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Opération Astonia

L’opération Astonia fut une bataille menée du 10 au 12 septembre 1944, peu après la fin de la bataille de Normandie, durant l'avance des Alliés de Paris au Rhin, pendant la Seconde Guerre mondiale. L'objectif des Alliés était la capture du port du Havre, occupé par les forces allemandes. L'attaque de cette place forte, alors décrite par le Field Marshal britannique Bernard Montgomery comme « l'une des plus fortifiées du mur de l'Atlantique », consista en une combinaison d'éléments tant des forces armées canadiennes que britanniques, avec la participation d'unités navales et aériennes, qui fut qualifiée de « modèle d'opération combinée » grâce à la victoire en seulement trois jours après le premier assaut[1].

Opération Astonia
Description de cette image, également commentée ci-après
blockhaus du mur de l'Atlantique
Informations générales
Date 10 septembre 1944 – 12 septembre 1944
Lieu Le Havre, Normandie, France
Issue Victoire Alliée
Commandants
Drapeau du Canada Harry Crerar
Drapeau du Royaume-Uni Percy Hobart
Drapeau du Royaume-Uni Evelyn Barker
Drapeau du Royaume-Uni T.G.Rennie
Drapeau de l'Allemagne nazie Eberhard Wildermuth
Forces en présence
45 000 hommes, appuyĂ©s par des vĂ©hicules spĂ©cialisĂ©sau moins 12 000 hommes
Pertes
moins de 500 morts, 35 véhicules blindés600 morts
11 300 prisonniers

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Historique

Le , les troupes alliées débarquèrent sur plusieurs plages du nord-est du Cotentin et de l'ouest du Calvados, à 150 km à l'ouest du Havre. C'était le début de l'opération Overlord, dont le but était la création d'une grande tête de pont dans le nord-ouest de l'Europe, prélude à la libération du continent. Pour cela il fallait capturer quatre ports[2] de la côte française, afin de permettre le renfort et l'approvisionnement des forces alliées sur le front de l'Ouest. Le premier port libéré fut celui de Cherbourg mais gravement endommagé. Après la bataille de Normandie, le port de Dieppe est libéré par la 2e division d'infanterie canadienne le , Le Havre étant la prochaine cible[2].

Le Havre Ă©tait considĂ©rĂ© comme une des plus solides fortifications du mur de l'Atlantique, avec une sĂ©rie de dĂ©fenses naturelles efficaces ; des Ă©tendues d'eau bloquaient complètement l'accès par le sud, l'est et l'ouest[2]. Le cĂ´tĂ© nord du port Ă©tait fortement fortifiĂ©, avec un fossĂ© antichar large de 3 mètres et profond de 6-7 mètres barrant l'accès, des bunkers emplis de mitrailleuses, des canons antichars et 1 500 mines[2]. Les services de renseignements estimaient qu'il y avait dans la ville entre 7 300 et 8 700 soldats, dont 4 000 soldats d'artillerie, 1 300 personnels navals et le reste comprenant de l'infanterie et un bataillon du 36e RĂ©giment de Grenadiers[2].

Dernier ultimatum

Le , le commandement britannique lance son ultimatum à la garnison dirigée par le colonel Eberhard Wildermuth. Les Britanniques notent la demande du colonel Wildermuth d'évacuer la population civile, mais ils vont tenter une pression morale et psychologique supplémentaire sur celui-ci, en refusant l'évacuation: Toutefois, l'ultimatum est rejeté.

Préparatifs

Le Monitor HMS Erebus en 1944.

Le plan consistait Ă  bombarder massivement Ă  l'artillerie pour fragiliser les fortifications. Deux navires de la Royal Navy, l'HMS Warspite et l'HMS Erebus[3], bombardèrent le port durant plusieurs jours, tirant plus de 4 000 tonnes d'obus[1]. De plus, les avions de la Royal Air Force attaquèrent durant 3 jours (5, 6 et ) , les 1 900 bombardiers engagĂ©s larguant 8 200 tonnes de bombes sur la ville[2].

Assaut sur Le Havre

L'assaut commença Ă  17 h 45 le , des bateaux attaquant les batteries dĂ©fendant le port pendant que des bombardiers de la RAF larguaient environ 5 000 tonnes de bombes, 90 minutes avant l'assaut de deux divisions[4]. L'attaque Ă©tait divisĂ©e en deux phases : d'abord pĂ©nĂ©trer les dĂ©fenses allemandes pour permettre Ă  d'autres troupes d'attaquer puis agrandir ces brèches et capturer la ville. Avec l'aide des unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es de la 79e division blindĂ©e et du 1er rĂ©giment canadien de transports blindĂ©s, comme les Kangaroos et les vĂ©hicules Sherman Crab, la première partie de l'assaut se dĂ©roula rapidement, avec des trouĂ©es dans les champs de mines et des brèches dans les fossĂ©s antichars[2]. La 49e division d'infanterie (« West Riding ») fut la première Ă  ouvrir une brèche dans le pĂ©rimètre nord-est du Havre, suivie par la 51e division d'infanterie (« Highland »)[4]. L'assaut fut cependant coĂ»teux, avec la perte par la 79e division blindĂ©e de 29 tanks Crab et de 6 AVRE.

