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Bataille de Narvik

La bataille de Narvik eut lieu durant la campagne de NorvÚge, autour de la ville de Narvik dans le nord de la NorvÚge. Elle se déroula en deux temps : d'abord en mer (le 10 et le 13 avril 1940) puis sur le sol norvégien (du 9 mai au 8 juin 1940), ce qui fait que des historiens parlent parfois des « batailles de Narvik » afin de distinguer ces deux temps. Les combats dans la région s'étendent au total du 9 avril au 8 juin 1940.

Bataille de Narvik
Informations générales
Date Invasion allemande :
1re bataille navale : 10 avril
2e bataille navale : 13 avril
Bataille terrestre : du 9 mai au 8 juin 1940
Lieu Narvik (NorvĂšge)
Issue Victoire alliée, puis victoire allemande à la suite de la retraite des Alliés
Commandants
Forces armées norvégiennes Général Carl Gustav Fleischer
Drapeau du Royaume-Uni Bernard Warburton-Lee (en)
Drapeau du Royaume-Uni William Whitworth
Général Béthouart
Général Bohusz-Szyszko
Kriegsmarine Friedrich Bonte †
Kriegsmarine Erich Bey
Drapeau de l'Allemagne Eduard Dietl
Forces en présence
corps expĂ©ditionnaire mixte (naval et terrestre) : 24 500 hommes5 600 hommes
Pertes
343 tués300 tués

Seconde Guerre mondiale

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CoordonnĂ©es 68° 25â€Č 14″ nord, 17° 33â€Č 36″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : NorvĂšge
(Voir situation sur carte : NorvĂšge)
Bataille de Narvik

Il s'agit de la premiÚre victoire militaire des forces alliées au cours de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, cette victoire fut de courte durée car les Alliés durent rapidement se retirer et laisser le champ libre aux forces du TroisiÚme Reich à cause des événements de la bataille de France.

Contexte

Le 1er mars 1940, Adolf Hitler ordonna l'invasion de la NorvĂšge, baptisĂ©e « OpĂ©ration WeserĂŒbung » comme une manƓuvre prĂ©ventive contre une occupation franco-britannique planifiĂ©e et ouvertement discutĂ©e de la NorvĂšge[1]. DĂ©but avril 1940, l'Allemagne a envahi la NorvĂšge afin de sĂ©curiser le transport du fer suĂ©dois en provenance des mines de Kiruna. 90 % du minerai de fer suĂ©dois allait en Allemagne et cela reprĂ©sentait 50 % des importations en fer de l'Allemagne (le Royaume-Uni Ă©tait Ă©galement client, mais seulement Ă  hauteur de 10 % de sa consommation globale). Cette matiĂšre premiĂšre, indispensable aux Allemands dans leur poursuite de la guerre, transitait par la ligne de chemin de fer Malmbanan/Ofotbanen jusqu'au port de Narvik. Il avait l'avantage d'offrir un accĂšs direct Ă  la mer de NorvĂšge et ĂȘtre le seul port praticable en hiver car libre des glaces qui obstruent les autres ports du nord de la Baltique. L'opĂ©ration concernerait la majeure partie de la Kriegsmarine. Les unitĂ©s participantes ont Ă©tĂ© divisĂ©es en cinq groupes, qui devaient occuper six des principaux ports norvĂ©giens[2].

Les AlliĂ©s avaient pensĂ© Ă  occuper le pays afin de contrer les visĂ©es allemandes, mais la dĂ©cision tardait Ă  venir. C'est donc seulement quand les Allemands assaillent la NorvĂšge, que les AlliĂ©s dĂ©cident d’y envoyer des troupes pour venir en aide Ă  l’armĂ©e norvĂ©gienne en dĂ©route face Ă  la Wehrmacht.

Forces alliées

Les forces AlliĂ©es en NorvĂšge Ă©taient composĂ©es comme suit : l’amiral Cork dirigeait les opĂ©rations combinĂ©es, le corps expĂ©ditionnaire britannique Ă©tait dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Mackesy, le gĂ©nĂ©ral Carl Gustav Fleischer, quant Ă  lui, dirigeait la 6e division norvĂ©gienne.

La 6e division norvĂ©gienne avait ses quartiers Ă  Harstad. MobilisĂ©e depuis la guerre d'hiver, la division Ă©tait mieux prĂ©parĂ©e Ă  la guerre que les autres unitĂ©s norvĂ©giennes. Elle Ă©tait composĂ©e de deux brigades lĂ©gĂšres d’infanterie, la 6e et la 7e brigade. Les Britanniques engagĂšrent la 24e brigade d'infanterie composĂ©e de quatre bataillons.

Le corps expéditionnaire franco-polonais dirigé par le général Béthouart était composé de :

Les forces navales françaises sont constituées par la « force Z », du contre-amiral Edmond Derrien, composée de deux groupes :

  • le « groupe Emile Bertin », chargĂ© de la protection des convois
  • le « groupe des transports », constituĂ© de la 1re division de croiseurs auxiliaires du contre-amiral Cadart[3] et des paquebots et cargos, Ville d'Alger, Ville d'Oran, El DjezaĂŻr, El Mansour, El Kantara, Chenonceau, Colombie et Mexique rĂ©quisitionnĂ©s affectĂ©s au transport de troupes, matĂ©riels et ravitaillement.

Les forces navales polonaises engagent les destroyers ORP Burza, ORP Grom et ORP BƂyskawica, et le sous-marin ORP OrzeƂ.

Les AlliĂ©s disposaient donc de 24 000 hommes et les NorvĂ©giens de 5 000.

Forces allemandes

Le Kriegsschiffgruppe Narvik (Groupe 1) commandĂ© par le Kommodore Friedrich Bonte comprenait 10 destroyers (Georg Thiele, Wolfgang Zenker, Bernd von Arnim, Erich Giese, Erich Koellner, Diether von Roeder, Hans LĂŒdemann, Hermann KĂŒnne, Wilhelm Heidkamp (navire amiral) et Anton Schmitt) et des navires de transport. Ils dĂ©barquĂšrent le 139e rĂ©giment de chasseurs alpins (Gebirgs-JĂ€ger-Regiment 139), commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral Dietl de la 3e Gebirgs-Division avec trois « bataillons » (Abteilung), soit environ 2 000 hommes, Ă  Narvik le 9 avril 1940.

Les Allemands disposaient donc de 2 000 chasseurs de montagne (dirigés par le général Dietl) et 2 600 marins à Narvik. La 2e DI de montagne, soit 15 000 hommes, vint les renforcer en juin.

DĂ©roulement

Les batailles navales de Narvik.

Les Allemands, aprÚs avoir rapidement conquis le sud du pays, arrivent à Narvik avec 10 destroyers et balayent sommairement les garde-cÎtes norvégiens faisant face à l'entrée du fjord.

Amarrés au port de Narvik, ils doivent rapidement faire face, le 10 avril 1940, à 5 destroyers britanniques qui font leur apparition à l'entrée du fjord et transforment le port en véritable cimetiÚre pour bateaux. Cependant la flotte allemande, bien qu'elle accuse de sérieux dégùts, parvient à les repousser.

Trois jours plus tard, les Alliés envoient 8 destroyers et 1 cuirassé pour déloger l'expédition allemande. En infériorité, les Allemands reculent et sabordent leurs derniers navires dans le fjord pour permettre aux marins rescapés de se réfugier dans les montagnes enneigées qui bordent Narvik laissant la ville aux mains des Alliés.

Quelques jours plus tard, les AlliĂ©s reçoivent des renforts et comptent dĂ©sormais 24 500 hommes. Les Allemands sont donc 5 fois moins nombreux. Mais entraĂźnĂ©s aux conditions de l'Arctique, ils rĂ©sistent jusqu'au dĂ©part des troupes alliĂ©es rembarquĂ©es pour la bataille de France. Ils peuvent ainsi reprendre la ville de Narvik qu'ils occupent jusqu'Ă  la reddition du dĂ©tachement d'armĂ©e Narvik le 8 mai 1945.

