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Bataille du cap Matapan

La bataille du cap Matapan qui se déroule le est une bataille navale entre la marine italienne et la Royal Navy au large du Ténare (ou cap Matapan) dans le sud du Péloponnèse, lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle marque une transition entre le combat naval de la Première Guerre mondiale, où le cuirassé était roi, et celui de la deuxième, où le porte-avions va démontrer sa supériorité.

Bataille du cap Matapan
Informations générales
Date
Lieu Près de Ténare, Grèce
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Royaume d'Italie
Forces en présence
1 porte avions
3 cuirassĂ©s
7 croiseurs lĂ©gers
17 destroyers
1 cuirassĂ©
6 croiseurs lourds
2 croiseurs lĂ©gers
17 destroyers ou torpilleurs
Pertes
4 croiseurs lĂ©gers lĂ©gèrement endommagĂ©s[1]
1 bombardier torpilleur perdu
1 avion
3 morts
1 cuirassĂ© endommagĂ©
3 croiseurs lourds
, 2 destroyers, 2 torpilleurs coulĂ©s
> 2 300 morts

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Campagne de la Méditerranée

1940

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1943

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1945

Mer Ligure


CoordonnĂ©es 35° 21′ 00″ nord, 22° 00′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Bataille du cap Matapan

Prélude

La marine italienne constitue pour Benito Mussolini sa grande fiertĂ©, et il veut dĂ©montrer que l'Italie est la puissance dominante en MĂ©diterranĂ©e. Il tente de prendre l'Égypte mais Ă©choue, tout comme en Grèce oĂą il est contraint d'appeler Ă  l'aide le Troisième Reich. Ă€ l'Ă©poque, la Regia Marina possède 4 cuirassĂ©s, 9 croiseurs, 120 contre-torpilleurs et torpilleurs, 117 sous-marins[2]. La faiblesse de cette marine rĂ©side dans son absence de porte-avions : le Duce considère que les bases aĂ©riennes italiennes sont suffisantes pour assister sa marine, malgrĂ© la faiblesse de l'aviation.

De leur côté, les Britanniques sont inférieurs en nombre en Méditerranée et leurs navires sont plus anciens que ceux des Italiens. Mais l'Amirauté y a transféré un porte-avions et des cuirassés, ainsi que des croiseurs dotés de radars, moyen de détection nouveau qui démontrera bientôt sa grande utilité. Si ces navires ont parfois besoin d'une refonte, leurs équipages bénéficient d'une forte culture maritime et sont rompus aux exercices en haute mer, là où les marins italiens manquent d'expérience[3]. La Mediterranean Fleet se trouve basée à Alexandrie, jugée plus sûre que Malte.

Situation du théâtre d'opération

Cela fait déjà plusieurs mois qu'a commencé le siège de Malte, île considérée comme un porte-avions par l'Amirauté britannique. Elle est une épine dans le pied de l'Axe qui y voit une base navale et aérienne dangereuse pour ses convois à destination de la Libye. L'Italie y multiplie donc les raids aériens, et l'île ne peut être ravitaillée que par voie maritime, menacée par l'aviation et les sous-marins.

Le la marine italienne doit faire face aux débarquements britanniques de matériels et d'hommes en Grèce qui viennent aider le peuple hellène à la suite de l'invasion du pays (27-). Elle doit démontrer sa puissance et se résout à tenter d'intercepter un convoi qui fait route d'Alexandrie au Pirée.

La flotte italienne qui appareille pour cette mission comprend :

La flotte appareille donc le , divisĂ©e en deux groupes : le premier comprend le cuirassĂ© et les croiseurs Trento, Trieste et Bolzano avec 7 destroyers. L'amiral Sansonetti commande 3 contre-torpilleurs et les 3 croiseurs. L'autre groupe est commandĂ© par l'amiral Cattaneo et comprend les croiseurs Zara, Fiume, Pola, Abruzzi et Garibaldi soutenus par 6 escorteurs. Le groupe de Iachino part patrouiller aux alentours de l'Ă®le de Gavdos, celui de Cattaneo va patrouiller en mer ÉgĂ©e.

