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Special Operations Executive

Le Special Operations Executive (SOE, « Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opère pendant la Seconde Guerre mondiale. Le SOE est créé le 19- par Winston Churchill et dissout le . Il a pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance des pays d'Europe occupés par l'Allemagne et l'Italie et, progressivement, de tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient (« Force 136 »).

Special Operations Executive
Durant son existence (1940-1945), le SOE, en tant qu’organisation secrète, n’avait pas d’insigne. Celui-ci a été conçu ultérieurement par des descendants d’un agent de la section F.
Durant son existence (1940-1945), le SOE, en tant qu’organisation secrète, n’avait pas d’insigne. Celui-ci a été conçu ultérieurement par des descendants d’un agent de la section F[2].

Création
Disparition
Siège Baker Street, Londres
Effectifs environ 13 000
Activité(s) Renseignement, action clandestine
Direction Frank Nelson (en), Charles Jocelyn Hambro (en), Colin Gubbins

Présent dans les pays de l'Axe Rome-Berlin-Tokyo, le SOE déploie également des sections dans les pays neutres (Espagne, Syrie, etc.)[3].

La place du SOE dans l'histoire de la Résistance est complexe et donne lieu à certaines confusions : rattaché au ministère de l'Économie de guerre, le SOE ne dépend pas du ministère de la Guerre (« War Office »), pas davantage que des autres services secrets britanniques, tels que le fameux Intelligence Service[alpha 1].

Présentation générale

Objectifs des opérations

Les Britanniques cherchent à orienter l'activité des résistants des pays occupés dans un sens qui contribue à la réalisation de leurs plans de guerre globaux. L'activité des résistants revêt plusieurs formes :

  • en matière d'action :
    • sabotages pour contrer le dispositif de guerre : sabotages d'installations militaires, industrielles ou ferroviaires ;
    • opĂ©rations destinĂ©es Ă  inquiĂ©ter, dĂ©stabiliser, affaiblir l'ennemi, au cĹ“ur des pays occupĂ©s : attentats, assassinats, dĂ©raillements de convois de troupes.
  • en matière de renseignement :
    • obtention de renseignements sur les plans de l'ennemi : les intentions gĂ©nĂ©rales, les mouvements de troupes prĂ©vus ou constatĂ©s.
    • dĂ©sinformation de l'ennemi.

Le SOE est l'organisation chargée de l'action, dans l'attente de la reprise des opérations militaires. Pour ce faire, il doit, pour chaque pays concerné, procéder par étapes :

  • commencer par s'assurer de l'existence effective d'une rĂ©sistance, et prendre contact avec ses membres ; au besoin, susciter la crĂ©ation de groupes de rĂ©sistance ;
  • maintenir le contact, après qu'il a Ă©tĂ© Ă©tabli ;
  • fournir aux rĂ©sistants les moyens nĂ©cessaires pour mener la lutte contre l'ennemi : l'encadrement (organisation en rĂ©seaux, direction des rĂ©seaux, mĂ©thodes de lutte clandestine, dĂ©signation des missions, protection et Ă©vasion des rĂ©sistants en danger), le matĂ©riel (les armes, les munitions et les explosifs, les vĂŞtements, la nourriture, etc.) et l'argent.

Techniques utilisées pour les opérations

Pour réaliser ses opérations, le SOE a développé différentes techniques de guerre clandestine :

  • Transports[4]. Il s'agit d'acheminer et de dĂ©poser dans les pays occupĂ©s les agents et les matĂ©riels (conteneurs, armes et munitions, documents, argent, etc.), ainsi que de rĂ©cupĂ©rer et de rapatrier en Angleterre des agents en fin de mission ou en danger, des soldats, des rĂ©sistants ou des personnalitĂ©s (par exemple : AndrĂ© Dewavrin, Pierre Brossolette, Jean Moulin, Jean de Lattre de Tassigny et François Mitterrand[alpha 2]).
    • OpĂ©rations maritimes. Pendant les premiers mois de son activitĂ©, le SOE n'a comme choix que la voie maritime, dans les limites imposĂ©es par l'amirautĂ© : barques de pĂŞche bretonnes, vedettes lance-torpilles, felouques mĂ©diterranĂ©ennes, sous-marins, bateaux de marchandise armĂ©s, etc. permettent des dĂ©barquements individuels ou des ramassages pour les sections F et RF, ou des Ă©vasions, soit pour la ligne VAR de la section DF (la ligne se termine par une traversĂ©e depuis la cĂ´te nord de Bretagne), soit pour la section EU/P (felouques avec Ă©quipages polonais), de Gibraltar Ă  la CĂ´te d'Azur, d'Afrique du Nord en Corse, de Corse en France ou en Italie.
    • OpĂ©rations aĂ©riennes. C'est la RAF qui assure les transports aĂ©riens pour le compte du SOE, comme pour tous les services spĂ©ciaux britanniques. Le plus souvent, les vols ont lieu de nuit, par ciel clair et en pĂ©riode de pleine lune[alpha 3], de façon Ă  faciliter la navigation Ă  vue et le repĂ©rage prĂ©cis des lieux de destination des parachutages et des atterrissages.
      • Parachutage. Cette mĂ©thode est utilisĂ©e pendant toute la guerre pour l'acheminement des armes et dans les premiers temps pour celui des agents. Lorsque l'agent ne dispose pas de comitĂ© de rĂ©ception au sol, on parle de parachutage Ă  l'aveugle. Le premier agent parachutĂ© de cette façon est Georges BĂ©guĂ©, dans la nuit du 5-, dix mois après la formation du SOE[alpha 4].
      • Atterrissage. Pour amĂ©liorer l'efficacitĂ© (prĂ©cision et sĂ©curitĂ©) par rapport au parachutage, le SOE fait atterrir des avions derrière les lignes ennemies. Mais en plus, des rĂ©sistants avertis par message codĂ© Ă©mis par la BBC forment un comitĂ© de rĂ©ception : celui-ci prĂ©pare un balisage lumineux au sol (en L) pour indiquer au pilote l'endroit et le sens de l'atterrissage ; il accĂ©lère les transferts ; il rĂ©ceptionne les nouveaux arrivants ; il aide l'avion Ă  redĂ©coller et il efface les traces sur le terrain. Cette mĂ©thode est surtout utilisĂ©e en France zone nord, avec le Westland Lysander (voir l'image ci-contre). C'est dans la nuit du 4- que le premier agent SOE Ă  ĂŞtre acheminĂ© de cette façon, Gerry Morel, atterrit près de Chateauroux, le Lysander Ă©tant pilotĂ© par Nesbitt-Dufort. Autre avantage de la mĂ©thode, l'avion peut ĂŞtre chargĂ© Ă  nouveau pour son retour et remmener ainsi des personnes ou des documents (courrier, rapports, plans) en Angleterre. Pour amĂ©liorer encore la prĂ©cision des atterrissages, le SOE utilise de nouveaux appareils :
* le système Eureka-Rebecca qui permet aux pilotes de poser leur avion sur un point précis[alpha 5].
* Le S-phone, ancêtre du talkie-walkie, qui rend possibles à partir de fin 1942 les liaisons radio entre les avions et les comités de réception.
  • Émissions radio chiffrĂ©es. L'opĂ©rateur radio, surnommĂ© familièrement le « pianiste », dispose d'un appareil portatif et d'un quartz[alpha 6] (dont la frĂ©quence lui est spĂ©cifique) fournis par le SOE, avec lesquels il transmet des informations en morse, après les avoir chiffrĂ©es de façon que le SOE soit seul Ă  les comprendre. Il travaille sous risque permanent : il doit transmettre assez longtemps pour passer tous les messages nĂ©cessaires et doit Ă©viter de se faire localiser par l'ennemi, qui utilise des voitures radiogoniomĂ©triques ou procède Ă  des coupures de courant sĂ©lectives. Le premier message radio d'un agent de la section F fut envoyĂ© vers Londres par Georges BĂ©guĂ© le .
  • Jeux radio. Au premier degrĂ©, cette technique consiste Ă  retourner des opĂ©rateurs radio ennemis arrĂŞtĂ©s en Grande-Bretagne pour espionnage, et Ă  leur dicter les messages Ă  Ă©mettre, mensongers mais que l'ennemi croit authentiques. Dans la lutte psychologique constituĂ©e par l'utilisation de telles mĂ©thodes de dĂ©sinformation par le SOE et par l'ennemi, il est admis que « le rempart de mensonges » Ă©difiĂ© par les Britanniques a contribuĂ© efficacement Ă  tromper les Allemands, notamment sur des Ă©lĂ©ments stratĂ©giques clĂ©s tels que le lieu et la date du dĂ©barquement[5]. Cet Ă©lĂ©ment de supĂ©rioritĂ© britannique complète celle obtenue par l'organisation secrète Ultra, par laquelle les Britanniques lisent Ă  livre ouvert, sans que les Allemands s'en doutent, leurs messages militaires secrets codĂ©s par les machines Enigma et ceux, Ă©changĂ©s entre leurs quartiers gĂ©nĂ©raux, codĂ©s par les machines de Lorenz.
  • Envoi par la BBC de messages personnels codĂ©s. Georges BĂ©guĂ© prenant conscience des difficultĂ©s auxquelles les opĂ©rateurs radio vont se heurter, suggère d'utiliser la BBC, qui transmet dĂ©jĂ  des messages personnels, pour transmettre des messages personnels codĂ©s en rapport avec l'action des rĂ©seaux. Les modalitĂ©s sont mises au point Ă  Londres. C'est en que le premier message « Lisette va bien », en passant Ă  la BBC, annonce Ă  Georges BĂ©guĂ©, qui est le seul Ă  pouvoir le comprendre, que l'opĂ©ration aĂ©rienne convenue est imminente[6].
  • Appareils truquĂ©s et explosifs. Des dispositifs spĂ©ciaux dĂ©veloppĂ©s et fabriquĂ©s par le SOE permettent aux agents et aux rĂ©sistants de camoufler les objets dangereux (transformĂ©s en objets courants) ou de perpĂ©trer les sabotages ou les attentats planifiĂ©s : crayon allumeur Ă  retardement[alpha 7], pipe comportant un compartiment cachĂ© (pouvant contenir des documents secrets) et une boussole, crayon renfermant une lame, porte-mine servant de pistolet, pistolet silencieux, explosifs spĂ©ciaux mines, des charges creuses, des retardateurs, des engins explosifs aimantĂ©s.
  • Construction de fausses identitĂ©s : rĂ©alisation de faux papiers (cartes d'identitĂ©, cartes de rationnement, certificats, extraits d'actes de naissance, etc.) ; rĂ©fection d'amalgames dentaires selon une composition conforme aux techniques du pays ; confection de vĂŞtements selon le style du pays, la mode du moment ; prĂ©paration de fausses histoires individuelles ; etc.
  • Semelles en caoutchouc en forme de pieds, que l'agent attache sous ses chaussures, faisant croire que les empreintes sont celles d'habitants de la rĂ©gion marchant pieds nus.
  • Graisses abrasives : des additifs indĂ©sirables font gripper les moteurs, les mĂ©canismes de locomotives, etc.
  • Motocyclettes miniatures pliables (welbike), pouvant se ranger dans un conteneur type C, utilisable par les parachutistes.
  • Submersibles (welman).
  • Pilules de cyanure de potassium (pilule « L »), permettant Ă  un agent de se suicider dans les situations ultimes.

