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Charles de Gaulle

homme d'État français

Pour les articles homonymes, voir Charles de Gaulle (homonymie) et Gaulle.

Ne doit pas ĂȘtre confondu avec Charles de Galles.

Charles de Gaulle
Illustration.
Charles de Gaulle en 1961.
Fonctions
Président de la République française
–
(10 ans, 3 mois et 20 jours)
Élection 21 dĂ©cembre 1958
Réélection 19 décembre 1965
Premier ministre Michel Debré
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Prédécesseur René Coty (IVe République)
Successeur Alain Poher (intérim)
Georges Pompidou
Président du Conseil des ministres
–
(7 mois et 8 jours)
Président René Coty
Gouvernement De Gaulle III
Législature IIIe législature
(QuatriĂšme RĂ©publique)
Prédécesseur Pierre Pflimlin
Successeur Michel Debré (Premier ministre)
Ministre de la DĂ©fense nationale
–
(7 mois et 8 jours)
Président René Coty
PrĂ©sident du Conseil Lui-mĂȘme
Gouvernement De Gaulle III
Prédécesseur Pierre de Chevigné
(ministre des Forces armées)
Successeur Pierre Guillaumat
(ministre des Armées)
Président du gouvernement provisoire de la République française
(chef de l’État de facto à partir du )
–
(1 an, 7 mois et 17 jours)
Chef de l'État Lui-mĂȘme
Gouvernement De Gaulle I
De Gaulle II
PrĂ©dĂ©cesseur Philippe PĂ©tain (chef de l'État)
Pierre Laval (chef du gouvernement du régime de Vichy)
Lui-mĂȘme (CFLN)
Successeur FĂ©lix Gouin
Président du Comité français
de libération nationale
[n 1] –
(1 an)
Gouvernement CFLN
PrĂ©dĂ©cesseur Lui-mĂȘme (CNF-France libre)
Henri Giraud (Commandement en chef français civil et militaire)
Successeur Lui-mĂȘme (GPRF)
Président du Comité national français
–
(1 an, 8 mois et 10 jours)
Gouvernement Comité national français
Prédécesseur Conseil de défense de l'Empire
Successeur Lui-mĂȘme
Henri Giraud (CFLN)
Chef de la France libre
–
(3 ans, 1 mois et 14 jours)
Gouvernement Conseil de défense de l'Empire
Comité national français
CFLN
Sous-secrĂ©taire d'État Ă  la Guerre et
Ă  la DĂ©fense nationale
–
(10 jours)
Président Albert Lebrun
Président du Conseil Paul Reynaud
Gouvernement Reynaud
Prédécesseur Hippolyte Ducos
Successeur Fonction supprimée
Biographie
Nom de naissance Charles André Joseph Marie de Gaulle
Surnom Le Général
L'Homme du 18 juin
Général micro
Le Grand Charles
Le Connétable de France[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Lille (France)
Date de décÚs  Consultez la documentation du modÚle

Charles de Gaulle (/ʃaʁl də ÉĄol/[n 2] ), communĂ©ment appelĂ© le gĂ©nĂ©ral de Gaulle ou parfois simplement le GĂ©nĂ©ral, nĂ© le Ă  Lille et mort le Ă  Colombey-les-Deux-Églises, est un militaire, rĂ©sistant, homme d'État et Ă©crivain français.

Il est notamment chef de la France libre puis dirigeant du ComitĂ© français de libĂ©ration nationale pendant la Seconde Guerre mondiale, prĂ©sident du Gouvernement provisoire de la RĂ©publique française de 1944 Ă  1946, prĂ©sident du Conseil des ministres de 1958 Ă  1959, instigateur de la CinquiĂšme RĂ©publique, fondĂ©e en 1958, et prĂ©sident de la RĂ©publique de 1959 Ă  1969, Ă©tant le premier Ă  occuper la magistrature suprĂȘme sous ce rĂ©gime.

ÉlevĂ© dans une culture de grandeur nationale, Charles de Gaulle choisit une carriĂšre d'officier. Au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale, il est blessĂ© et fait prisonnier. Par la suite, il sert et publie dans l'entourage de Philippe PĂ©tain, prĂŽnant auprĂšs de personnalitĂ©s politiques l'usage des divisions de blindĂ©s dans la guerre contemporaine. En , alors colonel, il est placĂ© Ă  la tĂȘte d'une division blindĂ©e et mĂšne plusieurs contre-attaques pendant la bataille de France ; il est dans la foulĂ©e promu gĂ©nĂ©ral de brigade Ă  titre temporaire. Pendant l'exode qui suit, il est sous-secrĂ©taire d'État Ă  la Guerre et Ă  la DĂ©fense nationale dans le gouvernement Reynaud.

Rejetant l'armistice demandĂ© par PĂ©tain Ă  l'Allemagne nazie, il lance de Londres, Ă  la BBC, l'« appel du 18 Juin », qui incite le peuple français Ă  rĂ©sister et Ă  rejoindre les Forces françaises libres. CondamnĂ© Ă  mort par contumace et dĂ©clarĂ© dĂ©chu de la nationalitĂ© française par le rĂ©gime de Vichy, il entend incarner la lĂ©gitimitĂ© de la France et ĂȘtre reconnu en tant que puissance par les AlliĂ©s. Ne contrĂŽlant que quelques colonies, mais reconnu par la RĂ©sistance, il entretient des relations froides avec Franklin Roosevelt, mais bĂ©nĂ©ficie gĂ©nĂ©ralement de l'appui de Winston Churchill. En 1943, il fusionne la France libre au sein du ComitĂ© français de libĂ©ration nationale, dont il finit par prendre la direction. Il dirige le pays Ă  partir de la LibĂ©ration ; favorable Ă  un pouvoir exĂ©cutif fort, il s'oppose aux projets parlementaires et dĂ©missionne en 1946. Il fonde l'annĂ©e suivante le Rassemblement du peuple français (RPF), mais son refus de tout compromis avec le « rĂ©gime des partis » l'Ă©carte de toute responsabilitĂ©.

Il revient au pouvoir aprĂšs la crise de mai 1958, dans le cadre de la guerre d'AlgĂ©rie. Investi prĂ©sident du Conseil, il fait approuver la CinquiĂšme RĂ©publique par un rĂ©fĂ©rendum. Élu prĂ©sident de la RĂ©publique par un collĂšge Ă©largi de grands Ă©lecteurs, il prĂŽne une « politique de grandeur » de la France. Il affermit les institutions, la monnaie (nouveau franc) et donne un rĂŽle de troisiĂšme voie Ă©conomique Ă  un État planificateur et modernisateur de l'industrie. Il renonce par Ă©tapes Ă  l'AlgĂ©rie française malgrĂ© l'opposition des pieds-noirs et des militaires, qui avaient favorisĂ© son retour. Il poursuit la dĂ©colonisation de l'Afrique noire et y maintient l'influence française. En rupture avec le fĂ©dĂ©ralisme europĂ©en et le partage de Yalta, de Gaulle dĂ©fend l'« indĂ©pendance nationale » : il prĂ©conise une « Europe des nations » impliquant la rĂ©conciliation franco-allemande et qui irait « de l'Atlantique Ă  l'Oural », rĂ©alise la force de dissuasion nuclĂ©aire française, retire la France du commandement militaire de l'OTAN, oppose un veto Ă  l'entrĂ©e du Royaume-Uni dans la CommunautĂ© europĂ©enne, soutient le « QuĂ©bec libre », condamne la guerre du ViĂȘt Nam et reconnaĂźt la Chine communiste.

Sa vision du pouvoir, c'est-Ă -dire un chef directement approuvĂ© par la Nation, l'oppose aux partis communiste, socialiste et centristes pro-europĂ©ens. Ces formations critiquent un style de gouvernance trop personnel, voire un « coup d'État permanent », selon la formule du socialiste François Mitterrand, contre lequel de Gaulle est rĂ©Ă©lu en 1965 au suffrage universel direct — un mode de scrutin qu’il a fait adopter par rĂ©fĂ©rendum en 1962 Ă  la suite de l’attentat du Petit-Clamart le visant. Il surmonte la crise de Mai 68 aprĂšs avoir semblĂ© se retirer, convoquant des Ă©lections lĂ©gislatives qui envoient une Ă©crasante majoritĂ© gaulliste Ă  l'AssemblĂ©e nationale. Mais en 1969, il engage son mandat sur un rĂ©fĂ©rendum (sur la rĂ©forme du SĂ©nat et la rĂ©gionalisation) et dĂ©missionne aprĂšs la victoire du « non ». Il se retire dans sa propriĂ©tĂ© de Colombey-les-Deux-Églises, oĂč il meurt dix-huit mois plus tard.

ConsidĂ©rĂ© comme l'un des dirigeants français les plus influents de l'histoire, Charles de Gaulle est aussi un Ă©crivain de renom. Il laisse notamment des MĂ©moires de guerre, oĂč il affirme s'ĂȘtre toujours « fait une certaine idĂ©e de la France », jugeant que « la France ne peut ĂȘtre la France sans la grandeur ». Si sa prĂ©sidence ne fut pas exempte de contestations, il apparaĂźt, plus d'un demi-siĂšcle aprĂšs sa mort, comme une figure morale toujours omniprĂ©sente dans la vie politique de la CinquiĂšme RĂ©publique, la quasi-totalitĂ© de la classe politique lui rendant hommage et revendiquant Ă  divers degrĂ©s son hĂ©ritage, au-delĂ  de la seule droite gaulliste.

Sommaire

Biographie

Origines familiales

Article détaillé : Famille de Gaulle.

Charles AndrĂ© Joseph Marie de Gaulle naĂźt le Ă  4 heures du matin, au 9 rue Princesse Ă  Lille[2]. Il est baptisĂ© quelques heures aprĂšs sa naissance en l'Ă©glise Saint-AndrĂ© de Lille[3] : son parrain est son oncle Gustave de Corbie et sa marraine sa tante Lucie Maillot nĂ©e Droulers[4]. Charles est le troisiĂšme enfant d'Henri de Gaulle (1848, Paris - 1932, Sainte-Adresse, Seine-Maritime) — prĂ©cepteur, fonctionnaire, enseignant puis fondateur d'Ă©tablissement d'enseignement privé — et de son Ă©pouse, Jeanne Maillot (1860, Lille - 1940, Paimpont, Ille-et-Vilaine), qui est Ă©galement sa cousine germaine. Il est le petit-fils de Julien-Philippe de Gaulle (1801, Paris - 1883, Paris), historien, et de Jules Maillot (1819, Lille - 1891, Lille), entrepreneur manufacturier textile dans le Nord.

Les de Gaulle sont une famille de juristes parisiens originaires de la province de Champagne, et dont le patronyme pourrait ĂȘtre une dĂ©formation du nĂ©erlandais de Walle. Dans ses travaux de gĂ©nĂ©alogie, le grand-pĂšre de Charles de Gaulle faisait l'hypothĂšse d'une lointaine ascendance noble[5], bien que la famille ne figurĂąt dans aucun nobiliaire[6] et qu'il n'existĂąt aucune preuve Ă  l'appui de ces prĂ©tentions[7]. L’arriĂšre-grand-pĂšre, Jean-Baptiste de Gaulle (1759-1832), est avocat ; fils d'un procureur au parlement de Paris[n 3] nĂ© en Champagne[11], il Ă©chappe de peu Ă  la guillotine devant le Tribunal rĂ©volutionnaire pendant la Terreur[12] et devient directeur des Postes militaires de la Grande ArmĂ©e. Il meurt du cholĂ©ra en 1832. Son fils, Julien-Philippe enseigne alors Ă  Lille, oĂč un de ses oncles a un poste Ă  la manufacture des tabacs. Julien de Gaulle y Ă©pouse la fille d'un administrateur de la manufacture, JosĂ©phine Maillot. Le pensionnat qu'ils crĂ©ent Ă  Valenciennes fait faillite. Ils s'installent Ă  Paris pour Ă©crire ; il rĂ©dige deux Ă©tudes (sur un peintre paysagiste et sur un biographe de Saint Louis). Sa vaste Histoire de Paris et de ses environs d'inspiration monarchiste et catholique est prĂ©facĂ©e par Charles Nodier. Elle, prolifique, collabore Ă  des revues littĂ©raires et Ă©crit plus de 70 ouvrages dont certains dĂ©noncent la pauvretĂ© ouvriĂšre du Nord.

Ils ont trois fils. Les deux oncles du gĂ©nĂ©ral sont des chercheurs Ă©rudits : l'aĂźnĂ©, Charles, son homonyme, paralysĂ© par la poliomyĂ©lite, Ă©tudie les langues celtes, et le cadet, Jules, est entomologiste. Henri, pĂšre du gĂ©nĂ©ral, naĂźt en 1848, un comme son fils. FormĂ© par le jĂ©suite Olivaint, il se lie aux milieux monarchistes et catholiques sociaux, et entre au secrĂ©tariat de TalhouĂ«t-Roy dont il est prĂ©cepteur des enfants. Admissible Ă  Polytechnique, il s'engage et est blessĂ© au cours de la guerre de 1870. Il s'inscrit au barreau et dans un cercle jĂ©suite influent. Mais, pour entretenir la famille, il renonce Ă  une carriĂšre militaire ou politique et fait partie l'administration du ministĂšre de l'IntĂ©rieur jusqu'en 1884. Il a ensuite trois doctorats (lettres, sciences, et droit) et enseigne lettres, histoire et les mathĂ©matiques au collĂšge de l'ImmaculĂ©e-Conception de Paris, tenu par les jĂ©suites. À trente-sept ans, il Ă©pouse Jeanne Maillot, une petite-cousine de sa mĂšre.

Charles de Gaulle est ainsi doublement issu de la famille Maillot, par sa mÚre et sa grand-mÚre paternelle. Originaires de la Flandre française, ces industriels catholiques descendent d'administrateurs de la manufacture des tabacs.

Le grand-pÚre maternel de Charles de Gaulle (mort l'année de sa naissance) est un entrepreneur qui a rapporté une nouvelle machine à tisser le tulle d'Angleterre. Il était issu de l'union de deux familles des manufactures du tabac, les Maillot et les Kolb. Louis Philippe Kolb, luthérien du duché de Bade, était, avant 1791, sergent major au régiment de Reinach. Marié à Maubeuge en 1790 avec une certaine Marie Nicot[13], il avait réorganisé des manufactures de tabac, en particulier à Lille. Ses deux fils y réussissent : l'un est urbaniste ; l'autre, industriel sucrier, devient sénateur chrétien social et légitimiste (Charles Kolb-Bernard[14]).

La grand-mÚre maternelle du futur « homme de Londres », Justine Maillot-Delannoy, reçoit jusqu'à sa mort en 1912 ses enfants et petits-enfants. Elle était la fille d'un avocat et d'une Britannique. Son grand-pÚre maternel descendait d'un membre du clan irlandais MacCartan (en) qui, jacobite, s'était réfugié en France aprÚs la Glorieuse Révolution[15] ; sa grand-mÚre maternelle, quant à elle, était issue d'une famille écossaise et protestante, les Fleming.

Enfance et Ă©ducation

Charles de Gaulle est marquĂ© par les valeurs familiales : catholicisme lĂ©gitimiste, goĂ»t des Ă©tudes et du service de l'État (droit, administration des tabacs ou de l'armĂ©e).

Ses parents forment une famille catholique qui réside à Paris au 15 de l'avenue de Breteuil. Bien que la famille de Gaulle vécût à Paris, la mÚre du général de Gaulle se rendit dans sa famille à Lille pour donner naissance à son fils, en accord avec la tradition familiale de la famille Maillot[16]. La famille se rend réguliÚrement à Lille pour voir la grand-mÚre Julia Delannoy-Maillot. Toute sa vie, Charles de Gaulle garde une relation particuliÚre avec sa région d'origine[n 4].

Charles de Gaulle a trois frùres et une sƓur :

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TrĂšs tĂŽt, son pĂšre lui fait dĂ©couvrir les Ɠuvres de Maurice BarrĂšs, Henri Bergson et Charles PĂ©guy. Henri de Gaulle se dit monarchiste de regret et lit L'Action française, mais finit par douter de la culpabilitĂ© du capitaine Dreyfus ; pour autant, malgrĂ© des tĂ©moignages ultĂ©rieurs, rien n'indique qu'il se soit engagĂ© politiquement dans le combat dreyfusard[18]. Jeanne de Gaulle est davantage passionnĂ©e de politique : dĂšs la premiĂšre page des MĂ©moires de guerre, Charles de Gaulle rend hommage Ă  sa mĂšre admirĂ©e, « qui portait Ă  la patrie une passion intransigeante Ă  l'Ă©gal de sa piĂ©tĂ© religieuse ».

Charles de Gaulle fait une partie de ses Ă©tudes primaires Ă  l'Ă©cole des FrĂšres des Ă©coles chrĂ©tiennes de la paroisse Saint-Thomas-d'Aquin. Il a son pĂšre comme enseignant chez les jĂ©suites au CollĂšge de l'ImmaculĂ©e-Conception de la rue de Vaugirard Ă  Paris. Lors de la crise politico-religieuse rĂ©sultant des lois de 1901 et de 1905 qui interdit aux congrĂ©gations d'enseigner, le professeur de Gaulle fonde Ă  Paris en 1907 un cours libre secondaire, l'École Louis de Fontanes, et inscrit son fils Charles chez les jĂ©suites français en Belgique au collĂšge du SacrĂ©-CƓur installĂ© au chĂąteau d'Antoing[19]. Le jeune lycĂ©en vit ainsi sa premiĂšre expĂ©rience d'exil.

Le jeune Charles a quinze ans quand, en 1905, il rĂ©dige un rĂ©cit dans lequel il se dĂ©crit en « gĂ©nĂ©ral de Gaulle » sauvant la France, tĂ©moignage d'une ambition nationale prĂ©coce[20]. Plus tard, il explique Ă  son aide de camp Claude Guy avoir eu dĂšs son adolescence la conviction qu'il serait un jour Ă  la tĂȘte de l'État[21],[n 5].

EntrĂ© 119e sur 221 Ă  l'École militaire de Saint-Cyr en 1908, aprĂšs avoir suivi une annĂ©e de prĂ©paration au collĂšge Stanislas[22]. Il en sort diplĂŽmĂ© en 1912, se classant Ă  la 13e place[n 6], il rejoint le 33e rĂ©giment d'infanterie Ă  Arras et se retrouve sous les ordres du colonel PĂ©tain puis du lieutenant-colonel Stirn[23].

  • Au collĂšge Stanislas en 1908 (rang debout, 3e en partant de la gauche), lors de son annĂ©e de prĂ©paration Ă  Saint-Cyr.

  • En uniforme de saint-cyrien, 1910.

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PremiĂšre Guerre mondiale

Les quatre frĂšres de Gaulle sont mobilisĂ©s comme officiers. Ils reviennent tous vivants et dĂ©corĂ©s. Charles, qui Ă©tait lieutenant depuis le , est nommĂ© capitaine en janvier 1915[25]. DĂšs son premier combat Ă  Dinant le 15 aoĂ»t 1914, il est touchĂ© Ă  la jambe (« fracture du pĂ©ronĂ© par balles avec Ă©clats dans l'articulation »)[26]. Il rejoint ensuite le 33e RI sur le front de Champagne pour commander la 7e compagnie. Il est Ă  nouveau blessĂ© le , Ă  la main gauche, au Mesnil-lĂšs-Hurlus en Champagne. DĂ©cidĂ© Ă  en dĂ©coudre, il dĂ©sobĂ©it Ă  ses supĂ©rieurs en ordonnant de tirer sur les tranchĂ©es ennemies. Cet acte lui vaut d'ĂȘtre relevĂ© huit jours de ses fonctions. Officier tatillon, volontiers cassant, son intelligence et son courage face au feu le distinguent au point que le commandant du 33e RI lui offre d'ĂȘtre son adjoint[27].

Le 2 mars 1916, son rĂ©giment est attaquĂ© et dĂ©cimĂ©, anĂ©anti par l'ennemi en dĂ©fendant le village de Douaumont, prĂšs de Verdun. Sa compagnie est mise Ă  mal au cours de ce combat et les survivants sont encerclĂ©s. Tentant alors une percĂ©e, il est obligĂ© par la violence du combat Ă  sauter dans un trou d'obus pour se protĂ©ger, mais des Allemands le suivent et le blessent d'un coup de baĂŻonnette Ă  la cuisse gauche[28]. CapturĂ© par les troupes allemandes, il est soignĂ© Ă  l'hĂŽpital de Mayence puis internĂ© OsnabrĂŒck en Westphalie[29]. Tenu pour mort au combat, cette disparition lui vaut d'ĂȘtre citĂ© Ă  l'ordre de l'armĂ©e[30],[n 7].

  • Plaque sur le pont de Dinant commĂ©morant l'endroit oĂč il fut blessĂ© alors qu'il traversait la Meuse en 1914.

  • Le capitaine de Gaulle en 1915.

  • Prisonnier au camp allemand de Sczuczyn (Lituanie), le capitaine de Gaulle sert la soupe Ă  ses camarades, vers 1916-1917.

  • Extrait d'une lettre de Charles de Gaulle Ă  son commandant, oĂč il revient sur les circonstances de sa capture.

AprĂšs une tentative d'Ă©vasion manquĂ©e Ă  OsnabrĂŒck[35], il est transfĂ©rĂ© Ă  Neisse en SilĂ©sie puis Ă  Sczuszyn en Lituanie et enfin au fort d'Ingolstadt, en BaviĂšre, un camp de reprĂ©sailles destinĂ© aux officiers prisonniers remuants[36]. Il y croise le futur gĂ©nĂ©ral Georges Catroux, l'aviateur Roland Garros, le journaliste RĂ©my Roure, le colonel Lucien Nachin[n 8],[16],[37],[38] et le futur marĂ©chal soviĂ©tique MikhaĂŻl Toukhatchevski, dont il partage la cellule[39]. Dans une lettre adressĂ©e Ă  sa mĂšre, il dĂ©crit sa situation de captif comme un « lamentable exil ». Pour tromper l'ennui, de Gaulle organise pour ses compagnons de captivitĂ© des exposĂ©s magistraux sur l'Ă©tat de la guerre en cours. Mais surtout, il tente de s'Ă©vader Ă  cinq reprises, sans succĂšs, au cours de sa dĂ©tention de trente-deux mois dans une dizaine de camps diffĂ©rents (Osnabruck, Neisse, Sczuczyn, Ingolstadt, forteresse de Rosenberg (de), prison militaire de Passau, camps de WĂŒlzburg (de) ou de WĂŒrzburg[n 9] et de Magdebourg)[44]. Il est libĂ©rĂ© aprĂšs l'armistice du et retrouve les siens le mois suivant. De ces deux ans et demi de captivitĂ©, il garde un souvenir amer, estimant ĂȘtre un « revenant », un soldat inutile qui n'a servi Ă  rien[45]. Toutefois, il reçoit la croix de chevalier de la LĂ©gion d'honneur, le , et la croix de guerre 1914-1918 avec Ă©toile d'argent[25].

Entre-deux-guerres : officier d'état-major

Article connexe : Entre-deux-guerres.

De la Pologne Ă  l'École de guerre : officier confĂ©rencier

Charles de Gaulle durant sa mission militaire en Pologne, vers 1920.
Le capitaine Charles de Gaulle Ă  l'École supĂ©rieure de guerre, 44e promotion, 1922-1924.

Charles de Gaulle poursuit sa carriĂšre militaire sous la protection de PĂ©tain, dans un premier temps.

