Jean-Louis Crémieux-Brilhac
Jean-Louis Crémieux, dit Crémieux-Brilhac, né le à Colombes et mort le à Paris 5e[2] - [3], est un haut fonctionnaire, ancien résistant et historien français de la Seconde Guerre mondiale, correspondant de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques).
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 98 ans) 5e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Jean-Louis Crémieux |
Pseudonyme |
Jean-Louis Crémieux- Brilhac |
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Biographie
De la captivité à la France libre
Parisien originaire dâune famille juive installĂ©e depuis cinq siĂšcles Ă Carpentras, puis Ă NĂźmes et Ă Narbonne, il est prĂ©cocement politisĂ©. GrĂące Ă son oncle, le critique littĂ©raire Benjamin CrĂ©mieux (1888-1944), il rencontre, alors qu'il n'est encore que lycĂ©en, AndrĂ© Malraux et Stefan Zweig. Il fait d'excellentes Ă©tudes secondaires au lycĂ©e Condorcet (de 1924 Ă 1933), puis des Ă©tudes de lettres et d'histoire Ă la Sorbonne. Ă partir de 1931, il passe une partie de ses vacances en Allemagne, oĂč il assiste Ă la montĂ©e du nazisme. Il est de 1935 Ă 1938 le plus jeune adhĂ©rent du ComitĂ© de vigilance des intellectuels antifascistes[5]. MobilisĂ© en , ayant suivi un peloton E.O.R (Ă©lĂšve-officier de rĂ©serve) Ă Saint-Cyr, il est promu aspirant. AffectĂ© Ă l'extrĂ©mitĂ© ouest de la ligne Maginot, il est fait prisonnier Ă Jaulgonne (Aisne), le , et envoyĂ© en Allemagne dans un Oflag de PomĂ©ranie. Le , il parvient Ă sâĂ©vader du Stalag II B, oĂč il avait Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©, et gagne lâUnion soviĂ©tique. Il y est emprisonnĂ©, comme plus de deux cents autres Français. Lâinvasion allemande engagĂ©e le change la donne : la France libre Ă©tant devenue l'alliĂ©e de lâURSS, il peut, avec 185 autres Ă©vadĂ©s français, rallier le Royaume-Uni (avec notamment Pierre Billotte, Alain de Boissieu, François Thierry-Mieg, Pierre Rateau ou encore le dessinateur Tim[6]), oĂč il sâengage dans les Forces françaises libres le sous le pseudonyme de Brilhac[7].
Affecté en 1942 au commissariat national à l'Intérieur à Londres, il devient secrétaire du Comité exécutif de propagande et chef du service de diffusion clandestine de la France libre (printemps 1942-août 1944). à ce titre, il est amené à parler plusieurs fois au micro de Radio Londres, dont il aide à préparer les émissions à destination de l'Europe occupée[8].
Vie publique d'aprĂšs-guerre
Il est, Ă la LibĂ©ration, le cofondateur de la Documentation française, et en devient le directeur-adjoint, puis le directeur. Il est fait conseiller dâĂtat (1982-1986). Dans les annĂ©es 1950, sans renier son attachement Ă l'homme du , il soutient l'expĂ©rience gouvernementale et le combat politique de Pierre MendĂšs France. Organisateur des colloques de Caen de 1956 et 1966 sur l'enseignement supĂ©rieur et la recherche, il est lâanimateur avec Jacques Monod et le mathĂ©maticien AndrĂ© Lichnerowicz du Mouvement pour lâexpansion de la recherche scientifique (1956-1972).
L'historien-témoin
à sa retraite, Jean-Louis Crémieux-Brilhac se fait historien des épisodes de la guerre qu'il a vécus et dont il possÚde une connaissance intime. On lui doit principalement deux sommes, fruits d'années de recherches, et qui font aujourd'hui autorité dans la communauté des historiens.
Dans Les Français de l'an Quarante, il nuance l'idée d'une France partie à la guerre démoralisée, mal préparée et vaincue d'avance : il analyse l'évolution du moral des différentes composantes de la population française pendant la DrÎle de guerre, met en évidence la réalité du « complot de la paix » et montre que l'énorme effort de guerre consenti par la France commençait à porter ses fruits juste avant l'invasion, survenue trop tÎt. Son exposé des combats de mai-, fondé notamment sur les Journaux de marche, éclaire les contrastes de comportement entre les unités d'active, les divisions motorisées et l'aviation d'une part, combatives et efficaces, et les divisions dites de série B, d'autre part, plus ùgées et peu aptes à contenir l'offensive adverse. Il met en lumiÚre le sursaut national auquel ont donné lieu, du au , les batailles de la Somme et de l'Aisne.