Invasion allemande

DĂ©barquement allemand
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Trois destroyers (dont le Diether von Roeder, et le Wolfgang Zenker) et les trois patrouilleurs norvégiens capturés (HNoMS Senja, Michael Sars et Kelt) et amarrés au port de Narvik.
Informations générales
Date
Lieu Narvik (NorvĂšge)
Issue Victoire allemande
Belligérants
Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšgeDrapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Forces armées norvégiennes Per Askim
Forces armĂ©es norvĂ©giennes Odd Isaachsen Willoch †
Kriegsmarine Friedrich Bonte
Drapeau de l'Allemagne Eduard Dietl
Forces en présence
2 navires de défense cÎtiÚre10 destroyers
Pertes
2 navires de défense cÎtiÚre
343 tués
aucune

Campagne de NorvĂšge

Le gruppe I allemand a quittĂ© Bremerhaven le . Il se composait de 10 destroyers de la Classe Type 1934 Georg Thiele, de la classe 1934A Wolfgang Zenker, Erich Giese, Erich Koellner, Bernd von Arnim et de la classe 1936 Georg Thiele, Diether von Roeder, Hans LĂŒdemann, Hermann KĂŒnne, Anton Schmitt et le navire amiral Wilhelm Heidkamp commandĂ©s par le Kommodore Friedrich Bonte. Chacun des navires de guerre transportait environ 200 soldats (un total de 1 900 soldats de montagne (GebirgsjĂ€ger) du 139e rĂ©giment de montagne (GebirgsjĂ€gerregiment) de la 3e Division de montagne commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Eduard Dietl)[4]. Les destroyers transportant des troupes ont Ă©tĂ© escortĂ©s la plupart du temps par les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau.

L'invasion de la NorvĂšge commence donc au matin du . Les destroyers du Gruppe I passĂšrent le Vestfjord dans le brouillard et la neige abondante puis arrivĂšrent dans l'Ofotfjord menant Ă  Narvik. Aucun vaisseau britannique ne leur barre la voie, et les allemands peuvent pĂ©nĂ©trer dans la zone sans rencontrer de rĂ©sistance. Dans l'Ofotfjord, ils capturent trois patrouilleurs norvĂ©giens (Senja, Michael Sars et Kelt). Avant sa capture, le Kelt a rĂ©ussi Ă  envoyer un message au navire de dĂ©fense cĂŽtiĂšre HNoMS Norge, alertant le commandant naval norvĂ©gien local des navires entrants[5]. Les navires allemands Wolfgang Zenker, Erich Koellner et Hermann KĂŒnne ont dĂ©barquĂ© leurs soldats dans le Herjangsfjord (une branche nord de l'Ofotfjorden) afin de capturer un ravitaillement rĂ©gimentaire norvĂ©gien basĂ© Ă  ElvegĂ„rdsmoen[6]. Les Hans Ludemann et Hermann KĂŒnne ont Ă©galement dĂ©barquĂ© leurs troupes afin d'engager les forts norvĂ©giens Ă  proximitĂ© (qui se sont avĂ©rĂ©s inexistants). Le Diether von Roeder est restĂ© dans l'Ofotfjord afin d'assurer le contrĂŽle de la mer. L'Erich Giese a Ă©tĂ© retardĂ© par des problĂšmes de moteur et n'a pas rejoint la force principale pendant un certain temps. Au moment oĂč ils atteignirent le fond du fjord prĂšs de Narvik, la plupart des destroyers avait dĂ©jĂ  quittĂ© le regroupement principal afin de capturer les batteries avancĂ©es de l'Ofotfjord. Seuls trois navires s'approchent avec la mission de rĂ©duire au silence les deux vieux navires de dĂ©fense cĂŽtiĂšre norvĂ©giens qui montaient la garde, Ă  savoir les navires de dĂ©fense cĂŽtiĂšre Eidsvold (no) et le Norge. Bien que trĂšs anciens, les deux vaisseaux aux canons de 21cm Ă©taient en mesure de prendre le dessus sur ces trois destroyers bien plus lĂ©gers et au blindage moins Ă©pais.

Les Allemands avaient l'ordre d'occuper la NorvĂšge pacifiquement si possible, alors le vaisseau amiral allemand Wilhelm Heidkamp s'est arrĂȘtĂ© et a signalĂ© qu'il enverrait un officier pour nĂ©gocier. Gerlach a tentĂ© de convaincre Willoch que les Allemands Ă©taient arrivĂ©s en amis, mais que les NorvĂ©giens devaient remettre leurs navires de guerre aux forces armĂ©es allemandes. Le capitaine Willoch a demandĂ© du temps pour consulter son commandant, le capitaine Per Askim, le commandant du Norge. Cette demande fut refusĂ©e par les Allemands, mais pendant que Willoch parlait Ă  l'officier allemand, l'officier radio Ă  bord de Eidsvold avait communiquĂ© les Ă©vĂ©nements Ă  Askim. La rĂ©ponse d'Askim aux demandes allemandes et Ă  l'ordre de Willoch est venue immĂ©diatement; Willoch et l'Eidsvold devaient ouvrir le feu[7]. Willoch rĂ©pondit Ă  Askim : "J'attaque."[8]. Pendant ce temps, le destroyer allemand Wilhelm Heidkamp s'Ă©tait positionnĂ© 700 m (765,52931 yd) Ă  bĂąbord de Eidsvold et a dirigĂ© ses lanceurs de torpilles sur le navire norvĂ©gien[8].

Gerlach a de nouveau tentĂ© de convaincre Willoch de se rendre, mais Willoch a refusĂ©. Alors que Gerlach quittait Eidsvold, il a tirĂ© une fusĂ©e Ă©clairante rouge, indiquant que les NorvĂ©giens avaient l'intention de se battre. À ce stade, le capitaine Willoch a criĂ© : "PĂ„ plass ved kanonene. NĂ„ skal vi slĂ„ss, gutter !" ("Man the guns. We're going to fight, boys!")[9]. L'Eidsvold s'est tournĂ© vers le destroyer le plus proche et a accĂ©lĂ©rĂ©, rĂ©duisant la distance du Wilhelm Heidkamp Ă  300 m tandis que le commandant de la batterie ordonnait Ă  la batterie bĂąbord (trois canons de 15 cm d'ouvrir le feu.

Les Allemands, craignant que Eidsvold ne percutent le destroyer, ont tiré quatre torpilles du Wilhelm Heidkamp sur le vieux navire. Deux des torpilles ont touché avant que les canons bùbord ne puissent tirer. Le magasin de munitions norvégien s'est enflammé et Eidsvold a été soufflé en deux. La partie avant du navire a coulé en quelques secondes, la poupe a suivi en quelques minutes, les hélices tournant toujours. Vers 04h37, il était coulé. 175 marins norvégiens sont morts dans l'eau glaciale, dont le capitaine Willoch, avec seulement huit survivants[10].

À bord de Norge, plus profondĂ©ment Ă  l'intĂ©rieur du fjord, les explosions ont Ă©tĂ© entendues, mais rien n'a pu ĂȘtre vu jusqu'Ă  ce que deux destroyers allemands soient soudainement sortis de l'obscuritĂ©. Le capitaine Per Askim a donnĂ© l'ordre d'ouvrir le feu. Quatre coups ont Ă©tĂ© tirĂ©s des canons de 21cm (un du canon avant et trois de l'arriĂšre) ainsi que sept ou huit obus des canons tribord de 15 cm, dirigĂ©s contre le destroyer allemand Bernd von Arnim. La portĂ©e a Ă©tĂ© estimĂ©e Ă  800 mĂštres (1/2 mile). En raison des conditions mĂ©tĂ©orologiques difficiles, il Ă©tait difficile d'utiliser les viseurs optiques pour les canons, ce qui a conduit la premiĂšre salve Ă  tomber en deçà de la cible et les autres Ă  passer au-dessus de la cible.

Les destroyers allemands ont attendu d'ĂȘtre le long de la jetĂ©e avant de riposter. Le Bernd von Arnim a ouvert le feu avec ses canons de 12.7 cm (5 pouces), ainsi que des mitrailleuses, mais le temps a Ă©galement posĂ© des problĂšmes aux Allemands. Le destroyer a Ă©galement tirĂ© des torpilles - trois salves de deux torpilles chacune. Les deux premiĂšres salves ont ratĂ©, mais la derniĂšre a heurtĂ© le milieu du Norge et il a coulĂ© en moins d'une minute, ses hĂ©lices tournant toujours. Quatre-vingt-dix membres de l'Ă©quipage ont Ă©tĂ© sauvĂ©s de l'eau glacĂ©e, mais 101 ont pĂ©ri dans la bataille qui avait durĂ© moins de 20 minutes.