Le , il arrive Ă  Saint-Maixent pour suivre les cours de remise Ă  niveau destinĂ©s aux officiers de retour de captivitĂ©. DĂ©sireux de relancer sa carriĂšre militaire compromise par ses mois de dĂ©tention, il cherche Ă  s'engager sur un thĂ©Ăątre d'opĂ©ration, et postule simultanĂ©ment pour un engagement dans l'armĂ©e d'Orient et auprĂšs de l'armĂ©e de Pologne. DĂ©but , il obtient son dĂ©tachement auprĂšs de l'ArmĂ©e polonaise autonome qui commence Ă  quitter la France pour la Pologne. Il effectue dans le pays deux sĂ©jours trĂšs rapprochĂ©s, le premier d' Ă  , et le second de Ă  la fin du mois de [46]. Dans le cadre de la mission militaire française du gĂ©nĂ©ral Henrys, le capitaine de Gaulle est affectĂ© comme instructeur Ă  l'Ă©cole d'infanterie de Rembertow. Il y exerce successivement les fonctions d'instructeur, de directeur des Ă©tudes en , et enfin de directeur du cours des officiers supĂ©rieurs Ă  partir de . Repoussant l'offre du gĂ©nĂ©ral Henrys qui lui proposait de poursuivre sa mission auprĂšs de lui, de Gaulle, qui ambitionne de se prĂ©senter au concours de l’École supĂ©rieure de guerre dans les meilleures conditions, retourne en France. Déçu par le poste qui lui Ă©choit au cabinet des dĂ©corations du ministre, et alors que la guerre soviĂ©to-polonaise fait rage, il repart en Pologne en . D'abord tĂ©moin des Ă©preuves traversĂ©es par la population polonaise, il prend ensuite activement part aux opĂ©rations avec le gĂ©nĂ©ral Bernard au sein du 3e bureau du groupe d'armĂ©es Sud (puis Centre) commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral polonais Rydz-ƚmigƂy. Il y gagne une citation. AprĂšs la victoire de la Pologne, il rĂ©dige notamment un rapport gĂ©nĂ©ral sur l'armĂ©e polonaise. Si Ă  l'analyse de l'action de l'unique rĂ©giment de chars FT 17, il a pu Ă©crire « Les chars doivent ĂȘtre mis en Ɠuvre rassemblĂ©s et non dispersĂ©s », de Gaulle dĂ©couvre surtout en Pologne la guerre de mouvement et l'emploi des grandes unitĂ©s de cavalerie comme Ă©lĂ©ment de choc et moyen d'obtenir une dĂ©cision Ă  portĂ©e stratĂ©gique.

Son pÚre (qui s'était fait rappeler à 66 ans en 1914) se retire progressivement de l'enseignement et Charles de Gaulle indique à sa famille qu'il souhaite se marier. Il a été affecté par le décÚs sous les bombes d'une « quasi fiancée », en 1916 en Belgique. Les familles lui présentent une jeune fille issue de la bourgeoisie du Nord. Charles de Gaulle épouse, le dans l'église Notre-Dame de Calais, Yvonne Vendroux (1900-1979). Ils ont trois enfants :

  • Charles et Yvonne de Gaulle Ă  Londres pendant la Seconde Guerre mondiale.

  • Charles de Gaulle et sa fille Anne, en 1933.

À son retour, le capitaine de Gaulle est chargĂ© de cours d'histoire Ă  l'École de Saint-Cyr[48], avant son admission Ă  l'École supĂ©rieure de guerre en 1922. En conflit de doctrine avec ses supĂ©rieurs dont il conteste la vision stratĂ©gique trop liĂ©e Ă  la planification dĂ©fensive et compartimentĂ©e du terrain, mais bĂ©nĂ©ficiant de la protection de Philippe PĂ©tain, il est mal notĂ©, mais continue de se faire une rĂ©putation prometteuse.

En 1924, Ă  l'occasion d'une visite Ă  l'École de guerre, PĂ©tain s'Ă©tonne de la faiblesse des notes attribuĂ©es Ă  de Gaulle. Ses professeurs apprĂ©ciaient peu l'indĂ©pendance de celui-ci, trait de caractĂšre qu'il partageait avec PĂ©tain. L'intervention de PĂ©tain a probablement conduit Ă  une rectification Ă  la hausse desdites notes[49].

En 1925, il est dĂ©tachĂ© Ă  l'Ă©tat-major de Philippe PĂ©tain, vice-prĂ©sident du Conseil supĂ©rieur de la Guerre. Celui-ci l'impose comme confĂ©rencier Ă  l'École de guerre et lui demande de prĂ©parer la rĂ©daction d'un ouvrage sur l'histoire du soldat. En 1927, en prĂ©sence de PĂ©tain, il prĂ©sente Ă  l'École de guerre trois confĂ©rences remarquĂ©es, respectivement intitulĂ©es : « L'action de guerre et le chef », « Du caractĂšre », et enfin « Du prestige ».

Théoricien militaire : les chars et l'armée de métier

Promu chef de bataillon le , il part le mois suivant pour TrÚves prendre le commandement du 19e bataillon de chasseurs à pied (BCP)[50]. Il y conduit un commandement énergique et continue ses conférences comme dans son poste suivant.

En , il est affectĂ© Ă  l’État-major des Troupes du Levant Ă  Beyrouth oĂč il est responsable des 2e et 3e bureaux (renseignement militaire et opĂ©rations). AccompagnĂ© de sa famille, il y demeure jusqu'en [51]. Il effectue plusieurs missions Ă  Alep, Damas, Homs, Palmyre. En juin 1930, il participe Ă  une expĂ©dition de pacification sur les territoires majoritairement kurdes du nord-est de la Syrie. Dans une lettre de juillet 1930 Ă  son pĂšre, il exprime sa fiertĂ© d’avoir atteint le Tigre au nom de la France : « C’était, je pense, la premiĂšre fois dans l’histoire que des soldats français y allaient en armes[52] ».

Philippe PĂ©tain (vers 1930).

GrĂące Ă  l'appui du marĂ©chal PĂ©tain, il est affectĂ© en au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la DĂ©fense nationale Ă  Paris. Ce nouveau poste est capital, car c'est l'occasion de s'initier aux affaires de l'État[53], puisqu'il est chargĂ© en particulier de travailler au projet de loi militaire. Le , il est promu lieutenant-colonel.

C'est durant ces années que Charles de Gaulle développe ses théories militaires : il publie La Discorde chez l'ennemi (1924), Le Fil de l'épée (1932), Vers l'armée de métier (1934) et enfin La France et son armée (1938).

Ce dernier livre est prĂ©parĂ© depuis 1925 pour Philippe PĂ©tain ; de Gaulle s'y consacre pendant deux ans (sous le titre de Le Soldat), et PĂ©tain lui permet mĂȘme de prĂ©senter les trois confĂ©rences citĂ©es plus haut. Mais, jugeant que la partie sur la Grande Guerre n'est pas suffisante, le marĂ©chal veut confier la suite du travail au colonel Audet. Ceci blesse de Gaulle qui prĂ©tend finir seul le travail ; l'ouvrage est mis au placard jusqu'en 1938. En 1932, de Gaulle dĂ©dicace nĂ©anmoins au marĂ©chal PĂ©tain son ouvrage Le Fil de l'Ă©pĂ©e : « Car rien ne montre mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumiĂšres de la pensĂ©e ». Mais en 1938, de Gaulle dĂ©cide de publier sous son nom le texte du Soldat, et en avertit PĂ©tain, qu'il cite dans la prĂ©face comme « inspirateur de l'ouvrage », dont il a retirĂ© toutes les suggestions et observations faites par son supĂ©rieur. Pour arranger les choses, PĂ©tain le reçut chez lui et lui proposa de rĂ©diger une dĂ©dicace que de Gaulle estime pouvoir adapter dans un premier temps ; devant cette rĂ©Ă©criture, PĂ©tain intervient directement auprĂšs de l'Ă©diteur pour demander une correction, que de Gaulle lui accorde bien volontiers, « vos dĂ©sirs [Ă©tant] pour moi des ordres ». Mais PĂ©tain semble considĂ©rer dĂ©sormais que le colonel n'est plus qu'un ambitieux dĂ©pourvu d'Ă©ducation, d'oĂč une brouille dĂ©finitive entre les deux hommes qui ne se reverront briĂšvement qu'en [54],[55].

Dans son premier ouvrage, de Gaulle insiste sur la nĂ©cessitĂ© de l'unitĂ© du commandement et de la nation, donnant la primautĂ© au politique sur le militaire. C'est selon lui Ă  cause de ses divisions que l'Allemagne a perdu. En publiant la reprise de ses confĂ©rences sur le rĂŽle du commandement, en 1932, dans Le Fil de l'Ă©pĂ©e il rappelle l'importance de la formation des chefs et le poids des circonstances. Si de Gaulle Ă©tudie l'importance de la dĂ©fense statique au point d'Ă©crire : « La fortification de son territoire est pour la France une nĂ©cessitĂ© permanente [
] L'encouragement de l'esprit de rĂ©sistance d'un peuple par l'existence de fortifications permanentes, la cristallisation, l'exaltation de ses Ă©nergies par la dĂ©fense des places sont des faits que les politiques comme les militaires ont le devoir de reconnaĂźtre dans le passĂ© et de prĂ©parer dans l'avenir », il n'en est pas moins sensible aux idĂ©es du gĂ©nĂ©ral Jean-Baptiste EugĂšne Estienne sur la nĂ©cessitĂ© d'un corps de blindĂ©s[56], alliant le feu et le mouvement, capable d'initiatives et d'offensives hardies. Sur ce point il entre de plus en plus en opposition avec les doctrines officielles, en particulier celles de PĂ©tain.

Dans son ouvrage Vers l'armée de métier, il développe cette question de fond qui nécessite la création d'une armée professionnelle aux cÎtés de la conscription. Il devient alors le promoteur de la création d'unités blindées autonomes non liées à l'infanterie. Cependant, cette idée rencontre peu d'échos favorables, à l'exception notable de Paul Reynaud, député de centre-droit, ou de Philippe Serre.

À l'Ă©tranger, en revanche, l'idĂ©e du gĂ©nĂ©ral Estienne d'employer des blindĂ©s dans une « percĂ©e motorisĂ©e » reprise par de Gaulle a dĂ©jĂ  suscitĂ© la plus grande attention (Heinz Guderian, Liddell Hart). Vers l'armĂ©e de mĂ©tier n'a en France qu'un bref succĂšs de curiositĂ© et ne fait que conforter le gĂ©nĂ©ral Guderian dans ses idĂ©es, lui qui Ă©tait dĂ©jĂ  en train de crĂ©er la force mĂ©canique allemande[n 10]. NĂ©anmoins, les thĂ©ories de Charles de Gaulle sont suivies avec intĂ©rĂȘt par Adolf Hitler, Albert Speer rapportant que le FĂŒhrer avait lu Ă  plusieurs reprises le livre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle et qu'il affirmait avoir beaucoup appris grĂące Ă  lui[58].

Le colonel Émile Mayer.

En revanche, contrairement Ă  son influent aĂźnĂ© le colonel Émile Mayer (dont il est intellectuellement proche, se considĂ©rant comme son Ă©lĂšve[59]), de Gaulle ne perçoit pas l'importance de l'aviation Ă  laquelle il n'attribue qu'un rĂŽle secondaire : « Les troupes Ă  terre recevront de l'aviation une aide prĂ©cieuse quant Ă  leur camouflage. Les fumĂ©es Ă©pandues sur le sol du haut des airs cachent en quelques minutes de vastes surfaces du sol tandis que le bruit des machines volantes couvre celui des moteurs chenillĂ©s ». Il faudra attendre l'Ă©dition de 1944 oĂč il fera ajouter une phrase : « Mais surtout en frappant elle-mĂȘme Ă  vue directe et profondĂ©ment, l'aviation devient par excellence l'arme dont les effets foudroyants se combinent le mieux avec les vertus de rupture et d'exploitation de grandes unitĂ©s mĂ©caniques ».

À Paris, de Gaulle est introduit par Lucien Nachin dans le salon non conformiste qui se tient autour du colonel Mayer, retraitĂ© trĂšs ouvert, favorable Ă  une rĂ©forme de la stratĂ©gie : l'Ă©tat-major ne doit pas se contenter d'une stratĂ©gie dĂ©fensive derriĂšre la ligne Maginot. Cependant, ni l'un ni l'autre ne sont Ă©coutĂ©s[38]. Partant des idĂ©es du gĂ©nĂ©ral Fuller et du critique militaire britannique Liddell Hart, Charles de Gaulle dĂ©fend une guerre de mouvement menĂ©e par des soldats de mĂ©tier, et appuyĂ©e par des blindĂ©s.

Idées et fréquentations politiques avant la guerre

Plaque no 110 boulevard Raspail (6e arrondissement de Paris), oĂč vit Charles de Gaulle de 1932 Ă  1937.

Charles de Gaulle fait une confĂ©rence Ă  la Sorbonne au printemps 1934, sous l'Ă©gide du cercle Fustel de Coulanges, une vitrine de l’Action française[60]. InfluencĂ© originellement par la tradition monarchiste, Charles de Gaulle, militaire soumis au devoir de rĂ©serve, rĂ©vĂšle dans sa correspondance privĂ©e son peu de considĂ©ration pour le parlementarisme et lui prĂ©fĂšre un rĂ©gime fort, tout en se tenant publiquement Ă  l'Ă©cart de l’anti-rĂ©publicanisme d'une partie de l'armĂ©e[61]. Cette mĂ©fiance Ă  l'Ă©gard du parlementarisme explique que Charles de Gaulle se soit senti avant la guerre proche de l'Action française, avant que la position de Maurras relative aux accords de Munich ne l'en Ă©loigne. Ainsi, Paul Reynaud, qui rencontra en captivitĂ© en Allemagne la sƓur du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Marie-AgnĂšs Cailliau, note dans ses carnets de captivitĂ© parlant de cette derniĂšre[62] : « TrĂšs franche, intelligente et bonne, [elle] nous raconte que Charles Ă©tait monarchiste, qu'il dĂ©fendait Maurras contre son frĂšre Pierre jusqu'Ă  en avoir les larmes aux yeux dans une discussion. Mais au moment de Munich, il a dĂ©sapprouvĂ© entiĂšrement l'attitude de Maurras. » De mĂȘme, Christian Pineau dira Ă  AndrĂ© Gillois « que le gĂ©nĂ©ral avait reconnu devant lui qu’il avait Ă©tĂ© inscrit Ă  l’Action française et qu’il s’était ralliĂ© Ă  la RĂ©publique pour ne pas aller contre le sentiment des Français »[63]. Lui-mĂȘme rĂ©sistant de gauche, Claude Bourdet qualifiera de Gaulle d’homme de droite, longtemps proche de l’Action française, devenu rĂ©publicain par mimĂ©tisme[64]. Selon Edmond Michelet, de Gaulle subit l’influence de Maurras[65],[n 11].

Pourtant, si la pensée de Maurras a influencé de Gaulle[n 12], celui-ci est aussi un disciple de Charles Péguy[67],[68],[69].

De fait il frĂ©quente le colonel Émile Mayer, officier israĂ©lite, dreyfusard et socialisant. Ayant avant la PremiĂšre Guerre mondiale assistĂ© Ă  Lille Ă  des meetings de JaurĂšs, il a aussi frĂ©quentĂ© le socialiste Club du Faubourg et les mouvements non-conformistes des annĂ©es 30 (Esprit). Il adhĂ©ra Ă©galement aux Amis de Temps prĂ©sent, groupe de militants qui soutenait Temps prĂ©sent, comme l'indique Éric Roussel, qui signale cependant que de Gaulle « n'est pas devenu pour autant dĂ©mocrate-chrĂ©tien, loin s'en faut[70]. » Cet hebdomadaire est en effet de la mouvance catholique progressiste et proche du Sillon de Marc Sangnier[71], mouvance qui fut favorable au Front populaire et Ă  l'intervention de la France aux cĂŽtĂ©s des rĂ©publicains espagnols. L'hebdomadaire Temps prĂ©sent saluera la nomination de Charles de Gaulle comme sous-secrĂ©taire d'État Ă  la Guerre dans son dernier numĂ©ro de , comme le signale le Centre d'information sur le gaullisme[72], signalant au passage que de Gaulle fut aussi l'un des premiers abonnĂ©s Ă  Sept, hebdomadaire Ă  direction religieuse dont Temps prĂ©sent Ă©tait le successeur.

Le , Charles de Gaulle publie dans la revue militaire une Ă©tude sur la mobilisation Ă©conomique Ă  l'Ă©tranger. À la recherche d'exemples pour la France, il cite parmi d'autres l'Italie mussolinienne[n 13], mais Ă©tudie aussi favorablement l'exemple de l'AmĂ©rique de Roosevelt. Le futur gĂ©nĂ©ral de Gaulle fera l'apologie du livre La rĂ©forme de l'État publiĂ© par AndrĂ© Tardieu en 1934 et dira s'en ĂȘtre inspirĂ© pour la constitution de la Ve RĂ©publique[73].

De fait, avant la guerre, de Gaulle n'est pas un idĂ©ologue, mais un homme de rĂ©flexion et d'action[n 14] et d'ambition prĂȘt Ă  faire son miel de tout.

Paul Reynaud en 1938.

À cette fin, il se rapproche d'hommes politiques de diffĂ©rentes tendances pour se faire connaĂźtre et faire progresser ses idĂ©es. Dans le salon de Mayer, il a fait la connaissance de l'avocat Jean Auburtin, qui affirme ĂȘtre son principal mentor politique. De fait, Auburtin peut lui prĂ©senter Paul Reynaud (accompagnĂ© de son conseiller d'alors, Gaston Palewski), que de Gaulle frĂ©quente ensuite rĂ©guliĂšrement (il lui Ă©crira soixante fois de 1936 Ă  1940[n 15]), et qui portera au palais Bourbon le systĂšme du colonel. Auburtin lui prĂ©sente Ă©galement d'autres personnalitĂ©s politiques plus Ă  gauche, telles que LĂ©o Lagrange (prĂ©sident de la commission de l'armĂ©e Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s) et Marcel DĂ©at, tous deux intĂ©ressĂ©s par l'armĂ©e de mĂ©tier[74] ; si le premier ne s'engage pas par loyautĂ© envers LĂ©on Blum, le second, qui vient de rompre avec le dirigeant de la SFIO, accepte de lui prĂȘter son concours (aprĂšs sa dĂ©faite aux Ă©lections de 1936 — et son attirance pour une voie opposĂ©e, DĂ©at ne sera plus d'un rĂ©el soutien)[75]. De Gaulle affirme Ă  propos de DĂ©at en , aprĂšs avoir reçu un exemplaire de Le Front populaire au tournant[76] : « DĂ©at a sans aucun doute un grand talent et une haute valeur. C'est de quoi on lui en veut. Mais patience, je crois qu'on le verra remonter et aller trĂšs haut. » Il enverra Ă  DĂ©at en 1940 un exemplaire de son mĂ©morandum L’AvĂšnement de la force mĂ©canique, lui manifestant alors encore un intĂ©rĂȘt certain[77].

À la publication de l'ouvrage, LĂ©on Blum manifeste sa vive hostilitĂ© pour les idĂ©es de l'armĂ©e de mĂ©tier du colonel de Gaulle dans trois articles publiĂ©s par le Populaire, car il craint qu'elle ne soit utilisĂ©e contre le peuple, notamment les grĂ©vistes. Et, de fait, comme le montre une lettre de 1935 envoyĂ©e Ă  Paul Reynaud, de Gaulle n'excluait nullement une telle possibilitĂ©. Certains passages des livres publiĂ©s par le colonel de Gaulle suscitent d'ailleurs l'approbation de l'Action française[78].

En 1935, de Gaulle approuve le pacte franco-soviĂ©tique signĂ© par Laval et Staline, Ă©voquant l'alliance de François Ier avec les musulmans contre Charles Quint pour justifier une alliance destinĂ©e Ă  assurer la survie du pays pour justifier un accord avec les Russes « quelque horreur que nous ayons pour leur rĂ©gime »[79]. De Gaulle dĂ©cide de faire abstraction des — vices — et des « crimes du rĂ©gime soviĂ©tique » en ne retenant que la thĂ©orie de l'ennemi : « nous sommes trĂšs franchement avec les Russes puisqu'ils combattent les Allemands »[80]. Comme le dit Claude Bouchinet-Serreulles, « De Gaulle se moque pas mal de Staline ou du communisme, il ne veut voir que l'alliĂ© dans la lutte contre l'Allemagne nazie »[81].

Charles de Gaulle explique dans Vers l'armĂ©e de mĂ©tier quelle est la condition pour faire aboutir ses idĂ©es qui sont d'abandonner le service militaire universel au profit d'une armĂ©e motorisĂ©e composĂ©e exclusivement de professionnels : « Il faut qu'un maĂźtre apparaisse, indĂ©pendant dans ses jugements, irrĂ©cusable dans ses ordres, crĂ©ditĂ© par l'opinion. Serviteur du seul État, dĂ©pouillĂ© de prĂ©jugĂ©s, dĂ©daigneux des clientĂšles, commis enfermĂ© dans sa tĂąche, pĂ©nĂ©trĂ© de longs desseins, au fait des gens et des choses du ressort, faisant corps avec l'armĂ©e, dĂ©vouĂ© Ă  ceux qu'il commande, homme assez fort pour s'imposer, assez habile pour sĂ©duire, assez grand pour une grande Ɠuvre, tel sera le ministre, soldat ou politique, Ă  qui la patrie devra l'Ă©conomie prochaine de sa force. ». Il affirme Ă©galement : « Il n'est point de regroupement, de parti, de consul, qui n'invoque le redressement, l'ordre nouveau, l'autoritĂ©. Nul doute qu'Ă  bref dĂ©lai le jeu des institutions, suivant le mouvement des besoins, n'ouvre le champ aux rĂ©solus. » Cet appel Ă  la figure du grand homme Ă©tait dĂ©jĂ  prĂ©sent dans Le Fil de l'Ă©pĂ©e, oĂč, dĂšs 1932, il exalte[82], « les ambitieux de premier rang [
] qui ne voient d'autre raison que d'imprimer leur marque aux Ă©vĂ©nements » ; dans cet ouvrage, il affirme Ă©galement : « On ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l'avoir voulu. » Dans le Fil de l'Ă©pĂ©e, il brosse le portrait de l'ambitieux de haute stature qui n'est pas forcĂ©ment un soldat, Ă  tout le moins un Ă©mule de Louvois, Carnot, ou au moins de Gouvion Saint-Cyr ou Thiers[83].

Néanmoins, Blum se laisse progressivement intéresser par la thématique des chars qu'il soutiendra tardivement au moment de la guerre.

En , le lieutenant-colonel de Gaulle est affectĂ© au 507e rĂ©giment de chars de combat basĂ© au quartier LizĂ© Ă  Montigny-lĂšs-Metz. C'est la rencontre concrĂšte avec « son » outil. Il en prend le commandement par intĂ©rim le suivant, puis est promu colonel le [84]. Lors des manƓuvres, il tente d'imposer, contre le rĂšglement, sa conception de l'usage autonome des blindĂ©s, ce qui lui vaut l'hostilitĂ© de son supĂ©rieur, le gĂ©nĂ©ral Henri Giraud.

Seconde Guerre mondiale

Article connexe : Seconde Guerre mondiale.

Combats

Coiffé d'un casque, le colonel de Gaulle présente au président Albert Lebrun l'unité de chars qu'il commande au sein de la 5e armée sise en Moselle (Goetzenbruck, ).

Lorsque la guerre éclate, Charles de Gaulle est toujours colonel, commandant le 507e régiment de chars de combat (RCC), à Metz. Le , il envoie à quatre-vingts personnalités civiles ou militaires, dont Léon Blum et Paul Reynaud, ainsi qu'aux généraux Maurice Gamelin et Maxime Weygand, un mémorandum fondé sur les opérations de Pologne. Intitulé L'AvÚnement de la force mécanique, le texte insiste sur la nécessité de constituer de grandes unités autonomes blindées plutÎt que de disperser les chars au sein d'unités tactiques plus larges, comme le préconise l'état-major. Trois jours avant l'offensive allemande du , qui conduit à une percée rapide du front français, le colonel de Gaulle est averti de la décision du commandement de lui confier la 4e DCR, la plus puissante des grandes unités blindées de l'armée française (364 blindés[85]) dont il prend effectivement le commandement le . De Gaulle est conseillé par Georges Boris[86].

