©es en arriĂšre de la verriĂšre, une verriĂšre blindĂ©e amĂ©liorant la vision[10] - [14]. Une autre amĂ©lioration majeure du F6F-5 Ă©tait la possibilitĂ© d'augmenter la puissance de feu en passant de l'armement standard de six mitrailleuses de 0.50 Ă un ensemble composĂ© de deux canons Hispano-Suiza HS-404 de 20 mm (calibre 0.79) (225 coups par arme) montĂ©s de pair avec deux mitrailleuses de 12,7 mm (calibre 0.50) approvisionnĂ©es Ă 400 coups par arme. Cette configuration ne fut cependant utilisĂ©e que sur la variante de chasse nocturne F6F-5N[15].
Deux F6F-5 furent équipés d'un moteur en étoile de 18 cylindres Pratt & Whitney R-2800-18W avec compresseur mécanique à double étage, développant 2 100 ch, qui était utilisé sur le F4U-4 Corsair. Cette nouvelle variante de Hellcat, facilement identifiable par son hélice quadripale, fut désignée XF6F-6 [2]. Cet appareil fut aussi la variante de production Hellcat la plus rapide avec une vitesse de pointe de 671 km/h[10]. Cependant, la fin de la guerre fut déclarée avant que cette version puisse entrer en production de masse[16].
Le dernier Hellcat sortit des chaßnes de montage en , la production totale fut de 12 275 dont 11 000 en à peine deux ans[17]. Cette impressionnante production de masse fut permise grùce à la conception originale du F6F, qui ne nécessitait que peu de modifications sur la chaßne de montage.
Engagements
Le Hellcat connut son baptĂȘme du feu face aux forces japonaises le , quand une patrouille de F6F de l'USS Independence abattit un hydravion Kawanishi H8K « Emily »[18]. Peu aprĂšs, les 23 et , des F6F accrochĂšrent des avions japonais au-dessus de l'atoll de Tarawa ; score final : 30 Mitsubishi A6M « ZĂ©ro » abattus pour un F6F perdu[18]. Au-dessus de Rabaul, le , des Hellcat des porte-avions USS Essex (CV-9), USS Bunker Hill (CV-17), USS Independence (CVL-22) et des Corsair de l'USMC engagĂšrent durant toute la journĂ©e un grand nombre d'avions japonais, dont des ZĂ©ro, et en descendirent prĂšs de 50[18].
Ă partir de cet instant, les Hellcat de la Navy prirent le dessus dans tous les engagements contre la force aĂ©rienne impĂ©riale. La bataille aĂ©rienne la plus marquante de la supĂ©rioritĂ© du F6F est la bataille de la mer des Philippines, oĂč un nombre tellement important d'appareils japonais (600) furent abattus par la force aĂ©rienne de l'US Navy que cette bataille reçut le surnom de The Great Marianas Turkey Shoot, qui peut se traduire par « Le Grand tir aux pigeons des Ăźles Mariannes ». Le F6F remporta Ă lui seul 75 % des victoires de l'aviation embarquĂ©e amĂ©ricaine[19].
Les F6F de la Navy et de l'USMC menÚrent prÚs de 66 530 missions de combat (45 % de toutes les missions de combat assurées par des chasseurs, 62 386 sorties furent menées à partir de porte-avions)[20] et permirent d'abattre 5 163 appareils ennemis (56 % de toutes les victoires de l'US Navy/USMC) pour un coût de 270 Hellcat (soit un ratio de 19 pour 1)[21]. Le F6F domina ses adversaires les plus farouches, avec un ratio de 13:1 contre le Mitsubishi A6M Zéro, 9,5:1 contre le Nakajima Ki-84 « Hayate » (Code US Frank), et de 3,7:1 contre le Mitsubishi J2M « Raiden » (Code US Jack) durant la derniÚre année du conflit[22]. Le Hellcat devint le premier « Ace Maker » (Faiseur d'As) de l'arsenal américain, avec 305 As ayant obtenu leurs victoires sur F6F[23]. Il faut cependant relativiser le succÚs de cet appareil. Bien que le F6F ait été un trÚs bon chasseur, la plupart des victoires US, à partir de 1942, ont été obtenues contre des adversaires largement inexpérimentés et numériquement dominés.
