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Jacques de Morgan

Jacques de Morgan, nĂ© le Ă  Huisseau-sur-Cosson, mort Ă  Marseille le , est un prĂ©historien, archĂ©ologue, Ă©gyptologue et iranologue français. Sa formation d'ingĂ©nieur civil de l’École des mines de Paris et ses fonctions professionnelles d'ingĂ©nieur des mines lui ont donnĂ© l'occasion d'explorer et de fouiller ses premiers sites archĂ©ologiques en Orient. Investi par la suite de fonctions archĂ©ologiques officielles en Égypte et en Iran, il a publiĂ© de nombreux comptes-rendus de ses recherches et des analyses plus gĂ©nĂ©rales. Il est notamment le dĂ©couvreur du code de Hammurabi en 1901 en Iran, et l'inventeur du Capsien en 1909 en Tunisie.

Biographie

Jacques Jean Marie de Morgan, issu d'une famille d'origine galloise, fait ses Ă©tudes secondaires au lycĂ©e de Lons-le-Saunier[1]. InitiĂ© trĂšs tĂŽt Ă  l'archĂ©ologie par son pĂšre EugĂšne de Morgan, il dĂ©veloppe par la suite un intĂ©rĂȘt particulier pour la gĂ©ologie, la botanique et la palĂ©ontologie[2]. Cela le pousse Ă  devenir ingĂ©nieur et finit donc diplĂŽmĂ© de l'École des mines de Paris (promotion 1879) en 1882[3].

En tant qu'ingénieur, il travaille sur les mines de Belgique, de SuÚde, de Transylvanie[4], d'Arménie orientale, d'Inde, de Malaisie, du Caucase et de Perse.

Malaisie

En Malaisie (1884-1885), il s'occupe de l'exploitation de mines d'étain de la région du Pérak. Il est également chargé par le gouverneur britannique de cartographier la région, ce qui l'amÚne ainsi à rentrer en contact avec les populations locales et à mener des recherches ethnographiques[5]. Il rassemble aussi des collections de papillons, mollusques et plantes. Il publie largement ses découvertes[6] et devient officier des Palmes académiques[7].

Arménie

De 1886 à 1889, il est à Akhtala (Arménie) avec Maurice Chaper pour exploiter une mine de cuivre pour le compte d'investisseurs français. Démissionnant en 1888, il obtient du ministÚre de l'Instruction publique une mission scientifique officielle de 1888 à 1889. Il mÚne des fouilles archéologiques dans la région du Lori sur les sites d'Akhtala, de Mouçi Yéri, d'Alaverdi ou encore de Cheitan-Thagh[8]. Il rentre ensuite en France et publie largement ses découvertes[9].

Familiarisé avec l'histoire de l'Arménie lors de ce séjour, trente ans plus tard, il réagira vigoureusement au génocide perpétré par le gouvernement ottoman de 1915 à 1917[10].

Égypte

Avant d'ĂȘtre dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du ministĂšre de l'Instruction publique en Perse, il est dĂ©signĂ© pour succĂ©der Ă  EugĂšne GrĂ©baut Ă  la direction du Service des antiquitĂ©s de l'Égypte, poste qu'il occupe six ans (1892-1897)[11]. Fouillant complĂštement la nĂ©cropole de Dahchour, il eut la chance de mettre la main en 1894 sur le trĂ©sor des princesses dans les galeries des reines de la pyramide de SĂ©sostris III[12].

ParallĂšlement, il s'intĂ©resse Ă  des outils prĂ©historiques en pierre qu'il trouve lors de ses prospections. Cela le mĂšne Ă  publier en 1896 Recherches sur les origines de l'Égypte[13] dans lequel il s'intĂ©resse Ă  la prĂ©histoire Ă©gyptienne, alors sujet de dĂ©bats au sein du milieu savant. On considĂšre aujourd'hui que cette date correspond Ă  la naissance de la prĂ©histoire Ă©gyptienne en tant que discipline[14]. Dans le mĂȘme temps, lors de ses fouilles Ă  Nagada, Jacques de Morgan met au jour un tombeau royal de la Ire dynastie[15]. Un sujet lui tenait Ă  cƓur, les probabilitĂ©s de l’origine asiatique de la civilisation Ă©gyptienne qu'il cherchera ensuite en Iran Ă  Suse.

Iran

Il est nommé en 1897 en Perse, par le ministÚre de l'Instruction publique, en tant que délégué général et se voit confier des fouilles sur le territoire iranien[16]. Il fouille principalement à Suse selon des méthodes « industrielles » en creusant de larges tranchées destinées à atteindre les niveaux anciens[17]. Il découvre ainsi des objets fondamentaux pour notre connaissance de l'Orient ancien : l'obélisque de Manishtusu, la stÚle de Narùm Sin, la statue de Napirasu, et le code d'Hammurabi en 1901.

Il explore également des dolmens dans le Talyche, une région située au sud-ouest de la mer Caspienne, et rapportera en France du mobilier archéologique, des fossiles, des insectes et des mollusques pour qu'ils soient étudiés. Il démissionne de son poste de directeur de la Délégation archéologique française en Perse en 1912 déçu de ses résultats et fragilisé par des scandales financiers[18]. La fouille de Suse est alors reprise par son collaborateur Roland de Mecquenem.

Critiques

En dĂ©pit de ses succĂšs, sa mĂ©thode de fouille est jugĂ©e, de nos jours, trop centrĂ©e sur la recherche d’objets, au dĂ©triment des bĂątiments et niveaux stratigraphiques qu’il fait dĂ©truire et creuser sans mĂ©nagement pour atteindre le sol initial, les strates protohistoriques Ă©tant ainsi perdues Ă  jamais. Par exemple il n'a pas hĂ©sitĂ© Ă  construire un imposant fort d'architecture française Ă  proximitĂ© du site millĂ©naire de Suse en rĂ©utilisant des pierres issues des monuments antiques (Citadelle de Suse).