Le , il reçoit la mission de retarder l'ennemi dans la rĂ©gion de Laon afin de gagner des dĂ©lais nĂ©cessaires Ă  la mise en place de la 6e armĂ©e chargĂ©e de barrer la route de Paris. Mais sa division blindĂ©e n'est encore qu'en cours de constitution, ses unitĂ©s n'ayant jamais opĂ©rĂ© ensemble. Il dirige pourtant avec cette unitĂ© une contre-attaque vers Montcornet, au nord-est de Laon. C'est l'une des seules qui parviennent Ă  repousser momentanĂ©ment les troupes allemandes. PrĂ©voyant la dĂ©faite rapide de l'armĂ©e française sous l'offensive allemande, les civils et les militaires dĂ©sarmĂ©s sur les routes, il affirme que c'est durant la journĂ©e du 16 mai que « ce qu'[il] a pu faire, par la suite, c'est ce jour-lĂ  qu'[il] l'a rĂ©solu. »[n 16]. N'ayant reçu qu'une partie des unitĂ©s de la 4e DCR, le colonel de Gaulle lance une premiĂšre attaque avec 80 chars pour tenter de couper les lignes de communication des divisions blindĂ©es allemandes le 17 mai. AprĂšs avoir atteint ses objectifs dont la ville de Montcornet, la 4e DCR, n'Ă©tant pas appuyĂ©e, est contrainte de se replier face Ă  l'intervention de renforts ennemis. Les autres unitĂ©s de la 4e DCR l'ayant rejoint, une nouvelle attaque peut ĂȘtre lancĂ©e avec 150 chars qui, aprĂšs avoir permis d'atteindre les premiers objectifs, est arrĂȘtĂ©e par l'intervention de l'aviation d'assaut et de l'artillerie allemandes.

Le , à la suite de la bataille de Montcornet, l'état-major envoie un correspondant de guerre pour interroger de Gaulle, qui lance à cette occasion, à Savigny-sur-Ardres, un premier appel radiodiffusé destiné à remonter le moral des Français en vantant les mérites des divisions blindées et qui se termine par la phrase : « Grùce à cela, un jour, nous vaincrons sur toute la ligne »[88].

Le , il est nommé général de brigade à titre temporaire[89],[90]. Cette nomination, dans une promotion de six colonels, correspond au fait que de Gaulle en tant que commandant d'une division blindée depuis le , fait déjà fonction de général, ses trois collÚgues commandants de division blindée (DCR) étant tous déjà généraux. Elle suscite la satisfaction de Charles Maurras dans l'Action française[91],[92],[n 17].

Trois jours plus tard, le , il attaque à deux reprises pour détruire une poche que l'ennemi a conquise au sud de la Somme, à hauteur d'Abbeville. Malgré un déplacement préalable de 200 km qui a lourdement éprouvé le matériel de la 4e DCR, l'opération permet de résorber toute la poche en capturant 400 soldats allemands, mais pas de prendre la ville d'Abbeville. De Gaulle ne parvient que plus tard à franchir la Somme au nord d'Abbeville, une seconde attaque ne permettant pas de prendre la ville, avant de se replier avec la 4e DCR.

Ces rĂ©sultats limitĂ©s n'empĂȘchent pas le gĂ©nĂ©ral Weygand, chef des armĂ©es, de dĂ©cerner le au gĂ©nĂ©ral de Gaulle une citation trĂšs Ă©logieuse en tant que commandant d'une division blindĂ©e prĂšs d'Abbeville : « Chef admirable de cran et d'Ă©nergie. A attaquĂ© avec sa division la tĂȘte de pont d'Abbeville trĂšs solidement tenue par l'ennemi. A rompu la rĂ©sistance allemande et progressĂ© de 14 kilomĂštres Ă  travers les lignes ennemies, faisant des centaines de prisonniers et capturant un matĂ©riel considĂ©rable »[93]. Commentant le comportement militaire de De Gaulle sur le terrain, l'historien Henri de Wailly juge que celui-ci, loin d'avoir Ă©tĂ© particuliĂšrement brillant, a montrĂ© dans la bataille « les mĂȘmes faiblesses et les mĂȘmes incompĂ©tences » que les autres dirigeants militaires[94].

Entre le et le , la Grande-Bretagne décide, sans concertation avec le commandement français, de replier son armée en rembarquant par Dunkerque la totalité de son corps expéditionnaire de 200 000 hommes, ainsi que 139 229 Français, laissant le reste de l'armée française seule face aux Allemands qui capturent tout leur matériel (2 472 canons, prÚs de 85 000 véhicules, 68 000 tonnes de munitions, 147 000 tonnes de carburant, 377 000 tonnes d'approvisionnements) et font prisonnier les 35 000 soldats français restants.

Le , le chef du gouvernement Paul Reynaud relĂšve de ses fonctions Daladier, et exerce lui-mĂȘme les fonctions de ministre de la Guerre.

Missions diplomatiques et politiques

Le 6 juin 1940, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle est nommĂ© sous-secrĂ©taire d'État Ă  la Guerre et Ă  la DĂ©fense nationale lors du remaniement du gouvernement Paul Reynaud
(une du journal Le Matin, 7 juin 1940).

Le , le gĂ©nĂ©ral de Gaulle est convoquĂ© d'urgence Ă  Paris par Paul Reynaud, prĂ©sident du Conseil et ministre de la Guerre, pour occuper un poste ministĂ©riel dans son gouvernement, celui de sous-secrĂ©taire d'État Ă  la Guerre et Ă  la DĂ©fense nationale. Charles de Gaulle sort alors de la hiĂ©rarchie militaire pour commencer une carriĂšre politique. Il a pour mission de coordonner l'action avec le Royaume-Uni pour la poursuite du combat. Le , il rencontre le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill.

Charles de Gaulle quitte Paris, qui est déclarée ville ouverte et occupée par les Allemands, le . Il rejoint alors Orléans, Briare et Tours[95].

C'est le moment des ultimes rĂ©unions du Conseil suprĂȘme interalliĂ© oĂč Churchill, lors de la confĂ©rence de Briare Ă  laquelle de Gaulle participe avec un rĂŽle important, puisqu'il est presque le ministre de la Guerre[96], tente de convaincre le gouvernement français de continuer la guerre, malgrĂ© la dĂ©fection totale de l'armĂ©e anglaise rembarquĂ©e Ă  Dunkerque. Le gĂ©nĂ©ral Weygand demande l’intervention des 25 escadrilles de chasse de la RAF qui avaient Ă©tĂ© promises par les Anglais pour pousser la France Ă  entrer en guerre, mais Churchill refuse, car il veut les rĂ©server pour la dĂ©fense contre une attaque directe du territoire de l'Angleterre.

Le , il est en mission Ă  Londres et dicte au tĂ©lĂ©phone la note de Jean Monnet Ă  Paul Reynaud, intitulĂ©e Anglo-French Unity, d'une Union franco-britannique votĂ©e le jour mĂȘme par la Chambre des communes, consistant dans la fusion des armĂ©es, notamment des marines, des territoires, des colonies et du gouvernement français dans l'Empire britannique. Il fait valoir que dans le cadre

« d'un gouvernement unique franco-britannique et vous, Monsieur le PrĂ©sident, pouvez ĂȘtre PrĂ©sident du cabinet de Guerre franco-britannique. »

De retour Ă  Bordeaux, il apprend avec consternation, le , la dĂ©mission du prĂ©sident du Conseil, Paul Reynaud, son remplacement par Philippe PĂ©tain. Le mĂȘme jour, la nomination du gĂ©nĂ©ral Weygand, alors chef d'Ă©tat-major de l'ArmĂ©e, comme ministre de la DĂ©fense nationale et de la Guerre sonne le glas des ambitions ministĂ©rielles de De Gaulle. Le transfert des pouvoirs de chef de gouvernement Ă  PĂ©tain n'ayant lieu que le lendemain, de Gaulle est encore membre du gouvernement Reynaud et se dit qu'il court peu de risques en quittant la France[97].

Le représentant de Churchill auprÚs du gouvernement français, le général Edward Spears, est venu à Bordeaux pour tenter de convaincre Paul Reynaud et Georges Mandel de rejoindre Londres, comme le prévoit le projet d'Union franco-britannique, mais sans succÚs[98],[99]. Ceux-ci avaient l'intention d'embarquer pour l'Afrique du Nord à bord du Massilia. N'ayant plus de rÎle à jouer dans le nouveau gouvernement, et Paul Reynaud lui ayant fait remettre par son ex-directeur de cabinet Jean Laurent 100 000 francs prélevés sur les fonds secrets pour sa logistique à Londres, De Gaulle et son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel, obtiennent du général Spears, aprÚs maintes hésitations[100], d'embarquer avec lui dans le de Havilland Flamingo qui repartait à Londres le , tout en faisant croire à un enlÚvement[101].

Appel du 18 Juin 1940

Article détaillé : Appel du 18 Juin.
Blue plaque sur le mur de Carlton House Terrace (Londres), son quartier général pendant la Seconde Guerre mondiale.
Charles de Gaulle au micro de la BBC Ă  Londres. Ce clichĂ© est postĂ©rieur au , car le GĂ©nĂ©ral porte sur sa vareuse l'insigne Ă  croix de Lorraine[102], adoptĂ©e comme emblĂšme de la France libre en juillet de la mĂȘme annĂ©e[103]. Aucune photographie n'a Ă©tĂ© prise durant la lecture de l'appel du 18 Juin[102].

Le gouvernement britannique avait tentĂ© vainement de convaincre Paul Reynaud de transfĂ©rer le gouvernement français au Royaume-Uni avec Georges Mandel, ancien ministre des Colonies devenu ministre de l'IntĂ©rieur, qui aurait lancĂ© lui-mĂȘme un appel Ă  poursuivre les combats avec toutes les ressources de l'Empire français. RĂ©fugiĂ©s Ă  Bordeaux avec leurs familles pour fuir l'invasion allemande, ceux-ci avaient rĂ©quisitionnĂ© le paquebot Massilia, qui devait appareiller le pour l'Afrique du Nord.

Le , de Gaulle se prépare à parler aux officiers et aux soldats français sur Radio Londres de la BBC.

Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres lord Halifax n'est pas favorable Ă  cet appel, car il veut Ă©viter de gĂȘner le gouvernement PĂ©tain dans ses nĂ©gociations d'un armistice le plus favorable possible aux AlliĂ©s. Tout au long de la journĂ©e du , le Conseil des ministres britannique discute du texte de De Gaulle. Le cabinet britannique tente de s'opposer Ă  cette intervention radiophonique, mais il semble que le soutien de Winston Churchill l'ait permise[104].

AprĂšs avoir dĂ©jeunĂ© avec Duff Cooper, ministre de l’Information britannique, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle doit rendre son texte plus neutre : le cabinet de guerre britannique veut mĂ©nager Philippe PĂ©tain, chef du gouvernement français, dont il ne connaĂźt pas encore l'orientation[105]. PĂ©tain n'est pas nommĂ© dans le discours, et la premiĂšre phrase du discours faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la trahison du nouveau gouvernement qui « s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. » est Ă©galement supprimĂ©e[106],[107] et remplacĂ©e par :

« Le gouvernement français a demandĂ© Ă  l’ennemi Ă  quelles conditions honorables un cessez-le-feu Ă©tait possible. Il a dĂ©clarĂ© que, si ces conditions Ă©taient contraires Ă  l’honneur, la dignitĂ© et l’indĂ©pendance de la France, la lutte devait continuer[108]. »

Cette modification longtemps occultée disparaßt dans le Bulletin officiel des Forces françaises libres du , dans le premier numéro du Journal officiel de la France libre le , puis dans les Mémoires de guerre et dans l'ensemble des recueils de discours du général de Gaulle, qui continuent à faire commencer l'appel avec la phrase supprimée qui décrivait parfaitement la situation d'éviction que De Gaulle vivait à ce moment :

« Les chefs qui, depuis de nombreuses annĂ©es, sont Ă  la tĂȘte des armĂ©es françaises, ont formĂ© un gouvernement.

Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat[105]. »

Affichette placardée dans la ville de Londres le 5 août 1940, souvent confondue avec l'appel du 18 Juin.

Aucun enregistrement de l'appel radiophonique n'ayant été conservé, son texte est souvent confondu, soit avec celui de l'appel du , soit avec un appel encore différent filmé le pour les actualités cinématographiques[109], soit avec celui de la célÚbre affiche placardée dans des rues de Londres le .

« Le gouvernement français a demandĂ© Ă  l’ennemi Ă  quelles conditions honorables un cessez-le-feu Ă©tait possible. Il a dĂ©clarĂ© que, si ces conditions Ă©taient contraires Ă  l’honneur, la dignitĂ© et l’indĂ©pendance de la France, la lutte devait continuer.
[
] Certes, nous avons Ă©tĂ©, nous sommes submergĂ©s par la force mĂ©canique terrestre et aĂ©rienne de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener lĂ  oĂč ils en sont aujourd'hui. [
]
La France n'est pas seule [
] elle a un vaste empire derriùre elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut comme l'Angleterre utiliser sans limite l'industrie des États-Unis. [
]
Moi, Général De Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.[108] »

En France, l'appel du 18 Juin peut ĂȘtre entendu Ă  19 h. Il appelle tous les officiers et les soldats qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient s'y trouver Ă  le rejoindre et Ă  continuer les combats. Ce texte est Ă  l'origine du mythe faisant du gĂ©nĂ©ral le « pĂšre de la RĂ©sistance » alors que ce dernier ne prendra conscience de l'intĂ©rĂȘt de la RĂ©sistance intĂ©rieure qu'Ă  partir de 1941[110].

La BBC a communiquĂ© le texte du Ministry of Information (MOI) Ă  la presse, il est publiĂ© dans The Times du , page 6 col. 3, et le Daily Express, et par quelques quotidiens rĂ©gionaux français, Le Petit Provençal Ă  la une (colonnes 5 et 6) de son Ă©dition de Marseille du mercredi [111]. TrĂšs peu de personnes se souviennent d'avoir entendu ce discours, ou mĂȘme de l'avoir remarquĂ© dans la presse.

Sanctions

Le , de Gaulle est condamné à mort par contumace par le tribunal militaire siégeant à Clermont-Ferrand[112] (une de Paris-Soir).

Les actions de De Gaulle à Londres se font sans aucun ordre de mission. Le , le général Weygand, qui est ministre de la Guerre et son supérieur hiérarchique, lui donne l'ordre de revenir de Londres[113],[114] et le il annule sa promotion au grade de général à titre temporaire. Le , le président de la République Albert Lebrun prend un décret décidant de mettre le colonel de Gaulle à la retraite d'office par mesure disciplinaire, et de le traduire devant le Conseil de guerre, qui le condamne le à quatre ans de prison et à la perte de sa nationalité française[115],[n 18].

Un mois aprĂšs l'attaque sur Mers el-KĂ©bir et l'attaque du Richelieu par les Fairey Swordfish du porte-avions HMS Hermes (le ), et tandis que De Gaulle prĂ©parait l'attaque de Dakar, il est inculpĂ© de « trahison, atteinte Ă  la sĂ»retĂ© extĂ©rieure de l'État, dĂ©sertion Ă  l'Ă©tranger en temps de guerre sur un territoire en Ă©tat de guerre et de siĂšge » et condamnĂ© Ă  Clermont-Ferrand le Ă  la « peine de mort, dĂ©gradation militaire et confiscation de ses biens meubles et immeubles ». Sa dĂ©chĂ©ance de la nationalitĂ© française est confirmĂ©e dans un dĂ©cret du [117],[n 19].

France libre

Articles connexes : France libre et Forces françaises libres.
Le général de Gaulle dans son bureau de la France libre à Londres.
Le Comité national français à Londres. De gauche à droite : André Diethelm, le vice-amiral Muselier, le général de Gaulle, René Cassin, René Pleven et l'amiral Auboyneau.

De Londres, de Gaulle crĂ©e puis dirige les Forces françaises libres. Il est reconnu par Winston Churchill chef des Français libres le . Mais son but est devenu beaucoup plus ambitieux que de mettre en place une lĂ©gion de volontaires qui continuerait la lutte aux cĂŽtĂ©s de l'Empire britannique. Il s'agit pour de Gaulle d'ignorer le traitĂ© d'armistice qui a Ă©tĂ© signĂ© et de poursuivre le projet Ă©tabli de Paul Reynaud, de garder la France dans la guerre contre Hitler, en crĂ©ant une armĂ©e et un contre-État dotĂ© de tous les attributs de souverainetĂ© et lĂ©gitimitĂ©, et qui se donne une base territoriale en ralliant les territoires français de l'Empire colonial, future plate-forme de la reconquĂȘte[118].

DĂšs le dĂ©but de l'Ă©tĂ© 1940, Ă  partir de presque rien et assistĂ© de quelques volontaires, de Gaulle jette ainsi les bases d'une marine (FNFL), d'une aviation (FAFL), de forces terrestres (FFL), d'un service de renseignements (le BCRA du colonel Passy, vite actif en mĂ©tropole). La croix de Lorraine proposĂ©e par l'amiral Muselier[n 20],[120],[121], devient son emblĂšme. Les statuts juridiques de la France libre et ses rapports avec le gouvernement anglais sont fixĂ©s par le juriste RenĂ© Cassin. La France libre a bientĂŽt sa banque, son journal officiel, ses dĂ©corations — le GĂ©nĂ©ral fonde l'ordre de la LibĂ©ration Ă  Brazzaville dĂšs , pour honorer ses « compagnons ». Des comitĂ©s français libres actifs dans le monde entier se constituent et tentent de rallier Ă  de Gaulle les Français de l'Ă©tranger, les opinions et les gouvernements[122]. Il y organise Ă©galement le 27 octobre le Conseil de dĂ©fense de l'Empire, Ă  la suite de son « manifeste Ă  Brazzaville »[123],[124].

Le général micro, fourrier des juifs !
ÉditĂ©e par l'Institut d'Ă©tude des questions juives en , cette affiche antisĂ©mite dĂ©peint de Gaulle sans visage, rĂ©duit au rĂŽle de relais radiophonique au service des « caricatures traditionnelles » de riches capitalistes juifs portant des hauts-de-forme[125],[126],[127].

En France, de Gaulle a Ă©tĂ© condamnĂ© deux fois par contumace[n 21]. En Grande-Bretagne, il trouve en revanche le soutien de Winston Churchill, mais aussi celui du Parlement, de la presse et de l'opinion publique, reconnaissantes au gallant French d'ĂȘtre restĂ© aux cĂŽtĂ©s de leur pays au pire moment de la menace allemande. Cet appui, comme celui de l'opinion amĂ©ricaine, se rĂ©vĂšle plus tard un atout trĂšs prĂ©cieux lors des tensions avec Londres et Washington[128].

Avec le gouverneur gĂ©nĂ©ral FĂ©lix ÉbouĂ© au Tchad (Afrique-Équatoriale française) vers la fin 1940.

Convaincu de l’importance stratĂ©gique de l’empire colonial, de Gaulle annonce dĂšs le 30 juin 1940 son intention d’instituer un Conseil de dĂ©fense de l'Empire et adresse un appel Ă  tous les fonctionnaires civils et militaires des colonies les exhortant Ă  se rallier Ă  son mouvement de rĂ©sistance. D'abord, seuls les territoires insulaires du Pacifique, isolĂ©s dans un environnement gĂ©opolitique australo-britannique — les Nouvelles-HĂ©brides, puis la PolynĂ©sie et la Nouvelle-CalĂ©donie — et l'Inde française, se rallient. Le 26 aoĂ»t 1940, le ralliement du Tchad, Ă©galement frontalier de territoires britanniques (Soudan anglo-Ă©gyptien et NigĂ©ria), est accompli par le gouverneur FĂ©lix EbouĂ©, et Ă  la suite de quelques coups de force militaires, de Gaulle se rend maĂźtre du reste de l'Afrique-Équatoriale française. C’est dans la foulĂ©e de ces ralliements rapides qu'il tente de faire basculer l'Afrique-Occidentale française du cĂŽtĂ© de la France libre. L'opĂ©ration de Dakar, ratĂ©e, tourna Ă  la confrontation entre les flottes vichyssoises et britanniques les 23-25 septembre 1940. À la suite de cet Ă©chec, c'est presque tout l'Empire — Afrique-Occidentale française, Afrique du Nord, Levant, Madagascar, Djibouti, Indochine et Antilles—qui se ferme Ă  de Gaulle, parfois farouchement et pendant longtemps. MalgrĂ© tout, le petit domaine colonial dont il dispose lui offre une base territoriale et humaine qui lui permet d'asseoir son mouvement[129],[130].

De Gaulle se place Ă  la tĂȘte du ComitĂ© national français Ă  partir du . Mais il fait surtout en sorte que la France reste prĂ©sente dans le camp alliĂ©, par ses Forces françaises libres (FFL) qui combattent l'armĂ©e de Vichy sur les diffĂ©rents fronts. En outre, Ă  partir de 1941-1942, il stimule et obtient le ralliement de la rĂ©sistance intĂ©rieure, grĂące au colonel Passy, Ă  Pierre Brossolette et Ă  Jean Moulin. Le , le ComitĂ© national français propose au gouvernement britannique, qui l'accepte, de changer l'appellation officielle du mouvement France libre en France combattante, afin d'intĂ©grer la RĂ©sistance intĂ©rieure[131].

De nombreux facteurs s'opposaient Ă  ce rapprochement de la rĂ©sistance intĂ©rieure et des forces françaises libres. Dans La France de Vichy, Robert O. Paxton remarque qu'en 1940, bien des rĂ©sistants de gauche refusent de voir un chef convenable dans ce militaire qu'ils croient Ă  tort proche de l'Action française, et qui en 1940, est entourĂ© par des Français libres favorables Ă  un changement de rĂ©gime. Selon Jean Pierre-Bloch, Christian Pineau, Henri d'OrlĂ©ans (comte de Paris) et mĂȘme le gaulliste Pierre Lefranc, le ralliement Ă  la RĂ©publique n'aurait d'ailleurs Ă©tĂ© que tactique. À l'inverse, beaucoup de rĂ©sistants de droite lui reprochent sa dissidence explicite avec Vichy — Ă  moins qu'ils ne prĂ©fĂšrent, comme Marie-Madeleine Fourcade, n'avoir de relations qu'avec les services secrets britanniques. Le rĂŽle de la radio, qui permet Ă  De Gaulle d'ĂȘtre la voix de la France et son acceptation politique d'un retour Ă  la rĂ©publique permettent Ă  Jean Moulin de le faire reconnaĂźtre comme chef par l’essentiel des rĂ©seaux, y compris communistes.

DĂšs 1940, de Gaulle n'a de cesse que soient protĂ©gĂ©s les intĂ©rĂȘts de la France, dans la guerre et aprĂšs le conflit. Le , il obtient ainsi de Churchill la signature de l'accord de Chequers, par lequel le Royaume-Uni s'engage Ă  sauvegarder l'intĂ©gritĂ© de toutes les possessions françaises et Ă  la « restauration intĂ©grale de l'indĂ©pendance et de la grandeur de la France ». Le gouvernement britannique s'engage de plus Ă  financer toutes les dĂ©penses de la France libre, mais de Gaulle insiste pour que ces sommes soient des avances remboursables et pas des dons qui jetteraient une ombre, aussi tĂ©nue soit-elle, sur l'indĂ©pendance de son organisation.

MalgrĂ© les relations de confiance scellĂ©es par traitĂ©s entre Churchill et de Gaulle, les deux hommes ont des relations parfois tendues, gĂȘnĂ©es par l'anglophobie que manifestait le GĂ©nĂ©ral dans les annĂ©es 1920 et 1930. Churchill lance Ă  de Gaulle : « Mais vous n'ĂȘtes pas la France ! Vous ĂȘtes la France combattante, nous avons consignĂ© tout cela par Ă©crit », de Gaulle rĂ©plique immĂ©diatement :

« J'agis au nom de la France. Je combats aux cÎtés de l'Angleterre mais non pour le compte de l'Angleterre. Je parle au nom de la France et je suis responsable devant elle. »

Sikorski, McNaughton, Churchill et de Gaulle en 1941.

Churchill abdique alors en poussant un « J'avais espĂ©rĂ© que nous pourrions combattre cĂŽte Ă  cĂŽte. Mais mes espoirs ont Ă©tĂ© déçus parce que si vous ĂȘtes si combatif que non content de lutter contre l'Allemagne, l'Italie et le Japon, vous voulez aussi combattre l'Angleterre et l'AmĂ©rique  » De Gaulle recadre alors le dĂ©bat en prĂ©cisant :

« Je prends cela comme une plaisanterie, mais elle n'est pas du meilleur goût. S'il y a un homme dont les Anglais n'ont pas à se plaindre, c'est bien moi. »

Ils sont au bord de la rupture en 1941, au sujet de la Syrie, puis en 1942 au sujet de sa convocation à Alger aprÚs le débarquement allié en Afrique du Nord (opération Torch).

