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Anglo-Persian Oil Company

L'Anglo-Persian Oil Company (APOC) a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1909 Ă  la suite de la dĂ©couverte d'un vaste gisement pĂ©trolier Ă  Masjed Soleiman, en Iran, le [5]. Elle a Ă©tĂ© la première sociĂ©tĂ© Ă  exploiter les rĂ©serves pĂ©trolières du Moyen-Orient. L’APOC conclut un nouveau contrat de concession avec l'Iran en 1933 et fut renommĂ©e Anglo-Iranian Oil Company (AIOC) en 1935 – la Perse Ă©tant devenue l’Iran la mĂŞme annĂ©e. En 1954, après le mouvement nationaliste et la conclusion d’un consortium avec la NIOC, la sociĂ©tĂ© devint la British Petroleum Company (BP).

Anglo-Persian Oil Company
illustration de Anglo-Persian Oil Company

Création
Disparition
Siège social Londres
Activité Industrie pétrolière, extraction du pétrole[1] et extraction de pétrole brut et de gaz naturel (d)[2]
Produits Essence
Filiales Eurotank (d)[3]
Runo-Everth Treibstoff- und Oel (d)
Anglo-Egyptian Oilfields Ltd (en)[4]
OLEX (d)

Histoire de la fondation

Jacques de Morgan

En 1892, Jacques de Morgan publia un rapport sur ses voyages en Perse. En 1891, il visita les travaux d'excavation de Marcel et Jane Dieulafoy près de Qasr-e Chirin et en parla dans la revue Les Annales des mines. Le rapport de Morgan intĂ©ressa Antoine Kitabgi Khan, ancien directeur gĂ©nĂ©ral du service douanier persan, retraitĂ© Ă  Paris. Kitabgi Khan entra en contact avec Sir Henry Drummond Wolff, l'ancien ambassadeur britannique en Perse, et lui demanda si Wolff ne pouvait pas trouver quelqu'un qui pourrait s’occuper de l'exploitation des champs pĂ©troliers persans. Wolff rencontra Ă  Londres William Knox D'Arcy, qui avait fait sa fortune en Australie avec une mine d'or[6].

La concession D'Arcy

William Knox D'Arcy
La concession D'Arcy

L'homme d'affaires britannique William Knox D'Arcy entreprend en 1901 de financer la recherche de gisements pĂ©trolifères en Perse. Les premières prospections sont conduites par Sir Henry Drummond Wolff, Antoine Kitabgi et Édouard Cotte. D'Arcy, sĂ»r de son fait, envoie Ă  TĂ©hĂ©ran son homme de confiance Alfred Marriott qui nĂ©gocie le avec le shah de Perse Mozaffareddine Chah une concession cĂ©dant au Royaume-Uni le contrĂ´le des rĂ©serves pĂ©trolières iraniennes pour une durĂ©e de 60 ans contre la somme de 10 000 ÂŁ sur une zone de 480 000 km2. Sont exclus de la concession les provinces du nord de l'Iran, alors sous le joug Ă©conomique de la Russie. La concession stipulait que D'Arcy devrait financer tous les coĂ»ts d'exploration. En retour, on lui donna le droit de tenir 90 % des actions de la « première sociĂ©tĂ© de gestion collective. » 10 % des actions revenaient Ă  l’État iranien. D’Arcy empochait 84 % des bĂ©nĂ©fices tandis que 16 % revenaient Ă  l’État iranien. D'Arcy perdit Ă©galement des bĂ©nĂ©fices de la sociĂ©tĂ© avec la perception de l'impĂ´t iranien sur le revenu. Après l'expiration de la concession en 1961, l'ensemble des actifs immobiliers de la sociĂ©tĂ© de gestion collective devaient revenir Ă  l'État iranien[7]. Atabak reçu Ă©galement une rĂ©compense pour sa mĂ©diation : 25 000 ÂŁ pour former des actions de la sociĂ©tĂ©[8].