Dans le rÎle d'avion d'attaque au sol, les Hellcat ont largué 5 899 tonnes de bombes[21].
En Europe, le F6F intervint notamment sur le théùtre méditerranéen (MTO). Il participa ainsi au débarquement de Provence au sein de la Task Force 88. Le Grumman F6F Hellcat était un chasseur « rustique » plutÎt qu'un bolide, facile à piloter, équipé de réserves de carburant énormes pour l'époque, lui qui ne trouva guÚre d'adversaires à sa mesure. Il rendit aussi de fiers services tout au long de la guerre et fut l'un des avions essentiels à la victoire alliée.
AprĂšs guerre, le Hellcat fut remplacĂ© par le Grumman F8F Bearcat ; bien que plus petit que le F4F Wildcat, il Ă©tait plus puissant et plus manĆuvrable que le Hellcat, mais il fut opĂ©rationnel trop tard pour participer Ă la DeuxiĂšme Guerre mondiale[24]. Le Hellcat fut aussi utilisĂ© dans un grand nombre d'emplois de seconde ligne, de l'entraĂźnement aux drones sans pilote. En 1952, l'unitĂ© 90 Guided Missile utilisa des drones F6F-5K, transportant chacun 1 tonne de bombes, pour dĂ©truire des ponts durant la guerre de CorĂ©e. Ces drones partaient du porte-avions USS Boxer, radio-contrĂŽlĂ©s Ă partir d'un AD Skyraider[25].
Autres pays utilisateurs
La Royal Navy reçut, par le biais du programme Lend-Lease, 1 263 F6F pour sa Fleet Air Arm ; initialement, les F6F devaient recevoir la dĂ©signation britannique Grumman Gannet Mark I. Le nom de Hellcat fut rĂ©utilisĂ© Ă partir de 1943 par simplicitĂ©, la Royal Navy ayant prĂ©fĂ©rĂ© utiliser les dĂ©signations amĂ©ricaines pour tous les appareils construits aux Ătats-Unis ; ainsi le F6F-3 devint le Hellcat F I, le F6F-5, le Hellcat F II et le F6F-5N, le Hellcat NF II[26]. Les Hellcat britanniques virent l'action au-dessus de la NorvĂšge, en MĂ©diterranĂ©e et en ExtrĂȘme-Orient. Un certain nombre de ces appareils anglais furent Ă©quipĂ©s avec le mĂȘme matĂ©riel photographique que le F6F-5P, et reçurent la dĂ©signation Hellcat FR II[27]. Les unitĂ©s de Hellcat de la Fleet Air Arm mirent aussi Ă profit les qualitĂ©s de cet appareil lors de combats aĂ©riens ; un total de 52 appareils ennemis furent abattus durant 18 combats entre et . Le no 1844 Naval Air Squadron (en), basĂ© sur le HMS Indomitable de la British Pacific Fleet, fut l'unitĂ© de Hellcat la plus titrĂ©e avec un score de 32,5 appareils ennemis[28].
Les Hellcat de la FAA, comme la plupart des autres appareils du programme Lend-Lease, furent rapidement remplacĂ©s aprĂšs guerre par des avions de conception britannique ; seuls deux des douze Squadrons Ă©quipĂ©s de F6F conservĂšrent leurs appareils jusqu'Ă la fin 1945[29]. Ces deux escadrons furent cependant dissous en 1946[29]. Durant ses engagements sous la cocarde britannique, le F6F s'avĂ©ra ĂȘtre un concurrent sĂ©rieux face aux chasseurs de la Luftwaffe, tels que le Messerschmitt Bf 109 et le Focke-Wulf Fw 190.
La France utilisa aussi des F6F-5 Hellcat durant la guerre d'Indochine, tant au sein de l'armĂ©e de l'Air que de l'AĂ©ronautique navale. Ce choix s'explique car les pistes dâIndochine Ă©taient notoirement trop courtes pour des avions Ă hautes performances, ce qui a contraint Ă abandonner le dĂ©ploiement de Republic P-47 Thunderbolt qui auraient Ă©tĂ© Ă tous les points de vue plus adaptĂ©s que les Supermarine Spitfire. Des chasseurs embarquĂ©s furent donc demandĂ©s aux Ătats-Unis au titre de lâaide militaire. Ces avions sont en effet conçus dâemblĂ©e afin dâavoir une distance de dĂ©collage la plus courte possible, pour pouvoir dĂ©coller du pont d'un porte-avions mĂȘme sans catapulte[30].