Les relations avec Franklin Delano Roosevelt sont plus problĂ©matiques. Le prĂ©sident amĂ©ricain, personnellement francophile, a Ă©tĂ© déçu par l'effondrement de la France en 1940 et refroidi Ă  l'Ă©gard de De Gaulle par l'Ă©chec de son entreprise devant Dakar (fin ). Les antigaullistes français sont nombreux Ă  Washington, par exemple l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Quai d'Orsay Alexis LĂ©ger (Saint-John Perse) qui lui dĂ©crit ce gĂ©nĂ©ral comme un « apprenti dictateur ». Le prĂ©sident est aussi trĂšs mal informĂ© sur la situation en France par l'ambassadeur amĂ©ricain Ă  Vichy (jusqu'au mois de ), l'amiral Leahy. Il n'a donc aucune confiance en de Gaulle. Un mot de De Gaulle Ă  Churchill explique en partie l'attitude française face Ă  l'AmĂ©rique : « Je suis trop pauvre pour me courber. » De surcroĂźt, au contraire du GĂ©nĂ©ral qui mise beaucoup sur l'Empire français, le prĂ©sident amĂ©ricain est profondĂ©ment hostile au systĂšme colonial. Roosevelt projetait de faire de la France un État faible, et le projet d'Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT) allait d'ailleurs trĂšs loin dans cette direction, en traitant la France comme un vaincu, plutĂŽt que comme une des puissances victorieuses. La haine de Roosevelt Ă©tait tellement flamboyante (il considĂ©rait de Gaulle au pire comme un futur tyran, au mieux comme un opportuniste) que mĂȘme ses adjoints finirent par en prendre ombrage, y compris le secrĂ©taire d'État Cordell Hull qui, finalement, se rangea aux cĂŽtĂ©s de la France libre et de son chef.

En compagnie de Churchill Ă  Marrakech en 1944.

Jusqu'en 1943, les gouvernements en exil en Angleterre s'Ă©taient contentĂ©s de relations de bon voisinage avec les gaullistes. C'est que tous ces gouvernements, qui Ă©taient lĂ©gaux, s'estimaient installĂ©s dans une meilleure position que les gaullistes qui Ă©taient, de fait, des dissidents par rapport au gouvernement PĂ©tain que les Français avaient installĂ© dans des conditions reconnues lĂ©gales, au dĂ©but, par les grandes puissances. Cette situation Ă©volua lentement. Mais, en 1943, le gouvernement belge en exil de Hubert Pierlot et Paul-Henri Spaak prĂ©cipita le mouvement et fut le premier Ă  reconnaĂźtre officiellement les « Français libres » et de Gaulle comme seuls reprĂ©sentants lĂ©gitimes de la France. Le gouvernement anglais, en l'occurrence Anthony Eden, un proche de Churchill, avait tentĂ© de dissuader les Belges, craignant que leur initiative serve de modĂšle aux autres gouvernements en exil. Les AmĂ©ricains eux-mĂȘmes intervinrent, croyant pouvoir utiliser les relations commerciales belgo-amĂ©ricaines pour faire pression sur les Belges (notamment quant Ă  leurs commandes d'uranium du Congo belge). Rien n'y fit. MalgrĂ© les pressions britanniques et amĂ©ricaines, Spaak fit savoir officiellement que la Belgique considĂ©rait dĂšs lors le gouvernement PĂ©tain comme dĂ©pourvu de lĂ©gitimitĂ© et le ComitĂ© des Français libres, plus tard Gouvernement provisoire de la France, comme seuls habilitĂ©s Ă  reprĂ©senter lĂ©galement la France[132].

Libération de la France et de ses colonies

Serrant la main du général Giraud, à la demande de Roosevelt (au centre) et de Churchill (à droite), lors de la conférence de Casablanca le .

MalgrĂ© son exclusion par Roosevelt du dĂ©barquement amĂ©ricano-britannique en Afrique du Nord (opĂ©ration Torch), et surtout malgrĂ© le soutien apportĂ© par les États-Unis Ă  l'amiral François Darlan, puis au gĂ©nĂ©ral Henri Giraud, de Gaulle rĂ©ussit Ă  prendre pied Ă  Alger en . Le ComitĂ© national français fusionne avec le Commandement en chef français civil et militaire dirigĂ© par Giraud, pour donner naissance au ComitĂ© français de libĂ©ration nationale (CFLN), dont Giraud et de Gaulle sont coprĂ©sidents. Mais en quelques mois, de Gaulle marginalise Giraud au sein du CFLN, avant de l'Ă©vincer en Ă  la faveur de la formation d'un nouveau gouvernement, et de s'affirmer comme le seul chef politique des forces françaises alliĂ©es[133]. Les Forces françaises libres fusionnent quant Ă  elle avec l'ArmĂ©e d'Afrique placĂ©e sous le commandement de Giraud : l'ArmĂ©e française de la LibĂ©ration, composĂ©e de 1 300 000 soldats, participe aux combats aux cĂŽtĂ©s des AlliĂ©s. Le Ă  Alger, le CFLN devient le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique française (GPRF).

AprĂšs le dĂ©barquement de Normandie, le , le gĂ©nĂ©ral de Gaulle pose le pied en territoire français sur la plage de Courseulles-sur-Mer, en Normandie, le , en descendant du torpilleur La Combattante. Il se rend Ă  Creully pour y rencontrer le gĂ©nĂ©ral Montgomery, qui avait installĂ© son quartier gĂ©nĂ©ral sur la pelouse du chĂąteau de Creullet[134]. Ce mĂȘme jour, il prononce le premier discours de Bayeux et les Français dĂ©couvrent alors son imposante silhouette (il mesure 1,93 m).

La fermetĂ© et la rapiditĂ© avec lesquelles le gĂ©nĂ©ral de Gaulle rĂ©tablit l'autoritĂ© d'un gouvernement national permettent d'Ă©viter la mise en place de l'AMGOT, prĂ©vu par les AmĂ©ricains, qui aurait fait de la France libĂ©rĂ©e un État administrĂ© et occupĂ© par les vainqueurs.

Avec le général Charles Mast à Tunis en 1943.

L'itinĂ©raire du au du gĂ©nĂ©ral de Gaulle n'est pas tout Ă  fait clair ; il comporte des imprĂ©cisions et mĂȘme des incohĂ©rences selon les sources. Le , il est Ă  Cherbourg. Il rencontre le gĂ©nĂ©ral Eisenhower Ă  TourniĂšres. Il passe par Coutances, Avranches, FougĂšres pour se rendre Ă  Rennes. Le , il se recueille Ă  Paimpont sur la tombe de sa mĂšre. Le , il est Ă  Laval[135], oĂč il prononce un discours type dans la suite du discours de Bayeux. Il passe ensuite Ă  Meslay-du-Maine, SablĂ©, Le Mans, puis le Ă  La FertĂ©-Bernard, Nogent-le-Rotrou, Chartres, et arrive enfin Ă  Rambouillet Ă  18 h.

La 2e division blindĂ©e du gĂ©nĂ©ral Leclerc libĂšre Paris le et celui-ci reçoit la reddition de Von Choltitz. Ce mĂȘme jour, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle se rĂ©installe au ministĂšre de la Guerre, rue Saint-Dominique Ă  Paris, dans le bureau qu'il occupait jusqu'au , signifiant ainsi que « Vichy » Ă©tait une parenthĂšse et que la RĂ©publique n'avait jamais cessĂ© d'exister. Il se rend ensuite Ă  l'hĂŽtel de ville, oĂč il prononce un discours dans lequel il insiste sur le rĂŽle essentiel jouĂ© par les Français pour leur propre libĂ©ration. Le lendemain, , il descend triomphalement les Champs-ÉlysĂ©es et fleurit la tombe du Soldat inconnu. Le « peuple dans ses profondeurs » manifeste un enthousiasme indescriptible[136].

Le GPRF est transféré à Paris. Le , un gouvernement d'unité nationale est constitué, sous la présidence du général de Gaulle. L'Assemblée constituante est ensuite élue en , six mois aprÚs la fin de la guerre.

Gouvernement provisoire de la République française

Charles de Gaulle présidant un Conseil des ministres du GPRF, le .

Bien aprĂšs d'autres pays europĂ©ens, les femmes françaises obtiennent le droit de vote, exercĂ© pour la premiĂšre fois aux Ă©lections municipales de 1945. Pour la professeure d’histoire Ă  l’universitĂ© d’Angers Christine Bard : « Dans ses mĂ©moires, le droit de vote tient en trois lignes. Il avait des conceptions traditionnelles sur le rĂŽle des femmes, mĂȘme si cela ne l’a pas empĂȘchĂ© d’accepter l’idĂ©e de la citoyennetĂ© des femmes, plus aussi subversive qu’au XIXe siĂšcle[137]. »

D'autres rĂ©formes figurant dans ce mĂȘme programme sont entreprises Ă  la LibĂ©ration : nationalisations (dont la Banque de France[138]), mise en place du monopole de l'assurance maladie obligatoire qu'est la sĂ©curitĂ© sociale (l'Alsace et la Moselle conserveront le systĂšme d'assurance maladie instaurĂ© par Bismarck). Il s’agit notamment de revendications de la SFIO, du Parti communiste français et du Mouvement rĂ©publicain populaire (MRP), qui Ă©taient les forces politiques les plus reprĂ©sentĂ©es dans le Conseil national de la RĂ©sistance.

PrĂ©sident du Gouvernement provisoire, mais en dĂ©saccord avec l'AssemblĂ©e constituante sur la conception de l'État et le rĂŽle des partis, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle remet sa dĂ©mission sur la question des crĂ©dits militaires au prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale, FĂ©lix Gouin, le . Il a rempli la mission qu'il s'Ă©tait donnĂ©e le  : libĂ©rer le territoire, restaurer la RĂ©publique, organiser des Ă©lections libres et dĂ©mocratiques, entreprendre la modernisation Ă©conomique et sociale. Durant cette pĂ©riode, il exerça de fait une fonction Ă©quivalente Ă  celle de chef de l'État. Le 8 avril 1946, il reçoit une lettre de Edmond Michelet, lui proposant de « fixer sa situation dans l'ArmĂ©e », et lui indiquant que FĂ©lix Gouin souhaite l'Ă©lever Ă  la dignitĂ© de marĂ©chal de France[139]. Charles de Gaulle refuse, disant qu'il est impossible de « rĂ©gulariser une situation absolument sans prĂ©cĂ©dent »[140].

Parcours politique pendant la IVe RĂ©publique

Le , de Gaulle expose sa vision de l'organisation politique d'un État dĂ©mocratique fort Ă  Bayeux, en Normandie, dans un discours restĂ© cĂ©lĂšbre ; mais il n’est pas suivi. Il inaugure alors sa fameuse « traversĂ©e du dĂ©sert » jusqu'en 1958, date de son retour au pouvoir.

Fondation du RPF

Affiche Ă©lectorale du RPF en 1947.
Permanence parisienne du RPF (vers 1947).

En 1947, il fonde un mouvement politique, le Rassemblement du peuple français (RPF), afin de transformer la scĂšne politique française, de lutter contre le rĂ©gime « exclusif » des partis, de s'opposer Ă  l'avancĂ©e du communisme et de promouvoir une nouvelle rĂ©forme constitutionnelle privilĂ©giant le pouvoir exĂ©cutif. Il propose Ă©galement une troisiĂšme voie Ă©conomique (l'association capital-travail). Le RPF reprend Ă©galement les thĂšmes de la droite la plus traditionnelle : ultra-conservatisme colonial (il critique jusqu'Ă  la construction de lycĂ©es d'enseignement gĂ©nĂ©ral Ă  Madagascar), anticommunisme virulent (exploitant les inquiĂ©tudes sur l'avancĂ©e du communisme dans l'Union française et en Indochine) et mĂȘme, au moins jusqu'en 1950, la clĂ©mence Ă  l'Ă©gard de Philippe PĂ©tain. Toutefois, les dĂ©clarations du colonel RĂ©my rĂ©habilitant le rĂŽle de PĂ©tain seront immĂ©diatement dĂ©savouĂ©es par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, mais pas l'initiative de Terrenoire, demandant son amnistie. Il est vrai, comme le rappelle l'historien RenĂ© RĂ©mond (dans Les Droites en France), que c'est au nom de la rĂ©conciliation nationale qu'en 1949 et 1950, le mĂȘme gĂ©nĂ©ral de Gaulle plaidait pour l'Ă©largissement du « vieillard de quatre-vingt-quinze ans ».

Le parti rallie des rĂ©sistants (dont Jacques Chaban-Delmas) mais aussi des notables comme Édouard FrĂ©dĂ©ric-Dupont ou Edmond Barrachin (qui fut, dans les annĂ©es 1930, directeur du comitĂ© central du Parti social français). D'anciens pĂ©tainistes et mĂȘme d'anciens collaborateurs parviennent Ă  s'y faire admettre, notamment dans les sections d'Indochine et d'AlgĂ©rie, dans le service d'ordre, dans les rangs des syndicats ouvriers proches du R.P.F. et parmi les maires Ă©lus en 1947. Certains polĂ©mistes du parti, notamment Jean Nocher, dĂ©ploient une extrĂȘme agressivitĂ© verbale. Pour ces raisons, l'historien Henry Rousso (dans Le Syndrome de Vichy) discerne au RPF « des tendances pro-pĂ©tainistes, soit qu’elles aient Ă©tĂ© envoĂ»tĂ©es par la magie du verbe marĂ©chaliste, soit qu’elles aient Ă©tĂ© convaincues de son impact dans l’opinion ». RenĂ© RĂ©mond (Les Droites en France) prĂ©fĂšre rapprocher le RPF de la lignĂ©e du bonapartisme et du boulangisme, tout en observant que le RPF est, dans l'histoire du gaullisme, l'Ă©pisode le moins Ă©loignĂ© de « ce qu'en France on a l'habitude de qualifier de fascisme ».

AprÚs un grand succÚs en 1947-1948 (35 % des suffrages aux municipales de 1947, 42 % des sénateurs élus en 1948), le RPF décline de 1949 à 1951. La gestion efficace des événements sociaux de l'automne 1947 par le gouvernement de la troisiÚme force a affaibli le mouvement gaulliste. Le recours à de Gaulle semble alors moins nécessaire pour les conservateurs, les modérés et le patronat. Dans l'opposition, le RPF est frappé d'un véritable ostracisme de la part des autres partis politiques, entretenu par le refus du général de Gaulle de se compromettre avec les autres partis. En 1951, le RPF obtient encore plus de 4 millions de voix (22,3 % des suffrages et 16,8 % des inscrits) et 117 députés.

Charles de Gaulle votant à Colombey-les-Deux-Églises (c. 1950).

Le RPF est irrĂ©mĂ©diablement affaibli par la dĂ©fection de vingt-sept dĂ©putĂ©s : ainsi, contre les consignes du GĂ©nĂ©ral, Édouard FrĂ©dĂ©ric-Dupont et Edmond Barrachin votent la confiance au gouvernement d'Antoine Pinay en 1952. En , quarante-cinq autres font dĂ©fection. Les gaullistes se divisent alors entre les loyalistes, qui fondent l'Union des rĂ©publicains d'action sociale (URAS), et les autres, qui rejoignent l'Action rĂ©publicaine et sociale (ARS).

Mise Ă  l'Ă©cart du pouvoir

Aux élections locales de 1953, le RPF perd la moitié de ses suffrages. Il entre alors en hibernation. Les élus gaullistes participeront encore avec le PCF à l'échec de la Communauté européenne de défense (CED) en 1954, avant la mise en sommeil définitive du RPF le .

À la suite de la dĂ©faite Ă©lectorale de son parti, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle se retire Ă  Colombey-les-Deux-Églises et rĂ©dige ses MĂ©moires de guerre. Pour certains observateurs, ce sont les cinq annĂ©es qui suivent qui constituent sa « traversĂ©e du dĂ©sert » proprement dite (voir ci-dessus).

Retour au pouvoir en 1958

L'instabilité ministérielle, l'impuissance de la IVe République face à la question algérienne, déclenchée par une insurrection le , conduisent le régime à une crise grave. Des responsables politiques de tous bords en viennent à souhaiter le retour du Général.

Le , un comitĂ© de vigilance appelle Ă  manifester contre le FLN Ă  Alger. Un comitĂ© de salut public est crĂ©Ă©, Ă  la tĂȘte duquel se trouve le gĂ©nĂ©ral Massu, et dont fait aussi partie le gĂ©nĂ©ral Salan. Ce dernier, poussĂ© par LĂ©on Delbecque, lance le devant la foule son appel au retour du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, « Vive de Gaulle ! », du haut du balcon du Gouvernement gĂ©nĂ©ral. L'insurrection prend de l'ampleur et risque de dĂ©gĂ©nĂ©rer en guerre civile. Le , le GĂ©nĂ©ral se dit « prĂȘt Ă  assumer les pouvoirs de la RĂ©publique[141] ». Certains voient dans cette dĂ©claration un soutien Ă  l'armĂ©e et s'inquiĂštent. Il rassure et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de l'union nationale ; s'il se prĂ©sente encore comme le recours, il ne donne officiellement aucune caution ni Ă  l'armĂ©e ni Ă  quiconque. NĂ©anmoins, un plan d'action militaire, baptisĂ© « RĂ©surrection », a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en place en cas d'Ă©chec des nĂ©gociations politiques.

Le , le président de la République, René Coty, fait appel au « plus illustre des Français ». Charles de Gaulle accepte de former un gouvernement. Sous pression, l'Assemblée nationale l'investit le , par 329 voix sur 553 votants. Le général de Gaulle devient ainsi le dernier président du Conseil de la IVe République. Les députés lui accordent la possibilité de gouverner par ordonnances pour une durée de six mois, et l'autorisent à mener à bien la réforme constitutionnelle du pays[142].

La nouvelle Constitution, élaborée au cours de l'été 1958, est trÚs proche des propositions avancées à Bayeux, avec un exécutif fort. Le général de Gaulle accepte cependant que le Parlement ait plus de poids qu'il ne le souhaitait. En particulier, de Gaulle doit renoncer à l'élection du président de la République au suffrage universel (un élément central de son dispositif constitutionnel qu'il finira par imposer en 1962).

La Constitution est adoptée par référendum le , avec 79,2 % de « oui ». L'Empire l'approuve également, sauf la Guinée qui devient ainsi la premiÚre colonie française de l'Afrique subsaharienne à obtenir son indépendance. Charles de Gaulle est élu président de la République le [143] : il prend ses fonctions le suivant.

Entre le moment de son entrĂ©e en fonctions comme prĂ©sident du Conseil et son Ă©lection Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique, Charles de Gaulle a largement amorcĂ© la politique qui marquera son passage au pouvoir : outre la volontĂ© de doter la France d'une nouvelle Constitution, le GĂ©nĂ©ral se soucie de la politique europĂ©enne de la France (rencontre avec le chancelier Adenauer le [n 22]), de l'indĂ©pendance du pays face aux États-Unis (mĂ©morandum du adressĂ© au prĂ©sident Eisenhower), de l'assainissement des finances publiques (mesures du ) et du sort de l'AlgĂ©rie (il refuse les choix des comitĂ©s de salut public et appelle Ă  la « paix des Braves » en ).

Guerre d'Algérie

Article connexe : Décolonisation.

À la suite des Ă©checs de la IVe RĂ©publique en Indochine et en AlgĂ©rie, une insurrection Ă©clate Ă  Alger et les putschistes civils et militaires organisent un ComitĂ© de salut public (en rĂ©fĂ©rence Ă  celui de la RĂ©volution française) le pour maintenir l'AlgĂ©rie française. Ils en appellent au retour du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. L'antenne d'Alger mise en place par le ministre de la DĂ©fense Jacques Chaban-Delmas dĂšs 1957, dirigĂ©e par Lucien Neuwirth et LĂ©on Delbecque, a influencĂ© les partisans de l'AlgĂ©rie dans la RĂ©publique française. Comme l'a rapportĂ© Olivier Guichard dans Avec de Gaulle (voir bibliographie), l'antenne d'Alger faisait surtout de la transmission : le travail d'influence Ă©tait supervisĂ© par les deux plus proches collaborateurs du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Guichard lui-mĂȘme et, pour les militaires, Jacques Foccart.

Mise en place des réseaux français en Afrique

Article détaillé : Françafrique.

C'est sous l'autoritĂ© de De Gaulle que les rĂ©seaux de ce que l'on appellera plus tard la Françafrique furent mis en place[144]. À la tĂȘte d'une partie de son cabinet, issue de l'Ă©phĂ©mĂšre CommunautĂ© française, Jacques Foccart maintient des liens Ă©troits, non seulement de coopĂ©ration, mais souvent de contrĂŽle, avec les nouveaux pouvoirs des États africains ayant accĂ©dĂ© Ă  l'indĂ©pendance, notamment au moyen d'accords de coopĂ©ration militaire et financiers, mais aussi par l'action des services secrets. L'expression de « prĂ© carré » est alors courante, et ces liens politiques et Ă©conomiques assurent un soutien diplomatique dans la stratĂ©gie d'entre deux blocs de De Gaulle.

Président de la Ve République

Article détaillé : Présidence de Charles de Gaulle.

Élection et investiture

Charles de Gaulle designé « personnalité de l'année » par Time, le .

En , les gaullistes remportent les élections législatives et obtiennent une confortable majorité. Le suivant, de Gaulle est élu président de la République et de la Communauté africaine et malgache avec 78,51 % des voix, au suffrage indirect, par un collÚge de plus de 80 000 grands électeurs[145].

Charles de Gaulle prend ses fonctions de prĂ©sident de la RĂ©publique le , succĂ©dant ainsi Ă  RenĂ© Coty. Il gĂšre le conflit algĂ©rien, met en place une nouvelle politique Ă©conomique et engage d’importantes mesures pour revitaliser le pays, avec en particulier une dĂ©valuation de 29 % et l'introduction du nouveau franc (valant 100 anciens francs), qui fait revenir les centimes, disparus en 1945.

Débuts à la présidence

Sur la scĂšne internationale, refusant la domination des États-Unis comme de l'URSS, il dĂ©fend une France indĂ©pendante, disposant de la force de frappe nuclĂ©aire. Il met en place Ă©galement les dĂ©buts du programme spatial français. En tant que membre fondateur de la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne (CEE), il pose son veto Ă  l'entrĂ©e du Royaume-Uni.

Le , dans le stade olympique de Grenoble, il devient le second président français à ouvrir une cérémonie olympique, à l'occasion des Xe jeux olympiques d'hiver[146].

En 2020, Charles de Gaulle est le seul président de la Ve République à avoir visité tous les départements français, outre-mer comprise. Il se rend en train ou en avion dans les régions, avant de visiter leurs départements en voiture durant une semaine en moyenne[147],[148].

Fin de la guerre d’AlgĂ©rie

En ce qui concerne la guerre d'AlgĂ©rie, de Gaulle suscita d’abord de grands espoirs parmi les Français d’AlgĂ©rie, auxquels il dĂ©clara Ă  Alger le  : « Je vous ai compris ». Ce jour-lĂ , il se garda de rien leur promettre de prĂ©cis, lors de ce discours, et ne reprit ni leur mot d'ordre d'« intĂ©gration » ni leur slogan « AlgĂ©rie française ». Il proclame que « à partir d'aujourd'hui, la France considĂšre que, dans toute l'AlgĂ©rie, il n'y a qu'une seule catĂ©gorie d'habitants : il n'y a que des Français Ă  part entiĂšre ». Ce n'est qu'Ă  Mostaganem, le , qu'il prononça les mots : « Vive l'AlgĂ©rie française[149] », exception davantage rĂ©vĂ©latrice d'un dĂ©saccord que d'une adhĂ©sion, pour RenĂ© RĂ©mond[150].