Exemples d'opérations

Des opérations du SOE, qui ont été très nombreuses et souvent souterraines, l'article évoque certaines, que le public connaît bien grâce aux livres et aux films qui les ont relatées ou s'en sont inspirés. Sont notamment à mettre au crédit du SOE : la destruction de 90 usines de guerre françaises, la découverte de la base secrète d'expérimentation des fusées V2 de Peenemünde (finalement bombardée), la destruction du stock d'eau lourde norvégienne, qui aurait pu servir au développement d'une bombe atomique par les Allemands, etc.

Qualités recherchées

  • Politique. L’opposition rĂ©solue aux puissances de l’Axe est naturellement indispensable. Des membres exilĂ©s ou Ă©chappĂ©s des forces armĂ©es de certains pays occupĂ©s sont Ă©videmment des agents potentiels. C'est particulièrement vrai de la Norvège et des Pays-Bas. Dans d’autres cas (Français loyaux envers Charles de Gaulle, Polonais), la loyautĂ© des agents s'exerce d'abord envers leurs chefs ou leur gouvernement en exil, et ils considèrent le SOE comme un moyen d’arriver Ă  leurs fins. Cela a pu parfois crĂ©er de la mĂ©fiance et tendre les relations avec le Royaume-Uni.
  • Connaissance du pays et de la langue. Dans la plupart des cas, la qualitĂ© première exigĂ©e est une profonde connaissance du pays oĂą l’agent va opĂ©rer, de manière qu’il se conduise en toutes circonstances comme un vĂ©ritable ressortissant et qu’il n’y ait aucun doute possible sur l’identitĂ© artificielle que lui a fabriquĂ©e le SOE. Une pratique courante de la langue est requise si l’agent doit passer pour un natif de ce pays. La double nationalitĂ© est souvent un attribut apprĂ©ciĂ©, particulièrement dans le cas de la France. Dans d’autres pays, en particulier dans les Balkans, un moindre degrĂ© de pratique de la langue peut convenir, car les groupes de rĂ©sistance concernĂ©s sont dĂ©jĂ  en rĂ©bellion ouverte et n’ont pas Ă  y vivre clandestinement.
  • GoĂ»t pour l’action militaire. Ce goĂ»t se trouve aussi bien chez certains officiers de l’armĂ©e rĂ©gulière que chez d'autres qui ne connaissent de l'action que celle du temps de la guerre.
  • Caractère. Avoir des nerfs d'acier. Savoir au besoin ne compter que sur soi. Avoir l'esprit d'Ă©quipe. Avoir l'esprit de dĂ©cision et de rĂ©elles qualitĂ©s de diplomate et de nĂ©gociateur. RĂ©sister Ă  des interrogatoires brutaux. Savoir vivre dans la clandestinitĂ©, en ayant intĂ©grĂ© Ă  fond une identitĂ© et une histoire personnelle fabriquĂ©es de toutes pièces par le SOE, et s'en souvenir dans le moindre dĂ©tail (fausse famille, anciens professeurs, villes natales fictives, etc.) sans risque de se couper. Pouvoir vivre dans la perspective permanente d'ĂŞtre arrĂŞtĂ© et torturĂ©, de mourir seul et sans reconnaissance, ou avec la perspective d'ĂŞtre soupçonnĂ© de trahison, sans possibilitĂ© de dĂ©menti. Toutes ces qualitĂ©s Ă©taient repĂ©rĂ©es, puis testĂ©es et dĂ©veloppĂ©es dans des Ă©coles d’entraĂ®nement spĂ©cial du SOE dans lesquelles la plupart des agents recrutĂ©s sont passĂ©s.

Critères indifférents

  • Les conventions sociales de l’époque ne sont pas nĂ©cessairement prises en compte. Dans son combat contre l’Axe, le SOE ignore ces conventions. Il peut employer sans problème des gens qui ont un casier judiciaire ou des rapports dĂ©favorables de l’armĂ©e, des communistes, des homosexuels connus, des nationalistes anti-britanniques, etc. Bien que certains d’entre eux constituent un risque, il n’y a pratiquement pas de cas connu d’un agent SOE qui soit passĂ© Ă  l’ennemi sans rĂ©serves.
  • L'origine sociale n'est pas prise en compte. Le recrutement couvre toutes les classes sociales : ancienne aristocratie, bourgeoisie, origine ouvrière (c'est le cas de la majoritĂ© des agents de la section F). Quelques-uns mĂŞme viendraient de la pègre.
  • Le sexe n'est pas pris en compte. Au dĂ©but, les femmes sont cantonnĂ©es dans les tâches non opĂ©rationnelles, comme c'est le cas dans les autres services secrets ou dans les armĂ©es. Ă€ partir d', après quelques exemples dĂ©rogatoires, sous l'impulsion de Colin Gubbins et après approbation de Winston Churchill, le SOE recrute des femmes, en les intĂ©grant dans un service militaire de transport, le First Aid Nursing Yeomanry (FANY) avant leur affectation dĂ©finitive dans les rĂ©seaux comme courriers ou opĂ©ratrices-radio. Certaines y brilleront par leur caractère (Ă©nergie, enthousiasme, endurance, minutie). En outre, il leur est plus facile de changer d'aspect physique, de ne pas Ă©veiller les soupçons et d'Ă©viter les contrĂ´les.
  • Le mĂ©tier n'est pas pris en compte. En particulier, bien que le goĂ»t pour l’action militaire soit un critère important, des gens de tous mĂ©tiers, pas seulement des militaires, ont servi le SOE sur le terrain.
  • La nationalitĂ© n'est pas prise en compte. Cependant, dans le cas particulier de la France, le critère de la langue Ă©voquĂ© plus haut conduit Ă  une reprĂ©sentation importante de Canadiens[alpha 8] et de Mauriciens.

