Noor Inayat Khan
Noor Un Nisa Inayat Khan, nĂ©e le au Kremlin de Moscou en Russie et morte le au camp de Dachau en Allemagne, est un agent secret britannique du Special Operations Executive (SOE), section F, qui se distingua durant la Seconde Guerre mondiale. Premier agent fĂ©minin Ă ĂȘtre envoyĂ© en France comme opĂ©rateur radio, elle rejoignit le rĂ©seau PHONO dâHenri Garry en .
Princesse |
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Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 30 ans) Camp de concentration de Dachau (BaviĂšre, Reich allemand) |
SĂ©pulture |
Inconnu |
Nom de naissance |
Noor Un Nisa Inayat Khan |
Pseudonymes |
Madeleine, Nora Baker |
Nationalités | |
Formation | |
Activités |
Poétesse, résistante, autrice de littérature pour la jeunesse, écrivaine, agent du SOE |
PĂšre | |
MĂšre |
Ameena Begum (en) |
Fratrie |
A travaillé pour | |
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MaĂźtre | |
Distinctions |
Pendant ses quatre mois dâactivitĂ© dans la rĂ©gion parisienne â son instructeur au SOE l'avait informĂ©e que la durĂ©e d'activitĂ© d'un opĂ©rateur radio de ce rĂ©seau Ă©tait en moyenne de quatre semaines â elle maintint le contact radiotĂ©lĂ©graphique avec Londres, lâinformant sur les terrains de parachutage et sur les rĂ©seaux. Elle rĂ©ussit Ă transmettre vingt messages, malgrĂ© lâenvironnement particuliĂšrement dangereux en raison de lâeffondrement gĂ©nĂ©ral du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN et des moyens de dĂ©tection radiogoniomĂ©triques que lâennemi concentra sur son Ă©metteur. Elle fut dĂ©noncĂ©e, arrĂȘtĂ©e, emprisonnĂ©e, reprise deux fois Ă lâoccasion de tentatives dâĂ©vasion, dĂ©portĂ©e, maintenue Ă lâisolement et enchaĂźnĂ©e pendant neuf mois Ă Pforzheim. Elle est finalement exĂ©cutĂ©e Ă Dachau, sans avoir jamais parlĂ© ni coopĂ©rĂ© avec lâennemi.
AprĂšs deux autres agents du SOE, Odette Sansom et Violette Szabo, Noor Inayat Khan fut la troisiĂšme femme Ă qui le Royaume-Uni a dĂ©cernĂ© la George Cross. Elle fut Ă©galement dĂ©corĂ©e de lâordre de l'Empire britannique, et par la France de la croix de guerre 1939-1945.
Son nom de code opĂ©rationnel Ă©tait Nurse et son identitĂ© de couverture Ă©tait Jeanne-Marie RĂ©gnier, bonne dâenfants.
Biographie
Famille
Par son grand-pĂšre paternel elle descend de Juma Shah, saint soufi du XVe siĂšcle. Par sa grand-mĂšre paternelle, elle descend du sultan Tipu de Mysore (1750-1799), qui sâallia aux Français pour opposer une rĂ©sistance obstinĂ©e aux Britanniques.
Son pĂšre, Hazrat Inayat Khan, est un mystique soufi indien qui fonda le soufisme inayati. Sa mĂšre, Ora Ray Baker (en), est une AmĂ©ricaine. SĆur du violoniste et compositeur Hidayat Inayat Khan, elle aussi est la cousine de Mary Baker Eddy[1], qui fonda en 1879 le mouvement religieux Science chrĂ©tienne. Elle adopta l'Islam comme religion en 1912.
Les parents de Noor Inayat Khan se sont rencontrĂ©s aux Ătats-Unis, se sont mariĂ©s Ă Londres en 1913, puis sont partis sâinstaller Ă Moscou. Ils eurent quatre enfants :
- Noor Inayat Khan
- Vilayat Inayat Khan (né en 1916 à Londres - mort à Suresnes)
- Hidayat Inayat Khan (1917-2016)
- Khair-un-Nisa Inayat Khan dite « Claire Ray Harper » (née en 1919), épouse Harper, mÚre de David Ray Harper
PremiÚres années
Noor-Un-Nisa Inayat Khan naĂźt le au Kremlin (Moscou, Russie). Par son ascendance paternelle, elle est une princesse musulmane soufie.
Sa famille quitte la Russie en 1916, avant la rĂ©volution bolchevique. Elle sâinstalle Ă Londres, dans le quartier de Gordon Square. Inayat Khan fonde lâordre soufi, une Ă©cole pour initiĂ©s. Il souhaite diffuser le soufisme en Occident, notamment par l'intermĂ©diaire de la musique[2].
En 1921, aprĂšs quatre ans Ă Londres, la famille finit par arriver Ă Paris. Elle dĂ©mĂ©nage de banlieue en banlieue. Une riche NĂ©erlandaise adepte des doctrines dâInayat achĂšte pour son pĂšre, Hazrat, une maison Ă Suresnes, 23 rue de la Tuilerie. Il lui donne le nom de Fazal Manzil[Notes 1], qui veut dire La Maison des BĂ©nĂ©dictions.
Le , son pĂšre rĂ©unit une assemblĂ©e de tous ses disciples. Peu de temps aprĂšs, ayant dĂ©cidĂ© de revenir aux sources du savoir, il repart en Inde, oĂč il meurt le . Noor restera persuadĂ©e quâil sâĂ©tait simplement retirĂ© du monde. Elle assume dĂ©sormais les fonctions de maĂźtresse de maison.
