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HMS Warspite (03)

Le HMS Warspite est un cuirassé britannique de classe Queen Elizabeth construit pour la Royal Navy au début des années 1910. En service de 1915 à 1945, il participe aux deux conflits mondiaux du XXe siècle, naviguant sur tous les océans du globe.

HMS Warspite
illustration de HMS Warspite (03)
Le Warspite au large de la Normandie le 6 juin 1944.

Surnom The Old Lady[1]
Type Cuirassé rapide
Classe Queen Elizabeth
Histoire
A servi dans Royal Navy
Chantier naval Devonport Dockyard
Quille posée [2]
Lancement
Armé
Statut : retiré du service
: vendu pour démolition
Équipage
Équipage De 925[2] Ă  1 016 marins[3]
Caractéristiques techniques
Longueur 196,8 m
MaĂ®tre-bau 27,6 m
Tirant d'eau 8,8 m
DĂ©placement 27 500 long tons (27 940 t)
Ă€ pleine charge 31 500 long tons (32 004 t)
Propulsion 2 turbines Ă  vapeur Parsons
24 chaudières Babcock & Wilcox
4 arbres
Puissance 56 000 ch
Vitesse 23 nœuds (42,6 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage Ceinture : 330 - 102 mm
Bulbes : 152 - 102 mm
Casemates : 152 mm
Pont principal : 76 - 25 mm
Pont supĂ©rieur: 51 - 32 mm
Barbettes: 254 - 102 mm
Tourelles :
  • Toit : 127 mm
  • Avant : 330 mm
  • CĂ´tĂ©s : 279 mm
Armement 4 Ă— 2 canons de 15 pouces
0014 canons de 6 pouces
0002 canons de 3 pouces AA
0004 canons de 47 mm
0004 TLT de 533 mm
Électronique Radars type 279, 284, 285
Rayon d'action 4 500 milles marins (8 300 km) Ă  10 nĹ“uds (19 km/h)
3 400 t de mazout
Carrière
Pavillon Royaume-Uni
Indicatif Pennant number : 03

La construction du HMS Warspite dĂ©bute Ă  Devonport peu avant la Première Guerre mondiale : reprĂ©sentatifs de la course germano-britannique aux armements navals, ses canons de 15 pouces (381 mm) non testĂ©s et sa propulsion au fioul sont des risques technologiques forts pris par le First Lord of the Admiralty Winston Churchill et l'amiral John Arbuthnot Fisher pour tenter de rĂ©pondre aux constructions lancĂ©es par les Allemands. Le navire prĂ©figure le concept de « cuirassĂ© rapide Â» qui s'avère efficace durant la Première Guerre mondiale.

En service dès la Première Guerre mondiale, le HMS Warspite participe notamment Ă  la bataille du Jutland avec la Grand Fleet, et patrouille principalement en mer du Nord. Victime de plusieurs « coups du sort Â», il passe du temps en cale sèche, avant d'ĂŞtre refondu dans les annĂ©es 1930. Durant la Seconde Guerre mondiale, le cuirassĂ© prend part Ă  plusieurs batailles en mer du Nord lors de l'invasion allemande de la Norvège, puis rejoint la Mediterranean Fleet en mer MĂ©diterranĂ©e oĂą il escorte des convois et affronte la Marine italienne. Le cuirassĂ© est ensuite affectĂ© Ă  l'Eastern Fleet dans l'ocĂ©an Indien, jouant au chat et Ă  la souris avec la Marine impĂ©riale japonaise, avant de rentrer en Europe. Vieillissant, le HMS Warspite est alors cantonnĂ© Ă  un rĂ´le de batterie flottante : il participe aux bombardements cĂ´tiers lors du dĂ©barquement en Sicile et en Italie, puis Ă  ceux du dĂ©barquement de Normandie et de Brest en 1944. TouchĂ© par une bombe planante, puis par une mine pendant le conflit, le vĂ©tĂ©ran est en mauvais Ă©tat Ă  la fin de la guerre : il est alors dĂ©sarmĂ©, et s'Ă©choue Ă  l'ouest de Plymouth sur le trajet vers le chantier de dĂ©molition.

Conception

Le 1912 Programme prĂ©voit la construction de trois cuirassĂ©s et d'un croiseur de bataille. La classe Queen Elizabeth doit Ă  l'origine ĂŞtre basĂ©e sur la classe prĂ©cĂ©dente, la classe Iron Duke, munie de canons de 13,5 pouces (343 mm). Cependant, les grandes nations maritimes de l'Ă©poque, telles le Japon, les États-Unis ou l'Allemagne Ă©quipant leurs navires de ligne de canons de calibre 356 mm, l'AmirautĂ© dĂ©cide de doter ces nouveaux navires de canons de 15 pouces (381 mm). La conception des cuirassĂ©s de la classe est alors entièrement revue ; de nouveaux plans sont dessinĂ©s dans l'urgence pour des navires de cinq tourelles filant 21 nĹ“uds (39 km/h). Une tourelle est finalement retirĂ©e, la puissance de feu restant importante malgrĂ© cela, et ce retrait permet d'installer des chaudières supplĂ©mentaires. Grâce aux accords pĂ©troliers avec l'Iran, l'utilisation de fioul Ă  la place du charbon est adoptĂ©e, permettant une vitesse de 24 Ă  25 nĹ“uds (46 km/h). Les navires de la classe Queen Elizabeth sont alors qualifiĂ©s de cuirassĂ©s rapides[4].

Caractéristiques

Animation montrant le déplacement des munitions à l'intérieur d'une tourelle avant sa mise à feu.
Fonctionnement d'une tourelle de 15 pouces.

Lancement

Le HMS Warspite prĂ©sente une longueur hors-tout de 196,8 mètres, un maĂ®tre-bau de 27,8 mètres et un tirant d'eau de 8,8 mètres. D'un dĂ©placement de 27 500 long tons (27 940 tonnes), il dispose de quatre hĂ©lices, 24 chaudières Babcock & Wilcox et deux turbines Ă  vapeur Parsons. Ces machines dĂ©veloppent une puissance de 56 000 chevaux, qui peut atteindre les 74 000 chevaux Ă  marche forcĂ©e, pour des vitesses respectives de 23 et 24 nĹ“uds (44 km/h)[4].

Le cuirassĂ© est muni de huit canons de marine de 15 pouces BL Mark I rĂ©partis en deux groupes de deux tourelles superposĂ©es, l'un Ă  l'avant et l'autre Ă  l'arrière du navire. Ce canon de 15 pouces (381 mm) est spĂ©cialement conçu pour la classe Queen Elizabeth : version agrandie du canon de marine de 13,5 pouces BL Mk V, il tire deux coups par minute et possède un système hydraulique d'amortissement du recul. Ses obus de 1 929 livres (875 kg), tirĂ©s Ă  746 mètres par seconde, ont une portĂ©e thĂ©orique de 30 kilomètres[5].