Mais il adopta aussi quelques mesures libĂ©rales en direction des indĂ©pendantistes algĂ©riens : « paix des Braves » proposĂ©e au FLN en , grĂąces accordĂ©es Ă  plusieurs rebelles, dont Yacef SaĂądi, condamnĂ© Ă  mort comme ancien dirigeant du FLN pendant la bataille d'Alger, interdiction officielle formelle des actes de torture. C'est Ă©galement sous de Gaulle que les femmes musulmanes d'AlgĂ©rie obtinrent le droit de vote, que l'on vit les musulmans pouvoir voter Ă  Ă©galitĂ© avec les EuropĂ©ens (de ce fait, dĂšs avant l'indĂ©pendance en 1962, une majoritĂ© des maires d'AlgĂ©rie sont eux-mĂȘmes des musulmans), ou que fut nommĂ© le premier prĂ©fet musulman d'AlgĂ©rie (Mahdi Belhaddad Ă  Constantine). De Gaulle annonça en personne la mise en Ɠuvre du plan de Constantine, dans cette ville, en  : ce plan prĂ©voyait, sur cinq ans, la redistribution de 250 000 ha de terres, la construction de 200 000 logements et la crĂ©ation de 400 000 emplois[151].

Il laissa son Premier ministre, Michel DebrĂ©, vilipender comme « manƓuvre communiste » le rapport accablant Ă©tabli par le jeune Michel Rocard, et qui dĂ©nonçait l'entassement inhumain de deux millions de personnes civiles dans des « camps de regroupement ». DĂšs 1959, de Gaulle en revint aussi Ă  une solution classique de rĂ©pression militaire. À l'Ă©tĂ© 1959, l'opĂ©ration « Jumelles », dite plan Challe, porta au FLN ses coups les plus rudes Ă  travers tout le pays. Certes, de Gaulle rĂ©alisa rapidement qu'il n'Ă©tait pas possible de rĂ©soudre le conflit par une simple victoire militaire, et Ă  l'automne 1959 il commença Ă  s'orienter vers une solution conduisant inĂ©luctablement Ă  l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie. Mais jusqu'Ă  l'hiver 1961/62, il choisit tout de mĂȘme de poursuivre la guerre, au prix de nombreuses victimes et, selon le journaliste RĂ©mi Kauffer, d'un accroissement de l'usage de la torture. Jusqu'Ă  la fin de 1961, la lutte contre le FLN est menĂ©e avec autant de vigueur, et mĂȘme davantage, qu'avant. Selon Constantin Melnik, conseiller spĂ©cial de Michel DebrĂ© chargĂ© de coordonner les services secrets, il y eut environ 500 assassinats politiques entre 1958 et 1961.

Il reste difficile de savoir quand de Gaulle comprit que l'indĂ©pendance Ă©tait la seule solution pour sortir d'un conflit coĂ»teux en hommes, en argent et en prestige international. D'autant plus qu'il perd le soutien de proches et d'anciens combattants luttant pour l'AlgĂ©rie française. Édouard Lebas, Ă  cet effet, Ă©crit le dans Combat : « Nous vivons depuis sur la plus grande duperie de l'histoire et depuis sur la plus grande imposture. La cause du mal c'est la volontĂ© tenace, bien que supĂ©rieurement camouflĂ©e, du GĂ©nĂ©ral de Gaulle. Il faut donc dĂ©noncer Ă  la masse, sans subterfuges et sans faux-fuyants, le responsable du mal dont meurent la RĂ©publique et la Liberté »[152]. En 1961, de Gaulle fit encore rĂ©diger par Alain Peyrefitte un plan de partition de l'AlgĂ©rie, sans doute en fait pour faire pression sur le FLN. Au mĂȘme Alain Peyrefitte, il expliquait dĂšs 1959 que « l'intĂ©gration » de l'AlgĂ©rie Ă  la France, dĂ©fendue par les partisans de l'AlgĂ©rie française, Ă©tait une utopie : deux pays culturellement si Ă©loignĂ©s et prĂ©sentant un tel Ă©cart de niveau de vie n'avaient pas vocation Ă  en former un seul. Sans compter qu'au vu de l'accroissement dĂ©mographique des musulmans, ce serait ouvrir la porte Ă  leur immigration massive en mĂ©tropole, dĂ©passant de fort loin la simple venue traditionnelle de populations Ă©trangĂšres appelĂ©es Ă  se fondre dans le creuset français : « Mon village deviendrait Colombey-les-Deux-MosquĂ©es ! »[153]

La semaine des barricades Ă  Alger (1960).
Discours radiotĂ©lĂ©visĂ© du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, revĂȘtu de son uniforme, le , pendant la semaine des barricades.

DĂšs le , de Gaulle parle de « l'autodĂ©termination » de l'AlgĂ©rie. Comme pour les pays de l'empire colonial français qui viennent d’accĂ©der Ă  l’indĂ©pendance, le chef de l’État aurait pour stratĂ©gie d'installer une administration qui dĂ©fendrait les intĂ©rĂȘts politiques et Ă©conomiques de la France[154].

En , le limogeage du général Jacques Massu, qui avait critiqué sa politique, provoque la rupture avec les Français d'Algérie et l'érection de barricades au centre d'Alger. Malgré ce climat insurrectionnel, de Gaulle abroge définitivement, par une ordonnance du , la peine de déportation[155]. En , un référendum valide cependant massivement sa politique des deux cÎtés de la Méditerranée.

Avec l'armée de conscription, il fait échec au putsch des généraux à Alger en . Quatre jours suffisent à mettre en déroute le « quarteron de généraux à la retraite » stigmatisés dans un de ses plus célÚbres discours. Cette attitude provoqua de fortes résistances dans certains groupes nationalistes et de Gaulle fut obligé de réprimer des soulÚvements de pieds-noirs en Algérie.

Il est la cible d'organisations terroristes telles que l'Organisation armée secrÚte (OAS), qui le surnomme « la Grande Zohra ». La métropole devient alors l'objet de plusieurs vagues d'attentats commis par l'OAS. L'amiral Pierre Lacoste, ancien directeur de la DGSE, déclare en 1992, dans un entretien accordé au journal The Nation, que certains éléments du réseau Gladio étaient impliqués dans des activités terroristes contre le général de Gaulle et sa politique en Algérie[156],[157].

Dans la nuit du au , une manifestation, interdite par les autoritĂ©s françaises, est organisĂ©e par le FLN. Les manifestants protestent contre le couvre-feu imposĂ© en mĂ©tropole aux ressortissants d'Afrique du Nord. Cette manifestation est fĂ©rocement rĂ©primĂ©e. Le prĂ©fet de police Maurice Papon couvre ses policiers et le gouvernement l'ensemble de ses fonctionnaires. Selon le rapport de l'avocat gĂ©nĂ©ral Jean Geromini, remis le , il y aurait eu au moins 48 noyĂ©s pendant la nuit du 17 au 18 octobre, sans compter les personnes mortes des suites de leurs blessures ou de leurs conditions d'internement. Selon l'historien et Ă©ditorialiste Alain-GĂ©rard Slama et Linda Amiri (laquelle a dĂ©pouillĂ© les archives de la prĂ©fecture de police), le chiffre total est de l'ordre d'une centaine de victimes (L. Amiri compte 100 morts certains et 31 disparus). Les propos tenus par de Gaulle en Conseil des ministres quelques jours aprĂšs le drame sont connus grĂące aux notes prises par son ministre Louis Terrenoire, et publiĂ©es par Éric Rossel.

Quelques mois plus tard, lors d'une manifestation interdite le , huit manifestants sont tuĂ©s par les forces de police au mĂ©tro Charonne et un autre meurt ensuite Ă  l'hĂŽpital. Selon l'historien Jean-Paul Brunet, Charles de Gaulle est « tout autant responsable de cette tragĂ©die que le ministre de l'IntĂ©rieur Roger Frey, le prĂ©fet de police Maurice Papon, et toute la hiĂ©rarchie policiĂšre ». Une des raisons est, explique J.-P. Brunet, « l'autoritarisme » du GĂ©nĂ©ral. Selon l'historien Alain Dewerpe, directeur d'Ă©tudes Ă  l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, le massacre de Charonne n'est qu'une consĂ©quence logique des « habitus de pouvoir » de De Gaulle et des gaullistes, dans la situation de la guerre d'AlgĂ©rie.

Quant Ă  l'organisation terroriste OAS, elle est rĂ©primĂ©e par des moyens impitoyables : exĂ©cutions sommaires, tortures, polices parallĂšles, lesquelles n'hĂ©sitent pas Ă  recruter des truands, comme Georges Boucheseiche et Jean AugĂ©. La Cour de sĂ»retĂ© de l'État est crĂ©Ă©e en pour en condamner les chefs, lesquels sont amnistiĂ©s quelques annĂ©es plus tard (la Cour continue ensuite de juger des terroristes, jusqu'Ă  sa suppression, en ). En 1962, Ă  la suite des accords d'Évian, un cessez-le-feu est proclamĂ© en AlgĂ©rie. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle fait adopter par rĂ©fĂ©rendum l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie, effective en [158].

TrĂšs irritĂ© par le ralliement massif des pieds-noirs Ă  l'OAS, Ă  l'heure oĂč celle-ci lance une vague de terreur et de terre brĂ»lĂ©e en AlgĂ©rie, de Gaulle n'a aucun mot de compassion ni en public ni en privĂ© pour le sort du million de Français rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie en Ă  la suite de la non-application des accords d'Évian par la partie algĂ©rienne.

Le lendemain de la signature des accords d'Évian, les supplĂ©tifs de l'armĂ©e française, les harkis, sont dĂ©sarmĂ©s par la France, et abandonnĂ©s sur place. Le gouvernement s'oppose au rapatriement de la majoritĂ© d'entre eux, et fait interdiction aux officiers de l'armĂ©e de les aider Ă  gagner la France, hors du cadre d'un plan de rapatriement gĂ©nĂ©ral. Le , en Conseil des ministres, alors que les massacres de pieds-noirs et harkis ont commencĂ©, Charles de Gaulle s'oppose au repli des harkis en France[159]. Par la suite, plusieurs dizaines de milliers sont torturĂ©s et massacrĂ©s[160].

En , le Premier ministre Michel DebrĂ© est remplacĂ© par Georges Pompidou, et, en de la mĂȘme annĂ©e, de Gaulle propose d'amender la Constitution afin de permettre au prĂ©sident d'ĂȘtre Ă©lu au suffrage universel direct, dans le but de renforcer sa lĂ©gitimitĂ© Ă  gouverner directement. La rĂ©forme de la Constitution, malgrĂ© l'opposition du Parlement, de la totalitĂ© de la gauche et d'une bonne partie de la droite, est aisĂ©ment acceptĂ©e lors du rĂ©fĂ©rendum du avec 62,25 % de « oui ».

En , l'Assemblée nationale vote une motion de censure contre le gouvernement Pompidou, mais le Général refuse la démission que lui présente le Premier ministre et choisit de dissoudre l'Assemblée. Les nouvelles élections renforcent la majorité parlementaire gaulliste.

Opposition armée

Attentat du Petit-Clamart
Article détaillé : Attentat du Petit-Clamart.

Un polytechnicien ingĂ©nieur de l'armement nommĂ© Jean Bastien-Thiry, ĂągĂ© de 35 ans, considĂšre la politique algĂ©rienne du gĂ©nĂ©ral de Gaulle comme une politique d'abandon et de trahison. Il conçoit donc, avec l'aide de personnes partageant son point de vue et appartenant Ă  l'Organisation armĂ©e secrĂšte (OAS), d'enlever de Gaulle, voire, si ce rapt se rĂ©vĂšle impossible, de l’abattre. Un attentat est ainsi organisĂ© au rond-point du Petit-Clamart le . Il Ă©choue, bien que la DS prĂ©sidentielle montre ensuite, parmi les impacts (environ 150 balles tirĂ©es), une trace de balle passĂ©e latĂ©ralement Ă  quelques centimĂštres des visages du couple prĂ©sidentiel.

Charles de Gaulle dans la DS présidentielle lors d'une halte à Isles-sur-Suippe, le .

Dans la déclaration qu'il fait lors de l'ouverture de son procÚs en , Bastien-Thiry développe les motivations du complot basées essentiellement sur la politique algérienne du général de Gaulle. Il est condamné à mort le . Parce qu'il avait fait tirer sur une voiture occupée par une femme et parce que, contrairement aux autres membres du commando, il n'avait pas pris de risques directs, Bastien-Thiry n'est pas gracié par le général de Gaulle, comme l'ont été les autres membres du commando (tout comme d'ailleurs les autres membres de l'OAS, qui ont été pris). Une semaine aprÚs la fin de son procÚs, Bastien-Thiry est fusillé au fort d'Ivry.

En 1968, une premiÚre amnistie permet aux derniers responsables de l'OAS, aux centaines de partisans de l'Algérie française encore détenus, et à d'autres, exilés, comme Georges Bidault ou Jacques Soustelle, de rentrer en France. D'anciens activistes de l'Algérie française se rallient alors au gaullisme, en adhérant au SAC ou aux comités de défense de la République (CDR). De Gaulle déclare à Jacques Foccart le  : « Il faut que nous allions vers une certaine réconciliation. » Les autres condamnations pénales sont effacées par les lois d'amnistie de 1974 et 1987.

Autres attentats

L'attentat du Petit-Clamart est celui qui a été le plus prÚs de réussir. De nombreux autres attentats ont été organisés contre la personne du Général, parmi lesquels :

  • le , une bombe commandĂ©e Ă  distance est enterrĂ©e sur la route de Colombey, Ă  Pont-sur-Seine, mais la DS prĂ©sidentielle conduite par le gendarme Francis Marroux n'est pas endommagĂ©e[161] ;
  • le , de Gaulle doit ĂȘtre abattu sur le perron de l'ÉlysĂ©e par un tireur postĂ© prĂšs de l'ÉlysĂ©e[162] ;
  • le , de Gaulle est en visite au mont Faron, prĂšs de Toulon ; une jarre est piĂ©gĂ©e de huit pains de TNT mis Ă  feu Ă  distance, mais ceux-ci n'explosent pas, le dĂ©clencheur Ă©tant trop faible[163].

Le thĂšme d'un attentat imaginaire contre le gĂ©nĂ©ral de Gaulle faisant suite Ă  celui du Petit-Clamart a Ă©tĂ© exploitĂ© dans le film Chacal (1973) tirĂ© du roman de mĂȘme nom de Frederick Forsyth.

Élection prĂ©sidentielle de 1965

Résultats (par département) de l'élection présidentielle de 1965.

La télévision, pour la premiÚre fois dans l'histoire, joue un rÎle trÚs important dans une campagne ; malgré son refus de « jaspiner » dans « les étranges lucarnes », le Général se plie à cette nouvelle mode entre les deux tours. Cette campagne marque aussi l'apparition des sondages, qui mettent en évidence la baisse des intentions de vote en sa faveur avant le premier tour[164].

Lors du premier tour, de Gaulle arrive en tĂȘte avec 44,65 % des suffrages, devant notamment le candidat de la gauche, François Mitterrand (31,72 %), et Jean Lecanuet (15,57 %). Lorsque le ministre de l'IntĂ©rieur, Roger Frey, propose Ă  de Gaulle de faire publier des photos de François Mitterrand aux cĂŽtĂ©s de Philippe PĂ©tain pendant l'Occupation, il se voit opposer un refus, le prĂ©sident sortant refusant d'utiliser de telles mĂ©thodes[165]. ValĂ©ry Giscard d'Estaing fera de mĂȘme que le gĂ©nĂ©ral de Gaulle lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1981[166].

Charles de Gaulle est réélu président de la République le , avec 55,20 % des suffrages exprimés. Le Général indique ultérieurement à quelques proches qu'il n'ira pas au bout de son mandat (devant s'achever en 1972) et qu'il se retirera à ses 80 ans[167],[168].

Politique Ă©trangĂšre

Témoignage de la réconciliation franco-allemande, devant le parvis de la cathédrale de Reims, fait en 1962.
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer (1958).

De Gaulle dut attendre la fin du conflit en AlgĂ©rie pour lancer rĂ©ellement sa politique Ă©trangĂšre. En effet, le « boulet algĂ©rien »[169] rĂ©duisait considĂ©rablement la marge de manƓuvre française et, d'une façon ou d'une autre, il fallait avant toute chose mettre un terme Ă  ce conflit. La politique de « l'indĂ©pendance nationale » est alors pleinement mise en application.

Sur le plan international, de Gaulle continua Ă  promouvoir l'indĂ©pendance de la France : il refusa Ă  deux reprises (en 1963 et en 1967) l'entrĂ©e du Royaume-Uni dans la CEE[170] ; il condamna dĂšs 1964 l'aide militaire apportĂ©e par les États-Unis Ă  la rĂ©publique du ViĂȘt Nam (dite ViĂȘt Nam du Sud) contre la rĂ©bellion communiste menĂ©e par le ViĂȘt Cong (guĂ©rilla soutenue par le Nord-ViĂȘt Nam), ainsi que la riposte israĂ©lienne au blocus du dĂ©troit de Tiran par l'Égypte, lors de la guerre des Six Jours en 1967. Il prit l'une de ses dĂ©cisions les plus spectaculaires en 1966, lorsque la France se retira du commandement militaire intĂ©grĂ© de l'OTAN, expulsant les bases amĂ©ricaines de son territoire.

En ce qui concerne l'Europe, de Gaulle Ă©tait partisan d'une « Europe des nations » et des États, qui peuvent seuls rĂ©pondre des nations, celles-ci devant conserver leur pleine souverainetĂ© et leur personnalitĂ© historique et culturelle : « Si vous voulez que des nations s'unissent, ne cherchez pas Ă  les intĂ©grer comme on intĂšgre des marrons dans une purĂ©e de marrons. Il faut amener leurs gouvernants lĂ©gitimes Ă  se concerter, et un jour, Ă  se confĂ©dĂ©rer, c'est-Ă -dire Ă  mettre en commun certaines compĂ©tences, tout en restant indĂ©pendants pour tout le reste[171] » ; de Gaulle Ă©tait franchement hostile Ă  l'idĂ©e d'une Europe supranationale, c'est-Ă -dire celle prĂŽnĂ©e par Jean Monnet, une Europe avec un gouvernement fĂ©dĂ©ral composĂ© des actuelles commissions, qui surplomberait des gouvernements provinciaux, lesquels ne s'occuperaient plus que des questions secondaires ; en 1962, le terme volapĂŒk[n 23] qu'il employa pour parler de la coopĂ©ration europĂ©enne entraĂźna le dĂ©part du gouvernement des cinq ministres MRP.

C'est l'Europe qui fixe le cadre de son ambition, une Europe qui va mĂȘme « de l'Atlantique Ă  l'Oural », gommant d'un trait le provisoire rideau de fer. En effet, le pivot de la politique Ă©trangĂšre française est le rapprochement avec l'autre poids lourd du continent, l'Allemagne. Ainsi, de Gaulle tourne le dos aux « Anglo-Saxons ».

Charles de Gaulle et David Ben Gourion en 1960.

On pourrait en effet s'Ă©tonner de l'intransigeance gaullienne vis-Ă -vis du Royaume-Uni, tout particuliĂšrement. Pour de Gaulle, comme pour Churchill d'ailleurs, le Royaume-Uni n'avait fait que son devoir en 1940, et il n'existait pas de « dette » française envers Londres liĂ©e Ă  la Seconde Guerre mondiale. De Gaulle dĂ©sapprouvait les relations privilĂ©giĂ©es rapprochant le Royaume-Uni des États-Unis depuis la guerre, ainsi que la prĂ©fĂ©rence Ă©conomique impĂ©riale qui jouait entre celle-ci et les États du Commonwealth, rendant ainsi difficile son admission au sein de l'Europe. Aussi l'entrĂ©e d'un tel « cheval de Troie amĂ©ricain » au sein de l'Europe lui paraissait-elle non souhaitable. Les Britanniques attendront donc 1973 avant de rejoindre la communautĂ© Ă©conomique europĂ©enne (CEE).

La position de De Gaulle face au monde communiste Ă©tait sans ambiguĂŻté : il Ă©tait totalement anticommuniste. Il prĂŽne la normalisation des relations avec ces rĂ©gimes « transitoires » aux yeux de l'Histoire de façon Ă  jouer le rĂŽle de pivot entre les deux blocs. La reconnaissance de la RĂ©publique populaire de Chine dĂšs le va dans ce sens. De mĂȘme sa visite officielle en RĂ©publique populaire de Pologne (6-) fut un geste qui montrait que le prĂ©sident français considĂ©rait le peuple polonais dans son ancrage historique. La question allemande, et donc le tracĂ© de la frontiĂšre occidentale de la Pologne, ont jouĂ© un grand rĂŽle dans les discussions officielles. MalgrĂ© la domination exercĂ©e alors par l'URSS, de Gaulle fut accueilli spontanĂ©ment par des foules enthousiastes. Il misait, comme il l'a dit devant la diĂšte (AssemblĂ©e nationale) polonaise, sur un futur oĂč la Pologne recouvrerait sa place d'État indĂ©pendant. Il s'agissait une fois de plus de son projet d'Europe continentale Ă©largie[173]. Durant la Seconde Guerre mondiale, de Gaulle avait soutenu le mouvement royaliste tchetnik de Draza Mihailovic, dont il Ă©tait un admirateur[174]. Tito, l'un des dirigeants des non-alignĂ©s, soutiendra fortement l'indĂ©pendance algĂ©rienne avec des livraisons massives d'armes au FLN via la Tunisie.

Pays visités par le général de Gaulle pendant sa présidence.

Les relations entre de Gaulle et les États-Unis sont assurĂ©ment les plus Ă©picĂ©es. MalgrĂ© quelques tensions vives, de Gaulle sera toujours au rendez-vous en cas de vrai coup dur : Berlin ou Cuba, notamment. En revanche, dĂšs que les AmĂ©ricains entament le processus d'escalade, de Gaulle prend publiquement ses distances, notamment par son discours du Ă  Phnom Penh vilipendant l'attitude amĂ©ricaine au ViĂȘt Nam, thĂ©Ăątre d'opĂ©ration que la France connaissait fort bien[175]. Ses communications privĂ©es sont espionnĂ©es par les États-Unis, mais aussi par le Royaume-Uni, qui le surveille Ă  son domicile[176].

La notion gaullienne d'« une certaine idĂ©e de la France » se manifeste surtout en politique Ă©trangĂšre. De Gaulle puise une force dans sa connaissance de l'Histoire de France, qu'il a d'ailleurs enseignĂ©e Ă  Saint-Cyr. Selon lui, le poids de cette Histoire donne Ă  la France une position particuliĂšre dans le concert des nations. Convaincu que les relations internationales reposent avant tout sur les rĂ©alitĂ©s nationales et les rapports entre États, il surnomme l'ONU « le machin » et refuse que la France participe au financement des opĂ©rations menĂ©es par les « casques bleus » contre la sĂ©cession katangaise au Congo ex-belge. Passablement irritĂ© par l'attitude du Nigeria lors de l'explosion de Gerboise bleue[177], le troisiĂšme essai nuclĂ©aire français, en 1960, et souhaitant le « morcellement » de ce pays, comme il le raconte Ă  son conseiller aux affaires africaines, Jacques Foccart[177], de Gaulle soutient la sĂ©cession du Biafra en 1967-68, qui fait un Ă  deux millions de morts[177].

En Afrique francophone, il ne prend pas position face aux coups d'État qui se succĂšdent, mais apporte son soutien aux rĂ©gimes en place quand il le juge nĂ©cessaire, faisant intervenir les troupes françaises au Gabon (1964) et au Tchad (1968).

Il entreprend un voyage de trois semaines en AmĂ©rique du Sud en 1964 au cours duquel il n'a de cesse de dĂ©noncer les « hĂ©gĂ©monies » des superpuissances. De Gaulle, qui visite dix pays, est acclamĂ© par les foules, mais la tournĂ©e diplomatique aura peu de retombĂ©es concrĂštes et ne remet pas en cause l'emprise des États-Unis sur ce continent[178].

Force de frappe
Charles de Gaulle et John Fitzgerald Kennedy en 1961.

Convaincu de l'importance stratĂ©gique de l'arme nuclĂ©aire, de Gaulle poursuit le dĂ©veloppement de celle-ci, sous la protestation de l'opposition qui n'y voyait qu'une « bombinette ». La rĂ©ponse de De Gaulle sera : « Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu'on n'attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, mĂȘme si on a soi-mĂȘme de quoi tuer 800 millions de Français, Ă  supposer qu'il y eĂ»t 800 millions de Français »[179],[180].