Enigma

Grâce au déchiffrage d'un message radio Enigma de la Marine italienne par les décodeurs de Bletchley Park (notamment Mavis Lever), l'amiral Andrew Cunningham dirigeant la Mediterranean Fleet est mis au courant de cet appareillage de la marine italienne, et fait alors rappeler le convoi et appareiller le les navires suivants :

L'amiral Andrew Cunningham

Le 27 mars, Ă  12 heures, la flotte italienne est repĂ©rĂ©e Ă  150 km au sud-est de la Sicile[4] par un hydravion britannique Short S.25 Sunderland, envoyĂ© par le commandement britannique pour que les Italiens ne se doutent pas que leurs codes ont Ă©tĂ© cassĂ©s et pensent que la dĂ©couverte de leur flotte est due Ă  une observation aĂ©rienne. Ainsi, la situation italienne se complique : Ă  la suite de ce repĂ©rage, Iachino sait qu'il devra se mesurer Ă  la flotte britannique, dont il ne connaĂ®t pas encore la position, et le haut-commandement italien lui a demandĂ© de n'attaquer qu'avec une situation extrĂŞmement favorable et avec un soutien de l'aviation qu'il ne peut obtenir que sur demande. Respectant le grand principe de non-dispersion des forces, Iachino demande Ă  Cattaneo de le rallier.

Cependant les cuirassĂ©s comme les croiseurs britanniques souffraient de leur anciennetĂ© (le Barham n'avait pas Ă©tĂ© modernisĂ© depuis la bataille du Jutland[5] en 1916). Ils Ă©taient pĂ©nalisĂ©s par une vitesse infĂ©rieure, et le porte-avions Formidable embarquait seulement 27 avions Swordfish et Albacore. MĂŞme les destroyers qui Ă©galaient leurs Ă©quivalents italiens par leur calibre d'artillerie ne pouvaient rivaliser en termes de vitesse maximale, avec 35 nĹ“uds (65 km/h) contre 39 nĹ“uds (72 km/h).

La bataille

Le 28 mars

En cette journĂ©e du , 3 croiseurs britanniques (HMS Orion, HMS Gloucester, HMS Ajax), le croiseur australien HMAS Perth, et 4 destroyers dirigĂ©s par l'amiral Pridham-Wippell appareillent du PirĂ©e pour prendre en charge la dĂ©fense du convoi en retraite. Ă€ ce moment, la flotte italienne est divisĂ©e en deux groupes naviguant Ă  18 kilomètres l'un de l'autre. Un hydravion italien repĂ©re la petite flotte britannique et Iachino accĂ©lĂ©re sa vitesse dans cette direction, pensant trouver le convoi. Ainsi, Sansonetti arrive Ă  une vingtaine de kilomètres des Britanniques. Ces derniers, ignorant le nombre de navires ennemis, prennent le large en Ă©chappant aux tirs des croiseurs italiens[4]. Poursuivi par ceux-ci, Pridham-Wippell se dirige Ă  185 km au sud pour rejoindre Cunningham, espĂ©rant piĂ©ger les croiseurs adverses. Ces derniers prennent une route parallèle aux Britanniques puis abandonnent la poursuite. Non loin de la zone de combat se trouve la flotte de Cattaneo qui nĂ©anmoins se replie sur ordre de Iachino.

Les Britanniques pensent alors que l'adversaire abandonne le combat car Ă©tant infĂ©rieur en nombre et se mettent Ă  poursuivre les croiseurs italiens, mais ils sont pris sous le feu du cuirassĂ© Vittorio Veneto Ă  une distance d'environ 20 000 m. Les navires britanniques Ă©tant lĂ©gèrement moins rapides dans leurs dĂ©placements que ceux des Italiens, Cunningham se trouvd encore Ă  plus de 150 km de la zone de combat. Avec seulement quatre croiseurs, l'amiral Pridham n'a aucune chance d'Ă©chapper Ă  un combat contre le cuirassĂ©. Le chef de la Mediterranean Fleet apprenant le drame qui se joue envoie une escadrille composĂ©e de deux Fairey Fulmar et six Fairey Albacore, qui abattent deux Junkers Ju 88, et tentent ensuite vainement de torpiller le cuirassĂ© italien.

Les croiseurs britanniques s'enfuirent et les italiens font demi-tour, comprenant qu'un porte-avions Ă©tait dans le secteur. L'amiral Iachino met alors le cap au nord-ouest.