Préparation des agents

Le SOE met en place des écoles d'entraînement spécial, dans lesquelles l'agent apprend des techniques et se prépare moralement à sa vie clandestine d'agent secret. Il doit notamment : affronter toutes les difficultés d'une nature hostile et survivre ; agir discrètement en terrain découvert ; ramper dans les buissons ; franchir à gué des cours d'eau glacés ; se battre sans arme ; tirer ; sauter en parachute ; transporter et cacher sur lui du matériel d'espionnage (voir plus haut Appareils truqués et explosifs) ; se servir de postes de radio ; apprendre par cœur des signaux difficiles ; utiliser en vue d'éventuelles évasions de très fines scies d'acier pour découper des barreaux de prison ; utiliser des boussoles miniatures cachées dans des boutons ; utiliser les pièges spéciaux mis au point par le SOE pour perpétrer les attentats (tels que des pompes à bicyclettes qui explosent quand on les utilise, des grenades à main placées dans des boîtes dont l'étiquette, fidèlement reproduite, mentionne des fruits, des moulages de plâtre peint ressemblant à une bûche contenant une mitraillette Sten) ; être prêt — en situation ultime — à avaler la pilule « L » de cyanure de potassium fournie avant le départ.

Sélectivité de l'entraînement spécial

À titre d'exemple, l'agent Peter Churchill, dans son livre Missions secrètes en France, indique que de son groupe de 14 qui commença l'entraînement, 3 furent finalement envoyés sur le terrain, les 11 autres ayant été éliminés : 4 à la fin du stage à Wanborough Manor, 5 à la fin de celui de Mallaig, et 2 à la fin de celui de Ringway.

Sort des réseaux

Les réseaux du SOE ont souvent été infiltrés par l'ennemi, puis retournés ou anéantis. Le phénomène est massif aux Pays-Bas, où la totalité des réseaux SOE finissent contrôlés par les Allemands ; il est également important en France ou dans d'autres pays. Mais le bilan de l'action du SOE est très positif et les opérations qu'il a menées, notamment celles qui visaient à leurrer l'ennemi sur les éléments clés de planification du débarquement, ont pesé très lourd dans la conduite de la guerre, en complément des efforts militaires proprement dits. Certains agents et certains réseaux ont pu être délibérément sacrifiés pour atteindre cet objectif majeur.

Organisations ennemies

Trois organisations allemandes interviennent dans la lutte contre le SOE :

  1. l'Abwehr : services de renseignement de la Wehrmacht, dirigés par l'amiral Wilhelm Canaris. L'Abwehr est surtout active au début de la guerre ;
  2. le Sicherheitsdienst (SD) : services de sécurité du parti nazi, dont le bureau de contre-espionnage à l'étranger (Amt VI : « SD extérieur ») est dirigé par Walter Schellenberg ;
  3. la Gestapo : police secrète d'État dirigée par Heinrich Müller.

Les deux dernières sont regroupées depuis 1939 au sein d’une organisation unique, le RSHA, coiffée par Heinrich Himmler, et dirigée par Reinhard Heydrich, puis par Ernst Kaltenbrunner à partir de . Dans la lutte contre le SOE, elles interviennent progressivement et voient leur rôle s'accroître au point d'absorber l'Abwehr au printemps 1944.

Quartier général

Le quartier général du SOE était situé à Londres, dans Baker Street, artère rendue célèbre par Sherlock Holmes. Les sections administratives et territoriales y occupaient trois immeubles de bureaux. D’autres locaux, généralement situés près de Baker Street, servaient principalement pour des entrevues et pour le briefing des agents. En dehors du quartier général, des demeures à la campagne étaient des centres d’entraînement pour les agents.

Des antennes furent créées dans les capitales neutres ou alliées : Madrid, Lisbonne, Berne, Stockholm.

Tandis que la guerre se poursuivait en Europe et au Moyen-Orient, des états-majors opérationnels dotés d’une large autonomie furent établis au Caire, couvrant tous les territoires rattachés à la Région Militaire Moyen-Orient, y compris la Grèce et la Yougoslavie, et à Alger pour l’organisation de l’aide aux débarquements en Italie et à l’invasion de la France méridionale. Lorsque le sud de l’Italie fut aux mains des Alliés, on transporta à Ban une partie de l’état-major du Caire.

Les opérations contre les Japonais en Extrême-Orient furent d’abord dirigées depuis Meerut, près de Delhi, et par la suite depuis Kandy à Ceylan.

Rattachement

À sa création, le SOE est rattaché au ministre de la guerre économique. Les ministres successifs sont : Hugh Dalton jusqu'au , puis Roundell Palmer, 3e comte de Selborne.

Le , le COSSAC (Chief of Staff to Supreme Allied Commander) décide d'exercer un contrôle opérationnel sur les activités du SOE/SO[alpha 9] pour une meilleure coordination entre les actions de guérilla et les opérations militaires pour le nord-ouest de l'Europe.

Le , après le débarquement en Normandie, les sections agissant en France sont rattachées opérationnellement à l'État-major des Forces françaises de l'intérieur (FFI), dirigé par le général français Marie-Pierre Kœnig.

Mais Churchill, qui en est le créateur, conserve en permanence la haute main stratégique sur le SOE, notamment par l'intermédiaire de la London Controlling Section (LCS). Cela explique que le SOE soit parfois désigné comme « armée secrète de Churchill ».

MI6

Il y a plusieurs motifs structurels de forte rivalité entre le SOE et le MI6. Les deux organisations agissent sur le même terrain : les pays occupés. Selon la distinction traditionnelle, la mission du SOE, « mettre le feu à l'Europe », en fait un service « action », alors que le MI6 est un service « de renseignement ». L'action du SOE a pour résultat d'attirer l'attention de l'ennemi, alors que le renseignement (MI6) exige le plus de discrétion possible.

Le SOE et le MI6 sont rivaux en matière de recrutement. Il est difficile pour le SOE de recruter massivement, tant sur le sol britannique que dans les pays occupés, des cadres et des agents du même niveau professionnel que leurs collègues du MI6 ou leurs équivalents allemands de l'Abwehr.

MI5

Le recrutement du personnel et des agents du SOE se fait indépendamment du MI6. En revanche, une collaboration étroite s'instaure avec le MI5, chargé du contre-espionnage sur le territoire britannique, pour filtrer les agents pressentis à leur arrivée en Grande-Bretagne ou à leurs retours de missions.

Histoire

Avant la guerre

Les Britanniques, très marqués par la Grande Guerre, se refusent à imaginer qu'un nouveau conflit soit possible ; mais l'Anschluss, c'est-à-dire l'annexion de l'Autriche par Hitler en , leur fait prendre conscience du danger. Et, comme ils ne pensent pas que le Royaume-Uni puisse, à lui seul, venir à bout de l'ennemi dans une bataille ordinaire (ils comptent davantage sur un blocus et sur des opérations capables d'affaiblir son moral et sa capacité de résistance), ils mettent alors sur pied diverses petites équipes chargées d'étudier, qui les voies d'une action psychologique sur les forces et sur la population ennemies (on se souvenait des résultats obtenus par la campagne de propagande menée en 1917), qui les moyens de frapper l'ennemi d'autre manière que selon les méthodes militaires classiques. Ce sont :

  • EH (pour « Electra House », nom de l'immeuble oĂą sont installĂ©s ces quelques journalistes et spĂ©cialistes de la radio qui s'occupent des questions de propagande) relevant du Foreign Office ;
  • la Section D, au sein du Secret Intelligence Service, relevant aussi du Foreign Office ;
  • MI(R), pour Military Intelligence (Research), au War Office, c'est-Ă -dire au ministère de la Guerre.

MI(R) et la Section D ne tardent pas à se découvrir l'une l'autre et se partagent le travail : la première s'occupant de ce qui peut être entrepris par des agents en uniforme, l'autre de ce qui doit rester discret. Leurs chefs établissent, ensemble, un rapport qu'ils soumettent au chef de l'État-major impérial, lord Gort, lequel en parle au ministre des Affaires étrangères lord Halifax ; et celui-ci organise, le , une réunion au cours de laquelle une certaine forme de coopération pratique est décidée, et de premières autorisations d'entrée en action sont données, visant des régions du centre et du sud-est de l'Europe alors déjà manifestement menacées par l'Allemagne.

DĂ©but de la guerre

Vinrent le et l'entrée en guerre. Aussitôt, chaque ministère récupère ses troupes ; et bientôt le manque de liaison, la dispersion des efforts, deviennent manifestes.

Les mois passent. Le , un gouvernement de coalition est formé, et Churchill devient Premier Ministre. Il ne tarde pas à se rendre compte de la situation et prend l'initiative de l'indispensable remise en ordre. Il confie l'affaire à lord Hankey qui, de Secrétaire dans le gouvernement de Neville Chamberlain (il avait donc une solide expérience des problèmes de coordination), était devenu Chancelier du Duché de Lancastre dans le gouvernement de coalition et disposait à la fois de l'autorité et du temps nécessaires.