Le rĂŽle des États-Unis dans cette affaire paraĂźt Ă©trange. Kennedy proposa Ă  de Gaulle de lui donner des missiles Polaris, comme il l'avait fait avec le Royaume-Uni (accords de Nassau). Mais de Gaulle refusa, dĂ©clarant qu'il voulait que la France se bĂątisse elle-mĂȘme une armĂ©e. La question nuclĂ©aire empoisonna les relations franco-amĂ©ricaines durant toutes les annĂ©es 1960. Il fallut attendre Richard Nixon pour trouver un premier prĂ©sident amĂ©ricain clairement « gaullien ». Nixon contourna d'abord les contraignantes lĂ©gislations amĂ©ricaines dans le domaine nuclĂ©aire avant d'ouvrir officiellement la voie de la collaboration nuclĂ©aire franco-amĂ©ricaine. Le gros du travail Ă©tait dĂ©jĂ  fait et les « bombinettes » françaises dĂ©jĂ  fort efficaces.

Conversion des dollars

Sur la recommandation de l'Ă©conomiste Jacques Rueff qui voyait la conquĂȘte de l'espace et le conflit vietnamien dĂ©sĂ©quilibrer la balance des paiements des États-Unis, de Gaulle rĂ©clama Ă  ces derniers la contrepartie en or d'une forte proportion des dollars dĂ©tenus par la France. L'opĂ©ration Ă©tait lĂ©gale, car le dollar Ă©tait dĂ©fini officiellement comme correspondant Ă  1/35 d'once d'or. RĂšglements internationaux obligent, les États-Unis durent obtempĂ©rer et de Gaulle fit procĂ©der par la Marine nationale au rapatriement de la part de l'or de la Banque de France dĂ©posĂ© Ă  New York auprĂšs de la Banque fĂ©dĂ©rale de rĂ©serve[181]. En 1971, les États-Unis mettront fin Ă  la paritĂ© pour faire « flotter » le dollar. À la suite des chocs pĂ©troliers de 1973 et de 1979, les cours de l'or s’envoleront : le conseil de Jacques Rueff Ă©tait judicieux Ă  long terme.

Conscient du danger que prĂ©sente l'hĂ©gĂ©monie du dollar pour le systĂšme monĂ©taire international et l'Ă©conomie mondiale d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, hĂ©gĂ©monie du dollar « qui entraĂźne les AmĂ©ricains Ă  s'endetter, et Ă  s'endetter gratuitement vis-Ă -vis de l'Ă©tranger, car ce qu'ils lui doivent, ils le paient [
] avec des dollars qu'il ne tient qu'Ă  eux d'Ă©mettre », de Gaulle est partisan d'un retour Ă  l'Ă©talon-or[182].

Le « Québec libre »
Article détaillé : Vive le Québec libre !.

Lors d'une visite d'État au Canada en 1967 afin, officiellement, de prendre part aux festivitĂ©s entourant l'Expo 67 comme l'y avait invitĂ© le Premier ministre quĂ©bĂ©cois Daniel Johnson, de Gaulle provoqua l'indignation des autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales canadiennes, lorsqu'Ă  MontrĂ©al, devant une foule de plus de 100 000 QuĂ©bĂ©cois, il ponctua son discours d'un retentissant : « Vive MontrĂ©al, vive le QuĂ©bec
 vive le QuĂ©bec libre ! », saluĂ© par une ovation gĂ©nĂ©rale. Cela dĂ©clencha une crise avec le gouvernement canadien. À la suite du discours de De Gaulle, qui contenait un certain nombre de clins d'Ɠil, le Premier ministre canadien Lester B. Pearson rĂ©pliqua sĂšchement Ă  de Gaulle dans un discours livrĂ© le lendemain, dĂ©clarant que « les Canadiens n'ont pas besoin d'ĂȘtre libĂ©rĂ©s », et faisant savoir trĂšs clairement que de Gaulle n'Ă©tait plus le bienvenu au Canada. Il repartit sĂ©ance tenante pour la France, dĂ©laissant le croiseur qui l'avait amenĂ©, le Colbert. Le but de De Gaulle n'Ă©tait pas de provoquer un « scandale » entre le QuĂ©bec et le gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien, mais plutĂŽt de regonfler les « Français du Canada » face aux voisins Anglo-Saxons.

Dans la perspective de la Seconde Guerre mondiale, cette dĂ©claration fut ressentie comme injuste par les Canadiens anglophones qui avaient soutenu la France libre, alors que les QuĂ©bĂ©cois francophones, soucieux de l'indĂ©pendance du Canada vis-Ă -vis du Royaume-Uni, Ă©taient moins enthousiastes pour participer Ă  l'effort de guerre. Des envoyĂ©s de la France libre, Élisabeth de Miribel et le capitaine de vaisseau Georges Thierry d'Argenlieu — dont le titre de supĂ©rieur majeur de la province des Carmes de Paris Ă©tait censĂ© lui valoir le respect des catholiques — tentĂšrent en 1941 de rallier les Canadiens Ă  la cause du gĂ©nĂ©ral de Gaulle.

Les réactions furent non seulement diplomatiques, mais aussi populaires. Par exemple, les habitants du boulevard de Gaulle, à Ottawa, obtinrent de la ville en que leur rue fût rebaptisée boulevard Confédération, une décision qui ne fit toutefois pas l'unanimité[183],[184].

Le gouvernement d'Ottawa dut dÚs cette époque traiter avec une attention particuliÚre les revendications du Québec qui, fort de cet encouragement qui laissait présager un soutien fort de la France si besoin, commença à parler de faire sécession.

De plus, lors de la confĂ©rence de presse du 27 novembre 1967 Ă  l'ÉlysĂ©e, Charles de Gaulle justifia une fois de plus son geste d'Ă©clat par un discours engagĂ©, ponctuĂ© par un solennel « allons, allons, pour eux aussi, pour eux surtout, il faut que la France soit la France[185] ! »

Cette dĂ©claration Ă©tait cohĂ©rente avec la pensĂ©e du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, qui aurait dĂ©clarĂ© Ă  Alain Peyrefitte, en  : « L'avenir du Canada français, c'est l'indĂ©pendance. Il y aura une RĂ©publique française du Canada ». Selon Alain Peyrefitte, « sans prĂ©juger de la forme que la souverainetĂ© quĂ©bĂ©coise devait revĂȘtir, de Gaulle, avec ce sens historique qui valut Ă  la France son salut, s'en vint donc Ă  MontrĂ©al, en , exhorter les Canadiens français Ă  prĂ©server leur identitĂ© française dont, sous Louis XV, l'indiffĂ©rence des Ă©lites françaises avait fait si lĂ©gĂšrement bon marchĂ©. « Vive le QuĂ©bec libre » ne fut pas plus improvisĂ© que l'appel du . L'appel Ă  la libertĂ©, lancĂ© le , n'eut rien de fortuit[186]. »

Crise politique de 1968

Article détaillé : Mai 68.

Outre la réforme financiÚre de 1958, la France bénéficie des « Trente Glorieuses » et de la croissance amorcée sous la IVe République. Les structures économiques sont modernisées, le niveau de vie s'accroßt. Mais la croissance profite inégalement à tous, et un certain désenchantement apparaßt face au blocage de la société. Les événements de Mai 1968 en sont le révélateur. Comme dans de nombreux pays, la contestation des étudiants se développe à partir de . Les syndicats et les partis politiques de gauche profitent des manifestations étudiantes pour lancer une grÚve générale qui sera suivie par les ouvriers. Cette grÚve générale paralyse le pouvoir pendant le mois de mai.

De l'avis de ses propres partisans, de Gaulle a Ă©tĂ© complĂštement surpris par une crise qu'il ne prĂ©voit pas et ne comprend pas. IndiffĂ©rent aux revendications Ă©tudiantes et Ă  la « crise de civilisation[187] » qu'elles rĂ©vĂšlent, il ne voit lĂ  au mieux qu'un gigantesque chahut de jeunes qui ne veulent pas passer leurs examens, au pire une contestation de l'autoritĂ© de l'État Ă  faire cesser sur-le-champ. Dans les premiers jours de mai, ses seules consignes sont de rĂ©primer brutalement les manifestations Ă©tudiantes, contre l'avis de plusieurs de ses ministres qui conseillent l'apaisement.

AprÚs la nuit des barricades du 10 mai au , de Gaulle, sceptique, laisse toutefois son Premier ministre Georges Pompidou, rentré d'un voyage en Iran et en Afghanistan[188], mener une nouvelle politique d'apaisement. Pompidou, qui a dû mettre sa démission dans la balance, veut éviter désormais les heurts, et parie sur l'essoufflement à terme du mouvement.

Du au , de Gaulle part en Roumanie. Or, en son absence, la grĂšve gĂ©nĂ©rale se dĂ©veloppe et des millions de grĂ©vistes paralysent la France, tandis que la Sorbonne et l'OdĂ©on sont occupĂ©s sans rĂ©action de la police. Seul aux commandes de l'État et de la majoritĂ© parlementaire, Pompidou paraĂźt entre-temps devenu le vrai chef du pays.

À son retour anticipĂ© de Roumanie le 18 au soir, de Gaulle déçoit jusqu'Ă  des fidĂšles inconditionnels en apparaissant dĂ©passĂ© et flottant, sans cette vivacitĂ© et cette efficacitĂ© de rĂ©action qui le caractĂ©risent d'habitude. Il semble Ă©cartelĂ© entre la prudence pompidolienne et la fermetĂ© qu'il prĂȘche lui-mĂȘme. Il attend le 24 au soir pour parler en public, et pour n'annoncer des mesures dĂ©jĂ  Ă©ventĂ©es depuis plusieurs jours, qui ne rĂ©pondent Ă  aucune prĂ©occupation de l'heure. « J'ai mis Ă  cĂŽté », confesse-t-il aussitĂŽt aprĂšs avoir visionnĂ© son allocution. Le GĂ©nĂ©ral expose, dans cette allocution, qu'il entend que l'État doit rĂ©tablir l'ordre, maintenir la RĂ©publique. « La rue, c'est le dĂ©sordre, la menace du totalitarisme, « la chienlit » »[189]. Le soir mĂȘme, de violents incidents Ă©clatent Ă  Paris, on relĂšvera des centaines de blessĂ©s et plusieurs barricades Ă©rigĂ©es.

Le 27 mai, les accords de Grenelle, passĂ©s entre le gouvernement Pompidou, les reprĂ©sentants des syndicats et du patronat, aboutissent Ă  un train de mesures classiques. De Gaulle prĂ©side le Conseil des ministres qui ratifie aussitĂŽt les accords, mais Ă  la surprise de Pompidou et des chefs syndicaux, la base rejette les avancĂ©es de Grenelle, estimant que c'est la sociĂ©tĂ© entiĂšre qui est en cause. Les grĂšves continuent. Le 27, une manifestation au stade CharlĂ©ty lance l'idĂ©e d'un gouvernement provisoire. Le jour mĂȘme, François Mitterrand reprend cette solution et annonce sa candidature Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. La crise politique atteint son sommet.

La disparition soudaine et inexpliquĂ©e du chef de l'État, parti avec son Ă©pouse en hĂ©licoptĂšre le 29 mai pour une destination inconnue, provoque la stupeur et ouvre la voie Ă  toutes les supputations. Il passe par Baden-Baden, oĂč il est reçu par le gĂ©nĂ©ral Massu[190]. DĂšs son retour Ă  Paris le lendemain, son allocution radiodiffusĂ©e a le ton de la fermetĂ©. Il y annonce la dissolution de l'AssemblĂ©e nationale. Elle est suivie d'une immense manifestation organisĂ©e par les gaullistes sur les Champs-ÉlysĂ©es[191].

De Gaulle Ă©tait prĂȘt Ă  accepter certaines des revendications des manifestants. Il voulut faire approuver les rĂ©formes par rĂ©fĂ©rendum, mais Georges Pompidou, en mettant sa dĂ©mission dans la balance, le persuada de plutĂŽt dissoudre l'AssemblĂ©e nationale. De Gaulle l'annonça le , dans un discours radiodiffusĂ©, comme l'appel du 18 Juin ou l'intervention de 1960 pendant les barricades d'Alger. Les phrases Ă©taient courtes, chacune ou presque annonçait une dĂ©cision :

  • « Étant le dĂ©tenteur de la lĂ©gitimitĂ© nationale et rĂ©publicaine, j'ai envisagĂ©, depuis vingt-quatre heures, toutes les Ă©ventualitĂ©s, sans exception, qui me permettraient de la maintenir » ;
  • « J'ai pris mes rĂ©solutions. Dans les circonstances prĂ©sentes, je ne me retirerai pas. » ;
  • « Je ne changerai pas le Premier ministre, qui mĂ©rite l'hommage de tous. » ;
  • « Je dissous aujourd'hui l'AssemblĂ©e nationale » ;
  • « Je charge les prĂ©fets, devenus ou redevenus Commissaires de la RĂ©publique, d'empĂȘcher la subversion Ă  tout moment et en tous lieux » ;
  • « Quant aux Ă©lections lĂ©gislatives, elles auront lieu dans les dĂ©lais prĂ©vus par la Constitution, Ă  moins qu'on entende bĂąillonner le peuple français tout entier, en l'empĂȘchant de s'exprimer en mĂȘme temps qu'on l'empĂȘche de vivre, par les mĂȘmes moyens qu'on empĂȘche les Ă©tudiants d'Ă©tudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie exercĂ©es par des groupes organisĂ©s de longue date en consĂ©quence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, mĂȘme s'il a dĂ©jĂ  des rivaux Ă  cet Ă©gard ». De Gaulle opposait ainsi le Parti communiste français aux groupes maoĂŻstes, alors que le premier semblait dĂ©jĂ  bien dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements. En clouant le PCF au pilori et lui prĂȘtant une visĂ©e subversive dĂ©libĂ©rĂ©e, de Gaulle rompt avec la stratĂ©gie de Pompidou, qui n'a cessĂ© de nĂ©gocier avec le Parti au long du mois.

La fin du discours mentionne au sujet d'une déclaration antérieure, et sans la citer, « l'ambition et la haine de politiciens au rancart » et affirme qu'aprÚs avoir été utilisés « ces personnages ne pÚseraient pas plus que leur poids, qui ne serait pas lourd ». Mais le Général néglige les 44,5 % des voix qui se sont portées en 1965 sur Mitterrand au second tour de la présidentielle, ou encore le simple siÚge de sa majorité aux élections législatives de 1967.

Une manifestation fut organisée et fut créditée d'un million de participants selon les organisateurs, sept cent mille selon la préfecture de police. Les élections de furent un grand succÚs pour la droite qui obtient 354 des 487 siÚges (du jamais vu dans l'histoire du parlementarisme français). Georges Pompidou fut remplacé par Maurice Couve de Murville au mois de .

La campagne des lĂ©gislatives occupa les forces politiques, tandis que la reprise du travail se faisait progressivement. La reprise en main se fait parfois sans mĂ©nagement. Des ComitĂ©s d'action civique, rĂ©pondant Ă  l'appel de De Gaulle, se constituent pour dresser des listes noires de grĂ©vistes et d'agitateurs notoires, et la police mĂȘme renoue avec la brutalitĂ© des premiers jours de (quatre morts Ă  dĂ©plorer en ).

La victoire des gaullistes aux Ă©lections lĂ©gislatives, bien que massive, n'a pas assez redynamisĂ© le pouvoir. L'AssemblĂ©e nationale, plus Ă  droite, est aussi plus frileuse face aux rĂ©formes pourtant nĂ©cessaires (participation, rĂ©gionalisation, rĂ©forme de l'Université ). L'Ă©viction du vrai vainqueur de la crise, Pompidou, a Ă©tĂ© mal comprise, et ce dernier fait dĂ©sormais figure de recours et de successeur potentiel. De Gaulle n'est plus irremplaçable.

Il prononce son dernier discours public le  ; il cite alors quelques vers en breton du poÚme Da Varzed Breiz (« Aux bardes de Bretagnes », de son oncle Charles[192]).

Référendum de 1969 et démission

Charles de Gaulle avec Nixon, prĂ©sident des États-Unis, le . En arriĂšre-plan de gauche Ă  droite : Haldeman, Ehrlichman, Kissinger[n 24] (conseillers de Nixon) et le secrĂ©taire d’État Rogers.

Dans un rĂ©fĂ©rendum portant sur le transfert de certains pouvoirs aux rĂ©gions et la fusion du SĂ©nat avec le Conseil Ă©conomique et social[193], de Gaulle proposait d'introduire des reprĂ©sentants des organisations professionnelles et syndicales au sein des conseils rĂ©gionaux. Mettant tout son poids dans le rĂ©fĂ©rendum, il annonça Ă  l'avance son intention de dĂ©missionner en cas de victoire du « non ». Celui-ci, auquel s'Ă©tait ralliĂ© ValĂ©ry Giscard d'Estaing, l'emporta par 52,41 % le . Quelques minutes aprĂšs minuit, le , un communiquĂ© laconique tombe de Colombey-les-Deux-Églises : « Je cesse d'exercer mes fonctions de prĂ©sident de la RĂ©publique. Cette dĂ©cision prend effet aujourd'hui Ă  midi. »[194].

AprĂšs l’ÉlysĂ©e

Ce communiquĂ© est le dernier acte public de « l'homme du 18 Juin » : pour Ă©viter d'ĂȘtre impliquĂ© dans sa propre succession, il passe le temps de la campagne en Irlande oĂč il arrive le pour un sĂ©jour d'un mois. Treize jours Ă  Sneem puis Ă  Cashel oĂč il vote par procuration ; ensuite il s'enferme Ă  La Boisserie pour y Ă©crire ses MĂ©moires d'espoir qui prendront la suite des MĂ©moires de guerre ; il y mĂšne une existence retirĂ©e voire recluse.

FidĂšle Ă  ses principes concernant la sĂ©paration entre sa vie d'homme d'État et sa vie personnelle, il refuse sa retraite de gĂ©nĂ©ral et d’ancien prĂ©sident de la RĂ©publique[195]. Sa veuve se contente jusqu’à la fin de la rĂ©version de sa retraite de gĂ©nĂ©ral de brigade Ă  titre temporaire[196] obtenue grĂące Ă  un dĂ©cret pris par le prĂ©sident Pompidou[195].

En juin 1970, il effectue un voyage en Espagne, durant lequel il fait une visite de courtoisie au gĂ©nĂ©ral Franco[n 25], dĂ©clarant regretter n’avoir pu le rencontrer plus tĂŽt du fait des circonstances internationales. MĂȘme si de Gaulle n'exerçait plus alors de charge publique, qu'un homme de son prestige aille rencontrer le dictateur espagnol suscite des critiques chez ses dĂ©tracteurs.

Mort et funérailles

Le , comme Ă  l'accoutumĂ©e, le GĂ©nĂ©ral entame une partie de patience dans la bibliothĂšque de la Boisserie. À 19 h 2, il est pris d'un malaise causĂ© par une rupture d'anĂ©vrisme[n 26] et meurt environ vingt minutes plus tard, avant mĂȘme l'arrivĂ©e de son mĂ©decin le docteur Lacheny (venu de Bar-sur-Aube) et du curĂ© de Colombey, l'abbĂ© Claude Jaugey. La nouvelle n'est communiquĂ©e que le lendemain par une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e du prĂ©sident de la RĂ©publique Georges Pompidou qui dĂ©clare que « la France est veuve[198],[199] ».

La mort de De Gaulle est l'occasion de prendre la mesure du rÎle qu'il a joué dans l'histoire de France, ainsi que dans l'histoire de l'Europe et du monde. Ainsi, le lendemain du décÚs du général, le roi des Belges Baudouin vient, à titre privé, présenter ses condoléances à madame De Gaulle. Dans ses Mémoires de guerre, De Gaulle s'abstint de condamner le roi Léopold III de Belgique lors de la reddition de l'armée belge, en 1940, et le gouvernement belge d'Hubert Pierlot et Paul-Henri Spaak en exil à Londres fut le premier des gouvernements alliés à reconnaßtre la légitimité du gaullisme, malgré les pressions anglaises[200].

Les obsĂšques religieuses du GĂ©nĂ©ral ont lieu le Ă  Colombey-les-Deux-Églises en prĂ©sence de 50 000 personnes et d'une dĂ©lĂ©gation des armĂ©es françaises, seule participation officielle autorisĂ©e par le GĂ©nĂ©ral dans son testament. L'homĂ©lie est alors prononcĂ©e par le prĂȘtre et rĂ©sistant Maurice Cordier[201]. À Paris, de nombreux chefs d'États Ă©trangers sont rassemblĂ©s pour honorer sa mĂ©moire Ă  Notre-Dame, 70 000 personnes suivant la cĂ©rĂ©monie depuis le parvis[202].

Seul l'hebdomadaire satirique Hara-Kiri osa un titre provocateur, dans son no 94, daté du  : « Bal tragique à Colombey, un mort » (l'opinion était encore sous le choc de l'incendie d'un dancing qui avait causé la mort de 146 personnes une semaine plus tÎt à Saint-Laurent-du-Pont) ; l'hebdomadaire fut interdit le lendemain.

Charles de Gaulle rĂ©digea son testament en 1952, juste aprĂšs les obsĂšques aux Invalides du marĂ©chal Jean de Lattre de Tassigny, souhaitant Ă©viter toute tentative de rĂ©cupĂ©ration politique et d'ĂȘtre trop liĂ© Ă  la IVe RĂ©publique. Il rĂ©affirma Ă  ses proches Ă  plusieurs reprises les dispositions Ă  prendre[203]. Ses derniĂšres volontĂ©s[204], qu'il avait rĂ©digĂ©es en trois exemplaires numĂ©rotĂ©s et actualisĂ©es, sont les suivantes :

« Je veux que mes obsĂšques aient lieu Ă  Colombey-les-Deux-Églises. Si je meurs ailleurs, il faudra transporter mon corps chez moi, sans la moindre cĂ©rĂ©monie publique.

Ma tombe sera celle oĂč repose dĂ©jĂ  ma fille Anne et oĂč, un jour, reposera ma femme. Inscription : Charles de Gaulle (1890-
). Rien d’autre.

La cĂ©rĂ©monie sera rĂ©glĂ©e par mon fils, ma fille, mon gendre, ma belle-fille, aidĂ©s par mon cabinet, de telle sorte qu'elle soit extrĂȘmement simple. Je ne veux pas d'obsĂšques nationales. Ni prĂ©sident, ni ministres, ni bureaux d'assemblĂ©es, ni corps constituĂ©s[n 27]. Seules, les ArmĂ©es françaises pourront participer officiellement, en tant que telles ; mais leur participation devra ĂȘtre de dimension trĂšs modeste, sans musiques, ni fanfares, ni sonneries[n 28].

Aucun discours ne devra ĂȘtre prononcĂ©, ni Ă  l’église ni ailleurs. Pas d'oraison funĂšbre au Parlement. Aucun emplacement rĂ©servĂ© pendant la cĂ©rĂ©monie, sinon Ă  ma famille, Ă  mes Compagnons membres de l'ordre de la LibĂ©ration, au conseil municipal de Colombey. Les hommes et femmes de France et d'autres pays du monde pourront, s'ils le dĂ©sirent, faire Ă  ma mĂ©moire l’honneur d'accompagner mon corps jusque sa derniĂšre demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit. Je dĂ©clare refuser d'avance toute distinction, promotion, dignitĂ©, citation, dĂ©coration, qu'elle soit française ou Ă©trangĂšre. Si l'une quelconque m'Ă©tait dĂ©cernĂ©e, ce serait en violation de mes derniĂšres volontĂ©s. »

— Testament de Charles de Gaulle,

Le , la croix de la tombe du Général est vandalisée par un individu, mais le socle est resté intact[205].

SynthĂšse de son parcours

CarriĂšre militaire

  • 1909-1912 : École militaire de Saint-Cyr (promotion de FĂšs)
  •  : sous-lieutenant
  •  : lieutenant
  •  : capitaine
  •  : chef de bataillon
  •  : lieutenant-colonel
  •  : colonel
  •  : gĂ©nĂ©ral de brigade (Ă  titre temporaire)

Responsabilités politiques

  • 6 – 16 juin 1940 : sous-secrĂ©taire d'État Ă  la Guerre et Ă  la DĂ©fense nationale
  • 18 juin 1940 –  : chef de la France libre
  • 24 septembre 1941 – 3 juin 1943 : prĂ©sident du ComitĂ© national français
  • 3 juin 1943 – 3 juin 1944 : prĂ©sident du ComitĂ© français de libĂ©ration nationale
  • 3 juin 1944 – 20 janvier 1946 : prĂ©sident du gouvernement provisoire de la RĂ©publique française
  • – 8 janvier 1959 : prĂ©sident du Conseil des ministres, ministre de la DĂ©fense nationale
  • 8 janvier 1959 – 28 avril 1969 : prĂ©sident de la RĂ©publique française

DĂ©corations

La plupart des ordres, décorations et médailles attribués et portés par le général de Gaulle sont déposées et visibles depuis 2015 au musée de l'ordre de la Libération.