Une Ă©quipe de forage conduite par George B. Reynolds se mit alors Ă  l'Ĺ“uvre. Elle commença effectivement en 1902 avec le forage pĂ©trolier Ă  Chia Surkh dans l’Ouest de l'Iran. En 1903, le premier gisement fut dĂ©couvert, et D'Arcy fonda la First Exploration Co. Ltd. (FEC). Cependant, il s’avĂ©ra rapidement que la source fournissait trop peu de pĂ©trole afin de les exploiter Ă©conomiquement et obtenir un quelconque bĂ©nĂ©fice. On dĂ©plaça la prospection pĂ©trolière dans une rĂ©gion habitĂ©e des tribus Bakhtiaris. Afin d'assurer leur protection, la compagnie signa avec les chefs tribaux un contrat de concession distincte dans laquelle les chefs tribaux s’engageait Ă  fournir une participation de 3 % sur toutes les compagnies pĂ©trolières de leur district, plus un paiement annuel de 3 000 ÂŁ pour protĂ©ger les installations pĂ©trolières et des pipelines Ă  partir de 1905. Ă€ la fin de l’annĂ©e 1905, D'Arcy avait investi 250 000 ÂŁ dans l'exploration pĂ©trolière sans que des quantitĂ©s importantes de pĂ©trole aient Ă©tĂ© trouvĂ©es. D'Arcy commença Ă  nĂ©gocier la vente de la concession Ă  la ligne française des Rothschilds. Sur intervention de la British Admiralty, la Burmah Oil Company fondĂ©e en 1896 Ă  Glasgow par Sir David Sime Cargill racheta la concession. D'Arcy vendit aussi ses 170 000 actions Ă  la Burmah Oil qui le remboursa en un montant non prĂ©cisĂ© en espèces.

Burmah Oil Company

La Birmanie (le pays est appelĂ© en anglais Burma dans la pĂ©riode victorienne et est aujourd'hui aussi appelĂ© le Myanmar) devint après l'invasion des troupes britanniques en 1886 une partie de l'Empire britannique. La Burmah Oil Corporation avait eu beaucoup de succès dans l'exploration et l’exploitation pĂ©trolière. En 1899, le pĂ©trole issu de l’exploitation Ă©tait surtout vendu dans la Birmanie, bien que transportĂ© aussi en Inde. En 1905, l'AmirautĂ© britannique conclut avec Burmah Oil un contrat Ă  long terme pour l'approvisionnement en pĂ©trole de la flotte britannique.

La première activité de forage entreprise à Masjed Soleyman en Perse en 1908.

Burmah Oil accepta de financer l'exploration pĂ©trolière en Iran avec 100 000 ÂŁ. Au dĂ©but, la nouvelle compagnie dĂ©tentrice semble rencontrer le mĂŞme succès. Trois ans après la reprise de la concession de D'Arcy, on fora le un trou Ă  360 mètres de profondeur Ă  Masjed Soleiman et on y trouva du pĂ©trole : Burmah Oil avait dĂ©couvert un des plus grands gisements de pĂ©trole dans le monde.

Naissance de l'APOC

Puits de pétrole à Masjed Soleiman

En avril 1909, les concessionnaires fondèrent la sociĂ©tĂ© Anglo-Persian Oil Company (APOC) qui extrayait, traitait et vendait le pĂ©trole dĂ©couverts dans les gisements pĂ©trolifères du sud de la Perse. La sociĂ©tĂ© eut un capital social de 1 million de livres britanniques et Ă©tait presque indĂ©pendante de la Burmah Oil Company. D'Arcy fut nommĂ© au conseil de l'APOC et occupa ce poste jusqu'Ă  sa mort. Les droits d'exploration, l'extraction, la transformation et la vente de pĂ©trole iranien furent transfĂ©rĂ©s Ă  la « première sociĂ©tĂ© de collecte », qui dĂ©tenait la concession accordĂ©e par le gouvernement iranien, contre le paiement d'une redevance de licence par l’APOC. Avec le transfert des droits Ă  l'APOC, l'État iranien n'Ă©tait plus impliquĂ© dans l'entreprise exploitant son secteur pĂ©trolier. Il ne percevait dĂ©sormais que 10 % des profits du pĂ©trole extrait, et seulement 16 % des frais de franchise de l’APOC. Avec la mise en place de cette deuxième sociĂ©tĂ©, les droits de participation iraniens furent encore plus rĂ©duits.