Le passage au Hellcat fut trĂšs apprĂ©ciĂ© par le personnel navigant[31]. Les pilotes français apprĂ©ciaient sa puissance de feu et sa stabilitĂ© en piquĂ©, ainsi que le systĂšme de surpuissance apportant de maniĂšre momentanĂ©e deux cents chevaux supplĂ©mentaires, qui pouvaient se rĂ©vĂ©ler utiles lors dâopĂ©rations dâappui au sol dans des zones montagneuses, nĂ©cessitant des ressources brutales pour Ă©viter le relief.
Les 40 premiers Hellcat furent amenés à Saigon le sur le porte-avions Dixmude. Quatre groupes de chasse, précédemment équipés de Bell P-63 Kingcobra, furent transformés sur Hellcat en Indochine à partir de la fin de 1950 :
- Le GC 2/6 « Normandie-Niemen » perçut ses F6F-5 Ă partir du , avant dâeffectuer des missions au Tonkin jusquâau .
- Le GC 1/6 « Corse » arriva dĂšs la fin de lâannĂ©e 1950 Ă Bach Mai, et fut dotĂ© de Hellcat, quâil Ă©changea contre des Grumman F8F Bearcat en .
- Le GC 1/9 « Limousin » rejoignit Saigon en . Il perçut ses Hellcat Ă la fin de lâannĂ©e et les abandonna en au profit de Grumman F8F Bearcat.
- Le GC 2/9 « Auvergne » fut dĂ©clarĂ© opĂ©rationnel sur F6F-5 (ceux quâil avait repris du « Normandie-Niemen ») le . Une escadrille demeura Ă Tan Son Nhut et lâautre fut envoyĂ©e Ă Tourane avec des dĂ©tachements dĂ©ployĂ©s frĂ©quemment au Tonkin jusquâen .
Seize appareils du GC 2/6 « Normandie-Niemen » et du GC 1/6 « Corse » effectuĂšrent leurs premiĂšres missions de soutien Ă lâarmĂ©e de terre du 14 au sur les crĂȘtes de Vinh Yen, afin dâenrayer lâattaque du ViĂȘt Minh vers Hanoi. Lâaviation de chasse parvint Ă contenir la progression des rebelles et Ă les mettre en dĂ©route en atteignant le chiffre record de 1 007 sorties pour le seul mois de , contre 500 Ă 600 auparavant comme moyenne mensuelle, preuve dâune meilleure disponibilitĂ©.
Les Hellcat de lâarmĂ©e de lâAir furent actifs durant une pĂ©riode relativement brĂšve en Indochine, et une quarantaine de ces robustes appareils effectuĂšrent quelques milliers de sorties dâappui-feu au profit des troupes au sol. En fait, ils assurĂšrent la transition entre les Supermarine Spitfire et les Bell P-63 Kingcobra essoufflĂ©s, et les Grumman F8F Bearcat. Cette pĂ©riode marque un trĂšs net renforcement du potentiel offensif aĂ©rien en Indochine[32].
L'aéronautique navale reçut à partir d'avril 1950 124 F6F-5 et 15 F6F-5N de chasse de nuit [33]. Ils servirent au combat en Indochine au sein des flottilles 1F (redésignée 11F le 20 juin 1953) et 12F à bord des porte-avions Arromanches, La Fayette et Bois-Belleau [33]. Le Hellcat équipa également les escadrilles 3S, 15S, 54S, 57S, 59S, qui étaient des formations d'entraßnement ou de servitude ainsi que la Section d'entraßnement à la chasse de nuit (SECN) et le GAN 2[33] .
L'Uruguay en obtßnt une douzaine qu"il utilisa au sein de son aviation navale jusqu'à la fin des années 1960[34].
Variantes
- XF6F-1
- Premier prototype, équipé avec moteur en étoile 14 pistons Wright R-2600-10 Cyclone de 2 000 ch.
- XF6F-2
- DeuxiÚme prototype, équipé initialement avec un moteur en étoile turbocompressé Wright R-2600-16 Cyclone, puis ultérieurement avec un Pratt & Whitney R-2800-21 également turbocompressé [35].