Cette première phase se poursuivit le lendemain avec le support de plusieurs avions et vĂ©hicules blindĂ©s, et les derniers bastions des dĂ©fenses extĂ©rieures allemandes se rendirent finalement Ă  14 h après la menace d'user des chars lance-flammes Churchill Crocodile. Le troisième jour, le centre-ville fut libĂ©rĂ© par des Ă©lĂ©ments des deux divisions et le commandant de la garnison allemande rendit officiellement le port Ă  11 h 45 ; 12 000 soldats allemands furent capturĂ©s et faits prisonniers de guerre[2] - [4].

Bilan

Le port a Ă©tĂ© capturĂ© par les AlliĂ©s avec peu de pertes. Cependant, les pertes civiles furent importantes de par les raids aĂ©riens et l'artillerie qui dĂ©truisirent 350 bateaux et 18 kilomètres de docks, mais Ă©galement 15 000 bâtiments, ce qui rĂ©duisit considĂ©rablement le potentiel de ce port en tant que "point de ravitaillement".

Le général John Crocker, dirigeant cette opération, déclarera le , en contemplant, le déversement des bombes : « ce n'est pas la guerre, c'est un meurtre[5] ». Toutefois, avant l'attaque, le général Ray Barker commandant la 49e division, va recommander de ne pas se livrer à des bombardements qui n’étaient pas nécessaires pour prendre la ville[6]. Toutefois, il estimera que le succès de cette opération est dû à la réussite de ces bombardements.

L'officier britannique William Douglas-Home fut emprisonné après son refus de participer à cette opération, refus lié à l'interdiction faite aux civils de pouvoir évacuer.

Pertes matérielles

Outre le port et parmi les 15 000 bâtiments dĂ©truits, on note :

  • L'hĂ´tel de ville[7]
  • L'Ă©glise Saint-Michel[8]
  • L'Ä—glise Saint-Joseph
  • Le Grand théâtre
  • Le MusĂ©um d'histoire naturelle
  • Le MusĂ©e des beaux-arts

Pertes humaines

Les pertes humaines s’élèvent à:

  • Près de 400 officiers et soldats pour les Britanniques.
  • 600 tuĂ©s pour les Allemands.
  • Plus de 5 000 morts parmi les civils, avec 35 000 sinistrĂ©s complets et 65 000 sinistrĂ©s partiels.

Références

  1. (en) Terry, « Cinderella Army », Université de Toronto Press, (consulté le ), p. 59
  2. (en) Jan Hyrman, « Clearing the Channel Ports: Operation Astonia - The Capture of Le Havre » (consulté le )
  3. Le premier est un cuirassé, le second, un monitor. Ils sont tous les deux équipés de canons de 381 mm, qui envoient des obus de 870 kg.
  4. Montgomery, p. 134.
  5. Ce jour-là : 12 septembre 1944 : Le Havre est (enfin….) libéré
  6. septembre 1944, jours d'apocalypse
  7. L'HĂ´tel de ville avant guerre
  8. L'Ă©glise Saint-Michel

Bibliographie

  • (en) Field Marshal Bernard Montgomery, Normandy to the Baltic, Grey Arrow, (1re Ă©d. 1948)
  • (en) Terry Copp (trad. de l'anglais), The Canadians in Northwest Europe, 1944-1945, Toronto, University of Toronto Press, , 407 p. (ISBN 978-0-8020-3925-5, LCCN 2006284975, lire en ligne)
  • (en) Patrick Delaforce (trad. de l'anglais), Churchill's Secret Weapons : The Story of Hobart's Funnies, Londres, Robert Hale Ltd, (1re Ă©d. 1998), poche (ISBN 978-0-7090-6722-1, OCLC 43968785)
  • (en) Patrick Delafoce (trad. de l'anglais), The Polar Bears : Monty's Left Flank : From Normandy to the Relief of Holland with the 49th Division, Londres, Chancellor Press, (1re Ă©d. 1995) (ISBN 978-0-7537-0265-9, OCLC 59457701)
  • Eddy Florentin, Le Havre 44 Ă  feu et Ă  sang, Paris, Presse de la CitĂ©, , 542 p. (ISBN 2-258-00155-2)
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