Afin de vendre le pĂ©trole, un pipeline, une raffinerie et une station de chargement pour camions-citernes devaient ĂŞtre construits. L’APOC choisit comme base la ville d’Abadan. Cette zone Ă©tait gĂ©rĂ©e par le cheikh Khaz'al de Mohammerah. En 1909, après des nĂ©gociations entre la rĂ©sidence du golfe Persique (subdivision coloniale britannique) et le cheikh Khaz'al, un accord fut conclu, qui prĂ©voyait un paiement de 650 ÂŁ par an pendant dix ans, payables Ă  l'avance. En outre, un prĂŞt de 10 000 ÂŁ fut accordĂ© au cheikh. En outre, les gestionnaires de l’APOC promirent que des membres de la tribu du cheikh seraient recrues pour fournir le personnel de sĂ©curitĂ© pour les systèmes[9].

En 1912, la Burmah Oil Company dirigĂ©e par Sir John Cargill refusa de fournir un financement supplĂ©mentaire pour l’APOC. Winston Churchill, Ă  l'Ă©poque Premier Lord de l'AmirautĂ©, nĂ©gocia de nouveaux accords avec Burmah Oil. Avec 2 001 000 ÂŁ[10], le gouvernement britannique acquit la majoritĂ© de l’ensemble de 4 millions ÂŁ du capital social. En outre, un contrat Ă  long terme pour la fourniture de la flotte britannique fut signĂ© avec l’APOC. Grâce Ă  cette nationalisation partielle et l'accord d'achat de la Royal Navy, qui fut garanti par le gouvernement britannique, l'APOC avait Ă©tĂ© sauvĂ©e de l'effondrement financier. En 1913, la production de pĂ©trole put ainsi reprendre. Ă€ ce moment-lĂ , on ignorait qu’Abadan serait la plus grande raffinerie du monde dans quelques annĂ©es.

Les investissements de l'APOC

L'APOC participa Ă  50 % entre autres Ă  la fondation de la Turkish Petroleum Company (TPC) par le nĂ©gociant en pĂ©trole Calouste Gulbenkian, obtenant des revenus dans les bĂ©nĂ©fices Ă  venir provenant des puits de pĂ©trole dans l'Empire ottoman. L'investissement dans la TPC se rĂ©vĂ©la, après interruption de sa production lors de la Première Guerre mondiale, très prĂ©cieuse pour l'APOC. Après la dĂ©couverte d'un gisement de pĂ©trole près de Kirkouk la production pĂ©trolière s'intensifia. La Turkish Petroleum Company fut renommĂ©e après la crĂ©ation de l'Irak en Iraq Petroleum Company en 1927.

Afin de soutenir les cheikhs locaux et les chefs tribaux Bakhtiaris, ceux-ci obtinrent de l'APOC qu'elle fonde la Bakhtiari Oil Company, entreprise dans laquelle les chefs tribaux se virent plus impliquĂ©s et qui leur distribua un bĂ©nĂ©fice correspondant.

Scènes de travail à Abadan sur la raffinerie de l'APOC :

Paiements de concession jusqu'en 1918

Du début de l'exploitation pétrolière en 1908 jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale en 1914, les frais de concession annuels au gouvernement iranien s'élevèrent à quelques centaines de livres. Après le début de la Première Guerre mondiale, l'APOC récupéra les frais de concession au gouvernement central iranien. Bien que l'Iran ait déclaré sa neutralité, le pays était occupé par les troupes britanniques et russes. Les paiements de concession de l'APOC à l'Iran furent suspendus pour les cinq prochaines années.

