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Jean Worms (résistant)

Jean Worms, né le à Paris 9e et mort le à Flossenbürg, fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un Résistant français, successivement membre de réseaux de renseignements à Paris (1940-1942) et chef d’un réseau action pour le Special Operations Executive section F (1943). Après cinq mois d’activités de ce réseau (JUGGLER), il est arrêté par les Allemands et son réseau est démantelé. Déporté, Jean Worms est exécuté en camp de concentration.

Jean Worms est le frère de l’écrivain Roger Stéphane.

Biographie

Synthèse

Dès 1940, Jean Worms s’associe avec Jacques Weil dans un réseau de renseignements que celui-ci avait entrepris de monter à Paris via certains de ses contacts personnels et professionnels (2e bureau, Famille-Patrie, Suisse, etc.), au profit de l’Intelligence Service. Courant 1942, en danger d’être arrêté, Jean Worms part dans le Midi et y travaille quelque temps dans des réseaux action SOE-F déjà implantés (avec Virginia Hall, Francis Basin, Peter Churchill, etc.). Le , il part en Angleterre (felouque de Saint-Raphaël à Gibraltar, puis avion jusqu’en Angleterre), y est recruté par le SOE section F (promu lieutenant, il suit l'entraînement d’agent secret dans les Special Training Schools) et il est envoyé en mission en France (parachutage dans la nuit du 22/23 janvier 1943) pour y organiser un nouveau réseau (JUGGLER) dans la région de Châlons-sur-Marne. Il retrouve Jacques Weil et développe le réseau avec lui, en liaison également avec l’équipe de Prosper (Francis Suttill, Gilbert Norman, Andrée Borrel, etc.). Après cinq mois d’activité (parachutages d’armes, sabotages, etc.), il est arrêté à Paris le . Déporté au camp de Flossenbürg, il y est exécuté le .

Chronologie

1909. Naissance le 1er février, à Paris 9e.

1940. Le , soit six jours après la signature de l'Armistice, à une époque où la Résistance en est encore à ses balbutiements, il intègre le réseau de renseignements avec de Jacques Weil dont les informations sont acheminées vers l'Angleterre par la Suisse [1] et participe à différents réseaux de renseignements à Paris.

1941. En juin, il entre dans le réseau Famille-Martin.

1942.

  • Il rencontre Virginia Hall. ArrivĂ© Ă  Cannes chez AndrĂ© Gillois, il lui annonce : « Mon père vient de ma flanquer Ă  la porte parce que je faisais de la rĂ©sistance. Je n'ai plus un franc. J'ai une femme et deux enfants. » Pour le dĂ©panner, AndrĂ© Gillois fait appel Ă  Francis Basin, et c'est ainsi que Jean Worms adhère au service britannique[2]. Il rencontre aussi Peter Churchill.
  • Octobre. Il se rend en Angleterre par felouque via Gibraltar.
  • Il suit la formation d'agent SOE.

1943.

  • Mission en France. Sous le nom de guerre de « Robin », il vient Ă©tablir un rĂ©seau nommĂ© JUGGLER, qui animera des groupes de sabotage dans la rĂ©gion de Châlons-sur-Marne.
  • . Il est parachutĂ© « blind »[3] vers Vitry-aux-Loges, Ă  l'est d'OrlĂ©ans, en mĂŞme temps qu'Henri DĂ©ricourt « Gilbert », qui vient pour une autre mission. Lorsqu'ils se quittent près de la gare d'oĂą ils vont sĂ©parĂ©ment prendre le train pour Paris, Henri DĂ©ricourt lui dit[4] : « Si tu as besoin de me retrouver, tu pourras toujours me laisser un message Chez Tutulle, un bistrot, 8, rue Troyon, Ă  Paris. »
  • Il complète la direction du rĂ©seau par Jacques Weil, un ami Ă  lui de longue date qui devient son adjoint, et Sonia Olschanezky « Tania », la fiancĂ©e de Jacques Weil, comme courrier. En attendant l’arrivĂ©e de l’opĂ©rateur radio du rĂ©seau (Gaston Cohen « Justin » sera parachutĂ© le ), les liaisons avec Londres sont assurĂ©es par les opĂ©rateurs radio d’autres rĂ©seaux.
  • . De nombreuses arrestations sont en cours : c’est l’effondrement du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN. Jean Worms propose Ă  Londres de prendre la tĂŞte des restes du rĂ©seau. La demande est rejetĂ©e.
  • . Il participe Ă  une rĂ©union avec Gustave BiĂ©ler, Michael Trotobas, Marcel Fox, les Guerne et la comtesse de La Rochefoucauld pour discuter de mesures de sĂ©curitĂ© Ă  prendre après les arrestations. Aucune dĂ©cision n’est prise.
  • 1er juillet. Il est arrĂŞtĂ© au restaurant Chez Tutulle[5], alors qu’il dĂ©jeune avec Armel Guerne. Jacques Weil, qui avait rendez-vous avec lui Ă  15 h pour discuter du projet de sabotage au jour J de la centrale tĂ©lĂ©phonique de Revigny (très utilisĂ©e par les Allemands pour leurs communications militaires), les voit partir menottĂ©s.
  • Jacques Weil reparti en Suisse, c'est Sonia Olschanezky qui reprend la direction du rĂ©seau, mais sans l’aval de la section F Ă  Londres.