Une grande partie de la garnison norvĂ©gienne de Narvik s'est rĂ©veillĂ©e au son des coups de feu et n'Ă©tait pas prĂ©parĂ©e Ă  affronter les Allemands. Beaucoup ont Ă©tĂ© encerclĂ©s et dĂ©sarmĂ©s alors qu'ils se prĂ©cipitaient pour occuper des positions dĂ©fensives. Le commandant en chef de la rĂ©gion de Narvik, le colonel Konrad Sundlo, est souvent citĂ© comme la raison de la capitulation rapide. Il se retire rapidement de la zone aprĂšs l'engagement naval et entame des nĂ©gociations avec les Allemands. AprĂšs la perte initiale de Narvik, le gĂ©nĂ©ral norvĂ©gien Carl Gustav Fleischer a envoyĂ© un communiquĂ© indiquant que le colonel Sundlo avait entamĂ© des nĂ©gociations immĂ©diates pour un cessez-le-feu et avait retirĂ© ses troupes, que les allemands occupent la ville et les troupes norvĂ©giennes sont encerclĂ©es entre les Allemands et la mer. Le commandant de division, qui se trouvait dans le Finnmark oriental, a Ă©tĂ© informĂ© de la situation par tĂ©lĂ©phone et il a ordonnĂ© au commandant en second du colonel Sundlo, le major Omdal, d'arrĂȘter le colonel Sundlo.

Sundlo a été accusé de trahison pour la reddition de Narvik aprÚs la guerre, mais ces accusations ont été rejetées. Au lieu de cela, il a été reconnu coupable de négligence pour ne pas avoir préparé de maniÚre adéquate la défense de Narvik et pour avoir coopéré avec les allemands pendant leur occupation[11].

Le matin de l'attaque allemande, quatre vapeurs norvĂ©giens Ă©taient ancrĂ©s Ă  Narvik ; le Cate B, l' Eldrid, le Haalegg et le Saphir. En plus des navires norvĂ©giens, quatre navires Ă©trangers neutres Ă©taient prĂ©sents; le paquebot hollandais Bernisse, et les trois paquebots suĂ©dois Boden, Oxelösund et Strassa. En plus des navires neutres, les belligĂ©rants avaient des navires Ă  Narvik, ancrĂ©s dans le mĂȘme port. Les Britanniques avaient cinq bateaux Ă  vapeur dans le port; le Blythmoor, le Mersington Court, le North Cornwall, le Riverton et le Romanby. Alors que la flottille allemande s'emparait de Narvik, il y avait 11 vapeurs marchands allemands dans la ville portuaire; l' Aachen, l' Altona, le Bockenheim, le Hein Hoyer, le Martha Henrich Fisser, le Neuenfels, l' Odin, le Lippe, le Frielinghaus, le Planet, et le navire ravitailleur Jan Wellem[6]. Celui-ci, un ancien navire-usine de baleines rĂ©quisitionnĂ© par la Kriegsmarine et reconverti, attendait l'arrivĂ©e des navires de guerre allemands, qu'il Ă©tait chargĂ© de ravitailler[12] - [13]. Le port abritait Ă©galement les remorqueurs suĂ©dois Diana et Styrbjörn. Lorsque les destroyers allemands sont entrĂ©s dans le port, le capitaine du Bockenheim, qui a supposĂ© que les navires de guerre intrus Ă©taient britanniques, s'est Ă©chouĂ© et a sabordĂ© son navire[6]. Au total, 25 navires minĂ©raliers Ă©taient Ă  l'ancre Ă  Narvik au dĂ©but des combats, dont 10 allemands[14].

Les destroyers allemands Ă©taient maintenant Ă  court de carburant et n'avaient qu'un seul pĂ©trolier en soutien - l'ancien Jan Wellem qui avait Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  Narvik, selon certaines sources de la base navale secrĂšte allemande Base Nord Ă  ZapadnaĂŻa Litsa en Union soviĂ©tique, oĂč elle Ă©tait basĂ©e depuis le 4 fĂ©vrier 1940[12] - [15] - [16] Une autre source indique qu'elle a quittĂ© Mourmansk dans la soirĂ©e du 6 avril[17] et que la Base Nord n'a jamais Ă©tĂ© crĂ©Ă©[18]. Elle Ă©tait arrivĂ©e au large de Narvik depuis le nord le 8 avril et avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e par le patrouilleur norvĂ©gien Kvi jouet. Le Jan Wellem a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  entrer Ă  Narvik par le commandement naval rĂ©gional norvĂ©gien, oĂč il a Ă©tĂ© inspectĂ©. Son capitaine a affirmĂ© qu'il transportait 8500 tonnes de mazout et 8 098 caisses de vivres et qu'elle Ă©tait en route pour l'Allemagne[19]. Un deuxiĂšme pĂ©trolier, le Kattegat qui avait naviguĂ© vers la NorvĂšge depuis Wilhelmshaven[17], avait Ă©tĂ© coulĂ© dans le Glomfjord dans la soirĂ©e du 9 avril. Kattegat avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par le navire norvĂ©gien de protection des pĂȘches HNoMS Nordkapp, le navire norvĂ©gien essayant d'abord de rĂ©quisitionner le pĂ©trolier, mais en raison du grand Ă©quipage allemand n'a pas pu le contrĂŽler jusqu'Ă  BodĂž, le coulant Ă  la fin en tirant quatre coups de 47mm dans le pĂ©trolier[13] - [20].

Le Skagerrak avait Ă©tĂ© retardĂ© d'atteindre Narvik Ă  temps par l'OpĂ©rations Wilfred britannique du 8 avril au large de la NorvĂšge[21] - avait Ă©galement Ă©tĂ© envoyĂ© en NorvĂšge, en soutien au dĂ©barquement allemand Ă  Trondheim, mais il a Ă©tĂ© interceptĂ© par le croiseur britannique HMS Suffolk, le 14 avril[22] aprĂšs avoir Ă©tĂ© redirigĂ© par le commandement naval allemand vers une position d'attente en mer. Lorsque le navire de guerre britannique a tentĂ© d'aborder le Skagerrak, son Ă©quipage l'a sabordĂ© Ă  68° 15â€Č N, 2° 00â€Č E. Le Kattegat et le Skagerrak, qui Ă©taient des navires jumeaux, ont Ă©tĂ© inspectĂ©s Ă  Kopervik par le torpilleur norvĂ©gien HNoMS Stegg, respectivement les 5 et 7 avril. Le capitaine du Kattegat a dit aux NorvĂ©giens qu'il se dirigeait vers Narvik pour de nouvelles commandes, et le capitaine du Skagerrak a revendiquĂ© Mourmansk comme destination, et les inspections ont rĂ©vĂ©lĂ© que les deux pĂ©troliers avaient une pleine charge de mazout. Le Skagerrak transportait Ă©galement 165 t de vivres, qui Ă©taient revendiquĂ©s comme fournitures pour les navires marchands allemands. Les caisses de nourriture Ă©taient Ă©tiquetĂ©es "Wehrmacht"[23] - [24]. Selon le plan allemand, les destroyers Ă©taient supposĂ©s avoir Ă©tĂ© ravitaillĂ©s par deux pĂ©troliers, Kattegat et Jan Wellem, chacun recevant quelques 600 t de fioul[23].

La flottille devait alors reprendre le chemin de l'Allemagne le soir du 9 avril. Le plan a Ă©chouĂ© car seul Jan Wellem est arrivĂ© Ă  Narvik. Faire le plein avec un seul pĂ©trolier Ă©tait difficile; seuls deux destroyers pouvaient ĂȘtre ravitaillĂ©s simultanĂ©ment, ce qui prenait sept ou huit heures. A l'arrivĂ©e Ă  Narvik, les destroyers Ă©taient presque Ă  court de carburant[25] - [13]. Alors que deux destroyers Ă©taient ravitaillĂ©s en carburant Ă  la fois, un troisiĂšme Ă©tait de garde dans le fjord, les sept autres Ă©tant rĂ©partis dans les environs[25]. Le 10 avril Ă  04h00, le Jan Wellem ' avait rĂ©ussi Ă  ravitailler complĂštement trois des destroyers allemands et Ă©tait en train de ravitailler deux autres[13].