L'accord Armitage-Smith

L'accord Armitage-Smith

Après la guerre, l'APOC exigea de la Perse une demande d'indemnisation Ă©quivalant Ă  2 millions de dollars pour les dommages de guerre aux olĂ©oducs, supposĂ©ment des actes de sabotage des agents allemands qui avaient Ă©tĂ© tolĂ©rĂ©s par le gouvernement iranien. En , le conflit entre le gouvernement central iranien et l'APOC se solda par l'accord Armitage-Smith. Cet accord mit en place un changement significatif dans le calcul des gains qui Ă©taient la base des droits de concession, auparavant au dĂ©triment de l'Iran. Ainsi, tous les profits liĂ©s au transport pĂ©trolier furent exclus du calcul. Le calcul du bĂ©nĂ©fice de la participation de l'APOC fut limitĂ© aux sociĂ©tĂ©s dans lesquelles l'APOC avait une participation majoritaire. Ces importantes dĂ©ductions de calcul furent approuvĂ©es.

Pour compenser les frais de concession des annĂ©es 1914 Ă  1920 que la Perse n'avait pas perçu, la Perse reçut 933 000 livres sterling comme somme forfaitaire. Ă€ titre de comparaison, la Banque mondiale indiqua dans un rapport Ă©tabli en 1950 qu'en 1919, l'APOC avait rĂ©alisĂ© un excĂ©dent de 6 millions de livres sterling[11]. Si la concession de D'Arcy avait correctement payĂ© le gouvernement perse, l'Iran aurait reçu 8 millions de livres sterling.

Il avait Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les recettes pĂ©trolières pour le gouvernement iranien avaient atteint 933 000 livres sterling, ce qui reprĂ©sentait près d'un quart du budget de l'État perse. Cette situation dĂ©favorable pour la Perse pouvait s'expliquer par la crise politique qu'elle traversait et les interventions militaires des Britanniques qui cherchaient Ă  resserrer leur emprise sur la Perse affaiblie, susceptible de subir l'influence de la Russie devenue soviĂ©tique[12]. En payant d'importants pots-de-vin Ă  Ahmad Chah et aux dirigeants politiques iraniens, et en cherchant Ă  faire signer au gouvernement iranien le traitĂ© anglo-persan de 1919, le Royaume-Uni avait pratiquement transformĂ© la Perse en un protectorat britannique. Mais la dĂ©couverte des pots-de-vin et le coup d'État du 21 fĂ©vrier 1921 empĂŞchèrent l'entrĂ©e en vigueur du contrat qui ne fut jamais signĂ© par le parlement iranien[13].

En 1923, l'APOC paya 565 250 livres sterling (2,8 millions de dollars) au gouvernement central Ă  TĂ©hĂ©ran. Le consul amĂ©ricain Ă  Bushehr Ă©valua les excĂ©dents de l'APOC sur l'annĂ©e Ă  environ 28 millions de dollars. Les fonds transfĂ©rĂ©s au titre de la redevance correspondaient ainsi Ă  environ 10 % de l'excĂ©dent. En faisant le calcul, on constate que les frais de concession s'Ă©levaient Ă  4 shillings par tonne de pĂ©trole brut.

L'explosion de la production de pĂ©trole[14] au Texas, Ă  la suite de dĂ©couvertes de gisements Ă  800 mètres sous terre le de la Yount-Lee Oil Company, dĂ©bouche sur une production record de 21 millions de barils en 1927, et place la Standard Oil en position de force face Ă  la Royal Dutch et Ă  l'Anglo Persian Oil lors de nĂ©gociations après la dĂ©couverte de nouvelles rĂ©serves de pĂ©trole en Iran[15].