- XF6F-3
- Modification apportée sur le prototype XF6F-1 en l'équipant d'un moteur en étoile Pratt & Whitney R-2800-10 Double Wasp avec compresseur mécanique à double étage et deux vitesses développant 2 000 ch.
- F6F-3 Hellcat
- Chasseur monoplace, chasseur-bombardier, motorisé avec un Pratt & Whitney R-2800-10 Double Wasp de 2 000 ch.
- Gannet Mk I
- Appellation britannique du F6F-3 Hellcat, plus tard redéfinie en Hellcat F Mk.I.
- F6F-3E Hellcat
- Chasseur de nuit, équipé d'un radar AN/APS-4.
- XF6F-3N
- Un F6F-3 converti pour faire un prototype de chasseur nocturne.
- F6F-3N Hellcat
- Chasseur de nuit, équipé d'un radar AN/APS-6.
- XF6F-4
- Un F6F-3 motorisé avec un moteur Pratt & Whitney R-2800-27 Double Wasp de 2 100 ch. Armement : 4 cannons de 20 mm. Non produit en série. Prototype reconverti en F6F-3 [36].
- F6F-5 Hellcat
- Version améliorée, aérodynamique modifiée, nouveaux ailerons et surfaces de contrÎle agrandies, motorisée avec un Pratt & Whitney R-2800-10W de 2 000 ch.
- Hellcat F Mk 2
- Appellation britannique du F6F-5 Hellcat.
- F6F-5K Hellcat
- Plusieurs F6F-5 et F6F-5N convertis en cibles radiocommandées.
- F6F-5N Hellcat
- Chasseur nocturne, équipé d'un radar AN/ APS-6.
- Hellcat NF Mk I
- Appellation britannique du F6F-5N Hellcat.
- F6F-5P Hellcat
- Un petit nombre de F6F-5 convertis en avion de reconnaissance photo, avec un équipement photographique installé sous l'arriÚre du fuselage.
- Hellcat FR Mk II
Appellation britannique du F6F-5P Hellcat.
- XF6F-6
- Deux F6F-5 équipés d'un moteur Pratt & Whitney R-2800-18W de 2 100 ch, et d'une hélice quadripale.
Autres caractéristiques
Le F6F Hellcat connut un grand succÚs et on le retrouva dans l'aviation embarquée britannique, mais aussi dans la Marine (139 avions entre 1950 et 1953 qui furent réformés en 1960) et l'Armée de l'air françaises qui l'utilisÚrent dans la guerre d'Indochine.
Le Hellcat a été le premier avion utilisé par la patrouille acrobatique des Blue Angels de la marine américaine.
Pays utilisateurs
- F6F-5 GC 2/6 Normandie-Niemen
- F6F-5 VF83
- F6F-3 VF27
- F6F-5 Flottille 1F
Voir aussi
Développement liés
Avions similaires
Galerie Photos
- Deux chasseurs Grumman F6F-3 arborant la livrée tricolore réglementaire en vigueur courant 1943.
- Drones sans pilote F6F-5K au sol durant l'opération Crossroads (). Ces Hellcat devaient traverser le nuage radioactif émis à la suite des essais atomiques sur l'atoll de Bikini, pour tester la radioactivité. La différence de couleur de dérive indique une fréquence de radioguidage différente.
- DĂ©part de Hellcat F6F-3 du Carrier Air Group 12 (CVG-12) Ă partir du porte-avions USS Saratoga (CV-3), 1943-1944.
- Hellcat F6F-5 Ă©quipĂ© de roquettes HVAR (Inyokern, Californie (Ătats-Unis), 1944-1945.
- Variante de chasse nocturne Hellcat F6F-3N (1943).
- F6F-3 Hellcat du VF-2 fighting squadron lancé depuis la catapulte du hangar du USS Hornet (CV-12), .
- Chasseur de nuit F6F-5N Hellcat de la base navale de Jacksonville, Floride (Ătats-Unis), en 1943-1944.
- Prototype XF6F-4 Hellcat.
- Un chasseur Grumman F6F Hellcat ratant son appontage sur le porte-avions américain USS Enterprise le .
Références
Notes
- « Ces aéronefs militaires produits à plus de 10000 exemplaires ! », sur AvionsLégendaires.net,
- Voir notamment Bert Kinzey and Chris Sakal : F6F Hellcat in detail & scale, 2020, 104 p. pp 15, 17, 25 et 32
- OĂč l'avion fut Ă©galement utilisĂ© par l'USMC.