L'armement secondaire est composé de 14 canons de 6 pouces BL Mk XII, de deux canons antiaériens de 3 pouces QF 20 cwt et de quatre tubes lance-torpilles.

Le blindage de la ceinture principale est épais de 6 à 13 pouces (330 mm), celui des barbettes varie de 4 à 10 pouces (254 mm), celui du château est de 11 pouces (279 mm) et celui des bulbes anti-torpilles varie de 4 à 6 pouces (152 mm). Les tourelles de la batterie principale ont une protection frontale de 13 pouces (330 mm) ; l'arrière et les flancs sont protégés par 11 pouces (279 mm) de blindage, et celui du toit est épais de 5 pouces (127 mm)[6].

Refontes

Dessin représentant un cuirassé vu de profil et vu du dessus.
Diagramme de la classe Elizabeth en 1923.

De 1924 Ă  1926, le Warspite subit son premier radoub important. Deux bulbes anti-torpilles sont ajoutĂ©s, portant le maĂ®tre-bau Ă  31,67 mètres ; quatre canons antiaĂ©riens de 4 pouces QF Mk V remplacent les canons de 3 pouces et deux des canons de 6 pouces. Enfin deux tubes lance-torpilles sont retirĂ©s, et les deux cheminĂ©es sont fusionnĂ©es en une seule. Avec ces amĂ©liorations, le dĂ©placement lège du cuirassĂ© passe Ă  31 300 long tons (31 801 tonnes), et Ă  35 710 long tons (36 281 tonnes) Ă  pleine charge[7] - [8].

De Ă  , le Warspite entre de nouveau en cale sèche, au Portsmouth Royal Dockyard, afin d'ĂŞtre entièrement refondu, pour un coĂ»t de 2 363 000 livres sterling[9]. Le cuirassĂ© est dĂ©montĂ© pièce par pièce jusqu'Ă  sa structure interne. Des chaudières Admiralty Ă  trois tambours et des turbines Ă  engrenages dĂ©veloppant 80 000 chevaux sont installĂ©es, rĂ©duisant le poids du navire de 1 500 tonnes. Ce gain est utilisĂ© pour renforcer le blindage du pont Ă  l'avant de la tourelle A[note 1] et de la soute Ă  munitions[10]. Une nouvelle cheminĂ©e, moins encombrante, permet l'installation d'un hangar et d'une catapulte pour hydravion. Le cuirassĂ© est alors Ă©quipĂ© de deux grues Ă©lectriques afin de rembarquer l'hydravion de reconnaissance après ses missions. De 1938 Ă  1941, le Warspite emporte Ă  son bord deux Fairey Swordfish, puis deux Supermarine Walrus de dĂ©but 1942 Ă  , date Ă  laquelle les installations aĂ©ronautiques sont retirĂ©es du navire[11]. Ces modifications portent son dĂ©placement Ă  36 450 long tons (37 033 tonnes) et son tirant d'eau Ă  10,08 mètres, et lui permettent d'atteindre une vitesse de 23,5 nĹ“uds (43,5 km/h)[12].

Les tourelles principales sont modifiĂ©es afin d'augmenter de 10 degrĂ©s la hausse des canons de 15 pouces, leur permettant d'atteindre une portĂ©e de 32 300 yards (29 535 m) au lieu de 23 400 yards (21 397 m) prĂ©cĂ©demment. Les deux canons de 6 pouces situĂ©s Ă  l'avant et Ă  l'arrière sont retirĂ©s, car inopĂ©rants par gros temps ; les deux tubes lance-torpilles restants subissent le mĂŞme sort. Enfin, un nouveau système de conduite de tir est installĂ© sur les canons de 6 et de 15 pouces[10]. La nouvelle disposition des cheminĂ©es permet l'installation de deux affĂ»ts octuples de canons de 2 livres QF. Sur deux des tourelles de 15 pouces sont montĂ©s des mitrailleuses de 12,7 mm, et les canons de 4 pouces QF Mk V sont remplacĂ©s par des Mk XVI[11].

D'aoĂ»t Ă  , Ă  la suite des dĂ©gâts provoquĂ©s par une bombe de 250 kilos, le Warspite est rĂ©parĂ© et refondu au Puget Sound Naval Yard Ă  Bremerton. La passerelle est amĂ©liorĂ©e, de nouveaux canons antiaĂ©riens sont installĂ©s, le blindage des canons de 4 pouces est renforcĂ© et l'artillerie principale de 15 pouces, usĂ©e, est entièrement remplacĂ©e. Enfin, un radar de surface type 221 et un radar antiaĂ©rien type 281 sont installĂ©s[13].

Histoire

La construction du Warspite commence le Ă  Devonport Dockyard. Le cuirassĂ© est lancĂ© le et armĂ© en , sous les ordres du capitaine Edward Phillpotts. Le navire est alors soumis Ă  une campagne d'essais, et fait forte impression sur Winston Churchill de par la puissance et la prĂ©cision des canons de 15 pouces[14]. Le cuirassĂ© rejoint ensuite la 2e escadre de la Grand Fleet ; de mai Ă  septembre, il participe Ă  plusieurs manĹ“uvres avec celle-ci. Mais le , alors qu'il rejoint Rosyth, le Warspite s'Ă©choue dans le Forth, Ă  la suite d'une mauvaise manĹ“uvre de son escorte qui le guide dans un passage rĂ©servĂ© aux navires de petit tonnage. Les dommages faits Ă  la coque sont rĂ©parĂ©s en deux mois, avant que le navire n'intègre la 5e escadre de l'amiral Hugh Evan-Thomas, nouvellement formĂ©e pour les cuirassĂ©s de la classe Queen Elizabeth. Le navire continue nĂ©anmoins Ă  jouer de malchance : le , il entre en collision avec son sister-ship le Barham, Ă  la suite d'une incomprĂ©hension des signaux de vitesse. MalgrĂ© la tempĂŞte et les dĂ©gâts importants, il rĂ©ussit Ă  rentrer Ă  Scapa Flow avant de retourner Ă  Devonport pour rĂ©parations ; il rallie la 5e escadre juste Ă  temps pour NoĂ«l[15].

Bataille du Jutland

Photo en noir et blanc de deux cuirassés faisant route, de la fumée sortant des cheminées du premier.
Le Warspite et le Malaya pendant la bataille du Jutland.