La concession de 1933

Le contrat de concession de 1933.

Le coup d'État du 21 février 1921 fut le premier pas vers le pouvoir de Reza Khan, qui devint empereur en décembre 1925 et fonda la dynastie des Pahlavi sous le nom de Reza Chah. Il entendit rapidement rendre à son pays sa grandeur, et se débarrasser des influences étrangères.

Ă€ partir de 1920, l'APOC chercha Ă  renĂ©gocier la concession D'Arcy. Tout d'abord, ils voulaient souligner la clause impliquant que tous les droits et tous les actifs tomberaient Ă  l'État iranien en 1961. Ensuite, les taxes pĂ©trolières ne devaient pas ĂŞtre liĂ©es aux bĂ©nĂ©fices de l'entreprise, mais basĂ©es sur un montant fixe calculĂ© en fonction de la tonne de pĂ©trole brut. Ă€ partir de 1930, les nĂ©gociations du ministre de la Cour Abdolhossein Teymourtash commencèrent. Après que les nĂ©gociations ont Ă©chouĂ©, Reza Chah cessa les pourparlers, et imposa aux nĂ©gociants une conclusion : Reza Chah mit unilatĂ©ralement fin Ă  la concession D'Arcy. Après quelques incidents diplomatiques, l'Iran et l'APOC signèrent un nouveau contrat de concession le . Le nouvel accord prĂ©voit une redevance de 4 shillings par tonne de pĂ©trole brut avec un dĂ©bit minimum de 5 millions de tonnes.

Les principaux points du contrat de concession de 1933 Ă©taient les suivants[16] - [17] :

  • La zone concernant les droits d'exploration de la concession, est ramenĂ©e de 500 000 Ă  100 000 miles carrĂ©s.
  • L'Iran reçoit quatre shillings par baril, avec un montant minimum garanti de 750 000 livres.
  • L'APOC paie Ă  la Perse un impĂ´t de 4 % sur les bĂ©nĂ©fices rĂ©alisĂ©s, avec un montant minimum garanti de 230 000 livres.
  • L'APOC aide davantage les perses dans les domaines de la gestion et de la technologie.
  • L'APOC est exempte de tous les autres impĂ´ts.
  • La durĂ©e de la concession est Ă©tablie pour 60 ans (jusqu'en 1993).
  • Le monopole de l'APOC pour le transport du pĂ©trole est annulĂ©.
  • L'APOC paie Ă  la Perse 1 million de livres pour couvrir toutes les autres crĂ©ances.

La Banque mondiale a calculĂ© dans son rapport Ă©tabli en 1950, que les actifs de l'APOC se sont Ă©levĂ©s, Ă  ce moment-lĂ , Ă  46 millions de livres sterling[18]. L'APOC est alors la plus grosse capitalisation boursière anglaise.

Lorsqu'en 1935 le chah demande à ce qu'on se réfère à son pays par le terme « Iran »comme désignation officielle, l'APOC est rebaptisée Anglo-Iranian Oil Company (AIOC).

En 1941, soupçonné de pro-germanisme, Reza Chah fut chassé du pouvoir par les Britanniques et les Soviétiques qui envahirent le pays pour garantir une route de ravitaillement, l'URSS étant engagée dans une intense lutte contre l'Allemagne nazie sur le Front de l'Est, et sécuriser les champs de pétrole. Le fils de Reza Chah, Mohammad Reza, devint le nouveau chah.

Flotte marchande

Au dĂ©clenchement de la Seconde Guerre mondiale, la sociĂ©tĂ© possède 93 pĂ©troliers ocĂ©aniques. Ă€ la fin de la guerre, près de la moitiĂ© de ces navires ont Ă©tĂ© perdus et 657 hommes ont pĂ©ri Ă  cause des actions de l'ennemi [19].