Entre-temps, les forces britanniques avaient tentĂ© d'engager la Kriegsmarine, mais pour la plupart, sans succĂšs. Le 8 avril, le destroyer de classe G HMS Glowworm britannique engagea le croiseur lourd Admiral Hipper et deux destroyers, et a Ă©tĂ© perdu, percutant et endommageant le Hipper dans la bataille. Le 9 avril, le croiseur de bataille HMS Renown portant la marque du vice amiral Withworth, couvre une opĂ©ration de mouillage de mines dans le Vestfjord, lorsqu'il rencontre fortuitement, au petit matin, au large des Ăźles Lofoten, l'escadre constituĂ©e du Gneisenau et du Scharnhorst qui constitue le soutien Ă©loignĂ© des forces envoyĂ©es occuper Trondheim et Narvik. Un bref Ă©change d'artillerie aboutit Ă  trois impacts de 381 mm sur les tourelles "Anton" et "CĂŠsar" et le poste de direction de tir principal du Gneisenau et Ă  deux impacts de 280 mm sans grandes consĂ©quences sur le HMS Renown, avant que le vice amiral LĂŒtjens rĂ©ussisse Ă  se dĂ©gager dans la tempĂȘte[26] - [27].

La mission principale des destroyers était cependant terminée, car ils avaient réussi à débarquer la force d'invasion.

PremiĂšre bataille navale

PremiĂšre bataille navale de Narvik
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Reconstitution de la premiĂšre bataille navale
Informations générales
Date
Lieu Narvik (NorvĂšge)
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-UniDrapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni Bernard Warburton-Lee (en) †Kriegsmarine Friedrich Bonte †
Forces en présence
5 destroyers10 destroyers
Pertes
2 destroyers coulés
1 destroyer fortement endommagé
2 destroyers coulés
1 transport de munitions coulé
6 cargos coulés
4 destroyers endommagés
163 tués

Campagne de NorvĂšge

Le lendemain de l'invasion allemande, la Royal Navy en a profitĂ© pour attaquer la Kriegsmarine. La deuxiĂšme flottille de destroyers - sous le commandement du commodore Bernard Warburton-Lee et comprenant cinq destroyers de classe H (HMS Hardy (navire amiral), Hotspur, Havock, Hunter et Hostile — remonte le fjord au petit matin. Les destroyers allemands Hermann KĂŒnne et Hans LĂŒdemann sont ancrĂ©s aux cĂŽtĂ©s du pĂ©trolier Jan Wellem et font le plein lorsque l'attaque des destroyers britanniques commence Ă  04h30[6] - [13]. Le navire de guet allemand (Diether von Roeder) avait quittĂ© son poste pour faire le plein, et alors que la flottille britannique s'approchait de Narvik, ils ont surpris et engagĂ© une force allemande Ă  l'entrĂ©e du port et a coulĂ© les deux destroyers Wilhelm Heidkamp (tuant le Commodore Bonte) et Anton Schmitt, fortement endommagĂ© le Diether von Roeder et infligĂ© des dĂ©gĂąts moindres Ă  deux autres. Ils ont Ă©galement Ă©changĂ© des tirs avec les troupes d'invasion allemandes Ă  terre mais n'avait pas de force de dĂ©barquement Ă  bord et se sont donc retournĂ©s pour partir. Avant que les destroyers ne quittent les lieux, L' Hostile a tirĂ© ses torpilles sur les navires marchands dans le port. Au total, onze navires marchands (six allemands, un britannique, deux suĂ©dois et deux norvĂ©giens) ont Ă©tĂ© coulĂ©s lors de la sortie britannique dans le port[6] - [25].

PremiĂšre bataille navale de Narvik.

La flottille britannique a ensuite Ă©tĂ© engagĂ©e par trois autres destroyers allemands (Wolfgang Zenker, Erich Koellner et Erich Giese) Ă©mergeant de l'Herjangsfjord, dirigĂ©s par le commandant Erich Bey puis deux de plus (Georg Thiele et Bernd von Arnim) venant de la baie de Ballangen, sous le commandement de Fritz Berger. Dans la bataille qui s'ensuivit, deux destroyers britanniques furent perdus: le navire amiral HMS Hardy qui s'Ă©choua en flammes et le HMS Hunter, qui fut torpillĂ© et coulĂ©. Un troisiĂšme, le HMS « Hotspur », a Ă©galement Ă©tĂ© gravement endommagĂ© par une torpille. Le Hotspur et les destroyers britanniques restants ont quittĂ© le champ de bataille, endommageant le Georg Thiele. Les destroyers allemands, dĂ©sormais Ă  court de carburant et de munitions, n'ont pas poursuivi et les navires britanniques ont pu couler le navire de ravitaillement en munitions Rauenfels pour le gĂ©nĂ©ral Dietl qu'ils ont rencontrĂ© en sortant du fjord. BientĂŽt, les forces navales allemandes furent bloquĂ©es par des renforts britanniques, y compris le croiseur HMS Penelope. Dans la nuit du 11 au 12 avril, alors qu'ils manƓuvraient dans le port de Narvik, le Erich Koellner et le Wolfgang Zenker s'Ă©chouent. Le Wolfgang Zenker a endommagĂ© ses hĂ©lices et a Ă©tĂ© limitĂ© Ă  une vitesse de 20 nƓuds. Le Erich Koellner a Ă©tĂ© beaucoup plus endommagĂ©, alors les Allemands ont prĂ©vu - lorsqu'il a Ă©tĂ© suffisamment Ă©tĂ© rĂ©parĂ© - de l'amarrer Ă  TĂ„rstad au mĂȘme titre que le Diether von Roeder, en tant que batterie de dĂ©fense[6].

Alors que les destroyers britanniques quittaient le Vestfjord Ă  l'extĂ©rieur de Narvik, deux sous-marins allemands — U-25 et U-51 - ont tirĂ© des torpilles sur eux, mais les torpilles allemandes Ă  l'Ă©poque avaient de graves problĂšmes avec leurs systĂšmes de dĂ©tonateurs magnĂ©tiques - peut-ĂȘtre en raison de la latitude nord Ă©levĂ©e : toutes ont Ă©chouĂ© et n'ont pas explosĂ© du tout ou ont explosĂ© bien avant leurs cibles.

Le commandant de la Kriegsmarine — Kommodore Friedrich Bonte (sur le Wilhelm Heidkamp) et le commandant britannique — commodore Bernard Warburton-Lee (sur le Hardy) ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans la bataille. Warburton-Lee a reçu Ă  titre posthume la Victoria Cross, Bonte la Croix de chevalier de la croix de fer[28] - [29].

DeuxiĂšme bataille navale

DeuxiĂšme bataille navale de Narvik
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Le HMS Warspite engageant des batteries cĂŽtiĂšres.
Informations générales
Date
Lieu Narvik (NorvĂšge)
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-UniDrapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Forces en présence
1 cuirassé
9 destroyers
1 porte-avion envoyant quelques Swordfish
8 destroyers
2 U-Boot
Pertes
3 destroyers endommagés
28 tués
55 blessés
8 destroyers coulés
1 U-Boot coulé
128 tués
67 blessés

Campagne de NorvĂšge

La Royal Navy considérait qu'il était impératif, pour des raisons morales et stratégiques, de vaincre les forces allemandes à Narvik, alors le Vice-amiral William Whitworth fut envoyé avec le cuirassé HMS Warspite et neuf destroyers ; quatre de la classe Tribal (HMS Bedouin, Cossack, Punjabi, et Eskimo) et cinq autres (HMS Kimberley, Hero, Icarus, Forester et Foxhound), accompagnés des avions du porte-avions HMS Furious. Ces forces sont arrivées dans le Vestfjord le 13 avril au matin pour constater que les huit destroyers allemands restants - maintenant sous le commandement de FregatenkapitÀn Erich Bey - étaient pratiquement bloqués en raison du manque de carburant et manquaient de munitions.

Avant la bataille, le Warspite a catapultĂ© son avion (l'hydravion Fairey Swordfish L9767), qui a bombardĂ© et coulĂ© le U-64, ancrĂ© dans le Herjangsfjord prĂšs de Bjerkvik. La plupart des membres de l'Ă©quipage ont survĂ©cu et ont Ă©tĂ© secourus par les troupes de montagne allemandes. Ce fut le premier U-boot Ă  ĂȘtre coulĂ© par un avion pendant la Seconde Guerre mondiale et le seul cas oĂč un avion lancĂ© depuis un cuirassĂ© a coulĂ© un U-boot[30].

