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Bureau central de renseignements et d'action

Le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) était pendant la Seconde Guerre mondiale, le service de renseignement et d'actions clandestines de la France libre. Créé en juillet 1940 par le général de Gaulle, désigné sous différentes appellations au fil des années, il sera fusionné avec les services de l'Armée en Algérie en 1943 au sein de la direction générale des services spéciaux (DGSS).

Bureau central de renseignements et d'action
Histoire
Fondation
Dissolution
Fusionné dans
Cadre
Sigle
BCRA
Type
Pays
Organisation
Directeur

Évolution du BCRA

Création du BCRA

Le service, créé en juillet 1940 par le général de Gaulle, qui plaça à sa tête dès sa création André Dewavrin (connu sous le nom de guerre de « Colonel Passy »), eut en réalité plusieurs désignations successives :

  • Deuxième bureau, Ă  sa crĂ©ation le 1er juillet 1940, dĂ©signation gĂ©nĂ©rique depuis 1870 du service de renseignement de l'armĂ©e française ;
  • Service de renseignements (SR), Ă  partir du 15 avril 1941 ;
  • Bureau central de renseignements et d’action militaire (BCRAM), Ă  partir du 17 janvier 1942, rattachĂ© Ă  l'Ă©tat-major particulier du gĂ©nĂ©ral de Gaulle qui avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© en septembre 1941 au moment de la formation du ComitĂ© national ;
  • Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), Ă  partir du .

Disparition du BCRA

À la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord en novembre 1942 puis de la constitution du Comité français de la Libération nationale (CFLN) en juin 1943, la question de l'unification des services secrets français se posa. En novembre 1942, le débarquement allié en Afrique du nord suivi de l'invasion de la zone sud par les Allemands conduit des agents du service de renseignements de Vichy à rejoindre Alger. La rivalité entre le général de Gaulle et le général Giraud impose pendant quelque temps une dualité entre les services spéciaux :

  • BRAL, bureau de renseignements et d'action de Londres (ex-BCRA), dirigĂ© par AndrĂ© Dewavrin, installĂ© au 10, Duke Street Ă  Londres,
  • BRAA, bureau de renseignements et d'action d’Alger, dirigĂ© par le colonel Louis Rivet et le commandant Paul Paillole, giraudistes.

Après une première tentative de coordination du BCRA de Londres et des services d'Alger le , un décret du créa la direction générale des services spéciaux (DGSS) avec à sa tête Jacques Soustelle.

Compétences des sections

La compétence initiale du service, le renseignement, donna lieu à la création d'une section :

  • Renseignement (R), dirigĂ©e par le capitaine AndrĂ© Manuel « Pallas », puis par Tony Mella, puis par Jean Fleury « Panier » : section chargĂ©e de mettre au point les plans de renseignement, de recrutement, la prĂ©paration et la mise en Ĺ“uvre des missions, les liaisons avec l’Intelligence Service MI6. StĂ©phane Hessel appartenait Ă  ce service.

L'extension progressive des compétences du service donna lieu à la création de nouvelles sections, notamment :