L'accord complémentaire de 1949

L'accord supplémentaire de 1949

Le Premier ministre Abdolhossein Hajir fut chargĂ© par le Parlement de lancer des nĂ©gociations sur une nouvelle concession pour l'Anglo-Iranian Oil Company, qui devait remplacer celles dĂ©rivĂ©es de la concession de 1933. Le Parlement voulait obtenir une part plus importante des revenus de la production de pĂ©trole pour l'Iran. Hajir prĂ©para une note globale de 25 points sur lesquels il voulait discuter, mais ne put lui-mĂŞme nĂ©gocier avec l'AIOC, car il fut contraint de dĂ©missionner de son poste de premier ministre en raison de manifestations contestant son autoritĂ©. L'ayatollah Kashani avait insultĂ© Hajir l'accusant d'ĂŞtre un agent du colonialisme britannique et un espion Ă  leur solde. Il avait appelĂ© Ă  de violentes manifestations contre le premier ministre. Le ministre des Finances Abbas Gholi Golshaiyan du cabinet du Premier ministre Mohammad Sa'ed dirigea ensuite les premières nĂ©gociations avec l'AIOC, basĂ©es sur les travaux d'Hajir[20].

Golshaiyan prĂ©senta un rapport au Parlement sur ses nĂ©gociations avec l'AIOC. Il avait demandĂ© Ă  la compagnie une part de 50 % de ses bĂ©nĂ©fices, un nouvel accord sur la durĂ©e de la concession et un examen des conditions de licence tous les 15 ans. Le Premier ministre Sa'ed Maraghei envoya Golshaiyan nĂ©gocier un accord avec l'AIOC. En fin de compte, les nĂ©gociations aboutirent et en , la concession prĂ©cĂ©dente fut augmentĂ©e d'un accord complĂ©mentaire, signĂ© par les reprĂ©sentants de l'AIOC Gass et Golshaiyan. Les frais de licence pour l'Iran avaient augmentĂ© de 50 % : de 22 cents Ă  33 cents par baril. Le Premier ministre Mohammad Sa'ed transmit cet accord au Parlement pour un vote. Celui-ci ne faisant pas l'unanimitĂ©, Mohammad Sa'ed fut finalement accusĂ© d'avoir trahi les droits du peuple iranien en acceptant un traitĂ© trop en dessous de ses espĂ©rances, le 50/50 de Golshaiyan n'Ă©tant pas atteint. L'accord ne fut pas ratifiĂ© par le Parlement. Au lieu de cela, certains membres du Parlement, menĂ© par le nationaliste Mohammad Mossadegh, dĂ©cidèrent d'aller plus loin en suggĂ©rant de nationaliser les installations pĂ©trolières de l'AIOC[20].