Après le bombardement de Yarmouth et de Lowestoft par les Allemands en , le Warspite et la 5e escadre sont affectés à la Battle Cruiser Fleet du vice-amiral David Beatty afin de la renforcer et de contenter l'opinion publique britannique qui dénonce l'incapacité de la Marine à protéger ses côtes. À la grande joie des marins à bord, le cuirassé quitte alors son mouillage froid et isolé de Scapa Flow pour celui du Firth of Forth, proche d'Édimbourg. Le au soir, la flotte reçoit l'ordre de prendre la mer après l'interception de messages allemands indiquant que la Hochseeflotte a quitté son port de Wilhelmshaven : elle quitte l'embouchure de la Forth à 21 h 30. Ce sont ainsi dix navires qui quittent le port : les six croiseurs de bataille Lion, Princess Royal, Tiger, Queen Mary, New Zealand et Indefatigable, suivis des quatre cuirassés de la 5e escadre, les Barham, Valiant, Warspite et Malaya, ce dernier fermant la marche[16].

Dans l'après-midi du , la 5e escadre de cuirassĂ©s fait route Ă  toute vapeur, Ă  la traĂ®ne derrière les croiseurs de bataille plus rapides. Après une erreur de signaux, les cuirassĂ©s se retrouvent Ă  plus de 10 milles marins (18,5 kilomètres) des croiseurs de bataille, après avoir, Ă  cause de la fumĂ©e, manquĂ© un signal de ces derniers leur demandant de changer de direction pour suivre un panache de fumĂ©e ayant Ă©tĂ© aperçu plus tĂ´t. Se rendant compte de leur erreur, ils coupent vers le sud, mais ne peuvent rattraper leur retard[17]. Ainsi, Ă  15 h 58, les cinq croiseurs de bataille allemands du I. Aufklärungsgruppe ouvrent le feu sur leurs homologues britanniques esseulĂ©s, dĂ©pourvus du soutien des cuirassĂ©s. L'escadre ne rejoint le combat que bien plus tard, après que l'Indefatigable a Ă©tĂ© coulĂ© par le SMS Von der Tann. Elle engage alors trois croiseurs lĂ©gers, les SMS Elbing, SMS Pillau et SMS Frankfurt Ă  plus de 21 000 yards (19 km) : les navires ennemis rĂ©ussissent Ă  prendre la fuite sans avoir Ă©tĂ© touchĂ©s[18]. Peu après, les croiseurs de bataille allemands sont en vue et le feu des cuirassĂ©s britanniques se porte immĂ©diatement sur eux : le Barham et le Valiant concentrent leur tir sur le SMS Moltke pendant que le Warspite, le New Zealand et le Malaya font feu sur le SMS Von der Tann qui se trouve Ă  l'arrière de la ligne de bataille ennemie. Le Warspite rĂ©ussit alors son premier coup au but, sur le SMS Von der Tann[19]. Pendant ce temps-lĂ , le Queen Mary, sous le feu roulant des SMS Seydlitz et SMS Derfflinger, explose et commence Ă  sombrer. Quelques instants plus tard, le Warspite double le croiseur de bataille dont la coque dĂ©passe Ă  peine des flots, ignorant Ă  ce moment-lĂ  qu'il s'agit d'un des siens[20] - [21].

Photo en noir et blanc montrant des hommes accoudés à un bastingage regardant un gros trou dans la coque du navire.
Dégâts causés par un obus après la bataille du Jutland.

Beatty ordonne alors de faire demi-tour afin d'amener les Allemands vers le nord, où se trouve l'amiral John Jellicoe à la tête de sa Grand Fleet. À la suite d'une nouvelle erreur de signalisation[21], la 5e escadre de cuirassés rate la manœuvre et se retrouve à la fois à portée des croiseurs de bataille ennemis mais aussi sous le feu des quatre cuirassés allemands de la classe König : un duel d'artillerie s'engage alors. Le Warspite encaisse ainsi plusieurs obus de 305 mm[22]. Pendant qu'il effectue enfin son demi-tour, un obus du SMS Kaiserin touche sa poupe et bloque son gouvernail : le Warspite commence alors à décrire un grand cercle, manquant de peu de heurter le Barham[23]. Devant l'impossibilité de débloquer son gouvernail ou de compenser le mouvement en s'aidant des hélices, le commandant Phillpotts décide de forcer la vapeur afin de finir son cercle et revenir vers le nord, mais il s'expose alors au feu ennemi. Un second tour est nécessaire avant que l'équipage n'arrive à débloquer le safran et puisse repartir vers le nord : pendant cette longue manœuvre, le Warspite encaisse treize obus ennemis. Dans son malheur, le navire aura protégé malgré lui le croiseur cuirassé Warrior : celui-ci, criblé d'obus ennemis, s'est retrouvé au centre des cercles du Warspite, qui a concentré les tirs ennemis, permettant au croiseur de s'enfuir[24]. Sur ces entrefaites, la Grand Fleet arrive à portée de tir et ouvre le feu, permettant au cuirassé de prendre le large[25].

Ce sont ainsi 29 obus qui ont touchĂ© le navire durant l'engagement, et ont provoquĂ© de tels dĂ©gâts que l'amiral Evan-Thomas lui ordonne d'abandonner le combat et de rentrer Ă  Rosyth[23]. Sur le chemin du retour, alors qu'il est Ă  une centaine de milles du Firth of Forth, le Warspite est attaquĂ© par le U-51 : celui-ci tire deux torpilles que le cuirassĂ© parvient Ă  Ă©viter. Deux heures plus tard, un pĂ©riscope est repĂ©rĂ© Ă  une centaine de mètres Ă  l'avant du navire : le Warspite tente de l'Ă©peronner, mais le U-63, qui rentre d'une patrouille, rĂ©ussit Ă  plonger en urgence et Ă©viter la collision[26]. Ă€ son arrivĂ©e Ă  Rosyth, le cuirassĂ© entre en cale sèche Ă  la place du Queen Elizabeth qui s'y trouvait pour maintenance, et subit deux mois de rĂ©parations[27].

Fin de la guerre

Les réparations terminées, le Warspite réintègre la 5e escadre de cuirassés. Peu après, durant un exercice de tir nocturne, le cuirassé entre en collision avec le Valiant, et retourne à Rosyth pour réparations[28]. Le commandant Philpotts évite le blâme de peu, mais il est débarqué à terre comme assistant du nouveau First Sea Lord, l'amiral Jellicoe. En , le Warspite, à l'ancre à Scapa Flow, est secoué par l'onde de choc provoquée par l'explosion de la soute à munitions du Vanguard[29].