Les destroyers du Warspite avancent de trois miles (km) devant le navire de ligne, afin d'engager le combat avec leurs homologues allemands venus Ă  leur rencontre, donnant ainsi le coup d'envoi de la DeuxiĂšme Bataille de Narvik. Dans la bataille qui a suivi, trois des destroyers allemands ont Ă©tĂ© coulĂ©s par le Warspite et ses escortes, les cinq autres ont Ă©tĂ© sabordĂ©s par leurs Ă©quipages lorsqu'ils ont manquĂ© de carburant et de munitions. Le premier Ă©liminĂ© fut le Erich Koellner qui tenta de tendre une embuscade aux forces alliĂ©es mais fut repĂ©rĂ© par le Swordfish du Warspite puis torpillĂ© et bombardĂ© par les destroyers et le cuirassĂ©. Le commandant du destroyer, Alfred Schulze-Hinrichs, et les membres survivants de son Ă©quipage, ont Ă©tĂ© capturĂ©s par les forces norvĂ©giennes. Puis le Wolfgang Zenker, le Bernd von Arnim, le Hans Ludemann et le Hermann KĂŒnne engagĂšrent les forces britanniques mais ne parvinrent qu'Ă  endommager lĂ©gĂšrement le HMS Bedouin. Les avions britanniques de Furious ont tentĂ© d'engager les destroyers allemands sans succĂšs; deux ont Ă©tĂ© perdus. Le Wolfgang Zenker a tentĂ© en vain de torpiller le Warspite.

Naufrage du Bernd von Arnim dans le Rombaksfjord.

Les vaisseaux allemands se trouvent bientĂŽt Ă  court de munitions et sont progressivement repoussĂ©s hors du port. Cet aprĂšs-midi-lĂ , la plupart d'entre eux tentent de s'enfuir par le Rombaksfjord, exceptĂ© le destroyer Hermann KĂŒnne. À court de munitions mais en bon Ă©tat, le Hermann KĂŒnne a Ă©tĂ© sabordĂ© par son Ă©quipage dans le Trollvika dans le Herjangsfjord. AprĂšs avoir sabordĂ© le navire, l'Ă©quipage a placĂ© des grenades sous-marines de dĂ©molition sur le navire, tentant de le couler dans les eaux peu profondes de Trollvika. L'HMS Eskimo, toujours Ă  sa poursuite, lança une torpille qui toucha Hermann KĂŒnne, y mettant le feu. On ne sait pas si les grenades sous-marines du navire allemand ou la torpille de Eskimo Ă©taient Ă  l'origine de l'explosion.

Quatre destroyers britanniques engagent la poursuite, dans le Rombaksfjord des Georg Thiele, Hans Ludemann, Diether von Roeder et Erich Giese. Ces deux derniers souffrant tous deux de problÚmes de moteur, ont tiré sur les forces britanniques alors qu'ils étaient encore à quai, endommageant le Punjabi et le Cossack mais ils ont tous deux été coulés avant qu'ils ne puissent causer dommages supplémentaires. Ce fut la derniÚre contre-attaque allemande. Il a été rapporté par les allemands naufragés du Erich Giese ont été la cible de tirs d'artillerie et de mitrailleuses britanniques pendant l'engagement[31].

Proue du HMS Eskimo endommagée le 13 mai 1940 à Narvik

Le destroyer Eskimo est gravement endommagĂ© par l'ennemi qui l'attendait de pied ferme. Toutefois, la situation des Allemands est sans espoir. A court de munitions et de carburant, ils ont abandonnĂ© et sabordĂ© leurs navires les autres vaisseaux britanniques atteignent leur position. À 18 h 30, les vaisseaux britanniques quittent le fjord, dĂ©sormais nettoyĂ© de toute prĂ©sence de la Kriegsmarine. Le seul navire allemand qui a survĂ©cu dans la zone portuaire fut le sous-marin U-51.

Les allemands y ont perdu plus de 1 000 hommes, un U-boot et huit destroyers[32]. Avec les pertes de la bataille précédente, cela constituait 50 % de l'effectif des destroyers de la Kriegsmarine de l'époque.

Les batteries et les installations cÎtiÚres ont également été trÚs gravement endommagées par les canons du Warspite. Du cÎté allié, les dégùts subis par le HMS Eskimo le retiennent en NorvÚge jusqu'au 31 mai 1940. Les sous-marins allemands subissent à nouveau des échecs de torpilles, lorsque les U-46 et U-48 ont tiré sur le Warspite à son départ le 14 avril.

Environ 2 600 allemands survivants ont été organisés en une unité d'infanterie de marine improvisée, la Gebirgsmarine et ont combattu avec le régiment 139 GebirgsjÀger dans la bataille terrestre qui a suivi[33]. Bien qu'inaptes au combat dans le terrain montagneux autour de Narvik, les marins naufragés équipaient les deux canons de 10,5 cm Flak 38 et les 11 canon antiaérien légers récupérés sur les navires coulés pendant les batailles navales et ont mené des opérations défensives. Les marins étaient également armés des stocks capturés sur la base de l'armée norvégienne ElvegÄrdsmoen, de plus de 8 000 fusils Krag-JÞrgensen et 315 mitrailleuses destinés à la mobilisation des unités de l'armée norvégienne dans la région de Narvik.

Bataille terrestre

Les troupes terrestres engagées se composent pour un tiers de forces britanniques et polonaises et pour deux tiers de forces françaises et norvégiennes. Commandée par le major-général Mackesy puis par le major-général Auchinleck, la 24e brigade britannique se compose du 1er bataillon Scots Guards, du 1er bataillon Irish Guards et du 2e bataillon the South Wales Borderers.

Le 16 avril, les Britanniques dĂ©barquent 3 bataillons au nord et Ă  l’ouest de l’Ofotenfjord. Ils sont rejoints par des chars lĂ©gers. Au dĂ©part, les Britanniques bombardent les positions allemandes. Le bombardement intensif du 24 avril doit forcer les Allemands Ă  quitter la ville. Parmi les navires britanniques, les croiseurs lĂ©gers HMS Aurora et HMS Enterprise et le destroyer HMS Zulu. L’aviation allemande riposte. Le croiseur lourd HMS Effingham prend sous son feu les positions allemandes situĂ©es au premier tunnel de la voie ferrĂ©e. Les Allemands y ont hissĂ© des canons 77 sur les wagons qui sortent, tirent, puis s’abritent dans le tunnel.

La ville est fortement endommagĂ©e (le Grand HĂŽtel, l’HĂŽtel Royal, le restaurant Fjellheim). La moitiĂ© de la population est Ă©vacuĂ©e malgrĂ© l’interdiction de quitter la ville. Les bombardements coĂ»tent la vie Ă  30 civils. Participent aussi aux combats les destroyers polonais ORP Grom et ORP Blyskawica. Le 24 avril le destroyer Grom est pris pour cible par un bombardier allemand He 111. Il lĂąche 12 bombes de 50 kg sur le destroyer qui se rompt en deux. 59 marins polonais trouvent la mort.

La LĂ©gion dans la bataille

Le groupement de haute montagne de la LĂ©gion Ă©trangĂšre crĂ©Ă© en Afrique du Nord comprend : un Ă©tat-major de groupement, une compagnie hors rang, une section de commandement et 2 bataillons du type haute montagne, l’un devant ĂȘtre formĂ© par les 2e, 3e, 4e rĂ©giments Ă©trangers (1er bataillon, CHR et CDT) l’autre par le 2e bataillon du 1er rĂ©giment Ă©tranger. L’effectif de chaque bataillon comporte 930 officiers, gradĂ©s et lĂ©gionnaires avec une section de skieurs. Le groupement de haute montagne est commandĂ© par le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, qui deviendra Monclar lors de son ralliement aux FFL.

EmbarquĂ©e Ă  Brest le 23 avril, la 13e demi-brigade de LĂ©gion Ă©trangĂšre arrive Ă  Liverpool le 25 dans la rade de Greenock. La 13e D.B.L.E. quitte le paquebot Providence des Messageries maritimes pour ĂȘtre transbordĂ©e sur le paquebot anglais Monarch of Bermuda. Elle repart le 29 avril.

Le 5 mai, la 13e D.B.L.E. se prĂ©sente Ă  Ballangen, dans la presqu’üle de Haafjeldet, base avancĂ©e en vue des opĂ©rations sur Narvik. Tandis que la Colombie, le SS Chenonceaux et le Mexique font route plus au nord, aprĂšs un transbordement sur des contre-torpilleurs britanniques, le 6 mai, et une attaque aĂ©rienne allemande, les lĂ©gionnaires dĂ©barquent sur la terre norvĂ©gienne Ă  SkĂ„nland.