Comme son frĂšre Vilayat, elle reçoit une Ă©ducation intellectuelle raffinĂ©e ; lettrĂ©e, portĂ©e sur la poĂ©sie, elle joue aussi de la harpe. Noor Ă©tudie Ă l'Ăcole primaire supĂ©rieure de jeunes filles de Suresnes (devenue aujourd'hui le collĂšge Ămile-Zola), passe son baccalaurĂ©at au lycĂ©e de Saint-Cloud, puis Ă©tudie la psychologie de lâenfance Ă la Sorbonne[2]. Elle entre Ă l'Ăcole normale de musique de Paris, oĂč elle pratique la harpe.
Elle tombe amoureuse dâun camarade de l'Ăcole normale mais la famille dĂ©sapprouve le mariage, auquel elle finit par renoncer aprĂšs une longue pĂ©riode de fiançailles.
Elle est engagée par Radio-Paris pour écrire des histoires pour les enfants. Ces contes sont aussi publiés dans Le Figaro du dimanche[2].
DĂ©but de la guerre
Elle rompt ses fiançailles en 1939 et dĂ©cide avec sa sĆur de devenir infirmiĂšre.
Le , lâarmĂ©e allemande entre dans Paris. La famille, de nationalitĂ© britannique, doit fuir Ă nouveau, sauf Hidayat qui choisit de rester en France, avec sa femme et ses enfants. Noor entraĂźne la famille, via Tours et Bordeaux, jusquâau Verdon et lâembarque sur un cargo belge, le Kasongo, qui la conduit au port de Falmouth, en Angleterre, oĂč elle arrive le 22 au matin.
Noor et son frĂšre Vilayat abandonnent les prĂ©ceptes de non-violence qui ont baignĂ© leur vie jusque-lĂ , et se dĂ©cident Ă participer Ă la lutte contre le nazisme[2]. Vilayat sâengage dans la marine.
Le , Noor sâengage dans la Women's Auxiliary Air Force. Sur les formulaires, elle indique quâelle parle bien le français. Elle adopte le nom de Nora Baker[Notes 2]. Au centre dâĂdimbourg, elle suit un cours intensif dâopĂ©rateur radio. Elle est l'une des premiĂšres rĂ©sistantes formĂ©es Ă cette tĂąche[2].
Le , elle est mutĂ©e Ă Abington, au centre de bombardiers de la RAF, oĂč elle est chargĂ©e de la liaison radio avec les bombardiers en vol. Elle dĂ©veloppe ses compĂ©tences dâopĂ©ratrice radio, et prend lâhabitude de travailler Ă nâimporte quelle heure du jour et de dormir dans les intervalles. Elle loue mĂȘme un poste radio pour sâentraĂźner avec une camarade Ă amĂ©liorer sa vitesse. Vers la fin de lâannĂ©e, elle demande Ă passer officier, et choisit le renseignement comme spĂ©cialitĂ©.
Au printemps 1942, elle est affectĂ©e au camp de Campton Basset, dans le Wiltshire. Elle y suit pendant plusieurs semaines la formation en transmission pour opĂ©rateurs radio clandestins. Le elle est convoquĂ©e Ă Londres Ă un entretien avec Selwyn Jepson dans la chambre no 238 de lâhĂŽtel Victoria, sur Northumberland Avenue, par le Bureau de recherches interarmĂ©es. ChargĂ© du recrutement au Special Operations Executive, Jepson lui propose de la recruter le jour mĂȘme. Elle accepte en ayant eu communication de la nature du travail Ă accomplir et du risque couru : une chance sur deux dâen revenir.
Le elle entre au SOE, section F ; grade : section officer ; matricule : 9901. Le , elle dĂ©marre une nouvelle pĂ©riode dâentraĂźnement intensif. Juste avant son dĂ©part, elle est nommĂ©e sous-lieutenant de la WAAF. Ă ce titre, elle recevra ÂŁ 350 par an, mais sans uniforme, ni dâindemnitĂ© dâhabillement. Cela signifie quâune fois sur le terrain, si faite prisonniĂšre, elle ne sera pas protĂ©gĂ©e par la Convention de GenĂšve du 27 juillet 1929 relative au traitement des prisonniers de guerre[3].
En , il ne lui reste que le stage de parachutage Ă suivre. Mais Ă Paris, Gilbert Norman « Archambault », lâopĂ©rateur radio du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN a un besoin urgent dâaide. Passant outre aux avis majoritairement dĂ©favorables de ses instructeurs[Notes 3] - [4], Maurice Buckmaster dĂ©cide de lâenvoyer sur le terrain dĂšs la lune suivante. Nâayant pas suivi de formation au parachutage, elle devra ĂȘtre dĂ©posĂ©e de nuit par Westland Lysander[Notes 4].
Mission clandestine Ă Paris
Sa mission est dâĂȘtre lâopĂ©rateur radio du rĂ©seau PHONO[Notes 5], sous-rĂ©seau du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN, dirigĂ© par Henri Garry. Elle est ainsi la premiĂšre femme Ă ĂȘtre envoyĂ©e par le SOE comme opĂ©rateur radio en France occupĂ©e. Elle apporte avec elle comme Ă©quipement : une fausse carte dâidentitĂ©, de faux tickets dâalimentation, des stimulants (pour pouvoir rester Ă©veillĂ©e ou fournir un effort physique exceptionnel), des somnifĂšres (pour endormir quelqu'un Ă son insu), des simulateurs de nausĂ©es et une pilule de cyanure. Son poste radio doit ĂȘtre expĂ©diĂ© sĂ©parĂ©ment.