En , le cuirassé rejoint la Grand Fleet et participe à l'infructueuse poursuite de la Hochseeflotte près de la Norvège. Plus tard dans l'année, les dégâts provoqués par l'incendie d'une chaufferie nécessitent quatre mois de réparations[30]. En 1918, le capitaine Hubert Lynes prend le commandement du cuirassé ; le , il escorte ainsi la Hochseeflotte vers Scapa Flow où elle est internée à la suite de la signature de l'armistice[31].

Entre-deux-guerres

De 1919 à 1924, le Warspite intègre la 2e escadre de cuirassés au sein de l'Atlantic Fleet et croise régulièrement en mer Méditerranée. Il participe ensuite à la revue navale annuelle à Spithead, sous les yeux du roi George V[7]. Après une première modernisation (voir supra) qui dure jusqu'en 1926, le cuirassé devient le navire amiral de la Mediterranean Fleet. En 1927, alors aux ordres du commandant James Fownes Somerville, il rentre à Portsmouth pour subir de nouvelles réparations après avoir heurté en mer Égée un récif non cartographié. Le Warspite retrouve l'Atlantic Fleet en 1930. Bien qu'il soit en mer lors de la mutinerie d'Invergordon en , trois marins sont renvoyés du navire peu après. Poursuivi par la malchance, le cuirassé est éperonné au large du Portugal par un navire à passagers roumain en ; aucune réparation n'est cependant nécessaire[32].

De 1934 à 1937, le Warspite retrouve la cale sèche (voir supra) à Portsmouth pour une modernisation approfondie, avant de reprendre du service sous les ordres du capitaine Victor Crutchley. Les essais en mer montrent des problèmes au niveau des machines et du gouvernail, souvenir du coup encaissé lors de la bataille du Jutland. Il était alors prévu que le cuirassé devienne le navire amiral de la Mediterranean Fleet aux ordres de l'amiral Dudley Pound, mais ce rôle échoit au Queen Elizabeth à cause de la durée des réparations nécessaires[10]. Le , le Warspite rejoint enfin la flotte à Grand Harbour, sur l'île de Malte[33]. Le navire passe le reste de l'année à croiser en mer Égée, en mer Adriatique et en Méditerranée, menant de nombreux exercices dans un climat de tension grandissante. En , le vice admiral Andrew Cunningham remplace Sir Dudley Pound et embarque sur le Warspite pour un voyage vers Istanbul afin d'entamer des pourparlers avec le gouvernement turc. Lors de la déclaration de guerre à l'Allemagne en , la Méditerranée étant calme, le cuirassé est rappelé dans des eaux plus septentrionales afin d'intégrer la Home Fleet à la suite de la perte du Royal Oak[34].

Dans l'Atlantique et devant Narvik

photo en noir et blanc de deux navires non loin d'une côte enneigée
Le Warspite, à droite, ouvre le feu sur la côte norvégienne.

En , le Warspite escorte le convoi HX 9, qui fait le voyage de Halifax vers Liverpool[35]. Six jours après le départ, le cuirassé est dérouté afin d'essayer d'intercepter les croiseurs de bataille allemands Scharnhorst et Gneisenau qui viennent de couler le croiseur auxiliaire HMS Rawalpindi au sud-est de l'Islande. Il ne réussit à trouver ni les navires ennemis, ni trace de survivants[36].

Le il intègre la Home Fleet Ă  la suite de l'invasion du Danemark et de la Norvège par l'Allemagne nazie. Le mĂŞme jour, une flottille de destroyers britanniques est envoyĂ©e Ă  Narvik afin d'y affronter les forces allemandes : sur les dix destroyers ennemis prĂ©sents, deux sont coulĂ©s, et les autres sont confinĂ©s au port par manque de carburant : le navire ravitailleur qui devait leur en fournir est en effet coulĂ© par les Britanniques. La Royal Navy dĂ©cide alors d'employer les grands moyens afin de dĂ©truire les huit navires restant mais sans risquer dans les eaux resserrĂ©es d'un fjord le croiseur de bataille, HMS Renown, prĂ©sent sur zone: le vice-amiral Whitworth transfère sa marque sur le Warspite et avec neuf destroyers[note 2], fait route vers la ville. Dans la nuit du 12 au 13, les navires pĂ©nètrent dans l'Ofotfjord ; un Fairey Swordfish de reconnaissance dĂ©colle et repère deux destroyers, puis un troisième. En passant au-dessus du Herjangsfjord plus au nord, l'avion repère un U-boot : il s'agit du U-64, quittant son mouillage Ă  Bjerkvik. Le Swordfish plonge sur le sous-marin et largue deux bombes de 250 livres : l'une d'elles le touche Ă  la base du kiosque, et il coule en moins de 30 secondes, emportant avec lui une douzaine de membres d'Ă©quipage. Il s'agit du premier U-boot coulĂ© par un avion britannique durant la Seconde Guerre mondiale[37]. La bataille navale s'engage alors, et les destroyers britanniques font des ravages dans les rangs allemands. Au cours de la bataille, le Warspite rĂ©ussit Ă  Ă©chapper aux torpilles ennemies : il endommage le Z 17 Diether von Roeder et achève les Z 13 Erich Koellner et Z 12 Erich Giese. La flotte britannique quitte ensuite rapidement le confinement du fjord, oĂą le cuirassĂ© aurait servi de cible facile Ă  d'Ă©ventuels sous-marins et bombardements aĂ©riens. Il ramène Ă  son bord 200 blessĂ©s et huit prisonniers allemands[38]. Le Warspite reste encore plusieurs jours dans les eaux norvĂ©giennes, Ă  la tĂŞte d'une flottille chargĂ©e de bombarder Narvik, en prĂ©lude Ă  un Ă©ventuel assaut amphibie britannique. Il est rejoint par les croiseurs Effingham, Enterprise et Aurora et le porte-avions Furious, mais l'opĂ©ration est un Ă©chec, notamment Ă  cause des mauvaises conditions mĂ©tĂ©orologiques. Le cuirassĂ© quitte ensuite la zone et rentre Ă  Scapa Flow[39].

Au large de l'Italie
Photo d'un homme assis Ă  un bureau, portant un uniforme d'officier de la marine
L'amiral Andrew Cunningham, commandant la Mediterranean Fleet.

Le cuirassé se dirige ensuite vers la mer Méditerranée pour intégrer la Mediterranean Fleet : après une escale à Greenock, il effectue un voyage sans accroc jusqu'à Alexandrie, où il se trouve lorsque l'Italie entre en guerre le . Le lendemain, l'amiral Cunningham prend la mer avec sa flotte afin de patrouiller le long de côtes crétoises et libyennes ; il rentre à Alexandrie le . Le , les Britanniques lancent l'opération Catapult, visant à s'emparer de la flotte française au mouillage à la suite de la signature de l'armistice en juin. L'amiral Cunningham rencontre alors le commandant de la Force X, le vice-amiral René-Émile Godfroy à bord du Warspite : les discussions entre les deux hommes permettent le désarmement pacifique de la flotte française et évitent un combat fratricide en rade d'Alexandrie[40].