Le 7 mai, le gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart et le colonel Magrin-Verneret prennent passage Ă  bord du torpilleur polonais ORP Burza pour aller explorer le fjord de Narvik. Le gĂ©nĂ©ral Bethouart force la main aux Britanniques: un dĂ©barquement de vive force sera tentĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la presqu’üle de l’Herjangsfjord, Ă  Bjervik, oĂč les Allemands se sont retranchĂ©s. L’objectif est de prendre Ă  revers les forces ennemies qui, Ă  20 kilomĂštres au nord, bloquent l’avance de la demi-brigade de chasseurs alpins et de plusieurs bataillons norvĂ©giens sur une presqu’üle Ă  Gretangen.

Lorsque le , une attaque éclair sur les Pays-Bas et la Belgique, prélude à l'invasion allemande de la France, est déclenchée par Adolf Hitler, une majorité du corps expéditionnaire du Royaume-Uni et de la France doit rembarquer précipitamment, ce qui entraßne la chute de Neville Chamberlain et son remplacement par Winston Churchill..

Le gĂ©nĂ©ral BĂ©thouard dispose alors de la 13e D.B.L.E. Ă  deux bataillons, d’une brigade polonaise Ă  quatre bataillons et d’une compagnie de chars.

Le 12 mai, vers vingt-deux heures, la petite armada s’ébranle et se prĂ©sente dans le fjord de Bjervik et MĂ©by. A minuit, les canons des navires de guerre ouvrent le feu. Les Allemands sont installĂ©s autour de Bjervik et mĂȘme dans Bjernik.

L’amiral britannique Cork, commandant les forces navales britanniques, et le gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart ont pris place Ă  bord du croiseur HMS Effingham. Le colonel Magrin-Verneret se trouve sur la passerelle de l'ancien croiseur HMS Vindictive transformĂ© en transport de troupes.

Les chalands blindĂ©s foncent sur la plage. A leur bord, le I/13e du commandant Boyer-Resses et quelques chars Hotchkiss H35 d’accompagnement d’infanterie.

Le 13 mai, Ă  l’aube, la 13e D.B.L.E. dĂ©barque sur le sol norvĂ©gien dans huit barcasses blindĂ©es et plusieurs bateaux de pĂȘche, sous la protection de la flotte britannique. SimultanĂ©ment, les 6e et 14e B.C.A. attaquent au Nord. Des cinq chars lĂ©gers prĂ©vus, transportĂ©s par le cuirassĂ©e HMS Resolution, seul le H39 du lieutenant Coloby arrive Ă  toucher terre dĂšs le dĂ©but de l’assaut.

Troupes britanniques, françaises et polonaises avec des chars français Hotchkiss H39 à Steinsland, NorvÚge, 1940

Au bout d’une heure, les lĂ©gionnaires partent Ă  l’assaut dans cinq chalands. MalgrĂ© le bombardement, les allemands dĂ©fendent le rivage et leurs mitrailleuses gĂȘnent d’emblĂ©e les engins de dĂ©barquement. Cent cinquante lĂ©gionnaires du 1er Bataillon gagnent rapidement le rivage. Puis ils avancent, culbutent l’ennemi et se reforment sous le feu en direction de Bjervik, leur objectif initial. DerriĂšre eux, trois chars gagnent enfin la plage et sont engagĂ©s dans la bataille.

Tandis que progresse lentement l’assaut des lĂ©gionnaires, les Allemands se replient en dĂ©fendant rue aprĂšs rue. Lorsque la premiĂšre tĂȘte de pont est bien Ă©tablie, le restant du 1er bataillon embarque Ă  son tour dans des canots blindĂ©s et fonce vers la plage sous une voĂ»te de feu.

Les Allemands sont retranchĂ©s dans le village. Il faut donc enlever Bjervik maison par maison. AprĂšs cinq heures d’ñpres combats de rue pour progresser au corps Ă  corps dans les ruines et dans les flammes, dans les maisons qu’il faut enlever les unes aprĂšs les autres, avec la 1Ăšre compagnie du capitaine Gelat en tĂȘte, le 1er Bataillon du commandant Boyer-Resses s’empare de Bjervik et peut poursuivre l’action vers le nord.

Lorsque le 1er Bataillon est enfin maĂźtre du terrain, le 2e Bataillon est mis Ă  terre face Ă  l’est. Il trouve un relief terriblement accidentĂ©, avec des failles plus abruptes que la carte ne le laissait prĂ©voir. Pourtant, les lĂ©gionnaires du commandant GuĂ©ninchault parviennent eux aussi Ă  vaincre toutes les rĂ©sistances. Le 2e Bataillon doit poursuivre sa progression dans la montagne. Il s’empare de la cote 98 puis, au cours de son avance, enlĂšve le camp d’ElvegĂ„rd. La lutte est chaude car chaque maison est conquise par un combat sans merci. Enfin le bataillon tient ElvegĂ„rd oĂč il libĂšre 80 prisonniers norvĂ©giens, capture prĂšs de 500 Allemands, s’empare d’une centaine de mitrailleuses et d’un matĂ©riel important.

A 13 heures 30, sous la protection des mitrailleuses du bataillon, la 1Ăšre section de la 5e compagnie parvient prĂšs du sommet, malgrĂ© les obstacles et le tir meurtrier des armes automatiques allemandes. Mais les balles qui pleuvent en rendent l’approche impossible. BientĂŽt l’ennemi cĂšde. Il ne reste plus qu’une mitrailleuse haut perchĂ©e sur un rocher abrupt, au milieu des eaux, qui barre avec obstination le passage. Ni les fusils-mitrailleurs, ni les grenades lancĂ©es par les vĂ©hicules blindĂ©s ne peuvent la neutraliser. Trois lĂ©gionnaires espagnols se dĂ©tachent de la section, escaladent le talus avec une facilitĂ© surprenante et bondissent vers la mitrailleuse dont le tir fauche deux d‘entre eux. Le troisiĂšme s’élance Ă  son tour et, d’un coup de crosse, assomme successivement les serveurs de l’arme, qu’il balance dans le vide. Ce lĂ©gionnaire courageux s’appelle Rodriguez ; son action lui vaut la premiĂšre MĂ©daille militaire de la 13e D.B.L.E.

Vers 17 heures, la liaison entre la terre et le commandement Ă©tant Ă©tablie, le chef de corps, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey reçoit enfin l’autorisation de l’état-major français de l’opĂ©ration, de rejoindre son unitĂ© ; il dĂ©barque sur la plage de Bjervik avec son Ă©tat-major, ses motocyclistes et ses Ă©claireurs skieurs.

La prise du camp d’Elvegaard permet au 2e Bataillon de dĂ©gager la route de MĂ©by vers Øyjorda. Le chef de corps dĂ©cide de lancer une reconnaissance jusqu’au bout de la presqu’üle. Le peloton motocycliste du lieutenant Lefort est chargĂ© de cette mission, appuyĂ© par un destroyer surveillant le rivage. Jusqu’à Oijord, la progression est lente ; la route et dĂ©foncĂ©e et les ponts sont dĂ©truits. L’ennemi semble absent et le bourg inoccupĂ©. Pourtant l’adversaire rĂ©agit, mais son retour offensif sur Øyjorda est vivement repoussĂ© par les F.M. du peloton.

Au cours d’un bombardement, le P.C. du colonel est particuliĂšrement visĂ© : le capitaine Blanc de la C.C. et le mĂ©decin-capitaine Blancardi sont griĂšvement blessĂ©s.

Au cours de la progression, le 2e Bataillon perd le lieutenant René Maurin de la CAB 2 (Il est le premier officier de la 13e D.B.L.E. tué au combat).

MalgrĂ© ce premier succĂšs, le Haut Commandement britannique dĂ©cide de retirer les troupes envoyĂ©es en NorvĂšge; les difficultĂ©s pour ravitailler ce thĂ©Ăątre d’opĂ©rations, les pertes subies par la Home Fleet et la situation qui se dessine sur le font de France en sont la cause. En effet, les pertes en navires britanniques sont lourdes du fait de la supĂ©rioritĂ© de la Luftwaffe mais aussi des U-Boote qui gĂȘnent considĂ©rablement la logistique alliĂ©e. De plus, l’amiral Cunningham, commandant les forces navales, pense que la prise de Narvik est impossible. Le gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart insiste pour tenter la prise de Narvik car l‘embarquement de milliers d’hommes sous la pression ennemie Ă©quivaudrait Ă  un dĂ©sastre. Les Anglais ne sont pas trĂšs favorables Ă  une nouvelle attaque. En effet, la garnison allemande, forte de 5 000 hommes sous les ordres du cĂ©lĂšbre gĂ©nĂ©ral Dietl, est renforcĂ©e par un millier de marins, provenant des navires coulĂ©s.