Dans La France libre, premiĂšre et Ă ce jour seule grande synthĂšse scientifique consacrĂ©e Ă l'Ă©popĂ©e gaullienne, il s'appuie sur nombre d'archives inĂ©dites, qu'elles proviennent du BCRA, des Ătats-Unis ou du gouvernement britannique, pour reconstituer l'histoire des « hommes partis de rien » (RenĂ© Cassin). Si l'ouvrage laisse paraĂźtre la sympathie et l'admiration intactes pour de Gaulle, les volontaires de la France libre et leur combat, il n'hĂ©site pas Ă rectifier la lĂ©gende lorsqu'il le faut, en dĂ©montrant par exemple que le dĂ©but de l'appel du 18 Juin a Ă©tĂ© censurĂ© par le Foreign Office et que l'appel dit du n'a jamais Ă©tĂ© diffusĂ©, ou que la crainte, en 1944, que les AmĂ©ricains placent la France sous administration militaire (AMGOT) Ă©tait exagĂ©rĂ©e. Il souligne l'importance de l'Ćuvre de reconstruction de l'Ătat et de rĂ©tablissement de la lĂ©galitĂ© rĂ©publicaine accomplie par le ComitĂ© de la libĂ©ration nationale et remet en lumiĂšre l'originalitĂ© et l'Ćuvre de personnalitĂ©s parfois nĂ©gligĂ©es, ainsi le gĂ©nĂ©ral Catroux.
Il avait Ă©ditĂ© en 1975 une sĂ©lection fortement documentĂ©e des chroniques en français prononcĂ©es Ă Radio Londres pendant la guerre, et a publiĂ© en 2004 Prisonniers de la LibertĂ©, l'histoire du pĂ©riple vĂ©cu par 218 Français Ă©chappĂ©s des camps allemands, emprisonnĂ©s en URSS jusqu'Ă l'opĂ©ration Barbarossa et dont 186 purent rallier les Forces françaises libres parmi lesquels, lui-mĂȘme et les futurs gĂ©nĂ©raux Billotte et Alain de Boissieu, qui devint le gendre de Charles de Gaulle.
Publications
Ouvrages
- Retour par l'URSS, Paris, Calmann-LĂ©vy, 1945.
- Ici Londres. Les Voix de la liberté, Paris, La Documentation française, 1975-1977 (5 volumes).
- Les Français de l'an 40, vol. 1 : La guerre, oui ou non ?, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 740 p. (ISBN 2-07-071897-2, présentation en ligne).
- Les Français de l'an 40, vol. 2 : Ouvriers et soldats, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 647 p. (ISBN 2-07-071896-4, présentation en ligne).
- La France libre : de l'appel du 18 juin à la Libération, Paris, Gallimard, coll. « La suite des temps », , 969 p. (ISBN 2-07-073032-8, présentation en ligne).
- Prisonniers de la liberté : l'odyssée des 218 évadés par l'URSS : 1940-1941 (ill. Louis Mitelberg), Paris, Gallimard, coll. « Témoins », , 408 p. (ISBN 2-07-073502-8, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Pour Jean Moulin, illustrĂ© par Vladimir VeliÄkoviÄ et Claude Weisbuch, 2004.
- Georges Boris. Trente ans d'influence : Blum, de Gaulle, MendÚs France, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », , 460 p. (ISBN 978-2-07-012762-7, présentation en ligne).
- L'appel du , Paris, Calmann-LĂ©vy, 1963, 1970, Paris, Armand Colin, 2010.
- La politique scientifique de Pierre MendÚs France : une ambition républicaine, Paris, Armand Colin, coll. « Le sens de la recherche », , 185 p. (ISBN 978-2-200-28054-3, présentation en ligne).
- De Gaulle, la République et la France libre : 1940-1945, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 547), , 493 p. (ISBN 978-2-262-04382-7, présentation en ligne).
- L'Ătrange victoire. De la dĂ©fense de la RĂ©publique Ă la libĂ©ration de la France, Gallimard, 244 pages, 2016.
Préfaces
- Charles de Gaulle, Mémoires, Paris, Gallimard BibliothÚque de la Pléiade, 2000, (ISBN 2-07-011583-6)
- André Gillois, Ce siÚcle avait deux ans. Mémoires, Paris, Mémoire du Livre, 2002.
- Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance : le service secret britannique dâaction (SOE) en France, avant-propos et notes de Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac (pour lâĂ©dition française), traduit de lâanglais par Rachel Bouyssou, Paris, Tallandier, 2008 ; rĂ©Ă©d. Texto, coll. « Le GoĂ»t de lâhistoire », Tallandier, 2011.
- Jean-Mathieu Boris, Combattant de la France Libre. TĂ©moignage, Ă©ditions Perrin, 2012.
- Bob Maloubier, Agent secret de Churchill 1942-1944, Tallandier, 2011, (ISBN 978-2-84734-795-1).
- Madeleine Michelis, Correspondance d'avant-guerre et de guerre, présentations de Julien Cahon, Marie Claude Durand et Charles-Louis Foulon, collection Résistance, Le Félin, .
Articles
- La Bataille des GliĂšres et la guerre psychologique, Revue d'Histoire de la 2e Guerre Mondiale, no 99, .
- Du aux , in Espoir, revue de la Fondation et de l'Institut Charles de Gaulle, no 123, .
- Alain Minc, le livre de trop, Le Monde, 23-.
- France â Grande-Bretagne. Deux visions de la RĂ©sistance française, Le DĂ©bat, no 177, novembre-.
Traductions
- Richard Wagner, Beethoven, Paris, Gallimard, 1970.
- John Kenneth Galbraith, L'Ăre des libĂ©raux, Le nouvel Ătat industriel, Paris, Gallimard.
- J. Gay, Le SiĂšcle des LumiĂšres, Ăditions Time-Life.
Filmographie
Documentaire
- Des Anglais dans la RĂ©sistance, une guerre irrĂ©guliĂšre, documentaire de Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac et LaurĂšne LâAllinec, 60 min, 2012 ; premiĂšre diffusion : France 5, .
DĂ©corations
Bibliographie
- Julien Winock, Jean-Louis CrĂ©mieux Brilhac. Servir la France, servir l'Ătat, Paris, La documentation française, 2019.
- Jean-Louis CrĂ©mieux Brilhac, « Le « groupe Billotte » ou l'odyssĂ©e des Ă©vadĂ©s par la Russie aoĂ»t 1940 - septembre 1941 », Revue de la France Libre, no 163,â (lire en ligne)
- « Hommage à Jean-Louis Crémieux-Brilhac » de Bertrand Renouvin publié dans Royaliste no 1077 (page 2) en date du .
Vidéographie
- Timothy Miller, Jean-Louis Crémieux Brilhac. Un républicain dans le siÚcle, prod. Laurence Uebersfeld, 52 min.
Notes et références
- « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-585 » (consulté le )
- « matchID - Moteur de recherche des décÚs », sur deces.matchid.io (consulté le )
- AFP, « Jean-Louis Crémieux-Brilhac, grande voix de la France libre, est mort », sur Libération (consulté le )
- Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Prisonniers de la liberté : l'odyssée des 218 évadés par l'URSS : 1940-1941, Paris, Gallimard, coll. «Témoins»,
- « L'historien et résistant Jean-Louis Crémieux-Brilhac est mort », sur LEFIGARO, (consulté le )
- « Jean-Louis Crémieux Brilhac - Mémoire et Espoirs de la Résistance », sur Mémoire et Espoirs de la Résistance (consulté le ).
- Le choix de ce pseudonyme tient au domicile que J.-L. CrĂ©mieux occupe avec sa femme Ă Rennes, avant mai 1940, au 1 rue de Brilhac. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, L'Ătrange Victoire, Gallimard, 2016.
- « Crémieux-Brilhac : «Les lettres à la BBC? Un lien avec la France occupée!» », sur Figaro Live, (consulté le )
- Décret du 31 décembre 2014 portant élévation à la dignité de grand'croix et de grand officier, Legifrance.
Liens externes
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Les Français libres, rencontre, 10 décembre 2003
- Rencontre avec Jean-Louis Crémieux-Brilhac, à l'occasion de la parution de Prisonniers de la liberté
- Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac tĂ©moigne dans La Fabrique de l'histoire, une Ă©mission de France Culture, sur l'important colloque qui sâest tenu Ă Caen en 1956, et de son engagement auprĂšs de MendĂšs-France pour les questions de la politique scientifique.
- Conférence de Jean-Louis Crémieux-Brilhac à l'U. Paris I le 26 juin 1986 (histcnrs.fr)
Archives
- Inventaire du fonds d'archives de Jean-Louis Crémieux-Brilhac conservé à La contemporaine.