Le , l'amiral quitte de nouveau Alexandrie pour aller Ă  la rencontre d'un convoi en provenance de Malte : son but est d'attirer les Italiens vers sa flotte afin de laisser la voie libre aux navires du convoi. ComposĂ©e du Warspite, des deux cuirassĂ©s Royal Sovereign et Malaya, du porte-avions Eagle, de cinq croiseurs et de seize destroyers, l'escadre est avertie dans la journĂ©e du que deux cuirassĂ©s (identifiĂ©s plus tard comme Ă©tant les Giuseppe Garibaldi et Giulio Cesare) et plusieurs croiseurs ennemis se trouvent 200 milles marins (370 km) au nord-ouest de Benghazi. Cunningham dĂ©cide alors de leur couper toute retraite en s'interposant entre l'escadre italienne et leur base de Tarente. Le lendemain, les deux escadres s'affrontent au large de la Calabre[41]. Après une escarmouche entre croiseurs, le Warspite affronte seul les cuirassĂ©s italiens, le Malaya et le Royal Sovereign ne pouvant le suivre car moins rapides. Les Italiens ouvrent le feu Ă  plus de 26 000 yards (24 km) mais manquent le Warspite : celui-ci rĂ©plique et touche le Giulio Cesare en plein milieu, dĂ©truisant plusieurs chaudières et tuant plus de cent marins. Ce coup au but lointain et l'arrivĂ©e des deux autres cuirassĂ©s britanniques poussent la flotte italienne Ă  battre en retraite, les croiseurs et destroyers continuant Ă  Ă©changer quelques coups de canons. MalgrĂ© plusieurs attaques aĂ©riennes inefficaces menĂ©es par la Regia Aeronautica, la flotte britannique retourne Ă  Alexandrie sans encombre, le [42].

Le , le Warspite escorte le porte-avions Illustrious au large de Tarente, en compagnie de plusieurs cuirassĂ©s et destroyers. Cette nuit-lĂ , une vingtaine bombardiers-torpilleurs britanniques endommagent ou coulent plusieurs cuirassĂ©s italiens[43]. Grâce Ă  cette opĂ©ration, mi-dĂ©cembre, le Warspite et le Valiant bombardent le port de Valone, principale base arrière italienne, sans se prĂ©occuper des navires de lignes ennemis, bloquĂ©s au port. Le cuirassĂ© participe ensuite Ă  l'escorte de convois : en , durant l'opĂ©ration Excess, il est endommagĂ© par une bombe de 1 000 livres larguĂ©e par des Stukas. Ă€ la fin du mois, une collision avec le destroyer Greyhound provoque des dommages superficiels[44].

Au large de la Grèce
Photo en noir et blanc d'un hydravion quadrimoteur survolant des îles.
Le Short Sunderland qui a repéré les navires italiens.

En , l'Axe prĂ©pare l'invasion de la Yougoslavie : la Marine italienne est alors chargĂ©e de perturber les lignes de ravitaillement alliĂ©es reliant l'Égypte Ă  la Grèce[45]. Le , le cuirassĂ© Vittorio Veneto, huit croiseurs et une douzaine de destroyers font route vers la Crète, lorsqu'ils sont repĂ©rĂ©s par un Short Sunderland de reconnaissance. Cunningham n'hĂ©site pas et sous couvert de la nuit, prend la mer Ă  bord du Warspite, accompagnĂ© des cuirassĂ©s Valiant et Barham, du porte-avions Formidable et de neuf destroyers d'escorte. Le matin du 28, des croiseurs britanniques viennent au contact de la flotte ennemie et engagent le combat. Cunningham force la vapeur vers le lieu de l'affrontement pendant que des Fairey Albacore ayant dĂ©collĂ© du Formidable mettent en fuite les navires ennemis ; la poursuite s'engage alors[46]. Durant celle-ci, les bombardiers-torpilleurs poursuivent leurs attaques et rĂ©ussissent Ă  toucher le cuirassĂ© italien, qui doit rĂ©duire sa vitesse Ă  15 nĹ“uds (27,8 km/h). Ă€ la nuit tombĂ©e, l'avance italienne a fondu Ă  45 milles marins (83 km). Ă€ la nuit tombĂ©e, les radars britanniques repèrent, au large du cap Matapan, un groupe de navires italiens : il s'agit des croiseurs Zara et Fiume, accompagnĂ©s de deux destroyers, les Vittorio Alfieri et GiosuĂ© Carducci venant prĂŞter main-forte au Pola immobilisĂ© en fin d'après-midi par l'aviation embarquĂ©e ennemie. Sous couvert de la nuit, la flotte britannique s'approche des navires italiens et ouvre le feu Ă  courte distance : les cinq navires sont rapidement coulĂ©s par les obus de 15 pouces britanniques. Ne pouvant rattraper le reste de la flotte italienne, l'amiral Cunningham rentre Ă  Alexandrie, qu'il atteint le , sans avoir essuyĂ© de pertes[47].

Le , l'amiral Cunningham sort d'Alexandrie avec les cuirassés Warspite, Valiant et Barham ainsi que le porte-avions Formidable, les croiseurs Phoebe et Calcutta et plusieurs destroyers : sous couvert d'escorter un convoi, ils se dirigent en fait vers Tripoli afin d'essayer d'enrayer la ligne de ravitaillement de la Deutsches Afrikakorps de Rommel. Tôt dans la matinée, des bombardiers venus de Malte bombardent la ville, des avions du Formidable illuminant le port. Cependant, les mauvaises conditions, la poussière et la fumée dégagées par ces bombardements ne permettent pas aux canonniers des navires britanniques de régler correctement la mire. Malgré plusieurs centaines d'obus tirés, seul un navire de ravitaillement est coulé, et quelques autres navires sont endommagés. Les dégâts provoqués aux installations portuaires sont minimes ; ils seront réparés en deux jours. La flotte britannique rentre saine et sauve mais la mission est considérée comme un échec[48].