Le 14 mai, une patrouille de la 7e compagnie du 2e bataillon, par un coup de main audacieux, dĂ©truit dix avions allemands basĂ©s au lac Hatvigvand dont la surface gelĂ©e leur sert d’aĂ©rodrome. Mais l’objectif prioritaire demeure Narvik, de l’autre cĂŽtĂ© du Rombakfjord.

Les lĂ©gionnaires et les chasseurs alpins effectuent leur jonction sur la route de Gretangen. Les chasseurs du 14e B.C.A. et des unitĂ©s polonaises tiennent le secteur au sud de l’objectif. Partant d’Ankenes et de la cote 668, ils sont chargĂ©s d’une opĂ©ration d’encerclement sur l’arriĂšre des positions allemandes.

Le 17 mai, l’ennemi, dont l’infanterie n’a plus de ressources pour rĂ©sister efficacement, rĂ©agit avec son aviation. L’une de ses attaques sur Bjervik Ă©crase sous les bombes le P.C. du chef de corps et le poste de secours de la 13e D.B. Le capitaine CarrĂ© de Lusançay et le lieutenant Herzog sont mortellement touchĂ©s. Le 2e Bataillon perd son chef, le commandant AlbĂ©ric Gueninchault, venu faire son rapport, Ă  Ankenes.

Ailleurs les unitĂ©s comptent douze lĂ©gionnaires tuĂ©s et de nombreux blessĂ©s. Les bombardements et les mitraillages sont dĂ©sormais trĂšs frĂ©quents. Pourtant, l’étau se resserre sur Narvik mĂȘme, objectif principal de la campagne.

Le 22 mai, vers 23 h 30, le colonel Magrin-Vernerey, les chefs de bataillon, les commandants de compagnie, le chef d’escadron du GAAC, participent Ă  une reconnaissance au large de Langstranda. Ces officiers embarquent Ă  Seynes, sur un ponton Ă  moteur, puis sont ensuite transbordĂ©s sur le contre-torpilleur britannique HMS Fame. Le bĂątiment met immĂ©diatement le cap sur la pointe sud de la presqu’üle de Narvik.

Le Fame contourne la presqu’üle, longe Ă  moins de 300 m les rives nord et pĂ©nĂštre dans le Rombaken. Il est violemment pris Ă  partie par une piĂšce de 77 montĂ©e sur wagon-plateau. Deux obus traversent la passerelle sans Ă©clater. Restent seuls sur la passerelle le commandant de bord, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey, le commandant Boyer-Resses et le capitaine Dimitri Amilakvari. Les canonniers se prĂ©cipitent Ă  leurs piĂšces de 4,7 pouces. Le capitaine Amilakvari, qui a repĂ©rĂ© l’objectif, commande le feu. En quelques minutes, le 77 est rĂ©duit au silence.

Le Fame passe lentement devant le mamelon d’Orneset. Au premier plan, ce mouvement de terrain se dĂ©tache du massif imposant du Taraldsvik par un palier trĂšs prononcĂ© oĂč passe la voie ferrĂ©e. Les pentes est du mamelon plongent doucement dans le fjord. Cette plage est choisie par le gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart comme point de dĂ©barquement.

La tĂȘte de pont sera organisĂ©e sur le mamelon d’Orneset. Plus au sud, on distingue, au second plan, la Cote 79, qui masque la ville de Narvik. DerriĂšre se profile la pointe de Lillevik.

Revenu Ă  terre, le gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart convoque ses subordonnĂ©s pour mettre au point les dĂ©tails d’exĂ©cution de la manƓuvre.

Le 26 mai, le commandant Boyer-Resses rĂ©organise son bataillon. Quatre groupements de fusiliers et voltigeurs sont constituĂ©s. La compagnie d’accompagnement est partagĂ©e entre diffĂ©rents Ă©chelons. Le capitaine Guillemain fait mouvement dans la soirĂ©e, avec un dĂ©tachement comprenant la section de commandement de la CAB 1, deux sections de mitrailleuses, la section d’engins et le groupement du lieutenant Bouchet. Ils s’installent dans le bois au sud-ouest de la Cote 115, pour y passer la nuit.

La 2/13DBLE et le Groupe Autonome d'Artillerie Coloniale (GAAC), dĂ©jĂ  en place, la premiĂšre vague, comprenant le chef de bataillon Boyer-Resses, une section de mitrailleuses et la 3e compagnie, quittent les emplacements de repos vers 21 h. La piste de Bjerkvik Ă  Øyjorda est la seule voie de communication de la presqu’üle. Elle longe les rives de l’Herjangfjord, au bas des montagnes enneigĂ©es. Le dĂ©tachement s’écoule lentement en deux colonnes de chaque cĂŽtĂ© de la route. Des petits chevaux norvĂ©giens traĂźnent les voiturettes de mitrailleuses et de mortiers. Au milieu de la route passent rapidement des estafettes Ă  motocyclette.

Le commandant Boyer-Resses, et son officier adjoint, le lieutenant Vichot, ont prĂ©cĂ©dĂ© le bataillon pour reconnaĂźtre les points d’embarquement Ă  Seynes. Les pontons blindĂ©s attendent au bord de l’eau. Les premiers Ă©lĂ©ments arrivent et montent Ă  bord avec beaucoup de difficultĂ©s. Le premier Ă©chelon est enfin embarquĂ© vers 22 h 30. Dans la direction est, la flotte britannique se profile. L’enseigne de vaisseau Duff, officier de liaison, donne le signal du dĂ©part Ă  23 h 39. Un Ă  un, les bateaux s’éloignent de la cĂŽte. La petite flottille dĂ©passe bientĂŽt la pointe d’Oijord. ArrivĂ©s Ă  300 m de la cĂŽte, les vaisseaux britanniques et le GAAC ouvrent le feu sur les entrĂ©es du tunnel, les remblais et les organisations susceptibles des rĂ©sistances allemandes. L’ennemi, surpris, ne rĂ©pond pas.

Les premiĂšres embarcations accostent. L'Ă©chelon de tĂȘte dĂ©barque aussitĂŽt. La 3e compagnie, entraĂźnĂ©e par le capitaine Gilbert et le lieutenant Burtin, gravit rapidement le piton d’Orneset. À mi-pente, les lĂ©gionnaires sont arrĂȘtĂ©s par le tir de soutien du GAAC. Le capitaine Gilbert envoie aussitĂŽt la fusĂ©e « allongez le tir ». L’assaut reprend bientĂŽt, les dĂ©fenseurs du piton d’Orneset n’ont pas le temps d’utiliser leurs armes automatiques, peu efficaces dans cet amas de rochers. Quelques-uns rĂ©sistent encore Ă  la grenade. ImpressionnĂ©s par le mordant des assaillants, rapidement dĂ©bordĂ©s, ils abandonnent la position.

La 3e compagnie s’organise dĂ©fensivement face Ă  Narvik, au Sud-ouest et au massif du Taraldsvik, au Sud-est. Le chef de bataillon Boyer-Resses installe son poste de commandement Ă  mi-pente du mamelon. Dans cette premiĂšre phase de l’opĂ©ration sur Narvik, les dĂ©fenseurs d’Orneset sont prisonniers. Les lĂ©gionnaires sont Ă©merveillĂ©s par les installations. Chaque Ăźlot allemand est reliĂ© par tĂ©lĂ©phone. D’importantes rĂ©serves de munitions, de vivres et de tabac sont stockĂ©es. Cependant, la deuxiĂšme vague du bataillon, comprenant la 2e compagnie et le reliquat de la compagnie d’accompagnement, procĂšde Ă  son embarquement sur la jetĂ©e d’Øyjorda.