Le , la chute de Dunkerque marque la déroute de l'armée britannique aux côtés de l'armée française. Les troupes régulières ne pourront pas reprendre pied sur le continent avant longtemps. Churchill envoie une note au général Hastings Lionel Ismay, chef du secrétariat militaire du cabinet de guerre britannique et du comité de défense impériale :« Nous devons nous mettre dans la tête que tous les ports de l'autre côté du Channel et que toutes les régions qui s'étendent entre ces ports sont un territoire ennemi. Des entreprises contre ce territoire doivent être préparées avec des troupes spécialement entraînées à débusquer le gibier et à répandre la terreur le long de ces rivages. Je compte sur le comité des chefs d'état-major pour me proposer des mesures appropriées à une vigoureuse et hardie offensive, menée sans répit contre toute la côte occupée par les Allemands. »

Création du SOE en juillet 1940

Lord Hankey entend tous les intéressés, sait les convaincre et amène Lord Halifax à réunir et présider, le , une grande conférence à laquelle participent, entre autres, Lord Lloyd (ministre des Colonies, et — surtout — vieil ami de T.E. Lawrence dont il connaît bien les méthodes), Hugh Dalton (ministre de la Guerre économique), Stewart Menzies (nouveau chef du SIS, à la tête duquel il a succédé à l'amiral Sinclair, et patron de la section D) et le chef du Renseignement Militaire, dont dépend MI(R).

Débats constructifs, et conclusion unanime : tous les services en cause doivent être rassemblés, et être placés sous une autorité unique disposant des pouvoirs les plus étendus.

Dès le lendemain, Hugh Dalton confirme dans une lettre qu'il adresse à Lord Halifax les points de vue qu'il a exprimés au cours de la conférence. Il écrit : « Nous devons organiser, dans les territoires occupés par l'ennemi, des mouvements comparables au Sinn Fein en Irlande, à la guérilla chinoise opérant actuellement contre les japonais, aux irréguliers espagnols… dans la campagne de Wellington… Ce dont nous avons besoin, c'est d'une nouvelle organisation qui soit en mesure de coordonner, d'inspirer, de contrôler et d'aider les ressortissants des pays opprimés, qui doivent eux-mêmes participer activement aux opérations… »

Le , Halifax voit Churchill. Neville Chamberlain, l'ancien Premier, et Clement Attlee, chef du Parti Travailliste, sont présents. La décision est prise ; et c'est Chamberlain, l'homme de Munich, qui est chargé de la mise en forme : il est maintenant Lord Président du Conseil et a le temps de s'occuper d'« extras » de la sorte. Il le fait tambour battant ; et ce n'est pas un papier de compromis qu'il prépare. Le , il fait déjà tenir son projet à tous les intéressés.

Le , Churchill, document en main, reçoit Hugh Dalton, et lui demande de prendre la tête de l'organisme à créer. Son choix est déterminé par les capacités de l'homme (le Royaume-Uni est pratiquement seul face à l'Allemagne et, dans la conception stratégique de l'époque, seuls blocus et subversion peuvent permettre de venir à bout de l'ennemi : c'est donc l'instrument clef de la victoire qui est en cause) ; mais c'est aussi un choix politique : Dalton est travailliste et, depuis longtemps son parti se plaint que tous les services secrets soient dirigés par des conservateurs ; sa nomination est un moyen de rétablir l'équilibre ; en outre c'est vers les couches populaires des pays occupés que va devoir se tourner la nouvelle organisation et un homme de gauche paraît tout indiqué pour la mener dans cette voie. C'est lors de cette entrevue que Churchill aurait exprimé la mission du SOE par une phrase lapidaire devenue célèbre : « And now, set Europe ablaze! » (« Et maintenant, mettez le feu à l'Europe ! »)

Le , Chamberlain signe son texte définitif. C'est la dernière tâche importante de sa vie, quelques jours avant son hospitalisation. Et c'est ce document qui est vénéré par le SOE comme sa charte de fondation.

Le , le Cabinet s'en saisit et l'arrête formellement (après une correction mineure). Et le procès-verbal de la réunion du Cabinet ajoute seulement qu'« il serait très peu souhaitable que des questions relatives au SOE apparaissent à l'ordre du jour de la Chambre des Communes ».

Mise en place du SOE

Les liaisons et échanges que les dispositions adoptées imposent sont les seules restrictions à l'autonomie du nouvel organisme qui, pour le reste, est donc tout à fait indépendant.

Il l'est en particulier des autres services secrets et, d'abord, du SIS dont le chef, Stewart Menzies (qui a participé à la réunion fondatrice présidée, le 1er juillet, par lord Halifax) doit s'accommoder de la situation. En fait, pris par ses autres occupations, il a complètement perdu l'affaire de vue : il ne s'est même pas aperçu qu'un accord, intervenu dès le , entre Dalton et Halifax, l'a privé de sa section D et a fait passer celle-ci, en même temps que l'équipe de Electra House (propagande), sous l'autorité du SOE (personne ne l'a averti) ; et lorsqu'il prend conscience de la situation, au début de septembre, il est trop tard pour tenter quoi que ce soit.

Il reste qu'il n'apprécie pas, et que le ressentiment qu'il éprouve — ajouté à la conviction qu'une fois en place les agents du SOE risquent fort de susciter des réactions peu propices au travail de ses agents à lui, chargés du renseignement — n'est pas de nature à le mettre dans de bonnes dispositions à l'égard de ce nouveau partenaire.

Le ministère de la Guerre, de son côté, a accepté le transfert du MI(R) : les discussions à ce sujet ont cependant pris un peu plus de temps, et c'est seulement en octobre qu'intervient la décision formelle. Mais la partie à proprement subversive de l'unité a pris les devants et a, tout simplement et sans attendre, rejoint la nouvelle formation.

Dalton organise rapidement son domaine :

  • Il s'assure de la coopĂ©ration d'un diplomate, Gladwyn Jebb (qui sera, de 1954 Ă  1960, ambassadeur Ă  Paris), qu'il nomme Chief Executive Officer et qu'il installe auprès de lui, Ă  Berkeley Square House, c'est-Ă -dire au ministère de la Guerre Ă©conomique, oĂą il sera une sorte de Permanent Under Secretary (l'Ă©quivalent du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de certains ministères français) pour le SOE (Robert Vansittart, l'« assistant » dĂ©signĂ© dans la « charte » du , reste, pour sa part, au Ministère des Affaires Étrangères, oĂą il continue d'assumer ses fonctions de Chief Diplomatic Adviser, et ne consacre que relativement peu de temps au SOE, encore qu'au dĂ©but, au moins, il soit consultĂ© chaque fois que se posent des questions politiques importantes) ;
  • Il met en place trois divisions, chargĂ©es respectivement de la propagande (SO1), des opĂ©rations (SO2) et du planning ainsi que de la sĂ©curitĂ© (SO3) ;
  • Et il nomme un directeur gĂ©nĂ©ral Ă  la tĂŞte de SO2, en la personne de Frank Nelson, un homme d'affaires (il a Ă©tĂ© dans le commerce des Indes), qui a Ă©tĂ© dĂ©putĂ© conservateur et, en 1939, consul Ă  Bâle, oĂą il a acquis une certaine expĂ©rience des problèmes du renseignement et de la sĂ©curitĂ© (il a Ă©tĂ© question, un moment, pour ce poste, du gĂ©nĂ©ral Edward Spears), Grand et Holland, qui commandaient respectivement l'un la section D, l'autre MI(R), quittent le SOE pour rejoindre l'armĂ©e.

Mais les choses ne resteront pas longtemps en l'état. Un haut fonctionnaire des Affaires étrangères, Rex Leeper, chef du Political Intelligence Department du ministère, est appelé à diriger SO1 (Campbell Stuart, patron d'Electra House, est renvoyé à ses journaux) et se met au travail. Aussitôt, ou presque, le ministère de l'information intervient (deux ministres se succèdent, Duff Cooper et Brendan Bracken, qui, tous deux, sont à la fois des personnages de poids et des amis personnels de Winston Churchill), exigeant qu'une coordination appropriée soit organisée entre ce que font ses services, chargés de la propagande officielle, et l'action moins « avouable » conduite par le SOE. Le ministère de l'information entend que le tout devrait être placé sous son autorité. Il obtient la création d'un second executive : le Political Warfare Executive, auquel est confiée la guerre politique ou psychologique et qui passe dans le giron des Affaires étrangères. La charte du nouvel organisme prévoit tout de même que les autres ministères intéressés et le SOE auront leur mot à dire sur les orientations à donner et sur les choix à faire. Le résultat sera satisfaisant pour tout le monde : les relations entre PWE et SOE seront bonnes et leurs agents, assez souvent, coopéreront sur le terrain.

SO3 est confié à Philip Broad, arrivé comme assistant personnel de Gladwyn Jebb. Il est assisté, pour les questions de sécurité, par le brigadier van Cutsem. Et le service se noie rapidement dans les papiers et dans les complications de sa structure. Ses tâches concrètes passent à une unité nouvelle, qui est reprise par SO2, et est bientôt augmentée d'une administration des finances et d'une administration du personnel : SO2 ainsi agrandie et désormais seule constitue la structure définitive du SOE.