Le , l'Axe commence l'invasion de la Crète par un immense assaut amphibie : la capture de l'aĂ©rodrome de Máleme lui permet très vite d'Ă©tablir un pont aĂ©rien. Le Warspite, en compagnie du Valiant, d'un croiseur et de dix destroyers, prend la mer afin de perturber les lignes d'approvisionnement ennemies : le soir du , ils sont en position Ă  environ 100 milles marins (185 km) Ă  l'ouest de la CrĂŞte. Le lendemain, Ă  partir de 1 h 30 le Warspite est la cible d'une attaque aĂ©rienne : une bombe de 250 kilos dĂ©truit un canon de 4 pouces et incendie une batterie de 6 pouces Ă  tribord, tuant 38 hommes dont un officier et en blessant 31 autres. Le cuirassĂ© se retire de la zone de combat et atteint Alexandrie le . Lourdement endommagĂ©, il est envoyĂ© Ă  Bremerton, sur la cĂ´te ouest des États-Unis, afin d'y ĂŞtre rĂ©parĂ©[49].

Dans l'océan Indien

Le cuirassĂ© traverse le canal de Suez puis l'ocĂ©an Indien jusqu'Ă  Ceylan. Après une escale Ă  Manille aux Philippines, il se ravitaille en carburant Ă  Pearl Harbor qu'il quitte le pour arriver six jours plus tard Ă  Esquimalt au Canada : 300 membres d'Ă©quipage quittent alors le bord en permission. Le lendemain, le Warspite rallie Bremerton escortĂ© par un destroyer de l'US Navy et entre en cale sèche au Puget Sound Naval Yard[50]. Les Ă©lĂ©ments endommagĂ©s sont remplacĂ©s et quelques amĂ©liorations sont effectuĂ©es (voir supra). Il est brièvement mis en alerte lors de l'attaque de Pearl Harbor le , dans l'hypothèse d'une attaque japonaise de ce cĂ´tĂ© de l'ocĂ©an. Le , le cuirassĂ© reprend du service et prend la mer le : après une campagne d'essais au large de Vancouver, il arrive Ă  Sydney le [51].

Photo en noir et blanc d'un avion à hélices survolant un navire de guerre
Un Grumman Martlet survole le Warspite au large de Madagascar.

En mars, le navire rallie Trinquemalay oĂą il intègre l'Eastern Fleet de l'amiral James Somerville. Celui-ci dĂ©cide de scinder sa flotte en deux : la Force B et la Force A, cette dernière Ă©tant constituĂ©e de ses navires les plus rapides : le cuirassĂ© Warspite, les porte-avions Indomitable et Formidable, les croiseurs lourds Dorsetshire et Cornwall, les croiseurs lĂ©gers Emerald et Enterprise ainsi que six destroyers[52]. Le , Somerville est averti que la 1re flotte aĂ©rienne japonaise de l'amiral ChĹ«ichi Nagumo aurait pĂ©nĂ©trĂ© dans l'ocĂ©an Indien et se dirigerait vers lui. Il dĂ©cide alors de transfĂ©rer ses forces Ă  1 100 kilomètres au sud-ouest, sur l'atoll d'Addu dans les Maldives. Se sachant en infĂ©rioritĂ© (la Force B est composĂ©e principalement de vieux cuirassĂ©s de la classe Revenge) l'amiral sait que sa force rĂ©side dans la surprise et pense lancer une attaque aĂ©rienne nocturne de bombardiers-torpilleurs sur la flotte ennemie[53]. Celle-ci est repĂ©rĂ©e le et la Force A se met en position. La lendemain, la flotte japonaise lance son raid sur Ceylan, dĂ©truisant plusieurs navires britanniques, dont le Cornwall et le Dorsetshire qui Ă©taient partis pour Colombo pour y ĂŞtre carĂ©nĂ©s. La position exacte des navires japonais restant floue malgrĂ© les nombreux rapports visuels aĂ©riens, Somerville dĂ©cide d'attendre plus d'informations avant de lancer ses avions afin qu'ils ne partent pas Ă  l'aveugle. Les forces A et B finissent par se rejoindre au matin du et patrouillent vers l'est : les navires de Nagumo s'Ă©tant Ă©loignĂ©s de la zone une fois le raid terminĂ©, les Britanniques, bredouilles, arrĂŞtent leurs recherches deux jours plus tard et se retirent vers Addu. Somerville dĂ©cide alors d'envoyer la Force B en Afrique de l'Est afin d'y protĂ©ger les convois pendant que la Force A fait route vers Bombay pour protĂ©ger les eaux indiennes des raids japonais. Ceux-ci quittent nĂ©anmoins l'ocĂ©an Indien quelques jours après avoir bombardĂ© Trinquemalay, et les Britanniques rallient Port Kilindini au Kenya[54].

Le cuirassé et la flotte passent quelques mois dans la zone, patrouillant au large des eaux malgaches et menant plusieurs exercices. En juin, il participe à la recherche des deux croiseurs auxiliaires japonais Aikoku Maru et Hōkoku Maru dans l'archipel des Chagos mais l'opération est un échec. Le mois suivant, une opération de diversion est montée afin de préparer le débarquement à Guadalcanal : il s'agit de simuler une attaque des îles Andaman dans le but de détourner l'attention des forces ennemies. Le Warspite couvre ensuite le débarquement allié à Madagascar en septembre, avant de rallier Durban en octobre pour faire changer son radar Type 271 par un Type 273. Les mois suivants, le navire est basé à Kilindini et patrouille dans l'ouest de l'océan Indien, passant sous les ordres du commandant Herbert Packer[55]. Le , après un bref passage par Durban pour un carénage, le Warspite, escorté par quatre destroyers, fait route vers l'Europe et l'estuaire de la Clyde : il arrive à Greenock le , trois ans après avoir quitté les eaux britanniques[56].

Retour en Méditerranée

photo d'un canon de navire faisant feu
Le Warspite bombardant Catane.

Durant le voyage, les problèmes de gouvernail dus à l'obus allemand de la bataille du Jutland refont surface : le Warspite fait ainsi escale à Glasgow après avoir quitté Greenock, afin d'essayer de régler cela. Le cuirassé se dirige ensuite vers Scapa Flow, où il est préparé pour le rôle qui sera le sien jusqu'à la fin du conflit : le bombardement côtier. Le , la Force H quitte l'Écosse pour Gibraltar ; elle est composée des cuirassés Warspite, Nelson, Rodney, Valiant, du porte-avions Indomitable et d'une escorte de destroyers[57]. Le Warspite quitte ensuite Gibraltar le en compagnie du cuirassé Valiant et du porte-avions Formidable et arrive à Alexandrie le ; ces trois navires forment le cœur de la Division 2 de la Force H, chargée de couvrir le débarquement en Sicile. Le elle rejoint la Division 1 au sud de Malte, où le cuirassé fait une escale remarquée deux jours plus tard : il s'agit du premier cuirassé britannique à mouiller sur l'île depuis près de trois ans. Le , le navire est en route pour bombarder Catane lorsque son problème de gouvernail réapparaît : il se met à entamer une courbe serrée, manquant de peu d'entrer en collision avec un destroyer d'escorte. Il rejoint néanmoins la zone et chaque tourelle tire quatorze obus avant que le navire ne rentre à Malte. L'incident vaut au capitaine Packer un compliment plein d'humour de la part de l'amiral Cunningham, qui fera gagner au Warspite son surnom de « Old Lady »[58] : « Opération rondement menée. Il n'y a pas à dire : lorsque la vieille dame retrousse ses jupons, elle court[note 3] ». Durant l'invasion alliée, la flotte reste cantonnée à Malte en attente d'ordres qui ne viendront pas : mi-août, la Sicile est entièrement conquise. Durant cette période, le Warspite reçoit la visite impromptue de l'artiste Noël Coward, et le capitaine en profite pour diffuser son film Ceux qui servent en mer à ses hommes[59].