Entre le 16 et le elle est amenĂ©e en France Ă lâoccasion dâun doublĂ© de Westland Lysander organisĂ© de nuit entre Tangmere et le terrain INDIGESTION prĂšs de VillevĂȘque (Maine-et-Loire). Câest Henri DĂ©ricourt qui a organisĂ© le vol (opĂ©ration TEACHER) et qui assure la rĂ©ception des agents[5]. Pendant sa mission en France, elle enverra rĂ©guliĂšrement des lettres Ă sa mĂšre, Ă ses frĂšres et Ă sa sĆur Ă Londres (4, Taviton Street). Les lettres seront acheminĂ©es par Lysander (grĂące aux vols organisĂ©s par DĂ©ricourt) mais aucun destinataire nâaura le moyen de deviner quâelle se trouve en France.
Dans ce récit[6] :
- Mac désigne le pilote J.A. McCairns ; les passagers sont Charles Skepper « Bernard » et Diana Rowden « Paulette ».
- Bunny désigne le pilote F.E. Rymills ; les passagÚres sont Cecily Lefort « Alice » et Noor Inayat Khan « Madeleine ».
... Bunny fit encore avec Mac, dans la nuit du 16/, un doublĂ© dans la rĂ©gion dâAngers. Il mâa parlĂ© de ses passagĂšres : « Cecily Lefort avait lâair dâune Ă©pouse de pasteur. Son français ne mâa pas paru bien bon. Noor Inayat Khan portait un cirĂ© vert. » Il se souvenait aussi dâavoir au cours de ce vol laissĂ© son poste radio branchĂ© et ainsi fait une Ă©mission tous azimuts. Faute grave !
Mac venait de pĂ©nĂ©trer en France, quand soudain lui parvinrent, lancĂ©s dâune voix claire et forte les mots : « Madame, nous approchons maintenant de votre beau pays â nâest-il pas bien joli sous cette lune ? » Une voix douce rĂ©pondit : « Oui, je trouve que câest divin. Quelle est la ville lĂ -bas ? » Ce dialogue se poursuivit pendant trente minutes. Bunny dĂ©signait lâun aprĂšs lâautre Ă ses passagĂšres, tous ses points de repĂšre. Mac se demanda ce que pensait de ce radio-reportage, le service dâĂ©coute allemand, qui interceptait toutes nos Ă©missions, et quelle pouvait ĂȘtre la rage de lâennemi de nâavoir pu arrĂȘter ces vols.
Mac se posa le premier et, aprĂšs avoir dĂ©collĂ©, survola le terrain pendant que Bunny atterrissait Ă son tour, puis dĂ©collaitâŠ
Le 17, celle qui porte le pseudonyme de Madeleine gagne la gare la plus proche et se rend Ă Paris. Le soir, elle sonne au 40, rue Erlanger oĂč elle est reçue par Henri Garry, le chef du rĂ©seau PHONO, et sa fiancĂ©e, Marguerite Nadaud[7] - [8] - [9]. Le lendemain on lâemmĂšne Ă lâĂcole nationale dâagriculture de Grignon, dirigĂ©e par M. Vanderwynckt. LâĂ©cole abrite lâĂ©tat-major dâun groupe de rĂ©sistants rattachĂ© au rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN, comprenant â parmi des dizaines de personnes â le professeur Alfred Balachowsky, le chef du groupe et Marius Maillard, jardinier de lâĂ©cole, chargĂ© de la rĂ©ception des parachutages. Noor, nâayant pas encore reçu son appareil, commence Ă travailler avec celui de Gilbert Norman « Archambault », en sâinstallant dans la serre avec lâaide du jardinier.
Un groupe conduit par Balachowsky passe la nuit du 21 au 22 Ă Bazemont et rĂ©ceptionne au Roncey un parachutage comprenant les affaires de Noor (trois postes Ă©metteurs et ses affaires personnelles). Tout finit bien, malgrĂ© lâarrivĂ©e du conteneur dans un arbre et la dispersion de son contenu.
Deux jours plus tard, les trois dirigeants du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN sont arrĂȘtĂ©s Ă Paris : peu aprĂšs minuit, AndrĂ©e Borrel « Denise », courrier, et Gilbert Norman « Archambault », opĂ©rateur radio ; et, dans la matinĂ©e, Francis Suttill « Prosper », le chef du rĂ©seau. Câest le dĂ©but dâune sĂ©rie massive dâarrestations parmi les agents du rĂ©seau et de ses sous-rĂ©seaux. Ă Grignon, câest lâalerte. Tout le monde se disperse. Noor sâenfuit avec son matĂ©riel. Henri Garry lui trouve un logement chez un membre du rĂ©seau[Notes 6], square Malesherbes.
Henri Garry et Marguerite Nadaud se marient le . Noor est prĂ©sente Ă la mairie. Il est convenu quâelle repassera chez eux, rue Erlanger, et quâils partiront alors ensemble au Mans. Madame Balachowsky, chez qui elle passe Ă Viroflay, la dissuade de retourner rue Erlanger, en raison du risque dĂ» Ă lâĂ©volution rapide de la situation. Noor suit le conseil, et câest heureux car la Gestapo est effectivement passĂ©e chez Garry pendant son absence, et le couple Garry a dĂ©campĂ© en laissant ses affaires sur place.
Le , malgrĂ© le danger, elle se rend Ă Grignon pour Ă©mettre. En arrivant Ă bicyclette sur les lieux, elle constate que les Allemands en uniforme sont dĂ©jĂ lĂ . Sur le point dâĂȘtre interpellĂ©e, elle tire plusieurs fois[Notes 7] et rĂ©ussit Ă sâenfuir. Pendant quinze jours, elle se cache, ainsi que France Antelme « Renaud » (alias Antoine Ratier), dans lâappartement de Madame Aigrain. Maurice Buckmaster propose Ă Noor de rentrer en Angleterre, mais elle dĂ©cide de continuer son travail pour ne pas laisser ses camarades français sans communications. Elle se dĂ©clare capable, avec un peu de temps, de reconstituer un groupe de militants et continue Ă transmettre nombre de messages vers lâAngleterre, avec de grandes difficultĂ©s, car elle ne peut le faire depuis chez Madame Aigrain.