Organisation

L'organisation du SOE comprend :

  • le quartier gĂ©nĂ©ral,
  • les antennes, crĂ©Ă©es dans les capitales neutres ou alliĂ©es,
  • les sections, chargĂ©es de l'action dans les pays Ă©trangers (finalement sans se limiter Ă  l'Europe)
  • les stations, situĂ©es en territoire britannique, qui se rĂ©partissent en :
    • Stations expĂ©rimentales
    • Écoles d'entraĂ®nement spĂ©cial (STS, special training schools).

Quartier général

Le SOE est formé par la réunion de trois départements secrets, qui lui fournissent ses dirigeants et ses moyens initiaux :

  1. SO1 provient du dĂ©partement EH[alpha 10] chargĂ© de la propagande au Ministère des Affaires Ă©trangères, dirigĂ© par Sir Campbell Stuart. Plus tard, en , cette section sera dĂ©tachĂ©e du SOE pour former le PWE, Political Warfare Executive, en français : « Direction de la guerre politique Â».
  2. SO2 provient de la section D, une sous-section de l'Intelligence Service créée en 1938, service action agissant plus particulièrement dans les Balkans, dirigée par le Major Lawrence Grand avec George Taylor comme adjoint, et dont le quartier général est installé dans The Frythe. Fin 1941, après la suppression de SO3 et le nouveau rattachement de SO1, SO2 représente la totalité du SOE.
  3. SO3 provient du MIR (Military Intelligence, Research), un département du ministère de la Guerre, chargé de la planification des actions subversives et de sabotage, dirigé par le major John C. Holland, avec le lieutenant-colonel Colin Gubbins pour adjoint ; le , le SO3 est supprimé et ses principaux éléments rattachés au SO2.

Dirigeants

Colin Gubbins

Frank Nelson est nommé à la tête du SOE. Pour des raisons de santé, il est remplacé par Charles Hambro (1897-1963) en . Désapprouvant le regroupement des activités du SOE et de l'armée sous la même autorité, en , Hambro démissionne. Il est remplacé par son adjoint, le général de division (Major General) Colin Gubbins, qui prend lui-même pour adjoint R. H. Barry.

Locaux

Tout commence dans les locaux qu'occupait à Londres la section D à Caxton Street, non loin de la station de métro de St James's Park. L'espace manque vite. SO2 s'installe dans un hôtel du voisinage, le St Hermin's[8], et y est bientôt à l'étroit. Un immeuble entier de bureaux devienne alors vacant, qui se trouve au 64 Baker Street, au nord d'Oxford Street, et appartient au gouvernement (il avait été occupé par les services de l'administration pénitentiaire, entre-temps casés ailleurs) : l'emménagement se fait le [9].

Le développement du SOE conduit à l'occupation d'espace sur une bonne partie du côté ouest de Baker Street. Ainsi, il s'étend au 84 dans d'anciens locaux des magasins Marks & Spencer, qui abrite le chiffre et les transmissions, en laissant le 62-64 à sa section française (section F). Au 84, le seul signe de la présence de services officiels est la plaque indiquant « Inter-Services Research Bureau ». En outre, plusieurs sections sont amenées à louer, dans le quartier, des appartements (ainsi la section F à Orchard Court) ou de petits hôtels particuliers (ainsi la section RF au 1, Dorset Square), pour y recevoir les agents sans que ceux-ci aient à accéder à la maison-mère (discussions préalables au recrutement, communication des consignes avant le départ en mission, exposé des rapports au retour des missions). Plus tard, le SOE occupera aussi Norgeby House, au 83.

Le nom de Baker Street, celui de la rue où demeurait Sherlock Holmes, vaudra aux agents du SOE le surnom d'« Irréguliers de Baker Street ».

Sections

Le SOE comprend un certain nombre de sections régionales (country sections) qui coordonnent l'action des réseaux dans les différents pays :

  • France : deux importantes sections rĂ©gionales du SOE (F et RF) sont consacrĂ©es aux opĂ©rations en France, et six autres sections sont impliquĂ©es Ă  des titres divers :
    1. Section F : section française du SOE, sans relation avec la France libre. C'est la section la plus importante. Elle donna lieu à la formation de 95 réseaux.
    2. Section RF : section chargée de travailler avec les gaullistes (en l'occurrence André Dewavrin « Passy », chef des services de renseignements, qui devint le BCRA).
    3. Section DF : section chargée de la mise en place des filières d'évasion devant permettre le retour des agents en Angleterre.
    4. Section EU/P : section en relation avec les réseaux polonais du nord de la France.
    5. Section AL : section servant de bureau de liaison avec le ministère de l'Air britannique et chargée des liaisons aériennes clandestines avec le territoire français.
    6. Section Stockage-Emballage, pour les chargements de ravitaillement.
    7. Section MT : organise les écoles d'entraînement spécial qui forment les agents à la guerre secrète et subversive.
    8. section AMF : à partir de fin 1942, section basée à Alger qui opère dans le midi de la France ; après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, elle se met au service des gaullistes.
  • Autres pays
    • Section H : Espagne ;
    • Section I : Italie et Suisse ;
    • Section MP : Pologne qui collaborait avec les Cichociemni, une Ă©lite de parachutistes des opĂ©rations spĂ©ciales de l'Armia Krajowa;
    • Section MPH : Hongrie ;
    • Section MY : TchĂ©coslovaquie ;
      • le SOE envoie de nombreuses missions dans le Protectorat de BohĂŞme-Moravie, et plus tard en Slovaquie. La plus cĂ©lèbre, appelĂ©e OpĂ©ration ANTROPOID, permet l'assassinat du leader SS Reinhard Heydrich, Ă  Prague, le , par les soldats Jozef GabÄŤĂ­k et Jan Kubiš. De 1942 Ă  1943, les TchĂ©coslovaques ont leur propre Ă©cole d'entraĂ®nement spĂ©cial, STS46, Ă  Chicheley Hall dans le Buckinghamshire. En 1944, le SOE envoie des hommes pour aider au soulèvement slovaque.
    • Section N : Pays-Bas ;
    • Section S : Scandinavie :
      • Section SD : Danemark ;
      • Section SN : Norvège ;
      • Section SS : Suède ;
    • Section T : Belgique et Luxembourg ;
    • Section X : Allemagne et Autriche ;
    • Section Y : Yougoslavie.
    • Autres sections : Grèce, Albanie, Roumanie, Abyssinie, Asie du Sud-Est.

Stations expérimentales

Pour ses activités de recherche et développement, le SOE utilisa plusieurs « stations » généralement situées dans des maisons de campagne, identifiées par un numéro en chiffres romains.

Écoles d'entraînement spécial

Pour l'entraînement de ses agents, le SOE dispose de plusieurs dizaines d'écoles d'entraînement spécial (Special Training Schools ou STS) dont la liste est présentée dans l'article Liste des établissements du SOE. Le quartier général de l'entraînement du SOE est situé à Norgeby House, 83 Baker Street. Il est dirigé par le colonel J.S. Wilson.

Les écoles d'entraînement spécial du SOE se répartissent en plusieurs catégories. Pour les présenter, suivons la séquence du programme d'entraînement d'un agent :