Photo en noir et blanc de trois hommes dont l'un est au téléphone et l'autre regarde dans des jumelles
Le capitaine Packer (Ă  droite) supervisant le bombardement sur Reggio.

Le , le Warspite et le Valiant traversent le détroit de Messine pour bombarder des fortifications ennemies au sud de Reggio de Calabre. Le 7, la Force H prend position dans la baie de Naples afin de bombarder les positions allemandes à Salerne en préparation du débarquement. Durant les deux jours qui suivent, le navire est la cible de nombreuses attaques aériennes, mais ne subit aucun dégât. C'est alors que parvient au navire la nouvelle de la reddition de l'Italie : les conditions de l'armistice prévoient que les navires de la flotte italienne doivent rejoindre les ports alliés afin d'éviter d'être saisis ou démolis par les Allemands. Ainsi, le , à 8 h, plusieurs navires italiens dont les cuirassés Vittorio Venetto et Italia rejoignent la flotte britannique qui les escorte vers Malte. Un autre aller-retour est effectué quelques jours plus tard pour interner d'autres navires à Malte ; parmi eux, le Giulio Cesare, que le Warspite avait endommagé en 1940. En tout, ce sont cinq cuirassés, neuf croiseurs, quatorze destroyers, dix-neuf torpilleurs et trente-cinq sous-marins qui sont saisis[60].

MalgrĂ© la capitulation italienne, les Allemands continuent le combat : le Warspite et le Valiant, qui devaient rentrer en Europe, sont dĂ©routĂ©s vers Salerne afin que leur puissance de feu soit mise Ă  contribution. Le , les cuirassĂ©s sont en position au large des plages de dĂ©barquement : pendant toute la journĂ©e, le Warspite pilonne l'artillerie, les chars et les troupes allemandes dans les collines italiennes pendant que ses canons antiaĂ©riens tirent en continu sur les bombardiers ennemis. Le soleil se couchant, il se retire de la zone mais continue Ă  faire face Ă  de nombreuses attaques aĂ©riennes durant la nuit. Le lendemain matin, il retourne Ă  son poste et reprend ses tirs ; leur prĂ©cision dĂ©vaste les rangs ennemis, et les Allemands dĂ©cident de couler le cuirassĂ© une bonne fois pour toutes. Vers 14 h, alors que celui-ci se retire, une douzaine de chasseurs-bombardiers Focke-Wulf Fw 190 fondent sur lui, dĂ©clenchant un intense barrage d'artillerie antiaĂ©rienne. Pendant ce temps, un bombardier Dornier Do 217 allemand lâche, Ă  20 000 pieds (6 100 m) d'altitude, trois bombes planantes Fritz X sur le cuirassĂ© : l'une d'elles le touche près de la cheminĂ©e, dĂ©truisant tout sur son passage et creusant un trou de 7 mètres de diamètre dans la coque ; une seconde explose dans l'eau, dĂ©chirant le bulbe anti-torpilles tribord ; la troisième manque sa cible[61]. Le Warspite, gravement endommagĂ©, est alors rejoint par le croiseur Delhi qui lui fournit une couverture antiaĂ©rienne, pendant que plusieurs remorqueurs amĂ©ricains puis britanniques le tirent vers Malte ; durant le trajet, aucun avion ennemi n'apparaĂ®t pour achever cette cible facile. Le vers 8 h, le cuirassĂ© atteint l'Ă®le. L'attaque aura fait neuf morts et quatorze blessĂ©s[55].

En cale sèche à Malte, le Warspite est inspecté et il est finalement décidé de le réparer : les installations étant insuffisantes, le cuirassé doit quitter l'île. Le , il part ainsi pour Gibraltar, première étape de son long périple de retour en Europe. Escorté par plusieurs destroyers, le navire file 7 nœuds (13 km/h) avant que quatre remorqueurs ne prennent le relais, ses machines flanchant. Il atteint le Rocher une semaine plus tard, et y reste en cale sèche pendant plusieurs mois pour les premières réparations. Le cuirassé quitte finalement la Méditerranée en , et après un bref passage par la Clyde, il atteint Rosyth le [62].

Dans l'Atlantique nord

Photo en noir et blanc d'un navire faisant feu, de la fumée noir s'élevant au-dessus des canons
Le Warspite bombardant des positions près de Caen le . On peut remarquer que la tourelle X est inutilisée.

Ă€ Rosyth, sa tourelle X[note 4] est condamnĂ©e et le trou provoquĂ© par la bombe allemande est comblĂ© grâce Ă  un caisson en bĂ©ton. Le , le Warspite quitte Greenock en compagnie du cuirassĂ© Ramillies, du monitor Roberts, des croiseurs Mauritius, Arethusa, Danae, Dragon et Frobisher et de plusieurs destroyers afin de rejoindre l'Eastern Task Force. Cette force navale est chargĂ©e de couvrir le dĂ©barquement de la 3e division d'infanterie britannique sur Sword Beach. Le , Ă  5 h, le Warspite, alors positionnĂ© Ă  11 milles marins (20 km) Ă  l'ouest du Havre, commence Ă  bombarder la batterie de Villerville[55] : il est le premier navire Ă  ouvrir le feu lors du dĂ©barquement de Normandie[63]. Très vite, trois torpilleurs allemands sortent du Havre et lancent 17 torpilles sur la flotte alliĂ©e : un destroyer norvĂ©gien est coulĂ©, et une torpille passe entre le Warspite et le Ramillies, qui sont Ă©pargnĂ©s. Le Warspite bombarde les cĂ´tes françaises durant deux jours, tirant plus de 300 obus ; il retourne Ă  Portsmouth le afin d'y ĂŞtre ravitaillĂ©.