Mi-juillet, elle trouve un logement. Câest un studio minuscule situĂ© 3 boulevard Richard-Wallace Ă Neuilly. Cet emplacement est trĂšs risquĂ©, car le reste de lâimmeuble est occupĂ© par les SS. En tout cas, elle ne peut pas y Ă©mettre. Le 19, France Antelme rentre en Angleterre par avion Lysander. Fin juillet, elle manque dâĂȘtre arrĂȘtĂ©e dans une mission prĂšs dâAuffargis. Une perquisition menĂ©e par les Allemands leur permet, pour la premiĂšre fois, dâenregistrer le prĂ©nom « Madeleine » dans leurs fichiers.
En aoĂ»t, les opĂ©rateurs radio ayant disparu lâun aprĂšs lâautre[Notes 8], elle est devenue seul opĂ©rateur radio libre de la section F en action dans la rĂ©gion parisienne. Colin Gubbins, qui vient dâĂȘtre nommĂ© Ă la tĂȘte du SOE, Ă©crit Ă son propos : « Son poste est actuellement le plus important et le plus dangereux en France ». Le major Nicolas Bodington, numĂ©ro 2 de la section F, venu en France pour enquĂȘter sur lâeffondrement du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN, la rencontre et insiste pour que la section F demande son rappel, mais elle refuse. PrĂ©textant quâelle attend lâarrivĂ©e de son remplaçant, elle manque le Lysander qui ramĂšne en Angleterre Claude de Baissac « David », Lise de Baissac « Odile » et Nicolas Bodington dans la nuit du 16/17[Notes 9] - [2].
Lors dâune rĂ©union le 30 dans un appartement de la place de l'Alma[Notes 10] - [10] Ă Paris, le Conseil national de la RĂ©sistance (CNR) Ă©lit Georges Bidault Ă sa tĂȘte, en remplacement de Jean Moulin, arrĂȘtĂ© le Ă Caluire. Noor, dans lâarriĂšre-cuisine avec son Ă©metteur, transmet le rĂ©sultat de l'Ă©lection Ă Londres[11] - [2].
Aux mains de lâennemi
AprĂšs trois mois et demi, selon une source elle aurait Ă©tĂ© trahie par RenĂ©e Garry, sĆur du chef du rĂ©seau PHONO, jalouse de ne pas faire partie du rĂ©seau[Notes 11] et qui demande 100 000 francs comme rĂ©compense, soit un dixiĂšme du prix que les Allemands auraient Ă©tĂ© prĂȘts Ă payer pour cela. Selon une autre source, elle aurait Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par Henri DĂ©ricourt[12]. Le 11, 12[13] ou le [14], Noor est arrĂȘtĂ©e Ă son domicile, au premier Ă©tage du 98, rue de la Faisanderie, Ă 200 mĂštres du siĂšge du SD, avenue Foch : rentrant chez elle, Noor sâaperçoit que deux hommes sont postĂ©s devant lâimmeuble. Elle se cache dans une ruelle perpendiculaire et attend quelques instants, puis reprenant lâobservation, constate que les hommes ont disparu. TranquillisĂ©e, elle rentre dans son appartement, mais les Allemands y ont tendu une souriciĂšre et lâagent Pierre Cartaud, postĂ© lĂ par Ernst (Vogt ?), lây attend. DĂšs quâelle entre, il la saisit. Elle se dĂ©bat furieusement et le mord. Utilisant son pistolet, il la menace dâarrĂȘter sa logeuse Solange. Elle se calme. Pierre Cartaud peut appeler du renfort. Elle est emmenĂ©e avenue Foch non loin de lĂ , et prĂ©sentĂ©e Ă Karl Bömelburg, chef de la Gestapo en France. Dans lâappartement, les Allemands trouvent son poste Ă©metteur et un cahier dâĂ©colier rangĂ© dans sa table de nuit, dans lequel elle a consignĂ© les messages chiffrĂ©s envoyĂ©s[14] ou reçus de Londres, avec leur traduction en clair[Notes 12] - [15]. GrĂące Ă ces prises, ils engageront avec Londres un Funkspiel, menĂ© par Josef Goetz pendant plusieurs mois. Ainsi, jusquâau printemps 1944, Londres croira PHONO fiable, ce qui entraĂźnera lâenvoi de plusieurs agents du SOE directement entre les mains de lâennemi.
Le premier jour de son incarcĂ©ration, Noor demande Ă Hans Kieffer Ă se rendre aux toilettes, sans menottes, elle escalade la fenĂȘtre, atteint le toit mais, faute de moyen pour descendre, elle est reprise[2].
Dans la nuit du 24 au , nouvelle tentative dâĂ©vasion, en compagnie de John Starr « Bob » et LĂ©on Faye « Aigle », chef du rĂ©seau français ALLIANCE rattachĂ© Ă lâIntelligence Service. Il existe trois rĂ©cits de cette tentative dâĂ©vasion :
- RĂ©cit de Bob Starr Ă Vera Atkins : Chacun avait sciĂ© les barreaux de sa cellule, en masquant les dĂ©gĂąts avec de la poudre et de la crĂšme pour le visage que les Allemands avaient autorisĂ© Noor Ă conserver. Tandis que Starr et Faye parviennent Ă gagner le toit dâune autre aile du bĂątiment, Noor met deux heures Ă faire sauter les barreaux de sa cellule. Elle finit par les rejoindre sur le toit, mais une alerte aĂ©rienne se dĂ©clenche et toutes les cellules sont inspectĂ©es. LâĂ©vasion est dĂ©couverte, et les fuyards sont repris[16].