MalgrĂ© les prĂ©cautions prises par les lĂ©gionnaires, un tir allemand, efficace et ajustĂ©, est exĂ©cutĂ©, par une piĂšce de 77 en batterie, sur la voie ferrĂ©e, dans la rĂ©gion du tunnel Djupviken. Le capitaine Guillemain et trois lĂ©gionnaires sont tuĂ©s ; plusieurs blessĂ©s graves jonchent la plage. Les barcasses blindĂ©es viennent se mettre Ă  l’abri de la pointe de Toftmoen et l’embarquement du groupement Bouchet se termine sans autre incident. AussitĂŽt dĂ©barquĂ©e, la 2e compagnie se porte, de part et d’autre du tunnel d’Orneset. Sous l’impulsion du capitaine de Guittaut, ancien chef de groupe franc de la campagne 1914-1918, du lieutenant Vadot, dĂ©jĂ  blessĂ© au combat de Bjerkvik, les lĂ©gionnaires escaladent les pentes escarpĂ©es du Taraldsvik. Le groupement Bouchet, qui colmate le dispositif entre la 2e et la 3e compagnie, face Ă  Narvik, est soumis Ă  des feux nourris. DĂšs son dĂ©barquement, le canon de 25 mm est traĂźnĂ© par ses servants Ă  hauteur de la voie ferrĂ©e et aussitĂŽt mis en batterie devant l’entrĂ©e du tunnel. Quelques coups bien ajustĂ©s obligent la garnison du tunnel, comprenant deux sous-officiers et huit marins allemands, Ă  se rendre. La lutte continue plus Ăąpre, l’ennemi Ă©tant remis de sa surprise.

L’intervention du bataillon de NorvĂ©giens se fait attendre, la cadence d’embarquement Ă©tant de plus en plus lente. À son arrivĂ©e au poste de commandement, le chef de bataillon norvĂ©gien Ulmo, reçoit du commandant Boyer-Resses les renseignements sur la situation et le terrain. ProtĂ©gĂ©s par la 2e compagnie et le groupement Bouchet, ils doivent dĂ©passer ces Ă©lĂ©ments et s’emparer de la Cote 457. Le mouvement s’effectue lentement.

Le colonel Magrin-Vernerey et une partie de son Ă©tat-major ont rejoint le poste de commandement du bataillon, et reconnaissent du piton d’Orneset le terrain d’attaque du 2e bataillon en direction de Narvik. Il est cinq heures environ, le commandant Paris, chef d’état-major du gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart, vient prendre la liaison auprĂšs du chef de bataillon Boyer-Resses. AprĂšs avoir apprĂ©ciĂ© les rĂ©sultats obtenus par la LĂ©gion, il redescend vers la plage pour rejoindre le quartier gĂ©nĂ©ral. À ce moment, une violente rafale de mitrailleuses provenant des crĂȘtes dominant le tunnel, balaye le terrain conquis par les lĂ©gionnaires. Le commandant Paris reçoit une balle en pleine tĂȘte. Il est tuĂ©.

Une contre-attaque, menĂ©e avec vigueur par deux compagnies, tombe sur les Ă©lĂ©ments du premier Ă©chelon. La lutte est dure. Les Allemands attaquent Ă  la grenade et aux pistolets-mitrailleurs. Le capitaine de Guittaut, le lieutenant Garoux sont mortellement blessĂ©s. PrivĂ©e de ses chefs, la 2e compagnie se replie lĂ©gĂšrement. La section du lieutenant Jouandon, menacĂ©e sur trois cĂŽtĂ©s, tient bon et arrive Ă  freiner la poussĂ©e ennemie. Le lĂ©gionnaire Melis, au cri de « En avant la LĂ©gion », entraĂźne quelques voltigeurs. Les NorvĂ©giens suivent. L’ennemi se replie en abandonnant ses morts. La fusillade reprend par intermittence. La situation reste confuse. Le chef de bataillon Boyer-Resses charge son officier adjoint d’aller examiner la position des Ă©lĂ©ments de l’échelon, de rĂ©organiser le commandement des unitĂ©s. Trois groupements, Bouchet, Burtin et Vadot, sont formĂ©s sur place en fonction du dispositif des sections.

Le bataillon est trĂšs Ă©prouvĂ©, tant par les pertes que par la fatigue due aux efforts incessants que la troupe a dĂ» fournir pour progresser dans ce terrain chaotique. L’occupation et le nettoyage de Narvik sont effectuĂ©s par la 2/13e DBLE. L’ennemi, poursuivi par le 1er bataillon sur la voie ferrĂ©e de Narvik Ă  LuleĂ„, bat en retraite jusqu’à la station de Sildvik.

Les Polonais dans la bataille

DĂ©barquĂ©s aux Ăźles Lofoten[34], les Polonais de la Brigade autonome de chasseurs de Podhale sont ensuite transfĂ©rĂ©s (par une navette de bateaux de pĂȘche norvĂ©giens) sur le continent prĂšs de Narvik qui Ă©tait tenu par une forte garnison allemande. DĂ©posĂ© au nord, prĂšs de Bogen, le contingent polonais doit effectuer une longue marche d'approche vers Bjerkvik, atteint le 13 mai, escortĂ© par un dĂ©tachement d'Ă©claireurs norvĂ©giens Ă  ski. Les Allemands sont repoussĂ©s vers le nord-est. Un autre contingent est dĂ©posĂ© au sud et prend ses positions au sud de Narvik Ă  HĂ„kvik. Au nord, le front est tenu par la LĂ©gion Ă©trangĂšre, les Chasseurs alpins et les NorvĂ©giens.

L'ensemble de la brigade polonaise est rassemblé le 16 mai et prend ses positions sur la péninsule d'Ankenes, sur la rive opposée à Narvik.

La bataille commence le 27 mai Ă  minuit et dure trente-six heures au terme desquelles les Polonais sont parvenus Ă  prendre Ankenes, position-clĂ© en face de Narvik, et les villages de Nyborg et Beisfjord et Ă  encercler la ville et la pĂ©ninsule de Narvik par l’ouest, atteignant ainsi leurs objectifs. Dans le mĂȘme temps, la LĂ©gion et les NorvĂ©giens sont entrĂ©s dans Narvik mĂȘme, tandis que les Chasseurs alpins pressent de prĂšs les Allemands au nord du fjord de Rombak.

En dĂ©pit de leurs avantages, dus Ă  leurs positions fortement fortifiĂ©es et Ă  leur puissance de feu, les Allemands sont non seulement dispersĂ©s mais mis en complĂšte dĂ©route par une action puissante oĂč la Royal Navy joue un rĂŽle important. Abandonnant ses hommes, le commandant allemand, le gĂ©nĂ©ral Dietl, s’enfuit vers la frontiĂšre suĂ©doise.

Les Allemands ont la maĂźtrise du ciel, ils en font un large usage en bombardant les positions polonaises et les navires dans le fjord nuit et jour. L’artillerie anti-aĂ©rienne est britannique, mais les Polonais dĂ©couvrent avec amusement que les canons ont Ă©tĂ© manufacturĂ©s en Pologne avant-guerre Ă  Starachowice[35]. Les Allemands inondent les positions polonaises de tracts et d’affiches, en langue polonaise, tentant de convaincre les Polonais qu’ils se battent pour une cause perdue. PrĂšs de deux cents morts et blessĂ©s sont Ă  dĂ©plorer dans leurs rangs. Les pertes allemandes sont plus importantes, plusieurs centaines de corps parsĂšment les rochers autour de Narvik. De nombreux soldats allemands sont faits prisonniers.

L'Ă©vacuation

MalgrĂ© la prise de Narvik, le commandement alliĂ©, conscient de la difficultĂ© de poursuivre l’opĂ©ration aussi loin des bases britanniques, sans aĂ©rodromes, et face Ă  la situation des armĂ©es en France, dĂ©cide l’évacuation du corps expĂ©ditionnaire. Celle-ci, sous le nom d'opĂ©ration Alphabet[36] est terminĂ©e le 8 juin. La Brigade franco-polonaise dĂ©barque du SS Duchess of York (1928) (en) Ă  Brest le 15 juin. « L'objectif n'Ă©tait pas prioritaire pour les AlliĂ©s, qui ne pensaient pas pouvoir tenir la rĂ©gion. Ils ont refluĂ© et les nazis sont revenus et ont tout dĂ©truit. »[37]

Les Allemands reprennent alors Narvik le 9 juin 1940 et y restent jusqu'Ă  la fin de la guerre.

Tous les soldats allemands ayant participé à la prise de Narvik ont reçu une plaque de bras commémorative portée à l'épaule. Cela représente 8 577 soldats de toutes les armes.

Commémoration

Le nom de Narvik a été donné à des places ou rues dans plusieurs villes de France :

Films

Cette bataille a fait l'objet d'un film :

Notes et références

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Sources

Bibliographie

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Lien externe

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