1945. Ayant été déporté au camp de concentration de Flossenbürg, il est exécuté le .

Reconnaissance

Distinctions

Monuments

Identités

  • État civil : Jean Eugène Worms
  • Comme agent du SOE :
    • Nom de guerre (field name) : « Robin » (Ă©galement utilisĂ© par Jacques Weil).
    • Nom de code opĂ©rationnel SOE : JUGGLER (en français JONGLEUR)
    • IdentitĂ© de couverture : Jean Warrens.
    • Enregistrement SOE : Jean de Verrieux.
    • Pseudo indiquĂ© par Peter Churchill et Odette Sansom[6] : Baptiste[7]

Parcours militaire : SOE, section F, General List ; grade : Lieutenant ; matricule : no 260903

Famille

  • Ses parents : Pierre et Marcelle Worms, Paris, France.
  • Sa femme : Simone Worms, nĂ©e Ricciardi en 1905, Kensington, Londres.
  • Son frère : Roger Worms, connu comme Ă©crivain sous le nom de Roger StĂ©phane.
  • Ses enfants (3) : Michel, nĂ© le ; Jean-Pierre, nĂ© le ; Jean-Manuel, nĂ© le .

Annexes

Sources et liens externes

  • Fiche deVerieux, Jean (alias de Jean Worms) sur le site du Special Forces Roll of Honour.
  • Archives
    • Dossier personnel de Jean Worms aux National Archives britanniques Ă  Kew, cote HS 9/1621/4.
    • Dossier personnel de France Antelme aux National Archives britanniques Ă  Kew.
    • Dossier personnel de Jean Worms aux archives du SHD, Ă  Vincennes, cote GR 16 P 604266
    • Dossier du rĂ©seau Robin aux archives du SHD, Ă  Vincennes, cote GR 17 P 43
  • Le MĂ©morial de la section F, Gerry Holdsworth Special Forces Charitable Trust, 1992
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
  • John Vader (trad. Charles Le Brun), Nous n'avons pas jouĂ© : l'effondrement du rĂ©seau Prosper 1943, Lectoure (Gers), le Capucin, , 357 p. (ISBN 978-2-913493-41-4, OCLC 401485342, lire en ligne)
  • Charles Wighton, Le Saboteur, traduit en français par Jacques Kohlmann, collection « La Guerre secrète Â», Fayard, 1959.
    Ce récit, qui présente la biographie de Jacques Weil sous forme romancée, est le plus souvent considéré comme peu fiable sur de nombreux points.
  • Jean LartĂ©guy et Bob Maloubier, Triple jeu : l'espion DĂ©ricourt, Paris, R. Laffont, , 337 p. (ISBN 978-2-221-06836-6, OCLC 29548783).
  • AndrĂ© Gillois, Histoire secrète des Français Ă  Londres de 1940 Ă  1944, Hachette, . Jean Worms est Ă©voquĂ© p. 127.
  • (fr) Peter Churchill, Missions secrètes en France 1941-1943, Presses de la CitĂ©, 1967. Ce livre est la traduction par R. Jouan de (en) Duel of Wits, 1953. Texte en ligne. Dans cet ouvrage, Jean Worms est Porthos, Ă©voquĂ© Ă  la fin du chapitre V et aux chapitres VI et VII.
  • Jerrard Tickell, Odette agent S.23, prĂ©face de Pierre H. Clostermann, coll. Audace n° 1, Nicholson & Watson, 1949, tr. en français par Alain Glatigny de (en) Odette: The Story of a British Agent, Nicholson & Watson, 1949 ; Chapman & Hall, 1950, Bath, Chivers, 1984. Il s'agit d'une biographie d'Odette Sansom, jugĂ©e « partiellement exacte » par Michael R. D. Foot.
  • (en) Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographiĂ© (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable Ă  la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 52, JUGGLER CIRCUIT.
  • Henri Noguères, Marcel Degliame-Fouchè et Jean-Louis Viguier, Histoire de la RĂ©sistance en France, de 1940 Ă  1945, t. 1 : La première annĂ©e, Paris, R. Laffont, , 510 p. (ISBN 978-2-221-00141-7, OCLC 612003187).

Notes et références

  1. Henri Noguères, tome 1
  2. Source : André Gillois, ch. 4.
  3. C'est-à-dire sans comité de réception au sol.
  4. Source : Jean Lartéguy et Bob Maloubier.
  5. Situé à deux pas de l’Étoile, le restaurant Chez Tutulle a pour adresse 8, rue Troyon, Paris 17e.
  6. Jerrard Tickell, Agent S-23.
  7. Peter Churchill transforme ce pseudo en « Porthos Â» lorsqu’il transcrit son rapport du dans son livre Missions secrètes en France.
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