De 2012 à 2019, une étude conjointe est menée par les équipes du musée de la Légion d'honneur et musée de l'ordre de la Libération. L'ouvrage collectif qui en résulte est principalement utilisé ci-dessous[206].

Postérité

Hommages

Quelques semaines aprĂšs sa mort, le , est votĂ©e une loi exonĂ©rant de droits de mutation sa succession pour « services exceptionnels rendus Ă  la Nation[291] ». La loi est prĂ©sentĂ©e au Parlement par le secrĂ©taire d'État Ă  l'Économie et aux Finances, Jacques Chirac[292],[293].

En 1972, est inaugurĂ© sur les hauteurs de Colombey-les-Deux-Églises le mĂ©morial GĂ©nĂ©ral de Gaulle, signalĂ© par une grande croix de Lorraine en granite. Le nouveau mĂ©morial Charles de Gaulle est inaugurĂ© le par Nicolas Sarkozy, prĂ©sident de la RĂ©publique française, et Angela Merkel, chanceliĂšre fĂ©dĂ©rale d'Allemagne[294].

InaugurĂ© en dans les sous-sols de l’hĂŽtel des Invalides, l’historial Charles de Gaulle est une des composantes du musĂ©e de l'ArmĂ©e.

Le nom de Charles de Gaulle a Ă©tĂ© donnĂ© Ă  de nombreuses artĂšres, des ponts ou des bĂątiments importants des communes françaises : en 2007, l’Institut Charles-de-Gaulle dĂ©nombrait plus de 3 600 voies « de Gaulle »[295], les municipalitĂ©s de droite ou du centre choisissant volontiers l’appellation militaire « GĂ©nĂ©ral-de-Gaulle », tandis que celles de gauche prĂ©fĂ©raient souvent la forme civile « Charles-de-Gaulle »[296] ; rapidement aprĂšs sa mort, plusieurs villes communistes comptent d'ailleurs parmi les premiĂšres Ă  l'honorer en nommant une rue, une place ou un boulevard en son honneur[297]. On peut citer notamment la place Charles-de-Gaulle (anciennement place de l’Étoile) et le pont Charles-de-Gaulle Ă  Paris, l'avenue Charles-de-Gaulle Ă  Saint-Priest, la place du GĂ©nĂ©ral-de-Gaulle Ă  Lille, l’aĂ©roport Roissy-Charles-de-Gaulle (ex-aĂ©roport de Roissy) et le porte-avions nuclĂ©aire Charles de Gaulle. En septembre 2020, 4123 lieux portent le nom de l'ancien prĂ©sident (places, rues, etc.)[298]. Une rose lui est dĂ©diĂ©e en 1974[299]. À l'Ă©tranger, l'avenue GĂ©nĂ©ral de Gaulle lui est dĂ©diĂ©e Ă  Beyrouth.

Le , lors d'une émission de France 2 diffusée en direct du Sénat, il est désigné par les téléspectateurs comme « le plus grand Français de tous les temps », devançant notamment Louis Pasteur, l'Abbé Pierre, Marie Curie, Coluche, Victor Hugo. Une partie des centristes, voire de la gauche, à l'image de Régis Debray, déclare aujourd'hui trouver en lui un inspirateur.

Selon un sondage effectuĂ© en 2005, dans le contexte du dixiĂšme anniversaire de la disparition de François Mitterrand, ce dernier, alors seul prĂ©sident de gauche de la Ve RĂ©publique, est considĂ©rĂ© comme le meilleur prĂ©sident par 35 % des sondĂ©s, suivi par Charles de Gaulle (30 %) et Jacques Chirac (12 %), qui se rĂ©clame du gaullisme[300]. Un autre sondage rĂ©alisĂ© par BVA quatre ans plus tard indique que 87 % des Français jugent positivement la prĂ©sidence de Charles de Gaulle, le classant ainsi en premiĂšre position de tous les prĂ©sidents de la Ve RĂ©publique[301]. Un sondage rĂ©alisĂ© par le mĂȘme institut en 2013 va dans le mĂȘme sens : avec 89 % d'opinions positives, de Gaulle apparaĂźt comme Ă©tant le prĂ©sident prĂ©fĂ©rĂ© des Français, tandis que Mitterrand n'est qu'en cinquiĂšme position avec 55 %[302]. En , Ă  l'occasion du 40e anniversaire de sa disparition, un sondage qualifie le gĂ©nĂ©ral de Gaulle de « personnage le plus important de l'histoire de France » pour 44 % des sondĂ©s, devant NapolĂ©on (14 %), Charlemagne (14 %), Jean JaurĂšs (12 %), Louis XIV (7 %) et LĂ©on Blum (4 %)[303]. Une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par l'Ifop en indique que 45 % des Français considĂšrent le gĂ©nĂ©ral de Gaulle comme celui ayant le plus changĂ© la France, devant tous les autres prĂ©sidents de la Ve RĂ©publique (François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, ValĂ©ry Giscard d'Estaing, puis Georges Pompidou)[304].

Des statues ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©es en sa mĂ©moire aussi bien Ă  QuĂ©bec ou Londres qu'Ă  Varsovie ou Moscou. La RĂ©publique populaire de Chine lui garde une forte reconnaissance publique pour l'avoir reconnue diplomatiquement en 1964. IsraĂ«l ressentit d'autant plus durement ses dĂ©clarations fracassantes de 1967 que le culte populaire qui Ă©tait vouĂ© Ă  l'homme du ne pouvait se comparer jusque-lĂ , comme le rappelle Éric Roussel, qu'Ă  celui du « PĂšre de la nation » David Ben Gourion. Le monde arabe se souvient de ses critiques contre l'occupation de Gaza et de la Cisjordanie. Ben Bella rendit hommage Ă  de Gaulle comme au plus valeureux adversaire du FLN : « Chef militaire, c'est lui qui nous a portĂ© les coups les plus durs.», mais qui finit par accepter l'indĂ©pendance algĂ©rienne. En effet, pour Ben Bella : « De Gaulle voyait plus loin » et « De Gaulle n'Ă©tait pas un politicien. Il avait cette dimension universelle qui fait trop souvent dĂ©faut aux dirigeants actuels[305] ». À ceux qui lui reprochaient d'ĂȘtre restĂ© un client de la France gaullienne, LĂ©opold SĂ©dar Senghor rĂ©pliquait que peu de chefs d'État occidentaux pouvaient se vanter d'avoir risquĂ© personnellement leur vie pour conduire une colonie Ă  l'indĂ©pendance. Il n'est pas jusqu'au maĂźtre de Cuba, Fidel Castro, qui dĂ©clara devant les camĂ©ras avoir trouvĂ© un modĂšle en de Gaulle Ă  la lecture de ses MĂ©moires de guerre. L'AmĂ©rique latine ou le ViĂȘt Nam apprĂ©cient encore le pourfendeur de la domination amĂ©ricaine, le QuĂ©bec le contempteur de la prĂ©dominance anglophone.

Timbre-poste

Le , l’administration des PTT Ă©met un timbre-poste dans le cadre de l’« hommage Ă  Charles de Gaulle 1890-1970 ». La dessinatrice du timbre est Huguette Sainson.

message galerie Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.

Legs historique

StÚle dédiée à Charles de Gaulle à Massy (Essonne).
DĂ©cor de l'office de tourisme de Colombey-les-Deux-Églises.

La Constitution de 1958 dure maintenant depuis plus d'un demi-siĂšcle, avec des modifications. « L'homme de Londres » est entrĂ© dans un passĂ© mythique oĂč, pour les Français, il incarna Ă  lui seul l'opposition au rĂ©gime de Vichy.

Les annĂ©es que l'Ă©conomiste Jean FourastiĂ© a nommĂ©es les Trente Glorieuses (1945-1975) ont laissĂ© aux Français le souvenir d'une Ă©poque, sinon heureuse (deux guerres coloniales), au moins de croissance et de prospĂ©ritĂ©. « Nous ne sommes pas les plus riches, nous ne sommes pas les plus puissants, mais je vous garantis que nous sommes parmi les plus heureux », affirma Georges Pompidou lors de vƓux usuels de Nouvel An aux Français. Or, la fin de cette pĂ©riode heureuse se trouve correspondre Ă  peu prĂšs Ă  celle de De Gaulle : difficile dans ces conditions de sĂ©parer objectivement ce qui est dĂ» Ă  l'homme et Ă  son dauphin dĂ©signĂ© de ce qui est dĂ» au contexte Ă©conomique.

Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle a planifiĂ© et modernisĂ© la recherche et l'industrie par l'impulsion de l'État. C'est de son Ă©poque que datent le dĂ©but des grands programmes qui ont fait la force de l'industrie française et qui trouvent leur aboutissement aujourd'hui dans de grands champions français ou europĂ©ens : dans l'aĂ©ronautique, la Caravelle a donnĂ© naissance Ă  Airbus Industrie ; dans l'industrie spatiale, la crĂ©ation du Centre national d'Ă©tudes spatiales (CNES) en 1961, le programme spatial français des « Pierres prĂ©cieuses » et la fusĂ©e Diamant, premier lanceur construit en dehors des États-Unis et de l'URSS, ont abouti Ă  la naissance d'Arianespace et de l'Agence spatiale europĂ©enne ; dans l'industrie nuclĂ©aire, la crĂ©ation du Commissariat Ă  l'Ă©nergie atomique (CEA) en 1945 a permis Ă  la France de contrĂŽler l'ensemble de la filiĂšre nuclĂ©aire avec la sociĂ©tĂ© Areva ; dans l'industrie informatique[306], les objectifs du plan Calcul (1966) ne furent pas atteints, mais, notamment grĂące Ă  la crĂ©ation de l'IRIA (devenu INRIA) en 1967, la France est le seul pays europĂ©en qui ait rĂ©ussi Ă  conserver un constructeur informatique purement europĂ©en, Bull, qui fabrique aujourd'hui des superordinateurs et, rapprochĂ© avec Atos, forme un champion europĂ©en de l'informatique.

Bien des traits de sa personnalité avaient entraßné une sympathie des Français envers sa personne : d'abord son vocabulaire non conventionnel pour un homme politique de l'époque et de cet ùge (« culbute », « chienlit »), ses boutades[307] (« Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carriÚre de dictateur[308] ? »), son sens de la repartie (au cours d'une conférence de presse, il répondit à un journaliste dont la question était simplement « Comment allez-vous ? » : « Je ne vais pas mal. Mais rassurez-vous : un jour je ne manquerai pas de mourir »[309]) ; à Louis Vallon, qui s'était écrié « Mort aux cons ! » au cours d'une réunion, au temps du RPF, de Gaulle répondit : « Vaste programme[310] ! », son mépris affiché des partis politiques, enfin, sa défiance envers une droite qui ne l'aimait pas et le lui fit voir en 1969, comme envers une gauche qui n'avait jamais vraiment soutenu le projet de participation des salariés aux bénéfices de leur entreprise qui lui était cher (conformément à sa politique directement inspirée du catholicisme social[69]). De Gaulle, c'était, dans un esprit trÚs « Astérix », un de ces « petits qui ne se laissent pas avoir par les grands »[311]. On ne s'étonnera pas de sa déclaration selon laquelle son livre préféré était Cyrano de Bergerac. Et il fit un jour cette remarque ironique : « Au fond, vous savez, mon seul rival international, c'est Tintin[312],[313] ! »

Dans la culture populaire

De Gaulle Ă  l'ÉlysĂ©e en 1959 (dessin de Calvi, 1959).
Statue de cire au musée Tussauds de Londres (1992).

DĂšs la LibĂ©ration, les caricaturistes trouvent matiĂšre dans la grande taille de Charles de Gaulle, « symbole de grandeur politique pour les uns, d'orgueil dĂ©mesurĂ© ou d'oppression pour les autres », constate Guillaume Doizy. À compter du retour au pouvoir du gĂ©nĂ©ral en 1958, la plume des dessinateurs se polarise Ă©galement sur la forme de son nez, en allongeant et mĂ©tamorphosant l'appendice nasal Ă  hauteur de l'opposition exprimĂ©e envers le chef de l'État[314].

Il est surnommĂ© « MongĂ©nĂ©ral » par Le Canard enchaĂźnĂ©, qui recourt parodiquement au dĂ©terminant possessif d'usage militaire, devenu « une sorte de prĂ©fixe accolĂ© aux noms des objets ou des domaines sur lesquels s’étendait la domination du prĂ©sident de la RĂ©publique » : « Mongouvernement », « MaFrance », etc. De la sorte, l'hebdomadaire satirique entend souligner « la personnalisation voire la privatisation du pouvoir », observe l'historien Laurent Martin[315].

Dans le film La Carapate (1978), l'avocat parvient à se faire accorder la grùce présidentielle pour son client par le président Charles de Gaulle, alors que ceux-ci se retrouvent tous les deux dans des toilettes.

Dans la sĂ©rie de bandes dessinĂ©es Jour J, la mort de Charles de Gaulle Ă  diffĂ©rents moments de l'Histoire est un point de divergence conduisant Ă  plusieurs uchronies. Dans L'Imagination au pouvoir ? (2011), sa mort dans un accident d'hĂ©licoptĂšre lors de sa fuite Ă  Baden-Baden attise un peu plus la rĂ©volte de mai 68, menant Ă  une guerre civile de deux ans puis Ă  la victoire des idĂ©aux soixante-huitards. Dans Paris brĂ»le encore (2012), son assassinat lors des Ă©vĂ©nements de mai 68, quand le palais de l'ÉlysĂ©e est attaquĂ© par les manifestants, divise les armĂ©es françaises et le pays plonge alors dans huit ans de guerre civile et nuclĂ©aire, au cours desquelles Paris est dĂ©truite. Aussi, dans Le CrĂ©puscule des damnĂ©s (2015), dernier volet d'une trilogie oĂč la crise du 6 fĂ©vrier 1934 a abouti au renversement de la RĂ©publique et l'instauration d'un rĂ©gime fasciste, Charles de Gaulle finit assassinĂ©, mais n'a jamais Ă©tĂ© le chef de la France libre puisqu'il n'y a pas eu de Seconde Guerre mondiale.

Charles de Gaulle est une série de bande dessinée historique et biographique, par Jean-Yves Le Naour (scénario), Claude Plumail (dessin) et Albertine Ralenti (couleurs), avec le concours de la Fondation Charles de Gaulle. Jean-Yves Ferri a également publié une BD, De Gaulle à la plage, qui a été adaptée pour la télévision par Arte.

Publications

Charles de Gaulle, qui commence à écrire à l'ùge de quinze ans, publie des articles et une nouvelle dans différentes revues entre 1908 et 1910 en utilisant le pseudonyme de Charles de Lugale[316]. Il est par la suite considéré comme un écrivain de talent[317]. L'écrivain et journaliste Claude Roy le salue, dans Libération, comme un des « grands écrivains latins de langue française »[318].

Dans les annĂ©es 1920, PĂ©tain, qui souhaite entrer Ă  l'AcadĂ©mie française, fait appel Ă  lui pour la rĂ©daction d'un ouvrage, Histoire du soldat français, qui devait ĂȘtre publiĂ© sous le nom du marĂ©chal[319]. PĂ©tain n'en Ă©crit que la partie sur la PremiĂšre Guerre mondiale (La Guerre mondiale 1914-1918). À la suite de dissensions entre les deux hommes, le livre n'est jamais publiĂ© et de Gaulle reprend ses Ă©crits pour la rĂ©daction de l'essai La France et son armĂ©e, sorti en 1938[319].

En 1963, Charles de Gaulle fait partie des lauréats potentiels du prix Nobel de littérature[320] et ses Mémoires de guerre lui valent d'entrer dans la prestigieuse BibliothÚque de la Pléiade en 2000. Le troisiÚme tome de ses Mémoires de guerre, Le Salut, 1944-1946, est inscrit au programme du baccalauréat littéraire en 2011 et en 2013[317].

Ouvrages et articles

  • Une mauvaise rencontre, Imp. de Montligeon, 1906 (saynĂšte Ă©crite Ă  15 ans).
  • « La CongrĂ©gation, Hors de France », Revue du collĂšge d'Antoing no 6, 1908.
  • La Fille de l’Agha : le secret du Spahi, nouvelle, Journal des voyages et des aventures de terre et de mer no 688 du 6 fĂ©vrier 1910, pages 155-156.
  • « Carnet de campagne d'un officier français », Revue de Paris no 6, 1920.
  • La Discorde chez l'ennemi, Nancy-Paris-Strasbourg, Berger-Levrault, , VIII-143 p.
  • « Le Flambeau (1re et 2e parties) », Revue militaire no 69 et 70, 1927.
  • La DĂ©faite, question morale, 1927-1928.
  • « Philosophie du recrutement », Revue de l'Infanterie no 439, 1929.
  • La Condition des cadres dans l'armĂ©e, 1930-1931.
  • Histoire des troupes du Levant, Imp. nationale 1931 (en collaboration avec le cdt Yvon, le col de Mierry collaborant Ă  la prĂ©paration du texte final).
  • Le Fil de l'Ă©pĂ©e, Paris, Berger-Levrault, , XII-171 p.
  • « Combats du Temps de paix », Revue de l'Infanterie no 476, 1932.
  • « Pour une politique de dĂ©fense nationale », Revue Bleue no 3, 1933.
  • « Le soldat de l'Antiquité », Revue de l'Infanterie, 1933.
  • « Forgeons une armĂ©e de mĂ©tiers », Revue des Vivants, 1934.
  • Vers l'armĂ©e de mĂ©tier, Berger-Levrault, 1934.
  • « Le problĂšme belge », revue DĂ©fense nationale, 1936.
  • La France et son armĂ©e, Paris, Plon, , I-279 p. , prix Marcelin GuĂ©rin de l'AcadĂ©mie française en 1939
  • Discours de guerre, Paris ; Fribourg : LUF (Librairie universelle de France) Egloff, 1944-1945, 3 vol. (Collection Le Cri de la France. SĂ©rie 2 ; 1 ; 2 ; 3), imprimĂ©s Ă  GenĂšve.
  • Trois Ă©tudes, Berger-Levrault 1945 (RĂŽle historique des places fortes ; Mobilisation Ă©conomique Ă  l'Ă©tranger ; Comment faire une armĂ©e de mĂ©tier) suivi par le MĂ©morandum du .
  • MĂ©moires de guerre :
    • Volume I - L'Appel, 1940-1942, Plon, 1954,
    • Volume II - L'UnitĂ©, 1942-1944, Plon, 1956,
    • Volume III - Le Salut, 1944-1946, Plon, 1959.
  • MĂ©moires d'espoir :
    • Volume I - Le Renouveau, 1958-1962, Plon, 1970,
    • Volume II - L'Effort, 1962
, Plon, 1971.
  • Discours et Messages :
    • Volume I - Pendant la Guerre, 1940-1946, Plon, 1970,
    • Volume II - Dans l'attente, 1946-1958, Plon, 1970,
    • Volume III - Avec le Renouveau, 1958-1962, Plon, 1970,
    • Volume IV - Pour l'Effort, 1962-1965, Plon, 1970,
    • Volume V - Vers le Terme, 1966-1969, Plon, 1970.
  • Lettres, Notes et Carnets :
    • Tome 1 - 1905-1918, Plon, 1980,
    • Tome 2 - 1919-juin 1940, Plon, 1980,
    • Tome 3 - juin 1940-juillet 1941, Plon, 1981,
    • Tome 4 - juillet 1941-mai 1943, Plon, 1982,
    • Tome 5 - juin 1943-mai 1945, Plon, 1983,
    • Tome 6 - mai 1945-juin 1951, Plon, 1984,
    • Tome 7 - juin 1951-mai 1958, Plon, 1985,
    • Tome 8 - juin 1958-dĂ©cembre 1960, Plon, 1985,
    • Tome 9 - janvier 1961-dĂ©cembre 1963, Plon, 1986,
    • Tome 10 - janvier 1964-juin 1966, Plon, 1986,
    • Tome 11 - juillet 1966-avril 1969, Plon, 1987,
    • Tome 12 - mai 1969-novembre 1970, Plon, 1988,
    • Tome 13 - ComplĂ©ments de 1924 Ă  1970, Plon, 1997.
  • Textes, allocutions dĂ©clarations et notes. La Documentation française no 216 ().
    • Voyage en Pologne du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, prĂ©sident de la RĂ©publique (6-).

Filmographie

Télévision
Cinéma

Discographie

  • Charles de Gaulle, Discours historiques 1940-1969 (disque 33 t).

Voir aussi

Bibliographie

Biographies et dictionnaire

RĂ©Ă©dition : Jean Lacouture, De Gaulle, Paris, Éditions du Seuil (3 volumes), 2003-2004 .

Avant la Seconde Guerre mondiale

Politique et idéologie

Ouvrages généraux

Études thĂ©matiques

France libre

Sous la IVe RĂ©publique

Retour au pouvoir en 1958

Guerre d'Algérie

  • MichĂšle Cointet, De Gaulle et l'AlgĂ©rie française, 1958-1962, Paris, Perrin, , 315 p. (ISBN 2-262-00077-8) .
    Nouvelle édition revue : MichÚle Cointet, De Gaulle et l'Algérie française, 1958-1962, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 448), , 425 p. (ISBN 978-2-262-03916-5) .
  • Benjamin Stora, Le MystĂšre de Gaulle : son choix pour l'AlgĂ©rie, Paris, Robert Laffont, , 267 p. (ISBN 978-2-221-11076-8, prĂ©sentation en ligne) .
    Réédition : Benjamin Stora, De Gaulle et la guerre d'Algérie, Paris, Pluriel, coll. « Pluriel », , 263 p., poche (ISBN 978-2-8185-0068-2) .
  • Maurice VaĂŻsse (dir.), De Gaulle et l'AlgĂ©rie, 1943-1969 : actes du colloque tenu Ă  l'amphithĂ©Ăątre Austerlitz, aux Invalides, les vendredi 9 et samedi 10 mars 2012, Paris, Armand Colin, coll. « Recherches », , 352 p. (ISBN 978-2-200-28039-0) .

Présidence de la République

  • Élie Barnavi (dir.) et Saul FriedlĂ€nder (dir.), La Politique Ă©trangĂšre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Publications de l'Institut universitaire de hautes Ă©tudes internationales, GenĂšve », , 207 p. (ISBN 2-13-038920-1, lire en ligne) .
  • Serge Berstein, Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 17 : La France de l'expansion : 1, La RĂ©publique gaullienne, 1958-1969, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 117), , 375 p. (ISBN 2-02-010408-3, prĂ©sentation en ligne) .
  • Jean-Paul Bled (dir.), Le GĂ©nĂ©ral de Gaulle et le monde arabe, Beyrouth, Éditions Dar An-Nahar, 2009.
  • Jean Charlot, Le PhĂ©nomĂšne gaulliste, Paris, Fayard, coll. « Le Monde sans frontiĂšres », , 208 p. (prĂ©sentation en ligne) .
  • Bernard Krouck, De Gaulle et la Chine : la politique française Ă  l'Ă©gard de la RĂ©publique populaire de Chine 1958-1969, Éditions Les Indes savantes, Paris, 2012.
  • François Mitterrand, Le Coup d'État permanent, Plon, 1964, rĂ©Ă©d. Julliard, 1984, et 10/18, 1993.
  • Arnaud Teyssier, L'Ă©nigme Pompidou- de Gaulle, Paris, Éditions Perrin, , 368 p. (ISBN 978-2-262-08011-2)
  • FrĂ©dĂ©ric Turpin, De Gaulle, Pompidou et l'Afrique, 1958-1974 : dĂ©coloniser et coopĂ©rer, Paris, Les Indes savantes, , 333 p. (ISBN 978-2-84654-214-2, prĂ©sentation en ligne) .
  • Maurice VaĂŻsse, La Grandeur : politique Ă©trangĂšre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siĂšcle », , 726 p. (ISBN 2-213-60050-3, prĂ©sentation en ligne) .
    RĂ©Ă©dition : Maurice VaĂŻsse, La Grandeur : politique Ă©trangĂšre du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Paris, CNRS Éditions, coll. « Biblis : histoire » (no 61), , X-710 p. (ISBN 978-2-271-07875-9) .
  • Pierre Viansson-PontĂ©, Histoire de la RĂ©publique gaullienne, vol. 1 : La Fin d'une Ă©poque, mai 1958-juillet 1962, Paris, Fayard, coll. « Les grandes Ă©tudes contemporaines », , 579 p.
  • Pierre Viansson-PontĂ©, Histoire de la RĂ©publique gaullienne, vol. 2 : Le temps des orphelins, aoĂ»t 1962-avril 1969, Paris, Fayard, coll. « Les grandes Ă©tudes contemporaines », , 766 p.
    Réédition : Pierre Viansson-Ponté, Histoire de la République gaullienne : mai 1958-avril 1969, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 839 p. (ISBN 2-221-04544-0, présentation en ligne) .
  • Arnaud Teyssier, De Gaulle, 1969 : l'autre rĂ©volution, Perrin, 2019.