  • Écoles prĂ©paratoires (preliminary schools). Ces Ă©coles sont situĂ©es dans les Midlands et le sud de l'Angleterre et sont dirigĂ©es par le colonel Roger de Wesslow. Les futurs agents des deux sexes y sont rĂ©partis par nationalitĂ©, chaque country section disposant de la sienne. Le stage dure quatre semaines, et permet de tester le caractère, les capacitĂ©s physiques et les aptitudes Ă  des tâches particulières de l'agent. Bien que formĂ© par plusieurs instructeurs, l'agent est suivi par un mĂŞme officier qui l'observe, le note, l'aide et finalement donne son avis sur son orientation. Avant l'Ă©tĂ© 1943, des amĂ©nagements sont apportĂ©s aux mĂ©thodes de recrutement : les preliminary schools sont alors remplacĂ©es par un student assessment board (Ă  Wanborough Manor, pour la section F) qui soumet les agents potentiels Ă  toute une sĂ©rie de tests pratiques et psychologiques qui permettent de vĂ©rifier plus solidement leur aptitude au travail clandestin et, de plus, facilite leur orientation vers tel ou tel type de mission.
  • Écoles d’endurcissement (roughning schools). Ces Ă©coles sont situĂ©es en Écosse, dans l'Inverness-shire : quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Arisaig House, demeure familiale des Nicholson situĂ©e près de Loch Ailort ; six autres manoirs rĂ©quisitionnĂ©s aux alentours. Elles sont dirigĂ©es par deux vĂ©tĂ©rans de la Première Guerre mondiale, le lieutenant-colonel Pat Anderson et le major James Young. Le stagiaire qui a Ă©tĂ© reconnu apte Ă  la fin de son stage en Ă©cole prĂ©paratoire y suit une nouvelle phase d'entraĂ®nement (tir instinctif, techniques de combat, techniques de dĂ©molition, maniement des explosifs, tĂ©lĂ©graphie morse, etc.) en cĂ´toyant cette fois des stagiaires d'autres nationalitĂ©s.
  • École d'entraĂ®nement au saut en parachute no 1 de Ringway Airport. Cette Ă©cole est situĂ©e près de Manchester. Elle est dirigĂ©e par le wing commander Maurice Neuwham. Elle accueille des stagiaires du SOE, des commandos-parachutistes ou des combattants des troupes aĂ©roportĂ©es, mais ceux du SOE sont logĂ©s Ă  part, Ă  Dunham Lodge (Bowdon, près d'Altrincham, dans le Cheshire).
  • Écoles de finition spĂ©ciale (special finishing schools). Ces Ă©coles sont situĂ©es sur les terres de la famille Montagu près de Beaulieu dans le Hampshire. Elles sont dirigĂ©es par le colonel Frank Spooner. Le stagiaire est prĂ©parĂ© individuellement Ă  sa future mission. Il est prĂ©sentĂ© Ă  son futur officier traitant. Il suit un cours gĂ©nĂ©ral sur les techniques de sĂ©curitĂ© : comment trouver un refuge, organiser des liaisons, rompre une filature, communiquer en secret (chiffrement, encres invisibles, camouflage des documents), utilisation de « boĂ®tes aux lettres », procĂ©dĂ©s du contact, prĂ©vention contre les mĂ©thodes de la police, comportement lors des interrogatoires, etc.). Il est informĂ© des conditions et des habitudes de vie du pays oĂą il va se rendre. Ă€ la fin du stage, il est soumis Ă  un exercice spĂ©cial de trois Ă  cinq jours destinĂ© Ă  tester sa dĂ©brouillardise : il reçoit un objectif de sabotage (dĂ©crit dans un dossier sommaire qu'il doit entièrement mĂ©moriser) ; on lui retire tous ses papiers ; on lui laisse dix shillings ; s'il se fait prendre par la police et ne parvient pas Ă  s'Ă©chapper ou Ă  se faire libĂ©rer, il peut utiliser comme ultime recours un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone appris par cĹ“ur, qui le protège contre l'incarcĂ©ration pour espionnage mais probablement pas de la radiation du SOE pour incapacitĂ©.

Les futurs radio passent, eux, à l'école spéciale d'entraînement située à Thames Park, dans l'Oxfordshire. Cette école à part ne dépend pas de la direction de l'entraînement, mais de celle des signaux, dont dépendent également les stations centrales (home stations), le service du chiffre et une section de recherche spécialisée dans la conception et le perfectionnement des appareils émetteurs et récepteurs (postes récepteurs dits biscuits, appareils Rebecca-Eureka, S-phone)

Organisation des moyens aériens

Les moyens aériens dont les sections régionales du SOE ont besoin pour leurs opérations leur sont fournis par la Royal Air Force.

Effectifs

Grâce Ă  l'appui de Churchill, les effectifs du SOE croissent rapidement, au point d'atteindre finalement environ 13 000 personnes, employĂ©es directement ou contrĂ´lĂ©es.

Dissolution

Le , le SOE, devenu sans objet, est dissous[10]. Ce qui reste du personnel et des équipements, absorbé par le MI6, est réparti entre les différentes divisions opérationnelles et le nouveau Directoire de l'entraînement et du développement pour la préparation à la guerre (DEWP).

MĂ©moire

Reconnaissance

À plusieurs reprises, dès la fin de la guerre, le haut commandement interallié a exprimé sa dette globale envers l'action de la résistance intérieure et des forces spéciales. La boîte déroulante ci-dessous en donne quelques exemples.

Dans les années qui ont suivi la guerre, de nombreux monuments (mémoriaux, stèles, plaques) ont été érigés à la mémoire des agents du SOE et des résistants qui avaient combattu à leurs côtés. Voici quelques exemples significatifs :

De plus, la mémoire des agents exécutés est commémorée dans les camps de concentration. Exemples :

Zones d'ombre

De nombreuses raisons ont longtemps fait obstacle Ă  une bonne connaissance de l'histoire du SOE :

  • En raison de sa nature de service secret, ses agents devaient respecter des exigences draconiennes de discrĂ©tion, ce qui s'oppose Ă  la traçabilitĂ© de leurs actions.
  • Le nom du service et son existence mĂŞme furent des secrets bien gardĂ©s pendant la guerre. Le War Office connaissait la section MO-1(SP), l'AmirautĂ© connaissait un bureau NID/Q, le ministère de l'Air connaissait AI-10, le Foreign Office un service encore diffĂ©rent, des laboratoires effectuaient des recherches pour le Joint Technical Board ou l'Inter-Services Research Bureau. De Gaulle appelait « Intelligence Service » tous les services secrets sans distinction, les Allemands classaient souvent les dossiers W.O. (pour War Office). Les agents eux-mĂŞmes parlaient de « La Firme » et ne connaissaient du quartier gĂ©nĂ©ral qu'une ou deux pièces peu meublĂ©es, Ă©loignĂ©es des bureaux de Baker Street, oĂą ils avaient Ă©tĂ© recrutĂ©s.
  • Environ 13 %[13] des papiers originaux ont Ă©tĂ© prĂ©servĂ©s de la destruction, intentionnelle ou accidentelle :
    • Les enregistrements n'ont pas Ă©tĂ© conservĂ©s systĂ©matiquement. Le SOE a grandi prĂ©cipitamment et par Ă -coups et, pour des raisons de sĂ©curitĂ©, il n'y a pas eu d'enregistrement centralisĂ©. Seule une tentative de crĂ©er des archives centrales Ă©tait en cours Ă  la fin de la guerre.
    • Certains enregistrements du SOE ont Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment dĂ©truits face Ă  l'avance ennemie. C'est le cas Ă  Singapour en 1942 devant l'avance japonaise et au Caire lorsque les Allemands s'approchèrent d'Alexandrie.
    • Pour des raisons de stockage et de manipulation, un Ă©lagage a Ă©tĂ© effectuĂ© Ă  la fin de la guerre.
    • Fin 1945, une partie des archives a disparu dans un incendie, peut-ĂŞtre accidentel.
  • Le rangement est parfois le simple fait du hasard, et les informations peuvent ainsi se trouver Ă  des endroits inappropriĂ©s, ce qui gĂŞne les recherches.
  • L'ouverture au public des dossiers du SOE aux « National Archives » britanniques a commencĂ© tardivement (1993) et a progressĂ© très lentement.
  • Certains dossiers intĂ©ressants pour l'histoire du SOE resteront longtemps inaccessibles, tels ceux classĂ©s sous la rubrique MI6.

Nombreux sont les agents qui, après la guerre, ont publié leurs témoignages ou leurs mémoires. Mais :

  • Certains acteurs majeurs se sont peu ou pas exprimĂ© sur le sujet, Ă  commencer par Winston Churchill dans son Histoire de la Seconde Guerre mondiale.
  • Certains agents ont pris, lors de leur recrutement, un engagement Ă  long terme de ne rien rĂ©vĂ©ler de leurs activitĂ©s.
  • De mĂŞme, certains rĂ©cits « officiels » des opĂ©rations du SOE sur les diffĂ©rents théâtres ont Ă©tĂ© publiĂ©s tardivement et soulèvent parfois des questions par leurs erreurs et leurs silences :
    • M.R.D. Foot, SOE in France, HMSO, 1966
    • Charles Cuickshank, SOE in the Far East, OUP, 1983
    • Charles Cuickshank, SOE in Scandinavia, OUP, 1986.