  • Action militaire (A/M), crĂ©Ă©e le , et dirigĂ©e par le capitaine Raymond Lagier « BienvenĂĽe » et Fred Scamaroni, puis plus tard par Jacques Robert « Rewez Â» et Pierre Lejeune : section chargĂ©e de la mise au point, avec le 5e bureau de l'Ă©tat-major, du plan d'action militaire, du recrutement et de la prĂ©paration des agents "action", de la recherche d'objectifs militaires Ă  dĂ©truire, de l'organisation des liaisons avec les agents en mission et des opĂ©rations d'atterrissage et de parachutage ; elle travaille en liaison avec la section RF du Special Operations Executive SOE.
  • Évasion (E), crĂ©Ă©e le et dirigĂ©e par le lieutenant Mitchell « Brick Â» : section chargĂ©e de faire transiter les Ă©vadĂ©s ou d'Ă©vacuer les Français « brĂ»lĂ©s », en liaison avec son homologue britannique MI9. Un moment passĂ©e sous le contrĂ´le du Commissariat Ă  l'intĂ©rieur, cette section fut de nouveau rattachĂ©e au BCRAM le .
  • Chiffre, crĂ©Ă©e le , dirigĂ©e par Georges Lecot « Drouot Â».
  • Contre-espionnage (CE), crĂ©Ă©e le , et dirigĂ©e par Roger Warin (dit Roger Wybot), Stanislas Mangin, François Thierry-Mieg[1] (dit Vaudreuil) puis par le commandant Bonnefous Ă  partir de 1943 : section destinĂ©e Ă  dĂ©tecter et Ă  Ă©liminer les agents ennemis infiltrĂ©s dans les dispositifs de renseignement de la RĂ©sistance, en France et Ă  Londres. Ă€ cette fin, cette section est chargĂ©e du fichier central, de l'interrogatoire prĂ©liminaire des arrivants, de la centralisation des renseignements sur les individus et des liaisons avec le Security Service britannique MI 5. Le rĂ©seau Morhange sera rattachĂ© au BCRA après la rencontre du colonel Passy avec le commandant Paul Paillole Ă  Londres en 1942.
  • Études et coordination (A/EC), crĂ©Ă©e le dans le cadre de la section A/M, et dirigĂ©e par le commandant Maurice Duclos « Saint-Jacques Â» : section chargĂ©e de la crĂ©ation des plans d'ensemble, et de projets de sabotages et de raids.
  • Documentation et diffusion (DD), crĂ©Ă©e le : section chargĂ©e du triage et de la rĂ©partition des renseignements.
  • Politique (N/M = non militaire), crĂ©Ă©e le et dirigĂ©e successivement par Louis Vallon, Jacques Bingen, Jean Pierre-Bloch et, après un court intĂ©rim de Duprat, Lazare Rachline (Lucien Rachet) : section chargĂ©e du classement des informations non militaires recueillies par le service de renseignements (R) et par les agents "action" (A/M), de la transmission des informations au Commissariat Ă  l'intĂ©rieur[2] ; et, en retour, de la prĂ©paration, conformĂ©ment aux directives du Commissaire Ă  l'intĂ©rieur, des instructions de nature politique Ă  adresser aux agents des rĂ©seaux en France, instructions codĂ©es par le service du chiffre et envoyĂ©es aux agents en France par la section A/M. Cette section N/M fut dĂ©tachĂ©e du BCRA et rattachĂ©e au Service courrier-documentation-diffusion (SCDD) du Commissariat Ă  l'intĂ©rieur, Ă  partir du .

Histoire

En juillet 1940, après la défaite des armées françaises, les Allemands sont maîtres des côtes françaises de l'Espagne à la Belgique. Dans le but de contrer un éventuel débarquement en Angleterre, Churchill demande à l’Intelligence Service de mettre sur pied avec le général de Gaulle un réseau de renseignements composé d'hommes de la France libre. André Dewavrin, dit le colonel Passy, du Deuxième Bureau, a la charge de créer ce réseau, dont le but premier est d'informer Londres des manœuvres militaires allemandes tout au long des côtes Atlantique et de la Manche. Fin septembre 1940, il est rejoint par le lieutenant de vaisseau Honoré d'Estienne d'Orves, officier de marine en provenance de Djibouti. C'est donc dans la plus grande urgence que naît le BCRA, et c'est dès le 20 juillet 1940 qu'est accomplie sa première mission, le parachutage du lieutenant Jacques Mansion[3].

Des Français libres, dont une majorité de volontaires ayant pu rallier le Royaume-Uni au lendemain de la débâcle, sont envoyés en France. De toutes nationalités, ils seront près de deux mille avant la fin de la guerre. Parmi eux, Gilbert Renault, connu aussi sous le pseudonyme de Rémy, rallie la France occupée en août 1940. Il allait créer le réseau le plus important et l'un des plus actifs : la Confrérie Notre-Dame (CND). Dès 1941, appuyé par de multiples réseaux, le BCRA peut ainsi envoyer du matériel et des parachutistes armés pour réaliser des missions de destruction sur la côte Atlantique. Par l'intermède de Rémy, Pierre Brossolette arrive à Londres clandestinement en avril 1942, devient par la suite l'adjoint du colonel Passy auprès du BCRA et participera de manière active à sa réorganisation.

Le BCRA n'a pas été seulement un service de renseignement, même si c'était une partie importante de son activité. Les résultats obtenus de la collaboration avec les services anglais (Special Operations Executive - SOE section RF et le Secret Intelligence Service section R) et la participation à l'opération ultra-secrète Jedburghs conférèrent au BCRA un rôle important lors du débarquement et ont été un des plus grands atouts pour le général de Gaulle dans ses relations avec les alliés[4].

En octobre 1943, la fusion est réalisée, et l'ensemble prend le nom de direction générale des Services spéciaux (DGSS), et sa direction est confiée à Jacques Soustelle, ancien commissaire à l'Information.

D'après le témoignage d'André Pommiès[5] - [6], le Corps Franc Pommiès relevait d'un point de vue opérationnel directement du B.C.R.A. de Londres à partir de septembre 1943, avec lequel il était en liaison directe par radio. Ce fait laisse à penser que le bureau central de renseignements et d'action de Londres conserve son identité durant toute cette période, du moins sur le terrain.