- Tillman 1996, p. 81.
- Tillman 1996, p. 78â79.
- Kinzey 1987, p. 6
- Kinzey 1987, p. 58.
- Green 1975, p. 91.
- Green 1975, p. 93â94.
- Taylor 1969 ; p. 503."
- Kinzey 1987, p. 14.
- (en) « 5 inch FFAR/HVAR », sur designation-systems.net (consulté le )
- Sullivan 1979, p. 24, 30, 33
- (en) « Performance test du F6F-5 » [PDF], sur wwiiaircraftperformance.org (consulté le )
- Kinzey 1987, p. 27.
- Sullivan 1979, p. 46.
- Winchester 2004, p. 110.
- Dean 1997, p. 559.
- Tillman 1979, p. 9.
- Barber 1946, Table 1
- Barber 1946, Table 2
- Barber 1946, Table 28.
- Airpower Classics Airforce Magazine, April 2006, p. 98. Quote: "flown by 305 aces, most of any US fighter in World War II."
- O'Leary 1980, p. 147â48.
- (en) Robert Jackson, Air War Korea, 1950-1953, Shrewsbury, Airlife, , 160 p. (ISBN 978-1-85310-880-8, OCLC 39533473), p. 126
- alors qu'ils étaient respectivement appelés Fighter Mark I, Fighter Mark II et Night Fighter Mark II
- Green 1975, p. 93.
- Tillman 1996, p. 78.
- VAUCHY Jean-Marie (promo 38, colonel), « Le choix du Bearcat », Le PiĂšge, no 152,â , p. 39
« Commandant en second le Groupe de chasse 1/5 « VendĂ©e », prĂ©sent en Indochine de 1949 Ă 1950, je fus appelĂ© Ă participer, au printemps 1950, Ă une commission rĂ©unie par le CATAC Tonkin et prĂ©sidĂ©e par son chef, le colonel MentrĂ©e. Assistaient Ă cette rĂ©union les membres dâune mission combinĂ©e US Navy/US Air Force, chargĂ©e dâenquĂȘter sur le choix des avions de combat que ces armĂ©es envisageaient de fournir Ă lâarmĂ©e de lâair française dâExtrĂȘme-Orient. (âŠ) InterrogĂ© en tant quâexpert « chasse », je proposai que le choix portĂąt sur des chasseurs de la marine, principalement pour leurs caractĂ©ristiques de dĂ©collage et dâatterrissage, quâil fallait Ă mon avis considĂ©rer comme primordiales, les autres caractĂ©ristiques â armement, rayon dâaction, moteur refroidi par air Ă©tant Ă©galement favorables Ă ce choix. La mission amĂ©ricaine ayant alors Ă©voquĂ© la possible fourniture de Hellcat et/ou de Bearcat, cette perspective fut acceptĂ©e Ă lâunanimitĂ© par la commission, compte tenu notamment de lâexpĂ©rience Spitfire. »
- RAJAU Jean (gĂ©nĂ©ral), promo 45 « Marin la MeslĂ©e », « Histoires de transformation des pilotes en Indochine », Le PiĂšge, no 168,â , p. 39
« Vers dĂ©cembre 1950, on nous annonça tout Ă trac que nous allions changer de matĂ©riel et ĂȘtre Ă©quipĂ©s de F6F5 Hellcat. Il est vrai que nos Spit Ă©taient de plus en plus proche de lâĂ©puisement et que leur disponibilitĂ© sâeffondrait. On dĂ©tacha donc 2 lieutenants chez les marins de lâaĂ©ronavale dâHyĂšres qui utilisaient ce type dâavion et un mois aprĂšs ils revinrent Ă Saigon (âŠ) ce Hellcat Ă©tait un engin paisible, dâallure un peu pataude, pratiquement dĂ©nuĂ© de dĂ©fauts, solide, fortement armĂ© et Ă©quipĂ© en surplus du fameux P et W R2800, un moteur qui donnait lâimpression, une fois dĂ©marrĂ©, quâil sâagissait dâun diesel que rien ne paraissait pouvoir arrĂȘter. »
- Jean-Pierre De COCK et Mister Kit, F6F Hellcat, Atlas, , p. 34.
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