Archives

Les Archives nationales britanniques ont ouvert au public les dossiers suivants relatifs au SOE, repérés par HS dans leur catalogue. Le catalogue sur internet donne accès aux références suivantes :

  • HS 1 - SOE operations: The Far East
    • OpĂ©rations en ExtrĂŞme-Orient, ouvert au public depuis , Public Record Office, classe HS 1/1-350 : Birmanie, Siam, Indo-Chine française, Malaya, Chine, Japon, Afghanistan, Inde, Australie, Sumatra anglo nĂ©erlandaise, papiers organisationnels.
  • HS 2 - SOE operations: Scandinavia.
    • OpĂ©rations en Scandinavie, ouvert au public depuis , Public Record Office, classe HS 2/1-272 : Danemark, Finlande, Norvège, Suède, etc.
  • HS 3 - SOE operations: Africa and the Middle East.
    • OpĂ©rations en Afrique et au Moyen-Orient, ouvert au public depuis , Public Record Office, classe HS 3/1-245 : Aden et mer Rouge, Abyssinie et Afrique orientale, Afrique du Nord, Afrique occidentale, pays arabes, Chypre, Égypte, Malte et Tunisie, Moyen-Orient, Maroc, Palestine, Syrie, Tanger, Turquie.
  • HS 4 - SOE operations: Eastern Europe.
    • OpĂ©rations en Europe de l'Est, ouvert au public depuis , Public Record Office, classe HS 4/1-381.2 : TchĂ©coslovaquie, Hongrie, Pologne et Union SoviĂ©tique.
  • HS 5 - SOE operations: Balkans. OpĂ©rations dans les Balkans.
  • HS 6 - SOE operations: Western Europe. OpĂ©rations en Europe de l'Ouest.
  • HS 7 - SOE Histories and War Diaries.
  • HS 8 - SOE headquarters records. Quartier gĂ©nĂ©ral, ouvert au public depuis le .
  • HS 9 - SOE Personnel Files.
  • HS 10 - Photographs of equipment developed by SOE Station 15b for covert operations behind enemy lines.
  • HS 11 - SOE: Registry: General Nominal and Subject file index, 1939-1946.
  • HS 12 - SOE: Registry: Index of Honours and Awards, 1939-1946.
  • HS 13 - SOE: Registry: France Nominal Index, 1940-1946.
  • HS 14 - SOE: Registry: Belgium (including some Dutch) Nominal Index, 1939-1946.
  • HS 15 - SOE: Italian Section and Middle Eastern and Greek Section Agent Particulars Nominal Index, 1939-1946.
  • HS 16 - SOE: Playfair and Wireless Operators Codes Nominal Card Index, 1940-1946.
  • HS 17 - SOE: Registry: Scandinavia Nominal Index Cards, 1940-1946.
  • HS 18 - SOE: Registry: Iberian Nominal Card Index, 1940-1946.
  • HS 19 - SOE: Staff Income Tax Nominal Index Cards, 1940-1946.
  • HS 20 - SOE: Registry: Miscellaneous Nominal Card Index, 1940-1946.

D'autres dossiers concernant le SOE sont présents dans les dossiers du MI 6 (SIS), du MI 5 (KV 1 et KV 5), du Air Ministry (AIR), du War Office (WO), du Foreign Office (FO) et du Prime Minister's Office (PREM).

Bibliographie

  • Giles Milton (trad. de l'anglais par Florence Hertz), Les saboteurs de l'ombre : la guerre secrète de Churchill contre Hitler [« The Ministry of Ungentlemanly Warfare »], Libretto, (1re Ă©d. 2018) (ISBN 9782369147565).
  • Antoine Capet, Churchill : Le dictionnaire. Paris : Perrin, 2018 (862 p.), Rubrique "Les opĂ©rations secrètes et clandestines", p. 256-257.

Notes et références

Références

  1. Les auteurs de l’insigne sont Nigel Felangue et sa fille, fils et petite-fille de J.F. Levene, pseudo de l’un des 104 agents de la section F honorés au mémorial de Valençay. Voir la quatrième de couverture du livre de Jacqueline Biéler, Sorti de la nuit et du brouillard : l’histoire du commandant Guy Biéler Special Opérations Executive, CEF Books, 2008 ; (ISBN 978-1-896979-57-1).
  2. Les auteurs de l’insigne sont Nigel Felangue et sa fille, fils et petite-fille de J.F. Levene, pseudo de l’un des 104 agents de la section F honorés au mémorial de Valençay. Voir la quatrième de couverture du livre de Jacqueline Biéler, Sorti de la nuit et du brouillard : l’histoire du commandant Guy Biéler Special Opérations Executive, CEF Books, 2008 ; (ISBN 978-1-896979-57-1).
  3. John Vader, p. 17.
  4. D'après S.O.E. La Contribution Britannique, brochure établie par The Special Forces Club.
  5. Source : Anthony Cave Brown.
  6. Dominique Decèze, La Lune est pleine d'éléphants verts, J. Lanzman & Seghers, 1979, p. 53.
  7. Nigel West, p. 26-27.
  8. L'hĂ´tel existe toujours, et s'appelle le Jolly St Ermin's.
  9. L'accord des finances n'aurait été donné qu'en juillet 1941, mais il ne semble pas que le SOE et son travail en aient été, le moins du monde, troublés.
  10. La date de la dissolution du SOE varie selon les sources :
  11. Sources : [1] Les RĂ©seaux action de la France combattante 1940-1944 ; [2] M.R.D. Foot.
  12. KL : Konzentrationslager (camp de concentration).
  13. Source : document Use of SOE archives. On y lit : « …The resources are not available to undertake wide-ranging research of a general nature, particularly in view of the incomplete and inconsistent nature of the archives, of which only an estimated 13 % has survived destruction… »

Notes

  1. Les 13 000 agents du SOE cohabitent avec ceux du :
    • Security Service (MI5), Military Intelligence no 5 ou « Security Service » : service secret militaire chargĂ© du contre-espionnage, sur le territoire britannique.
    • Secret Intelligence Service (MI6), Military Intelligence no 6 ou Intelligence Service (IS) ou Secret Intelligence Service (SIS): service secret chargĂ© du renseignement (espionnage) Ă  l'Ă©tranger. RattachĂ© au Foreign Office.
    • MI9 : service secret militaire chargĂ© d'encourager l'Ă©vasion des prisonniers de guerre et d'assurer le retour en Grande-Bretagne des combattants non capturĂ©s ou Ă©vadĂ©s, ainsi que des Ă©quipages d'avions abattus de la RAF.
    • MI19 : service secret militaire chargĂ© de l'interrogatoire des nouvelles recrues.
    • Political Warfare Executive (PWE) : service chargĂ© de la production et de la distribution de la propagande.
    • Special Air Service (SAS) : service militaire spĂ©cialisĂ© dans la guerre irrĂ©gulière.
    • London Controlling Section (LCS) : groupe ultra-secret chargĂ© de concevoir les plans stratĂ©giques de mystification et de coordonner leur exĂ©cution. RattachĂ© au premier ministre.
    • ComitĂ© XX (en anglais XX Committee ou Double cross committee ou Twenty committee) : service chargĂ© du retournement d'agents ennemis arrĂŞtĂ©s en Grande-Bretagne. RattachĂ© au MI5.
    • Women's Auxiliary Air Force (WAAF). Personnel auxiliaire fĂ©minin de la RAF.
    • First Aid Nursing Yeomanry (FANY) : service auxiliaire d'infirmières.
    • Government Code and Cipher School (GC&CS) : service de cryptographie du gouvernement britannique.
  2. François Mitterrand est ramené en Angleterre dans la nuit du 15-16 novembre 1943, depuis le terrain clandestin ACHILLE au nord-est d'Angers, dans un avion Hudson piloté par le Wing Commander Lewis Hodges, assisté du Squadron Leader Wagland, navigateur, dans le cadre de l'opération Conjurer préparée par Henri Déricourt (Source : Hugh Verity).
  3. Le critère de pleine lune autorise les vols avec une tolérance d'une semaine environ autour de la date précise de la pleine lune. En observant les dates des vols indiquées par Hugh Verity, on constate leur décalage progressif, au rythme d'environ un jour par mois : en novembre 1942, la période favorable est la deuxième quinzaine du mois ; en mars 1944, c'est la première quinzaine.
  4. Sept mois plus tôt, l'Intelligence Service avait déjà parachuté un de ses agents de cette façon, réalisant ainsi la première opération aérienne clandestine de la guerre : il s'agissait, après cinq échecs dus à la mauvaise visibilité, du parachutage de l'agent Phillip Schneidau depuis un Whitley du Flight 419. Source : magazine Icare, numéro 141, 1992, p. 27.
  5. Le système Eureka-Rebecca comprend :
    • Eureka, une balise installĂ©e au sol qui comporte un Ă©metteur-rĂ©cepteur super-rĂ©gĂ©nĂ©ratif travaillant dans la bande de frĂ©quences 214-234 MHz, alimentĂ© par une batterie via un gĂ©nĂ©rateur de puissance Ă  vibrateur. Une antenne portable montĂ©e en tripode est dĂ©ployĂ©e au moment des communications.
    • Rebecca, une station embarquĂ©e dans l'avion qui recherche la direction d'Eureka.
    Initialement conçu par TRE et fabriqué par Murphy and Cossor, le système connaît plusieurs variantes conçues et fabriquées aux É.-U. et en Grande-Bretagne.
  6. Un « quartz » est un petit morceau de cristal taillé avec précision et soigneusement étalonné qui, par sa fréquence de vibration, fixe la longueur d'onde radio. Il est présenté dans un étui muni de broches et ressemble à une cartouche fusible à usage domestique. Pour chaque émission, l'opérateur radio choisit le quartz correspondant à la fréquence requise et le fiche dans le tableau du poste. [Source : Cowburn, p. 233].
  7. Le crayon allumeur à retardement (time pencil) est une invention polonaise que Colin Gubbins rapporta de Varsovie à l'occasion de sa mission au début de la guerre : le retard est obtenu par l'effet d'un acide qui attaque un mince fil métallique. Pour plus de sûreté, le SOE recommandait d'en utiliser deux à chaque fois.
  8. Le gouvernement canadien oriente ceux qui se portent volontaires pour l’action clandestine vers le SOE ou vers le MI9.
  9. SOE/SO est l'État-major commun du SOE britannique et de l'OSS américain.
  10. Le sigle EH est dû au nom de son quartier général, Electra House.