- Récit de Léon Faye, rapporté par Ferdinand Rodriguez dans son livre, en 1958.
- RĂ©cit de Marie-Madeleine Fourcade.
Elle Ă©choue. Hans Kieffer leur demande de donner leur parole dâhonneur de ne plus tenter de sâĂ©vader. Seul Starr accepte de signer. Noor et Faye refusent. Le 27, elle est transfĂ©rĂ©e Ă la section fĂ©minine de la prison civile de Pforzheim[17], prĂšs de Karlsruhe, dans le nord de la ForĂȘt-Noire. Wilhelm Kraus, directeur de la prison, reçoit lâordre de la traiter selon le dĂ©cret Nacht und Nebel (NN)[17], et de lâattacher par les pieds et les mains. Une troisiĂšme chaĂźne relie ses mains et ses pieds ; elle a besoin dâaide pour se nourrir et se laver ; sa cellule lâisole des bruits extĂ©rieurs par deux Ă©paisses portes dâacier. Ce rĂ©gime lui sera appliquĂ© pendant les neuf mois oĂč elle va rester Ă Pforzheim.
Le , son nom est proposĂ© Ă lâordre de l'Empire britannique.
Le , Noor est transfĂ©rĂ©e Ă la prison de Karlsruhe, oĂč elle rejoint Yolande Beekman « Mariette », Ăliane Plewman « Gaby » et Madeleine Damerment « Solange », qui sây trouvent depuis leur transfert depuis Fresnes le . Le lendemain, une gardienne informe les quatre femmes de leur dĂ©part prĂ©vu pour le lendemain matin. Le 12 Ă 1 h 30, on vient les chercher dans leur cellule et on les remet Ă la Gestapo, qui les emmĂšne en train Ă Munich. Dans la soirĂ©e, elles prennent un nouveau train pour Dachau, Ă 20 km au nord de la ville, puis Ă pied, elles finissent la route jusquâau camp de concentration oĂč elles sont enfermĂ©es dans des cellules individuelles.
Le matin du 13, elles sont emmenĂ©es jusquâĂ un mur situĂ© derriĂšre le four crĂ©matoire. Leurs vĂȘtements sont arrachĂ©s, elles sont violemment battues. Selon un tĂ©moin oculaire qui Ă©crivit 14 ans aprĂšs les faits, « Noor est rouĂ©e de coups par lâofficier SS qui dirige le camp. Il sâest acharnĂ© sur elle avec une violence inouĂŻe. Elle nâa pas pleurĂ© et nâa rien dit. Quand il a Ă©tĂ© Ă bout de souffle et que la jeune femme nâĂ©tait plus quâun tas de chairs ensanglantĂ©es, il lui a dit quâil allait la tuer. Le seul mot quâelle ait dit avant quâil ne lui tire une balle dans la nuque, câest "LibertĂ© !" »[2]. Mortes ou mourantes, les quatre femmes sont brĂ»lĂ©es dans le four crĂ©matoire. Lâofficier SS, Friedrich Wilhelm Ruppert, sera condamnĂ© pour dâautres crimes et exĂ©cutĂ© en .
Ćuvres de Noor Inayat Khan
Compositions musicales
- Le Chant au Madzoob[Notes 13].
- Prélude pour harpe.
- ĂlĂ©gie pour harpe et piano.
Livre pour enfants
- (en) Twenty JÄtaka Tales. Retold [from the PÄli JÄtaka and the JÄtaka-mÄla] by Noor Inayat, and pictured H. Willebeek Le Mair, G.G. Harrap & Co., London, 1939.
- (fr) 20 contes des vies passées du Bouddha, Claire LumiÚre, 1999 122 p. (ISBN 2-905998-45-8).
Identités
- Nom de naissance : Noor-Un-Nisa Inayat Khan[Notes 14]
- Comme agent du SOE, section F :
- Nom de guerre (fieldname) : « Madeleine »
- Nom de code opérationnel : NURSE
- IdentitĂ© de couverture : Jeanne-Marie RĂ©gnier, bonne dâenfants
- Autre pseudo : Nora Baker[18]
Parcours militaire :
- Novembre 1940. Women's Auxiliary Air Force ; 424598 ACW
- . SOE, section F ; grade : section officer ; matricule : 9901
Reconnaissance
Distinctions
- Royaume-Uni :
- George Cross (GC) Ă titre posthume[19], sur proposition de Colin Gubbins, pour « actes du plus grand hĂ©roĂŻsme, de courage le plus insigne, dans des circonstances extraordinairement dangereuses ». Durant la Seconde Guerre mondiale, la George Cross nâa Ă©tĂ© dĂ©cernĂ©e quâĂ trois femmes : Noor, Odette Sansom-Hallowes et Violette Szabo, toutes trois du SOE ;
- Membre de l'ordre de l'Empire britannique (MBE) ;
- Mentioned in Despatches
- France : Croix de Guerre, avec Ă©toile de vermeil (1946)[2].
Hommages
- En tant que lâun des 104 agents de la section F du SOE morts pour la France, Noor Inayat Khan est honorĂ©e au mĂ©morial de Valençay (Indre, France).