La nationalisation du pétrole iranien en 1951

Loi de la nationalisation du pétrole,

L'accord de concession nĂ©gociĂ© en 1933 par le gouvernement de Reza Chah Ă©tait devenu très critiquĂ© en Iran après la Seconde Guerre mondiale. Puis la vraie crise d'Abadan survint sous le gouvernement du Premier ministre Clement Attlee dans les annĂ©es 1950 : le transfert des bĂ©nĂ©fices des compagnies pĂ©trolières internationales dans les pays producteurs de pĂ©trole changea fondamentalement Ă  cause des traitĂ©s des compagnies pĂ©trolières amĂ©ricaines avec l'Arabie Saoudite. Les compagnies pĂ©trolières amĂ©ricaines Ă©taient prĂŞtes Ă  accorder une part de profit de 50 % Ă  l'Arabie saoudite. La concession entre l'AIOC et le gouvernement iranien ne prĂ©voyait qu'une part de profit de 20 % pouvant monter Ă  25 % au maximum. Après que le conseil de l'AIOC a refusĂ© de renĂ©gocier la concession pĂ©trolière iranienne, le Parlement iranien dĂ©cida en mars 1951 de nationaliser les installations pĂ©trolières de l'AIOC situĂ©es en Iran, ainsi que leurs investissements. La dĂ©cision parlementaire de les nationaliser fut ratifiĂ©e sous le gouvernement du Premier ministre Hossein Ala' le . Peu après, Ala' dĂ©missionna devant la pression de violentes et mortelles manifestations nationalistes demandant l'arrivĂ©e au pouvoir de Mohammad Mossadegh. Ce dernier succĂ©da Ă  Ala' le ; il dĂ©crĂ©ta une nationalisation totale et sans concession du pĂ©trole iranien. Les installations pĂ©trolières de l'AIOC furent reprises par la nouvelle SociĂ©tĂ© nationale de pĂ©trole iranien (SNIP) ou National Iranian Oil Company (NIOC) qui reprit les accords pĂ©troliers « pour son propre compte. » La Grande-Bretagne dĂ©posa une plainte contre le gouvernement iranien devant le tribunal international, qui fut rejetĂ©e. La raison Ă©tait le « manque de compĂ©tence du tribunal » qui Ă©tait compĂ©tent en ce qui concerne des accords intergouvernementaux, or il Ă©tait ici question d'un contrat entre une entreprise privĂ©e, l'AIOC et l'État iranien.

Le gouvernement britannique se tourna Ă©galement vers le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies pour trouver Ă  une solution au conflit. Le Conseil se dĂ©clara Ă©galement incompĂ©tent. La Grande-Bretagne imposa alors un embargo contre l'Iran et rendit la vente et le transport du pĂ©trole iranien pratiquement impossible Ă  cause du blocus du golfe Persique.

Le consortium de 1954

Le consortium de 1954

Seul le renversement du gouvernement Mossadegh lors du coup d'État du 28 Mordad et la renĂ©gociation de la concession qui s'ensuivit permirent la reprise de l'activitĂ© pĂ©trolière iranienne. Avec le gouvernement iranien, un accord de consortium sur une durĂ©e de 25 ans fut nĂ©gociĂ© entre un consortium de compagnies pĂ©trolières internationales. L'extraction, la transformation et la distribution des produits pĂ©troliers ne sont plus rĂ©servĂ©s exclusivement Ă  l'AIOC. En plus de l'AOIC le consortium implique d'autres pays comme les Pays-Bas, Ă  travers la Shell, et d'autres petites entreprises des États-Unis ainsi que la Compagnie française de pĂ©troles (CFP) Ă  des pourcentages, du reste, plus rĂ©duits.

Dans le cadre du consortium, deux entreprises basées à Londres, dont l'Iranian Oil Exploration and Production Co., furent créées avec leur siège en Iran en vertu du droit néerlandais. Ces deux sociétés appartenaient à 100 % à la fondation Iranian Oil Participants Ltd., basée à Londres, dont les parts furent partagées par les sociétés mentionnées dans l'accord de consortium. Une autre société nouvellement établie basée à Londres est l'Iranian Oil Services Ltd., qui fournit l'équipement technique pour la production et le raffinage du pétrole. Cette société est détenue à 100 % par les partenaires du consortium.

Les bĂ©nĂ©fices des entreprises sont dĂ©sormais payĂ©s Ă  50 % Ă  l'État iranien. En contrepartie de l'acceptation de la nationalisation et l'exclusivitĂ© de ce monopole par la vente exclusive de pĂ©trole iranien, presque comme pour les frais de transfert pour la concession de 1933, l'AIOC reçut de la part des compagnies pĂ©trolières du consortium pour 10 ans, une sorte de dĂ©dommagement : l'État iranien paya Ă  titre de compensation pour la nationalisation 20 millions de dollars Ă  l'AIOC, paya les frais de l'Ă©quipement industriel de 2,5 millions de dollars par an[21]. Après le contrat, la « vieille AIOC » cessa d'exister. L'AIOC fut fondue dans la nouvelle entreprise baptisĂ©e la British Petroleum Company, aussi appelĂ©e BP.