Voir aussi

Bibliographie et filmographie

Voir la liste bibliographique sur le SOE, dont sont extraites les références de livres mentionnées ci-après.

  • Olivier Wieviorka, Une histoire de la RĂ©sistance en Europe occidentale, Perrin, 2017, (ISBN 978-2-262-06654-3).
  • Henri Noguères, Histoire de la RĂ©sistance en France de 1940 Ă  1945, Robert Laffont, 1976 ; Ă©d. revue et complĂ©tĂ©e, CrĂ©mille & Famot, 1982.
  • Dominique Venner, Histoire critique de la RĂ©sistance, Pygmalion/GĂ©rard Watelet, 1995.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit... Les atterrissages secrets de la RAF en France 1940-44, 1978 ; 5e Ă©d. revue et augmentĂ©e, Vario, 2004.
  • Jean Deuve, La Guerre des magiciens, l'intoxication alliĂ©e 1939-1944, Charles Corlet, 1995.
  • Anthony Cave Brown, La Guerre secrète, le rempart des mensonges, Pygmalion/GĂ©rard Watelet, 1981.
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre prĂ©sente la version officielle britannique de l'histoire du SOE en France — Une rĂ©fĂ©rence.
  • David Smiley, Au cĹ“ur de l’action clandestine. Des Commandos au MI6, L’Esprit du Livre Éditions, 2008. Traduction des mĂ©moires d'un colonel britannique, officier du SOE en Albanie et en Asie (Force 136), puis agent du MI6 (Irregular Regular, Michael Russell, Norwich, 1994).
  • Jean Le Morillon, Un breton en Indochine. Mission “Oiseau mouche”, Cheminements, Collection Gens d’Ici, 2000. Jean Le Morillon, officier du BCRA, de la Force 136 du SOE puis de la DGSE, a collaborĂ© avec le colonel Smiley pendant sa mission en ThaĂŻlande en 1945. Son aventure est aussi racontĂ©e dans la revue Historia no 586 d’ et dans un reportage diffusĂ© sur la chaĂ®ne TV Breizh en .
  • (en) Maurice Buckmaster, They Fought Alone, the story of british agents in France (Ils combattirent seuls, l'histoire des agents britanniques en France), Odhams Press Limited, 1958. L'auteur est le chef de la section française (F).
  • (en) Professor William Mackenzie, The Secret History of SOE — Special Operations Executive 1940-1945, BPR Publications, 2000, (ISBN 0953615189).
  • (en) David Stafford, Secret Agent — The True Story of the Special Operations Executive, BBC Worldwide Ltd, 2000, (ISBN 0563537345).
  • Leo Marks, Between Silk and Cyanide, 1998. Marks fut le chef des Codes au SOE, et son livre relate son combat pour introduire un meilleur chiffrement utilisable par les agents.
  • Marcel Ruby, La Guerre secrète. Les RĂ©seaux Buckmaster, Éditions France-Empire, 1985.
  • Alain GuĂ©rin, Chronique de la RĂ©sistance, Omnibus, 2000, (ISBN 2-7441-5190-4).
    Cet ouvrage constitue une édition revue, corrigée, complétée et augmentée de La Résistance : Chronique illustrée (1930-1950), Livre-Club Diderot, 1972-1976).
  • GĂ©rard Le Marec, Les Maquis dans la guerre, Famot, 1980.
  • (en) Arthur Christie, Mission Scapula SOE in the Far East, (ISBN 0954701003). Une histoire vraie d'un agent envoyĂ© en mission Ă  Singapour juste avant la chute. Avec Freddy Spencer-Chapman.
  • Robert et les ombres, documentaire de Jean-Marie Barrère, 2005. Histoire de rĂ©sistants français et d'agents du SOE, dans le Gers et les Landes.
  • La Guerre au jour le jour. RĂ©sistance et collaboration; Pour ou contre l'occupation nazie, Edito-Service S.A., Genève, 1981.
  • AndrĂ© Courvoisier, Le rĂ©seau Heckler : de Lyon Ă  Londres, Paris, Editions France-Empire, , 299 p. (ISBN 978-2-7048-0342-2).
  • Janusz Piekalkiewicz, Les grandes rĂ©ussites de l'espionnage, Ă©dition française : Fayard et Paris-Match, 1971.
  • (en) Nigel West, Secret war: the story of SOE, Britain's wartime sabotage organisation, London, Hodder & Stoughton, 1992 ; Coronet, 1993.
  • Marcel Jaurant-Singer, Histoire succincte du SOE, sĂ©rie d'articles in Libre RĂ©sistance, bulletin d'information et de liaison Anciens des RĂ©seaux de la section F du SOE — Amicale BUCK, no 6, Ă  no 12, 4e trimestre 2004.
  • Agent Secret : L'histoire de l'espionnage durant la Seconde Guerre mondiale, documentaire en quatre parties, produit et dirigĂ© par Jonathan Dent/Jonathan Hacker, a darlow smithson production for BBC, 2000. Les tĂ©moins qui s'expriment sont :

Ill Met by Moonlight

Opération menée par le SOE en 1944 pour kidnapper le Major General Heinrich Kreipe en Crète.

Violette Szabo

Odette Sansom

Nancy Wake

  • Nancy Wake, La Gestapo m'appelait la souris blanche, une australienne au service de la France, coll. RĂ©sistance-LibertĂ©-MĂ©moire, Ă©d. du fĂ©lin, 2001. Cette autobiographie est la traduction du livre paru en Australie, Nancy Forward, The White Mouse, 1985.
  • (en) Nancy Wake Codename: The White Mouse, 1987. Documentaire sur l'activitĂ© de Nancy Wake pour le SOE, en partie racontĂ©e par elle-mĂŞme.

Bataille de l'eau lourde

Opérations SOE de sabotage de l'usine d'eau lourde de Rjukan en Norvège en 1943.

  • Capitaine Knut Haukelid, L'ÉpopĂ©e de l'eau lourde (Det Demrer en Dag) traduit du norvĂ©gien par Georges Charbonnier, coll. « TĂ©moignages contemporains », Éditions de l'Élan, 1948.
  • Les HĂ©ros de TĂ©lĂ©mark, 1965. Film rĂ©alisĂ© par Anthony Mann.
  • La Bataille de l'eau lourde / Kampen om tungtvannet, en anglais The Fight Over the Heavy Water, un documentaire franco-norvĂ©gien, 1948, avec les acteurs originaux. Joachim Rønneberg a dit : « The Fight over Heavy Water fut une tentative honnĂŞte de dĂ©crire la rĂ©alitĂ©. En revanche, Heroes of Telemark a peu Ă  voir avec la rĂ©alitĂ©. »
  • Alain Decaux, Alain Decaux raconte 2, Librairie AcadĂ©mique Perrin, 1979.

Affaire de la Chatte

Épisode pathétique de la lutte de l'Abwehr, l'affaire de la Chatte (Mathilde Carré), dans lequel le major Borchers joua un rôle déterminant.

  • Gordon Young, L'Espionne no 1 : la Chatte, J'ai lu leur aventure, 1957, no A60.
  • Major E. Borchers, Abwehr contre rĂ©sistance, J'ai lu leur aventure, no A189.

RĂ©seau Prosper-PHYSICIAN

  • Richard Seiler, La TragĂ©die du RĂ©seau Prosper, Pygmalion, 2003.
  • John Vader, Nous n'avons pas jouĂ©, l'effondrement du rĂ©seau Prosper 1943, Le Capucin, 2002. Ce livre est la traduction française du livre Prosper double-cross, Sunrise Press, 1977, traduction, notes et annexes de Charles Le Brun.
  • Jacques Bureau, Un soldat menteur, Robert Laffont, 1992. TĂ©moignage direct d'un membre du rĂ©seau.
  • Jean LartĂ©guy et Bob Maloubier, Triple jeu, l'espion DĂ©ricourt, Robert Laffont, 1992.
  • (en) Francis J. Suttill, Shadows in the Fog, the true story of Major Suttill and the Prosper French Resistance network, The History Press, 2014, (ISBN 978 0 7509 5591 1).
  • Charles Le Brun, La RĂ©sistance SacrifiĂ©e ? Special Operations Executive, Via Romana, 2018 (ISBN 978-2-37271-091-6).

Ă€ mentionner le documentaire :

  • Georges Mourier, Mentir ?, collection Le Choix des Hommes, 2000.

Fictions librement inspirées du SOE

Articles connexes

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