- En 1967, une plaque commĂ©morative a Ă©tĂ© apposĂ©e Ă Suresnes[20] devant la maison du 23 rue de la Tuilerie, oĂč elle a passĂ© son enfance[2]. Sont gravĂ©s ces mots : « ICI HABITAIT NOOR INAYAT KHAN, 1914-1944, MADELEINE DANS LA RĂSISTANCE, FUSILLĂE Ă DACHAU, OPĂRATRICE-RADIO DES RĂSEAUX BUCKMASTER, CROIX DE GUERRE 1939-1945 â GEORGE CROSS ». La demeure, devenue lieu de rencontres spirituelles soufies et inter-religieuses, accueille dans le jardin le sanctuaire « L'Universel MĂ©morial Noor », dont la forme Ă©voque quatre bouddhas dos Ă dos. En 1988, dans la mĂȘme ville, la voie situĂ©e entre la rue de Verdun et la rue Darracq est renommĂ©e « cours Madeleine », en hommage Ă son pseudonyme de rĂ©sistante[2] - [Notes 15].
- Ă lâĂ©cole dâagriculture de Grignon, aujourdâhui AgroParisTech, une plaque lui rend hommage : « Ă la mĂ©moire de NOOR INAYAT KHAN dite MADELEINE, George Cross, HĂ©roĂŻne de la rĂ©sistance, 1914-1944 ».
- à Londres, un buste de Noor Inayat Khan lui rend hommage, Gordon Square Gardens (Bloomsbury), prÚs de l'appartement familial (4, Taviton Street). L'inauguration a lieu le , en présence de la princesse Anne.
- 2014, la Royal Mail Ă©met un timbre Ă son effigie[2].
- 2020 : une blue plaque lui rend hommage au 4 Taviton Street, Bloomsbury[21]
- Plaque.
- Plaque Ă Dachau.
- Plaque du cours Madeleine Ă Suresnes (Hauts-de-Seine).
- Plaque au Air Forces Memorial England.
- Buste Ă Londres.
- Blue plaque, Londres, août 2020
Ordre soufi
- Lâordre soufi la reconnaĂźt comme la premiĂšre sainte occidentale[23].
Dans la culture
Littérature
- Resistance (2010), poÚme de Stacy Ericson publié sur Internet et dédié à Noor Inayat Khan, lire en ligne (consulté le 17/08/21).
- A Tribute To The Illuminated Woman of World War II (2013), poÚme de Irfanulla Shariff, publié sur Internet et dédié à Noor Inayat Khan, lire en ligne (consulté le 17/08/21).
- The Lost Girls of Paris (2019), roman de Pam Jenoff sur le SOE et ses agents féminins. Le personnage de Josie est partiellement inspiré de Noor[24].
Théùtre
- Agent Madeleine (2018), piÚce sur la vie et la mort de Noor, créée au Fringe Festival d'Ottawa, le rÎle de Noor étant interprété par Puja Uppal[25].
Cinéma
- En septembre 2012, les producteurs Zafar Hai et Tabrez Noorani obtiennent les droits cinématographiques de la biographie Spy Princess : The Life of Noor Inayat Khan[26].
- A Call to Spy (2019), film écrit et produit par Sarah Megan Thomas et réalisé par Lydia Dean Pilcher, consacré à l'action de trois espionnes du SOE en France. Le rÎle de Noor (romancé) est tenu par Radhika Apte[27].
Télévision
- A Man Called Intrepid (premiĂšre diffusion 1979), mini-sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e de six heures, diffusĂ©e au Canada sur CTV et aux Ătats-Unis sur NBC. David Niven tient le rĂŽle de Sir William Stephenson et Barbara Hershey celui de Noor.
- Adrishya, série indienne, diffusée sur Epic TV (2014). Le deuxiÚme épisode relate l'action et la mort de Noor Inayat Khan.
- Enemy of the Reich : The Noor Inayat Khan Story (2014), docudrame biographique de 60 minutes diffusé sur PBS, réalisé par Robert H. Gardner. Grace Srinivasan tient le rÎle-titre[28].
- Churchill's Secret Agents the new recruits (2018), série diffusée sur Netflix. L'épisode 4 de la saison 1 contient la relation de la mission de Noor dans le SOE.
- Doctor Who, série 12, (2020). Dans Spyfall, Part 2, le deuxiÚme épisode, Aurora Marion joue le rÎle de Noor.
Radio
- PiÚce radiophonique sur Noor (1980) écrite par Patrice Chaplin, diffusée par BBC Radio 4 dans les productions théùtrales de l'aprÚs-midi.
Annexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Fiche Noor Inayat Khan, avec photographies : voir le site Special Forces Roll of Honour.
- « Noor Inayat Khan, Indienne pacifiste et redoutable espionne de Churchill », émission de radio de Stéphanie Duncan, diffusée sur France Inter le vendredi 17 juillet 2020 ; podcast disponible sur le site de France Inter.
Bibliographie
- Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique dâAction (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majestyâs Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre prĂ©sente la version officielle britannique de lâhistoire du SOE en France. Une rĂ©fĂ©rence essentielle.
- Jacques Houbart et Jean-Michel Rankovitch, Guerres sans drapeau, RenĂ© Julliard, 1966, p. 305-334 ; voir Ă©galement 58 actions hĂ©roĂŻques de la RĂ©sistance, p. 371-382, GrĂŒnd, 1971.
- Jean Overton Fuller :
- (en) Madeleine, Gollancz, 1952.
- (en) Born for Sacrifice: The Story of Noor Inayat Khan, London, Pan Books, 1957.
- (en) Noor-un-nisa Inayat Khan (Madeleine), Rotterdam, East-west publications fonds in association with Barrie & Jenkins Ltd; London, 1971.
- (en) Noor-un-Nisa Inayat Khan: Madeleine, 1988.