De retour au large des cĂ´tes normandes le , il prĂŞte main-forte Ă  l'USS Arkansas, Ă  court de munitions, et tire 96 obus de 15 pouces en deux heures cet après-midi-lĂ . Deux jours plus tard, le cuirassĂ© est positionnĂ© au large de Gold Beach afin de fournir un appui-feu Ă  la 50e division d'infanterie britannique, dĂ©truisant des chars et de l'infanterie allemandes cachĂ©s dans un bois. Le , ses canons usĂ©s, le Warspite fait route vers Rosyth pour les remplacer. Il passe alors dans le pas de Calais, devenant le premier cuirassĂ© britannique Ă  le traverser depuis le dĂ©but de la guerre. Il rĂ©ussit Ă  passer au travers des tirs de batterie allemands, mais, au matin du , il heurte une mine environ 30 milles marins (56 km) Ă  l'est de Harwich. Aucune victime n'est Ă  dĂ©plorer, mais les dĂ©gâts sont considĂ©rables : le gouvernail est bloquĂ©, et de l'eau s'infiltre dans le navire, qui commence Ă  gĂ®ter sur bâbord. Le Warspite est rĂ©Ă©quilibrĂ© en inondant plusieurs caissons, et une heure plus tard il reprend sa route ; il arrive Ă  Rosyth le [64].

En mauvais Ă©tat, le Warspite n'a plus vocation qu'Ă  ĂŞtre une batterie flottante afin de fournir un appui-feu aux troupes Ă  terre : ses canons de 15 pouces sont ainsi remplacĂ©s, mais seuls trois des quatre arbres d'hĂ©lices endommagĂ©s par la mine sont rĂ©parĂ©s. Après un court entraĂ®nement et un arrĂŞt Ă  Plymouth, le cuirassĂ© est de nouveau opĂ©rationnel fin aoĂ»t[65]. Ă€ ce moment-lĂ , les AlliĂ©s tentent de prendre Brest, oĂą la rĂ©sistance allemande est farouche. Le , le Warspite prend position au large d'Ouessant et bombarde des batteries ennemies situĂ©es Ă  Saint-Mathieu et au Conquet, tirant pas moins de 213 obus de 15 pouces, mais sans faire beaucoup de dommages. Le , en compagnie du monitor Erebus, le cuirassĂ© pilonne Le Havre lors de l'opĂ©ration Astonia : couvrant les 49e et 51e divisions d'infanterie britanniques, les deux navires tirent environ 300 obus Ă  eux deux[55]. Le , le navire participe Ă  sa dernière opĂ©ration : en compagnie des monitors Roberts et Erebus, il bombarde l'Ă®le nĂ©erlandaise de Walcheren lors de l'opĂ©ration Infatuate, tirant 353 obus de 15 pouces. Il quitte la zone le lendemain et rentre Ă  Deal, puis Ă  Spithead[66].

Fin de carrière et échouement

Photo d'un pieu en bois planté dans une colline verdoyante en bord de mer.
Plaque commémorative à Prussia Cove.
Photographie d'un texte gravé dans un bloc de granit, servant de mémorial.
MĂ©morial Ă  Marazion.

Au début du mois de , l'Amirauté décide de placer le cuirassé en réserve, à Spithead. Fatigué par les deux guerres mondiales, le Warspite est trop vieux et trop abîmé : la refonte complète nécessaire à son retour en première ligne n'en vaut pas la chandelle. En , le navire retourne à Portsmouth afin que ses canons, ainsi que tout ce qui est encore récupérable, soient démontés. Le , malgré des appels à le transformer en navire musée, le cuirassé est vendu à la British Iron & Steel Corporation, qui confie sa démolition à Metal Industries à Faslane[55].

Le , le navire est de nouveau remorqué à Spithead, puis le mois suivant, deux remorqueurs le tirent vers sa destination finale, dans l'embouchure du Gare Loch en Écosse. Le , une tempête sévit dans la Manche : au large de Land's End, le cuirassé casse son aussière. Une nouvelle est malgré tout mise en place et, devant la violence de la tempête, le navire est remorqué dans Mount's Bay où il jette l'ancre au large de Penzance. Le , il se libère de son ancre et vient s'échouer dans Prussia Cove : éventré, le navire se remplit et commence à couler. Les huit membres de l'équipage à son bord sont évacués par le navire de sauvetage de la RNLI : le cuirassé reste ainsi pendant plusieurs années, battu par les flots[67].

En 1950, une tentative de sauvetage est effectuĂ©e par la Wolverhampton Metal Company Ltd afin de rĂ©cupĂ©rer les 25 000 tonnes restantes du navire. Le , après avoir Ă©tĂ© renflouĂ©, le Warspite est remorquĂ© hors de sa position près de Prussia Cove. Mais peu après, l'aussière s'enroule dans l'hĂ©lice du remorqueur, et l'ancien cuirassĂ© s'Ă©choue de nouveau. Après rĂ©flexion, il est dĂ©cidĂ© d'abandonner toute tentative de le ramener vers un chantier de dĂ©molition, et la dĂ©construction commence sur place. Elle dure jusqu'en 1953, après que la carcasse du navire a Ă©tĂ© rapprochĂ©e du rivage et presque entièrement dĂ©sossĂ©e[68].

Dans les années 1990, l'association des vétérans du navire fait construire un mémorial sur le rivage, à Marazion. Une plaque est aussi visible en face de Prussia Cove, en face de l'endroit où le cuirassé s'est échoué[69].

Honneurs de bataille

Le HMS Warspite (03) a reçu quatorze honneurs de bataille[55] :

Notes et références

Notes

  1. Dans le système de désignation de la Royal Navy, la tourelle A est la première en partant de l'avant du navire.
  2. Les HMS Bedouin, Cossack, Punjabi, Eskimo, Kimberley, Hero, Icarus, Forester et Foxhound.
  3. (en) « Operation well carried out. There is no doubt that when the old lady lifts her skirts she can run. »[1]
  4. Dans le système de désignation de la Royal Navy, la tourelle X est la seconde en partant de l'arrière du navire.

Références

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  2. Gardiner et Gray 1985, p. 33.
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  68. (en) The National Archives, « Records of the HMS Warspite project by The Wolverhampton Metal Company Ltd », Walsall Local History Centre (consulté le ).
  69. Ballantyne 2013, p. 200.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Iain Ballantyne, Warspite, From Jutland Hero to Cold War Warrior, Barnsley (Royaume-Uni), Pen & Sword Maritime, (ISBN 978-1-84884-350-9)
  • (en) R. A. Burt, British Battleships of World War One, Annapolis (Maryland), Naval Institute Press, (ISBN 0-87021-863-8)
  • (en) Andrew Cunningham, A Sailor's Odyssey, Hutchinson,
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Articles connexes

Liens externes

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