TĂ©moignages et souvenirs

  • Philippe de Gaulle et Michel Tauriac, De Gaulle, mon pĂšre, Ă©ditions Plon, 2003-2004, 2 vol.  :
  • Philippe de Gaulle et Michel Tauriac, Mon pĂšre en images, Michel Lafon, 2006 (ouvrage de photos inĂ©dites).
  • AndrĂ© Malraux, Les ChĂȘnes qu'on abat..., Gallimard, 1971 (ISBN 978-2-0702-7811-4).
  • Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, 3 tomes, Fayard, 1994-2000.
  • Fondation Charles de Gaulle, Avec de Gaulle : tĂ©moignages. Tome 2, Le temps du rassemblement, 1946-1958, Paris, Nouveau Monde, 2005, 502 p., 23 cm (ISBN 2-8473-6053-0).
  • Lucien Bitterlin, Nous Ă©tions tous des terroristes, Paris, Ă©d. TĂ©moignage chrĂ©tien, 1983.
  • François Flohic, De Gaulle intime : un aide de camp raconte, Archipel, 2010.
  • Jacques Foccart, Journal de l’ÉlysĂ©e, Paris, Ă©d. Fayard/Jeune Afrique, tomes 1 (Tous les soirs avec de Gaulle. 1965-1967, 1997) et 2 (Le GĂ©nĂ©ral en mai. 1967-1968, 1998).
  • Yves GuĂ©na, De Gaulle, GrĂŒnd, collection Histoire sur le vif, 2007, 64 pages (illustrations couleurs, plus de 60 fac-similĂ©s) (ISBN 2-7000-1696-3).
  • Claude Guy, En Ă©coutant de Gaulle. Journal. 1946-1949, Paris, Grasset, 1996.
  • Constantin Melnik, Mille jours Ă  Matignon. Raisons d’État sous de Gaulle. Guerre d’AlgĂ©rie, 1959-1962, Grasset, 1988 ; La mort Ă©tait leur mission Paris, Plon, 1996 ; Politiquement incorrect, Plon, 1999.
  • Élisabeth de Miribel (prĂ©f. Pierre Emmanuel), La LibertĂ© souffre violence, Paris, Plon, , 259 p. (ISBN 978-2-259-00831-0, OCLC ) .
  • Jules Moch, Rencontres avec Charles de Gaulle, Plon, 1971.
  • Jean Pierre-Bloch, De Gaulle ou le temps des mĂ©prises, Paris, La Table Ronde, 1969.
  • Michel Tauriac, Vivre avec de Gaulle, Plon, 2008.
  • Alain de Boissieu : Pour combattre avec de Gaulle : souvenirs (1940-1946), Omnibus, 1999 (ISBN 2-2591-9014-6) et Pour servir le GĂ©nĂ©ral ; 1946-1970, Plon, 1990 (ISBN 2-2590-2366-5).
  • Christian Fouchet, Au service du gĂ©nĂ©ral de Gaulle Plon, 1971 et Les Lauriers sont coupĂ©s Plon, 1973.
  • Pierre Louis Blanc, Charles de Gaulle au soir de sa vie, Fayard, 1990 (prix Pierre Lafue).
  • Pierre Louis Blanc, Valise diplomatique, Éditions du Rocher, 2004 (grand prix de l'AcadĂ©mie française).
  • Pierre Louis Blanc, Retour Ă  Colombey, Éditions Pierre Guillaume de Roux, 2011.
  • Jacques Boissay, De Gaulle en campagne, textes de Jean-Louis Lemarchand, prĂ©face de Jean Mauriac, Le Cherche Midi Ă©diteur, 192 p., 2011, prĂ©sentation en ligne.
  • Jean Marin, Petit bois pour un grand feu, Fayard, 1994, 572 p[330].

Essais, beaux-livres, ouvrages de vulgarisation

Bandes dessinées

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Date à laquelle le comité national français et le commandement civil et militaire d'Alger ont fusionné.
  2. Prononciation en français standardisé de France retranscrite selon la norme API.
  3. Jean-Baptiste de Gaulle (1720-1807), procureur au parlement de Paris[8]. Cette charge n'Ă©tait pas anoblissante et, contrairement Ă  ce qu'on peut lire[9], la famille de Gaulle n'appartenait pas Ă  la noblesse de robe[10].
  4. Enfant en vacances l'Ă©tĂ© sur les plages du Nord, premier amour mort Ă  Lille sous les bombes lors de la premiĂšre guerre mondiale, Ă©pouse d'origine calaisienne, vacances familiales Ă  Wissant, dix-huit voyages et visites officielles et privĂ©es dans la rĂ©gion entre 1944 (discours Ă  Lille le 1er octobre 1944) et 1958, voyage annuel Ă  Calais entre 1947 et 1952, recueil sur les tombes familiales Ă  Coulogne oĂč Ă  partir de 1951, les De Gaulle possĂšdent une petite ferme, amitiĂ© avec le sĂ©nateur Jules Houcke, collection de lampes offertes par les mineurs de la rĂ©gion conservĂ©es Ă  Colombey, discours au temps du RPF Ă  Marcq-en-BarƓul en 1947, HĂ©nin Beaumont, Hazebrouck en 1950, etc.[17].
  5. De Gaulle affirma ainsi : « J'ai toujours pensĂ© que je serai un jour Ă  la tĂȘte de l'État. Oui, il m'a toujours semblĂ© que ça allait de soi. À quarante ans, ma certitude Ă©tait la mĂȘme qu'Ă  quinze ans. ».
  6. Promotion de FĂšs dont le major fut Alphonse Juin.
  7. Sous la Ve République, des anti-gaullistes remettent en cause les citations élogieuses relatives aux combats de Douaumont. Pour ce faire, ils tirent parti de divergences mineures existant entre les versions de la capture du capitaine de Gaulle ainsi que de témoignages tardifs, imprécis ou de seconde main[28], comme celui d'un officier allemand[31] et d'un ancien poilu[32],[33], entre autres témoignages et citations non concordantes[34].
  8. ConsidĂ©rĂ© par Philippe de Gaulle comme l'un des rares amis de son pĂšre, Nachin prĂ©sentera de Gaulle Ă  Émile Mayer et Ă©ditera, dans la collection « Classiques de l'art militaire » qu'il fonde aux Ă©ditions Berger-Levrault en 1932, les premiers ouvrages du gĂ©nĂ©ral, dont il soutient les thĂ©ories sur l'armĂ©e motorisĂ©e et les divisions blindĂ©es autonomes.
  9. Max Gallo[40] et François Kersaudy[41] mentionnent le camp de WĂŒrzburg. Paul-Marie de La Gorce[42] et Jean Lacouture[43] mentionnent celui de WĂŒlzburg.
  10. Guderian déclare ainsi à Jacques Benoist-Méchin en 1941 : « Lorsque a paru le livre du général de Gaulle en 1934, nous étions déjà engagés dans cette voie depuis 1932. Sa lecture nous a vivement intéressés, mais elle ne nous a rien appris. Tout au plus nous a-t-elle encouragés à persévérer dans nos efforts. D'ailleurs, l'idée était dans l'air. AprÚs Fuller et Estienne, tout chef militaire lucide devait y venir. L'étonnant n'est pas que de Gaulle y ait songé, mais qu'il ait été, semble-t-il, le seul en France à le faire, et que ses idées y aient été si mal accueillies. »[57].
  11. En 1924, Charles de Gaulle dédicaça La Discorde chez l'ennemi à Maurras en lui témoignant ses « respectueux hommages »[66]. En 1940, la nomination de Charles de Gaulle au grade de général provoqua la jubilation de Charles Maurras dans L'Action française en .
  12. Claude Mauriac, chef de son secrétariat particulier à la Libération a révélé l'attention portée par de Gaulle au sort du théoricien du nationalisme intégral ; il intervient ainsi pour que Maurras ne passe pas devant la cour de justice de Lyon en , mais devant la Haute Cour, réputée plus indulgente. Mais Charles Maurras en voudra toujours à de Gaulle d'avoir rompu avec Pétain.
  13. De Gaulle Ă©crit : « L'impĂ©rieuse subordination des intĂ©rĂȘts particuliers Ă  ceux de l'État, la discipline exigĂ©e et obtenue de tous, la coordination imposĂ©e aux divers dĂ©partements par l'action personnelle du Duce, enfin cette sorte d'exaltation latente entretenue dans le peuple par le fascisme pour tout ce qui concerne la grandeur de la partie, favorisent Ă  l'extrĂȘme les mesures de dĂ©fense nationale. »
  14. Dans son ouvrage Le Fil de l'épée, Charles de Gaulle décrit ainsi l'homme d'action : « L'homme d'action ne se conçoit guÚre sans une forte dose d'égoïsme, d'orgueil, de dureté, de ruse. »
  15. De Gaulle n'hĂ©site pas Ă  flatter celui qui jouera un rĂŽle dĂ©cisif dans son entrĂ©e en politique ; il lui Ă©crira ainsi le  : « Je suis parfaitement convaincu que le jour n'est pas loin oĂč il faudra bien que le pays se tourne vers vous et vous prie de le diriger dans les voies qui sont les vĂŽtres. »
  16. « Alors, au spectacle de ce peuple Ă©perdu et de cette dĂ©route militaire, au rĂ©cit de cette insolence militaire de l'adversaire, je me sens soulevĂ© d'une fureur sans bornes. Ah ! C'est trop bĂȘte ! La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu'elle continue. Il y a, pour cela, de l'espace dans le monde. Si je vis, je me battrai, oĂč qu'il faudra, tant qu'il faudra, jusqu'Ă  ce que l'ennemi soit dĂ©fait et lavĂ©e la tache nationale. Ce que j'ai pu faire, par la suite, c'est ce jour-lĂ  [16 mai] que je l'ai rĂ©solu. »[87].
  17. Charles Maurras, qui qualifie de Gaulle de « pĂ©nĂ©trant philosophe militaire », affirme : « Sa thĂšse nous paraissait suffisamment contraire Ă  la bĂȘtise dĂ©mocratique pour ne pas ajouter Ă  ces tares intrinsĂšques, la tare intrinsĂšque de notre appui. Mieux valait ne pas compromettre quelqu'un que, dĂ©jĂ , ses idĂ©es compromettaient toutes seules. »
  18. Ce conseil de guerre est réuni à Toulouse ; il comprend les généraux Boris, Philippe, de Charry, Sivot, Lafontaine et Loubard[116].
  19. Ces deux condamnations seront annulées, respectivement par la cour d'appel de Toulouse et celle de Riom, aprÚs la Libération[116].
  20. Le général de Gaulle ne retiendra que le nom de Thierry d'Argenlieu dans ses Mémoires. Le texte exact de L'Appel de De Gaulle est : « Le , j'obtins que plusieurs de nos aviateurs prissent part à un bombardement de la Ruhr et fis publier que les Français libres avaient repris le combat. Entre-temps, tous nos éléments, suivant l'idée émise par d'Argenlieu, adoptÚrent comme insigne la Croix de Lorraine. »[119].
  21. (voir supra).
  22. À l'Ă©poque, la CommunautĂ© europĂ©enne ne comprend que six pays au sein de laquelle la France, malgrĂ© la dĂ©colonisation et la guerre d'AlgĂ©rie, est la plus puissante.
  23. « Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent Ă  toute l'Europe dans la mesure mĂȘme oĂč ils Ă©taient respectivement et Ă©minemment Italien, Allemand et Français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient Ă©tĂ© des apatrides et s'ils avaient pensĂ©, Ă©crit en quelque « esperanto » ou volapĂŒk intĂ©grĂ©s. »[172].
  24. Alors conseiller Ă  la sĂ©curitĂ© nationale, futur secrĂ©taire d’État (de 1973 Ă  1977), principal nĂ©gociateur amĂ©ricain pour la fin de la guerre du ViĂȘt Nam.
  25. Winston Churchill et Dwight Eisenhower l'avaient précédé plusieurs années auparavant, l'un officieusement lors de ses nombreuses escapades en Espagne, l'autre officiellement.
  26. La rupture d'anĂ©vrisme est une complication frĂ©quente du syndrome de Marfan, maladie dont aurait pu ĂȘtre affectĂ© de Gaulle et qui expliquerait sa grande taille[197].
  27. Le ministre des Finances, ValĂ©ry Giscard d'Estaing, s’y rend tout de mĂȘme en argumentant que ce n'est pas en ministre qu’il vient, mais en simple Français. Tous les autres officiels, le prĂ©sident Nixon compris, assistent au mĂȘme moment Ă  une simple messe en l'honneur du GĂ©nĂ©ral Ă  Notre-Dame de Paris.
  28. Ce qui incluait Jacques Chaban-Delmas et André Malraux.

Références

  1. « «Babar», «tonton», «sphynx»  Ces curieux surnoms des hommes politiques », sur lefigaro.fr, (consultĂ© le ).
  2. Registre d'Ă©tat civil de Lille (1890), Archives municipales de Lille.
  3. Charles de Gaulle de 1890 à 1912 : l’enfance d’un chef.
  4. D'aprÚs le registre paroissial de l'église Saint-André de Lille, cité par Michel Marcq, Charles de Gaulle, Volume 2, La liberté du monde, La Voix du Nord, 1991, page 187.
  5. HypothÚse reprise par Philippe de Gaulle, Mémoires accessoires 1921-1946, Paris, Plon, 1997 (ISBN 225918586X) et sur cette page. Cf., également, Michel Sementéry, Les Présidents de la République française et leur famille, éditions Christian, 1982.
  6. Chérin et d'Hozier, Cabinet des titres ; Régis Valette, Catalogue de la noblesse française subsistante au XXIe siÚcle ; Seréville et Saint-Simon ; Philippe du Puy de Clinchamps, etc.
  7. Jean-Louis Beaucarnot, De César à Sarkozy : Petite histoire des noms du pouvoir, éditions J.C. LattÚs, 2007.
  8. cf. notamment, Almanach royal de 1766 et celui de 1789-1790 : liste des Procureurs au Parlement de Paris.
  9. Par exemple sur cette page.
  10. Éric Chiaradia, L'Entourage du gĂ©nĂ©ral de Gaulle : juin 58-avril 69, Ă©ditions Publibook, 2011. Sur les charges anoblissantes, lire Philippe du Puy de Clinchamps, La Noblesse, PUF, 1959, rĂ©Ă©ditĂ© en 1996.
  11. Paul-Marie de La Gorce, De Gaulle entre deux mondes, Fayard, , p. 14 .
  12. Catherine Legrand, Bruno Larebiùre, Charles de Gaulle, Éditions Chronique, 1997, p. 1923.
  13. Cette Marie Nicot, que des biographes du général de Gaulle ont présenté comme une descendante de Jean Nicot (Cf. cette page.)
  14. La généalogie du général de Gaulle sur le site de la Fondation Charles de Gaulle.
  15. François Flohic, Souvenirs d’Outre-Gaulle, Paris, Plon, 1979, p. 208 (citant Richard Hayes, Biographical Dictionary of Irishmen in France, Dublin, Gill, 1949, p. 163) :

    « Il n’y avait rien de surprenant Ă  ce que de Gaulle connĂ»t aussi bien l’histoire de l’Irlande. Par sa grand-mĂšre maternelle, JosĂ©phine Anne Marie Maillot, Charles de Gaulle descendait de ce clan MacCartan, originaire du district de Kinclarty dans le comtĂ© de Down, dont un cadet — Anthony MacCartan — par fidĂ©litĂ© Ă  la cause jacobite, avait dĂ©barquĂ© de son Irlande natale pour prendre du service dans la Brigade irlandaise du roi de France et faire souche dans le Nord Ă  l’orĂ©e du XVIIIe siĂšcle. Parfois il y a confusion entre Kinclarty dans l'Irlande du Nord et Killarney, au sud-ouest. »

  16. de Gaulle et Tauriac 2003-2004, p. À prĂ©ciser.
  17. Michel Marcq, « De Gaulle dans le Nord rĂȘve de changer les rapports sociaux », dans Cent ans de vie dans la rĂ©gion, tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord Ă©ditions, hors sĂ©rie du , p. 26-27.
  18. Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, coll. « BibliothÚque Albin Michel. Histoire », , 622 p. (ISBN 978-2-226-17915-9), p. 419-420 .
  19. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans Sylvie Caucanas, Rémy Cazals, Pascal Payen (dir.), Les Prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Privat, Toulouse, 2003, p. 280.
  20. Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets, 1905-1918, éd. Plon, 1980, p. 7 et 8.
  21. Claude Guy, En écoutant de Gaulle. Journal. 1946-1949, Paris, Grasset, 1996, p. 71.
  22. Études à Paris
  23. Charles de Gaulle fait partie de la promotion FĂšs 1909-1912, de l'École militaire des officiers de Saint-Cyr. À cette Ă©poque, les jeunes Saint-Cyriens effectuaient une premiĂšre annĂ©e probatoire de service militaire dans la troupe, avant d'ĂȘtre intĂ©grĂ©s dĂ©finitivement Ă  l'École de Saint-Cyr. Il est affectĂ© en 1909, pendant un an au 33° rĂ©giment d'infanterie d'Arras, avant d'ĂȘtre intĂ©grĂ© dĂ©finitivement Ă  Saint-Cyr.
  24. Mis Ă  la retraite d'office par mesure de discipline avec le grade de colonel.
  25. Charles de Gaulle pendant la Grande Guerre.
  26. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans : Sylvie Caucanas/Rémy Cazals/Pascal Payen (dir.), Les prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Privat, Toulouse, 2003, p. 279.
  27. Duval-Stalla 2008, p. 54.
  28. Neau-Dufour 2013.
  29. Fiche de la Croix-Rouge
  30. Ordre no 20645, extrait :

    « M. De Gaulle, Charles AndrĂ©, Joseph, Capitaine commandant la 10e Compagnie du 33e RĂ©giment d’Infanterie, a Ă©tĂ© nommĂ© dans l'ordre de la LĂ©gion d'Honneur au grade de chevalier.
    « À DOUAUMONT le sous un effroyable bombardement, alors que l'ennemi avait percĂ© la ligne et attaquait sa compagnie de toute part, a organisĂ© aprĂšs un corps Ă  corps farouche, un Ăźlot de rĂ©sistance oĂč tous se battirent jusqu'Ă  ce que fussent dĂ©pensĂ©es les munitions, fracassĂ©s les fusils et tombĂ©s les dĂ©fenseurs dĂ©sarmĂ©s ; bien que trĂšs griĂšvement blessĂ© d'un coup de baĂŻonnette, a continuĂ© Ă  ĂȘtre l'Ăąme de la dĂ©fense jusqu'Ă  ce qu'il tombĂąt inanimĂ© sous l'action des gaz.
    La présente nomination comporte l'attribution de la CROIX DE GUERRE avec PALME.
    Le maréchal de France, commandant les armées de l'Est,
    PÉTAIN » »

    .
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  48. « En histoire, le capitaine de Gaulle, jeune, Ă©lĂ©gant, avec de hautes bottes jaunes, des culottes collantes et une tenue bleu pastel, plein de dignitĂ© dĂ©jĂ , nous expliquait en langage noble Richelieu, Mazarin et le traitĂ© de Westphalie  », dans GĂ©nĂ©ral Beaufre, Le drame de 1940, Ă©d. Plon, 1965, p. 31.
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  72. sous l'intitulé « Les Amis de Temps présentà l'honneur » dans « Le gaullisme est-il à gauche ? » dans Centre d'information sur le gaullisme. Consulté le 16 novembre 2013.
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  76. Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets, 1919-, Paris, éd. Plon, 1980, p. 458.
  77. Il n'a envoyé ce mémorandum qu'à quatre-vingts personnalités politiques et militaires (Philippe Burrin, La Dérive fasciste : Doriot, Déat, Bergery (1933-1945), Le Seuil, coll. « L'Univers historique », (1re éd. 1986), 540 p. (ISBN 978-2-02-116475-6, lire en ligne) ).
  78. Robert Frank, « Le Front populaire a-t-il perdu la guerre ? », dans Michel Winock (dir.), Les Années trente. De la crise à la guerre, éd. du Seuil, « Points »-histoire, p. 107-109.
  79. Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets, 1919-, Paris, éd. Plon, 1980, p. 442.
  80. L'avant-guerre civile, L'ùge d'homme, , 117 p. (ISBN 978-2-8251-1196-3, lire en ligne), p. 56 .
  81. Cité dans Jean-Luc Barré, Devenir de Gaulle, Perrin, coll. « Tempus », .
  82. Charles de Gaulle, Le Fil de l'épée, éd. Berger-Levrault de 1944, p. 168.
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  84. Pierre Messmer et Alain Larcan, Les Écrits militaires de Charles de Gaulle : Essai d'analyse thĂ©matique, Presses Universitaires de France, , 592 p. (ISBN 978-2-13-039169-2, lire en ligne), p. 69
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    « DÚs le début, il m'a paru nécessaire de différencier de façon apparente, les bùtiments de guerre de la France libre et ceux restés fidÚles au gouvernement du Maréchal Pétain.
    Un de mes premiers ordres — du , si j'ai bonne mĂ©moire — prĂ©cisa que les bĂątiments des Forces Navales Françaises libres porteraient Ă  la poupe les couleurs nationales françaises et Ă  la proue un pavillon carrĂ© bleu, ornĂ© d'une Croix de Lorraine rouge. Et ce fĂ»t (sic) l'origine de l'insigne du Mouvement de la France libre.
    Pourquoi j'ai choisi la Croix de Lorraine ? Parce qu'il fallait un emblÚme en opposition à la Croix Gammée et parce que j'ai voulu penser à mon pÚre qui était Lorrain. »

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  136. « Ah ! C'est la mer ! Une foule immense est massĂ©e de part et d'autre de la chaussĂ©e. Peut-ĂȘtre deux millions d'Ăąmes. Les toits aussi sont noirs de monde. À toutes les fenĂȘtres s'entassent des groupes compacts, pĂȘle-mĂȘle avec des drapeaux. Des grappes humaines sont accrochĂ©es Ă  des Ă©chelles, des mĂąts, des rĂ©verbĂšres. Si loin que porte ma vue, ce n'est qu'une houle vivante, dans le soleil, sous le tricolore. » De Gaulle dans les MĂ©moires de guerre, tome II : « L'Unité », 1956.
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  153. Propos en date du adressĂ©s Ă  Alain Peyrefitte (voir C'Ă©tait de Gaulle, Gallimard, 2000): « [
] Les musulmans, vous ĂȘtes allĂ©s les voir ? Vous les avez regardĂ©s avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prĂŽnent l'intĂ©gration ont une cervelle de colibri, mĂȘme s'ils sont trĂšs intelligents. Essayez d'intĂ©grer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sĂ©parent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et aprĂšs demain 40 ? Si nous faisons l'intĂ©gration, si tous les Arabes et BerbĂšres d'AlgĂ©rie Ă©taient considĂ©rĂ©s comme Français, comment les empĂȘcherait-on de venir s'installer en mĂ©tropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus Ă©levé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-MosquĂ©es ! [
] »
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