- Anthony Cave Brown, La Guerre secrĂšte, le rempart des mensonges, Pygmalion/GĂ©rard Watelet, 1981, vol. 2, p. 155-167.
- Jean LartĂ©guy et Bob Maloubier, Triple Jeu. Lâespion DĂ©ricourt, Robert Laffont, 1992, (ISBN 2-221-06836-X).
- Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit, Ăditions VARIO, 5e Ă©dition française, 2004.
- Monika Siedentopf, Parachutées en terre ennemie, Perrin, 2008. Voir notamment p. 89-102 et 202-205.
- Laurent Joffrin, La princesse oubliĂ©e, Robert Laffont, 2002. BasĂ© sur sa vie, câest un « roman ».
- Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothÚque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothÚque de Valençay). Voir sheet 3, BRICKLAYER CIRCUIT.
- Sarah Helm, Vera Atkins, une femme de lâombre, Seuil, 2010. Cet ouvrage important est centrĂ© sur Vera Atkins et les recherches quâelle mena Ă partir de 1944 pour retrouver la trace des agents du SOE portĂ©s disparus. Noor Inayat Khan occupe une place importante dans le rĂ©cit.
- Captain Ferdinand E. Rodriguez, LâEscalier de fer, Ă©ditions France-Empire, 1958. Rodriguez y rend compte des conversations quâil a eues avec LĂ©on Faye dans le train qui les dĂ©portaient, et notamment du rĂ©cit que Faye lui fit de sa tentative dâĂ©vasion de ; p. 214-217.
- Marie-Madeleine Fourcade, LâArche de NoĂ©, ArthĂšme Fayard, 1968, rĂ©Ă©d. Famot, 1976, rĂ©Ă©d. Plon, 1989, 1998, 1999 (ISBN 9782259021951, 9782259009423 et 9782259186773). Le rĂ©cit de la tentative dâĂ©vasion du 24/ fait lâobjet, dans la TroisiĂšme Ă©poque, 1943, lâannĂ©e terrible, du chapitre intitulĂ© Aigle.
- (en) John Hayes Fisher, The Princess Spy, documentaire BBC, 2006. (fr) Version française, Princesse et Espionne, diffusée sur Arte le .
- (en) Shaunas Singh Baldwin, The Tiger Claw, Vintage Canada, 2004.
- Shrabani Basu :
- (en) The spy princess. The Life of Noor Inayat Khan, Sutton Publishing, 2006 ; The History Press 2008 ; reprinted 2010, 2011.
- (fr) Espionne⊠et Princesse. La vie de Noor Inayat Khan, traduction dâHervĂ© Larroque et Daniel Mercurin, Metvox Publications, 2021 ; (ISBN 979-10-94787-78-6)
- Dominique Missika, RĂ©sistantes 1940-1944, , 269 p. (ISBN 978-2-07-294029-3), p. 49
- National Archives britanniques. Accessible depuis le , le dossier personnel de Noor Inayat Khan porte le rĂ©fĂ©rence HS 9/836/5 : Description du contenu du dossier personnel ( Conditions dâaccĂšs au dossier personnel).
- Princess Noor Appreciation Society
- Ordre soufi international
Notes
- La maison est devenue le siĂšge de lâordre Soufi International France.
- Ce pseudo combine le prĂ©nom britannique Nora, voisin de son prĂ©nom indien Noor et le nom de jeune-fille de sa mĂšre. Câest sous ce nom de Nora Baker quâelle est enregistrĂ©e au camp de Dachau.
- Voici quelques apprĂ©ciations qui figurent dans son dossier : « la personne pour qui jâai le plus dâadmiration », « Ă©motive », « maladroite », « facilement dĂ©stabilisĂ©e », « a peur des armes », « dâune imagination dĂ©bordante », « manquant singuliĂšrement dâintelligence », « personnalitĂ© inconsistante et instable, ne prĂ©sentant pas les qualitĂ©s requises pour ĂȘtre envoyĂ©e sur le terrain »
- Certaines sources, notamment M.R.D. Foot, citent une premiĂšre tentative dâenvoi de Noor Inayat Khan, dans la nuit du 21/22 mai, câest-Ă -dire un mois avant son envoi effectif. Lors de ce vol, Ă lâarrivĂ©e prĂšs du terrain PĂCHE, situĂ© prĂšs de CompiĂšgne, le pilote Flg Off Vaughan-Fowler nâa pas vu les signaux attendus normalement dâun comitĂ© de rĂ©ception, et il est retournĂ© Ă Tangmere sans dĂ©poser ses passagers. En rĂ©alitĂ©, les dossiers dâarchives ne confirment pas la prĂ©sence de Noor Inayat Khan comme passagĂšre sur ce vol : Ă cette date-lĂ , elle poursuivait sa formation. Lâerreur provient probablement dâune confusion entre le nom de code de lâopĂ©ration, MADELEINE, et le nom de guerre de Noor, « Madeleine ». CâĂ©tait un hasard, car les noms de guerre nâĂ©taient jamais utilisĂ©s pour dĂ©signer les opĂ©rations. Ă noter aussi que, dans lâĂ©dition 1982 de son livre, Hugh Verity a commis lâerreur de mentionner la prĂ©sence de Noor. Mais dans lâĂ©dition 2004, il a rectifiĂ©.
- Ă la formation du rĂ©seau, sous-rĂ©seau de Prosper-PHYSICIAN, Francis Suttill lui avait donnĂ© le nom de CINĂMA, parce que son chef Henri Garry faisait penser Ă Gary Cooper par sa ressemblance physique et par son nom. Mais en lâhomologuant, la section F prĂ©fĂ©ra lui attribuer un nom plus neutre, PHONO.