Legs scientifique

On lui doit l'invention du terme Capsien en 1909[19], et la dĂ©finition du terme MĂ©solithique la mĂȘme annĂ©e[20].

DĂ©corations

Publications

Notes et références

  1. Henry de Lumley, « Jacques de Morgan », CĂ©lĂ©brations nationales, MinistĂšre de la culture et de la communication. Direction des archives,‎ , p. 210-212.
  2. « Jacques de Morgan. Jeunesse et apprentissage. Le virus de l'archéologie », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  3. « Jacques de Morgan. Jeunesse et apprentissage. L'école des Mines », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  4. « Jacques de Morgan. Jeunesse et apprentissage. Les premiÚres explorations 1880-1882 », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  5. « Jacques de Morgan. Le royaume de Pérak (1884). L'apport sur la connaissance des populations », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  6. « Jacques de Morgan. Le royaume de Pérak (1884). Les publications », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  7. « Jacques Jean Marie de Morgan (1857-1924) », sur annales.org, Biographie de Jacques de Morgan par Roland de Mecquenem, publiĂ©e dans le Bulletin de l'association des anciens Ă©lĂšves de l'École des mines (1924).
  8. Jacques de Morgan, Mission scientifique au Caucase, études archéologiques et historiques. Les premiers ùges des métaux dans l'Arménie russe, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne).
  9. Jacques de Morgan, Mission scientifique au Caucase, T. 1 : Études archĂ©ologiques et historiques, Les premiers Ăąges de mĂ©taux dans l’ArmĂ©nie russe, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne)
  10. Jacques de Morgan, Contre les barbares de l'Orient, Paris, Berger-Levrault, (lire en ligne)
  11. « Jacques de Morgan. Égypte (1892-1897). Un ingĂ©nieur chez les Ă©gyptologues », sur Jacques de Morgan. Grands sites archĂ©ologiques.
  12. Jacques de Morgan, Fouilles Ă  Dahchour mars-juin 1894, Vienne, Adolphe Holzhausen, (lire en ligne).
  13. Jacques de Morgan, Recherche sur les origines de l'Égypte, l'Ăąge de la pierre et des mĂ©taux, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne).
  14. Eve Gran-Aymerich, « PrĂ©histoire europĂ©enne et prĂ©histoire orientale », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française,‎ , p. 88 (lire en ligne).
  15. « Jacques de Morgan. Égypte (1892-1897). La prĂ©histoire Ă©gyptienne. Le tombeau de Nagada », sur Jacques de Morgan. Grands sites archĂ©ologiques.
  16. Le MusĂ©e du Louvre a fait l'acquisition en 2013 d'un sceau intitulĂ© Sceau de Jacques de Morgan, (1901-1902, Iran, bronze ciselĂ©, argent et turquoise, 5,8 Ă— 4,2 cm) qui a pu ĂȘtre offert en cadeau Ă  de Morgan par les autoritĂ©s iraniennes ; l'inscription indique en persan « Jacques de Morgan, reprĂ©sentant gĂ©nĂ©ral et officier spĂ©cial du ministĂšre de l'Instruction publique du gouvernement de la France, 1319 » (source : BĂ©atrice AndrĂ©-Salvini et Yannick Lintz, « Le sceau persan d'un grand archĂ©ologue », dans Grande Galerie - Le Journal du Louvre, dĂ©c. 2013./jan./fĂ©v. 2014, no 26).
  17. « Jacques de Morgan. La Perse (1889-1912). Les travaux de terrain », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  18. « Jacques de Morgan. La Perse (1889-1912). Suse aprÚs Morgan », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  19. Ismail Saafi, Nabiha Aouadi, Catherine Dupont et Lotfi Belhouchet, « L’économie de subsistance dans la cuvette de Meknassy (Sidi Bouzid, Tunisie centrale) durant l’HolocĂšne d’aprĂšs l’étude malacologique », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, vol. 110, no 4,‎ , p. 703-718 (lire en ligne).
  20. José Garanger, André Leroi-Gourhan, La Préhistoire dans le monde, Presses universitaires de France, , p. 496.
  21. « Morgan de, Jacques Jean Marie », base Léonore, ministÚre français de la Culture

Bibliographie

  • François Djindjian, Christine Lorre, Lydie Touret, Caucase, Égypte et Perse : Jacques de Morgan (1857-1924), pionnier de l’aventure archĂ©ologique, actes du colloque « Jacques de Morgan » en l’honneur du 150e anniversaire de sa naissance (École nationale supĂ©rieure des mines de Paris, 5 avril 2008), Saint-Germain-en-Laye, MusĂ©e d’archĂ©ologie nationale, 2009.
  • AndrĂ©e Jaunay, MĂ©moires de Jacques de Morgan 1857-1924 – Souvenirs d’un archĂ©ologue, Paris, L’Harmattan, .
  • AndrĂ©e Jaunay, Exploration dans la presqu’üle malaise par Jacques de Morgan, Paris, CNRS Éditions, .
  • Pierre Labrousse, « Jacques de Morgan, Exploration dans la presqu'Ăźle malaise, 1884 », Archipel, no 67∏assage=225-227,‎ (lire en ligne).
  • Edmond Pottier, « Jacques de Morgan », Syria. ArchĂ©ologie, Art et histoire, nos 5-4,‎ , p. 373-380 (lire en ligne).

Voir aussi

Liens externes

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