La NIOC resta incluse dans le nouvel accord pour les « fonctions de base » comme la formation des employés responsables, les transports publics, l'entretien des routes, des maisons pour les travailleurs et la fourniture des soins de santé et des services sociaux pour les employés. Concernant l'entreprise pétrolière à proprement parler la NIOC ne s'occupait plus que de la vente de produits pétroliers en Iran, le rendement du petit champ pétrolifère Naft-i-Shah et le fonctionnement (en associé) via un pipeline d'une raffinerie [22] à Kermanshah.

Ă€ partir de 1955, la production pĂ©trolière du consortium passa de 14,7 millions de tonnes en 1955 Ă  76,5 millions de tonnes en 1964. Le chiffre d'affaires du gouvernement iranien passa lui de 32,3 millions de livres sterling en 1955 Ă  171,5 millions de livres en 1964[23].

La British Petroleum Company

En 1904 fut fondĂ©e Ă  Berlin la SociĂ©tĂ© pĂ©trolière allemande (DPAG), qui s'Ă©tendit en 1906 Ă  l'Union pĂ©trolière europĂ©enne (UEP). Cette sociĂ©tĂ© eut au Royaume-Uni une filiale nommĂ©e British Petroleum Company pour la distribution de leurs produits, fondĂ©e en 1906. Après sa saisie par le gouvernement britannique au dĂ©but de la Première Guerre mondiale, cette sociĂ©tĂ© devint en 1917 la propriĂ©tĂ© de l'Anglo-Persian Oil Company. Le nom fut repris pour la "nouvelle compagnie" en 1954.

Notes et références

  1. Pressearchiv 20. Jahrhundert, (organisation), consulté le
  2. Pressearchiv 20. Jahrhundert, (organisation), consulté le
  3. Pressearchiv 20. Jahrhundert, (organisation), consulté le
  4. Pressearchiv 20. Jahrhundert, (organisation), consulté le
  5. (en) R. W. Ferrier, J. H. Bamberg, The History of the British Petroleum Company, vol.1, Cambridge University Press, 1982 (ISBN 0-521-24647-4) p. 114
  6. (en) Rouholla K. Ramazani, The foreign policy of Iran, University Press of Virginia, , p. 70
  7. (en) Mohammad Gholi Majd, Great Britain & Reza Shah, University of Florida Press, , p. 240
  8. (en) Rouholla K. Ramazani, The foreign policy of Iran, University Press of Virginia, , p. 73
  9. Zuhayr Mikdashi, A financial analysis of middle eastern oil concessions, 1901-65. New York, 1966, p. 296.
  10. Englische Dokumente zur Erdrosselung Persiens,  Verlag Der Neue Orient, Berlin, 1917, p. 55–57
  11. World Bank, Nationalization of the Iranian Oil Industry, 1950, p. 7.
  12. Finalement, après la Révolution bolchevique de 1917, les Russes ont abandonné leur sphère d'influence en Iran, vue comme un reliquat de l'impérialisme tsariste. Les Britanniques retirèrent donc leurs troupes peu de temps après leur intervention
  13. En fait, ce coup d'État fut également organisé par les Britanniques, qui cherchèrent à imposer Seyyed Zia'eddin Tabatabaï, acquis à leur cause, à la tête du gouvernement. Mais le naufrage du gouvernement Tabatabaï et l'avènement, plus tard, de Reza Khan, firent sombrer définitivement leurs projets.
  14. Alixte, « La voiture électrique, une alternative nécessaire ? », sur penseespolitiques.over-blog.fr, Le blog d'Alixte, (consulté le ).
  15. 1900-2000, un siècle d'économie, page 137, aux éditions Les Échos, coordonné par Jacques Marseille
  16. « The Oil Nationalization Crisis of 1951-53 » (version du 3 juin 2011 sur Internet Archive)
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Annexes

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