- Mme Aigrain, directrice du magasin des Champs-ĂlysĂ©es, « Ă la Toile dâAvion ».
- Cet Ă©pisode relatĂ© dans certaines sources, comme Houbart/Rankovitch, semble difficile Ă concilier avec lâinformation selon laquelle elle nâaurait pas emmenĂ© son pistolet.
- Les opérateurs radio en question sont :
- John Macalister « Valentin », du rĂ©seau avortĂ© Bertrand-ARCHDEACON, arrĂȘtĂ© le 21 juin ;
- Gilbert Norman « Archambault », du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN, arrĂȘtĂ© le 24 juin ;
- Gaston Cohen « Justin », du rĂ©seau Robin-JUGGLER, qui sâest mis Ă lâabri aprĂšs lâarrestation de son chef Jean Worms « Robin » le 1er juillet ;
- Jack Agazarian « Marcel », du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN, arrĂȘtĂ© le 26 juillet ;
- Roland Dowlen « Richard », du rĂ©seau SĂ©bastien-CHESTNUT de William Grover-Williams, arrĂȘtĂ© le 31 juillet ;
- AndrĂ© Dubois « Hercule », chef du rĂ©seau LIGHTERMAN, rendu indisponible aprĂšs que sa famille a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e et dĂ©portĂ©e dĂ©but aoĂ»t.
- Date donnée par Hugh Verity.
- Ou rue de Rennes
- Et/ou « amoureuse dâAntelme, un fort beau garçon, RenĂ©e Garry nâavait pas supportĂ© de voir Noor sâĂ©prendre de lui », selon Jean LartĂ©guy et Bob Maloubier.
- Selon M.R.D. Foot, la seule explication possible de cette faute Ă©lĂ©mentaire, câest quâelle ait mal compris les instructions. Il y avait une contradiction entre les rĂšgles enseignĂ©es dans les cours (quâelle suivit effectivement) et son ordre de mission. Ce dernier comporte une phrase Ă©trange : « Veuillez noter que vous devez ĂȘtre trĂšs attentive Ă lâarchivage (extremely careful with the filing) de vos messages. » Le rĂ©dacteur de lâordre de mission aurait employĂ© le mot filing dans un sens habituel dans le jargon des journalistes, mais incorrect et que Noor ignorait, voulant dire simplement envoi du texte ; il demandait donc Ă Noor de prendre soin de ses envois de messages. Noor aurait compris, selon le sens courant du mot filing, quâil lui fallait conserver tous les messages envoyĂ©s, bien que cette interprĂ©tation aille Ă lâencontre des rĂšgles de sĂ©curitĂ©.
- Un saint soufi.
- Son prénom Noor signifie « lumiÚre de toutes les femmes ». Son nom Inayat signifie « bonnes grùces », « protection ». Le mot Khan témoigne de la noblesse de Noor pour les musulmans, analogue au « de » pour les Français ou au « von » pour les Allemands.
- Elle est située dans le centre-ville, donc pas à proximité de sa maison rue des Tuileries, pour sa part située sur les coteaux de Suresnes.
Références
- Foot, p. 373.
- Matthieu Frachon, avec le concours de la SociĂ©tĂ© d'histoire de Suresnes, « Lâexemplaire destinĂ©e de la princesse agent secret », Suresnes Mag n°304,â , p. 42-43 (lire en ligne).
- « La Convention de GenÚve du 27 juillet 1929 relative au traitement des prisonniers de guerre - CICR », sur www.icrc.org, (consulté le )
- Princesse et Espionne
- Verity, p. 270.
- Hugh Verity, p. 122-123
- Marcus Binney, The Women Who Lived For Danger, Hachette UK, 2012.
- The Sebastopol Project, On Courage: Stories of Victoria Cross and George Cross Holders, Hachette UK, 2018.
- Rick Stroud, Lonely Courage: The true story of the SOE heroines who fought to free Nazi, Simon and Schuster, 2017.
- RenĂ© Hostache, Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Jean Moulin et la crĂ©ation du C.N.R., Les Ăditions La BruyĂšre, 1989, p. 207 et 309.
- Houbart et Rankovitch, p. 324.
- Noor Inayat Khan, Indienne pacifiste et redoutable espionne de Churchill, série « Espions une histoire vraie », France inter, podcast.
- Francis J. Suttill, SOE contre Gestapo, metvox, 2e impression, 2019
- Boxshall.
- Foot, p. 464-465]
- Sarah Helm, A Life in Secrets, p. 141
- Missika 2021.
- Ce pseudo combine le prĂ©nom britannique Nora, voisin de son prĂ©nom indien Noor et le nom de jeune-fille de sa mĂšre. Câest sous ce nom de Nora Baker quâelle est enregistrĂ©e au camp de Dachau.
- Voir London Gazette n° 38578 du 5 avril 1949.
- Plaque.
- CĂ©cile Ducourtieux, « Londres honore Noor Inayat Khan, hĂ©roĂŻne musulmane de la seconde guerre mondiale », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Carte.
- Site de lâOrdre Soufi International France.
- (en) « 'The Lost Girls of Paris' Fictionalizes True Tale Of Female Spies During World War II », sur NPR.org (consulté le )
- (en) « Agent Madeleine », sur Agent Madeleine (consulté le )
- « Asia Pacific Arts: Shrabani Basu's Spy Princess is optioned by Hollywood », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en-US) Anthony D'Alessandro et Anthony D'Alessandro, « IFC Picks Up WWII Female Secret Agents Feature âA Call To Spyâ, Eyes Fall Release », sur Deadline, (consultĂ© le )
- (en-US) « Enemy of the Reich - UPF (Unity Productions Foundation) », sur Unity Productions Foundation (consulté le )