L'aviation en action

Carte de la zone du combat

L'amiral Cunningham décide alors de lancer à l'avant de sa flotte le porte-avions HMS Formidable et deux destroyers. Trois Albacore attaquent de nouveau vainement le cuirassé italien. L'aviation italienne est appelée à l'aide, et peu avant 13 h deux Savoia-Marchetti SM.79 lancent deux torpilles sur le porte-avions, sans réussite.

À 14 h les deux groupes britanniques sont réunis, et Iachino continue sa retraite, craignant une nouvelle attaque aérienne. Cunningham fait appel à la RAF, qui envoie des bombardiers Bristol Blenheim dont les bombes n'obtiennent aucun résultat.

Le porte-avions HMS Formidable

Le Formidable lance Ă  nouveau ses avions torpilleurs Albacore couverts par les Fairey Swordfish, mais toutes les attaques Ă©chouent Ă  l'exception de celle du commandant Stead, chef de l'escadrille : il largue sa torpille Ă  seulement 900 m du cuirassĂ©, avant de s'Ă©craser en mer, touchĂ© par la DCA. A cette distance, le cuirassĂ© ne peut Ă©viter la torpille, qui explose au-dessus de l'hĂ©lice bâbord, obligeant le navire Ă  stopper ses machines, et prenant une lĂ©gère gĂ®te. Une fois ses moteurs relancĂ©s, il ne peut dĂ©passer une vitesse de 12 nĹ“uds (soit environ 22 km/h). Les 3 cuirassĂ©s britanniques sont Ă  peine plus rapides, et malgrĂ© des machines poussĂ©es au maximum sont Ă  85 km du Vittorio. Les croiseurs lĂ©gers britanniques, plus rapides, obtiennent un contact radar Ă  19 h 25. Les six Albacore et les deux Swordfish du Formidable sont renvoyĂ©s au combat. La DCA italienne leur oppose un tir de barrage qui les contraint Ă  se disperser, mais le croiseur Pola est touchĂ© par une torpille qui fait exploser et qui noie ses machines.

Le combat de nuit

Face Ă  ce nouveau drame, Iachino dĂ©tache la 1re division de croiseurs pour aider le Pola en dĂ©tresse. Les radars britanniques repèrent alors la flotte italienne, tandis que celle-ci ne peut les voir approcher. ArrivĂ©s Ă  bonne distance, les trois cuirassĂ©s et autres navires de Cunningham allument leurs faisceaux lumineux sur les navires italiens pris par surprise et les canonnent Ă  bout portant. Les canons de 381 mm des cuirassĂ©s causent d'Ă©normes dĂ©gâts : les croiseurs Pola, Zara et Fiume, deux torpilleurs, les destroyers Vittorio Alfieri et GiosuĂ© Carducci, sont coulĂ©s. Dans la confusion qui s'ensuit, le cuirassĂ© italien rĂ©ussit Ă  s'Ă©chapper. Les avions britanniques envoyĂ©s Ă  sa recherche ne retrouvent pas au retour leur porte-avions et doivent se poser sur des aĂ©rodromes crĂ©tois. L'amiral Iachino arrive Ă  Tarente, oĂą il apprend lĂ  la catastrophe.

Bilan

Les Britanniques démontrèrent dans cet engagement leur supériorité tactique et technologique sur la marine italienne, avec l'utilisation de l'aviation navale et du radar; les cuirassés démontrèrent qu'ils pouvaient être encore des navires utiles dans une bataille.

Les Italiens eurent à déplorer la mort de 2300 marins, contre seulement trois aviateurs pour les Britanniques.

Il est à noter que les pertes italiennes furent amoindries par l'intervention humanitaire des Britanniques, qui appelèrent le navire-hôpital italien Gradisca au secours des naufragés.

Notes et références

  1. Rivista Marittima (it)
  2. Koenig 1978, p. 183.
  3. Koenig 1978, p. 184.
  4. Antier 1983, p. 448.
  5. Koenig 1978, p. 186.

Bibliographie

  • S.W.C. Pack, La bataille de Matapan, France Empire,
  • William John Koenig, Grands combats navals, Fernand Nathan, , 256 p.
  • Jean-Jacques Antier, La Bataille de Malte : 1940-1943, Presses de la CitĂ©, , 280 p. (ISBN 978-2-258-01193-9)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
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