Dans la fiction

Bandes dessinées

  • SĂ©rie Commando colonial de Appollo et BrĂĽno, les aventures de deux membres du BCRA en Afrique

Cinéma

Notes et références

  1. De Gaulle, les services secrets et l'Algérie, (DOI 10.14375/np.9782847364996, lire en ligne)
  2. Successivement : André Diethelm, André Philip, Emmanuel d'Astier de la Vigerie.
  3. Dominique Lormier, La Gestapo et les Français. Pygmalion (Flammarion), 2013 (ISBN 978-2-7564-0589-6). p. 116
  4. Revue historique des Armées - Le BCRA, service de renseignement de la France libre - S. Albertelli Sébastien Albertelli -http://rha.revues.org/1783
  5. « Archives du Centre National Jean Moulin », Lettre du 2 novembre 1969 du général Pommiès, Bordeaux, 16 juin 2011.
  6. Dominique Lormier, Le livre d'or de la Résistance dans le Sud-Ouest, Éditions Sud-Ouest, (ISBN 9782817700922) (18 janvier 2011)

Annexes

Bibliographie

  • Anthony Cave Brown, La Guerre secrète, Pygmalion GĂ©rard Watelet, 1975. Tome I, p. 355-356. Tome II, p. 174-178, 180, 298, 381.
  • Claude Faure, Aux Services de la RĂ©publique, du BCRA Ă  la DGSE, Fayard, Paris, 2004.
  • Colonel Passy, MĂ©moires du chef des services secrets de la France libre, Odile Jacob, 2000.
  • SĂ©bastien Albertelli, « Le BCRA et ses agents en France », dans La France Libre, Fondation de la France Libre, Panazole-Lavauzelle, 2005, p. 123-139.
  • SĂ©bastien Albertelli, articles « Colonel Passy », « BCRA », « Mission Cantinier », dans Christine LĂ©visse-TouzĂ©, François Marcot, Bruno Leroux (dir.), Dictionnaire historique de la RĂ©sistance. RĂ©sistance intĂ©rieure et France Libre, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 2006.
  • SĂ©bastien Albertelli, articles « Gilbert Renault, dit RĂ©my », « AndrĂ© Dewavrin, dit Passy », « BCRA », « AndrĂ© PĂ©labon », « Marie-Madeleine Fourcade », « DĂ©lĂ©gation GĂ©nĂ©rale », dans Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty (dir.), Dictionnaire Charles de Gaulle, Paris, Robert Laffont, collection « Bouquins », 2006.
  • SĂ©bastien Albertelli, « L'apolitisme, une valeur de la RĂ©sistance ? L’exemple du BCRA », dans Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Jean Quellien et Anne Simonin (dir.), Pourquoi rĂ©sister ? RĂ©sister pour quoi faire ?, Caen, MĂ©morial de Caen, Centre de recherche d'histoire quantitative de l’universitĂ© de Caen Basse-Normandie, collection Seconde Guerre mondiale, no 6, 2006.
  • SĂ©bastien Albertelli, « Le BCRA, service de renseignement de la France libre », Revue historiques des armĂ©es, no 247 « Le renseignement »,‎ , p. 52-59 (lire en ligne).
  • SĂ©bastien Albertelli, Les services secrets du gĂ©nĂ©ral de Gaulle : le BCRA, 1940-1944, Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », , 617 p. (ISBN 978-2-262-02669-1, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne], [prĂ©sentation en ligne].
  • SĂ©bastien Albertelli, « Les services secrets de la France Libre : le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA), 1940-1944 », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 242 « Histoire de la rĂ©sistance : nouveaux chercheurs, nouveaux apports »,‎ , p. 7-26 (lire en ligne).
  • Michel Roucaud, « La partie « militaire » des archives du BCRA, conservĂ©es au Service historique de la DĂ©fense », Revue historiques des armĂ©es, no 247 « Le renseignement »,‎ , p. 133 (lire en ligne).
  • Jean-Marc Binot, Bernard Boyer, Nom de code Brutus. Histoire d'un rĂ©seau de la France Libre, Paris, Fayard, 2007.
  • François Broche, Jean-François Murraciole, Georges CaĂŻtucoli (dir.), La France au combat, Paris, Perrin/SCÉRÉN-CNDP, 2007.
  • Colonel Jean Le Morillon Un breton en Indochine. Mission "Oiseau mouche", Cheminements, Collection « Gens d’Ici », 2000. Les mĂ©moires de guerre de Jean Le Morillon, officier du BCRA, de la Force 136 du SOE puis de la DGSE, qui collaborĂ© avec le colonel David Smiley pendant sa mission en ThaĂŻlande en 1945. Son aventure est aussi racontĂ©e dans la revue Historia (no 586, octobre 1995) et dans un reportage diffusĂ© sur la chaĂ®ne TV Breizh en aoĂ»t 2001.

Liens externes

Articles connexes

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